Permettez-moi tout d'abord de dire que je suis vraiment ravi d'avoir été invité à faire un exposé devant le comité, car à mon avis, la question des soldats et des anciens combattants qui reviennent au Canada est l'une des priorités du pays à l'heure actuelle.
Pourquoi dis-je cela? Je le dis parce que le TSPT, le suicide et ce type de traumatismes très connus suscitent beaucoup d'attention dans les médias, alors qu'à mon avis, il y a toutes sortes d'autres coûts pour le Canada dont on ne parle pas. Je vais en parler dans mon exposé aujourd'hui.
Je veux d'abord que nous ne perdions pas de vue que pour tous les soldats qui reviennent, s'ils souffrent de blessures — que nous appelons des stress liés à la guerre, des blessures psychologiques — le traumatisme a des conséquences non seulement sur eux, comme vous le savez, mais également sur leur famille et la collectivité dans laquelle ils retournent. D'après mon expérience de travail des 30 dernières années, si ces troubles mentaux ne sont pas traités et que ces gens ne reçoivent pas d'aide, non seulement nous perdons la contribution que ces gens peuvent apporter à la société, mais ce problème entraîne de très graves répercussions sur les conjoints, les enfants et le milieu de travail.
L'une des choses que je veux rappeler au comité, pour peut-être employer un terme qu'on utilise par exemple dans le secteur de la santé et de la médecine, ce sont les années potentielles de vie perdues. Nous pouvons évaluer les coûts dans notre société. Lorsque les gens subissent des blessures, qu'elles soient corporelles ou psychologiques, et qu'ils ne sont plus capables d'apporter leur contribution et de fonctionner, non seulement ils perdent quelque chose, mais la société aussi, et nous en payons énormément le prix.
Donc, bien entendu, je tiens vraiment à vous parler aujourd'hui d'un programme que nous mettons en oeuvre ici à l'Université de la Colombie-Britannique. Il est parrainé par la Légion. C'est le programme d'aide à la transition des anciens combattants. Vous remarquerez l'élément central dans le nom du programme. C'est-à-dire que ce qui compte, c'est la façon dont on aide ces hommes et ces femmes à redevenir des citoyens canadiens productifs. S'ils ont des blessures, surtout en cas de blessures psychologiques, que les soldats appellent d'ailleurs des blessures invisibles, souvent, elles ne sont pas décelées, ils ne reçoivent pas les services pour toute une panoplie de raisons dont je vais parler dans un moment, et notre société en paie le prix. Des questions morales et économiques entrent en jeu. Voilà pourquoi j'y joue un rôle.
Par ailleurs, dans le cadre de mon travail, lorsque je vois ces mêmes personnes bien se rétablir de leur traumatisme, retrouver leur famille et leurs enfants, retourner sur le marché du travail, aller à l'université, au collège ou à l'école technique et redevenir des citoyens productifs, c'est vraiment très inspirant pour moi. Je suis donc assez optimiste quant à ce que nous pouvons faire au Canada pour aider les anciens combattants à se réintégrer dans la société canadienne. Pourquoi dis-je cela? Je le dis parce que nous avons les compétences voulues. Nous avons les compétences qu'il faut dans le domaine médical et le domaine de la psychologie pour le faire.
Ensuite, vous vous demandez peut-être où j'ai été formé. J'ai appris en travaillant avec des anciens combattants de la Seconde Guerre mondiale âgés de 85 et de 90 ans il y a 25 ans dans le cadre d'un projet parrainé par Anciens Combattants Canada. Je les ai rencontrés en groupes pour comprendre ce qu'ils ont vécu et dans quelle mesure la guerre a eu des répercussions sur leur vie et leur transition lorsqu'ils sont revenus au Canada. Lorsque nous avons terminé le projet, aucun doute ne subsistait dans leur esprit...
Dans l'une des plus importantes recommandations qu'ils ont faite, ils m'ont dit, « Westwood — c'est ainsi qu'ils m'appelaient —, le problème de votre programme, c'est qu'il y a un problème ». Je leur ai demandé quel était ce problème. Ils m'ont dit que le programme arrivait 50 ans trop tard. Ils ont dit qu'ils auraient eu besoin de raconter ce qu'ils ont vécu et qu'ils auraient eu besoin d'aide pour leur transition il y a 50 ans. Ils ont dit qu'ils n'en seraient pas où ils en sont maintenant, qu'ils ne traîneraient pas avec eux le même bagage.
