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Je déclare la séance ouverte.
Bienvenue à la 32e séance du Comité permanent de l'environnement et du développement durable de la Chambre des communes, pour la première réunion de notre étude article par article du projet de loi .
Je pense que tout le monde ici connaît le modus operandi des comités, tout particulièrement dans l'espace virtuel, donc je ne le passerai pas en revue.
Encore une fois aujourd'hui, nous sommes très heureux de recevoir le ministre Wilkinson. Il est accompagné de M. Samuel Millar, directeur général, Finances intégrées, ressources naturelles et environnement, Développement économique et finances intégrées, du ministère des Finances. Nous recevons aussi John Moffet, sous-ministre adjoint, Direction générale de la protection de l'environnement, qui était aussi avec nous la semaine dernière; et Douglas Nevison, sous-ministre adjoint, Direction générale des changements climatiques, du ministère de l'Environnement; il était aussi des nôtres la semaine dernière.
J'inviterais maintenant le ministre Wilkinson à présenter sa déclaration liminaire.
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Je vous remercie de l'invitation de discuter du projet de loi , la Loi canadienne sur la responsabilité en matière de carboneutralité.
Je voudrais d'abord remercier les membres du Comité d'avoir entrepris avec célérité l'examen de ce projet de loi. Je crois savoir qu'il s'agit d'une semaine réservée au travail de circonscription. Considérant la crise climatique à laquelle nous faisons face, nous ne pouvons pas nous permettre d'attendre.
Plus de 120 pays se sont déjà engagés à atteindre la carboneutralité d'ici 2050, y compris notre plus grand partenaire commercial au sud de la frontière. Certaines grandes entreprises canadiennes ont également pris cet engagement.
Comme je l'ai dit par le passé, je demeure ouvert à des amendements constructifs qui renforceront davantage le projet de loi . J'attends avec impatience les travaux du Comité à cet égard, et je suis toujours engagé à adopter une approche de coopération et de collaboration. C'est ainsi que le processus parlementaire devrait fonctionner, et je crois fermement que c'est ce à quoi les Canadiens s'attendent de leurs députés élus.
Le projet de loi codifie l'engagement du gouvernement que le Canada atteigne la carboneutralité d'ici 2050, ainsi que notre nouvelle cible annoncée pour 2030. Il crée également un régime détaillé de responsabilité et de transparence pour nous assurer que nous planifions et corrigeons notre chemin vers la carboneutralité, tout en rendant des comptes à cet égard.
[Français]
En décembre de l'année dernière, nous avons publié le plan climatique renforcé du Canada. Ce plan est l'un des plans de réduction des gaz à effet de serre les plus détaillés au monde.
Reconnaissant l'exigence scientifique d'une action rapide et ambitieuse, nous avons annoncé une nouvelle cible de réduction de 40 à 45 % des émissions de gaz à effet de serre d'ici 2030 lors du sommet des leaders sur le climat en avril.
[Traduction]
Les mesures annoncées dans le budget de 2021, ainsi que les travaux en cours avec nos collègues américains sur des questions comme le transport et le méthane, appuieront cette nouvelle cible. Nous savons qu'il faudra agir davantage. Cette ambition continue correspond à ce à quoi les Canadiens s'attendent, c'est-à-dire que nous continuerons de privilégier l'action climatique et que nous travaillerons à atteindre des objectifs qui sont alignés sur la science.
Pour que nous puissions nous assurer d'atteindre nos objectifs, le projet de loi exige que le ministre de l'Environnement et du Changement climatique prépare deux types de rapports, qui doivent tous deux être déposés au Parlement et mis à la disposition du public: les rapports d'étape et les rapports d'évaluation.
Les rapports d'étape fourniront des mises à jour sur les progrès réalisés par le Canada en vue d'atteindre la prochaine cible de l'année jalon concernée et sur toutes les mesures supplémentaires qui pourraient être prises pour atteindre l'objectif. Chaque rapport d'étape doit être préparé au moins deux ans avant l'année jalon en question.
Les rapports d'évaluation, quant à eux, expliqueront si la cible a été atteinte. Si le Canada n'atteint pas la cible, le ministre doit expliquer pourquoi et inclure une description des mesures que le gouvernement prendra pour remédier à la situation. Chaque rapport d'évaluation doit être préparé dans les 30 jours suivant la présentation par le Canada de son rapport d'inventaire des GES à la CCNUCC pour l'année jalon pertinente.
[Français]
Le projet de loi oblige également le gouvernement à rendre des comptes en demandant au commissaire à l'environnement et au développement durable d'examiner régulièrement la mise en œuvre par le gouvernement des mesures d'atténuation des changements climatiques, y compris celles entreprises pour atteindre chaque cible, et d'en rendre compte.
Le projet de loi met en place un groupe consultatif composé d'un maximum de 15 membres, qui fournira des recommandations au ministre et mènera une réflexion sur les moyens d'atteindre l'objectif de la carboneutralité d'ici 2050.
Le groupe consultatif doit soumettre un rapport annuel, et le ministre doit répondre publiquement à ces recommandations.
[Traduction]
Tout cela s'ajoute à nos exigences actuelles en matière de rapports en vertu de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques. Mon ministère a préparé un tableau donnant une vue d'ensemble des obligations du gouvernement concernant les rapports et les mécanismes de transparence. Ce tableau sera présenté au Comité.
