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Merci, monsieur le président et honorables membres du comité, de votre accueil.
J'aimerais vous présenter Andrea Siew, qui m'accompagne aujourd'hui. Andrea est l'une des officiers d'entraide à notre bureau d’entraide de la direction nationale. Elle compte 28 ans de service avec les Forces canadiennes et elle est depuis peu commodore à la retraite. Elle s'est jointe à nous dans le but de défendre les intérêts des anciens combattants.
Au nom de la présidente nationale, Patricia Varga, c'est un honneur d'être parmi vous aujourd'hui pour aborder la question de ce que nous appelons le « stress lié au combat » ou le stress opérationnel. Pour les membres des Forces canadiennes qui ont servi dans des missions opérationnelles de combat partout dans le monde, l'expérience de ces déploiements pourrait bien les suivre toute leur vie. Elle aura aussi des conséquences sur leur famille pendant et après le déploiement.
Nous nous sommes penchés sur un certain nombre de facteurs qui influent sur la façon dont les membres des Forces canadiennes réagissent au stress lié au combat. Ils figurent dans le document que vous avez devant vous.
Nous étudions des facteurs de vulnérabilité préexistants, comme l'âge, les antécédents familiaux et l'état émotif.
Nous examinons aussi l'entraînement et le contexte organisationnel, qui comprend entre autres le nombre de réservistes déployés. Un grand nombre de réservistes font maintenant partie des déploiements durant les opérations. Comme vous pouvez l'imaginer, les pertes encourues durant n'importe quel déploiement vont certainement avoir un effet sur l'état d'esprit qui règne sur l'élément de commandement touché et sur sa structure, mais aussi sur les membres de ce déploiement.
Il faut bien sûr tenir compte de la nature des stresseurs liés au déploiement, y compris la durée -- parfois, il est beaucoup plus long que les membres des Forces canadiennes l'avait prévu --, le nombre de déploiements additionnels, le nombre de déploiements qu'une personne a connus durant une très courte période, et la complexité et l'exposition de ces déploiements. Certains sont faciles, et d'autres beaucoup moins.
Il y a aussi l'effet de multiplication des problèmes préexistants de comorbidité, comme la douleur chronique, la dépression et l'alcool et les drogues.
Un traumatisme affecte directement la façon dont les gens se définissent. Certains, pour différentes raisons, réagissent plus aux traumatismes que d'autres. Les plus à risque sont parfois ceux qui ont un trouble de personnalité multiple ou éclatée. Ils pourraient éprouver des difficultés à s'adapter. Leurs perceptions d'eux-mêmes, mais aussi du monde qui les entoure, pourraient être changeantes.
Les traumatismes affectent les soldats de différentes façons selon leur sexe. Les soldates exposées à des traumatismes souffriront moins du SSPT et auront moins de problèmes d'abus d'alcool, mais elles seront plus sujettes à souffrir de dépression et de troubles alimentaires à des degrés plus élevés. Leurs traumatismes seront aussi probablement associés à une exposition accrue aux agents stressants sexuels, ce qui nécessitera un type d'intervention complètement différent.
Les effets traumatisants peuvent être minimisés selon la durée de l'exposition et selon l'environnement, notamment la charge de travail, les objectifs et valeurs de l'organisme, l'appui démontré par les dirigeants et la cohésion du groupe, qui est importante. Aussi, l'exposition aux stresseurs pendant la petite enfance réduit la capacité de résilience future. Plus une personne y est exposée, moins elle court de risques de souffrir plus tard dans sa vie.
Au cours du déploiement, l'exposition à la guerre peut être vue de différentes façons, selon la menace perçue et les inquiétudes au sujet des relations existantes qui pourraient déjà être fragiles, notamment si le déploiement est de longue durée (12 mois et plus) et si la personne subit de multiples déploiements.
D'après une recherche effectuée au Royaume-Uni, une personne ne devrait jamais être déployée plus de 12 mois sur une période de 3 ans. Je m'aventurerais à dire que certains des déploiements effectués de nos jours le sont sur une plus courte période. Une fois ce seuil dépassé, le taux de SSPT double.
Essayez d'imaginer l'état des relations des soldats qui ont servi dans la Première Guerre mondiale et dans la Seconde Guerre mondiale. Ils ont été absents pendant quatre ans et ne sont jamais revenus à la maison pendant cette période.
La recherche en santé mentale a établi un lien direct avec l'exposition à un traumatisme, les blessures liées au stress opérationnel et les comportements suicidaires. Les personnes touchées se considèrent différentes, mais pas nécessairement d'une façon négative. Toutefois, elles voient le monde qui les entoure de façon négative. Elles développent une relation eux-nous avec les civils, et parfois d'autres organismes au sein des Forces canadiennes, et manifestent souvent une hostilité et un mépris envers ces organismes extérieurs.
Bien qu'ils mènent, de leur plein gré, une vie bien remplie, ils doivent vivre avec un « soi » diminué et font preuve de fragilité émotionnelle. Malheureusement, cette fragilité émotionnelle génère des difficultés pour les conjoints et les enfants, qui vivent la mission par l'entremise de notre connectivité moderne grâce à la technologie de l'information. Par exemple, combien de fois avez-vous entendu dire que six soldats de l'OTAN avaient été tués en Afghanistan? Imaginez comment les familles restées au Canada se sentent, alors que leurs proches sont déployés là-bas et qu'elles n'ont aucune idée de ce qu'il s'y passe. Aujourd'hui, les médias nous font vivre les évènements directement dans notre foyer.
