:
Merci, madame la présidente. Je remercie également les membres du comité.
C'est un plaisir de comparaître encore une fois devant votre comité. Au nom de Patricia Varga, présidente nationale de la Légion royale canadienne, nous offrons notre appui au comité qui a épousé les intérêts des anciens combattants de tous âges et ceux de leurs familles.
[Français]
Vous avez devant vous une copie de notre présentation en français et en anglais. Nous répondrons à vos questions dans l'une ou l'autre de ces langues.
[Traduction]
La LRC n'est pas en mesure d'appuyer les projets de loi et . Cependant, elle reconnaît la nécessité et, particulièrement, le désir de conserver au Canada les ordres, décorations et médailles militaires revêtant une importance culturelle et historique, ce à quoi elle accorde son appui. C’est un objectif qui est noble, mais peut-être irréalisable.
Nous n'appuyons pas le projet de loi pour deux raisons. Premièrement, la mesure législative ne sera pas efficace. Pour qu'elle le soit, elle devrait offrir toute la protection nécessaire. Or, les échappatoires sont actuellement trop nombreuses, et trop de médailles se retrouvent aux mains de non-résidents. Comment peut-on s'assurer que ce n'est pas le cas? Le présent projet de loi ne réglant pas toutes les échappatoires, de tels insignes pourront être transférés à l'étranger. S'il est adopté, le projet de loi favoriserait vraisemblablement la vente clandestine, et les transactions ne seraient plus empreintes de transparence. Ces insignes se transigent quotidiennement sur les marchés internationaux. Vous n'avez qu'à consulter le site d'eBay qui offre davantage d'articles bas de gamme que d'articles haut de gamme.
Deuxièmement, l'adoption du projet de loi porterait atteinte au droit des Canadiens de posséder et de vendre un bien. Il ne faudrait pas bafouer ce droit à la légère. La Loi sur l'exportation et l'importation de biens culturels le restreint déjà dans une certaine mesure. Si elle ne permet pas de garder au Canada des médailles revêtant une importance culturelle et historique, cette dernière loi doit être modifiée. Nous estimons qu'il est inutile de présenter une mesure législative qui fait double emploi, comme le présent projet de loi.
Le projet de loi d'initiative parlementaire cause plusieurs autres problèmes qui ont déjà été signalés, mais dont on n'a pas tenu compte dans la présente version. Je vous cite certains de ces problèmes que je n'énumère pas nécessairement en fonction de leur importance.
Il y a notamment le problème de la terminologie. L'expression « insigne » s'emploie seulement pour les ordres. On utilise le terme « médaille » pour désigner également une décoration comme la Croix de Victoria. Il faudrait s'en tenir aux termes « ordre », « décoration » et « médaille », ODM.
Le suivi de nos recommandations constitue un autre problème. En décembre 2009, on nous a confirmé que le projet de loi serait modifié dans le sillage de nos commentaires. Nous avions notamment abordé la définition de « proche parent », le transfert des médailles à l'extérieur du Canada, l'augmentation de la liste des musées et des organisations auxquels pourraient être transférées ces médailles et l'ajout d'un montant maximal aux peines imposées. Vraisemblablement, la présente version du projet de loi ne tient nullement compte de ces recommandations.
Le droit de premier refus nous préoccupe également. Seuls le Musée canadien de la guerre, le Musée canadien des civilisations ou le ministère du Patrimoine canadien jouissent de ce droit. On écarte ainsi de nombreux musées provinciaux, régionaux et locaux, des musées militaires ainsi que des directions et des filiales de la Légion royale canadienne. D'autres musées ou organisations d'anciens combattants comme Les Anciens combattants de l'armée, de la marine et des forces aériennes au Canada pourraient vouloir acquérir de tels insignes.
Voici un autre problème: le financement. La plupart sinon la totalité des musées disposent d'un budget d'acquisition très limité. Pour être efficace, le présent projet de loi devrait autoriser l'établissement d'un budget d'acquisition nationale bien garni. Faute de quoi, les médailles seront vendues à l'extérieur du Canada.
