Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du comité, je m'appelle Brenda MacCormack et je suis la directrice des services de réadaptation à Anciens Combattants Canada.
C'est avec plaisir que je comparais aujourd'hui devant vous avec mes collègues: Janice Burke, directrice, Santé mentale, et Jane Hicks, directrice, Orientation opérationnelle.
La semaine dernière, d'autres collègues vous ont parlé des programmes de prestations d'invalidité et de soutien du revenu. Nous sommes ici aujourd'hui pour discuter de réadaptation, de services de transition de carrière et de santé mentale.
Comme vous nous l'avez demandé la semaine dernière, monsieur le président, nous avons soumis notre présentation à l'avance, y compris les quatre exemples de cas. Nous en avons également remis une version papier au greffier pour qu'il vous la distribue aujourd'hui. Je m'en servirai dans mon exposé, et je me ferai un plaisir de vous parler plus en détail de ces cas si vous le souhaitez.
Nous avons suivi de près l'étude que vous avez entreprise et nous avons constaté qu'une question importante se pose: la nouvelle Charte des anciens combattants apporte-t-elle vraiment quelque chose de nouveau? J'aimerais donc commencer par répondre à cette question pour vous aujourd'hui, dans l'optique du programme de réadaptation.
Premièrement, il n'est pas nécessaire qu'un ancien combattant touche des prestations d'invalidité pour avoir droit à des services de réadaptation. C'est une règle nouvelle et d'une importance cruciale pour s'assurer que les anciens combattants et leur famille obtiennent rapidement des services, ce qui, comme on vous l'a déjà dit, est essentiel à la réussite. Nous n'avons pas à attendre qu'une indemnité d'invalidité soit approuvée, ce qui peut parfois être très long et retarder la prestation des services de réadaptation.
Deuxièmement, nous pouvons maintenant offrir au client un soutien financier durant sa réadaptation. Nous ne pourrions pas le faire aux termes de la Loi sur les pensions. Nous pourrions verser des pensions d'invalidité, mais dans bien des cas, les revenus de la personne ne seraient pas suffisants pour lui permettre d'entreprendre un programme de réadaptation. Comme mes collègues l'ont souligné la semaine dernière, un soutien financier adéquat au moment où l'on en a besoin est essentiel pour obtenir des résultats positifs en réadaptation.
Troisièmement, nous avons maintenant le pouvoir, en vertu de la loi, de venir en aide aux anciens combattants qui ne sont pas admissibles au RARM parce qu'ils n'ont pas été libérés pour des raisons médicales, ou qu'ils ont été libérés pour des raisons médicales il y a quelques années et connaissent à nouveau des difficultés. Je sais que beaucoup d'entre vous s'inquiètent à propos de ces anciens combattants qui étaient laissés pour compte avant la nouvelle Charte des anciens combattants. Je tiens à préciser que ces anciens combattants ne pouvaient pas recevoir des services du RARM avant et ne le peuvent toujours pas parce qu'ils n'ont pas été libérés pour des raisons médicales ou qu'ils l'ont été il y a longtemps et connaissent de nouvelles difficultés.
ACC peut maintenant les aider à se remettre sur pied. L'exemple de Ron, à la page 17 de la présentation, montre comment nous pouvons le faire.
Je sais qu'on vous a aussi parlé des anciens combattants qui commencent à souffrir d'un trouble de stress post-traumatique 10 ans après avoir quitté les forces. La nouvelle Charte des anciens combattants a été conçue de façon à aider aussi ces gens, peu importe à quel moment l'invalidité se manifeste. En fait, un tiers de nos clients qui participent actuellement au programme de réadaptation ont quitté les forces depuis au moins huit ans.
Quatrièmement, nous avons maintenant le pouvoir, en vertu de la loi, d'offrir des services de réadaptation aux conjoints et aux survivants si l'ancien combattant est incapable d'y participer. Comme vous le verrez dans le cas de Paul, à la page 22 de la présentation, c'est un service vital pour rétablir la capacité financière de la famille. Vous verrez que Kelly, l'épouse de Paul, peut maintenant poursuivre des études en sciences infirmières et obtenir le soutien nécessaire pour réussir. Kelly et les enfants peuvent avoir accès eux-mêmes à des services de consultation — et je vous parlerai plus en détail de nos services de santé mentale dans un moment. L'exemple de Paul montre que l'on considère maintenant l'ancien combattant comme une personne faisant partie d'une famille et d'une communauté, et non comme une personne isolée.