Non seulement les familles vivent-elles la mission par l'entremise de la connectivité de la technologie de l'information, mais elles sont aussi directement touchées par les conséquences du retour des membres de leur famille blessés. En fin de compte, ce sont tous des victimes. Les Forces canadiennes et Anciens Combattants Canada doivent assumer la responsabilité non seulement pour les soldats, mais aussi leur famille. Le statu quo actuel n'est plus une solution.
On doit aussi reconnaître que de nombreux obstacles empêchent une meilleure santé mentale. Certaines personnes pourraient ne pas être intéressées à subir un traitement. D'autres abandonnent le traitement après une intervention trop brève, et les jeunes hommes sont plus à risque de refuser le traitement ou l'intervention. Les jeunes hommes qui souffrent de problèmes graves sont souvent ceux qui quittent les Forces canadiennes tôt dans leur carrière. Ils sont souvent seuls -- après un divorce par exemple --, et s'engagent dans une spirale dangereuse qui mène à la consommation d'alcool et de drogues et à l'itinérance. Ils touchent le fond. Ils n'ont pas développé la résilience nécessaire pour se sortir de cette situation. Il faut faire disparaître les obstacles à la santé mentale afin qu'ils ne souffrent plus en silence. Ils doivent recevoir l'appui des échelons supérieurs. Des changements commencent d'ailleurs à se manifester.
Les médecins doivent gagner leur confiance et les obstacles à l'accès doivent être éliminés. On doit fonder le traitement sur la résilience au lieu de se concentrer sur la maladie, ce qui veut dire soigner la personne, ne pas se contenter de la gaver de médicaments. Les médicaments peuvent être une partie nécessaire du traitement, mais ils ne devraient pas en être le seul aspect.
Malheureusement, les Forces Canadiennes et les spécialistes en santé mentale du ministère des Anciens Combattants ne disposent d'aucun exemple à suivre, dans les Forces, pour planifier leurs interventions. C'est la norme au Royaume-Uni et aux États-Unis. Au Canada, dans les cliniques où l'on traite les traumatismes et les blessures reliés au stress opérationnel, les médecins des Forces canadiennes et du ministère des Anciens Combattants suivent les directives informatives transmises par l'Association des psychiatres du Canada.
De plus, l'accès à un point de service unique pour les membres des Forces canadiennes et leur famille demeure un objectif irréalisable. Comme les membres des FC qui désirent avoir accès aux services en santé mentale doivent se déclarer, s'identifier et demander le traitement, il faut trouver une approche qui serait plus cohésive.
Une question qui doit être absolument réglée concerne les services pour les membres des familles qui sont aussi victimes de violence interpersonnelle. On doit améliorer l'appui offert aux familles des réservistes qui reviennent vivre à la maison afin de briser leur sentiment d'isolement. Imaginez comment cela se passe pour eux: ils ont été entraînés et déployés, ils ont connu la cohésion d'un groupe, ils reviennent et vivent une période de relaxation, après quoi ils retournent dans leur foyer, où ils sont isolés.
On doit aussi mettre sur pied des programmes qui répondent aux besoins des enfants, en gardant à l'esprit que les besoins d'un enfant de cinq ans seront différents lorsqu'il deviendra adolescent.
Des progrès ont été réalisés, mais il n'en demeure pas moins qu'à notre avis, des défis importants restent à relever. Par exemple, les cliniques de traitement des traumatismes liés au stress opérationnel et les CSTSO ne sont pas toujours bien situés. Fait encore plus important, il existe au Canada un manque criant de recherches sur l'évolution des questions relatives à la santé mentale qui touchent les membres des Forces canadiennes. Nous devons nous appuyer sur de l'information qui nous vient des États-Unis et d'ailleurs.
Bien que l'on voie l'annonce récente de l'étude des Forces canadiennes sur le cancer et la mortalité d'un bon oeil, il reste que les Forces canadiennes et le ministère des Anciens Combattants doivent mieux coordonner leurs efforts en ce qui a trait à l'analyse de toutes les questions reliées à la santé mentale qui se présentent dans le parcours de vie des membres des Forces canadiennes, des anciens combattants et de leur famille.
Je vais retourner en arrière; la légion jouait jadis un rôle important, et elle le fait toujours aujourd'hui. À l'époque où le TSPT n'était pas une chose courante et reconnue dans les collectivités, les membres revenaient de la Première Guerre mondiale, de la Seconde Guerre mondiale et de la guerre de Corée et se rendaient aux filiales de la Légion, où ils se soignaient eux-mêmes. Ils tissaient des liens serrés avec des amis en qui ils avaient confiance et c'est de cette façon qu'ils étaient traités pour le TSPT, ou « traumatisme dû au bombardement » comme on l'appelait dans ce temps-là.
Nous continuons à travailler pour différents programmes, y compris les programmes de transition pour les sans-abris, comme la maison Cockrell, à Victoria -- un programme très efficace --, et le programme de transition de la Colombie-Britannique et du Yukon pour les personnes aux prises avec des problèmes de santé mentale. Ce programme est en place depuis 1998 en collaboration avec l'Université de la Colombie-Britannique et l'Université de Victoria. Il s'avère très efficace pour traiter les personnes souffrant du TSPT.