En légiférant nos obligations relatives au climat, la Loi canadienne sur la responsabilité en matière de carboneutralité veillera à ce que les gouvernements soient imputables et transparents quant à leurs actions pour combattre les changements climatiques. Le projet de loi exigera de tous les futurs gouvernements de déposer des plans forts pour le climat et fondés sur la science, afin de faire face à la menace des changements climatiques.
Les Canadiens comptent sur nous pour avoir des discussions constructives afin de renforcer ce projet de loi. Mais, ils souhaitent également que nous consacrions dans la Loi notre engagement d'atteindre la carboneutralité et les chemins pour y arriver.
J'attends avec impatience la discussion approfondie sur le projet de loi au Comité, mais j'espère aussi que ce projet de loi ira de l'avant le plus rapidement possible.
[Français]
Merci beaucoup.
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Merci, monsieur le président.
Merci, monsieur Albas, de m'offrir cette occasion inattendue.
Monsieur le ministre, merci de comparaître devant le Comité. Merci de votre engagement personnel à l'égard de l'action climatique. Il est manifeste. Vous savez que vous avez mon profond respect, parce que je sais que cela compte pour vous. Lorsque vous dites que « nous ne pouvons pas nous permettre d'attendre », je crois fermement que vous y croyez, et c'est pourquoi je suis très déçue par ce projet de loi.
Ma première question, c'est pourquoi. Lorsqu'il a élaboré le projet de loi, il semble évident qu'Environnement et Changement climatique Canada a choisi de ne pas étudier les lois sur la responsabilité climatique d'autres pays — le Royaume-Uni, la Nouvelle-Zélande, le Danemark — et de faire mieux que ce que ces pays recommandent. À trois endroits, je note les différences avec ce projet de loi: nous ne commençons pas immédiatement par une cible quinquennale, soit cinq ans à partir de l'entrée en vigueur de la Loi, l'année jalon; nous n'incluons pas de budgets carbone; et nous ne nous appuyons pas sur un comité d'experts qui rend compte à l'ensemble du Parlement et établit en réalité ces budgets carbone pour le gouvernement.
Une décision doit avoir été prise de ne pas examiner le critère d'excellence de la responsabilité climatique ailleurs dans le monde. Je me demande pourquoi on ne l'a pas fait.
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Merci de poser cette série de questions. Bien sûr, je vous remercie de votre engagement continu à l'égard de la question climatique, qui est, je le sais, très profond.
Nous avons assurément examiné l'ensemble des autres lois pertinentes dans le monde. Nous sommes arrivés à la conclusion que nous allions devoir élaborer quelque chose qui cadrait le mieux, selon nous, avec le contexte canadien. Comme vous le savez, nous avons établi un groupe d'experts. Le groupe d'experts est un élément de tout cela. Le rôle du commissaire de l'environnement et du développement durable en est un autre. Dans certaines administrations, ces rôles sont fusionnés, mais dans ce cas-ci, le commissaire procède à l'examen et à la vérification de cette fonction. Le groupe d'experts est nommé pour fournir des conseils au gouvernement, qui est public. Le ministre doit y répondre chaque année, et nous pensons que cet élément est le critère d'excellence pour ce qui est de savoir comment nous irons de l'avant.
En ce qui concerne les autres éléments du projet de loi, certes, comme je l'ai dit, nous les avons examinés de façon très attentive. Nous croyons que l'établissement d'objectifs de déploiement sur cinq ans qui intègre essentiellement des émissions liées aux secteurs est la bonne façon de procéder au Canada, un système fédéral. Nous croyons que cela ressemble essentiellement aux résultats que vous pouvez obtenir des budgets carbone. Nombre d'autres pays, y compris le Danemark, l'Écosse et d'autres, ont adopté la même approche que le Canada.
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Merci beaucoup de poser cette question très importante.
Il est crucial d'entendre ce que les Canadiens, les chercheurs et les experts ont à dire. C'est important à plus d'un titre pour ce qui est d'obtenir les bonnes réponses. C'est aussi important pour établir un consensus dans les décisions qui seront prises dans l'avenir.
L'article 13 du projet de loi prévoit que, lorsqu'il établit ou modifie la cible nationale en matière d'émissions de gaz à effet de serre ou qu'il prépare un plan de réduction des émissions, le ministre donne l'occasion aux Canadiens, aux experts, aux peuples autochtones et à d'autres gouvernements de fournir leurs idées et leurs points de vue. Par exemple, ces occasions pourraient être virtuelles — dans un webinaire ou par l'entremise des médias sociaux par exemple — ou en personne avec des tables rondes et des assemblées.
De plus, l'organisme consultatif indépendant sur la carboneutralité a pour mandat de faire participer les Canadiens à un processus transparent et inclusif et de fournir des conseils au ministre sur les voies qui permettent d'atteindre la carboneutralité d'ici 2050. Nous croyons que c'est très important.
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Merci encore une fois de cette question.
Il est assurément important de nous engager à faire preuve de transparence et de responsabilisation, parce que cela aide les gens et les entreprises à prévoir et que les investisseurs savent qu'ils peuvent compter sur le Canada comme un excellent endroit où investir. Cela établit aussi des objectifs très clairs que les Canadiens s'attendent à nous voir respecter. Ils tiendront notre gouvernement — et tout gouvernement futur — responsable si nous ne le faisons pas. Un vaste éventail de mesures sur la responsabilisation sont décrites dans la Loi. Je pense que vous les connaissez toutes très bien.
