Chers membres du Comité, bonjour et merci de l'invitation à communiquer avec vous au sujet de la résistance aux antimicrobiens (ou RAM). Tout d'abord, laissez-moi commencer par un bref résumé de la question.
La RAM est à l'heure actuelle l'une des plus importantes menaces pour la santé auxquelles le monde est confronté. Il s'agit d'un enjeu complexe qui a des effets sur la santé, le commerce, l'agriculture et l'environnement.
La résistance aux antimicrobiens se caractérise par une baisse de l'efficacité des médicaments antimicrobiens, comme les antibiotiques, pour le traitement d'une infection. La résistance peut se produire naturellement, et toute utilisation antimicrobienne peut potentiellement favoriser la RAM, mais I'utilisation inappropriée d'antimicrobiens dans les soins de santé, l'assainissement, la santé animale et la production alimentaire augmente son émergence et sa propagation.
Les infections résistantes sont plus difficiles à traiter, et elles peuvent se solder par des maladies de longue durée, une augmentation des coûts de soins de santé et la mort. L'Organisation de coopération et de développement économiques estime que jusqu'à 50 % des infections humaines au sein des pays du G7 peuvent résister aux antibiotiques couramment utilisés.
Si de vastes éclosions de bactéries pharmacorésistantes surviennent, les greffes d'organes, les traitements de chimiothérapie contre le cancer et les opérations majeures, comme les accouchements par césarienne, pourraient devenir si risqués que leur disponibilité même pourrait être compromise.
[Français]
Pour donner une idée de l'échelle de cette menace, dans le cadre de son examen de la résistance aux antimicrobiens, ou RAM, pour le Royaume-Uni, Lord Jim O'Neill estime que d'ici 2050 le nombre annuel de décès imputables à la résistance aux antimicrobiens chez les humains pourrait atteindre 10 millions dans le monde entier, dépassant ainsi le nombre de décès causés par le diabète et le cancer combinés.
Dans son rapport de mai 2017, la Banque mondiale prévoit que, si aucune mesure n'est prise, le PIB mondial pourrait reculer de 1,1 % à 3,8 % par année d'ici 2050, ce qui représente un déficit de 2 à 6,1 mille milliards de dollars américains.
Les coûts de l'inaction sont énormes, mais la lutte contre les menaces de la RAM est extrêmement complexe, étant donné que les antimicrobiens sont utilisés dans de nombreux secteurs. Pour progresser de manière efficace, il faut utiliser une approche intégrée dans la coordination des efforts à l'égard de la santé humaine, de la santé animale et de l'agroalimentaire, entre autres, dans le but de prévenir et de contrôler la RAM.
[Traduction]
Depuis de nombreuses années, des organismes des secteurs public et privé travaillent pour lutter contre la RAM à l'échelle du Canada. Leurs actions, toutefois, ne sont pas survenues de façon coordonnée ou de manière stratégique. La première étape vers une approche cohérente à l'égard de la RAM au Canada a été la diffusion en 2014 du cadre fédéral sur la résistance aux antimicrobiens et leur utilisation. Ce cadre décrit une approche intégrée à l'égard de la RAM pour les principaux ministères et organismes fédéraux en vertu de trois piliers: la surveillance, l'intendance des antimicrobiens et l'innovation.
En mars 2015, le Plan d'action fédéral a suivi, s'appuyant sur le cadre de 2014 en décrivant les activités que les ministères et organismes fédéraux se sont engagés a entreprendre pour chacun des piliers. Nous comptons d'importantes réalisations dans le cadre du Plan d'action, et nos efforts ont été coordonnés et intégrés. Mes collègues des lnstituts de recherche en santé du Canada, de Santé Canada et de I'Agence canadienne d'inspection des aliments, qui sont avec moi ici aujourd'hui, vous présenteront leurs travaux en cours et comment nous travaillons tous ensemble pour répondre à cet enjeu complexe.
Aujourd'hui, je vais vous présenter certaines des réalisations de I'Agence de la santé publique du Canada, et je vais inviter mes collègues, ici présents aujourd'hui, à parler de leurs efforts respectifs.
Plusieurs des engagements découlant du Plan d'action fédéral portaient sur la mise en place d'un robuste système intégré de surveillance de la résistance aux antimicrobiens. Le Système canadien de surveillance de la résistance aux antimicrobiens, aussi connu sous le sigle SCSRA, compile et synthétise les données provenant des systèmes de surveillance de I'Agence de la santé publique du Canada afin de dresser le tableau de l'approche intégrée en matière de RAM et d'utilisation des antimicrobiens (UAM) au Canada. Depuis la création du SCSRA, ses deux rapports annuels ont permis de mieux comprendre la situation en matière de RAM et d'UAM au Canada.
Grâce à notre travail avec nos partenaires, nous comprenons bien les lacunes en matière d'information qui doivent être corrigées. L'une des principales lacunes est le manque de données sur la santé humaine dans le milieu communautaire. Nous avons pris des mesures afin d'évaluer la faisabilité de la collecte d'information de meilleure qualité et en plus grande quantité des milieux communautaires afin que nous puissions parler de I'ensemble de la situation de la RAM et de l'UAM en santé humaine.
