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Merci de m'avoir invité à témoigner aujourd'hui. Je m'appelle Denis Beaudin. Je suis caporal-chef à la retraite, retraité des Forces armées canadiennes pour raison médicale. J'ai servi de 1977 à 1993: en Allemagne de 1978 à 1981 pour l'OTAN; et à Chypre en 1985, de mars à septembre, pour les Nations Unies.
Je suis le fondateur du regroupement Vétérans UN-NATO Canada, un regroupement privé que j'ai fondé le 4 janvier 2008. Je représente à peu près 2 000 vétérans, actifs et retraités, qui ont pour la plupart des problèmes de stress post-traumatique. J'en suis moi-même atteint, j'ai été diagnostiqué en 2005.
Je suis venu ici aujourd'hui pour vous expliquer un peu les problèmes qu'un vétéran des Forces armées canadiennes atteint de stress post-traumatique doit affronter pour se faire soigner dans les cliniques d'Anciens Combattants Canada.
Tout d'abord, le problème est différent si la personne vit dans une région plus ou moins éloignée. Je suis moi-même de Saint-Jean-sur-Richelieu. La clinique de l'Hôpital Sainte-Anne est très proche, à 70 km. J'ai une auto, c'est facile de m'y rendre. Par contre, pour la personne qui habite Rivière-du-Loup ou une région éloignée du Québec ou qui habite toute autre province du Canada — car le regroupement s'étend à tout le Canada, d'est en ouest —, ça devient beaucoup plus difficile.
La mission du regroupement est de sauver des vies. C'est d'aller chercher les gars dans la rue, et de les amener à se faire soigner parce que ces gens-là abandonnent, tellement le système est difficile, tellement il est compliqué, lorsque vient le besoin de se faire soigner. Simplement de faire reconnaître sa maladie devient un combat et occasionne une perte d'énergie incroyable. Je prends neuf pilules par jour. Ça vous donne une idée des sacrifices que je dois faire tous les jours. Parmi ces pilules, il y a celles appelées « pilules de panique ». Aujourd'hui, je vais essayer d'être le plus calme possible.
Je vais vous poser une question: est-ce que c'est normal qu'un gars, un vétéran comme moi, qui part à l'âge de 17 ans ou 18 ans se battre pour son pays, doive se battre contre son pays pour se faire soigner, quand il revient malade, avec des problèmes, et qu'il essaie d'obtenir un diagnostic?
Selon moi, c'est aberrant. Lorsqu'un gars reçoit un diagnostic de stress post-traumatique, deux ans se sont déjà écoulés simplement pour que sa condition soit reconnue. Parfois, c'est trois ans parce qu'on ne sait pas qu'on est malade.
On a de gros problèmes de santé, on a des problèmes d'agressivité, d'intolérance, et on demande à voir un psychiatre ou un médecin de famille parce qu'on ne sait même pas que l'armée peut nous aider. On est dirigés vers des psychiatres, des cabinets privés de psychologues, qui nous évaluent. Ce sont des civils qui n'ont aucune connaissance du système militaire et de ce que nous avons vécu. C'est très difficile pour nous d'aller se confier à des civils parce qu'ils ne comprennent pas; on ne parle pas le même langage.
Un de mes gros problèmes liés au stress post-traumatique est que je n'ai aucun ami dans la société civile. Je n'en aurai jamais parce que je ne suis pas capable de m'entendre avec eux. Il y a une grosse lacune même au sein de ma famille proche parce que je suis incapable d'avoir aucune relation. Quand il y a un party, une soirée, je m'en vais laver la vaisselle, je m'isole, parce que les propos et les faits évoqués pendant la soirée ne m'intéressent pas et ne me touchent pas; je suis dans un autre monde. Il n'y a pas que moi qui vive cette situation: c'est le cas de l'ensemble des vétérans qui font partie du regroupement, et à qui j'ai parlé.
On se sent abandonnés par le système parce que les étapes qu'on doit franchir sont vraiment aberrantes. Je vois ma psychiatre une fois tous les deux mois pour renouveler ma prescription et faire une évaluation de mon cheminement dans la vie civile de tous les jours. Dans le passé, toutes les fois que je rencontrais ma psychiatre, j'avais une heure avec elle. Maintenant, je suis contraint de la voir durant une demi-heure à cause des budgets administratifs de la clinique de l'Hôpital Sainte-Anne. Cela fait en sorte que les docteurs qui nous soignent à l'Hôpital Sainte-Anne en viennent à un désaccord avec la clinique, et décident même de la quitter.