La Loi est aussi proactive. Elle oblige le gouvernement fédéral à présenter des plans climatiques pour répondre aux objectifs en fonction des meilleures données scientifiques et des meilleurs conseils d'experts offerts.
Le commissaire veillera aussi à assurer la responsabilisation, puisque le commissaire est tenu, en vertu de la loi, d’examiner les mesures de mise en œuvre et d’atténuation du gouvernement et de faire rapport à ce sujet au moins à chaque cible. Le groupe sur la carboneutralité publiera aussi des rapports, et le ministre doit y répondre.
J'ai aussi mentionné publiquement que je suis ouvert à aller plus loin en ce qui concerne les mesures liées à la responsabilisation. J'ai souligné que je serais ravi de voir le projet de loi fournir des rapports d'étape supplémentaires en 2023 et en 2025, en assurant deux examens de la mise en œuvre des engagements pris par le gouvernement du Canada à l'égard du Bureau du vérificateur général en prévision de 2030, le premier devant être effectué au plus tard en 2024. Il comprendrait d'autres exigences prescriptives pour ce que le gouvernement doit inclure dans les rapports d'étape et le plan de réduction des émissions.
Toutes ces mesures permettront d'assurer la responsabilisation et la transparence.
La transition verte de l'économie du Canada est nécessaire pour atteindre la carboneutralité. Cela nécessite une planification avancée, des investissements dans le développement technologique et le déploiement de ces technologies. Ces mesures changeraient beaucoup notre quotidien au cours des prochaines décennies.
Le lancement du groupe consultatif créerait une plateforme indépendante et crédible pour recueillir des idées et mener des recherches et des analyses sur les nombreuses voies permettant d'atteindre la carboneutralité partout au Canada d'ici 2050, et pour le faire d'une manière qui assurera la prospérité et la santé économique du Canada dans l'avenir. Le groupe consultatif serait formé d'éminents Canadiens provenant de toutes les régions du pays et d'une diversité de secteurs et de perspectives. L'analyse de l'organisme consultatif appuierait le gouvernement du Canada afin qu'il fasse des choix éclairés concernant la réduction des émissions et la croissance de notre économie. Comme vous le savez, le principal mandat consiste à fournir des conseils sur les avenues les plus prometteuses permettant d'atteindre la carboneutralité d'ici 2050.
Nous savons bien qu'il est nécessaire que cet organisme indépendant possède les ressources dont il a besoin pour mener à bien son travail. C'est pourquoi on a réservé un budget de plus de 15 millions de dollars au cours des trois prochaines années et affecté un secrétariat pour appuyer son travail.
Dans l'avenir, l'organisme consultatif établirait un processus transparent et inclusif afin de mobiliser les intervenants.
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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie, monsieur le ministre, de prendre le temps de répondre à nos questions.
Je remercie également les témoins de leur présence.
Monsieur le ministre, la version actuelle du projet de loi ne contient aucune cible de réduction des gaz à effet de serre. En fait, le paragraphe 7(2) prévoit que vous allez établir la cible dans les six mois suivant l'entrée en vigueur de la Loi. Or, en avril dernier, vous avez annoncé que votre nouvelle fourchette cible serait de 40 à 45 % de réduction des gaz à effet de serre d'ici 2030, comparativement à celle de 2005.
Lors de la période de questions, j'ai demandé si votre gouvernement allait inclure cette nouvelle fourchette cible dans la Loi. Le ministre Guilbeault, qui semble avoir un poste assez important au sein de votre ministère, a répondu que cette nouvelle cible serait effectivement incluse dans la Loi.
Confirmez-vous cette affirmation?
En parlant des pays partenaires, les 27 pays de l'Union européenne et le Québec calculent leurs objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre, ou GES, en utilisant l'année 1990 comme référence. Pour sa part, le Canada décide d'utiliser l'année 2005. Comme l'augmentation des GES a été assez faramineuse entre 1990 et 2005, ce choix fait une grande différence, parce qu'on a l'impression que le Canada a donné un congé de 15 ans permettant aux pétrolières et aux gazières de polluer.
À titre d'exemple, le Canada émettait en 1990 environ 603 mégatonnes de GES, tandis qu'il en émettait 739 en 2005. En choisissant l'année 2005, on comprend donc que la cible est beaucoup moins ambitieuse.
En fait, le Canada a réduit ses GES de 9 mégatonnes entre 2005 et 2019. Par contre, il les a augmentées entre 1990 et 2019.
Comparativement aux autres pays, on note donc vraiment une bonne différence à cause de la méthode de calcul des projections. Le gouvernement serait-il prêt à utiliser l'année 1990 au lieu de l'année 2005 comme référence dans ses calculs?
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Merci, monsieur le président.
Monsieur le ministre, merci d'être ici avec nous aujourd'hui pour répondre à nos questions.
Je sais bien que nous abordons une notion bien connue, mais j'aimerais commencer par la question du jalon de 2025.
Une grande partie des commentaires et des réactions que nous avons reçus des électeurs et de la société civile portent sur ce besoin perçu d'un certain type de jalon à court terme ou de mesure de responsabilisation qui montre que nous sommes sur la bonne voie. Lorsque nous regardons le modèle du Royaume-Uni, un des grands succès, c'est qu'il a établi dès le départ un budget carbone quinquennal. C'était un budget à court terme qu'il a non seulement atteint, mais dépassé.
Pourriez-vous expliquer au Comité pourquoi, selon vous, il est si difficile pour votre gouvernement d'établir un jalon en 2025?
Merci d'être avec nous, monsieur le ministre.