Et, monsieur le président, ils ont parlé de bagage. Nous n'utilisons pas beaucoup de jargon du domaine de la psychologie aujourd'hui, car les soldats ne l'utilisent pas. Ils appellent ce phénomène « déposer les bagages ».
Certains des anciens combattants plus âgés que le Dr Kuhl et moi... le Dr Kuhl est un de mes collègues. Il enseigne à la faculté de médecine et était le directeur de l'unité de soins palliatifs de l'hôpital St. Paul. Bon nombre de patients de cette unité étaient ces hommes et ces femmes de 85 ans qui avaient servi dans la Seconde Guerre mondiale et la guerre de Corée. Il a constaté — et c'est le fruit de vastes recherches — que si les gens ne font pas face à leurs blessures de guerre, et je parle des blessures psychologiques, leur mort sera très difficile. Les blessures ne seront pas guéries.
À la lumière des recommandations des soldats âgés, dans le cadre de notre travail avec les jeunes soldats, nous leur offrons maintenant une place dans le programme d'aide à la transition pour déposer leurs bagages en nous disant dans quelle mesure la guerre a eu des répercussions sur eux et leur fonctionnement.
Je crois qu'il faut ajouter que ce qui rend le programme unique comparé à certains programmes que nous offrons, c'est qu'il est vraiment géré ou appuyé, si l'on veut, par d'autres soldats. L'équipe qui travaille avec les soldats d'aujourd'hui, qui reviennent au pays, est composée de médecins, de psychologues et de thérapeutes, mais nous avons un autre atout important dans l'équipe, et ce sont les soldats qui agissent à titre d'auxiliaires. Il s'agit de soldats qui ont été déployés, sont revenus au Canada, ont participé au programme d'aide à la transition et veulent faire leur part et se rendre utiles. Nous les formons pour qu'ils puissent travailler avec nous. Par conséquent, les soldats qui participent au programme sont rassurés par la présence de soldats dans l'équipe d'aide, ce qui leur donne confiance.
J'ai appris à mes dépens, comme ceux d'entre vous qui travaillent avec des anciens combattants, j'en suis sûr, que la plupart d'entre eux ne nous font pas confiance en tant que civils, et ce, pour deux raisons. Premièrement, ils nous disent à nous, les aides professionnels, « puisque vous n'étiez pas là et que vous n'avez pas servi, comment pouvez-vous comprendre ce que j'ai vécu? ». C'est la première raison. Deuxièmement, si ces services sont offerts par les Forces canadiennes ou Anciens Combattants Canada, bon nombre de soldats que je rencontre n'y auront pas recours, car ils ne sont pas convaincus que les renseignements qu'ils donneront demeureront confidentiels. Que font-ils alors? Ils fuient. Cela n'aide personne, ni nous, ni eux.
Maintenant, certains, bien entendu, avec le SSBSO... ils ont élaboré des programmes et des façons de réduire les difficultés, ce que j'appuie vraiment, mais j'ai appris deux choses. Premièrement, si l'on aide les soldats victimes de traumatisme lié à la guerre, il faut faire participer les soldats qui rentrent au pays. Pourquoi? C'est que les soldats aiment aider les autres soldats. Ces hommes et ces femmes sont très expérimentés à leur retour. Ils ont été sur le terrain. Ils ont vécu ce qui est arrivé et, grâce à la formation, ils donnent un solide coup de main à toute équipe d'aide à la transition, comme celle qui opère ici dans cette région du Canada.
En tant que professionnel, j'ai éprouvé un sentiment d'humilité lorsque je me suis rendu compte qu'ils avaient du respect pour moi surtout parce que je leur ai prouvé que je comprenais leur vie. J'ai compris leur vie en écoutant ce qu'ils me racontaient. Parfois, un ancien combattant qui se rend à un bureau d'Anciens Combattants Canada me dira, « je ne veux pas aller là-bas, car comment puis-je savoir que la personne qui m'accueille comprend ce qui m'est arrivé? ». Ils m'ont appris très rapidement ce qu'ils ont besoin pour nous accorder leur confiance et avancer, avoir envie de participer à un programme de traitement.