Le programme Leave the Streets Behind, lancé récemment en partenariat avec le ministère des Anciens Combattants et localisé près de Toronto, en Ontario, est un exemple de programme qui fonctionne bien. Nous avons commencé à exporter ce modèle dans nos autres commandements provinciaux au pays pour qu'ils puissent envisager la possibilité d'établir, dans leurs collectivités, des programmes pour les anciens combattants sans-abris.
Dans le commandement de l'Alberta et des Territoires du Nord-Ouest, on a mis en place le programme Outward Bound. Vous en avez peut-être entendu parler dans le cadre de l'émission Connect with Mark Kelley, diffusée par la CBC. On y parlait de ce programme pour les personnes souffrant du TSPT. La légion finance la participation de ses membres à ce programme. Il ne leur en coûte rien pour participer.
En Alberta, et surtout à Edmonton, nous soutenons le programme du centre de ressources pour les familles des militaires de l'Alberta, pour les enfants dont les parents ont subi un traumatisme. Jusqu'à maintenant, nous avons financé huit séries de ce programme à Edmonton.
Bien que l'on dise souvent que le temps efface tout, il ne faut pas oublier les conséquences du stress opérationnel sur les membres des Forces canadiennes, les anciens combattants et les familles. Le gouvernement du Canada doit offrir son appui aux membres qui ont servi et à leur famille, qui est mise à l'écart bien malgré elle. Le statu quo n'est plus une option; si nous ne commençons pas à être proactifs au lieu de nous contenter de réagir, nous allons régresser.
Au bas de la page, vous pouvez lire le nom des différents organismes que nous avons consultés. La Légion royale canadienne donne des exposés comme celui d'aujourd'hui, et nous les préparons en collaboration avec différents organismes. Les idées exprimées dans l'exposé d'aujourd'hui sont partagées par les anciens combattants canadiens de la Force terrestre, de la Marine et de la Force aérienne, le Groupe canadien de l'aéronavale, l'Association nationale des anciens combattants autochtones, l'Association royale canadienne de la marine, l'Association de la Force aérienne du Canada, l'Association des anciens de la Gendarmerie royale du Canada et la Company of Master Mariners du Canada.
Merci d'avoir pris le temps de nous écouter.
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C'est une très bonne journée pour les couleurs, n'est-ce pas?
Monsieur le président, si vous me le permettez, j'aimerais saluer la présence du député de ma circonscription,. Je n'ai pas besoin de retourner dans ma région pour dire que je l'ai vu à l'oeuvre; d'ailleurs, la grande majorité d'entre nous savent que Peter fait du bon travail.
J'aimerais aussi saluer un vieil ami de la famille sur le plan politique, M. Kerr, de Yarmouth, et aussi Mme Duncan, que j'ai rencontrée à quelques reprises. J'ai eu le plaisir de rencontrer Mme Duncan pendant une assemblée publique dans une filiale de la Légion il y a environ deux semaines.
Cela dit, bonjour, monsieur le président, membres du comité et invités. Je suis honoré d'être ici au nom de mon organisme, bien que je ne parle pas encore au nom du commissaire. Je suis très content d'être ici en même temps que la légion, car je ne pourrais imaginer meilleure association pour mon exposé.
Je suis sergent d'état-major dans ma 37e année de service avec la Gendarmerie royale du Canada. Dans le cadre de mes fonctions, j'ai été appelé à me déplacer pratiquement dans tout le pays, mais mes principales affectations provinciales se sont déroulées en Nouvelle-Écosse et à l'Île-du-Prince-Édouard. Mon travail au service des Canadiens a débuté là où la plupart des membres de la GRC entament leur carrière, c'est-à-dire dans l'uniforme de l'agent du maintien de l'ordre dans les collectivités à la grandeur du pays.
Plus tard, ces fonctions ont évolué pour inclure la lutte anti-drogue, les activités d'infiltration et de couverture, la sensibilisation aux drogues dans deux provinces en vertu du mandat de la stratégie nationale antidrogue du gouvernement fédéral, et la collecte de renseignements dans le monde du crime organisé avec une spécialisation dans les bandes de motards criminalisées.
Durant ces années de service, j'ai également été membre bénévole, pendant plus de 10 ans, de l'équipe des armes tactiques dans les interventions en cas d'urgence. J'ai occupé deux fonctions principales: la première en tant que tireur d'élite et la deuxième en tant que membre d'une équipe d'assaut, c'est-à-dire une des premières personnes à entrer dans un lieu, selon la porte qui est utilisée. Ces fonctions m'ont amené à vivre des expériences qui ont eu des conséquences sur ma vie et à subir des blessures.
Mes fonctions actuelles à titre de représentant des relations fonctionnelles portent sur le bien-être et la sécurité de nos membres. J'ai assumé de nombreuses responsabilités dans le cadre du programme des représentants des relations fonctionnelles, qui est notre régime du travail non syndicalisé, pour lesquelles j'ai été élu de façon continue par les membres de la Nouvelle-Écosse et de l'Île-du-Prince-Édouard pendant plus de 16 ans. Avec mon partenaire RRF, je représente plus de neuf cents membres de la GRC dans ma division de la Nouvelle-Écosse.
Je représente aussi des milliers d'autres membres à l'échelle nationale en ma qualité de membre du caucus au sein de notre comité de la santé et de la sécurité au travail. J'assume ce rôle depuis de nombreuses années et je compte continuer à l'assumer jusqu'à ma retraite à titre de défenseur des membres, de leur conjoint et de leur famille, qui continuent de donner sans rien recevoir en retour.