[Français]
Maintenant, on peut fournir le traitement et le soutien de façon plus holistique pour les invalidités qui constituent des obstacles à une intégration réussie. Auparavant, conformément à la Loi sur les pensions, on ne pouvait fournir que les soins de santé pour les invalidités pour lesquelles les anciens combattants recevaient une pension.
Ainsi, à la page 27 de la présentation, nous avons le cas d'André qui est basé sur l'exemple que M. Vincent nous a demandé d'examiner. André a perdu le bras droit et trois doigts de la main gauche à la suite de l'explosion d'une bombe artisanale. Bien sûr, des services comme la psychothérapie, l'ergothérapie et des prothèses sont fournis, mais de plus, on peut aider André en lui offrant des cours de conduite afin qu'il puisse surmonter son angoisse à la suite de son expérience traumatisante. S'il fait une dépression qui constitue un obstacle dans sa vie, on peut aussi en tenir compte pour atteindre les objectifs du plan de réadaptation d'André.
On n'est pas limité à traiter uniquement les amputations. Conformément à la nouvelle Charte des anciens combattants, notre programmation médicale, psychologique et sociale est beaucoup plus vaste que notre programme de traitement traditionnel. Elle nous permet de répondre aux besoins spécifiques d'une plus jeune population en transition.
[Traduction]
Le programme de réadaptation démontre que les membres des FC et les anciens combattants blessés ou malades sont déterminés à se rétablir. Ils veulent se faire traiter, se fixer des objectifs et accepter qu'ils ont un rôle à jouer en ce qui concerne leur santé et leur traitement. Le programme est fondé sur une approche holistique et intégrée qui met l'accent sur l'indépendance et le retour à une participation active dans la famille, au travail et dans la communauté.
Les clients du programme de réadaptation sont pris en charge de façon individuelle. Cela signifie que les gestionnaires de cas s'assoient avec le client et sa famille, évaluent les besoins, établissent des objectifs et des stratégies d'intervention en collaboration avec les professionnels de la santé et facilitent l'accès des clients aux services, aux prestations et aux programmes d'ACC, ainsi qu'aux ressources communautaires.
Nous avons apporté, comme le comité nous l'a demandé, des échantillons de nos formulaires d'autorisation. Je tiens à souligner que nous ne remettons pas simplement ces formulaires aux anciens combattants sans leur fournir d'aide. Le gestionnaire de cas peut aider le client et sa famille à toutes les étapes, en les conseillant au besoin, notamment en ce qui a trait aux pièces justificatives requises.
M. Oliphant a fait la remarque, plus tôt cette semaine, que les membres des FC sont confrontés à tout un changement sur le plan de la culture lorsqu'ils sont libérés des forces armées. Nous le reconnaissons également. C'est pourquoi la gestion de cas commence avant la libération, en collaboration avec les gestionnaires de cas des FC, afin de faciliter cette transition et d'offrir du soutien au militaire le plus tôt possible.
Les 19 centres intégrés de soutien au personnel établis partout au pays jouent un rôle essentiel pour s'assurer que les membres des FC et leur famille connaissent toute la gamme des avantages et des services mis à leur disposition et qu'ils obtiennent du MDN et d'ACC toute l'information et l'aide nécessaires au même endroit.
Comme vous le verrez à la page 9 de notre présentation, 50 p. 100 des clients qui s'inscrivent à notre programme de réadaptation ont un trouble connu de santé mentale. À l'appui de la nouvelle Charte des anciens combattants, nous avons donc investi également dans le soutien en matière de santé mentale. Nous avons une stratégie globale en matière de santé mentale qui repose sur quatre piliers: offrir un continuum des services, créer des capacités à l'échelle du pays, exercer un leadership par la recherche et promouvoir les partenariats.
Notre stratégie est fondée sur une approche axée sur la personne qui reconnaît les incidences des circonstances personnelles, physiques, sociales, économiques et sanitaires sur la santé mentale. L'objectif est de favoriser le mieux-être, de réduire les symptômes, de se rétablir, de s'intégrer à la collectivité et d'améliorer la qualité de vie.