Voilà pour ce qui est de mon expérience.
Donc, qu’avons-nous fait? Essentiellement, nous aidons maintenant les anciens combattants qui sont libérés du service. Ils ont été déployés à l’étranger et participent ensuite au programme d’aide à la transition des anciens combattants qui dure trois mois, comme vous pouvez le voir. Il s'agit d'un programme en établissement. La plupart des anciens combattants participent au programme avec l’idée de quitter leur vie de militaire et de retourner à la vie civile.
Toutefois, s’ils ont des blessures liées à un traumatisme, il est presque impossible pour eux de réintégrer la vie civile. Pourquoi? Si vous comprenez ce qu'est un traumatisme, vous savez qu'il change la façon de penser des personnes qui en souffrent, ce qui cause un désordre dans les pensées. Ils ont tous des symptômes qui peuvent facilement être déclenchés et ils ne se sentent pas en sécurité. Ce que nous remarquons chez bon nombre de soldats, c’est qu’ils veulent s’isoler. Je sais que je ne vous apprends rien de nouveau. Les membres du comité auront compris qu’un des symptômes types que présente une personne qui souffre d’un traumatisme psychologique, c’est qu’elle veut partir, se cacher et fuir. Pourquoi? Parce que la honte entre en jeu, surtout chez un soldat.
Maintenant, il nous faut comprendre que les soldats ont une mentalité particulière, et quelle est-elle? C’est une mentalité — et j’aime voir les choses sous cet angle — selon laquelle il est important de rester fort, autonome et de ne pas avoir besoin d’aide. Si les soldats adoptent cette mentalité et qu’ils retournent au pays blessés, nous pouvons tous nous imaginer à quel point il est difficile pour eux de demander de l’aide, car le faire déroge à tout ce qu’on leur a appris. Donc, souvent, les soldats évitent de demander de l’aide.
Cependant, ils souffrent quand même. Que font-ils? Vous le savez aussi bien que moi. Ils fuient, prennent des médicaments, et dans le pire des scénarios, ils souffrent tellement qu’ils se suicident.
Dans l’immédiat, je crois qu’il nous faut prendre conscience que nous pouvons établir des liens avec ces gens, ces hommes et ces femmes, de différentes façons. Nous pouvons également offrir des services. Nous avons les cliniques de traitement des TSPT partout au Canada, qui offrent certainement un service — la réduction des symptômes — où l'on utilise des méthodes traditionnelles. Le bureau du SSBSO d’ACC apporte de l'aide, mais lorsque nous regardons les statistiques sur le nombre de personnes qui visitent ces bureaux, le nombre de personnes tend à être faible.
Pourquoi? Parce que bon nombre d’entre elles évitent d’utiliser nos services. Même si nous déployions tous les efforts possibles, je pense que certains soldats n’auront jamais confiance en nos services s’ils nous voient comme des représentants d’un organisme gouvernemental. C’est ce à quoi nous faisons face.
Tout cela en guise de contexte.
Je crois que le programme au sujet duquel on m’a demandé de parler existe… près de 200 soldats y ont participé. Jusqu’à maintenant, la majorité d'entre eux ont repris contact avec leur famille. Ils font des progrès; bon nombre d’entre eux retournent aux études ou font un cours d’appoint. Pourquoi? Eh bien, cela fonctionne parce que — remarquez — le programme dont nous parlons est un programme d’aide à la transition et non un programme sur le TSPT. Oui, nous traitons les gens qui souffrent de TSPT, mais la dernière partie du programme est axée sur la façon pour eux d’établir de nouveaux objectifs de vie et d’obtenir les ressources qui sont disponibles pour reprendre leur vie en main.
À mon avis, la meilleure façon d’aider les soldats n’est pas de les plaindre et de ne leur offrir que des services médicaux et de psychologie, mais de leur rappeler qu’ils sont des citoyens à part entière, qu’ils peuvent encore être utiles, et de leur donner les ressources et les compétences qu’il faut pour le faire. Je ne prétends pas du tout recommander ce programme à tout le monde, mais je crois qu’il a commencé comme bon projet pilote et qu’il est prometteur.