[Français]
L'Agence de la santé publique du Canada continue de participer à des activités d'éducation et de sensibilisation afin d'améliorer les connaissances et la sensibilisation à la RAM au sein des familles canadiennes et de renforcer les messages sur l'importance des mesures personnelles de prévention et de contrôle des infections, notamment le lavage des mains.
Nous nous efforçons également de faire comprendre pourquoi les antibiotiques sont prescrits et pourquoi ils ne sont pas toujours nécessaires, comme dans le cas d'infections virales, par exemple, ce qui contribue de façon importante à l'évolution de la résistance aux antimicrobiens.
Nous travaillons avec nos partenaires pour fournir aux médecins prescripteurs et aux pharmaciens des outils pour les aider à discuter avec les patients de l'utilisation appropriée des antimicrobiens. Nous soutenons aussi les activités d'évaluation visant à mesurer les répercussions des initiatives et à échanger relativement aux pratiques exemplaires.
La recherche et le développement liés à la RAM est une priorité mondiale et nous continuons d'évaluer de quelle façon le Canada pourrait mieux soutenir les nombreuses initiatives en cours.
Au Canada, l'Agence de la santé publique du Canada a travaillé en collaboration avec nos partenaires fédéraux afin d'élaborer une liste de priorités en matière de recherche de vaccins, et nous faisons également partie du projet dans le cadre de l'Initiative de recherche et développement en génomique lancé pour mieux comprendre les activités qui sont déterminantes pour le développement de la RAM ainsi que les voies d'exposition critiques par lesquelles les bactéries résistantes atteignent les humains.
[Traduction]
Bien que le Cadre et le Plan d'action fédéraux soient une étape importante vers la réponse du Canada à la RAM, nous reconnaissons que le gouvernement fédéral ne peut pas lutter seul contre la menace de la RAM; de nombreux autres intervenants doivent faire partie de la solution. Pour assurer une transition vers une action coordonnée et uniforme à l'échelle du pays, et pour répondre à ses engagements internationaux, le Canada exige une véritable approche pancanadienne.
Cette approche est actuellement en cours d'élaboration par les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux, ainsi que par des organisations non gouvernementales, des organisations de professionnels de la santé, des établissements universitaires, l'industrie et des experts des secteurs de la santé humaine et animale. Compte tenu des multiples intervenants et secteurs à mobiliser, une structure de gouvernance propre à la RAM réunissant des représentants des gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux ainsi que les principaux intervenants des communautés médicales et vétérinaires, de l'industrie et du milieu universitaire a été établie pour assurer la direction et I'élaboration du Cadre pancanadien.
Le cadre, qui en est a l'étape finale de son élaboration, est soutenu par les quatre composantes essentielles suivantes: la surveillance, la prévention et le contrôle des infections, l'intendance des antimicrobiens, la recherche et l'innovation. Ce document stratégique général décrit les objectifs, les possibilités d'action et les résultats afin d'orienter les mesures collectives dans chacun de ces secteurs, de manière à préparer le terrain pour le plan d'action pancanadien, qui sera élaboré à la suite de la publication du cadre.
L' élaboration du cadre a nécessité une collaboration multisectorielle sans précédent. Les intervenants se sont montrés très intéressés à venir à la table pour discuter de questions intersectorielles. À l'avenir, il sera essentiel d'entretenir cette dynamique et d'établir des mesures concrètes, des résultats quantifiables et des délais au moyen du plan d'action pour détailler notre approche pancanadienne et collaborative de lutte à la RAM.
Le Canada est reconnu par ses partenaires internationaux pour son approche inclusive multisectorielle « Une seule santé » de la RAM, qui comprend les secteurs de la santé humaine, de la santé animale et de l'agriculture, ainsi que pour la valeur qu'il accorde à la collaboration entre les intervenants sur tout un éventail d'intérêts des secteurs public et privé. Les structures de gouvernance multisectorielles et intergouvernementales que nous avons établies sont saluées par nos pairs à l'échelle internationale comme un bel exemple de l'approche « Une seule santé » en action. En gage de notre engagement à susciter un effort international afin de combattre la RAM, le Canada a annoncé, en novembre 2016, un financement de 9 millions de dollars pour appuyer la mise en oeuvre du plan d'action mondial sur la RAM de l'Organisation mondiale de la santé.
Plus récemment, en 2017, le Canada a appuyé financièrement la participation de l'Organisation mondiale de la santé animale au groupe des Nations unies responsable de la coordination interinstitution en ce qui a trait à la RAM, favorisant une fois de plus l'approche « Une seule santé » à l'échelle mondiale.
Le mois dernier, lors de I'Assemblée mondiale de la santé, la ministre s'est jointe à I'Alliance of Champions, un groupe de ministres de la santé déterminé à accroître la sensibilisation, l'engagement et le leadership en matière de RAM parmi les chefs de file nationaux et mondiaux et à renforcer la dynamique d'action politique de haut niveau à cet effet.
[Français]
En septembre 2017, le Canada assumera un nouveau rôle de leadership en présidant les mesures de lutte contre la RAM du Programme d'action pour la sécurité sanitaire mondiale. En tant que président, le Canada travaillera avec d'autres pays principaux pour appuyer la mise en oeuvre du plan d'action mondial de l'Organisation mondiale de la santé, ou OMS, sur la RAM et en accélérer les progrès. Cela sera accompli en étroite collaboration avec l'OMS, l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture ainsi que l'Organisation mondiale de la santé animale.