Pendant le temps que j'ai le privilège de passer avec vous aujourd'hui, on m'a demandé de vous parler du problème du suicide chez nos membres, et des répercussions sur la santé mentale ainsi que des problèmes connexes avec lesquels sont aux prises les membres de la GRC en service ou retraités et dont j'ai été témoin.
Étant donné que je ne suis pas encore membre de l'Association des anciens de la GRC, je ne m'exprimerai pas officiellement en leur nom. Cependant, on m'a informé que nos intérêts et les leurs se rejoignent. Je suis membre de la GRC, et il y a peu de secrets dans notre famille, car ceux qui sont encore en service et ceux qui ne le sont plus continuent de s'entraider.
Au début de la semaine, avant même de savoir que j'allais vous adresser la parole aujourd'hui, j'ai écrit plus de 30 lettres, que j'ai envoyées à certains d'entre vous et à de nombreux autres destinataires. Ainsi, cette occasion, qui s'est produite tout à fait par hasard, permet de deux façons à notre organisme de porter à votre attention un certain nombres de points à examiner.
Je suis venu ici aujourd'hui pour vous dire que je travaille pour un organisme qui ignore à peu près tout des préjudices découlant du stress professionnel, et qui fait moins que le nécessaire dans ce domaine. Nos anciens profitent des services d'Anciens Combattants Canada depuis 1947-1948, soit depuis à peu près 64 ans, mais cet organisme sait peu de choses sur les membres de la GRC en service et retraités.
La GRC et ACC devraient tous deux avoir honte. Nous sommes des « cousins » éloignés de nos frères et soeurs des Forces canadiennes. Cela étant dit, nous croyons fermement l'un dans l'autre. Nous travaillons conjointement dans diverses fonctions, tant au pays qu'à l'étranger. Nous soutenons leur appel à la justice comme ils le font pour nous.
Ce manque de compréhension de la part d'ACC était si manifeste qu'il y a plusieurs années, nous avons créé conjointement deux postes pour accroître l'efficacité de la formation et des opérations. Un inspecteur expérimenté de la GRC a été affecté à ACC, tandis qu'un employé chevronné d'ACC est venu se joindre à nous. Ces deux hommes étaient d'excellents choix.
Il est triste de dire qu'aujourd'hui, ce programme est pratiquement au point mort. Notre poste d'expérience et d'intervention sur le terrain pour ceux qui travaillent à Anciens Combattants Canada a été remplacé par un membre civil. Je tiens à ce que vous sachiez que cette remarque ne vise pas à insulter nos membres civils — ils sont aussi dévoués que n'importe quel autre employé —, mais le fait est que les membres civils n'ont pas l'expérience opérationnelle nécessaire pour montrer à ACC dans quel monde nous exerçons nos fonctions. Nous avons raté l'occasion de maintenir ce lien, et ACC n'a pas remplacé son représentant.
Actuellement, il existe des programmes qui relèvent d'Anciens Combattants et auxquels la GRC n'a pas accès, et je dois demander, pourquoi? J'ai déjà posé cette question dans des salles similaires à celle-ci. Deux de ces programmes sont le Programme pour l'autonomie des anciens combattants et le Programme des soins prolongés ainsi que le programme des entrevues de transition, qui est le plus récent. De nombreux intervenants, dont des politiciens, les organisations d'anciens combattants, mes amis qui sont à ma droite, et d'autres associations communautaires au Canada, appuient la mise en oeuvre de ces programmes, mais ne peuvent expliquer leur manque d'efficacité. En 1988 environ, lorsque Anciens Combattants Canada a abandonné le Règlement sur le traitement des anciens combattants, la GRC en a tiré parti, bien que de façon minime, dans le cadre du PAAC. Par la suite, ACC a réécrit le règlement en 1988. ACC a adopté le Règlement sur les soins de santé pour anciens combattants et, bien que la GRC soit l'un des clients d'ACC, même en 1988, on ne l'a pas incluse dans le nouveau document, ou le règlement. Comment cela peut-il se produire?
Nous nous sommes adressés — moi et bien d'autres — aux deux chambres. Nous nous sommes adressés au Sénat et à la Chambre des communes. Au fil des années, nous avons parlé à bon nombre de leurs membres et nous avons obtenu des lettres de soutien formidables, mais cela n'a toujours rien changé. Les anciens ministres de la Sécurité publique et d'autres politiciens, au pouvoir ou non, ont aidé la GRC a obtenir cette attention. Cependant, il ne s'est rien passé jusqu'à présent et rien ne se profile à l'horizon.
La raison pour laquelle je dis cela, c'est que j'ai écrit au commissaire de la GRC il y a environ deux ou trois semaines, et je lui ai demandé s'il pouvait m'éclairer. Il m'a dit qu'il s'en allait à l'étranger et qu'il m'appellerait à son retour. Eh bien, il est de retour, mais comme je n'ai pas reçu d'appel téléphonique, je suppose que rien ne se profile à l'horizon. Vous avez peut-être maintenant un avant-goût de notre frustration de « parent pauvre ».