Les docteurs ne sont pas remplacés alors, lorsque nous retournons à la clinique, nos médecins ne sont plus là. C'est un perpétuel recommencement avec un autre psychologue ou un autre médecin. C'est très difficile de changer de médecin quand on s'est déjà confié à quelqu'un d'autre et qu'on a pu enfin dire ce qu'on ressentait et ce qui se passait à l'intérieur de soi. Cela mène à l'isolement, au refus de demander de l'aide, à une rupture sociale, à une grande dépression et, dans certains cas, à l'alcoolisme et à la prise de drogues. Ce n'est pas mon cas, je n'ai jamais pris aucune drogue. Dieu m'en garde, j'aurais pu m'abandonner à la drogue. Je ne serais probablement pas ici aujourd'hui si ça avait été le cas. Par contre, j'ai connu toutes les autres conditions. Qu'est-ce qu'il nous reste? La dernière solution est le suicide ou, si on est chanceux, on rencontre un frère d'armes qui a servi avec nous et, s'il a fait le cheminement avant nous, il peut nous guider et essayer de nous faire rencontrer des gens dans les cliniques ou au ministère des Anciens combattants. Cependant, les gens d'Anciens Combattants Canada sont habitués à soigner les vétérans de la Seconde Guerre mondiale et de la guerre de Corée. Je ne parle pas de la Première Guerre mondiale, parce qu'on sait tous que les vétérans sont assez âgés. Il n'y en a plus, je crois, Dieu ait leur âme.
C'est très difficile pour les fonctionnaires d'Anciens Combattants Canada d'avoir une perspective de la nouvelle génération, parce qu'ils ont été habitués à prendre cela à la légère avec les gens plus âgés. Nous, on est âgés de 35 ans, 40 ans, 45 ans, 50 ans et on est des vétérans. « Vétérans », c'est un grand mot, parce que même de l'avis de la clinique ou de l'avis des fonctionnaires, on n'est pas des vétérans. Selon eux, un vétéran a 80 ans et se déplace avec une marchette. Je ne sais pas quelle est leur vision, mais on a fait des missions, on y a mis tout notre coeur, certains ont donné leur vie. Plusieurs de mes amis, de mes frères d'armes, sont partis. Je pense qu'ils méritent autant que nos frères d'armes qui ont fait la Première Guerre mondiale, la Seconde Guerre mondiale et la guerre de Corée. On s'attend au même traitement de la part d'Anciens Combattants Canada.
Lors de mon entrée à la clinique de l'Hôpital Sainte-Anne, j'ai dû signer de nombreux formulaires. Je devais m'engager à ne pas être violent, impoli, à ne pas dépasser le cadre établi. Dans ces conditions, tous les cas lourds, la clinique de l'Hôpital Sainte-Anne et les autres cliniques au Canada s'en débarrassent. C'est pourquoi il n'y a pas de cas lourds dans les cliniques; il n'y a que des cas légers, des gars comme moi qui y vont une fois tous les deux mois ou toutes les trois semaines. Tous les cas lourds, ils ne peuvent pas les soigner, il n'y a pas de chambres, il n'y a pas assez de lits pour les soigner. Lorsqu'il y en a, aussitôt que le gars dépasse le cadre établi et qu'il est un peu intolérant, ils le « foutent » à la porte pour des raisons de violence ou de perturbation. C'est le système provincial qui s'en occupe. Au Québec, c'est l'assurance-maladie du Québec qui s'occupe des gars, cela n'entre pas dans vos statistiques. Le nombre de vétérans qui sont soignés au sein du système médical civil n'est pas répertorié par le ministère des Anciens Combattants, alors les données sont faussées, ce ne sont pas les bonnes.
Personnellement, j'aurais pu rester à la clinique, mon cas était assez lourd. Cependant, je me suis senti tellement mal dans ma peau, avec tout l'encadrement que j'étais obligé de respecter, que j'ai décidé de retourner chez moi, parce que j'avais peur de ne plus être soigné. C'est le cas de plusieurs de mes frères d'armes qui ne restent pas à l'hôpital parce qu'ils se disent que si jamais ils perdent le contrôle de leurs émotions, ils vont être mis dehors et éliminés du système, qu'ils n'auront plus droit aux soins. Alors on s'en retourne chez soi avec nos petits problèmes et on espère qu'ils vont continuer de nous soigner.