Le Canada continuera de promouvoir l'inclusion de la RAM dans les discussions de haut niveau avec les Nations unies et d'autres instances internationales, tout en reconnaissant que les mesures prises en temps opportun pour lutter contre la RAM permettront de maintenir les progrès réalisés en matière de santé à l'échelle mondiale au cours des dernières décennies et de soutenir l'atteinte des objectifs de développement durable de 2030.
[Traduction]
Nous avons avancé à pas de géant, mais nous avons encore beaucoup à faire. Nous continuerons de préciser la contribution fédérale à la fois au plan d'action pancanadien et aux efforts mondiaux visant à lutter contre la RAM, afin de protéger les Canadiens et la population mondiale contre cette menace importante.
Je vous remercie de m'avoir invité aujourd'hui. Si vous avez des questions, j'y répondrai avec plaisir.
:
Merci, monsieur le président.
J'aimerais remercier le Comité de m'avoir invité à vous parler du soutien qu'apporte le gouvernement du Canada au cadre fédéral sur la résistance aux antimicrobiens, ou RAM.
[Traduction]
Comme vous le savez, les Instituts de recherche en santé du Canada, ou IRSC, sont l'organisme de financement de la recherche en santé du gouvernement du Canada. Ils ont pour mandat d'appuyer la création de nouvelles connaissances et leur application en vue d'offrir de meilleurs produits et services de santé et de renforcer le système de santé au Canada.
L'Institut des maladies infectieuses et immunitaires (IMII), qui fait partie des IRSC et dont je suis le directeur scientifique, appuie la recherche dans le domaine de la résistance aux antimicrobiens. Outre mon travail aux IRSC, je suis chercheur à l'Université Laval, et je m'intéresse principalement à ce sujet. Depuis 2003, j'ai l'honneur de détenir une chaire de recherche du Canada dans ce domaine.
De 2011 à 2016, les IRSC ont investi plus de 96 millions de dollars dans la recherche sur la résistance aux antimicrobiens, dont plus de 20 millions au cours du dernier exercice. Ces investissements ont servi à financer des travaux de calibre mondial sur les nouveaux antibiotiques et les autres traitements, les méthodes diagnostiques nouvelles ou améliorées, les stratégies d'antibiogouvernance en matière d'antimicrobiens, la surveillance des organismes résistants et les moyens pour mieux prévenir et maîtriser les infections.
J'aimerais vous donner un exemple concret qui illustre à merveille l'importance de la recherche dans la lutte contre ce fléau mondial. Le Dr Andrew Morris, médecin et chercheur à l'Hôpital Mount Sinai, à Toronto, et pour le Réseau universitaire de santé, a créé un programme d'antibiogouvernance en matière d'antimicrobiens qui vise à réduire la surprescription d'antibiotiques aux patients aux soins intensifs. Résultat: la prescription d'antibiotiques a diminué de 33 %, ce qui a amélioré la santé des patients et réduit l'incidence des infections résistantes aux antimicrobiens. Le programme a si bien fonctionné qu'Agrément Canada est en train de l'adopter comme une référence dans le domaine des soins. Les IRSC sont fiers de soutenir la recherche qui favorisera le déploiement du programme dans d'autres hôpitaux.
[Français]
Comme mon collègue le Dr Njoo vient de le mentionner, les Instituts de recherche en santé du Canada, ou IRSC, sont des acteurs importants de la mise en oeuvre du cadre du gouvernement du Canada intitulé « Résistance et recours aux antimicrobiens au Canada : un cadre d'action fédéral ». Le cadre touche à trois domaines stratégiques, soit la surveillance, l'antibiogouvernance et l'innovation. Les IRSC participent à l'aspect recherche pour la surveillance et l'antibiogouvernance, mais notre rôle principal consiste à diriger et à soutenir l'innovation.
En mars 2015, après la mise en place du cadre, est né le Plan d'action fédéral sur la résistance et le recours aux antimicrobiens au Canada. Par leurs multiples investissements stratégiques, les IRSC ont déjà contribué aux trois axes du Plan.
Le budget de 2015 a attribué 1,8 million de dollars par année aux IRSC « afin de soutenir un plus grand nombre de recherches visant à mieux comprendre et à résoudre les difficultés en matière de santé que posent les infections résistantes aux antimicrobiens ». C'est grâce à ce financement continu que les Instituts peuvent financer l'élaboration de nouveaux outils de diagnostic au point d'intervention. L'honorable a annoncé il y a quelques semaines la première phase de ce financement, qui prévoit le soutien de cinq équipes par une contribution de 1,39 million de dollars des IRSC.
Les équipes financées, qui collaborent avec des partenaires de l'industrie, concevront des tests qui pourront diagnostiquer la résistance aux antimicrobiens avec rapidité et exactitude au point d'intervention. Ce financement vise donc à créer des outils diagnostiques viables sur le plan commercial qui pourraient être mis à l'échelle et, au moment opportun, commercialisés et adoptés.
Les IRSC collaborent aussi avec leurs homologues d'autres pays afin de régler le problème de la résistance aux antimicrobiens à l'échelle mondiale. Nous participons notamment à l'initiative de programmation conjointe sur la résistance aux antimicrobiens, dont le sigle anglais est JPIAMR, soit la Joint Programming Initiative on Antimicrobial Resistance.
