Bonjour, monsieur le président et mesdames et messieurs les membres du comité. Je vous remercie de nous avoir invités à venir discuter avec vous dans le cadre de votre examen de la nouvelle Charte des anciens combattants.
Je suis accompagné de Mme Dale Sharkey, directrice générale du Tribunal des anciens combattants (révision et appel).
Puisqu'il s'agit de la première fois que je m'adresse à vous, j'aimerais d'abord vous parler un peu de moi-même. Je suis issu du domaine du droit. J'ai cessé d'exercer l'an dernier pour entreprendre un mandat de six ans en qualité de président du tribunal. Sur une note personnelle, je suis fier d'être le fils d'un ancien combattant et prisonnier de guerre de la Seconde Guerre mondiale. Mon père m'a appris à me souvenir de nos anciens combattants et à leur rendre hommage. Je compte faire valoir cette perspective dans mon rôle de président.
Je sais qu'un grand nombre d'entre vous siégez depuis peu au comité. Je vous remercie de me permettre de prendre quelques minutes pour vous parler du tribunal et de son mandat.
[Français]
Je sais aussi que vous avez tous à coeur de veiller à ce que le portefeuille des Anciens Combattants honore et serve bien les anciens combattants canadiens. Le Tribunal partage cet engagement. Notre objectif vise à faire en sorte que les anciens combattants traditionnels, les militaires et vétérans des Forces canadiennes, les demandeurs de la GRC et leurs familles reçoivent les prestations d'invalidité auxquelles ils ont droit en vertu de la loi.
[Traduction]
Pour y parvenir, le tribunal offre aux demandeurs un programme d'appel indépendant pour les décisions relatives à une invalidité rendues par le ministère des Anciens Combattants. Ce mandat n'a pas changé depuis la création du tribunal indépendant en 1995, et ce, malgré la mise en place de la nouvelle Charte des anciens combattants.
Le tribunal continue d'offrir un recours pour les décisions en matière d'invalidité, mais il a maintenant le pouvoir d'examiner aussi celles relatives à la pension d'invalidité rendues aux termes de la Loi sur les pensions, ainsi que les décisions sur l'indemnité d'invalidité rendues conformément à la partie 3 de la nouvelle Charte des anciens combattants.
Il est important de noter que le tribunal n'offre de recours pour aucun autre programme mis en oeuvre dans le cadre de la nouvelle Charte des anciens combattants. Le recours pour les autres programmes est offert à l'interne par le ministère.
Le programme spécialisé du tribunal comprend deux niveaux de recours — révision et appel — concernant les demandes de pension et d'indemnité d'invalidité qui comportent des questions d'admissibilité et d'évaluation; le tribunal constitue également le dernier niveau d'appel des décisions sur les allocations aux anciens combattants.
Depuis la mise en oeuvre de la nouvelle Charte des anciens combattants en 2006, le tribunal a constaté une augmentation constante du nombre de demandes de révision et d'appel des décisions rendues relativement à l'indemnité d'invalidité. Actuellement, 46 p. 100 de nos décisions de révision et 23 p. 100 de nos décisions d'appel portent sur des demandes d'indemnité d'invalidité.
Soyons très clairs: le rôle du tribunal ne consiste pas à rédiger ni à évaluer les lois, mais à voir à ce qu'elles soient toujours interprétées et appliquées de façon juste.
En sa qualité de tribunal d'appel pour les programmes canadiens d'indemnité d'invalidité destinés aux anciens combattants, le tribunal est indépendant du ministère et du ministre. Ces derniers n'ont aucune influence sur notre prise de décisions.
[Français]
Nos membres sont nommés par le gouverneur en conseil, et leur rôle consiste à remplir le mandat législatif du tribunal. Ils ont le pouvoir de confirmer, de modifier ou d'infirmer la décision relative à la demande de révision ou d'appel. Ils ne sont pas liés par la décision antérieure. Ils sont toutefois liés par les lois que le Parlement adopte pour régir les programmes de pension et d'indemnité d'invalidité offerts à nos anciens combattants.
