Bienvenue à la 25e réunion du Comité permanent de l'environnement et du développement durable de la Chambre des communes. Conformément à l'ordre de renvoi du 24 mars 2021, le Comité entreprend son étude du projet de loi , la Loi concernant l'élaboration d'une stratégie nationale visant à remédier au racisme environnemental.
Je vais énoncer quelques règles à suivre pour le bon déroulement de la séance. Les membres du Comité et les témoins peuvent s'exprimer dans l'une ou l'autre des langues officielles puisque l'interprétation fait partie des services offerts au cours de la réunion.
Madame Waldron, vous avez certainement remarqué que vous pouvez choisir entre le parquet, l'anglais ou le français.
Par ailleurs, veuillez attendre que je vous nomme avant de cliquer sur l'icône de votre microphone pour intervenir. Les autres règles relèvent du simple bon sens.
Les témoins, Mme Zann et Mme Waldron, auront chacune cinq minutes pour leurs remarques liminaires. Nous passerons ensuite aux questions. Nous aurons deux tours de questions étant donné que la première heure sera consacrée à nos deux témoins et la seconde à un groupe de fonctionnaires du ministère.
Nous pouvons commencer.
Madame Zann, je vous félicite d'avoir réussi à faire franchir la deuxième lecture et le renvoi au Comité de votre projet de loi. Vous avez la parole pour les cinq prochaines minutes.
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Tout d'abord, merci à tous d'être ici, et merci de vos interventions à l'étape de la deuxième lecture à la Chambre. Le débat a été très intéressant.
J'aimerais aussi remercier Mme Waldron d'être parmi nous aujourd'hui. C'est elle qui m'a inspirée à présenter le projet de loi sur l'élaboration d'une stratégie nationale visant à remédier au racisme environnemental.
Chers collègues, tout comme le racisme systémique, le racisme environnemental fait malheureusement partie intégrante de la société canadienne depuis trop longtemps. Le racisme environnemental fait référence au fait que les communautés de couleur sont disproportionnellement exposées aux risques pour la santé découlant de politiques et de pratiques qui leur ont été imposées et qui les obligent à vivre à proximité de sources de déchets toxiques. On pense par exemple aux dépotoirs, aux sites de déchets toxiques, aux réseaux d'égouts, aux mines, aux sites d'enfouissement, aux centrales électriques, aux usines chimiques, aux grands axes routiers et aux émetteurs de particules en suspension dans l'air. Cette exposition fait en sorte que ces communautés souffrent énormément et présentent des taux plus élevés de problèmes de santé attribuables aux polluants dangereux.
Le terme « racisme environnemental » peut sembler nouveau pour certains, mais il a été créé en 1982 par Benjamin Chavez, un grand défenseur afro-américain des droits civils, pour désigner la discrimination raciale dans les politiques environnementales, l'application des lois et des règlements, le ciblage délibéré des communautés de couleur pour l'implantation d'installations de gestion des déchets toxiques, l'approbation officielle de la présence de poisons et de polluants mortels dans nos communautés, et l'exclusion historique des personnes de couleur dans les hautes sphères des mouvements écologiques.
Depuis quelques années, le public prend de plus en plus conscience de ces enjeux et le gouvernement n'a plus vraiment le choix d'agir pour reconnaître le problème et chercher des solutions. Nous le devons à l'ensemble de la population canadienne.
Je suis persuadée qu'en tant que législateurs, nous pouvons tous reconnaître le droit fondamental de tous les Canadiens d'avoir accès à de l'air pur et à de l'eau propre dans leurs communautés. Je sais que notre gouvernement travaille d'arrache-pied pour réaliser cet objectif.
J'ai pris conscience de ce problème il y a sept ans seulement, quand j'ai rencontré Mme Ingrid Waldron. Elle m'a alors expliqué que ses recherches et les données qu'elle avait recueillies avaient permis d'établir l'existence de racisme environnemental en Nouvelle-Écosse. Si quelqu'un doute encore de la réalité du racisme environnemental, je lui recommande fortement de lire le livre de Mme Waldron, There's Something in the Water, ou de regarder le documentaire inspiré du livre sur Netflix.
Selon le sommaire du projet de loi, le ministre de l'Environnement, en consultation avec des représentants des gouvernements provinciaux, des administrations municipales, des collectivités autochtones et d'autres collectivités touchées, doit élaborer une stratégie nationale visant à promouvoir les initiatives, dans l'ensemble du Canada, pour remédier aux préjudices causés par le racisme environnemental. Le projet de loi prévoit également des exigences en matière de rapport relativement à la stratégie et de collecte de données, notamment sur les conditions socioéconomiques et les effets sur la santé physique et mentale au sein des communautés du Canada touchées par le racisme environnemental.
Nous savons que les effets sont multiples, allant des éruptions cutanées aux troubles gastriques, et que dans certains cas ils entraînent des troubles plus graves comme les maladies respiratoires ou cardiovasculaires, la morbidité génésique, qui englobe les naissances prématurées et les bébés ayant une trisomie 21, ainsi que divers cancers qui touchent les femmes de manière disproportionnée.
Il a été prouvé que dans le cas de nombreuses maladies chroniques qui frappent notamment les communautés autochtones, les causes principales ne sont pas des facteurs génétiques ou internes, mais plutôt des facteurs externes, c'est-à-dire ce qui se trouve dans l'air, dans l'eau ou dans l'environnement.
Je suis très reconnaissante aux députés qui se sont prononcés en faveur de mon projet de loi, y compris la députée de , qui a appuyé le projet de loi .
Je crois que c'est exactement ce que les Canadiens attendent de leur gouvernement, surtout en ces temps difficiles. Ils souhaitent que les parlementaires travaillent main dans la main pour améliorer la vie de tous les Canadiens.
L'adoption du projet de loi ferait du Canada un chef de file mondial dans la lutte contre les problèmes environnementaux, sociaux et de santé publique qui touchent les communautés autochtones, noires et d'autres communautés racialisées et vulnérables à l'échelle du pays.
L'urgence du problème se fait particulièrement sentir avec la sensibilisation croissante du public au racisme environnemental et la flambée des actes racistes et misogynes, de la violence fondée sur le sexe et des féminicides depuis le début de la pandémie de COVID-19. Les répercussions ont été disproportionnées pour les communautés vulnérables.