L'obligation d'acquérir pose problème. La plupart sinon la totalité des musées disposent d'un espace restreint pour l'entreposage et les expositions. Si une médaille qui revêt une importance culturelle ou historique ne correspond pas au mandat d'un musée, celui-ci ne devrait pas être tenu de l'acheter.
Enfin, abordons le marché pour les ordres, décorations et médailles modernes. D'aucuns sont d'avis que les médailles modernes n'ont pas beaucoup de valeur et que le présent projet de loi n'aurait aucune incidence sur leur valeur. C'est tout à fait le contraire. S'ils étaient offerts sur le marché, ces articles se vendraient très cher, particulièrement les décorations pour acte de bravoure en Afghanistan.
Par exemple, la médaille britannique pour actes insignes de bravoure, qui a été frappée en 1993, a été mise aux enchères au prix suggéré de 6 000 £ à 8 000 £, soit de 9 500 $ à 12 700 $. On pourrait vraisemblablement s'attendre à ce que des médailles canadiennes analogues se vendent à des prix similaires. Tout projet de loi devrait tenir compte des médailles modernes.
Dans le compte rendu de votre séance du 17 juin dernier, on a signalé que la Loi sur l'exportation et l'importation de biens culturels ne vise que les objets qui ont plus de 50 ans, ce qui exclurait donc les médailles modernes. Le cas échéant, il faudrait modifier la loi en conséquence.
Je récapitule. Si les problèmes que je viens d'exposer ne sont pas résolus, la Légion royale canadienne n'appuiera pas le projet de loi . Nous recommandons plutôt de modifier la Loi sur l'exportation et l'importation de biens culturels, pour que le tout soit plus clair et qu'il y ait moins de restrictions.
Je voudrais vous signaler également que nous avons consulté d'autres organisations d'anciens combattants. J'ajouterai que les opinions que je viens d'exprimer pour le compte de la Légion royale canadienne sont partagés par les organismes suivants: Anciens combattants de l'armée, de la marine et des forces aériennes au Canada; Groupe canadien de l'aéronavale; Association royale canadienne de la marine; Associations des officiers de marine du Canada; Association des anciens combattants de la bataille de Hong Kong; Association des anciens de la Gendarmerie royale du Canada; Association nationale des anciens combattants autochtones; Association canadienne de vétérans des forces de la paix des Nations Unies; Association du Canada des anciens combattants de la guerre du Golfe.
Ainsi prend fin ma déclaration. Nous serons ravis de répondre à vos questions.
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Je voudrais apporter une précision.
En vertu de l'alinéa 5 a), le gouverneur en conseil peut prendre des règlements concernant « la désignation des insignes revêtant une importance culturelle et l’établissement des critères à appliquer... » Autrement dit, vous approuverez un projet de loi sans y avoir défini tout à fait ce que vous entendez par « revêtant une importance culturelle » et sans y avoir établi les critères à appliquer.
Selon nous, c'est un libellé beaucoup trop vague, compte tenu plus particulièrement du nombre d'ordres, de décorations et de médailles dans le monde. Vous l'ignorez peut-être, mais on a décerné 325 000 Médailles de la Défense — certaines remontant à la Deuxième Guerre mondiale —, 650 000 Médailles canadiennes du volontaire et 700 000 autres médailles. La plupart d'entre elles ne portent aucun nom, et elles ne revêtent une importance que s'il est possible d'établir un lien avec la documentation pertinente.
Tel est le problème que pose le présent projet de loi, qui est inapplicable, selon nous.
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Afin de mieux m'exprimer, je vais répondre en anglais, si cela vous convient.
[Traduction]
C'est au cours du congrès que nous tenons tous les deux ans que nous adoptons ce genre de position, que nous établissons la politique de la Légion royale canadienne. Organisme démocratique, la légion tient compte de l'avis exprimé par ses filiales et examine les problèmes à régler lors de son congrès. Par la suite, une politique est adoptée, qui constituera essentiellement notre position pour les deux années suivantes.
Les problèmes qui surviennent entre la tenue des congrès bisannuels sont abordés par notre conseil exécutif national, qui prend alors les décisions nécessaires, par exemple face au présent problème des médailles. Il en examine alors les tenants et aboutissants. Un représentant de chaque direction provinciale siège à ce comité exécutif. Les problèmes et les divers avis sont donc examinés par dix présidents provinciaux et les membres élus de la Légion royale canadienne. C'est à ce moment-là que sont arrêtées les positions que nous adoptons entre la tenue de nos congrès.