Notre réseau de 10 cliniques de traumatisme lié au stress opérationnel, situées partout au pays, et le programme de soutien social aux victimes de stress opérationnel, ou SSVSO, sont essentiels pour entrer en contact avec les clients potentiels qui sont confrontés aux stigmates associés aux problèmes de santé mentale et pour aider les gens à obtenir soutien et traitement.
Les membres actifs et les vétérans des FC et de la GRC ainsi que leurs familles peuvent recevoir des services. Nos cliniques de TSO ont aidé plus de 2 700 personnes, ce qui représente plus de 20 p. 100 du nombre total des clients qui touchent des prestations d'invalidité pour des problèmes de santé mentale.
Le dernier point que j'aimerais aborder aujourd'hui concerne les services de transition de carrière d'ACC. Alors que le programme de SSVSO et notre programme de réadaptation sont axés sur les militaires ayant des problèmes de santé, les services de transition de carrière ciblent les membres des forces régulières ou de la réserve qui quittent volontairement la vie militaire. Ils offrent des conseils pratiques et aident les militaires à trouver un emploi civil convenable. Trois services clés sont offerts: les ateliers de formation en recherche d'emploi, l'orientation professionnelle individualisée et l'aide à la recherche d'emploi. Ce programme peut commencer avant la libération. Il s'agit d'un nouvel avantage offert par la nouvelle Charte des anciens combattants.
En résumé, nous sommes maintenant en mesure d'aider une grande diversité de clients dans des circonstances très diverses. La nouvelle Charte des anciens combattants peut aider, en proportion du niveau d'aide requis par chacun, aussi bien une personne qui a une blessure mineure, mais qui est incapable d'accomplir son travail, qu'une personne qui quitte les Forces canadiennes après avoir subi une blessure grave.
Je vous remercie de nous avoir donné l'occasion de témoigner aujourd'hui. Nous nous ferons un plaisir de répondre à vos questions.
Merci.
Ma question abordera trois aspects différents. Je vous lance les questions et j'attends vos réponses. Je vais être rapide parce que j'ai peu de temps.
D'une part, vous avez une bonne grille d'évaluation des besoins des anciens combattants, mais il y a des zones grises dans ce processus. Certains dossiers sont contestés, comme vous le savez très bien. Il existe certains dossiers litigieux. Je donnerais l'exemple de quelqu'un qui, 10 ans après avoir quitté les Forces canadiennes, s'aperçoit qu'il a un mal de dos. Il n'aurait pas nécessairement reçu une évaluation médicale lorsqu'il était dans les Forces canadiennes. Vous connaissez ces dossiers typiques. Puis, après une dizaine d'années, il vient vous voir en disant que son mal de dos est lié à une activité qu'il a faite lorsqu'il était sur un bateau dans la Marine canadienne. Ce sont des cas litigieux.
J'aimerais que vous me donniez le pourcentage de ces cas. On est au courant de certains dossiers de personnes qui se battent depuis longtemps pour recevoir une pension des anciens combattants. Maintenant, elles doivent se battre contre tout l'appareil pour pouvoir obtenir des pensions d'invalidité. Ce sont des cas particuliers. Comment peut-on faire un effort pour régler ces cas? Comment évaluez-vous ces dossiers?
D'autre part, j'aimerais parler du montant forfaitaire et des conseils financiers. Avant 2006, comme vous le savez, il y avait des indemnités mensuelles à vie. La nouvelle charte parle de montants forfaitaires et d'une pension d'invalidité de 75 p. 100 dont le montant est différent. Je ne sais pas si vous pouvez me donner un chiffre approximatif, mais prenons l'exemple d'un jeune de 25 ans qui reçoit un montant de 260 000 $ et l'investit en suivant des conseils financiers. Vous savez, on a eu des cas importants de plaintes: dans certains cas, des jeunes de 22 ou 23 ans avaient dépensé tout leur argent au bout de deux ou trois ans. Moi, j'ai un enfant de 21 ans et je ne crois pas que je lui donnerais un grand montant d'argent à son âge — on se comprend bien.
Dans le cas des conseils financiers pour certains jeunes qui le désirent, comment évaluez-vous ces montants? Dans une projection de 260 000 $, soit le niveau maximum, comment établissez-vous un revenu en l'occurrence jusqu'à 65 ans, par exemple? De plus, le montant d'avant 2006 n'était-il pas plus avantageux pour cette personne que le montant forfaitaire que vous déterminez? J'aimerais vous entendre à cet égard.