Nos amis des Forces canadiennes combattent actuellement à l'étranger, et le prix à payer pour les Canadiens est élevé. Comme eux, nous sommes éplorés d'avoir récemment perdu des nôtres à l'étranger, mais ce ne sont pas les premiers que nous perdons. Nos membres et leurs familles sont principalement déployés ici au Canada, et dans les diverses collectivités où nous vivons, travaillons et faisons du bénévolat. Notre zone de combat est chez nous, et le nombre des blessés, des malades et des mourants grossit en silence. Deux de nos victimes les plus récentes ont péri dans un accident de la route dans l'Ouest, et un jeune homme a disparu sur une rivière du Nord. Nous avons cherché son corps pendant près de trois semaines et nous avons eu la chance de le retrouver et de le ramener chez lui.
Il y a d'autres programmes et services que vous devez connaître en plus des deux dont je vous parle. Dans votre dossier, je vous ai laissé un espace pour prendre des notes à leur sujet si vous le voulez. Il y en a environ 17. Comme je sais que le temps est précieux, je vais en parler brièvement.
Le premier est l'identité. ACC doit savoir qui nous sommes, ce que nous faisons, et il doit connaître la nature de nos services. C'est triste qu'ils ne remplacent même pas le membre qui s'était joint à nous. Il était utile et il travaillait avec notre haute direction ici à Ottawa pour que les deux puissent se comprendre.
De plus, nous avons besoin de reconnaissance, qu'on reconnaisse ce que nous représentons, nos services et la nature de nos fonctions. Les pressions sont grandes pour un agent d'infiltration ou une personne qui travaille à des cas d'agressions sexuelles contre des enfants ou à des crimes d'agressions sexuelles commis via Internet. Ce n'est pas comme avoir un métier et réparer, par exemple, de l'équipement. Je ne fais pas ces liens dans le but de diminuer la valeur des militaires, car leur travail est aussi technique que le nôtre.
Il y a des lacunes en matière de services à Anciens Combattants Canada. Chaque fois que je me rends à un bureau d'ACC au Canada, je vais toujours voir le présentoir de dépliants. Ils ont une publication qui ne s'adresse qu'à la GRC. Vous l'avez devant vous. La GRC a collaboré avec ACC pour créer ce dépliant en 2004 ou en 2006. C'est une copie exacte du dépliant bleu des Forces canadiennes, mis à part le contenu. Le leur est bleu et les photos qu'il contient représentent les Forces canadiennes.
Il y a eu un tirage depuis. Maintenant, nous avons plus de 40 000 membres de la Gendarmerie qui sont soit en service, soit retraités. Il y a eu un tirage par la suite, et ils en ont fait, je crois, 10 000 exemplaires. Ils n'ont même pas produit assez d'exemplaires pour que chacun de nos membres puissent en obtenir un.
Je vais parler d'un autre dépliant, car c'est l'un de ceux que les membres reçoivent si leur demande de pension est acceptée. J'ai seulement la version anglaise; je suis sûr que la version française se trouve dans les dossiers français. C'est pour expliquer l'acceptation ou le rejet de la demande d'une personne. Il ne s'agit pas d'un dépliant d'information que l'on peut trouver dans un présentoir.
J'ai visité les bureaux d'ACC de tout le pays. À chaque visite, je laisse une note ou je fais une plainte parce que leur présentoir ne contient pas d'information sur la GRC. Nous avons fait en sorte qu'on leur envoie des exemplaires du magazine Gazette et d'autres documents de la GRC, et on trouve enfin des affiches qui représentent la force dans les bureaux.
Lorsque je travaillais à l'Île-du-Prince-Édouard, je suis allé à certaines de leurs audiences. Il n'y avait aucune plaque de la GRC dans les salles d'audience. On pouvait voir toutes les plaques de régiment dans la salle, mais on ne trouvait rien qui représentait le travail de la GRC. Je ne blâme personne; c'est seulement que je me demande si nous faisons partie de l'équipe ou non. J'ai écrit au commandant de la Division L de l'époque, et le problème a peut-être été réglé. On m'a transféré depuis.
On doit augmenter le matériel. J'ai assisté à un grand nombre de présentations; ils ont un millier de diapos ou de photos, mais on ne voit jamais la couleur rouge. Il n'y a pas longtemps, à Moncton, j'ai dit « il n'y a rien dans votre présentation sur la GRC; la couleur rouge n'est même pas présente ». La personne m'a répondu, « eh bien, nous ajouterons quelque chose de rouge ». Je dois vous dire que je n'étais pas très impressionné; j'étais le seul membre de la GRC dans la salle avec des gens de la Croix bleue et d'autres personnes.
Un homme que je ne connaissais pas est venu me voir; il avait un BlackBerry. Il s’est penché vers moi et m’a montré le site Web d'Anciens Combattants. Il y avait une bannière en haut du site où l’on pouvait apercevoir un membre de la Gendarmerie royale et un cheval. Je lui ai dit, « merci beaucoup, monsieur, mais vous me montrez cela seulement parce que j’en parle maintenant ». Lorsqu’on n’est même pas reconnu dans un auditoire lors d’une conférence… Je lui ai dit que je me fichais de ce qu’on y avait inclus, dans la mesure où c’était rouge. C’est le combat que nous menons. Cela n’a pas changé beaucoup, mais un peu.