[Traduction]
Au cours de la dernière année, j'ai eu l'occasion, à titre de président, d'apprécier à sa juste valeur la façon dont le programme du tribunal est conçu pour veiller à ce que ceux qui ont servi le Canada disposent de tous les moyens nécessaires pour établir leur admissibilité aux prestations.
D'abord et avant tout, les lois édictées par le Parlement exigent d'accorder le bénéfice du doute aux anciens combattants tout au long du processus juridictionnel, ce qui ne signifie pas pour autant que tous les demandeurs obtiendront gain de cause.
Les lois exigent également que les demandeurs fournissent une preuve crédible et suffisante de l'existence d'une invalidité permanente et du lien entre leur service et l'invalidité. La disposition sur le bénéfice du doute fait en sorte que les décideurs examinent la preuve sous l'angle le plus favorable possible.
Il suffit que les personnes concernées ne soient pas satisfaites de la décision relative à des prestations d'invalidité pour qu'elles puissent demander une audience indépendante devant le tribunal. Ce droit d'appel n'est assujetti à aucune limite de temps.
Une fois que les demandeurs ont reçu une décision du ministère, ils ont accès à deux niveaux d'appel indépendant auprès du tribunal.
Le premier niveau correspond à l'audience de révision, qui donne aux demandeurs la première et la seule occasion pendant le processus de comparaître et de témoigner devant les décideurs en compagnie des témoins de leur choix. Dans le but d'aider les demandeurs à se présenter en personne, nous tenons des audiences de révision dans plus de 30 lieux au Canada.
Il ne faut pas sous-estimer la valeur de l'audience de révision. La décision du tribunal de modifier la décision du ministère portée en appel est fondée largement sur le témoignage oral des demandeurs et de leurs témoins, ainsi que sur les nouveaux éléments de preuve qu'ils soumettent.
[Français]
Si le demandeur n'est toujours pas satisfait de la décision de révision rendue par le Tribunal des anciens combattants, il peut demander une audience d'appel devant un comité différent. Bien qu'il soit tout à fait permis d'assister à son audience d'appel, la législation ne permet pas de témoigner oralement à ce niveau. L'audience offre plutôt au représentant une nouvelle occasion de présenter des arguments à l'appui de la demande.
Pendant toute la durée du processus d'audience du tribunal, les demandeurs peuvent recevoir une aide et une représentation juridique gratuites. Cette observation est importante, puisqu'il s'agit d'un processus de type non accusatoire, ce qui signifie que personne ne s'oppose aux demandeurs. Nos membres posent souvent des questions, non pour s'opposer à la demande, mais pour mieux la comprendre. Après tout, ils sont tenus d'interpréter et d'appliquer la loi en fonction de la preuve présentée et de rendre une décision en indiquant clairement les motifs.
[Traduction]
Il n'est pas facile de rendre des décisions. La plupart des demandes soumises au tribunal comportent des questions médicales et des arguments juridiques complexes. Les cas des hommes et des femmes qui se présentent devant nous sont souvent convaincants. Ces personnes ont servi leur pays avec efficacité et honneur en temps de guerre comme en temps de paix. Nous en sommes conscients et nous prenons notre rôle très au sérieux.
En 2010, le tribunal continuera d'accomplir son mandat en offrant un programme de recours indépendant aux demandeurs. Notre budget de fonctionnement, qui s'élève à 9,9 millions de dollars, sera investi judicieusement pour appuyer quatre priorités stratégiques. La première de ces priorités consiste à mener des audiences de révision et d'appel, ainsi qu'à rendre des décisions en s'appuyant sur les preuves et sur les lois.
À l'heure actuelle, 25 membres siègent au tribunal, entendent les demandes et rendent des décisions. Ils ont tous été nommés pour une première fois ou à nouveau dans le cadre d'un processus de sélection transparent et fondé sur le mérite. La moitié des membres sont répartis dans des villes de toutes les régions du Canada pour traiter des révisions, et l'autre moitié entend les appels au bureau principal, qui est situé à Charlottetown.