C'est grosso modo ainsi que nous examinons un tel dossier.
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Messieurs, merci beaucoup d'avoir accepté notre invitation, et je vous prie de transmettre nos salutations à Pat Varga et au vice-amiral Larry Murray. Je crois qu'il a su remplacer avec brio Charlie Belzile au poste de président honoraire. Vous avez fait un excellent choix.
Pour ce qui est du projet de loi en tant que tel, j'ai décidé de l'appuyer la première fois que j'ai parlé au député qui l'a proposé. Il veut ainsi faire reconnaître l'importance que revêtent certaines médailles et d'autres biens et éviter qu'ils ne sortent du pays. Il n'y a qu'une chose que je n'appuie pas totalement, et je sais que j'en ai déjà parlé à la Légion royale canadienne. Quand on remet des médailles aux membres de nos forces armées ou policières pour les gestes qu'ils ont posés (décorations, médailles de combat, Croix de Victoria, etc.)... Smokey Smith m'a fait comprendre ceci avant qu'il ne décède. Il était fier de sa Croix de Victoria, mais il l'était tout autant de toutes les autres médailles qu'on lui a décernées. Pourtant, si on devait les vendre aux enchères, toute l'attention serait rivée sur la Croix de Victoria. Mais lui, il était fier de toutes ses médailles.
Je l'ai dit encore et encore, depuis toujours même, mais ce n'est pas une monnaie d'échange que vous remet le gouvernement. Ce ne sont pas des billets de cent dollars qui pendent à votre poitrine. Ces médailles sont importantes pour le service, l'honneur, la valeur, le devoir et tout ce qu'elles représentent. Mais surtout, bon nombre d'entre vous les portez parce que 118 000 hommes et femmes n'ont jamais eu la chance de porter les leurs, ayant connu la mort avant, bien souvent en service.
Le , que j'ai moi-même proposé et qui est plus simple à comprendre, vise essentiellement à interdire la vente de ces médailles ou à empêcher qu'elles ne soient transformées en monnaie d'échange. Cela se rapproche beaucoup de ce que le gouvernement du Canada a pour l'Ordre du Canada. Vous parlez des droits de propriété. Cependant, lorsqu'un titulaire de l'Ordre du Canada décède, en vertu de la loi, sa médaille doit être remise au gouverneur général ou au gouvernement. Il est interdit de la vendre. Il est vrai que bon nombre d'entre elles ne sont pas retournées. Elles sont cachées, les enfants les conservent, et personne ne cherche vraiment à les récupérer.
Si on peut interdire la vente des décorations de l'Ordre du Canada, pourquoi ne pourrait-on pas faire de même pour d'autres décorations et médailles?
Je comprends l'argument des droits de propriété, mais vous ne pouvez pas vendre les médailles que vous avez reçues si vous êtes encore au service des forces canadiennes. Ce n'est qu'une fois votre service terminé que vous pouvez en faire ce que vous voulez. Si votre service n'est pas encore terminé et que vous avez six ou sept médailles, vous ne pouvez pas les vendre. Vous n'avez pas le droit d'en faire ce que vous voulez. Vous devez attendre la fin de votre service. Comme vous l'avez dit, vous pouvez choisir de faire ce que bon vous semble de vos médailles.
Je ne sais pas si l'auteur du projet de loi sera entièrement d'accord avec moi là-dessus, et j'aimerais aussi savoir ce que vous en pensez, mais je n'aime pas l'idée de voir les médailles décernées aux héros de notre pays être transformées un jour en monnaie d'échange. À mon avis, cela dévalorise la médaille et l'acte de bravoure de celui qui la portait.