Chers collègues, je vous en prie, prenez la bonne décision et appuyez le projet de loi .
La stratégie devra comprendre des mesures qui permettront d'étudier le lien entre la race, le statut socioéconomique et le risque environnemental; de recueillir de l'information et des statistiques sur l'emplacement des sources des dangers environnementaux, ainsi que sur les effets nocifs pour la santé des communautés touchées, et d'évaluer l'administration et l'application des lois environnementales dans chaque province.
Elle devra aussi inclure des mesures pour lutter contre le racisme environnemental, qui viseraient par exemple à revoir les lois, les politiques et les programmes fédéraux; à favoriser la participation de groupes communautaires à l'élaboration des politiques environnementales; à indemniser des particuliers ou des communautés, ou à assurer l'accès des communautés touchées à de l'air pur et à de l'eau propre.
Voilà. Je vais m'arrêter là.
Mme Waldron pourra vous en dire davantage.
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Mesdames et messieurs les membres du Comité de l’environnement et du développement durable, je tiens à vous remercier de m’avoir invitée à vous faire part de mes réflexions sur le projet de loi et sur le racisme environnemental en général.
J’aimerais commencer par répondre aux arguments — répétés depuis des années — concernant l'absence de racisme systémique au Canada puisque la race n’est pas un fait biologique. En effet, il se trouve que la race n’est ni génétiquement programmée ni un fait biologique. Par exemple, il n’y a pas de caractéristiques génétiques possédées par tous les Noirs, mais que les personnes qui ne sont pas noires ne possèdent pas. Il n’existe pas de gène ou de groupe de gènes communs à tous les Blancs, mais que les personnes qui ne sont pas blanches ne possèdent pas. Les différentes races ne sont pas caractérisées par des différences importantes dans la fréquence des gènes.
Toutefois, même si la race n’est pas un fait biologique, il n’en reste pas moins qu’elle a été et continue d’être utilisée pour catégoriser et diviser, inclure et exclure les gens en fonction de traits physiques comme la couleur de la peau, la texture des cheveux, les traits du visage, etc. La société est racialisée, et la race fait partie de notre réalité sociale. La race s’est développée au fil des ans comme principe d’organisation sociale et de formation d’identité. Les humains créent des divisions et produisent des catégories raciales. La race a une valeur sociale et est utilisée comme outil pour refuser à certains groupes l’accès à un ensemble de ressources, de services et de possibilités.
Le racisme systémique est une réalité au Canada et ailleurs dans le monde. Il désigne les lois, les règles et les normes intégrées à nos systèmes sociaux qui entraînent une distribution inégale des ressources, comme le refus d’accès, de participation et d’équité aux personnes racialisées pour des services tels que l’éducation, l’emploi et le logement. Le racisme — plus précisément, le racisme systémique — se manifeste dans les politiques, les pratiques et les procédures au sein de nos systèmes qui peuvent directement ou indirectement promouvoir, soutenir ou ancrer un avantage ou un privilège distinct pour les personnes de certaines races.
Autrement dit, la race est une réalité matérielle — je suis bien placée pour le savoir puisque je suis noire — qui a des conséquences dans la vie de tous les jours. La réalité matérielle et les conséquences du racisme pour les Autochtones, les Noirs et les autres groupes racialisés au Canada sont les taux de chômage plus élevés; les taux plus élevés d’insécurité du revenu; les taux plus élevés de pauvreté; la ségrégation dans les quartiers pauvres; les résultats moins bons en matière de santé, et l’exposition disproportionnée aux risques environnementaux en raison de l’implantation de projets dangereux par le gouvernement. Le racisme environnemental est donc une forme de racisme systémique parce qu’il se manifeste dans la conception de politiques et la prise de décisions en matière d’environnement d’une manière qui impose un fardeau disproportionné à certaines collectivités par l’implantation de projets dangereux pour l’environnement dans leurs collectivités.
Pourquoi le projet de loi est-il important? Il est important parce qu'il est urgent de s’attaquer à plus de 70 ans de racisme environnemental, qui a eu une incidence disproportionnée sur ces collectivités. Ce sont des collectivités dont le bien-être social et économique et la santé ont déjà été compromis par des déterminants structurels de la santé de longue date, comme le chômage et le sous-emploi, la surveillance policière excessive et la surreprésentation dans le système carcéral, l’insécurité du revenu et la pauvreté, l’insécurité alimentaire et la précarité du logement. Le projet de loi C-230 fournirait au gouvernement un cadre pour examiner comment la race, la situation socioéconomique et le fait de vivre dans des régions éloignées situées à proximité de risques environnementaux s’entrecroisent pour influer sur les résultats en matière de santé dans ces collectivités.
Le projet de loi donnerait aussi aux collectivités touchées la possibilité de participer à la conception des politiques et à la prise des décisions en matière d’environnement, ce dont elles sont exclues. Il importe que les collectivités qui sont les plus touchées par l’implantation de projets dangereux dans leur collectivité aient la possibilité d’avoir leur mot à dire sur ce qui se passe dans leur milieu.
En conclusion, il importe d’affirmer que dans le cas de la conception de politiques environnementales, la marée montante ne soulève pas tous les bateaux. L’approche à l’égard de la conception des politiques environnementales au Canada a longtemps été le reflet d’une sorte d’universalisme qui laisse entendre que si l’on s’attaque aux fardeaux environnementaux subis par tous les Canadiens, ceux qui sont les plus touchés par ces fardeaux en bénéficieront. La notion selon laquelle les politiques environnementales ne devraient pas se concentrer sur des groupes raciaux particuliers ne tient pas compte de la pratique de longue date consistant à placer les projets nocifs dans les collectivités les plus vulnérables. C’est une approche qui a échoué puisque les industries polluantes continuent d’être implantées de manière disproportionnée dans les mêmes collectivités.
La vérité, c’est que les politiques fonctionnent mieux lorsqu’elles sont stratégiques et ciblent directement les maux sociaux dans les collectivités les plus touchées. Par conséquent, il est crucial que nous ayons une législation qui mette la race au centre de la politique environnementale et de la prise de décisions, puisque les collectivités qui sont touchées de façon disproportionnée sont celles qui sont racialisées. Je le répète, la race n'est pas un concept abstrait. Les conséquences sont réelles. J’espère que le projet de loi sera la loi dont nous avons besoin.
Merci.