Quand quelqu'un reçoit un diagnostic de PTSD — le syndrome de stress post-traumatique — le docteur qui suit cette personne depuis un an, à la clinique, ou aux cliniques du Canada, envoie un rapport à Anciens Combattants Canada à Charlottetown. Le docteur qui pratique en cabinet privé vous dira, par exemple, qu'il évalue l'invalidité due au syndrome de stress post-traumatique à 50 p. 100 et qu'il est catégorique, que cela découle du service militaire. Puis, il envoie le dossier aux fonctionnaires de Charlottetown. Qui sont ces fonctionnaires? Je ne le sais pas. Sont-ils médecins? Je ne le sais pas. Ça prend six mois, un an ou un an et demi avant que les rapports soient renvoyés. Dans plus de 95 p. 100 des cas, ils sont négatifs, les fonctionnaires ne jugent pas que le docteur a raison. Est-ce que cela veut dire que la personne a été soignée pour rien, qu'elle a pris des pilules pendant un an et demi, que le docteur est incompétent et qu'il a posé un mauvais diagnostic? Qui sont ces gens, à Charlottetown, qui changent le diagnostic des professionnels de la santé du ministère des Anciens Combattants, en qui on avait confiance, pour la première fois?
Ils nous disent de porter la cause en appel. Dans 95 p. 100 des cas, on doit interjeter appel. Dans plusieurs cas, on doit demander une deuxième évaluation médicale. Essayez donc de trouver un médecin aujourd'hui! Ça prend six ou huit mois avant de trouver un médecin. À partir du moment où il est décidé que le diagnostic de syndrome de stress post-traumatique n'est pas admissible et que la personne interjette appel, elle n'est plus soignée. C'est l'un des gros problèmes. Le dossier est renvoyé à Charlottetown et la personne interjette appel.
Quand on interjette appel, on est reçu dans une salle à peu près grande comme celle-ci, devant deux personnes qu'on ne connaît pas du tout et qui ne se présentent pratiquement pas. Elles disent qu'elles sont là pour prendre une décision. On raconte de nouveau toute notre histoire, parce qu'il faut recommencer à zéro. Ça fait trois ou quatre ans que l'on se bat et on est brûlé, vidé. On doit prendre sept ou huit pilules par jour et on doit encore prouver que l'on est malade. Ces gens-là prennent un décision.
Dans 70 p. 100 des cas, la décision est favorable. C'est curieux, on gagne. Toutefois, au lieu d'établir l'invalidité à 50 p. 100, ils l'établissent à 10 p. 100, ce qui fait 40 p. 100 de différence. C'est un exemple. Certains ont eu, à l'origine, une évaluation d'invalidité de 70 p. 100 ou de 80 p. 100 et, à la fin, elle est établie à 15 p. 100. Il y a un autre « hic », c'est que le pourcentage est fractionné. C'est nouveau. Durant les 20 dernières années, ça ne se faisait pas. J'ai reçu une pension pour mon dos en raison d'une invalidité de 25 p. 100. Dans les années 1995, il n'y avait pas cette fraction. Maintenant, ils fonctionnent avec des fractions. Ils fractionnent le 10 p. 100. Ils reconnaissent que les deux cinquièmes des 10 p. 100 sont la responsabilité du système. Alors, ils donnent 4 p. 100 de la pension à la personne. Elle se retrouve chez elle, avec 4 p. 100 de la pension. Maintenant, avec la charte de 2006, ils accordent aussi un petit montant en argent. En fait, 4 p. 100 de la pension équivaut à peu près à 10 000 $. Merci beaucoup, bonsoir, ils viennent de se débarrasser de vous.
Le vétéran va donc se retrouver avec d'autres itinérants à la Maison du Père et à d'autres endroits du Canada où il y a des soupes populaires. Cela m'apparaît inacceptable et c'est ce que je suis venu vous dire aujourd'hui. C'est le problème de 99,9 p. 100 des vétérans qui demandent présentement une pension ou qui font une demande d'indemnité à Anciens Combattants Canada.
Ai-je encore du temps?
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Dans mon cas, que j'utiliserai comme exemple, j'ai essayé à deux reprises. Je ne me suis pas rendu à l'hôpital. Je considérais que si je me jetais devant une voiture, il s'agirait d'un accident, ma famille aurait l'argent et je ne serais plus un fardeau pour elle. J'ai manqué mon coup... deux fois. J'ai tenté de me suicider parce que ma famille vivrait après... Veuillez m'excuser. Ce n'est pas un sujet dont je parle.