Je vais vous donner un exemple en terminant. Un des soldats les plus décorés du Québec est décédé récemment. Son fils Charles a hérité de ses médailles, et il s'apprêtait à les vendre. On lui a demandé ce qu'il avait l'intention de faire avec l'argent, et il a répondu qu'il allait peut-être s'acheter une voiture. Sa famille n'était pas d'accord pour qu'il vende les médailles, mais il avait le droit d'en faire ce qu'il voulait. Donc, la valeur de cet homme, de tout ce qu'il a fait pour son pays, sa province et ses concitoyens, tout cela ne vaut maintenant rien de plus qu'une voiture. J'ai été estomaqué d'apprendre cette nouvelle. Honnêtement, au bout du compte, l'argent de la vente de ces médailles peut servir à n'importe quoi.
J'aimerais tout simplement avoir vos impressions à ce sujet.
Finalement, avez-vous fait des recommandations concernant la Loi sur l'exportation et l'importation de biens culturels, pour aider l'honorable député, et nous tous, à atteindre les objectifs visés par son projet de loi et le mien, et en fin de compte, à obtenir l'appui de la Légion royale à cet égard?
Merci.
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Ma compréhension de la loi est peut-être simpliste, mais je sais qu'elle interdit l'exportation d'une médaille pendant 90 jours pour s'assurer que les organisations qui veulent l'obtenir ou la garder en ont la possibilité.
Je ne crois pas que la loi précise ce qui constitue une médaille d'importance. Je crois que c'est la question qu'il faut se poser. Qu'est-ce qu'une médaille d'importance? À mon avis, il faut aussi revenir sur ce point.
Pour répondre à votre première question, concernant les droits de propriété, les médailles sont décernées à des personnes en reconnaissance d'actes de service. Je le sais, parce que je viens d'une famille de militaires de troisième génération. Ma famille prône une certaine philosophie qui nous dicte comment nous comporter avec nos médailles et ce que nous devrions en faire. Je comprends très bien qu'on ne vient pas tous du même milieu et que certains ne comprennent pas nécessairement l'importance historique, l'impact ou la signification d'une médaille, que ce soit une médaille de bravoure ou une médaille d'honneur.
Il faudrait peut-être davantage se demander comment sensibiliser la population. Comment faire comprendre aux gens l'importance que revêt une médaille? Est-ce que l'éducation passe par la législation? Ou y a-t-il un autre moyen d'y arriver? De nos jours, on entend souvent dire que le gouvernement interfère dans la vie des gens, et beaucoup pensent aussi que c'est l'affaire du gouvernement. Et avec une telle loi, vous en faites vraiment l'affaire du gouvernement. Chaque fois que quelque chose tourne mal, tout le monde se plaint que le gouvernement doit intervenir et personne ne prend plus la responsabilité de ses propres gestes. Alors faut-il tout légiférer? C'est la question que je vous pose.
Il faut aider les gens à comprendre, les sensibiliser et les pousser à être responsables, et pour être responsables, ils doivent comprendre. C'est ce que je vous répondrais.
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J'aimerais ajouter une ou deux choses à ce sujet.
Je crois que ce qui pose notamment problème avec le projet de loi , c'est le dernier article, qui prévoit essentiellement ce qui suit:
Quiconque contrevient au paragraphe (1) commet une infraction et encourt, sur déclaration de culpabilité par procédure sommaire, une amende...
Alors nous y voilà. Nous avons des droits de propriété, mais nous pouvons aussi être accusés d'une infraction punissable par procédure sommaire. Je crois que c'est un peu compliqué.
Je pense que la solution réside dans ce que mon collègue vous disait. Il n'est pas nécessaire d'adopter une loi. Nous devons encourager les anciens combattants, leurs héritiers et leurs successeurs à comprendre que les ordres, les décorations et les médailles sont des objets de valeur pour leur histoire familiale. Nous devons encourager les gens à faire don des ODM à des musées ou à d'autres institutions, et nous devons même favoriser un partenariat avec les collectionneurs pour contribuer à préserver la mémoire des anciens combattants grâce à leurs ODM.
La Légion royale est prête à faire sa part dans ce processus d'éducation, mais nous vous conseillons vivement de ne pas adopter cette loi.
J'ai parlé des coûts potentiels pour les musées. Quand le Musée canadien de la guerre a fait l'acquisition de l'ensemble de médailles ayant appartenu à Shankland, y compris sa Croix de Victoria, il a dû débourser environ 244 000 $. En fait, le coût d'achat s'est élevé à 288 000 $, parce qu'il fallait y ajouter des droits d'acheteur. Cela correspond à l'estimation faite avant la vente aux enchères de 220 000 $ à 330 000 $ canadiens.