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Eh bien, comme nous étudions votre projet de loi, j'ai parlé précisément de la différence entre les Premières Nations, de la façon dont elles sont traitées en vertu de la Loi sur les Indiens dans ma région de l'Okanagan et du fait que les sanctions pour des contraventions semblables se chiffreraient à des centaines de milliers de dollars si elles étaient commises de l'autre côté du chenal. J'ai seulement dit qu'il existe deux manières d'aborder la protection de l'environnement et j'ai pointé les lacunes.
Je le redis, vous nous proposez une stratégie plutôt que des actions concrètes.
Votre gouvernement a promis des solutions pour mettre fin aux avis de faire bouillir l'eau, mais rien n'a été fait. Résoudre les problèmes, c'est le rôle du gouvernement.
Quand un résidant de Grassy Narrows a quémandé l'aide du , il n'a rien fait, mais il l'a remercié pour les dons.
Personne ne met en doute la capacité des libéraux d'engager des consultants et de rédiger des rapports. Ils sont moins forts pour obtenir des résultats. Pourquoi ne pas pousser davantage pour que les choses bougent maintenant plutôt que dans quelques années, quand la stratégie sera en place?
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Madame Zann, félicitations pour votre projet de loi.
Madame Waldron, merci de participer à nos travaux. Je vais vous interroger au sujet de votre projet de loi durant le temps qui m'est imparti.
Madame Zann, j'ai quelques questions pour vous. Si possible, j'aimerais que vous m'aidiez à bien utiliser mon temps. Nous verrons.
Tout d'abord, pourriez-vous nous expliquer comment le projet de loi , s'il est adopté, contribuera à réduire ou à éliminer le racisme environnemental au Canada?
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Merci beaucoup, monsieur Baker.
Avec Ingrid Waldron, nous parlons de racisme environnemental en Nouvelle-Écosse depuis un certain temps déjà. Nous avons cartographié la province et nous avons constaté le nombre disproportionné de communautés autochtones et noires qui vivent directement sur des sites toxiques ou à proximité.
En poussant les recherches, Mme Waldron a découvert que la situation est la même partout au Canada. Le projet de loi permettra de tenir des consultations avec les communautés qui sont touchées à l'échelle du pays et de documenter les effets sur leur santé. Comment le fait de vivre à proximité d'un lieu toxique a-t-il nui à leur santé?
Sans ce genre de données, nous ne pouvons rien faire. Malheureusement, depuis trop longtemps, on a peu fait de cas du sort des femmes et des personnes racialisées. Il est grand temps de recueillir des données si nous voulons renverser la vapeur.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Mesdames Zann et Waldron, je vous remercie d'être avec nous aujourd'hui. Vous avez tout à fait raison de dire que la santé et l'environnement sont intimement liés.
Hier, le gouvernement et le ont déposé un projet de loi sur la modernisation de la Loi canadienne sur la protection de l'environnement, qui inclut deux dispositions importantes: le droit à un environnement sain et la protection des populations vulnérables.
Madame Zann, n'avez-vous pas l'impression que le projet de loi du gouvernement, dont la portée est plus grande — il semble avoir une application plus contraignante et plus imbriquée dans la politique environnementale actuelle —, rend en quelque sorte votre projet de loi caduc?
Vous comprendrez que, en raison de l'exception liée au Québec, le projet de loi et le projet de loi présentent moins d'intérêt pour le Québec que pour le reste du Canada.
Je vais vous poser une autre question. L'un des principes fondamentaux qui guident l'action de ma formation politique, c'est la défense de la souveraineté environnementale du Québec. Il ne s'agit pas seulement de la position du Bloc québécois, mais aussi de la position qu'ont adoptée les gouvernements du Québec au cours de l'histoire.
Essentiellement, ce sont les lois québécoises qui protègent l'environnement au Québec. Nous pensons que ces dernières priment les lois canadiennes, parce que notre territoire nous appartient et parce que le fédéral n'a pas à empiéter sur les responsabilités du Québec en matière d'environnement. Je pense notamment au dossier de l'eau potable.
Le projet de loi C-230 remet directement en question l'application des lois environnementales dans les provinces et prétend même en évaluer l'exécution et la surveillance quant à leur application. Avez-vous pensé à cet élément crucial lors de la rédaction de ce projet de loi? Êtes-vous sensible à la réalité constitutionnelle du Canada et à la position officielle de l'État du Québec?
Dans l'affirmative, comment conciliez-vous cette compréhension du partage des compétences au Canada avec les dispositions prévues dans votre projet de loi?
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Merci, monsieur le président.
Merci beaucoup, madame Zann, d'avoir présenté ce projet de loi. Je vous en félicite.
Merci, madame Waldron, d'être venue témoigner devant le Comité. De toute évidence, cinq minutes sont loin de suffire pour expliquer en détail les incidences et la raison d'être du projet de loi à l'étude.
Madame Zann, vous nous avez présenté une définition très succincte du racisme environnemental. Je pense que tous les Canadiens peuvent comprendre, de manière intuitive, que c'est un problème grave.
Quand je pense au racisme environnemental tel qu'il se manifeste dans la région que je représente dans le Nord-Ouest de la Colombie-Britannique, je pense aux répercussions disproportionnées des changements climatiques pour les Autochtones, qui dépendent de ressources comme le saumon sauvage. C'est le cas notamment des nations autochtones Wet'suwet'en, Gitxsan, Tsimshian, Heiltsuk et Nisga'a, qui vivent toutes dans le nord et sur la côte centrale de la Colombie-Britannique. Toutes les semaines, je discute avec des gens qui ont le cœur brisé de constater les changements dans leur environnement. Ils réclament un monde juste pour leurs enfants. Ils réclament des mesures qui rétabliront l'abondance des ressources.
J'aimerais avoir des précisions à ce sujet. Selon la définition que vous nous avez donnée, les problèmes liés aux sites de déchets toxiques à proximité d'une communauté racialisée sont très différents des répercussions des changements climatiques pour les Autochtones. Pourriez-vous nous en dire davantage sur la manière dont les changements climatiques seront pris en compte dans votre projet de loi et sur les améliorations qui pourraient y être apportées pour qu'il tienne mieux compte de leurs répercussions disproportionnées pour les Autochtones?
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Oui. Nous assistons au Canada et ailleurs dans le monde à l'essor d'un mouvement pour la justice climatique. Ce mouvement montre clairement que le racisme environnemental et l'implantation d'industries polluantes dans certaines communautés ont des liens inextricables et multiples avec les changements climatiques.