Environ 85 employés opérationnels travaillent à Charlottetown pour soutenir le processus d'audiences. À la fin de février, le tribunal avait rendu 5 000 décisions de révision et d'appel depuis le début de l'exercice financier. Bien que ce nombre semble élevé, il s'agit là d'une charge de travail raisonnable pour nos membres et nos employés.
Bien sûr, nous reconnaissons que les demandeurs s'attendent à ce que les audiences aient lieu rapidement et à ce que les décisions soient équitables — et ils méritent qu'il en soit ainsi. C'est pour cette raison que nous nous employons continuellement à améliorer notre programme pour mieux servir les demandeurs. En 2010, nous nous engageons également à communiquer clairement au sujet de notre programme et à présenter, à vous, les parlementaires, ainsi qu'aux Canadiens, des comptes rendus réguliers de nos activités.
À titre d'information, le tribunal a commencé à présenter en 2007 des rapports trimestriels à votre comité sur son programme et sur son rendement. Notre troisième rapport trimestriel se trouve dans une trousse d'information qui vous sera remise aujourd'hui. Nous continuerons de vous remettre ces mises à jour trimestrielles en espérant qu'elles vous soient utiles.
Je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de m'adresser à vous. Je serai heureux de répondre à vos questions.
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Pour moi, cela signifie que les personnes qui ont reçu au départ la demande, ont répondu négativement. Ils vous ont consulté et vous avez finalement accepté. Ce que j'aimerais savoir c'est pourquoi les personnes qui sont les premières à voir la demande ne peuvent pas l'approuver?
Ce qui se passe dans beaucoup de cas, c'est que les gens qui reçoivent les demandes disent qu'elles ne peuvent pas prendre de décision, qu'elles ne sont pas autorisées à le faire. En fait, non, il faut envoyer la demande à Charlottetown pour la révision et l'appel alors que 59 p. 100 des cas sont légitimes, donc je vous demande — et je pense à mes homologues du Parti conservateur qui souhaitent réduire l'effectif au gouvernement — pourquoi les personnes qui sont les premières à recevoir les demandes ne peuvent pas elles-mêmes les approuver?
Beaucoup de ces personnes en première ligne avec qui j'ai parlé m'ont dit qu'elles ne pouvaient autoriser qu'à un certain niveau. Ensuite, la demande doit être transmise à un échelon supérieur. Cela rend le processus plus long. J'ai beaucoup de personnes âgées à qui on dit qu'elles devront, avant d'être entendues, attendre des semaines, des mois et dans certains cas quelques années.
C'est ma première question.
Deuxièmement, vous offrez des conseils juridiques. Je connais la plupart de ces remarquables personnes, hommes et femmes, qui offrent de l'aide juridique aux anciens combattants dans toutes les régions du pays. Ma question est la suivante: pourquoi un ancien combattant qui voudrait de l'aide juridique autre que celle fournie par des conseillers juridiques nommés par le MAC n'est-il pas autorisé à le faire?
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Je répète, monsieur le président, que lorsque j'ai mentionné le bénéfice du doute plus tôt, je parlais de preuve crédible, de témoignage oral et de tout autre témoin qui peut être présenté à l'appui de la demande. Donc, toute preuve supplémentaire, que ce soit des témoins ou autre chose, peut être utilisée dans les cas dont nous sommes saisis pour la révision ou même l'appel.
Je ne peux pas parler de cas particulier d'anciens combattants. Mais, en général, ce n'est pas seulement la preuve médicale qui est examinée mais l'élément de preuve dans son ensemble. Et quand ces preuves sont présentées aux membres lors de la révision, ces derniers utilisent la meilleure méthode et le bénéfice du doute en faveur du demandeur.
À propos de la révision, deux membres siègent pour la révision. Si, aux audiences de la révision, les membres ne peuvent pas se mettre d'accord, le demandeur, l'ancien combattant, l'agent de la GRC ou le membre des Forces canadiennes bénéficiera de la décision qui lui est le plus favorable.