Nous travaillons donc avec plus de 20 pays partenaires à combler les lacunes dans les connaissances sur la résistance aux antimicrobiens à l'aide de l'approche « Une seule santé ». Cette collaboration assure la coordination des investissements nationaux et internationaux dans les activités mondiales de recherche concertée.
[Traduction]
Actuellement, les IRSC constituent l'un des plus importants bailleurs de fonds de cet effort collectif massif, qui a reçu jusqu'à maintenant un financement de 6,7 millions de dollars, et 3 millions en promesses d'investissements. Notre participation à ce programme permet aux chercheurs canadiens d'établir des partenariats avec des chercheurs d'autres pays, d'aborder des questions cruciales liées à ce défi qu'est la résistance aux antimicrobiens et de mettre au point des solutions pertinentes.
Bien que le principal rôle des IRSC soit de financer la recherche, l'organisme agit aussi à titre de rassembleur pour améliorer la coordination du travail et guider les activités de recherche. Par exemple, en novembre 2016, les IRSC ont coorganisé un forum sur l'intendance en matière d'antimicrobiens, qui a eu lieu durant la Semaine mondiale pour un bon usage des antibiotiques. Plus de 80 personnes de divers secteurs et disciplines s'y sont rassemblées pour parler de l'utilisation responsable des antibiotiques en milieu clinique. L'événement a mené à la formulation de cinq recommandations centrées sur l'innovation et la mobilisation des connaissances, que les IRSC suivront pour distribuer leur financement relatif à l'intendance en matière d'antimicrobiens.
J'aimerais aussi souligner que le Canada a assurément formé certains des plus grands experts de la résistance aux antimicrobiens, sans oublier le développement d'un grand nombre de carrefours d'excellence dans nos universités.
Je pense entre autres à la Dre Natalie Strynadka, de l'Université de la Colombie-Britannique, qui utilise toute une gamme de techniques d'imagerie afin de définir la structure moléculaire des « superbactéries ». Son équipe est à la recherche de nouvelles cibles dans le but de créer des antibiotiques qui pourraient traverser la paroi cellulaire de la bactérie et aussi résister à ses moyens d'élimination.
Je pense aussi à des recherches similaires menées a l'Université McMaster par le Dr Gerry Wright, qui cherche à découvrir des stratégies de lutte contre les microbes et à comprendre les sources de la résistance aux antimicrobiens.
[Français]
Voici un autre exemple. À l'Université de la Colombie-Britannique, le Dr Robert Hancock s'efforce de concevoir de nouvelles stratégies thérapeutiques pour freiner la menace de la résistance aux antimicrobiens. Le Dr Hancock a montré qu'il savait utiliser ses innovations en laboratoire pour démarrer des entreprises. Il a effectivement cofondé le Centre pour la recherche et le développement des médicaments, ainsi que quatre sociétés dérivées, dont Sepset Biosciences Inc., en septembre 2016. Cette entreprise a conçu un test sanguin qui peut rapidement diagnostiquer une septicémie, un type d'infection causant chaque année l'hospitalisation de plus de 30 000 Canadiens.
J'espère vous avoir bien expliqué comment les IRSC soutiennent le cadre fédéral sur la résistance aux antimicrobiens par son financement stratégique du milieu de recherche et sa capacité à rassembler l'expertise des quatre coins du pays et de l'étranger. Les nouvelles orientations de recherche que je viens de décrire couvrent la plus grande partie du cadre.
En conclusion, monsieur le président, soyez assuré que les IRSC continueront de développer la capacité de recherche sur la résistance aux antimicrobiens au pays et de promouvoir la collaboration internationale en recherche afin de limiter les effets de ce fléau sur la santé des Canadiens et de la population mondiale, et de veiller à ce que nous ayons les moyens de faire face à cette menace grandissante.
[Traduction]
Merci de votre attention. C'est avec plaisir que je répondrai à vos questions.
:
Je tiens à remercier le Comité d'avoir invité Santé Canada à discuter de la question de la résistance aux antimicrobiens (ou RAM), et particulièrement des efforts que nous déployons pour la mise en oeuvre du Cadre d'action fédéral et du plan d'action pour la lutte contre la RAM.
Merci au Dr Njoo pour l'aperçu qu'il a présenté de cette stratégie dans la première présentation.
Je suis heureuse d'être ici aujourd'hui pour discuter de cet enjeu mondial de santé publique et pour vous présenter les mesures que nous prenons pour nous y attaquer de la perspective des médicaments à usage vétérinaire aussi bien que des médicaments à usage humain. Les activités dont je vais parler aujourd'hui sont des mesures concrètes importantes et tangibles qui relèvent des piliers de l'intendance, de la surveillance et de l'innovation dont il a été question dans la présentation précédente.
Je vais commencer par souligner le rôle important que joue Santé Canada lorsqu'il s'agit d'assurer la protection de la santé des personnes et de la santé des animaux, ainsi que la sécurité du système canadien d'approvisionnement en aliments.
Par l'entremise de la Direction des médicaments vétérinaires et de la Direction des produits thérapeutiques, nous examinons et autorisons tous les nouveaux médicaments antimicrobiens à usage vétérinaire et à usage humain. Nous surveillons la sûreté des produits commercialisés et nous exigeons des sociétés de mettre à jour l'étiquetage des produits en fonction des nouveaux renseignements mis au jour, y compris les nouveaux renseignements concernant la RAM.