En ce qui concerne le PAAC, je ne vais pas en parler beaucoup, mais je me demande s'il a déjà été mentionné dans la lettre de mandat d'un ministre. Au fil des années, on a déjà dû rédiger 30 volumes de mémoires au Cabinet au sujet du PAAC et du Programme de soins prolongés. Que quelqu'un m'explique l’issue de ces discussions, car, vraiment, on doit se demander… Si l'on a rédigé 25 ou 30 mémoires au Cabinet au sujet d'un programme que tout le monde a ailleurs au pays, c’est qu’il y a un manque. Cela s'est peut-être tout simplement perdu dans les organismes parlementaires centraux. Je ne le sais pas, mais nous allons le découvrir.
Les entrevues de transition sont un programme central d’ACC. Nous n’y avions pas droit jusqu’à ce que nous découvrions qu’il s’agit d’un programme central d’ACC. Nous avons alors lancé un projet pilote à la Division F en Saskatchewan. Cette province a été choisie, car Anciens Combattants Canada subissait des pressions en ce qui a trait aux ressources dans bon nombre d’autres provinces en raison du déploiement en Afghanistan; nous avons donc choisi Regina et la Saskatchewan pour notre projet pilote. Le projet pilote a été une belle réussite. Les commentaires étaient positifs. Ensuite nous nous sommes dit, « que faisons-nous maintenant »? Nous sommes donc allés au Canada atlantique, surtout parce que je faisais partie du conseil qui prenait les décisions. Nous sommes allés au Canada atlantique; le programme fonctionne là-bas maintenant, mais on ne lui accorde pas beaucoup d’importance. Je viens de recevoir une trousse d'information sur la retraite et j'ai vu qu'il y a une lettre, mais le programme est pour l’essentiel bloqué. On l’a fermé.
Des négociations sont en cours entre la GRC à Ottawa et Anciens Combattants à l’Île-du-Prince-Édouard concernant les ressources et la question de savoir qui paiera pour ce programme, etc. Pendant que cet affrontement a lieu, nous avons des membres partout au Canada qui quittent notre organisme sans savoir à quoi ils ont droit, ni comment faire la transition vers le secteur privé.
Je suis un Canadien exclu de la Loi canadienne sur la santé. Je ne le prends pas mal. Le problème, c'est que l'employeur, le commissaire, est maintenant responsable de mes soins de santé. Je fais partie d'un groupe très spécial de gens qui sont exclus de la Loi canadienne sur la santé: tous les détenus sous responsabilité fédérale et tous les nouveaux immigrants au Canada. Ce sont les gens qui font partie de ce groupe. Si je ne reçois pas mes avantages du commissaire, alors je n'ai plus accès à des soins de santé.
C'est une partie des questions que nous devrons régler lorsqu'il nous faudra négocier avec le commissaire à propos de programmes ou de changements.
En ce qui concerne les entrevues de transition, ACC vient maintenant voir la GRC pour se faire payer. La question de savoir qui paie ne me préoccupe pas. Ce qui me préoccupe, ce sont les services. La Colombie-Britannique et l'Alberta réclament ce programme à grands cris, mais nous ne pouvons pas l'offrir. Il n'est mis en oeuvre nulle part au Canada, mis à part dans les cinq provinces que je vous ai mentionnées. Je pourrais vous donner un certain nombre de recommandations qu'Anciens Combattants Canada a faites le 20 janvier 2003 sur les exigences et les besoins quant aux entrevues de transition. Nous voilà bloqué, avec seulement cinq provinces.
J'ai parlé des postes de liaison. Je vais vous faire une recommandation, avant qu'on m'interrompe je l'espère, et je n'en dirai pas davantage sur le sujet.
Un autre élément, c'est que les membres ont peur de faire une déclaration volontaire. Cela vous surprend peut-être étant donné que ces gens portent des armes. De quoi avons-nous peur? Il existe un certain nombre de raisons pour lesquelles les membres quittent la Force. Les délais et les règles ont changé depuis que la Force a changé son programme de soins de santé pour un modèle de santé au travail, alors que nous avions un modèle basé en clinique qui nous permettait de consulter nos médecins et de recevoir des soins de santé. Les membres vous diront certaines choses — et je crois que Mme Duncan a pu en être témoin —, dont entre autres ce qui suit:
« Si je révèle que je souffre de TSPT, de dépression ou d'autres maladies mentales, cela nuira à ma carrière ou à l'obtention d'une promotion ». C'est ce que l'on dit aujourd'hui, en 2010, à la Gendarmerie, et la plupart d'entre nous sont diplômés de l'université.
« Les membres de mon unité pourraient avoir une mauvaise opinion de moi et avoir moins confiance en moi. »
« Les dirigeants de l'unité pourraient me traiter différemment. »
Les dirigeants blâment le membre pour son problème: « il nous manque maintenant une personne ».
Comme on considère les membres faibles, ils se taisent. Je sais que vous avez déjà entendu cela.
« Ce serait trop gênant pour ma famille. » Vous savez, l'une des caractéristiques de mon organisme, c'est que nous ne tenions jamais beaucoup compte de nos familles jusqu'à il y a quelques années.
J'espère que ce que je vais dire maintenant ne figurera pas dans le procès-verbal. Je vous demande que ce ne soit pas le cas. Je suis des traitements depuis plus de trois ans pour un trouble de stress post-traumatique et une dépression. Je sais ce que c'est, et je peux le voir quand des gens souffrent de ce trouble, et j'ai parlé à beaucoup de gens qui en ont souffert, mais si vous demandez à la GRC de vous dire le nombre de membres qui en souffrent, elle ne peut pas le faire. Elle n'a pas ces renseignements.