Je vais poursuivre sur le même sujet. Vous avez parlé des cibles et du fait qu'elles changent. Bien sûr, vous savez qu'au départ, la cible était de 30 % sans taxe sur le carbone; ensuite, nous avons ajouté la taxe sur le carbone, ou plutôt, vous avez augmenté la taxe sur le carbone, puis le budget a été déposé et la cible était désormais de 36 %. Je continue à croire que c'était une coquille, parce que, quelques jours plus tard, le a rectifié le tir en disant que c'était de 40 à 45 %. J'ai discuté avec quelques intervenants qui ont été surpris de ces augmentations, parce qu'ils n'en savaient rien avant de les voir sur les médias sociaux.
Vous avez parlé de collaboration. Entre le 19 avril, date où le budget a été publié, et le 22 avril, lorsque le a annoncé les cibles, qui avez-vous consulté précisément et avec qui avez-vous collaboré pendant cette période de 60 heures pour établir ces nouvelles cibles qui sont plus ambitieuses?
Vous avez aussi parlé de corriger le chemin, et je crois que c'est où vous voulez en venir ici.
Je viens du secteur privé, et, pour atteindre vos buts, il faut énormément de planification et investir énormément d'argent, et pour faire cela correctement, il faut qu'il y ait une certaine stabilité qui vous permet de prévoir ce qui s'en vient.
Les intervenants se sont plaints que, quand les cibles n'arrêtent pas de changer, il est très difficile de mettre en œuvre un plan. À mesure que nous avançons, allez-vous continuer de changer les objectifs? Et si oui, comment croyez-vous que les provinces et les entreprises vont pouvoir faire les investissements qu'elles ont besoin de faire si elles doivent toujours revenir en arrière, jeter leur plan et en préparer un nouveau?
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci, monsieur le ministre, d'être avec nous aujourd'hui. C'est un plaisir de parler avec vous, monsieur le ministre.
Monsieur le ministre, mes électeurs d'Etobicoke-Centre sont très préoccupés par les changements climatiques, et je crois qu'ils s'attendent à ce que nous fassions tout en notre pouvoir pour protéger la planète. Ils s'attendent à ce que le gouvernement du Canada s'assure que nos émissions, autant au Canada qu'à l'échelle mondiale, soient suffisamment réduites pour atteindre l'objectif.
Au cours des derniers mois, notre gouvernement a pris des mesures importantes et a annoncé des investissements majeurs, y compris dans le dernier budget, pour lutter contre les changements climatiques. Il y a à peine quelques semaines, le a annoncé de nouvelles cibles de réduction des émissions.
Pouvez-vous résumer, pour mes électeurs d'Etobicoke-Centre, quelles sont les cibles de réduction d'émissions du gouvernement et nous dire dans quelle mesure elles nous permettront de réduire nos émissions?
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Merci de poser cette question très importante. Je crois que les électeurs de bon nombre de circonscriptions d'un océan à l'autre posent le même genre de questions.
Comme vous le savez très bien, les changements climatiques sont une menace pour l'existence de l'humanité, mais sont aussi une incroyable occasion économique pour les pays qui vont agir rapidement et ambitieusement. Quand notre gouvernement est arrivé au pouvoir il y a cinq ans, les émissions du Canada n'allaient pas dans la bonne direction. On prévoyait qu'elles allaient être de 12 % plus importantes en 2030, par rapport à ce qu'elles étaient en 2005.
Nous avons élaboré le premier plan climatique national du Canada, qui réduira énormément les émissions. En décembre, nous avons présenté un plan climatique renforcé qui explique de façon très détaillée comment le Canada va surpasser les cibles initiales de l'Accord de Paris. Ce plan est l'un des plans les plus détaillés du monde.
Nous savions que nous devions faire plus. La science nous dit que nous devons en faire plus pour éviter la catastrophe, et c'est pourquoi le a annoncé en avril la nouvelle cible de 40 à 45 % en dessous des niveaux de 2005 d'ici 2030. Pour situer cela dans le contexte, c'est 50 % de plus que notre cible précédente. Nous avons pris cette décision avec nos partenaires et amis des États-Unis, du Japon, de l'Union européenne et du Royaume-Uni. Ensemble, la moitié du PBI mondial a pour objectif de limiter l'augmentation de la température à 1,5 oC. C'est un objectif ambitieux, mais atteignable, et c'est un premier pas vers la carboneutralité.
Ce projet de loi est extrêmement important si nous voulons que cela continue.
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Comme je l'ai dit, pendant le Sommet des dirigeants, nous avons annoncé la nouvelle cible, qui est beaucoup plus élevée.
Comme Mme May l'a dit, en vertu de l'Accord de Paris, les pays doivent limiter le réchauffement climatique à moins de 2 oC, avec une cible de 1,5 oC.
La Loi canadienne sur la responsabilité en matière de carboneutralité s'aligne sur les exigences de l'Accord de Paris qui sont de revoir les ambitions à la hausse au fil du temps. Aussi, au moment de fixer les objectifs en matière d'émissions de gaz à effet de serre, le ministre doit prendre en considération les meilleures données scientifiques existantes, ainsi que les engagements internationaux du Canada.
Pendant que nous nous efforçons d'atteindre ces nouvelles cibles ambitieuses, le projet de loi établit clairement que nous devons voir plus loin que 2030 et veiller à ce que les gouvernements futurs, peu importe le parti, réfléchissent à des mesures concrètes pour véritablement atteindre la carboneutralité d'ici 2050. C'est le but du projet de loi.