Il est important de se souvenir que c'est Santé Canada qui autorise la mise en marché des médicaments, mais que leur utilisation est réglementée par les provinces et les territoires dans le cadre de la réglementation de la pratique de la médecine. Il y a aussi des règles provinciales et territoriales en ce qui concerne la distribution des médicaments.
Comme le Dr Njoo vient d'en parler, l'utilisation impropre d'antimicrobiens et leur surutilisation chez les êtres humains, les animaux et les végétaux est à l'origine de l'apparition et de la propagation de la RAM. L'objectif de Santé Canada est de promouvoir l'utilisation responsable des antimicrobiens pour réduire l'apparition et la propagation de bactéries résistantes et contribuer à préserver la disponibilité d'antimicrobiens efficaces pour les générations futures.
Je vais vous parler maintenant de nos efforts pour lutter contre la RAM dans le contexte animalier, car c'est une de mes principales responsabilités à la Direction des médicaments vétérinaires; de plus, au Canada, on estime que 70 % de tous les antimicrobiens importants sur le plan médical, c'est-à-dire ceux qui ont des répercussions sur la médecine humaine, sont vendus pour les animaux destinés à l'alimentation.
Nous avons accompli des progrès significatifs dans l'établissement d'une démarche fondée sur des données probantes pour évaluer le risque de résistance aux antimicrobiens dont la vente est autorisée au Canada. Depuis 2004, nous avons adopté les mesures suivantes: nous avons mis en place des exigences spécifiques pour l'évaluation des nouveaux médicaments antimicrobiens à usage vétérinaire afin de déterminer les risques de résistance aux antimicrobiens qu'ils présentent s'ils sont utilisés chez les animaux destinés à l'alimentation.
Nous avons établi quatre catégories pour classer les antimicrobiens selon leur importance en médecine humaine. Les antimicrobiens de catégorie I sont de très haute importance en médecine humaine, ceux de catégorie II sont de haute importance et ceux de catégorie III, d'importance moyenne en médecine humaine. Cette catégorisation nous aide à mieux gérer les risques. Par exemple, tous les antimicrobiens de catégorie I viennent avec des mises en garde spécifiques contre leur utilisation en dérogation des directives de l'étiquette.
Les données de surveillance du programme de surveillance de la résistance aux antimicrobiens de l'Agence de la santé publique du Canada soutiennent la Direction des médicaments vétérinaires dans son évaluation de l'innocuité avant et après la mise en marché de médicaments antimicrobiens à usage vétérinaire.
Pour encourager la prudence dans l'utilisation des antimicrobiens destinés aux animaux, la Direction des médicaments vétérinaires travaille en collaboration avec toutes les parties prenantes, comme les autorités provinciales et territoriales, les vétérinaires, l'industrie et les producteurs d'animaux destinés à l'alimentation.
De plus, nous accomplissons des progrès significatifs sur d'importants changements en matière de réglementation et d'autres en matière de politique pour renforcer la surveillance de l'utilisation des antimicrobiens destinés aux animaux et en promouvoir l'utilisation responsable.
La version finale exécutoire des modifications apportées au Règlement sur les aliments et drogues a été publiée dans la partie II de la Gazette du Canada le 17 mai 2017. Ces changements s'articulent autour de quatre mesures phares.
Premièrement, nous renforçons la surveillance de l'importation personnelle de médicaments vétérinaires non approuvés pour les animaux destinés à l'alimentation. Cela signifie qu'à partir de maintenant, seuls les médicaments dont Santé Canada a déterminé qu'ils ne posent pas de risque pour la santé publique ou la sécurité des aliments peuvent être importés — et en quantités limitées seulement. Par exemple, nos critères d'admissibilité n'autorisent pas l'importation personnelle de médicaments sur ordonnance ou d'antimicrobiens importants sur le plan médical.
Deuxièmement, nous renforçons la surveillance de I'importation et de la qualité des ingrédients pharmaceutiques actifs destinés à un usage vétérinaire en exigeant le respect de bonnes pratiques de fabrication et des règles régissant les licences d'établissement pour mener ces activités.
Troisièmement, nous exigeons des fabricants et des importateurs qu'ils déclarent leurs ventes annuelles d'antimicrobiens à usage vétérinaire importants sur le plan médical, à l'appui de notre programme de surveillance. Cette information nous aidera à déterminer avec plus de précision le volume d'antimicrobiens disponibles pour un usage vétérinaire au Canada et à faciliter l'analyse des variations et des tendances de la résistance aux antimicrobiens.
Quatrièmement, nous mettons en place un mécanisme de rechange moins lourd pour les entreprises qui importent et qui vendent des produits de santé vétérinaire présentant de faibles risques (comme les vitamines, les minéraux et les produits botaniques) à titre d'outils supplémentaires pour la gestion de la santé. Nous savons que de promouvoir la santé et le bien-être des animaux peut contribuer à réduire la nécessité de recourir aux antimicrobiens plus tard.
Ces changements à la réglementation entreront en vigueur de façon progressive à partir de novembre 2017 et nous continuons à travailler avec les parties prenantes pour aider à préparer tout le monde afin que la mise en oeuvre se fasse sans heurts.