Le type d'émissions produites par les industries polluantes a en fait des incidences sur les changements climatiques. Les mêmes communautés sont touchées de manière disproportionnée par le racisme systémique et les changements climatiques. Les inégalités structurelles dont souffrent depuis longtemps les communautés noires et autochtones au Canada — indépendamment des changements climatiques et du racisme environnemental — les exposent à certains risques. On parle peu des véritables facteurs de risque pour ces personnes. Ce n'est pas seulement une question de géographie. Les lieux où vivent les Autochtones ne sont pas les seuls facteurs qui entrent en ligne de compte. Le danger vient des inégalités structurelles comme les mauvaises conditions de logement, de la piètre qualité des infrastructures publiques dans certains quartiers, de l'insécurité alimentaire, de la précarité du logement, de l'insécurité du revenu ou du manque d'éducation. Ces inégalités structurelles exposent les communautés aux risques liés aux changements climatiques et à l'implantation d'industries polluantes aux endroits où elles vivent.
À cause des séquelles des inégalités structurelles auxquelles ces communautés font face depuis longtemps, il est beaucoup plus difficile pour elles de lutter contre les changements climatiques, d'en surmonter les effets et de trouver des solutions parce que, comme Mme Zann l'a mentionné, elles ont moins de poids. Elles ont moins d'influence sur les plans politique, économique et social. Elles n'ont pas de réseaux, elles n'ont pas ce qu'on appelle le capital social qui leur permettrait de surmonter plus rapidement les effets des changements climatiques.
Une partie de la définition... Le racisme environnemental ne fait pas seulement référence à l'implantation d'industries polluantes dans les communautés. En fait, la définition comporte cinq éléments. Mme Zann a évoqué la présence disproportionnée de ces industries dans les communautés, à laquelle s'ajoute leur trop faible pouvoir politique pour s'opposer à l'installation de ces pollueurs industriels sur leur territoire; les politiques qui autorisent la présence de poisons dangereux et souvent mortels dans ces communautés; les répercussions négatives disproportionnées de politiques environnementales qui n'exigent pas les mêmes taux de nettoyage partout.
À tous ces facteurs s'ajoute l'exclusion historique des Autochtones et des personnes racialisées des principaux groupes, conseils, commissions et organismes réglementaires et décisionnels du domaine de l'environnement au Canada. Essentiellement, il s'agit de racisme systémique. Au départ, ces communautés sont en danger en raison des problèmes et des inégalités structurelles qui sont sans lien avec les changements climatiques et le racisme environnemental.
En fin de compte, parce que ces personnes n'ont pas vraiment de pouvoir, il est beaucoup plus difficile pour elles de surmonter les problèmes et de trouver des solutions. Tous ces facteurs sont intrinsèquement liés, et je pense que les Canadiens commencent à s'en rendre compte.
On en vient ensuite aux facteurs comme l'identité, la race, le genre et le fait que les femmes du monde entier sont plus vulnérables aux conséquences des changements climatiques, surtout dans les pays en développement.
Il faut aussi examiner les politiques, chercher à comprendre l'intersectionnalité de la race, de la classe sociale, du statut socioéconomique et du genre. J'ai observé qu'en Nouvelle-Écosse, les femmes autochtones semblent mener le combat. Elles sont celles qui se démènent le plus pour trouver des solutions à ces problèmes parce que cela fait partie de leur culture et de leurs traditions.
J'aimerais revenir sur le thème des compétences provinciales. Mme Pauzé a soulevé cette question.
Nous avons une Constitution au Canada. Le Québec n'est pas le seul à avoir des préoccupations particulières. Il est important de rappeler que toutes les provinces, que ce soit l'Alberta, la Colombie-Britannique et les autres, tiennent à ce que leurs champs de compétence soient respectés. Lorsque vous dites que des mesures seront prises et que vous allez évaluer les incidences des différentes lois provinciales en matière d'environnement, c'est pour moi un exemple patent de paternalisme. Je ne crois pas que les provinces seront très enthousiastes devant ce qui est une ingérence manifeste dans leurs champs de compétence. C'est ma première préoccupation.
Comme je l'ai dit, le Québec n'est pas le seul à avoir cette préoccupation. Vous avez mentionné le Québec, mais vous semblez oublier que d'autres provinces pourraient se braquer contre cette ingérence. Seriez-vous prête à supprimer cette disposition, purement et simplement? Elle empiète clairement sur une compétence provinciale. C'est un pur exemple de paternalisme.
Je tiens à souligner que la Colombie-Britannique a pris des mesures très intéressantes ces dernières années. Je trouve qu'il est très condescendant de la part du gouvernement fédéral d'imposer ses manières de penser aux provinces.
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Il me semble, en tout cas, qu'évaluer les lois environnementales dans toutes les provinces va un peu au-delà de cela.
Passons au sujet suivant. Il est, en quelque sorte, fait référence aux femmes autochtones disparues ou assassinées. J'ai siégé à un comité spécial pendant plus d'un an. J'ai lu plus de 70 études officielles sur le sujet. Nous avons des recommandations. Je conviens que l'enquête a finalement reçu le soutien de tous les partis, mais il devait aussi y avoir un plan d'action. En fait, les citoyens en demandent un depuis le début. Bien sûr, il a été retardé. Il devait être présenté en juin dernier. Nous attendons toujours.
Je m'inquiète pour la même chose que mon collègue. Au lieu d'avoir quelque chose de précis qui améliorera véritablement la situation, comme cette participation de X au Comité... En Colombie-Britannique, une des Premières Nations avait son propre processus d'évaluation environnementale dans le cadre de la planification d'une mine. Cependant, au lieu de faire quelque chose qui améliorera la situation, ce que nous avons, c'est « attendons, dialoguons, attendons et voyons. » Certaines choses devraient être très précises.
Quant à l'exemple des femmes autochtones disparues ou assassinées, vous le présentez comme un bon exemple, mais je ne vois toujours pas de plan d'action, pas de mesure, alors qu'il continue de se produire des tragédies dans des collectivités de tout le pays. L'idée que le projet de loi nous fasse avancer dans la bonne direction ne m'est en tout cas d'aucun réconfort.
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Pour ce qui est de la façon dont je vois les choses, je peux donner quelques exemples.