Ces médailles vont effectivement demeurer au Canada; toutefois, cette situation a mis en lumière les coûts potentiels que pourrait entraîner l'adoption de cette loi pour les musées, même ceux qui ont des assises financières solides.
Merci, messieurs, de vous joindre à nous aujourd'hui. Nous sommes heureux de vous voir.
J'aimerais aborder quelques points, parce que votre présentation est un peu contradictoire, en ce sens que vous réclamez vos droits de propriété, mais vous vous inquiétez aussi que le projet de loi n'aille peut-être pas assez loin. J'aimerais que vous me donniez des précisions à ce sujet, car je crois que c'est une question de principe qui mérite d'être discutée.
Une chose nous préoccupe. Je ne pense pas que tout le monde ait les mêmes valeurs que vous, vous qui avez servi dans les forces et qui faites partie de la Légion royale, et que tous reconnaissent l'importance de préserver ces médailles en sol canadien. Bien sûr, de nombreuses personnes les conservent dans des collections privées ou les gardent au sein de leur famille, mais nombreux sont ceux qui ne le font pas. Je ne pense pas que la solution consiste à laisser aller les choses, comme nous le faisons depuis des années. Je suis heureux d'entendre que vous êtes prêts à collaborer avec nous, et je sais que l'éducation est importante pour vous. Je pense que l'éducation est une bonne seconde étape, après la législation, mais j'aimerais qu'on en discute davantage. Gary parle de l'intention, je pense, et nous en avons tous discuté et nous sommes d'accord en principe. C'est une attitude très positive pour un député de se lever et de dire qu'il y a un problème; et même si la solution proposée n'est pas parfaite, c'est tout de même un début.
Je suis beaucoup plus enclin que vous, de toute évidence, à appuyer l'intention du projet de loi. Mais je ne pense pas que ce soit une chose vraiment négative. Nous savons que les Croix de Victoria n'iront nulle part, et c'est déjà un point de réglé. Mais de façon générale, aucune loi ne pourra protéger toutes les médailles jamais décernées. Il y aura toujours une certaine forme d'économie clandestine. Je pense que les médailles du passé sont protégées, à moins que vous nous disiez que la loi sur I'importation des biens culturels a tout faux et qu'on devrait également penser à s'en défaire, ce qui est un tout autre sujet.
Je ne pense pas qu'on essaie de combler toutes les lacunes, mais plutôt de faire un premier pas vers la population du Canada, pour lui faire comprendre que quelque chose manque à la culture canadienne d'aujourd'hui. Il faut aussi sensibiliser la population, je le comprends et je suis d'accord avec vous, mais il faut d'abord se demander si ce qui prime vraiment est de ne pas interférer avec le principe de la propriété et de la protection des biens privés.
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Je sais qu'il est susceptible, mais c'est vrai que les collectionneurs font beaucoup pour préserver les médailles. Bon nombre de ces collectionneurs, probablement la majorité d'entre eux, sont en fait d'anciens militaires qui s'intéressent beaucoup à ces objets.
Je peux vous donner un bon exemple de ce qui arrive aux médailles, aux décorations et aux ordres. Nous avons reçu, à notre quartier général national, une collection d'insignes de coiffure des Première et Seconde Guerres mondiales. C'était probablement la collection d'insignes de coiffure la plus complète que nous ayons jamais vue. Elle était cachée dans le sous-sol d'une division de la Légion qui a dû fermer ses portes et qui a demandé à la Direction nationale d'en prendre soin.
C'est une collection tellement importante que nous l'avons donnée au Musée canadien de la guerre, car nous n'avions jamais vu autant d'insignes de cette époque réunies. Nous nous affairons en ce moment à nettoyer toutes les insignes, et nous allons ensuite les exposer comme il se doit. La collection était en fait entreposée dans un vieux cabanon sombre. Pendant des années et des années, personne n'a pu l'admirer. C'est dans des endroits comme celui-là que se retrouvent les collections.