Récemment, nous avons reçu beaucoup de ressources financières de la part de la Légion royale canadienne pour renforcer nos capacités et former des professionnels et des soldats agissant à titre de professionnels auxiliaires afin de créer d’autres équipes qui pourraient aller dans d’autres régions du Canada — si on les invite à le faire — et offrir un tel programme aux soldats.
C’est un programme de groupe. Pourquoi? C’est que, comme je l’ai dit, les soldats aident d’autres soldats. Ils savent très bien comment s’aider les uns les autres. Comme ils vivent et travaillent en groupe, je trouve cette façon de faire très efficace. En tant qu’équipe professionnelle, nous mettons en place les lignes directrices qu’ils doivent suivre.
Plus récemment, nous avons fait un suivi avec un groupe de soldats. Les soldats sont très enthousiastes à l’idée de garder le contact avec leur unité. Étant donné qu’ils considèrent notre programme comme une unité, une nouvelle unité, et qu’ils aiment garder le contact avec elle lorsqu’ils reviennent à la maison, nous tentons de tenir des réunions chaque mois. Nous travaillons à ce volet.
C’était une entrée en matière. Je pourrais en dire davantage, mais j'ai déjà dit beaucoup de choses.
Je suis impatient de répondre à ceux qui veulent obtenir des précisions ou d'autres renseignements à ce stade-ci.
Mes collègues vous ont posé de bonnes questions. Une des choses que j'ai trouvé intéressante, dont l'intervenant précédent a parlé, c'est la question des soins à vie pour les anciens combattants et le fait que c'est ce que nous essayons de faire. Nous essayons d'en arriver là.
Monsieur Westwood, il s'agit d'un sujet très intéressant cet après-midi. Vous apportez cette idée de soins à vie et le fait que nous devons faire un certain travail de guérison des traumatismes. J'aimerais vous parler d'un cas de St. John's, Terre-Neuve, dont j'ai eu à m'occuper. La personne en question s'appelait Joe Hawco. Il était gardien de la paix et, pendant son affectation, un certain nombre de gardiens de la paix sont morts dans ses bras. Il a participé à un combat et, malheureusement, il y a eu perte de vie.
L'homme a continué sa vie. Il a eu certaines difficultés, mais il est parvenu à franchir les étapes de la vie. Lorsqu'il est arrivé vers l'âge de 70 ans, la famille a commencé à constater un changement. On a constaté qu'il avait plus d'épisodes de démence, si je peux dire, et on a fini par croire qu'il s'agissait de la maladie d'Alzheimer. Alors, comme les anciens combattants des temps modernes n'ont pas accès à des pavillons, il s'est retrouvé dans un hôpital psychiatrique à St. John's. On ne pouvait le garder dans un service pour personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer parce qu'il a régressé jusqu'à l'époque où il servait comme gardien de la paix et il pouvait crocheter les serrures du service en question.
J'ai deux questions à vous poser. Premièrement, pourriez-vous nous parler de ce traumatisme? Lorsque vous avez fait le suivi du succès sur une période de 14 ans, est-ce que vous avez constaté que ceux qui avancent en âge n'ont pas autant de défis? Est-ce que cela aurait un effet sur l'apparition tardive possible de la démence? Deuxièmement, pourriez-vous nous dire si vous voyez une relation?
La deuxième question concerne les pavillons pour anciens combattants. À l'heure actuelle, nous hébergeons les anciens combattants de la période moderne qui vieillissent maintenant. Comme je l'ai dit, M. Hawco était septuagénaire lorsqu'il est décédé. En fait, il est décédé dans un hôpital psychiatrique. Je me demande si vous ne pourriez pas nous dire où, à votre avis, on trouve les meilleurs soins. Pensez-vous qu'il y a un autre mécanisme ou moyen pour traiter les gens au cours des étapes plus tardives de la vie qui n'ont pas accès à des pavillons pour anciens combattants? Je suis préoccupée par cette question, parce que ces gens régressent jusqu'à l'époque où ils étaient des soldats.
Voilà les deux questions, si vous pouviez y répondre, s'il vous plaît.