« Je ne fais pas confiance à la GRC. Je ne fais pas confiance aux services de santé de la GRC. Je vais régler cela tout seul. » Eh bien, j'ai essayé, mais cela n'a pas fonctionné. Je ne me suis pas effondré, mais je savais que j'avais des problèmes. Comme j'étais assez près d'un médecin de famille, je suis allé le consulter, et je vais mieux depuis ce temps.
Ce n'est là qu'une partie des raisons pour lesquelles vous devez comprendre que ce n'est pas comme entrer dans un édifice d'IBM et de dire « je ne me sens pas bien aujourd'hui ». À cela s'ajoute le fait que les hommes et les femmes ne prennent pas de congé de maladie. Ils ne le font pas, car ils travaillent dans des unités de deux, trois ou quatre personnes. S'ils sont absents, il manque une personne dans l'unité et il n'y a pas de remplaçant. Notre organisme est le seul au Canada qui ne croit pas que son personnel féminin devrait se reproduire, car rien n'est mis en place pour remplacer les gens qui ne sont pas en fonction. Qui comble le vide? Ce sont les personnes qui restent.
Voilà donc pourquoi les gens ont peur de faire une déclaration volontaire.
Il y a ensuite la Loi sur la protection des renseignements personnels. Je n'ai pas à vous dire quoi que ce soit sur ACC et cette loi. Je vais vous épargner cette torture, et je ne veux pas dire qu'il y a eu des violations. Je ne le saurai pas avant d'avoir obtenu une réponse à ma demande de renseignements personnels.
Lorsqu'on regarde la GRC présentement, si je devais présenter une demande, Anciens Combattants Canada partage ce succès — si on veut le dire ainsi — avec les unités de services de santé de la GRC partout au Canada. Si on reconnaît mon incapacité, ils envoient une lettre au personnel des services de santé. Le personnel des services de santé va dans la salle de dossiers, sort mon dossier médical et compare mon état de santé au profil médical. Ensuite, soit on change mon profil médical, soit on n'y touche pas. Je vais en parler dans une minute.
Qu'en est-il de la protection des renseignements personnels? Je sais que c'est une question d'argent — tout est une question d'argent —, mais pourquoi n'envoie-t-on pas la lettre au secteur de l'administration de la Chambre qui s'occupe des finances lorsque vient le temps de s'occuper des crédits? Dites-moi pourquoi deux organismes se communiquent ces renseignements?
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Merci beaucoup. Je crois vraiment, en effet, que l'un n'est pas possible sans l'autre. Je vois un lien direct avec le PAAC et les soins prolongés. Si les deux ne convergent pas, nous allons stagner encore longtemps. Vous connaissez mon point de vue là-dessus.
Mon organisation projette peut-être l'image d'être très régimentaire, mais ce n'est pas le cas à mon niveau. Il y a beaucoup de gens haut placés qui croient que ce doit encore être ainsi, mais nous nous éloignons lentement de cette philosophie.
Il manque cruellement de personnel de la santé dans mon organisation. Depuis probablement trois ou quatre ans, il n'y a pas de psychologue en chef permanent à la Gendarmerie royale pour la prestation des services de santé. Ce poste est toujours vacant. En fait, le service utilise son budget salarial afin de financer deux projets. Donc, nous laissons le poste de psychologue en chef vacant pour financer deux petits exercices.
Je peux vous dire qu'il y a énormément de personnes au sein de l'organisation qui profiteraient de ces services. Il y a entre 20 000 et 22 000 policiers à la GRC, pour seulement 14 psychologues. Le poste de psychologue en chef, celui de la personne qui devrait inciter tout le monde à adhérer au programme, sur les bases ou ailleurs, n'est même pas comblé.
La force a vivement réagi au groupe de travail Brown et à l'équipe de gestion du changement, comme toujours. Les gens réagissent toujours à ce genre de choses parce qu'ils ont des intérêts à court terme à défendre, donc ils les font valoir.
Ils se sont notamment insurgés contre la mise en place d'un programme pour la santé mentale qu'on appelait... le terme va me revenir. Quoi qu'il en soit, nous avons un sergent d'état-major en Colombie-Britannique qui est psychologue lui aussi. Il coordonne un programme de décompression. L'idée consiste à aller au-devant de l'invalidité, de la maladie ou des blessures et de former les gens à la façon de composer avec ces réalités. On forme des classes d'environ 21 à 24 personnes. Il y a eu trois ateliers de la sorte en Colombie-Britannique, et il devait y en avoir deux à Terre-Neuve pour la région de l'Atlantique en décembre. Il y en a aussi un par mois de prévu jusqu'en mars.
Je vous ai déjà dit que notre force compte 22 000 personnes. Il va y avoir beaucoup de décès avant que les gens changent d'idée et que ce programme ait un effet manifeste.
Je tiens à ce que vous sachiez qu'à ma connaissance, les 14 autres psychologues sont rarement consultés à ce sujet. Ce sont les haut dirigeants qui ont été sensibilisés à la question par le groupe de gestion du changement, et ils se sont dit que c'était une bonne idée. C'est ce qui a donné naissance au projet.
Ce programme n'est pas sans risque. Ce n'est toutefois pas moi qui peut vous en parler, je ne suis pas psychologue.