La même chose va arriver à beaucoup de ces médailles. Plusieurs vont être remisées dans un tiroir, chez un membre de la famille ou un collectionneur, ou encore dans un tiroir de musée parmi une tonne d'autres, parce que l'espace manque pour toutes les exposer.
Alors oui, c'est un grave problème. Et le simple fait de parler de ce projet de loi permet de sensibiliser un peu les gens. Les Canadiens seront plus conscients de l'ampleur du problème. Avons-nous besoin d'adopter une loi? Mon droit de disposer de mes médailles à mon gré devra-t-il être légiféré? Je préférerais qu'il ne le soit pas.
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Bonjour, messieurs. Merci d'être avec nous aujourd'hui.
Monsieur White, il est très touchant de vous entendre parler du respect que vous avez pour vos médailles. C'est un grand mérite. C'est un honneur que le pays vous a fait pour le travail que vous avez fait pour votre pays.
Vous avez parlé d'éducation. Je voudrais ouvrir une parenthèse. On vient de parler de Canadiens irresponsables du fait qu'ils pourraient avoir vendu leurs médailles. Ne convenez-vous pas que ce ne sont pas tous les vétérans qui reviennent en santé et que, pour certains, monnayer une médaille peut être attirant, dans une certaine mesure? Effectivement, on peut faire de l'éducation, mais jusqu'à un certain point.
M. Stoffer disait aussi que les générations futures n'auront peut-être pas le même respect pour ces médailles. Alors, l'éducation a ses limites, ne croyez-vous pas?
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Non? Ce n'est pas tout à fait exact?
Quand les membres d'un comité discutent d'éléments du patrimoine importants pour le Canada, notamment de questions relatives aux anciens combattants, je ne pense pas que la découverte d'une solution relève davantage d'un comité que de l'autre. Je pense que les deux, probablement, doivent, de concert, déterminer exactement ce qu'il y a à faire.
Si vous voulez poursuivre avec le projet de loi, je pense que vous devez définir ce que sont les médailles ayant de l'importance et déterminer comment vous allez résoudre le problème des droits individuels. Si vous estimez qu'il y aurait une meilleure façon, grâce à la consultation, de modifier la Loi sur l'exportation et l'importation de biens culturels, ce pourrait être également la voie à suivre.
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Merci, madame la présidente.
Bonjour, messieurs Allard et White. Je vous entends exprimer depuis tantôt vos points de vue. Je comprends celui de M. Schellenberger également.
Tout d'abord, je vous lance une idée à brûle-pourpoint. Si vraiment le gouvernement voulait garder des médailles spécifiques, n'y aurait-il pas un moyen de les répertorier et d'indiquer quelles médailles on aimerait garder au Canada? Deuxièmement, le gouvernement serait-il prêt à payer le prix du marché si quelqu'un voulait vendre l'une des médailles qui aurait été répertoriée comme étant significative?
Par ailleurs, si on supprimait un des articles du projet de loi selon lequel les gens seront poursuivis s'ils vendent leurs médailles et qu'on laissait aux gens le soin de disposer comme ils le veulent du reste des médailles non significatives ni répertoriées, serait-ce une façon de s'approcher de vos demandes? Il faut voir ce qu'on peut faire.
Je donne un exemple. C'est sûr qu'un musée peut très bien ne pas vouloir acheter votre médaille, monsieur Allard, s'il en a déjà une. Dans ce cas, vous seriez pris avec la vôtre, vous ne pourriez pas la vendre, et même si vos enfants ou vos petits-enfants voulaient s'en départir, ils ne pourraient pas la vendre au musée, qui en a déjà une.
Il faudrait que le gouvernement décide d'un prix pour les médailles significatives, qu'il détermine la valeur marchande de telle ou telle autre sorte de médailles — car il ne faudrait pas que le gouvernement décide d'un prix autre que celui du marché. Le gouvernement devrait préciser qu'il est prêt à payer ce montant aux gens qui sont prêts à se départir de ces médailles. Quant aux autres médailles, le gouvernement devrait laisser les gens libres d'en disposer comme ils le veulent, de les vendre comme ils le veulent.
Qu'en pensez-vous?