:
Merci, monsieur le président.
Tout d'abord, je remercie le Comité permanent des anciens combattants de me recevoir pour discuter du stress lié au combat et de ses conséquences sur la santé mentale des vétérans et de leurs familles.
Comme pour toute question de santé, la recherche est essentielle pour que les anciens combattants du Canada soient en bonne santé et qu'ils profitent de soins de qualité. Dans le préambule de la loi de 2000 portant création des IRSC, le Parlement reconnaît qu'investir dans la santé et le système de santé fait partie de la vision que le Canada a d'une société humanitaire.
De plus, la loi précise que les IRSC ont pour mission d'exceller, selon les normes internationales reconnues de l'excellence scientifique, dans la création de nouvelles connaissances et leur application en vue d'améliorer la santé de la population canadienne, d'offrir de meilleurs produits et services de santé et de renforcer le système de santé au Canada.
Depuis que j'ai accédé à la présidence des IRSC en 2008, je crois qu'une telle vision ne veut pas dire grand-chose si elle n'inclut pas une responsabilité à l'égard de la santé des employés fédéraux qui risquent leur vie pour défendre le pays et répondre aux objectifs de sécurité nationale.
[Français]
Alléger les fardeaux des maladies mentales fait partie des cinq priorités de recherche du dernier plan stratégique quinquennal des IRSC. Pour respecter cette priorité, les IRSC s'appuient sur l'un de leurs 13 instituts, l'Institut des neurosciences, de la santé mentale et des toxicomanies. Cet institut a pour mission de développer et de soutenir la recherche visant à améliorer la santé mentale par le développement de nouvelles stratégies de prévention, de dépistage, de diagnostic, de traitement et de prestation de services. On oublie trop souvent qu'il s'agit d'un secteur de recherche où excelle le Canada. Il figure en effet dans le peloton de tête des pays de l'OCDE au chapitre de la quantité, de la qualité et de l'impact de ses publications scientifiques dans ce domaine de recherche.
[Traduction]
Les investissements des IRSC dans la recherche sur la santé mentale ont dépassé 234,4 millions de dollars depuis 2006 et ils représentent 65,2 millions pour 2009-2010 seulement. Concernant le trouble de stress post-traumatique, les IRSC ont investi 7,6 millions de dollars dans la recherche depuis 2006, dont 1,7 million en 2009-2010. Cependant, ces chiffres sont trompeurs, puisque les traumatismes liés au stress peuvent comprendre les TSPT et toutes sortes d'autres troubles, qui vont de la dépression au déséquilibre hormonal, qui font également l'objet de recherches financées par les IRSC.
Par exemple, nous avons employé de nouvelles techniques d'imagerie cérébrale pour examiner les effets que le trouble de stress post-traumatique entraîne sur le cerveau. La neuroendocrinologie, qui étudie les relations entre le cerveau et le système endocrinien, a montré que les patients souffrant de TSPT affichaient des niveaux beaucoup plus faibles de cortisol, l'hormone du stress. Enfin, la génétique et l'épigénétique seront sans doute essentielles pour nous aider à mieux comprendre les facteurs qui expliquent la prédisposition de certaines personnes à vivre un stress post-traumatique.
J'aimerais maintenant parler des efforts que nous consacrons pour faire avancer la recherche sur les questions qui concernent les anciens combattants et leurs familles et les traumatismes liés au stress. Vous pourrez constater que, même si je ne suis pas un spécialiste de la question, c'est avec plaisir que je parle des efforts déployés aux IRSC pour faire progresser la recherche.
[Français]
Comme vous avez pu l'entendre dans les précédents témoignages, plusieurs ministères ont pour mandat de promouvoir la recherche sur la santé des militaires et des anciens combattants, et ces ministères ont établi des partenariats ponctuels avec les IRSC dans ce domaine. En particulier, le ministère des Anciens Combattants et celui de la Défense nationale ont participé avec nous au financement de diverses initiatives de recherche. Il faut à mon sens miser sur ces premiers succès pour élargir et renforcer notre cadre d'action, en accroître la cohérence et en maximiser les impacts.