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Je vous remercie, monsieur le président.
J'aimerais revenir sur la nouvelle fourchette cible de 40 à 45 % de réduction par rapport aux émissions de l'année de référence 2005.
En ce moment, pour respecter l'objectif minimal de réduction de 30 %, les émissions du Canada devraient être de 511 mégatonnes en 2030, ou de 517, selon la méthode de calcul. Or, selon les estimations du ministère de l'Environnement, elles seraient plutôt de 588 mégatonnes à ce moment-là. On a donc un excédent de 77 mégatonnes. Je parle des derniers chiffres reçus. Bien entendu, si le ministère a de nouvelles projections, nous serons bien contents de les obtenir, qu'elles soient plus optimistes ou pessimistes. Il faut garder en tête que toutes les mesures annoncées ne seront peut-être pas appliquées d'ici 2030.
J'aimerais savoir comment vous pouvez annoncer des chiffres comme 40 à 45 % alors que les données de votre propre ministère annoncent un scénario un peu moins optimiste.
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Merci, monsieur le président.
Merci, monsieur le ministre, d'être avec nous aujourd'hui. Je tiens à vous remercier de votre leadership et du fait que le projet de loi a été renvoyé au Comité, parce qu'il s'agit certainement d'un enjeu important pour les Canadiens.
L'une des préoccupations les plus importantes pour les électeurs de ma circonscription de York-Centre est certainement la crise climatique, et ils savent pertinemment que les changements climatiques sont réels, et que cela est appuyé par la science. Ils voient la trajectoire dangereuse sur laquelle les conservateurs nous ont lancés quand ils étaient au pouvoir, et ils comprennent que, si nous ne prenons pas des mesures pour lutter contre la crise climatique, cela nuira non seulement à notre environnement, mais aussi à notre économie.
Monsieur le ministre, pouvez-vous nous parler des risques actuels et futurs pour l'économie et pour l'environnement du Canada si nous n'adoptons pas cette loi sur la carboneutralité?
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Merci. Je suis tout à fait d'accord. Lorsque le gouvernement libéral est entré au pouvoir il y a cinq ans, les émissions du Canada allaient dans la mauvaise direction, et auraient connu une hausse de 12 % en 2030, par rapport à 2005.
L'Accord de Paris et la reconnaissent l'importance de restreindre le réchauffement de la planète à 1,5 degré Celsius. Selon le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, les émissions mondiales de CO2 causées par l'humain doivent atteindre la neutralité d'ici 2050 afin de respecter l'objectif de 1,5 degré Celsius.
Les Canadiens subissent déjà les importantes conséquences des changements climatiques. La vitesse des changements au Canada est deux fois plus élevée qu'ailleurs dans le monde; dans le Nord, c'est trois fois plus élevé. Les conséquences sont énormes. La Banque du Canada a déterminé que les changements climatiques pourraient coûter entre 21 et 43 milliards de dollars par année d'ici 2050 si aucune mesure n'est prise. Le Bureau d'assurance du Canada a présenté ses propres chiffres, et nous avons tous été témoins des événements climatiques extrêmes de Fort McMurray et de la Colombie-Britannique, avec les feux de forêt. Les changements climatiques sont bien réels. C'est prouvé scientifiquement. Il n'y a pas matière à débat: c'est un enjeu scientifique. Ces événements devraient s'intensifier au cours des prochaines années.
Le monde est sur une lancée: 120 pays ont maintenant fixé cet objectif fondé sur la science. Le Canada a l'occasion de s'attaquer aux conséquences possibles des changements climatiques afin d'assurer une transition vers une économie qui offrira des produits et services qui seront recherchés au sein d'un monde à faibles émissions de carbone, et d'assurer la prospérité de notre économie, pour le maintien et la création de bons emplois pour la classe moyenne. C'est l'objectif du projet de loi.
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Oui. C'est l'objectif principal du projet de loi. En plus de bien nous positionner pour atteindre notre objectif en matière de carboneutralité, il crée un système qui sera plus transparent et qui obligera les gouvernements à être plus redevables.
En ce qui a trait à la transparence, la loi exigera du ministre de l'Environnement et du Changement climatique qu'il présente un plan de réduction des émissions, un rapport d'étape et des rapports d'évaluation pour chaque cible au Parlement. Elle exigera de la qu'elle publie un rapport annuel sur les principales mesures prises par la fonction publique fédérale pour gérer les risques financiers associés aux changements climatiques, en collaboration avec le ministre de l'Environnement et du Changement climatique. Elle prévoira le mandat, pour le gouvernement du Canada, de décrire toutes les mesures qu'il prendra pour atteindre une cible ratée. Elle prévoira aussi la participation de la population, tant par l'entremise de l'organisme consultatif sur la carboneutralité que par l'entremise d'autres mécanismes.
Comme je l'ai dit plus tôt, la loi prévoit d'importantes mesures de transparence et de reddition de comptes. J'ai déjà évoqué, dans mon discours préliminaire, certains des domaines dans lesquels nous sommes prêts à aller plus loin, et j'ai hâte d'entendre les délibérations du Comité à cet égard.
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Monsieur le président, je peux répondre à cette question.
Je vous remercie beaucoup pour votre question, monsieur le député.