Par ailleurs, la semaine dernière, nous avons reçu une personne qui avait vécu un stress post-traumatique. Ce qui m'a étonné — et j'ai fait du travail social individualisé dans mon ancienne vie —, c'est le manque de soutien aux aidants naturels, comme sa conjointe, ainsi que le manque d'information. Ça prend certainement une part de confidentialité, une entente, parce qu'il est en processus. Cela dit, on peut toujours avoir une entente avec le client pour au moins soutenir davantage l'aidant naturel, soit la femme qui vit avec la personne subissant un stress post-traumatique.
Ce qui m'a étonné aussi, c'est qu'elle a dit qu'elle avait eu peu de contacts avec le ministère des Anciens Combattants relativement à cette situation, qu'elle avait eu peu d'information, qu'elle se sentait un peu abandonnée. De plus, elle avait découvert que son mari était un peu différent en raison de son problème de santé mentale.
J'aimerais que vous répondiez à ces trois questions, s'il vous plaît.
:
Merci, monsieur le président.
Je vous souhaite la bienvenue à notre séance d'aujourd'hui. Je pense que vous nous avez donné beaucoup d'information concise et très importante.
Je voudrais dire pour commencer que je ne suis probablement pas d'accord avec la position de M. Stoffer sur quelques points. Je m'explique. Depuis que nous avons commencé la présente étude, nous consultons le ministère pour comprendre ce qui se passe. J'en ai conclu que la charte était bonne, malgré ses défauts, et qu'il fallait y apporter quelques changements. Je pense pouvoir dire sans risquer de me tromper que, parmi les témoins que nous avons entendus, certains entretiennent, concernant leur cas personnel, des relations conflictuelles avec le gouvernement, avec le ministère ou même avec des politiciens. Ces gens nous ont dit simplement qu'il voulait que l'on revienne à la situation qui prévalait avant la charte.
Selon moi, le coeur de la question est le changement d'orientation effectué par l'ancien gouvernement, et c'est un changement auquel nous souscrivons tous. Il s'agit de dépasser la simple question de l'argent et de fournir des services et des traitements à long terme pour aider la personne et sa famille. Un bon nombre de besoins, particulièrement dans le domaine de la santé mentale, trouvent aujourd'hui des réponses alors que ce n'aurait pas été le cas auparavant. Je voudrais que nous partions de cette amélioration pour faire d'autres progrès. Nous avons du travail à faire et il nous incombe pleinement de nous demander comment nous pouvons renforcer la charte. Comment est-il possible de l'améliorer?
Cela dit, certaines doléances sont fondées, et vous vous efforcez de remédier à certaines d'entre elles comme nous nous efforçons de le faire également. Nous savons que l'on reproche notamment au gouvernement de ne pas avoir donné suite à certaines recommandations qui lui ont été remises. Mais, je le répète, ce n'est pas notre rôle de faire le nécessaire; c'est le rôle du ministre et du gouvernement.
Si les recommandations formulées par le groupe consultatif étaient appliquées, soit les 16 grosses recommandations dont nous discutons, quelle différence y aurait-il dans le genre de services que vous pouvez fournir?
En fait, comme vous l'avez indiqué, les problèmes de santé mentale, en plus des conséquence sur l'individu, ont également un impact sur l'ensemble de la famille. Tous les membres de la famille doivent faire partie de la solution, et aussi de la planification. Nous en sommes conscients.
Vous parlez du clivage rural-urbain. Environ 33 p. 100 de nos clients vivent dans des régions rurales, et les autres, dans les centres urbains. Il s'agit là d'un défi, mais pas seulement pour notre ministère, car d'autres ministères fédéraux comptent des clients dans des régions rurales. Il en va de même pour les provinces et les communautés. À cet égard, nous sommes en train de mettre sur pied un service de télésanté mentale. La plupart de nos cliniques au Canada offrent ce service. Nous en avons dix. Nous faisons également affaire avec des fournisseurs de services de télésanté mentale. Nous avons lancé quelques projets pilotes qui ont donné des résultats satisfaisants. Nous constations, grâce à ces projets, que les clients trouvent ces services bénéfiques. Ce sont probablement les professionnels de la santé qui hésitent à les utiliser. Mais c'est le genre de mesures que nous sommes en train de prendre dans ce domaine.
