Monsieur le président, je tiens à remercier les membres du comité de me permettre de comparaître une fois de plus avant la fin de mon mandat d'ombudsman des vétérans.
[Français]
J'ai été invité à me présenter devant le comité afin d'expliquer les activités du Bureau des l'ombudsman des vétérans.
[Traduction]
Par la même occasion, j'aimerais exposer mes réflexions au sujet des leçons qui ont été tirées pendant les trois années ou presque où j'ai servi comme premier ombudsman des vétérans du Canada.
Par exemple, dans le cas récent de la famille Dyck, je crois fermement que Brian, Natali et la petite Sophi Dyck ont été floués et que cela illustre à quel point le ministère des Anciens Combattants traite avec mépris et sans discernement les anciens combattants et leurs familles.
[Français]
Brian Dyck a servi dans les Forces canadiennes pendant plus de 10 ans, notamment pendant la première guerre du Golfe.
[Traduction]
Il a ensuite fait carrière comme policier au Service de la police d'Ottawa. C'est durant cette période qu'il a été atteint de la sclérose latérale amyotrophique (SLA), appelée maladie de Lou-Gehrig, une maladie mortelle dont la cause est toujours inconnue aujourd'hui.
Aux États-Unis, le gouvernement a établi que l'apparition précoce de la maladie chez les personnes qui ont servi dans l'armée est plus répandue que dans la population en général. Pour les militaires ayant servi durant la première guerre du Golfe, les risques sont encore plus grands.
Les statistiques sont éloquentes au point où, aux États-Unis, le ministère des Anciens Combattants a statué que tout militaire ayant servi durant la guerre du Golfe qui est atteint de la SLA recevra sans tarder une gamme complète de prestations. Si Brian Dyck avait servi dans l'armée américaine, le ministère des Anciens Combattants aurait immédiatement déployé tous les efforts nécessaires pour lui offrir de l'aide, ainsi qu'à sa famille.
Mais il en va autrement au Canada. Au contraire, en fait, dans une lettre datée du 27 mai 2010, le sous-ministre d'Anciens Combattants Canada a expliqué de long en large pourquoi au Canada on n'offre pas d'aide aux vétérans qui présentent des symptômes précoces de la maladie.
Le Bureau de l'ombudsman des vétérans a fait savoir que les motifs évoqués étaient complètement fallacieux, qu'ils s'éloignaient de l'esprit de la loi préconisant le soutien aux anciens combattants, qu'ils traduisaient la nature hyper restrictive des politiques et qui rendaient compte des pratiques imposées sciemment par de hauts fonctionnaires et des organismes centraux par souci d'économie. Par conséquent, le Bureau de l'ombudsman des vétérans a vu à ce que tous les Canadiens soutiennent les membres de la famille Dyck dans la douleur qu'elle éprouve après avoir accompagné Brian dans sa longue et pénible agonie.
Je voulais aussi que les Canadiens voient dans quelle mesure le ministère des Anciens Combattants s'était montré malhonnête à l'égard de la famille Dyck en ne lui accordant pas les services et les prestations qu'elle méritait. Du même souffle, nous avons insisté auprès de la famille pour qu'elle fasse réviser la décision du ministère par le Tribunal des anciens combattants (révision et appel).
Voici une brève chronologie. Le Bureau de l'ombudsman des vétérans a exercé des pressions auprès du tribunal pour qu'il accélère le processus d'audience, ce qui a été fait pour le 8 septembre; le premier ministre est intervenu le vendredi 17 septembre, et il s'est engagé à fournir de l'aide aux vétérans canadiens du service de guerre affligés par cette maladie mortelle; les membres du tribunal ont tranché en faveur de la famille Dyck le lundi 20 septembre et ils ont déclaré au réseau Global News qu'ils avaient pris leur décision avant d'entendre l'annonce du premier ministre; Brian Dyck est décédé le 8 octobre; et le 15 octobre, le ministre des Anciens Combattants Canada a annoncé que les vétérans canadiens atteints de la SLA n'auront plus à se battre pour recevoir des services de santé et des avantages financiers.