Pour revenir à l'une des questions que vous avez posées au ministre, à l'heure actuelle, il n'y a aucun financement prévu dans le Budget principal des dépenses de 2021-2022 pour un organisme consultatif sur la carboneutralité. Le financement a été approuvé dans le budget, mais il passe maintenant par le processus du Conseil du Trésor. Par conséquent, il se trouvera dans de prochaines prévisions budgétaires.
En ce qui a trait à l'organisme en soi, il s'agit d'un groupe bénévole pour le moment, qui se réunit à la demande du ministre. Si le projet de loi entre en vigueur, la proposition veut que cet organisme soit nommé par le gouverneur en conseil.
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Merci beaucoup, monsieur Albas.
Mes questions s'adressent à John Moffet. Le témoignage du ministre reflète quelques incohérences — et je ne sais pas s'il sait que ce sont des incohérences — entre ce que nous avons convenu de faire à Paris et ce qu'il pense que nous avons convenu de faire. J'aimerais vous les présenter.
Premièrement, nous savons d'après le rapport spécial du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat d'octobre 2018 sur l'augmentation de 1,5 degré Celsius qu'il est faux de dire qu'en atteignant la carboneutralité d'ici 2050, nous nous en serons tenus à cette augmentation. Le Groupe d'experts n'a désigné qu'une seule façon pour assurer une augmentation d'au plus 1,5 degré Celsius, et il faut que le gros du travail soit fait avant 2030. Par conséquent, je trouve inquiétant que le ministre et bon nombre des députés libéraux disent encore et encore à la Chambre qu'aucun élément de l'Accord de Paris ne nécessite un travail par périodes de cinq ans à compter de 2025.
En fait, dans l'Accord de Paris se trouve un engagement voulant que 2023 soit la première année d'inventaire mondial, et le paragraphe 24 du document de décision de la COP 21 énonce que le Canada aurait dû améliorer sa cible en 2020, et tous les cinq ans par la suite.
Comment se fait-il que le ministère ait dit au ministre que le projet de loi , avec un premier jalon en 2030, n'était pas incompatible avec ce que nous avions convenu de faire à Paris?
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Je pense que c'est une excellente question et un enjeu vraiment important.
Il convient de faire la distinction entre les obligations juridiques précises prévues au projet de loi et le processus que le gouvernement actuel et les gouvernements futurs mettront en œuvre pour favoriser des mesures de lutte aux changements climatiques véritablement efficaces.
Ce projet de loi exige du gouvernement fédéral qu'il établisse des cibles. Il exige aussi que le ministre mène de vastes consultations, notamment par l'intermédiaire d'un comité consultatif. Le projet de loi permet aussi que le plan du ministre renvoie aux mesures prises par d'autres ordres de gouvernement, mais sans l'exiger, puisque le gouvernement ne peut obliger les provinces, les territoires ou les gouvernements autochtones à prendre des mesures, mais seulement les encourager à le faire.
L'efficacité générale du plan est tributaire de la mesure dans laquelle un gouvernement, actuel ou futur, y parviendra. Actuellement, la mobilisation est excellente à l'échelle du gouvernement fédéral, des gouvernements provinciaux, territoriaux et autochtones, des administrations municipales et avec un large éventail d'intervenants, pour la conception et la mise en œuvre de mesures individuelles, et pour la détermination des possibilités de collaboration à l'échelle régionale, provinciale ou locale. En outre, des processus très officiels basés sur les distinctions sont en place depuis un certain nombre d'années avec nos partenaires autochtones.
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Je tiens à remercier M. Millar, M. Moffet et M. Nevison. Nous allons maintenant faire une pause de cinq minutes pendant qu'un nouveau groupe de témoins se connecte.
Je prends un instant pour rappeler aux membres du Comité que nous avons deux autres séances de trois heures avec témoins cette semaine, les 19 et 20 mai à 14 h 30, même heure, même poste.
La semaine suivante, le 26 mai, nous commencerons l'étude article par article. Je vous demande donc de présenter vos amendements d'ici le vendredi 21 mai, à 17 heures au plus tard. La semaine suivante, il semble que nous n'avons que deux réunions de deux heures. C'est tout ce que nous avons pu obtenir dans les circonstances. Avec un peu de chance, nous pourrons peut-être obtenir une heure supplémentaire à une date quelconque, mais pour l'instant, nous semblons avoir quatre heures sur deux réunions. Veuillez présenter vos amendements avant le vendredi 21 mai, à 17 heures.
Nous allons faire une pause. Nous en profiterons pour faire des tests de son avec les autres témoins. Merci encore à nos trois témoins.
Je m'appelle Christie McLeod et je vous parle depuis les terres traditionnelles et ancestrales non cédées des peuples Musqueam, Tsleil-Waututh et Squamish, à Vancouver.
Comme indiqué précédemment, je suis stagiaire en droit chez Miller Thomson LLP, et j'ai une maîtrise en études environnementales qui portait sur la responsabilité du Canada en matière de changements climatiques. J'ai rédigé et présenté un mémoire appuyé par 179 jeunes et 11 organismes dirigés par des jeunes. Je suis également co-autrice du mémoire présenté par le groupe national Lawyers for Climate Justice.
Ma génération et les générations suivantes seront les plus touchées par la crise climatique au cours des prochaines décennies. C'est notre avenir à nous qui sera façonné par la force ou la faiblesse des lois sur la responsabilité climatique que nous adopterons maintenant.