Dans ce contexte, les IRSC ont entamé les discussions avec le bureau du médecin-chef du ministère de la Défense nationale, pour définir des secteurs de collaboration possible dans le cadre de leur initiative de recherche sur la santé des militaires et des anciens combattants.
Plus récemment, je me suis entretenu avec la sous-ministre déléguée d'Anciens Combattants Canada, et nous avons convenu de réunir nos états-majors dans les meilleurs délais afin d'établir des priorités de recherche conjointes sur la santé des militaires et des anciens combattants, et de définir un plan de collaboration à long terme.
Même s'il existe un important corpus de recherche américaine sur le stress au combat et ses effets, la culture et le milieu militaires au Canada sont différents, tout comme les types d'opérations auxquelles participent les troupes canadiennes. Il est donc important que nous élaborions une programmation de recherche qui nous soit propre et qui soit applicable directement au contexte canadien.
[Traduction]
Il convient de mentionner que le forum de recherche sur la santé des militaires et des anciens combattants du Canada, tenu à Kingston en novembre 2010, a donné lieu à la création du réseau de recherche sur la santé des militaires et des vétérans du Canada, consacré à l'amélioration des connaissances sur la santé et le bien-être des militaires, des anciens combattants et de leurs familles.
De manière conjointe, les IRSC et le réseau ont lancé, à l'automne 2010, un appel de demandes de subventions de synthèse des connaissances pour faire le point sur l'état de la recherche et cerner les lacunes.
Par cet appel de demandes, nous reconnaissons que les militaires et les anciens combattants vivent des expériences uniques qui peuvent nuire à leurs conditions physique, mentale et sociale d'une manière que le reste de la population ne connaît pas. De plus, nous reconnaissons que les besoins en recherche sur la santé et le bien-être des militaires, des anciens combattants et de leurs familles sont maintenant plus grands. Nous devrions annoncer les résultats de l'appel plus tard ce mois-ci et les données nous serviront ensuite à déterminer les priorités de recherche.
[Français]
L'un des plus éminents chercheurs canadiens dans le domaine de la santé des anciens combattants est le Dr Jitender Sareen, chercheur financé par les IRSC, qui a témoigné devant vous en novembre.
Le Dr Sareen dirige une équipe financée par les IRSC consacrée à l'étude des traumatismes et du trouble de stress post-traumatique chez les soldats affectés à des opérations de maintien de la paix. Il s'est aussi penché sur le recours par les soldats aux soins offerts en santé mentale et sur les obstacles qu'ils doivent surmonter pour obtenir ces soins, dont la peur de la stigmatisation dans leur milieu de travail. Les conclusions de sa recherche ont permis d'aider les Forces canadiennes à mettre sur pied des programmes pour ceux et celles qui ont besoin de traitements et aussi d'élaborer des stratégies visant à améliorer la santé mentale du personnel militaire.
[Traduction]
À l'Université du Manitoba, le Dr Darren Campbell emploie l'imagerie par résonnance magnétique fonctionnelle associée à la psychothérapie pour examiner les réactions émotionnelles des militaires aux prises avec le syndrome de stress post-traumatique.
Également, le Dr Alain Brunet, de l'Université McGill, dirige une équipe de recherche établie à Montréal qui étudie les troubles de santé mentale, dont le TSPT et des problèmes semblables causés par des événements traumatiques dans des milieux de travail à risque élevé. Il reçoit aussi des fonds pour examiner les traitements offerts aux anciens combattants qui vivent un traumatisme lié au stress.
Le Dr Gordon Asmundson, de l'Université de Regina, a mené une équipe multidisciplinaire de chercheurs de Regina et de l'Université de la Colombie-Britannique, qui ont examiné si la thérapie d'exposition — qui consiste à présenter de manière prolongée des images répétées de traumatismes aux patients jusqu'à ce que ces images ne leur causent plus d'anxiété — est plus efficace que d'autres méthodes pour traiter le trouble en question. Le Dr Asmundson et son équipe ont également examiné la prestation du traitement par Internet.
En 2009-2010, le Dr David Pedlar, directeur de la recherche à Anciens Combattants Canada et professeur à l'Université de l'Île-du-Prince-Édouard, et son équipe de spécialistes ont reçu des fonds des IRSC pour étudier la réinsertion dans le milieu de travail dans anciens combattants aux prises avec des problèmes de santé mentale.