Plusieurs questions sont particulièrement alarmantes dans le cas présent.
Premièrement, la sous-ministre a elle-même justifié la décision de refuser les prestations à la famille Dyck. Elle a expliqué que les preuves statistiques fournies par les études américaines ne sont pas suffisantes au Canada. Pour reformuler sa justification, elle a fait valoir que notre processus décisionnel exige d'un vétéran qu'il présente les symptômes de la SLA au cours du service dans un théâtre opérationnel ou qu'il puisse prouver une relation directe avec le service militaire. Cependant, lorsque le cas a été examiné avec soin, le tribunal a sans délai renversé la décision du ministère en fonction des conclusions de ces mêmes études. Cela montre combien le système est arbitraire et sensible à une influence indue.
Deuxièmement, si le ministère avait appliqué le « bénéfice du doute » comme il le fallait, la demande de M. Dyck aurait été approuvée dès le départ. Promouvoir ce cas comme une intervention en faveur des vétérans qui souffrent de la SLA camoufle la réalité que des milliers de vétérans continuent d'être désavantagés par le fardeau excessivement lourd de la preuve. L'annonce du ministre le 15 octobre a été égocentrique et purement symbolique, démontrant une préférence pour le camouflage des symptômes d'un système gravement fautif plutôt que de prendre le taureau par les cornes et d'apporter des changements substantiels qui, une fois pour toutes, feront en sorte que les vétérans sont traités avec équité.
Monsieur le président, j'affirme depuis ma conférence de presse du 17 août que la culture d'Anciens Combattants Canada et celle du Tribunal des anciens combattants (révision et appel) doivent être changées, et ce qui suit en est une preuve flagrante.
Jusqu'à maintenant, j'ai entièrement jeté le blâme du mauvais traitement des dossiers de nos vétérans sur les hauts fonctionnaires. Or, même si je maintiens solidement mon accusation, la honte associée au mauvais traitement des dossiers des vétérans devrait aussi revenir aux parlementaires.
Nous sommes témoins aujourd'hui d'une excellente leçon en matière de médiocrité dans le leadership. Le leadership n'est pas un poste, c'est une relation d'influence sur les autres qui est définie par la confiance et la loyauté. Le chef d'un groupe d'enfants qui sont perdus en forêt n'est pas le premier enfant au début de la file. Le chef est celui qui sait comment retrouver son chemin et qui a le courage de prendre la tête. Un leader sans vision, et sans le courage moral nécessaire pour la concrétiser, n'est rien d'autre qu'un gestionnaire.
Le ministère des Anciens Combattants Canada devrait avoir honte de préférer gérer la crise dans laquelle il s'est embourbé et conserver le statu quo. Il devrait avoir honte de blâmer le personnel subalterne pour la manière déplorable avec laquelle les vétérans et leurs familles ont été traités.
Les vétérans, le personnel du ministère et les membres du tribunal ont besoin de leaders dans lesquels ils peuvent avoir confiance, de leaders qui possèdent une vision pour corriger ce terrible système et le courage nécessaire pour s'attaquer à l'immobilisme et à l'obstructionnisme institutionnels. La culture de refus, semblable à celle des compagnies d'assurance, doit être éradiquée du ministère des Anciens Combattants et du Tribunal des anciens combattants pour toujours.
Au cas où vous n'auriez pas de vision pour amorcer un changement durable dans la culture de ces organisations, je vous présente aujourd'hui une liste de recommandations à suivre en priorité.
Tout d'abord, les militaires des Forces canadiennes et les membres de la GRC sacrifient leur vie pour le programme du gouvernement. Malgré cela, les vétérans ont très peu d'influence sur le système qui prend soin d'eux. Les relations avec les principaux organismes d'anciens combattants sont tout au plus superficielles.
Les vétérans méritent donc une représentation dévouée au sein des rouages du gouvernement. Le gouvernement devrait légiférer le Bureau de l'ombudsman des vétérans pour que les parlementaires ne puissent pas exercer une influence indue et que les bureaucrates ne puissent pas le manipuler ou y faire obstacle. Des instructions relatives à la rédaction sont proposées à l'onglet trois de mon mémoire.