Le processus a, en fait, abouti à l'approbation de projets environnementaux. Le gouvernement les a arrêtés, alors que les Autochtones tenaient à leur réalisation. Je peux vous donner des tas d'exemples de projets.
Vous ne parlez pas de débouchés économiques, mais de processus décisionnel, de structures à mettre en place pour prendre des décisions appropriées et d'inclusion des collectivités.
Je prendrai encore une fois les Premières Nations comme exemple parce qu'en Colombie-Britannique, en tout cas, dans la circonscription que je représente, elles doivent jouer un rôle essentiel dans l'approbation ou le rejet de projets. À ce que j'entends, ce sera un processus paternaliste de plus.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je souhaite remercier ma collègue, Mme Zann, de ce projet de loi important qui a été renvoyé au Comité.
Madame Waldron, je suis vos travaux et je suis heureuse de vous voir ici aujourd'hui.
J'aimerais revenir sur certaines questions de mon collègue, M. Bachrach, afin que Mme Waldron puisse nous en dire plus. Je pense que c'est important pour comprendre pourquoi nous examinons aujourd'hui le projet de loi .
Comme nous allons décortiquer la politique, pouvez-vous parler de l'incidence sur la politique environnementale des manifestations de racisme systémique?
L'histoire du Canada comporte de sombres épisodes qu'il est plus facile d'identifier, comme celui des pensionnats indiens. Il est vrai que le racisme environnemental est sans doute un problème moins direct ou moins visible, et il est possible que les Canadiens ne comprennent pas vraiment pourquoi la question est si importante et pourquoi ma collègue, Mme Zann, a jugé important de soumettre ce projet de loi à la Chambre et au Comité.
Comment le racisme systémique peut-il se manifester dans nos politiques environnementales?
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La structuration spatiale d'industries principalement dans les collectivités autochtones et dans d'autres collectivités racialisées résulte d'un racisme systémique inscrit dans la politique environnementale, qui ne diffère pas en cela de toute autre politique, qu'il s'agisse de la politique en matière de santé, d'éducation ou d'immigration. Cela tient aux personnes qui prennent les décisions. De manière générale, ce ne sont pas des personnes qui me ressemblent, à une ou deux exceptions près.
C'est encore une fois une question de pouvoir. Prenons les ministères de l'Environnement. Les personnes qui y ont le plus de pouvoir, celles qui rédigent les politiques, appartiennent à la classe moyenne et sont blanches. Directement ou indirectement, sciemment ou pas, nous avons, en tant qu'humains, les pires perceptions des autres. Nous avons certainement des opinions à leur sujet.
Ces idéologies, ces croyances et ces perceptions que nous avons par rapport à ceux que nous classons comme « autres » s'inscrivent dans les politiques environnementales de manières très subtiles. C'est pourquoi nous parlons de racisme systémique, parce qu'il n'est pas flagrant, pas direct. Il est subtil. Il est silencieux.
Il se retrouve inscrit dans la politique environnementale par le biais d'idéologies qui déterminent qui compte et qui ne compte pas. Il est très difficile aux Blancs de l'admettre, je le comprends, mais nous avons tous des préjugés inconscients. Quand on rédige ces politiques, on veut s'assurer, de manières très subtiles, que son propre groupe est protégé.
Je m'en suis aperçue pendant un exposé que je présentais à l'Université Dalhousie quand une étudiante s'est levée pour me demander, à la fin de mon intervention, si je proposais de réaliser le projet en question dans sa collectivité. Quand elle a dit cela, j'ai pensé, « nous y voilà encore. »
Nous ne voulons peut-être pas l'admettre, mais nous avons des idées quant à savoir qui compte et qui ne compte pas, qui a de la valeur et qui n'en a pas. Si nous sommes honnêtes avec nous-mêmes, nous savons que l'on considère que les personnes qui me ressemblent et les Autochtones dans ce pays et dans le reste du monde ont moins de valeur.
Comme le disait Mme Zann, on ne peut pas régler un problème quand on n'en connaît pas la nature. Les données recueillies pour ce projet de loi, la collecte de données fondées sur la race, par race et statut socioéconomique, risque environnemental et aussi état de santé, sont tout à fait essentielles. Nous savons ce qui se passe.
Je travaille sur des questions qualitatives. Je connais l'histoire des collectivités, mais nous avons également besoin de statistiques, n'est-ce pas? Ces deux éléments, les histoires que beaucoup nous racontent depuis des années, ainsi que les statistiques établissent un contexte à partir duquel le gouvernement dresse un constat et décide de remédier à la situation.
Madame Waldron, j'aimerais m'adresser à vous.
Mme Zann a parlé plus tôt de l'étude que vous avez menée dans tout le Canada.
Je vais aborder la question des déchets nucléaires, qui me tient particulièrement à cœur. Je ne sais pas si vous connaissez les Laboratoires de Chalk River, qui se trouvent non loin d'Ottawa, ainsi que toutes les tractations concernant l'enfouissement de déchets radioactifs au Labrador.
Nous comprenons bien sûr que les communautés autochtones éloignées ont besoin d'énergie. Toutefois, qui dit « énergie nucléaire » dit « déchets nucléaires ». Or les projets de petits réacteurs modulaires sont souvent présentés comme des occasions de partenariat avec ces communautés.
Le Canada a utilisé son pouvoir déclaratoire pour faire du nucléaire une compétence fédérale. Quelle est votre position sur la responsabilité du gouvernement relativement au dossier de la gestion des déchets nucléaires?
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Je n'ai aucune idée où on devrait les mettre, mais je sais que ce ne devrait pas être une fois de plus dans une collectivité autochtone. C'est pour cela, me semble-t-il, qu'il y a des évaluations environnementales, n'est-ce pas? Les évaluations environnementales servent à déterminer où des projets donnés devraient être réalisés. Jusqu'à présent, elles ne se sont pas révélées être équitables. Elles ne prennent pas en compte les vulnérabilités existantes dans les collectivités autochtones et autres. Elles ne tiennent pas compte de ce que nous appelons les déterminants sociaux de la santé.
Il ne m'appartient pas de dire où devrait aller quoi, parce que je suis professeure, mais c'est le rôle des personnes qui prennent ces décisions. Ce que je demande, c'est que les personnes qui prennent ces décisions, dans le cadre d'une évaluation environnementale ou en s'appuyant sur quelque outil qu'elles utilisent, tiennent compte des vulnérabilités existantes dans les collectivités concernées. Elles subissent depuis longtemps des inégalités structurelles dues au colonialisme, et il faut s'assurer que les décisions prises ne compromettent pas davantage leur bien-être social et leur santé.