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Je ne sais pas. Je ne les dirige pas et je n'ai pas la réponse à cette question.
Voici un autre exemple. Chez nous, un dénommé Dave Thomson — que vous connaissez peut-être — restitue les médailles qu'il trouve et obtient sur eBay aux familles de leurs titulaires. En fait, il demande pour cela l'aide pécuniaire de ses concitoyens. Beaucoup d'entre nous lui ont fourni de l'argent. C'est ainsi que des centaines de médailles sont retournées dans les familles de leurs titulaires originels, habituellement des descendants des médaillés. Il effectue la recherche historique pour découvrir les propriétaires. Quand elle n'aboutit pas, il donne les médailles à un musée militaire...
Une voix: Ou à une filiale de la Légion.
M. Phil McColeman: ... de sorte qu'elles sont préservées sans revenir sur le marché libre où il les a trouvées.
Une raison pourquoi, à mon avis, beaucoup d'entre nous l'ont encouragé pécuniairement et moralement et lui ont donné le coup de pouce final pour remporter la mise, c'était la conviction que ces objets ne seraient plus jamais vendues sur le marché libre.
Je suppose que ma question était davantage pour en venir au fait que ces ventes ont lieu dans ce contexte... Je comprends les collectionneurs, leur noble motivation et leur souci de préserver ces objets dans leur... Je suppose que toutes les caractéristiques essentielles que M. Stoffer a attribuées aux médailles expliquent cela. Mais, dans l'autre situation que je connais bien, où on essaie de les restituer aux familles d'origine et de les sortir du marché, pensez-vous que devrions nous en occuper ou que nous devrions laisser les choses se poursuivre comme actuellement?
:
Je reviens à ce qui a été dit sur le fait qu'il est difficile de s'apercevoir de la perte de quelque chose dont on ignorait l'existence. Cet homme est le chevalier d'une très noble cause: remettre les médailles à leurs propriétaires, mais rien ne garantit qu'on ne les retrouvera plus sur le marché.
M. Phil McColeman: Vous avez raison.
M. Brad White: Après que la famille en a repris possession, le processus recommence et, peut-être, dans une ou deux générations, la médaille sera redevenue un objet banal et elle risquera de se retrouver sur le marché. On ne peut donc jamais jurer du sort d'une médaille après son retour au bercail familial.
On peut garantir, peut-être, que si la médaille se retrouve au musée, elle aboutira dans un tiroir, quelque part, dont on la tirera une fois toutes les décennies.
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Merci, madame la présidente.
Je tiens à remercier la Légion d'être ici aujourd'hui. Je dois avouer que, au début, mon idée n'était pas faite au sujet de ce projet de loi. J'ai trouvé les échanges d'aujourd'hui très intéressants.
Clarifions d'abord certaines choses. M. Schellenberger a présidé le comité de la culture et du patrimoine, mais c'est son projet de loi, qui est dans la filière depuis tout ce temps. J'estime qu'il nous incombe à tous de le remercier pour la passion et l'engagement dont il a fait preuve pour sensibiliser les Canadiens à cette question. Je sais que j'ai moi-même appris beaucoup de choses au sujet des médailles et des insignes.
Monsieur White, je vous dirais que votre exposé m'a laissé un peu confus. Vous opposez-vous au projet de loi parce que vous avez le droit, en tant qu'ancien combattant, et comme tous les anciens combattants, de disposer de vos médailles comme bon vous semble? La Légion est-elle contre le projet de loi pour cette raison ou bien recommande-t-elle tout un ensemble de modifications qu'elle préconise pour le projet de loi?
Je ne veux pas trop insister, mais, dans le même ordre d'idées que les propos de M. Storseth, je précise que des provinces ont imposé des limites à la propriété étrangère des terres agricoles. D'une certaine manière, elles voulaient protéger les terres contre une certaine propriété étrangère. Et je peux comprendre ou faire mienne votre position.
Mais, il faut savoir que, même dans l'immobilier, on dispose de tant de jours pour conclure le contrat, pour un certain nombre de raisons. Est-il déraisonnable pour la famille d'un ancien combattant ou pour l'ancien combattant lui-même d'accorder à un Canadien 120 jours pour égaler une offre? Est-il déraisonnable de lui demander, s'il est médaillé depuis 25 ans, d'attendre encore 120 jours?