Deuxièmement, la norme de preuve attendue par le ministère et le Tribunal des anciens combattants (révision et appel) de la part des vétérans est interprétée selon la prépondérance des probabilités comme dans les cas de délit civil. Cela est injuste. La législation prévoit une norme beaucoup plus souple dans le principe qu'on appelle le bénéfice du doute. Une interprétation plus juste est donnée à l'onglet quatre, et devrait leur être imposée. Cette interprétation se fonde sur le rapport que j'ai ici à côté de moi, le rapport du comité Woods, qui examine en détail la philosophie quant à la façon dont nous avons traité et dont nous devrions traiter nos anciens combattants.
Troisièmement, le Tribunal des anciens combattants (révision et appel) est le seul tribunal fédéral qui ne fait pas connaître ses décisions publiquement. Le tribunal devrait donc être obligé de commencer la publication de ses décisions immédiatement, et les décisions précédentes devraient être admissibles comme preuves dans les processus d'appel.
Quatrièmement, le Tribunal des anciens combattants (révision et appel) compte à l'heure actuelle sur les mêmes personnes pour les révisions et les appels. Cette approche collective peut donner lieu à des cas d'influence indue et de partialité potentielle. Le tribunal devrait être tenu d'avoir parmi ses membres des personnes qui ne s'occupent que des révisions et d'autres qui ne s'occupent que des appels.
Cinquièmement, les vétérans qui veulent interjeter appel des décisions du tribunal en Cour fédérale doivent le faire à leurs propres frais. Le Bureau des services juridiques des pensions devrait être habilité à représenter des cas choisis à la Cour fédérale lorsqu'on considère que cela pourrait servir le bien commun.
Sixièmement, le Tribunal des anciens combattants (révision et appel) est sélectif lorsque vient le temps de décider si et comment il adhérera aux décisions de la Cour fédérale. Il devrait être tenu de se conformer à ces décisions qui sont avantageuses aux vétérans et à leurs familles.
Septièmement, la capacité du ministère de faire de la recherche est très limitée et elle n'a que peu d'incidence sur la façon dont nos vétérans sont traités. On devrait inciter Anciens Combattants Canada à être plus proactif et à tenir des activités de recherche qui profiteront aux vétérans en établissant des partenariats avec d'autres organisations et en adoptant les conclusions des recherches menées par des pays alliés.
Huitièmement, le manque d'engagement du gouvernement à maintenir à jour les programmes et les services destinés aux vétérans pour qu'ils demeurent pertinents est déplorable. Le ministère doit être mis dans l'obligation de mettre à jour activement et fréquemment ses programmes et, au besoin, de presser le gouvernement en place d'y apporter des modifications afin qu'il traduise les connaissances les plus récentes, les pratiques exemplaires et les leçons apprises pour le bénéfice des vétérans et de leurs familles.
Neuvièmement, l'aversion au risque du ministère est excessive, et les mesures de contrôle qu'il utilise font en sorte que les vétérans sont servis d'une façon qui est inacceptable. Anciens Combattants Canada devrait donc être tenu de décentraliser ses processus de prise de décisions à des niveaux et à des emplacements qui seraient dans le meilleur intérêt des vétérans et des demandeurs.
Dixièmement, les responsables ministériels des décisions en matière d'admissibilité ne communiquent pas directement avec les vétérans et les demandeurs pour voir à ce que les demandes soient remplies correctement et intégralement, ce qui cause des retards inacceptables dans les délais d'exécution, de la confusion et des efforts gaspillés. Il faudrait ordonner à Anciens Combattants Canada de communiquer directement avec les vétérans et les demandeurs, comme le font d'autres fournisseurs de services gouvernementaux.
Onzièmement, les inefficacités du système peuvent faire en sorte que le processus de prise de décisions s'étale sur des années, mais la rétroactivité est limitée une fois l'approbation donnée. Le gouvernement devrait voir à ce que la rétroactivité remonte jusqu'à la date de la première demande.