Au moins, maintenant, je peux appeler un psychologue civil ou mes amis d'UN-NATO avant de poser un geste stupide. Nous nous rencontrons chaque semaine pour atténuer la pression... Je suis désolé. Le problème, c'est que le SSPT nous empêche de maîtriser nos émotions.
L'un des gros problèmes, c'est que l'on vit un enfer quotidien, parce que l'on retourne là où nos amis sont... Pardonnez-moi... Certains jours, je suis plus solide. Ce n'est pas une de mes bonnes journées. Un mauvais souvenir a refait surface la nuit dernière. Veuillez m'excuser. Voilà ce que c'est que de vivre avec le syndrome du stress post-traumatique. Habituellement, je suis un clown, comme toujours. Mais aujourd'hui, il m'est difficile d'en être un, car mes souvenirs me hantent.
Vous savez, l'un des problèmes, c'est que pendant un instant, on a eu le choix. On pleure et on s'écroule quand un ami perd la vie, ou on fait un homme de soi, on agit conformément à son entraînement et on bloque ses émotions. Par après, on peut voir des gens mourir avec indifférence. Mais 26 ans plus tard, après la mort de mon ami, mes souvenirs ont refait surface. J'ai eu deux accidents vasculaires cérébraux pour cette raison.
Et dans les faits, un grand nombre de soldats reviendront d'Afghanistan. Quand je me suis rendu là-bas en 2005, j'étais accompagné par un frère d'arme. Il a fait une demande lui aussi, car quand on prend de l'âge, on voit s'écrouler les murs que l'on a édifiés pour se protéger des souvenirs. C'est ce qui arrive aux anciens combattants actuellement.
J'ai été une tête de mule pendant 26 ans. Souffrant du syndrome de stress post-traumatique, j'étais colérique et ma famille a dû composer avec mon caractère. C'était infernal. Au moins, maintenant, je comprends certaines de mes réactions. C'était des émotions vraiment terribles. Mais quand on est aux prises avec ces sentiments, on ne s'en rend pas compte jusqu'à ce qu'on nous dise exactement ce dont on souffre — même si on n'y croit pas.
C'est un fait pur et simple. Quand on est un homme, on est fier. Quand nos amis meurent, on ne pleure pas. On n'a pas le temps de pleurer. Si on verse une larme, on fait figure de trouillard et on se fait mettre à la porte. C'était comme cela dans les années 1970. Aujourd'hui, au moins, les jeunes ont la possibilité de faire baisser la pression. Quand ils reviennent d'Afghanistan, des spécialistes les rencontrent. Dans mon temps, ce service n'existait pas. Si on consultait un psychologue, on se faisait mettre à la porte des Forces le lendemain. Aujourd'hui, au moins, l'armée prend des mesures pour réduire la pression.
Dans mon cas, c'est un peu trop tard — deux accidents vasculaires cérébraux trop tard —, mais au moins, je ne me suis pas suicidé. Trois de mes amis l'ont fait l'an dernier. Ils étaient avec moi. Ils ignorent pourquoi ils sont morts: ils sont simplement passés à l'acte. Aucune statistique ne montrera qu'ils ont agit à cause du service: ils se sont suicidés, c'est aussi simple que cela. Ils ont probablement fait comme moi. On n'en parle à personne. On essaie de le faire en espérant réussir son coup pour que la famille reçoive de l'argent par la suite.
Dans mon cas, cela n'a pas marché, Dieu merci. En me voyant, les conducteurs se disent que je suis trop massif pour une voiture et ils m'évitent.
Des voix: Oh, oh!
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Je suis content qu'on me pose cette question. J'ai rencontré Mme Tining au mois de juin. De plus, j'ai eu l'occasion de rencontrer M. Blackburn. Ce n'était pas dans des circonstances officielles, mais on a pu jaser un peu lors de la Cérémonie du crépuscule. Je lui ai dit qu'il y avait effectivement eu des changements à certains égards, surtout pour les nouveaux jeunes qui reviennent d'Afghanistan. Ces derniers reçoivent plus d'attention, et on fait un peu plus d'efforts pour les diriger. Cependant, ça ne change rien au fait qu'ils doivent passer par toutes les étapes du processus. On a beau aller chercher le jeune, l'amener dès le début et commencer à lui fournir des soins, si on l'abandonne au bout de six ou huit mois, ou si on pose un diagnostic négatif, tout ça aura été fait pour rien.