Je le mentionne à cause de votre analogie des scores nuls dans le sport; ça arrive à la révision. Pour les appels, il y a trois membres, et bien sûr, c'est la majorité qui a le dernier mot.
Cela arrive dans certains cas, alors nous faisons de notre mieux pour appliquer tout ce qu'il y a dans la loi pour verser à nos anciens combattants toutes les indemnités qui leur sont offertes.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Monsieur Larlee et madame Sharkey, merci d'être venus aujourd'hui.
Je crois que notre ami a indiqué que nous savons qu'il s'agit là d'un sujet délicat, un sujet qui pose continuellement des problèmes. Les questions sont perspicaces et nous comprenons que vous ne pouvez pas répondre à toutes parce que votre organisme est quasi judiciaire, mais pour nous le problème persiste.
Je voudrais commencer par souligner — et, certainement, les autres là-bas n'ont pas participé à la visite de l'an dernier — que nous avons apprécié la séance d'information qui nous a été offerte et l'explication du processus. J'ai félicité l'ancien gouvernement d'avoir mis en place ce tribunal. Je pense qu'à cette époque, à la création du tribunal, le lien familial avec le parti au pouvoir était évident. Donc, en considérant la question, vous comprenez que ce n'est pas forcément quelque chose de nouveau. Cela existait.
Ce que je veux souligner, pour nous tous, c'est que nous comprenons et apprécions le fait que le tribunal est indépendant du gouvernement et qu'il doit faire son propre travail. Je crois que c'est ainsi qu'il doit fonctionner.
J'aimerais demander... et je sais que vous devez être discret dans vos propos. Nous étudions la charte, nous cherchons des moyens de recommander des modifications ou des améliorations au processus et des moyens d'améliorer un peu le sort des anciens combattants. Avec l'arrivée de nouveaux anciens combattants, nous comprenons que les problèmes continuent de changer. Mais qu'est-ce qui est différent depuis la mise en oeuvre de la charte et de quoi, nous les parlementaires, devons-nous tenir compte lorsque nous faisons des propositions? Je sais que vous ne pouvez pas faire des recommandations directes, mais vous avez assurément constaté des changements depuis la mise en oeuvre de la charte. Pourriez-vous nous faire part de quelques-uns de ces changements?
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Je voudrais faire un commentaire là-dessus. Tout d'abord, je reconnais la valeur du travail que vos membres font pour les anciens combattants et pour le processus qui garantit que nous faisons ce qu'il faut pour les anciens combattants.
La tâche n'est pas toujours facile pour la personne chargée de s'acquitter de ces responsabilités, car ce sont de lourdes responsabilités. Je veux remercier vos membres d'avoir fait le travail qu'ils ont fait, en particulier d'avoir rattrapé ce retard important, et d'avoir pris le temps de faire ce qu'ils ont fait, c'est-à-dire se rendre partout au pays et s'assurer que les anciens combattants étaient bien traités.
Je veux également revenir sur une observation — j'aime ce qu'a dit — concernant l'efficience et ce que j'appellerais la bureaucratie. Très souvent, du moins dans ma circonscription, des personnes nous disent qu'elles sont frustrées de voir que le processus des programmes gouvernementaux semble prendre de l'ampleur, se complexifier et être de plus en plus chargé de conditions et de formulaires à remplir. C'est ce qu'on entend chaque jour dans mon bureau de circonscription. Dans une large mesure, c'est mon personnel qui simplifie les choses pour les gens.
Je suis certain que cela a été un problème de façon générale. Je crois que l'élimination des tracasseries administratives est un aspect sur lequel les prochains gouvernements devraient se concentrer; je le dirais comme cela.
Selon le point de vue que vous avez sur le tribunal, avez-vous joué un rôle, de façon directe ou indirecte, sur la façon dont on fait face à cette question — réduire les tracasseries administratives, si vous voulez, faire en sorte que les questions sont traitées en temps opportun — dans votre secteur, les affaires des anciens combattants?