En complément de ces changements réglementaires, nous travaillons aussi avec les parties prenantes et les autorités provinciales et territoriales pour opérer d'importants changements dans les politiques afin de promouvoir l'utilisation responsable des antimicrobiens destinés aux animaux. Il s'agit notamment de deux mesures clés.
Premièrement, nous proposons que tous les antimicrobiens importants sur le plan médical soient dorénavant classés dans la catégorie des médicaments d'ordonnance et non plus en vente libre. Cela signifie que toute personne voulant acheter de tels médicaments devra avoir une ordonnance d'un vétérinaire.
Les vétérinaires qui prescrivent des médicaments sur ordonnance aux animaux qu'ils soignent ont la formation scientifique et clinique nécessaire pour évaluer l'état de santé des animaux, diagnostiquer les maladies dont ils souffrent, déterminer si un traitement antimicrobien s'impose et décider du traitement le plus approprié. Par conséquent, faire participer les vétérinaires aux décisions concernant les traitements antimicrobiens est un élément important du renforcement de l'intendance des antimicrobiens. C'est une pratique exemplaire reconnue internationalement. Depuis 2004, les nouveaux antimicrobiens importants sur le plan médical approuvés par Santé Canada doivent être vendus sur ordonnance, de sorte qu'avec cette proposition, nous exercerons le même degré de surveillance sur les autres antimicrobiens importants sur le plan médical qui ont été approuvés avant, dont certains il y a des décennies.
Deuxièmement, nous allons retirer les allégations relatives à la croissance sur les étiquettes des antimicrobiens importants sur le plan médical. Ceci est en conformité avec les pratiques internationales exemplaires ou les principes selon lesquels ces médicaments importants ne devraient pas être utilisés pour promouvoir la croissance chez les animaux et devraient être réservés pour traiter ou prévenir les maladies.
Ces deux mesures entreront en vigueur en même temps, car chacune nécessitera des changements dans l'étiquetage des médicaments. Par exemple, les entreprises qui devront ajouter la mention « Pr » sur les étiquettes pour indiquer qu'il s'agit d'un médicament sur ordonnance et en retirer les allégations relatives à la croissance pourront le faire en même temps.
Nous proposons de mettre ces changements en oeuvre entre maintenant et 2018, de sorte que, par exemple, les provinces et territoires qui surveillent la distribution et la fourniture de ces médicaments auront suffisamment de temps pour apporter tout changement qui s'impose. De plus, les utilisateurs finaux, comme les éleveurs, seront ainsi sensibilisés et préparés. Ces changements nécessitent des consultations et une collaboration exhaustives, et les progrès à ce chapitre vont bon train.
Les mesures d'ordre réglementaire et les changements dans les politiques sont des éléments importants du plan d'action fédéral sur la résistance aux antimicrobiens et sont le fruit de nombreuses années de collaboration avec des parties prenantes et des experts au Canada. Nous avons tous un rôle à jouer. L'utilisation prudente des médicaments antimicrobiens destinés aux animaux est une responsabilité partagée des gouvernements, de l'industrie, des vétérinaires et du secteur de l'agriculture. Nous continuons de collaborer avec toutes les parties prenantes pour veiller à la mise en oeuvre efficace et harmonieuse des mesures dont je viens de vous parler.
Passons maintenant aux antimicrobiens dans le contexte des médicaments à usage humain. Je vais vous parler des progrès que nous avons accomplis dans ce dossier. En matière d'intendance, des travaux ont été amorcés en 2015 et devraient se terminer d'ici la fin de 2018 avec la publication d'énoncés normalisés pour l'intendance des antimicrobiens pour tous les antimicrobiens présents sur le marché, afin d'inciter à la prudence dans la prescription et I'utilisation de ces médicaments.
Plus particulièrement, nous ajoutons du texte pour rappeler aux médecins de vérifier la possibilité d'une infection bactérienne avant de prescrire un antibiotique. De plus, nous ajoutons du texte au feuillet de renseignements pour les patients sur les médicaments pour les informer qu'ils doivent prendre leurs antibiotiques exactement selon les consignes de leur médecin et qu'ils ne doivent pas partager leur médicament.
Compte tenu du grand nombre d'antibiotiques sur le marché, les avis d'utilisation prudente seront ajoutés progressivement, en commençant par les antibiotiques les plus fréquemment prescrits pour les adultes et les enfants ainsi que par ceux de dernier recours. Viendront ensuite les antibiotiques importants pour le traitement de pathogènes résistants dans la collectivité et finalement tous les autres antibiotiques.
Outre les changements en matière d'étiquetage, nous travaillons avec l'Agence de la santé publique du Canada à produire du matériel de sensibilisation et d'éducation au sujet de l'utilisation responsable des antimicrobiens et à déterminer les meilleures façons de rejoindre les médecins et les patients.
En conclusion, Santé Canada continue de prendre des mesures concrètes pour contrer les risques de RAM découlant de l'usage des médicaments antimicrobiens selon l'approche « Une santé ». Notre but principal est de nous assurer que des antimicrobiens sûrs et efficaces restent disponibles sur le marché pour le traitement des infections pour les générations à venir.
Le ministère est déterminé à collaborer de façon continue avec ses partenaires et les parties prenantes pour limiter et contrôler l’apparition et la propagation de la résistance aux antimicrobiens et pour protéger systématiquement la santé des Canadiens et la sécurité de l'approvisionnement alimentaire.