Le gouvernement canadien a reconnu l'urgence climatique, mais il continue à subventionner fidèlement l'industrie la plus responsable des changements climatiques. L'expansion prévue des activités d’extraction pétrolière et gazière au Canada d'ici à 2050 consommera 16 % du budget carbone mondial, un pourcentage effarant, dans un monde axé sur la cible de 1,5 °C. Nous avons essayé de maintenir le statu quo, mais cela a échoué. Depuis l'établissement de la première cible, en 1992, les émissions du Canada ont connu une augmentation nette de 16 %. En 2019, nos émissions étaient plus élevées qu'à l'arrivée au pouvoir du gouvernement libéral en 2015. Nous pouvons, et nous devons, faire mieux.
Je suis consciente des défis auxquels les politiciens sont confrontés dans la lutte contre la crise climatique. Les effets de l'action climatique prennent du temps à être perceptibles, tandis que nos cycles électoraux sont axés sur les résultats à court terme. Toutefois, c'est notre avenir qui est en jeu. Il est donc essentiel d'éviter la politisation des efforts de lutte contre les changements climatiques et de veiller à ce que la loi canadienne sur la responsabilité contienne des dispositions adéquates pour garantir que le gouvernement respecte ses obligations relatives au climat. Le manque d'urgence et de responsabilité dans la version actuelle du projet de loi m'effraie.
Le projet de loi met l'accent sur l’atteinte de la carboneutralité d’ici 2050. La cible fixée par le ministre pour chaque année jalon doit tendre vers l'atteinte de la cible de 2050. Nous devons d'abord faire tout notre possible d'ici 2030, puis penser à 2040 et à 2050. Nous ne pouvons pas reporter la majeure partie des efforts à un avenir lointain.
Selon la version actuelle du projet de loi, la première année jalon du Canada est 2030, ce qui signifie que le premier rapport d'étape du ministre ne sera pas présenté avant 2028. Nous ne devrions pas être obligés d'attendre si longtemps pour obtenir une mise à jour sur les progrès réalisés en vue de l'atteinte des cibles du Canada. Modifier l'article 2 pour inclure 2025 comme année jalon obligerait le ministre à préparer un rapport d'étape en 2023, ce qui est un calendrier beaucoup plus approprié.
Aux termes du paragraphe 7(4), chaque objectif doit être fixé à peine cinq ans d'avance. Aux termes de l'article 10, le Canada est seulement tenu de préparer un plan de réduction des émissions présentant les principales mesures et stratégies de réduction des émissions plutôt qu'un plan étoffé sur les moyens d'atteindre la cible. Les enjeux sont tout simplement trop grands pour que nous établissions la voie vers la carboneutralité alors que nous sommes déjà en route.
Les jeunes méritent de connaître le plan du Canada pour remédier à cette urgence et leur assurer un meilleur avenir. Les acteurs des industries et des marchés veulent connaître le plan du Canada pour l'atteinte de la carboneutralité afin de pouvoir réagir et s'adapter.
Lorsque Teck Resources a retiré sa demande auprès du fédéral pour le projet de sables bitumineux Frontier, l'entreprise a souligné que l'industrie a de l'intérêt pour les pays dotés de cadres favorisant la conciliation de l'exploitation des ressources et les changements climatiques, et que cela faisait défaut au Canada.
La communauté internationale mérite aussi de connaître le plan du Canada, car le pays est responsable de 1,7 % à 1,8 % de l'ensemble des émissions dans l'atmosphère. En 2018, le Canada se classait au 11e rang des plus grands pays émetteurs au monde et au cinquième rang par habitant. Les actions de notre pays ont joué et continueront de jouer un rôle crucial dans la course mondiale pour réduire les émissions et répondre à l'urgence climatique.
Pour être représentative d'une contribution juste du Canada au fardeau d’atténuation à l’échelle mondiale, la cible devrait être de 56 % à 153 % sous les niveaux de 2005, ce qui est beaucoup plus que la fourchette de 40 % à 45 % établie dans la nouvelle cible du Canada.
J'exhorte le Comité à veiller à ce que le Canada suive l'exemple d'autres pays en établissant des cibles audacieuses plus représentatives de notre juste part en matière d'atténuation et en présentant un plan crédible garantissant l'atteinte de ces cibles. C'est notre avenir à nous, les jeunes, qui est en jeu.
Je vous remercie.
Je vous remercie de nous recevoir aujourd'hui.
Je m'appelle Claudel Pétrin-Desrosiers. Je suis présidente de l'Association québécoise des médecins pour l'environnement, et je suis également membre du conseil d'administration de l'Association canadienne des médecins pour l'environnement, ou ACME.
Je suis accompagnée, aujourd'hui, de la Dre Courtney Howard, ancienne présidente de l'ACME et urgentologue à Yellowknife.
L'Organisation mondiale de la santé, ou l'OMS, a reconnu les changements climatiques comme la plus grande menace pour la santé au XXIe siècle. En fait, les changements climatiques agissent comme des amplificateurs de risques. Ils aggravent l'asthme et les évacuations causées par les feux de forêt, notamment ceux de l'Ouest canadien. Ils augmentent la mortalité et la morbidité secondaires liées aux vagues de chaleur, comme cela a été le cas à Montréal à l'été 2018. Ils allongent les saisons des allergies et amplifient les symptômes. Ils posent des problèmes de sécurité alimentaire. Plus encore, les changements climatiques accélèrent la propagation de certaines maladies, dont la maladie de Lyme, et augmentent même le risque de certaines nouvelles pandémies.
Les répercussions sont réparties de façon inégale. D'abord, et surtout, dans le Grand Nord canadien. Elles touchent aussi les femmes, les enfants, les personnes racisées et les peuples autochtones.