Je ne sais pas du tout où on devrait les mettre, mais ce que je demande, et ce que ce projet de loi peut faire, c'est de veiller à ce que le gouvernement prenne des décisions beaucoup plus réfléchies dans cette évaluation. Examinez tout le contexte des collectivités, économique, social et politique, ainsi que leur santé et leur vulnérabilité, avant de prendre des décisions qui compromettront davantage leur bien-être.
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Certaines collectivités autochtones ont demandé des évaluations environnementales dirigées par des Autochtones parce qu'elles se sentaient exclues. Il existe ce terme, que vous connaissez, la « participation démocratique ». Il ne s'agit pas seulement d'inclure des personnes dans le processus décisionnel, mais aussi de le faire de certaines façons d'un point de vue culturel.
Les évaluations environnementales dirigées par des Autochtones permettraient non seulement aux Autochtones d'avoir leur mot à dire dès le départ, pas à la fin, pas au milieu, mais d'entrée de jeu, sur ce qui se passe dans leurs propres collectivités. Ce serait, de plus, fait d'une manière qui respecte la théorie ou le modèle écologique autochtone. Dans votre conception occidentale de l'environnement, dans notre conception des personnes de formation occidentale, nous voyons une séparation entre la terre, le corps, les animaux et les végétaux. Telle est la conception euro-occidentale classique du monde. Les Autochtones et les Africains le voient très différemment. Ils ont une compréhension bien plus holistique du monde. Ils voient le lien entre la terre, le corps et les animaux qui forment un tout. En profanant leurs terres, vous leur portez préjudice. Vous faites du mal à leurs corps, à leurs collectivités, à leur santé et à leur bien-être.
Une évaluation dirigée par les Autochtones permettrait d'intégrer ce que l'on appelle le savoir autochtone. Je crois que si nous faisons ce que nous faisons, c'est notamment parce que nous ne croyons pas comme les Autochtones qu'en nuisant à la terre, vous me nuirez en tant que collectivité. Les personnes formées au savoir euro-occidental ne le saisissent pas. Elles ne le comprennent pas. C'est pourquoi nous avons la séparation entre... Nous avons des départements de psychologie. Dans la philosophie occidentale, nous considérons que le corps et l'esprit sont très distincts.
Une évaluation dirigée par les Autochtones tiendrait compte de tout cela. Il ne s'agirait pas seulement de leur permettre de participer au processus d'emblée, mais aussi de le faire de manières particulières d'un point de vue culturel, en veillant à le faire dans leurs collectivités, à leur communiquer l'information de manières particulières d'un point de vue culturel, à prendre en compte le savoir autochtone et à intégrer les épistémologies autochtones dans les évaluations environnementales.
La pauvreté est un déterminant important de la santé. Toutes les collectivités dont nous parlons sont non seulement racilialisées, mais également à faible revenu ou pauvres, et elles vivent, de plus, dans des régions éloignées. L'intersection de la pauvreté et de la race et les tendances d'établissement expliquent le fait que ces collectivités ne sont pas en mesure de lutter contre le racisme environnemental.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je comprends que les libéraux n'aiment pas entendre ce genre de choses, mais c'est la vérité. Naturellement, je rappelle que nous avons déjà entendu dans les témoignages que le projet de loi cible principalement les collectivités autochtones. En outre, la qualité de l'air et l'eau potable sont les principaux sujets quand on parle d'environnement.
La vérificatrice générale explique ensuite que beaucoup de collectivités des Premières Nations sont particulièrement vulnérables aux éclosions de maladies infectieuses, telles que le virus qui cause la maladie à coronavirus, en raison de facteurs sociaux, environnementaux et économiques.
Le gouvernement libéral a complètement échoué à préserver l'environnement dans les réserves des Premières Nations. En quoi est-ce que cela changera, selon vous, si le projet de loi est adopté?
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Oui, je suis une optimiste invétérée. C'est dans ma nature.
Je pense que le projet de loi est très précis. Évidemment, ce n'est qu'un projet de loi. Il tient en une page. Il n'est pas très détaillé, mais il parle de toutes les questions importantes à mes yeux en ce qui concerne la collecte de données et les intersections entre la race et le statut socio-économique.
J'ai le sentiment que, dans le contexte actuel, les gens sont plus disposés à écouter. Avec tout ce qui s'est passé l'an dernier, j'ai bon espoir qu'il y sera donné suite. On ne voit plus cette question de la même façon. Je crois qu'on est plus sensibilisé depuis quelques années. Le contexte s'y prête. Je pense que le gouvernement est très intéressé en ce moment par la collecte de données sur le racisme systémique de manière plus générale.
Il y a, selon moi, un bon moment et je suis de nature toujours très optimiste. Je suis tellement heureuse d'avoir fait la connaissance de Mme Zann parce qu'elle est comme moi. Elle se montre persistante et constante. Elle est optimiste.
Je suis convaincue qu'on attire la négativité en étant négatif. Je suis très positive à propos du projet de loi. Je ne connais pas le processus, mais je pense qu'à un moment donné, cette année, je l'espère, il sera mis en oeuvre.
J'ai confiance en Mme Zann. Je suis là. Je ne sais pas si je peux apporter un soutien, mais je suis là si quelqu'un souhaite avoir un soutien ou de l'aide.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Madame Waldron, c'est un réel plaisir de vous recevoir au comité.
Je vous remercie, madame Zann, de nous avoir tous réunis et d'avoir présenté ce projet de loi.
Je parlais avec des étudiants de l'Université de Guelph la semaine dernière, la classe POLS 4280 d'Ajay Sharma. J'ai dit que nous allions parler de racisme environnemental, ce qui les a enthousiasmés. En général, m'ont-ils fait remarquer, les gouvernements n'associent pas les deux idées.
Madame Waldron, je réfléchissais pendant que vous parliez d'Africville à Halifax et du fait que cette localité longe les voies ferrées depuis des siècles maintenant. J'en ai visité l'emplacement original. Il y a un dépotoir, un site industriel, des voies ferrées, autrement dit, les terrains les plus sordides et les moins chers où installer des gens sont ceux où l'on a installé la communauté noire.