En conclusion, ces recommandations ne sont que le début des étapes à entreprendre pour anéantir la culture de compagnies d'assurances qui empêche le gouvernement de s'acquitter de ses obligations et des obligations du peuple canadien envers les vétérans qui ont si bien servi leur pays et envers leurs familles.
Le gouvernement actuel peut facilement mettre en oeuvre ces recommandations, avec la même facilité qu'il a injectée récemment plus de deux milliards de dollars dans le système. Cependant, sans changement culturel profond et durable dans le système qui lèse les droits de nos vétérans, toutes les promesses d'amélioration seront aussi ténues que le dernier souffle de Brian Dyck.
Merci.
:
Monsieur le président, j'aimerais tout d'abord remercier le député de ses propos.
J'aimerais souligner que le problème ne tient pas aux fonctionnaires qui appliquent le système. Beaucoup d'employés du ministère et de membres du Tribunal des anciens combattants (révision et appel) nous ont dit qu'ils ont les mains liées à cause du système. Ce sont eux qui font affaire avec nos anciens combattants et qui doivent leur transmettre les mauvaises nouvelles.
Je pourrais décrire les modalités. Mes 11 priorités sont foncièrement axées sur ces modalités. La présentation d'une demande en est le point de départ. Ainsi, si une demande est incomplète, au lieu d'appeler le demandeur, l'ancien combattant ou le retraité — j'hésite à parler de « client » et de « réclamation », parce qu'il ne s'agit pas d'une compagnie d'assurance —, comme le ferait un préposé au régime d'assurance-emploi, on renvoie le formulaire par la poste en indiquant qu'il est incomplet, accompagné d'une lettre qui semble incompréhensible à beaucoup d'anciens combattants. Tout commence là.
Il faudrait améliorer l'interaction entre les anciens combattants et les employés du ministère, particulièrement les cadres supérieurs. Ils devraient être plus sensibles aux répercussions de leurs décisions sur les anciens combattants.
J'ai déjà décrit les profonds changements qui devraient être apportés à la procédure du Tribunal des anciens combattants (révision et appel). Cela pourrait avoir des conséquences d'ordre financière, mais il s'agit de simples changements aux processus, par exemple, la publication des décisions du tribunal. Le tribunal m'a dit que cela coûterait quatre millions de dollars, mais quel est le coût de la justice?
J'ajouterais qu'il faut apporter tous ces changements de front. Si j'en avais eu le temps, j'aurais voulu travailler avec ces deux organisations pour améliorer la situation. Toutefois, si le ministère avait fait son travail et s'il avait accordé le bénéfice du doute depuis 1923, quand le processus a été instauré, comme l'indique avec force détails le chapitre 8 de ce volume-ci, beaucoup moins de plaintes auraient été transmises au Tribunal des anciens combattants (révision et appel). Comme je l'ai dit au sous-ministre, le tribunal se targue d'infirmer 60 p. 100 des décisions dont il est saisi; cela veut dire que le ministère a un taux d'échec de 60 p. 100.
Nous devrions examiner toutes les étapes du processus.
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Monsieur le président, je serai ravi de le faire.
Je vous dirais que l'approche du bénéfice du doute, telle qu'interprétée par le ministre et le Tribunal des anciens combattants, est trop légaliste. Et lorsque le seul outil dans la boîte est un marteau, on a tendance à façonner le travail autour du marteau. Pour ce qui est des avocats et de leur définition, j'ai été surpris qu'elle soit fondée sur l'équilibre des probabilités, bien que cela ne veuille pas dire grand-chose, plutôt que sur la lettre de droit et, évidemment, l'interprétation qui en découle.
Je dirai deux choses.
D'abord, lorsque j'ai lu l'interprétation la première fois, j'ai vu qu'il n'y avait pas de définition du mot « inférence », même si on en parle beaucoup. Mais j'ai demandé à un jeune étudiant d'été de faire une recherche sur la définition du mot « inférence », et les résultats étaient concluants, et avec plusieurs sources à l'appui, l'inférence n'est pas une mesure de la vérité, mais bien plutôt de la logique et du raisonnement. En fait, elle pourrait être erronée ou non véridique.