Je ne sais pas si vous êtes au courant, mais les cliniques chargées de soigner les BSO font de l'excellent travail. Elles passent du temps dans les communautés, rencontrent divers fournisseurs, organisent des conférences pour transmettre leurs connaissances, leur savoir sur la façon de venir en aide aux personnes touchées par le TSPT et à leur famille. Nous déployons beaucoup d'efforts à ce chapitre. Nous avons également des équipes d'entraide qui se rendent dans les régions rurales, manifestement pour fournir un soutien aux familles des militaires, et aux anciens combattants, qui ont des problèmes de santé mentale. Mentionnons aussi ligne d'écoute téléphonique d'ACC destinée aux personnes qui ont besoin d'assistance. Elle est accessible 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Ce service est également offert en région rurale.
Reste que cette question demeure pour nous un enjeu. En fait, je suis contente que vous l'ayez soulevé, car nous avons entrepris un projet pilote à Terre-Neuve, un endroit que nous jugeons idéal pour ce genre d'initiative en raison de sa vaste superficie et du fait que bon nombre des clients — plus que la moyenne nationale — vivent dans des zones rurales. Nous travaillons de concert avec la province, les collectivités, d'autres partenaires fédéraux dans le but d'améliorer les services offerts aux personnes qui vivent dans un milieu rural. Il sera intéressant de voir si les résultats de ce projet peuvent être appliqués ailleurs au Canada. Nous concentrons nos efforts là-dessus.
Votre deuxième question portait sur la santé mentale... ? J'aurais dû la prendre en note. J'étais trop captivée par vos questions.
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On ne pose pas la question dans ce formulaire.
L'autre...
M. McColeman a parlé de la disposition sur le bénéfice du doute qui est appliquée dans certains cas. Les décisions du TACRA qui sont déposées sur mon bureau depuis 12 ans et qui concernent des anciens combattants n'évoquent jamais la disposition sur le bénéfice du doute. Je n'ai encore vu aucune décision qui mentionne cette disposition. Je ne sais pas dans quel cas elle est appliquée, parce qu'ils posent constamment la question. Il faut avoir en main de nouveaux renseignements médicaux pour appliquer cette disposition. Mais cela ne relève pas nécessairement de la nouvelle charte. C'est un point que je dois régler avec eux.
Revenons à ces formulaires compliqués. Imaginons le scénario suivant: vous vous trouvez à bord d'un véhicule blindé léger. Six de vos collègues sont tués, deux sont gravement blessés, et vous l'êtes aussi. Vous souffrez d'un TSPT aigu. On vous demande de remplir ce formulaire dans un délai de 120 jours. Nous avons entendu dire que les formulaires restent parfois sur les tablettes pendant des mois. Personne ne veut s'en occuper. Personne n'ose s'en approcher.
Ma première question est la suivante: pourquoi le délai de 120 jours?
Ensuite, les anciens combattants sont nombreux à dire que les députés — et nous faisons partie du groupe — en profitent pour se faire photographier en leur compagnie, affirmer que ce sont de grands Canadiens, ainsi de suite. Or, à la fin du formulaire, et je n'ai pas à faire une telle chose quand j'obtiens un prêt hypothécaire ou une ligne de crédit, par exemple, on voit la phrase suivante: « Je déclare que les renseignements fournis sur ce formulaire sont, à ma connaissance, véridiques et complets, et je fais cette déclaration sachant qu'elle a la même force exécutoire que si elle était faite sous serment ».
Les anciens combattants que j'ai rencontrés et qui doivent remplir ce formulaire me demandent pourquoi ils sont traités avec suspicion. C'est ce qu'ils pensent, en raison de leur état mental. Ce sont des héros. Or, quand ils remplissent un formulaire afin d'obtenir de l'aide, ils doivent reconnaître que les renseignements fournis ont la même force exécutoire que s'ils étaient faits sous serment. Ils ont l'impression qu'on les soupçonne de quelque chose. C'est le problème que posent, en partie, ces formulaires.
En passant, je suis capable de les remplir, et mon collègue Rick Casson aussi, mais si j'étais sévèrement handicapé... On dit ici qu'il faut remplir les parties D, F, G, ou D, E, G. La personne mentalement stressée va avoir beaucoup de mal à le faire. Ensuite, on dit qu'il faut annexer ce formulaire-ci, ce formulaire-là, faire ceci, faire cela. C'est trop compliqué. Le formulaire n'est pas assez simple. Je vous le dis en toute franchise et en toute honnêteté.