Nous avons des recoupements entre les décisions municipales en matière de zonage, les décisions provinciales au sujet des problèmes environnementaux sur le terrain et peut-être certaines directives fédérales quant à ce qui est acceptable ou pas pour le pays dans le choix des emplacements.
Est-ce que dans vos travaux, vous liez le municipal, le provincial et le fédéral ou, pour l'instant, le municipal et le provincial? Qu'en est-il?
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Non, je ne m'intéresse pas nécessairement au fédéral, mais mes travaux portent principalement sur le provincial et le ministère de l'Environnement.
Dans le cas d'Africville, il s'agissait de la Ville d'Halifax, évidemment, qui a créé ce problème. Il s'agissait à la fois d'un problème d'embourgeoisement ou de rénovation urbaine et de racisme environnemental. Je me suis concentrée sur le provincial, mais je commence à m'intéresser davantage à d'autres paliers.
J'ai formé une nouvelle coalition à la fin de l'an dernier, une coalition nationale, avec différents groupes écologistes et de lutte contre les changements climatiques. Nous espérons cartographier l'ensemble du Canada. Je l'ai fait pour la Nouvelle-Écosse, mais j'essaie d'étudier plus généralement le Canada.
Je dirais que depuis neuf ans, mes travaux portent essentiellement sur la Nouvelle-Écosse, mais j'espère changer cela.
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Je m’appelle Laura Farquharson et je suis la directrice générale de la Direction des affaires législatives et réglementaires, Direction générale de la protection de l’environnement à Environnement et Changement climatique Canada
Je suis accompagnée de mes collègues d'Environnement et Changement climatique Canada: Pascal Roberge, directeur, Division de l’intégration des programmes, de la Branche des sciences et d’évaluation des risques; et Silke Neve, directrice, Division de l’information et des indicateurs, de la Direction générale de la politique stratégique. David Morin, de Santé Canada, est également là. Il est directeur général, Direction de la sécurité des milieux, de la Direction générale de la santé environnementale et sécurité des consommateurs.
[Français]
Nous sommes heureux d'être ici aujourd'hui pour participer à votre étude sur le projet de loi .
Comme vous le savez déjà, ce projet de loi exige que le élabore une stratégie nationale visant à remédier au racisme environnemental, en consultation avec les gouvernements provinciaux, territoriaux et municipaux, ainsi qu'avec toutes les autres communautés, personnes et organisations touchées.
Ce projet de loi arrive à un moment où nous, les fonctionnaires ainsi que tous les Canadiens et les Canadiennes, sommes saisis de différents enjeux concernant la diversité, l'équité, l'inclusion et le combat contre le racisme systémique.
[Traduction]
Dans mes observations, je me concentrerai sur certains des cadres législatifs ou stratégiques existants ou proposés qui se rapportent, dans une certaine mesure, au projet de loi. Ensuite, je laisserai la parole à M. Morin, qui parlera du rôle de Santé Canada dans la protection de la santé des Canadiens face aux risques environnementaux.
[Français]
Vous avez discuté de la définition du racisme environnemental.
Bien qu'il n'existe peut-être pas de définition communément acceptée pour ce terme, il fait généralement référence à la discrimination raciale dans les politiques, les pratiques et les mesures environnementales. Il inclut la manière dont les groupes racisés peuvent subir un fardeau disproportionné quant aux effets négatifs sur la santé et l'environnement en raison de la pollution environnementale. Pensons, par exemple, aux sites d'enfouissement ou à la pollution de l'air.
La législation fédérale existante et les modifications récentes garantissent que le gouvernement vise à protéger l'environnement et la santé de l'ensemble des Canadiens et des Canadiennes, y compris les populations vulnérables.
[Traduction]
Hier, comme vous le savez, le gouvernement a présenté le projet de loi qui vise à renforcer la Loi canadienne sur la protection de l’environnement de 1999, en mettant particulièrement l'accent sur la reconnaissance du droit à un environnement sain, comme le prévoit cette loi.
S'il est adopté, le ministre de l'Environnement et du Changement climatique et le ministre de la Santé devront créer un cadre de mise en œuvre pour établir ce qui sera considéré comme un environnement sain dans l'exécution de la loi. Entre autres choses, le cadre de mise en œuvre détaillera des principes tels que la justice environnementale et la non-régression. Les personnes intéressées, comme les intervenants et les partenaires, auront la possibilité de participer à l'élaboration du cadre de mise en oeuvre.
De plus, les ministres devront effectuer des recherches, réaliser des études ou mener des activités de surveillance afin d’appuyer le gouvernement dans la protection du droit à un environnement sain. Cette exigence pourrait, notamment, aider à régler des questions de justice environnementale. Elle pourrait, par exemple, comprendre la collecte et l’analyse de données pour repérer et suivre les populations et les collectivités qui sont particulièrement vulnérables aux risques sanitaires et environnementaux.
Des modifications additionnelles proposées dans le projet de loi déposé hier reconnaissent, dans le préambule, qu'il est important de tenir compte des populations vulnérables et des effets cumulatifs. Par ailleurs, elles codifient plusieurs nouveaux éléments. Ainsi, elles définissent la notion de « population vulnérable ». Elles prévoient que le ministre de la Santé fasse des enquêtes de biosurveillance qui pourraient porter sur les populations vulnérables. Elles prévoient aussi l'obligation de veiller à ce que les populations vulnérables et les effets cumulatifs soient pris en compte dans l'élaboration et la mise en oeuvre du nouveau plan des priorités en matière de gestion des produits chimiques. Enfin, elles demandent aux ministres d'examiner les données disponibles sur les populations vulnérables et les effets cumulatifs lorsqu'ils évaluent les risques et interprètent les résultats de ces évaluations.
En outre, Environnement et Changement climatique Canada travaille en étroite collaboration avec Services autochtones Canada...
:
Je vous remercie, monsieur le président et membres du Comité. Bonjour.
Comme ma collègue, Laura Farquharson, l'a mentionné, je m'appelle David Morin. Je suis directeur général de la Direction de la sécurité des milieux, à Santé Canada.
[Français]
Je me réjouis de cette occasion qui m'est offerte de discuter du rôle de Santé Canada dans la protection de la santé des Canadiens et des Canadiennes contre les risques environnementaux.