Deuxième chose, il n'y a pas non plus de définition du mot « doute ». J'ai déployé beaucoup d'efforts pour inclure cette notion dans mon document, parce que, comme on le sait, dans les tribunaux au criminel, et en fait dans les procès civils, les avocats vont loin pour tenter de créer un doute. Lorsque nous demandons aux arbitres leur définition de « bénéfice du doute », ils répondent « Eh bien, cinquante-cinquante, et puis on donne le bénéfice du doute ». Ce n'est pas cela du tout.
Comme le dit la Bible, si vous le voulez bien, ou la Torah ou le Coran, afin de ne pas insulter un groupe en particulier, il est clair que le cas devrait être jugé selon la preuve présentée en l'absence de preuve contraire. Ensuite, s'il est raisonnable de croire à la déclaration de la personne — et je dis « déclaration » au sens propre —, les juges devraient rendre une décision favorable au demandeur.
En fait, on dit que la prépondérance de la preuve, comme dans mon exemple au dernier paragraphe du document que je vous ai remis, pourrait indiquer qu'il y avait d'autres sources à un handicap qui réfutent la déclaration de la personne. Mais au paragraphe 3 sous « bénéfice du doute », il est clair que tout doute — tout doute — devrait aller en faveur du demandeur.
Je ne sais pas si je me suis bien exprimé, monsieur.
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Merci, monsieur le président.
Bienvenue au comité, et félicitations pour votre travail. Je retiens ce que vous avez dit lors de votre exposé au sujet de la révision et de l'appel qui sont faits par les mêmes personnes — ce n'est pas la première fois que j'entends ça. Je pense que le fondement juridique à suivre lors de tout recours d'un ancien combattant devrait reposer dans l'acceptation de sa réclamation.
Auparavant, je représentais les travailleurs accidentés à la CSST, auprès de toutes les instances. La première question que j'ai posée au , c'est pourquoi les décisions émanant du Tribunal des anciens combattants n'étaient pas publiées. J'ai demandé de quelle façon on pourrait avoir accès à la jurisprudence faite pour tel ou tel cas, comment on pourrait connaître les décisions qui sont rendues.
Saviez-vous que c'est le seul tribunal à ne pas faire de publications? Tous les autres tribunaux ont des publications qui sont toutes disponibles sur Internet. Or, à cause de la culture du secret du Tribunal des anciens combattants, aucune décision n'est accessible. Comment faire, alors, pour se faire une idée du côté où le tribunal penche au sujet d'une cause ou d'une autre? Personne ne peut le savoir, puisque les décisions ne sont pas publiées.
Sachant tout cela, croyez-vous que de nommer des personnes différentes à ce tribunal soit la première chose que le ministère des Anciens Combattants devrait faire? En ce moment, ce sont les même personnes qui s'occupent des révisions et des appels.
Il faudrait au moins que ces décisions soient publiées pour qu'on puisse en prendre connaissance et ainsi savoir ce qui a conduit à ces décisions. On pourrait connaître les raisons qui conduisent à des refus. De plus, en ayant accès aux cas qui ont fait l'objet d'un refus en instance de révision, et en sachant grosso modo ce qui a conduit à cette décision, on pourrait ajuster le tir et remédier aux manques lorsqu'on fait appel. Actuellement, on ne peut rien savoir, il n'y a rien qu'on puisse apporter.
Qu'en pensez-vous?
:
Monsieur le président, je suis tout à fait d'accord.
Comme je l'ai mentionné, le tribunal doit faire les efforts nécessaires pour devenir complètement transparent. C'est la nature de la démocratie ainsi que des principes de la justice naturelle. Ce n'est pas le fait que la justice soit rendue; c'est la perception comme quoi la justice a été rendue.
En ce moment, au sein de la communauté des anciens combattants, ils ont vraiment l'impression de se faire tromper, et je dois dire qu'au cours des trois dernières années j'en ai vu la preuve. J'ai lancé au ministère et au tribunal le défi de me convaincre du contraire, mais il est très clair qu'il faut apporter des changements.