Je suggère qu'on fasse exactement ce que j'ai fait, soit créer un mouvement de frères d'armes. Il manque un maillon à la chaîne. Entre les gens de la clinique et les anciens combattants, il manque quelqu'un. Le frère d'armes n'aura pas besoin d'aller directement à la clinique. Il pourra dire que ça ne fonctionne pas, que c'est tout croche, qu'on rit de lui, qu'au fond, ces gens ne veulent rien savoir de lui, et qu'ils traînent son dossier en longueur pour qu'il abandonne, pour ne pas avoir à l'indemniser, pour ne pas avoir à lui fournir de soins, diminuant ainsi les coûts défrayés par le système.
De mon côté, j'ai créé un maillon grâce auquel les jeunes hommes peuvent venir me voir. Puisque j'ai déjà franchi toutes les étapes requises par le système, je peux mieux les accompagner. Au moins, je peux les sauver pour un, deux, trois ou quatre ans, en attendant qu'on essaie de trouver la solution à leur problème. Je suggère qu'on ajoute un maillon entre les deux paliers.
De plus, il faudrait que le travail des fonctionnaires à Charlottetown soit démystifié. On a l'impression que c'est un château en fer forgé dans lequel se trouvent des gens qu'on ne connaît pas. On se demande qui sont ces gens qui prennent ces décisions sur nous, qui avons servi notre pays dans des missions partout dans le monde. Ce sont des civils — il faut les nommer ainsi —, et je n'ai rien contre les civils. Cependant, ce sont des civils qui ne comprennent rien au système, qui nous jugent, et qui décident de notre futur, de notre maladie. Ça n'a pas de sens.
Je vous remercie beaucoup tous les deux de comparaître et d'avoir le courage de nous faire part de la situation. Pendant que je vous fais part de deux histoires, je vous demanderai de réfléchir à ce qui pourrait vous aider.
Faudrait-il que le Tribunal des anciens combattants (révision et appel) dispose du personnel médical nécessaire pour comprendre la situation quand les anciens combattants interjettent appel? Faudrait-il réduire le recourt aux employés contractuels? J'ai entendu dire qu'en Colombie-Britannique, certaines personnes ont rencontré cinq employés différents en autant de semaine parce qu'il s'agissait de contractuels. Devrait-on accorder le bénéfice du doute aux anciens combattants? Faudrait-il offrir des programmes destinés aux conjoints et aux enfants? Conviendrait-il de revoir la fréquence et la durée des consultations avec un psychologue ou un psychiatre? Je vous demanderais d'y réfléchir pendant que je vous relate les histoires suivantes.
Pour faire suite au point que vous avez soulevé, j'ai reçu dimanche un courriel fort troublant d'un ancien combattant que j'aide depuis quelques mois. J'ai dû communiquer avec la ligne d'écoute téléphonique des anciens combattants. Dans son courriel, il indiquait qu'on lui avait dit qu'il devrait attendre trois mois avant de recevoir de l'aide, et on nous informe maintenant que c'est trois semaines dans une ville, quatre semaines dans une autre. Comme M. Beaudin l'a mentionné, ces délais s'applique si on demeure dans une grande ville. Mais que se passe-t-il si on vit en région éloignée?
Cet homme, aux prises avec le syndrome de stress post-traumatique depuis dix ans, s'est fait répondre qu'il devrait attendre trois mois. J'ai appelé la ligne d'aide pour indiquer qu'il avait besoin d'aide immédiate et qu'il fallait lui offrir une consultation. Je lui ai ensuite envoyé un courriel pour lui donner le numéro de téléphone qu'il devrait composer, en précisant qu'il devrait me rappeler s'il n'obtenait pas d'aide. Hier soir, il m'a répondu: « Pourquoi a-t-il fallu votre intervention pour que j'aie de l'aide? »
Vous avez également parlé du syndrome de stress post-traumatique, des problèmes de colère et de l'incapacité qu'ont les anciens combattants d'obtenir de l'aide parce que les intervenants ne veulent pas s'occuper de la question. Il y a un autre cas dont nous occupons, et vous avez vraiment soulevé des problèmes importants.
Maintenant, peut-être pourriez-vous me dire quelles sont les cinq mesures que nous pourrions prendre pour vous faciliter la vie et ce que le gouvernement pourrait changer pour vous aider.