Je vous remercie de votre attention, et je serai ravi de répondre à toutes vos questions.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Bonjour à tous.
[Français]
D'abord, j'aimerais vous remercier de me donner l'occasion de participer à cette étude.
Je souhaite expliquer ce que fait l'Agence canadienne d'inspection des aliments, ou ACIA, pour appuyer le Plan d'action fédéral sur la résistance et le recours aux antimicrobiens au Canada : Prolongement du cadre d'action fédéral.
L'ACIA est un organisme de réglementation à vocation scientifique qui veille à la protection des végétaux, à la santé des animaux et à la salubrité des aliments.
L'Agence relève du ministre de la Santé. Sa principale priorité est la santé et la sécurité des Canadiens.
L'ACIA appuie également le ministre de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire.
[Traduction]
Nous remercions le Comité d'avoir invité l'ACIA à venir parler de cet important sujet. La résistance aux antimicrobiens, ou RAM, est un problème complexe qui affecte la santé, l'agriculture, le commerce et l'environnement, comme l'ont déjà mentionné nos partenaires de portefeuille.
La communauté internationale reconnaît la nécessité d'une grande collaboration entre les pays et leurs partenaires industriels pour faire face au problème de santé publique croissant que constitue la RAM. Le Canada s'est engagé à collaborer avec d'autres pays du G7 et du G20 pour soutenir le Plan d'action mondial de l'OMS sur la RAM, qui a été adopté à l'Assemblée mondiale de la santé en mai 2015.
Comme vous l'avez entendu, l'ACIA et d'autres ministères et organismes fédéraux ont élaboré le Cadre fédéral en 2014 et le Plan d'action fédéral en 2015 afin de mener des actions fédérales coordonnées pour lutter contre la RAM. L'ACIA possède l'avantage unique d'entretenir des relations de travail collaboratives et bien établies avec les intervenants agroalimentaires, y compris les producteurs, les agriculteurs, les exploitants de provenderie, les transformateurs, les associations de vétérinaires et nos collègues des provinces et des territoires.
Nous profitons activement de ces relations pour mettre en oeuvre les mesures préconisées dans le Plan d'action fédéral. L'ACIA travaille avec ses partenaires fédéraux, provinciaux et territoriaux en santé humaine et animale, ainsi qu'avec l'industrie et les universités, afin d'élaborer le Cadre pancanadien, et elle planifie l'élaboration du Plan d'action pancanadien pour mieux intégrer les mesures partout au pays.
J'aimerais en particulier parler de la façon dont l'ACIA soutient les quatre piliers qui ont déjà été mentionnés, soit la surveillance, la gestion, la prévention et le contrôle des infections, et la recherche et l’innovation.
Permettez-moi de parler d'abord de la surveillance. L'ACIA soutient le suivi des niveaux de résistance aux antimicrobiens au Canada en contribuant au Système canadien de surveillance de la résistance aux antimicrobiens, le SCSRA. Pour ce faire, l'ACIA collabore à un programme spécialisé appelé le Programme intégré canadien de surveillance de la résistance aux antimicrobiens, ou PICRA, qui est dirigé par nos collègues de l'ASPC.
Néanmoins, les professionnels de la santé sont les véritables gestionnaires de l'utilisation d'antibiotiques, car ce sont eux qui, en première ligne, peuvent veiller à ce que ces agents soient utilisés avec prudence. Cela vaut aussi pour la santé animale. Pour cette raison, la communauté vétérinaire est un participant clé à la lutte contre la propagation de la RAM tout en préservant la santé animale.
Pour améliorer la surveillance de l'utilisation d'antimicrobiens dans les milieux agricoles, l'ACIA, Agriculture et Agroalimentaire Canada et d'autres ministères du secteur de la Santé travaillent en étroite collaboration avec les éleveurs et les vétérinaires. Pour ce faire, l'ACIA collabore à des ateliers organisés par l'Association canadienne de médecine vétérinaire et le Système canadien de surveillance de la santé animale. Ces ateliers servent à tracer clairement la voie à suivre et à favoriser une approche coordonnée avec les différents secteurs.
Permettez-moi maintenant de parler de la gestion, ainsi que de la prévention et du contrôle des infections. L'ACIA soutient les efforts déployés par l'Association canadienne de médecine vétérinaire pour améliorer la gestion des antimicrobiens. L'Agence a contribué au développement de la Surveillance vétérinaire de l'utilisation des antimicrobiens - Un cadre de travail pancanadien pour des normes professionnelles régissant les médecins vétérinaires et contribue à la révision des Lignes directrices sur l'administration judicieuse des antimicrobiens aux animaux.
En tant qu'organisme de réglementation scientifique, l'ACIA applique des dispositions réglementaires qui comportent l'utilisation judicieuse d'antimicrobiens dans l'alimentation pour animaux afin de soutenir davantage la gestion des antimicrobiens. Notre rôle consiste à vérifier que le Recueil des notices sur les substances médicatrices est suivi et que tout aliment pour animaux prescrit par un vétérinaire est conforme au Règlement sur les aliments et drogues. Comme je l'ai dit plus tôt, les vétérinaires sont en première ligne dans la protection de la santé animale et la promotion de l'utilisation prudente des antimicrobiens, et nous travaillons en étroite collaboration avec les éleveurs et les vétérinaires.