Je voudrais parler plus précisément des activités de Santé Canada liées à la santé des peuples autochtones et des communautés racisées ainsi que des risques pour la santé environnementale auxquels ils sont exposés. Ceux-ci comprennent les risques associés à l'exposition à des produits chimiques toxiques, à la pollution de l'air et à la pollution de l'eau.
[Traduction]
L'exposition aux produits chimiques toxiques constitue un risque continu pour la santé des Autochtones et des communautés racisées, ainsi que d'autres populations vulnérables.
Santé Canada s'efforce donc de mieux intégrer des considérations particulières relatives aux populations vulnérables dans les évaluations des risques chimiques et dans la mise en œuvre des activités de gestion des risques en application de la Loi canadienne sur la protection de l'environnement. Ces améliorations comprennent la création d'un groupe spécial sur les populations vulnérables afin de mieux comprendre les expositions de ces populations aux produits chimiques dans des situations réelles.
Parallèlement à ces efforts, Santé Canada a également lancé des initiatives en sciences et en recherche ciblées sur les risques environnementaux pour la santé auxquels sont exposées les populations autochtones canadiennes. Ainsi, Santé Canada vient de terminer, en partenariat avec la nation Nishnawbe-Aski, Services aux Autochtones Canada et d'autres partenaires, l'étude en santé environnementale sur les enfants de la zone de Sioux Lookout.
[Français]
Cette étude pluriannuelle a été entreprise pour caractériser la qualité de l'air dans les communautés des Premières Nations au Canada, à l'intérieur et à l'extérieur de leur domicile, en raison des taux élevés de maladies respiratoires, comme la bronchiolite et la pneumonie chez les enfants.
[Traduction]
L'étude apporte de précieuses indications sur les liens entre le logement, la qualité de l'air intérieur et la santé.
Nous comprenons mieux maintenant l'état actuel des logements dans la nation Nishnawbe-Aski, mais nous comprenons mieux aussi les problèmes liés à la qualité de l'air.
Enfin, depuis 1991, Santé Canada, ainsi que d'autres ministères fédéraux, soutient le Programme de lutte contre les contaminants dans le Nord qui a pour objectif de réduire ou d'éliminer les contaminants dans les aliments traditionnels et d'informer les personnes et les collectivités sur les contaminants afin qu'elles puissent mieux se protéger. Ce programme comprend la biosurveillance des niveaux de contaminants dans les populations du Nord.
[Français]
Je tiens à remercier le Comité de me donner l'occasion de souligner ces exemples d'activités qui sont entreprises par Santé Canada pour lutter contre les risques pour la santé environnementale auxquels sont exposés des segments de la population canadienne.
Je vous remercie beaucoup de votre attention.
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Le projet de loi reconnaît que chaque Canadien a droit à un environnement sain comme le prévoit la Loi canadienne sur la protection de l'environnement, et impose ensuite de développer un cadre de mise en œuvre afin de préciser la façon dont le droit à un environnement sain sera considéré dans l'exécution de cette Loi. Il n'oblige par contre pas à mettre sur pied un groupe d'experts sur les populations vulnérables, mais vous faisiez peut-être allusion à ce cadre de mise en œuvre.
Il faut en même temps convenir que le projet de loi évoque plusieurs fois les populations vulnérables, et la question sous-jacente à ce texte peut probablement être abordée de deux façons différentes.
La première concerne les exigences en matière de recherche. Tout amendement exigerait du ministre de la Santé de réaliser des enquêtes de biosurveillance, et le projet de loi précise clairement que celles-ci pourraient porter sur les populations vulnérables.
Le projet de loi reconnaît également de façon explicite que le devoir du gouvernement d'exercer ses pouvoirs en la matière doit l'être de façon à protéger l'environnement et la santé humaine, y compris celles des populations vulnérables.
Les deux ministres doivent tenir compte des informations disponibles concernant les populations vulnérables et des effets cumulatifs sur ces populations quand ils procèdent à certaines évaluations de risque et à l'interprétation de leurs résultats, ainsi que lorsqu'ils élaborent le Plan des priorités de gestion des produits chimiques.
Je crois que je vais m'en tenir à ceci. Cela suffit probablement. Ce sont là, à mon avis, toutes les façons d'aborder certaines des questions que ce projet de loi sous-tend également.
:
Avec votre permission, j'ajouterai à ce que ma collègue, Mme Farquharson, vient de vous dire que, dans le cas de Santé Canada, cela fait maintenant de nombreuses années que nous avons commencé à tenir compte des populations vulnérables dans nos évaluations de risques.
C'est ainsi que nous avons mis sur pied un groupe d'experts sur les populations vulnérables. Celui-ci nous a permis de mieux comprendre les populations vulnérables et d'apprécier leur diversité et de réaliser comment chacune d'elles, en fonction de ses caractéristiques uniques, pourrait être touchée par l'exposition à des produits chimiques.
En vérité, la différence tient à notre capacité réelle à prendre en compte les populations vulnérables, ce qui nous permet de disposer ensuite de données indiquant le niveau d'un produit chimique donné présent dans les populations vulnérables et les endroits dans lesquels cette contamination est présente en regard des sources d'exposition aux produits chimiques. C'est cette combinaison des deux éléments qui nous est utile.
C'est une très bonne chose que de pouvoir faire appel à un groupe d'experts pour identifier les populations vulnérables et en avoir une meilleure compréhension. Ce sont, dans une large mesure, les données dont nous disposons qui nous le permettent. Il est manifeste que, à l'avenir, la mise sur pied de tel groupe d'experts nous aidera à améliorer notre compréhension du problème quand nous tiendrons compte des points de vue et des visions de toute une gamme d'autres populations vulnérables.
Je remercie toutes les personnes qui sont présentes pour nous aider à cheminer.
Ma question s'adresse à Mme Farquharson.
Dans le projet de loi , il y a une section « Définition ».
Cependant, on n'y présente pas de définition du concept de racisme environnemental. Or il nous semble que l'introduction d'un nouveau concept dans la Loi, surtout s'il découle d'une théorie particulière, mériterait une définition. Dans la société et dans le monde universitaire, les concepts évoluent, mais ceux qui se retrouvent dans une loi devraient toujours être compréhensibles, connus et reconnus.
Quels sont pour vous les défis ou les implications de mettre en œuvre des politiques issues de dispositions législatives qui présentent des concepts qui ne sont pas clairement définis??