Je comprends l'idée qu'il s'agit de vos droits, que ce sont vos médailles, peu importe, mais ce délai de 120 jours accordé aux éventuels acheteurs est-il si déraisonnable, au dire de la Légion, est-il si déplaisant? À mon avis, par rapport à toutes les sortes de choses qui concernent les droits et les libertés ou que sais-je encore, cela ne me semble pas si pénible.
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Simplement un rappel au Règlement.
M. White a soulevé la question des collectionneurs, et du fait que je ne suis pas très entiché d'eux. Ce que l'on a lu dans Internet était simplement inexact. J'ai dit que je n'avais rien à reprocher aux collectionneurs de médailles. Libre à vous de donner vos médailles à un collectionneur. C'est bien. Si vous les lui vendez, c'est là que j'y vois des objections. Et si le collectionneur revend les médailles, j'y vois encore des objections.
Sur les observations de M. McColeman concernant les ventes de successions, souvent les vendeurs n'ont aucun lien avec les médailles. Ils les ont achetées à une vente de succession. Dans les marchés aux puces et les ventes de garage, elles s'envolent pour 20 $. Il a raison.
Je n'ai rien à reprocher aux collectionneurs de médailles. Ce sont les ventes au comptant qui me posent problème. C'est cela qui me fait problème.
Merci. Je voulais simplement vous faire connaître mon opinion.
Merci beaucoup, madame la présidente.
:
J'ai seulement un court commentaire à faire, pour terminer. Je m'aperçois qu'au fond, on a un dilemme éthique, ici. C'est un conflit de valeurs. J'aimerais vérifier cet aspect avec vous.
On a un gouvernement qui remet des médailles à des soldats qui ont participé à des missions et qui ont fait un travail exceptionnel. Donc, on récompense les soldats par une médaille.
D'une part, vous dites que la médaille vous appartient et que vous pouvez donc en disposer comme vous le voulez bien, parce que vous avez travaillé dans le cadre d'une mission militaire et risqué votre vie. En fait de récompense, le gouvernement vous a donné une médaille. D'autre part, le gouvernement dit que cette médaille est un bien du patrimoine, un souvenir, un bien culturel qui fait partie de l'histoire.
J'ai seulement une question. Vous avez reçu plusieurs médailles. Quand vous les avez reçues, avez-vous eu l'impression qu'elles vous étaient complètement accordées sans que vous ayez nécessairement de comptes à rendre, ou encore que les médailles remises symbolisaient plutôt le pays et, d'une certaine manière, lui appartenaient? Comment vit-on la réception d'une médaille? Comprenez-vous ce que je veux dire? C'est le dilemme.
Faisons abstraction des médailles. Si on me donne quelque chose, cela m'appartient. C'est à moi. On semble dire ici qu'en ce qui concerne les médailles, c'est différent, parce que cela fait partie de l'histoire et du patrimoine. Vous nous dites que ce n'est pas nécessairement différent, parce que cela vous appartient.
Donc, quel était votre sentiment quand vous avez reçu ces médailles?
:
Merci, madame la présidente.
Les derniers éléments de la discussion ont semblé converger vers un sujet, et je pense qu'il est important de se rappeler que vous avez soulevé un certain nombre de motifs de préoccupation.
En ce qui concerne les médailles, je comprends le désaccord. Il s'agit de protéger l'histoire, le patrimoine culturel, la mémoire d'une vie au service du pays. Mais il s'agit aussi de reconnaître nos anciens combattants, de les respecter et de leur donner le choix.
Les médailles constituent quelque chose de profondément personnel, personnel pour les familles également, et on les décerne de bonne foi, je pense que c'est le mot — on les décerne. On vous les donne, et elles vous appartiennent.
J'irai d'un autre commentaire sur l'importance culturelle.
Comme M. Allard l'a signalé, tout est dans le contexte. De qui s'agit-il et pourquoi a-t-on décerné la médaille? C'est comme le contexte en archéologie. Sans contexte, je pense que ces médailles aboutiront dans un tiroir de musée.