Les spécialistes financés par les ISRC effectuent aussi des recherches importantes sur l'activité neuronale des patients qui souffrent d'un trouble de stress post-traumatique très évident. Par exemple, la Dre Ruth Lanius, directrice de la recherche sur le trouble de stress post-traumatique à l'Université de Western Ontario, a concentré ses recherches sur la neurobiologie et les TSPT, de même que sur les résultats de traitements liés à diverses méthodes pharmacologiques et psychothérapeutiques, employées sur des patients aux prises avec un TSPT ou souffrant d'une dépression majeure à la suite d'un accident ayant mis en cause un véhicule.
Je pourrais donner d'autres exemples de recherches que les IRSC ont financées depuis les débuts pour montrer que nous accordons des fonds aux chercheurs qui s'intéressent en particulier aux questions concernant les anciens combattants. Toutefois, j'aimerais terminer en disant qu'il faut effectuer davantage de recherches.
Le Canada est sur le point de terminer l'une de ses missions militaires les plus longues et les plus intenses des dernières années. Les soins qu'il faut apporter aux jeunes hommes et aux jeunes femmes qui ont servi le pays en Afghanistan font qu'il est encore plus pressant de bien comprendre les exigences physiques et mentales que comportent les opérations militaires. Nous devons mieux comprendre, grâce à la recherche, les besoins en santé mentale des anciens combattants pour être en mesure de joindre ceux qui ont besoin d'aide et leur offrir les traitements requis.
Il faut admettre que, même si la recherche sur la santé des anciens combattants prend de l'ampleur au Canada, elle doit dépasser le stade primaire. Il faut se fonder sur le vieux dicton militaire, selon lequel personne n'est laissé derrière, pour comprendre les besoins et être prêt à aider les anciens combattants qui souffrent de problèmes de santé mentale après leur service militaire.
Votre étude nous aidera à cerner les lacunes et à établir des orientations pour la recherche sur la santé. Je vous remercie de votre travail. Je répondrai aux questions avec plaisir.
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En fait, vous savez, c'est très intéressant, parce que vous mettez le doigt sur un point névralgique.
Les IRSC ont un double mandat: créer le savoir et s'assurer que ce savoir, comme je l'ai indiqué précédemment, permette d'améliorer les résultats pour la santé et d'avoir un système de soins de meilleure qualité. C'est un énorme défi, et ce, pour plusieurs raisons. Je ne vais pas toutes les citer, mais nous avons bien spécifié qu'il s'agissait là d'un objectif essentiel.
Nous travaillons dans un domaine, toutefois, qui est à la limite des compétences fédérales et provinciales, parce que les soins de santé, comme vous le savez, sont de compétence provinciale et la recherche est de compétence partagée. Je suis donc convaincu que la seule façon de traduire très efficacement les résultats de la recherche en quelque chose de concret, c'est de travailler plus étroitement avec les provinces pour s'assurer que les résultats de la recherche seront pleinement intégrés dans les soins, pour commencer.
Deuxièmement, nous avons mis au point une stratégie de recherche axée sur le patient, aux IRSC, qui vise un objectif spécifique très clair: améliorer les résultats de la santé grâce à la recherche. Pour ce faire, nous voulons créer, entre autres, des réseaux de recherche clinique qui nous aideront à évaluer les innovations, à appliquer plus efficacement nos découvertes, à évaluer des traitements novateurs, ainsi que les traitements actuels, et à éliminer ce qui est inutile ou fait plus de tort que de bien. C'est moins intéressant, mais c'est tout aussi important de le faire, si nous voulons améliorer l'impact des grandes recherches que nous réalisons au Canada sur la qualité de notre système de soins de santé, et bien sûr la qualité des résultats pour la santé.
Les mêmes principes s'appliquent au secteur de la santé mentale, où la recherche est excellente, mais pas assez approfondie dans le domaine clinique. Nous avons des chercheurs fantastiques, mais ils sont trop peu nombreux, et les réseaux ne sont pas suffisamment développés à l'échelle nationale. C'est précisément ce que nous voulons faire: favoriser l'établissement de réseaux de recherche clinique en santé mentale.