Pendant que je me préparais et que des membres de la force comparaissaient, il y a trois termes que j'ai trouvé intéressants. Il y a d'abord le programme de résilience de la GRC pour lutter contre le stress post-traumatique. Il y a aussi le programme de mieux-être mental, parce que ces programmes sont tous interreliés. Le troisième était le programme du mieux-être en milieu de travail. Il y a aussi un nouveau bébé dont le nom m'échappe, mais qui est un autre programme de bien-être. Je ne vous en parlerai pas plus.
Depuis que quelqu'un essaie de rendre des comptes dans ce dossier, on a pondu un nouveau modèle de soins de santé dont on parle à tout vent. Le commissaire a signé un document de deux pages énonçant des principes de bien-être. Je vous mets au défi de me dire ce que cela signifie. On y trouve de très belles phrases, mais c'est de résultats dont nous avons besoin. Nous avons besoin de concret. Nous devons aider les gens. Nous devons rétablir la confiance à l'interne.
Il y a beaucoup de frustrations injustement mises sur le compte d'Anciens Combattants. Certaines de ces frustrations viennent du fait que la force n'a pas tenu de très bons dossiers médicaux. Beaucoup de gens comme moi pensaient que notre employeur gardait nos dossiers médicaux, un peu comme dans l'armée. Quand j'ai voulu les consulter, je me suis rendu compte qu'il n'y avait rien, sauf un petit reçu de médicaments ou de je ne sais quoi acheté chez Walmart. Nous devons maintenant nous rattraper et nous doter d'outils pour traiter les blessures liées à nos fonctions. La plupart du temps, ce n'est pas facile.
N'oubliez pas que nous n'avions aucun lien avec Anciens Combattants avant octobre 2001 ou 2002. C'est à partir de ce moment que les membres actifs des forces ou de la Gendarmerie royale ont eu le droit de toucher une pension d'invalidité pour des souffrances vécues pendant qu'ils étaient en fonction. Avant cela, même si nous étions associés au ministère depuis 1948, on ne nous en parlait pas vraiment, nous ne savions pas ce qu'il faisait, parce qu'il ne faisait rien qui nous concernait avant la retraite. Cela a changé un peu à partir de 2002, mais il n'y a jamais eu de bon volet éducation à cet égard, et l'entrevue de transition est critique pour combler ce manque.
Il y a aussi que les services réaffectent constamment l'argent qui devrait servir à combler les postes vacants du programme de santé. Cela doit cesser. Savez-vous comment est attribué l'argent en santé à la Gendarmerie royale? Les sommes allouées dépendent toujours de l'argent dépensé l'année précédente. Cela vous donne une idée de la façon dont nous finançons les soins de santé à la Gendarmerie royale depuis quelques années. J'aimerais que ces sommes soient réservées. Elles doivent vraiment être consacrées aux soins de santé. Nous n'arrivons même pas à recueillir des données! Savez-vous quelle est la seule façon pour nous de vous donner des chiffres raisonnables sur le stress post-traumatique et d'autres sources d'invalidité, comme les troubles dépressifs, l'anxiété, la dépression et les troubles anxieux? Ce sont les quatre principaux dans notre organisation, et ils causent...
Je viens de lire le commentaire qu'un psychologue m'a fait parvenir. Il disait que de 60 à 75 p. 100 de nos membres malades souffraient de blessures liées au stress professionnel. AAC va sans doute être d'accord avec ça, parce que si l'on prend ses chiffres sur les 8 000 demandes qui viennent de nos membres, le plus grand nombre d'entre elles est présenté pour stress post-traumatique.
J'appelle la GRC pour savoir quels sont nos chiffres. La seule façon que nous avons de vérifier ces chiffres, c'est d'appeler AAC et de demander au ministère pour quelles maladies il verse des prestations, et ce n'est pas suffisant, parce que les seuls chiffres que le ministère comptabilise sont ceux qui concernent les demandes acceptées. Il n'y a rien sur les personnes qui sont toujours dans le système, qui entrent dans le système, qui ont essuyé un refus ou qui sont en appel. Nous pouvons ramasser des statistiques sur ce qui arrête une personne et depuis combien de temps, mais nous n'avons rien à donner. Cela vaut également pour le suicide.
Je vous implore de vous pencher sur cette question. Je vais m'avancer et dire que notre taux de suicide est à la baisse, mais je peux quand même vous donner quatre ou cinq exemples. La plupart de nos membres se tuent avec leurs propres outils. Parmi les derniers cas, celui de Paul Smith. Paul s'est tiré un coup de fusil. Sa femme reçoit maintenant une pension parce que Paul est mort suite à une blessure liée à ses fonctions. À vous de démêler tout cela, maintenant.
C'est toujours comme ça.
Il y a des problèmes inhérents au ministère des Anciens Combattants. Le premier, c'est que nous avons l'impression qu'il ne nous connaît pas. Il doit y avoir un poste de liaison entre les deux. En toute honnêteté, le gars qui occupait ce poste n'était pas très bien traité à Ottawa. Ils auraient très bien pu l'enfermer dans un édifice et le laisser là jusqu'à la fin de la semaine pour qu'il rentre chez lui, mais à l'inverse, le gars qui occupait le poste à Charlottetown était traité comme un roi. Il participait à toutes les réunions. Il faisait partie du processus.
La haute direction de mon organisation doit acquérir de la maturité à cet égard. Ce que je dis là n'est rien de nouveau. Je répète la même chose au sein de mon organisation depuis un an. Ce n'est pas la première fois que j'en parle, et j'en ai parlé à mon employeur. Il faut régler ce problème.