Enfin, permettez-moi de parler de recherche et d'innovation. Le suivi de l'émergence de nouveaux microbes qui peuvent résister aux antibiotiques nécessite une recherche et un développement novateurs, comme l'a souligné notre collègue Marc Ouellette. En fait, le Plan d'action fédéral s'engage à promouvoir l'innovation en finançant la recherche collaborative. Les laboratoires de l'ACIA ont répondu à l'appel. En collaboration avec d'autres partenaires, nous développons de nouvelles techniques et méthodes pour améliorer la surveillance de la résistance aux antimicrobiens dans les bactéries transmissibles par les aliments, grâce à l'Initiative de développement de la recherche en génomique, par exemple.
Monsieur le président, les choses progressent grâce à notre approche collaborative avec nos partenaires du gouvernement, de l'industrie et du milieu universitaire. Néanmoins, il reste encore beaucoup de travail à faire.
[Français]
J'espère que ces renseignements vous permettent de mieux comprendre la façon dont l'ACIA tente de mettre en oeuvre le Plan d'action fédéral sur la résistance et le recours aux antimicrobiens au Canada.
Merci beaucoup.
Cela me fera plaisir de répondre à vos questions.
:
Je vais commencer, et mes collègues voudront peut-être ajouter quelque chose à mes propos.
Le problème s'accentue. Nous en parlions il y a 20 ans, mais les taux de résistance que nous voyons maintenant font peur, et je parle des taux à l'échelle de la planète, surtout dans les régions reculées de l'Asie, par exemple en Inde. Il y a des cas de très forte résistance dans les populations humaines. Certaines des bactéries que vous venez tout juste de nommer sont problématiques.
Vous avez parlé du staphylocoque doré, ou du SDRM, au Canada. C'est un sérieux problème. Le taux d'infections ne diminue pas. Je pense que nous devrions y consacrer plus efforts. C'est une infection grave pour laquelle le médicament de prédilection est la méthicilline, mais nous avons maintenant le SDRM, le staphylocoque doré résistant à la méthicilline, ce qui signifie que le médicament ne fonctionne pas. Au Canada, c'est un problème sur lequel nous devrions nous pencher.
Pour traiter l'infection à Streptococcus pneumoniae, nous avons maintenant un vaccin. Nous parlions de solutions de rechange. Je pense que la mise au point d'un vaccin a grandement aidé à réduire le taux d'infection, mais malheureusement, le vaccin est efficace contre les sous-groupes qui étaient les plus fréquents, et il y a maintenant un changement qui s'opère. Quand on élimine une chose, une autre prend sa place. Malheureusement, ces bactéries deviennent résistantes, et nous devrons donc nous pencher là-dessus.
Dans le cas d'E. coli et de Shigella, le problème est plus prononcé ailleurs dans le monde. Par exemple, dans le secteur agricole, il y a quatre ou cinq ans, on utilisait encore certains médicaments de catégorie I qui donnaient aussi de bons résultats chez l'humain. Une partie des infections responsables du taux dont vous parlez ici était attribuable à cet équilibre entre l'utilisation des antibiotiques chez l'humain et son utilisation dans le secteur agricole. Ces antibiotiques sont maintenant interdits, et les taux de résistance diminuent. C'est la preuve qu'une bonne gestion peut changer les choses.
Bref, je pense qu'il est très important que nous nous penchions sur la question, car — je ne sais pas comment le traduire en anglais... Je vais le dire en français en espérant que ce soit traduit:
[Français]
« mieux vaut prévenir que guérir ».
[Traduction]
Je pense que nous devons en être conscients. Nous en sommes conscients, et c'est très clair sur le plan politique. C'est également très clair du point de vue scientifique. Des mesures s'imposent.
:
Merci beaucoup pour ces exposés.
Cela me rappelle un peu une histoire qui m’a été racontée au sujet de la prolifération des algues dans un étang. Si l’algue double de taille en 20 jours, elle couvrira tout l’étang. Le premier jour, le problème semble petit, le 17e jour, le quart de l’étang est couvert d’algue, le 19e jour, la moitié de l’étang est couvert et le 20e jour, tout l’étang est couvert. C’est l’algorithme de croissance qui s’installe dans ce genre de prolifération.
Dans ce cas-ci, il est question de 10 millions de personnes à l’échelle de la planète, ou de 50 000 canadiens si nous n’arrivons pas à contrôler la situation.
J’ai écouté vos exposés et lu vos présentations. Vous dites tous essentiellement la même chose: l’IRSC continuera d’accroître sa capacité de recherche et travaillera à la lutte contre cette menace mondiale; l’ACIA réalise des progrès grâce à la collaboration et il reste du boulot à accomplir, mais elle y travaille; l’ASPC continue de définir la contribution du fédéral dans les efforts mondiaux visant à corriger le problème de la RAM.
Votre message au Comité est que vous y travaillez, que la situation est sous contrôle, qu’il reste encore du travail à faire, mais que vous disposez de la capacité, des cadres et de la collaboration nécessaires pour y arriver.
J’aimerais que le cadre pancanadien soit déjà disponible pour voir ce qu’il contient. Toutefois, j’aimerais vous demander à chacun quel message vous voudriez que le Comité transmette à la Chambre des communes et à la ministre pour lutter contre l’émergence de cette crise? Selon chacun de vous, que pourrait-on faire de plus?
Commençons par le Dr Njoo.