La personne mentalement stable n'aura aucun mal à le remplir. C'est une démarche assez simple. Toutefois, pour la personne ou les membres de sa famille qui souffrent, la tâche est plus difficile, même s'il y a quelqu'un au bout de la ligne qui vous aide. Est-il possible de rationaliser ces formulaires, de les simplifier, dans le but de rétablir la confiance des anciens combattants? Ils ne demandent pas à recevoir quelque chose qu'ils ne méritent pas, mais quelque chose qu'ils méritent.
J'aimerais savoir ce que vous pensez de tout cela. Ces deux formulaires-ci sont assez simples, mais les deux autres, ceux qui portent sur la perte de revenus et le programme de réadaptation, devraient absolument englober les familles et les enfants. Il faudrait également prévoir un formulaire qui autorise la divulgation de ces renseignements à la famille. Il n'y a rien à ce sujet. Voilà pour mes questions.
Merci.
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Je peux probablement commencer.
Concernant les clients qui ont des problèmes de santé mentale, qui se préparent à faire la transition de la vie militaire à la vie civile, il n'est pas exagéré de dire que la plupart d'entre eux préféreraient rester au sein des Forces canadiennes. C'est peut-être, en partie, à cause de leur maladie, mais ils ne font pas tellement confiance au système. Ils doutent de son efficacité. Voilà pourquoi il y a des coordonnateurs du soutien par les pairs qui travaillent auprès d'eux.
Ces gens sont forts compétents, car ils ont vécu le même genre d'expérience. Ils ont traversé des moments difficiles, mais ils ont cherché de l'aide et ont pu se faire soigner. Ils ont eu droit à des services peut-être par l'entremise de la nouvelle Charte des anciens combattants, des conseillers, des cliniques. Ils ont également obtenu du soutien pour leur famille.
Les coordonnateurs travaillent avec ces personnes. Ils les écoutent, évaluent la situation, essaient de les diriger vers les programmes appropriés.
Leur appui est important et utile. Toutefois, nous devons absolument reconnaître qu'il y a parfois un sentiment de colère qui accompagne le retrait de la vie militaire, et aussi de la méfiance.
Donc, nous devons suivre ces personnes de près. La transition de la vie militaire à la vie civile est un processus complexe qui prend du temps.
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Les programmes sont structurés de manière à tenir compte des besoins en matière de réadaptation. Nous voulons donner à ces personnes la possibilité de vivre de manière autonome. Nous sommes en mesure d'évaluer leur situation, celle de leur famille et de la communauté dans laquelle elles vivent. Nous essayons de répondre à leurs besoins en adoptant une approche essentiellement holistique pour obtenir les meilleurs résultats possibles.
Je pense que nos programmes sont bien conçus et qu'ils vont continuer d'évoluer. La loi nous autorise, par exemple, à apporter des modifications au programme de réadaptation pour qu'il tienne compte des meilleures pratiques qui existent. Au fur et à mesure que de nouvelles données sont produites sur les types d'interventions qui s'avèrent les plus concluantes, nous adaptons nos pratiques.
Pour ce qui est des avantages complémentaires — nous avons beaucoup parlé, aujourd'hui, des avantages financiers et de la question de savoir s'ils sont adéquats —, ils font actuellement l'objet d'un examen. Nous avons non seulement reçu de multiples rapports de comités, mais nous sommes également en train de procéder à une évaluation interne de la nouvelle Chartre des anciens combattants pour voir si elle fonctionne et si elle va être en mesure de répondre aux besoins dans les années à venir.
Donc, nous analysons tous ces facteurs, et pas seulement la nouvelle charte, mais les services complémentaires qui doivent être dispensés, par exemple, au niveau de la gestion des cas, car nous voulons que le personnel soit prêt à venir en aide à ces clients. Nous voulons que des mécanismes de soutien appropriés en santé mentale soient disponibles dans toutes les régions du pays.
Autre point: nous sommes présents dans les bases. Nous cherchons, de concert avec les Forces canadiennes, à établir des rapports au niveau local, car c'est là que se trouvent bon nombre des solutions pour ces clients. Nous intervenons rapidement. Autrement dit, des liens de confiance sont tissés avec le militaire blessé dès nous nous le prenons en charge, que nous planifions la transition, ainsi de suite.