Il est intéressant de noter que les autres tribunaux publient leurs décisions. De surcroît, lorsque les anciens combattants, à leurs frais, se présentent à la Cour d'appel fédérale, celle-ci publie toutes ses décisions. Il y a donc des façons de contourner ce problème.
Le tribunal laisse également entendre que la traduction présente un problème. Il y a des moyens de remédier à cela. Il est inexcusable de laisser les anciens combattants dans cette situation.
Je ne laisse pas du tout entendre que toutes les demandes des anciens combattants sont justifiées. Dans le cas de certains anciens combattants, j'ai dû leur expliquer les lois.
Toutefois, je dirais qu'étant donné cette impression qu'ils ont de se faire flouer, nous avons pour résultat des gens qui appuyaient les anciens combattants autrefois mais qui aujourd'hui sont devenus des militants. Leur seul but dans la vie est de s'attaquer au ministère et de le discréditer. En fait, certains ont essayé de jeter le discrédit sur le Bureau de l'ombudsman des vétérans — un d'entre eux a comparu ici.
Et pour ne rien arranger, il y aura une manifestation le 6 novembre. Le simple fait que j'aie dû faire ce que j'ai fait le 17 août simplement pour avoir la conscience tranquille, et le fait que les anciens combattants prennent la parole le 6 novembre, je trouve tout cela de très mauvais goût, mais il s'agit de leur situation actuelle en matière de justice naturelle.
:
Merci, monsieur le président.
Et merci à vous, monsieur Stogran.
Je suis le seul des membres du comité qui y siégeait déjà en 2006 lorsque nous avons commencé à envisager une Charte des anciens combattants. J'étais très optimiste à l'époque et je croyais qu'il fallait élaborer cette charte. Je trouvais, comme vous trouvez peut-être maintenant, qu'on ne traitait pas les anciens combattants avec tout le respect qu'ils méritaient de la part du gouvernement canadien et d'une nation reconnaissante.
Au moment d'élaborer cette charte, nous avons entendu des témoins; les parties prenantes nous ont décrit les besoins et nous en avons tenu compte dans la charte. Nous avons travaillé fort pour arriver à un instrument qui profiterait aux anciens combattants. Nous savions que la charte ne serait pas parfaite, mais il fallait bien commencer quelque part. Très franchement, je suis un peu mécontent lorsqu'on critique la charte, parce que nous avons au moins mis les choses en marche. Si on peut la critiquer aujourd'hui, c'est parce qu'au moins elle existe.
Il en va de même de l'ombudsman. Nous estimions qu'il fallait nommer un ombudsman qui serait le champion des anciens combattants parce qu'à notre avis, ceux-ci n'étaient pas traités équitablement par le ministère, comme vous l'avez souligné. Nous avons défini les attributions de votre poste et j'étais très optimiste, croyant que les anciens combattants en bénéficieraient. Je voulais sincèrement leur venir en aide.
Nous apprenons qu'il y a certains problèmes et je vous remercie de votre contribution au débat et des excellentes suggestions que vous avez formulées, comme l'a dit mon collègue, pour améliorer la charte. Mais en fait, nous avons amorcé le processus dans l'intention sincère d'aider les anciens combattants. Je pense que tous les membres du comité le souhaitent et voilà pourquoi vous êtes ici aujourd'hui, monsieur.
Dans votre témoignage, vous avez dit que vous ne releviez pas vraiment de la sous-ministre, du ministre ou du Cabinet du premier ministre. Moi, quand on m'embauche, je reçois une description d'emploi indiquant de qui je relève et à qui je dois communiquer mes rapports et mes préoccupations. J'ai du mal à croire que vous n'aviez pas une description d'emploi écrite indiquant de qui vous releviez et quelles étaient vos fonctions en tant qu'ombudsman.
N'avez-vous pas reçu des descriptions officielles de vos fonctions et de votre rôle en tant qu'ombudsman, de même que de la personne dont vous releviez?