Beaucoup de décès pourraient être évités si nous changions la trajectoire actuelle, et ce, le plus rapidement possible. Un rapport récent de l'ACME a même démontré qu'une amélioration de la qualité de l'air pourrait sauver 112 000 vies, entre 2030 et 2050, au Canada seulement.
Je suis médecin de famille de formation. Dans la vie de tous les jours, je traite des patients de leur plus jeune âge jusqu'à leur fin de vie. Je n'ai pas de pilule miracle pour protéger mes patients des changements climatiques. J'ai besoin d'un traitement efficace, c'est-à-dire d'une loi forte, qui enchâsse la responsabilité climatique de l'État.
Les lois fortes sur la responsabilité climatique ont fait leurs preuves ailleurs dans le monde. Au Royaume-Uni, les budgets carbone contraignants, qui sont imposés par la loi depuis 2008, ont permis d'améliorer l'efficacité du secteur de la santé comme jamais auparavant. Le National Health Service, qui est le réseau public de santé, a diminué ses émissions de 18,5 % entre 2007 et 2017, et ce, malgré une augmentation importante des activités cliniques qui s'y déroulaient.
En 2020, au Royaume-Uni, un groupe d'experts de la santé a été intégré dans la démarche et dans l'élaboration du sixième budget carbone sous l'invitation du Climate Change Committee. L'objectif était d'adopter la meilleure approche possible pour protéger la santé de la population, en misant sur les mesures qui ont des cobénéfices sur la santé, par exemple, l'amélioration de la qualité de l'air, le développement des transports actifs pour réduire les maladies chroniques et même la bonification du système alimentaire. Les succès de ce genre sont possibles ici aussi.
Aux yeux de l'ACME, le projet de loi comporte certains de ces éléments clés, qui ont permis à des lois similaires de réussir à l'échelle internationale.
Nous tenons à souligner trois éléments importants. D'abord, l'établissement d'un cadre sur la responsabilité climatique. Ensuite, l'exigence d'avoir des objectifs climatiques nationaux. Finalement, l'idée de créer des plans de réduction des émissions de gaz à effet de serre et des rapports réguliers sur les progrès réalisés.
Cependant, certaines lacunes actuelles du projet de loi diminuent sa portée et limitent sa capacité à réellement protéger la santé des plus jeunes et des plus âgés. À nos yeux, trois amendements sont nécessaires.
Premièrement, une cible d'émissions de gaz à effet de serre dès 2025. Nous aimerions avoir un objectif et une exigence de faire un rapport, dès 2025, pour vraiment nous donner l'impulsion de commencer à réduire rapidement et efficacement nos émissions de gaz à effet de serre, afin d'être certains d'atteindre l'objectif de 2030.
Deuxièmement, il nous faut un organisme indépendant d'experts et de scientifiques. Pour nous, cela inclut des experts en santé, qui disposent de leur propre secrétariat et de leurs propres capacités de faire des modélisations du climat. Ce groupe consultatif doit avoir un budget substantiel, afin de garantir son indépendance et de rendre des comptes non seulement au ministre de l'Environnement et du changement climatique, mais aussi au Parlement. Il doit également être en mesure d'applaudir le gouvernement ou même de le critiquer publiquement, lorsque c'est nécessaire, sans craindre des représailles. À nos yeux, le Groupe consultatif pour la carboneutralité ne remplit pas toutes ces conditions.
Troisièmement, il faut que le projet de loi reflète explicitement la Déclaration de Nations unies sur les droits des peuples autochtones. Il nous importe de rappeler que la santé des peuples autochtones est déjà profondément affectée par les changements climatiques, et que toute évaluation de responsabilité climatique doit refléter les droits de ces peuples.
La science nous dit que les changements climatiques sont vraiment la plus grande menace pour la santé au XXIe siècle. Par contre, elle nous dit également qu'un plan de lutte efficace contre les changements climatiques, ancré dans une loi forte sur la responsabilité climatique, est notre meilleure occasion d'améliorer la santé de tous ici, au pays, et aussi dans le monde entier. C'est d'ailleurs pour cela que l'Accord de Paris est considéré par plusieurs comme le plus important traité de santé publique au monde.
Je nous souhaite donc de nous offrir cet avenir, pour notre santé et celle de nos parents et de nos enfants.
Je vous remercie.
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Très bien. Je vais commencer, puis je laisserai Mme Jackson intervenir si elle le souhaite.
Bon après-midi. Merci de me donner l'occasion de comparaître au Comité aujourd'hui. Je m'appelle Reynold Bergen. Je suis directeur scientifique du Conseil de recherche sur les bovins de boucherie. Ma collaboratrice silencieuse est Mme Fawn Jackson, qui est directrice des politiques de la Canadian Cattlemen's Association.
La CCA représente 60 000 producteurs de bovins au Canada. L'industrie bovine contribue pour 21,8 milliards de dollars au PIB du Canada et soutient 348 000 emplois à temps plein. Cinquante pour cent de la production de bœuf canadien est exportée dans le monde entier.
En matière d'environnement, l'industrie bovine est le joyau caché du Canada. La production de bœuf est l'un des meilleurs outils dont le pays dispose pour l'atteinte de nos objectifs communs en matière de conservation et de lutte aux changements climatiques. Il est important, dans la discussion sur la carboneutralité, de reconnaître la place qu'occupe le secteur de la production bovine dans l'équation de la lutte aux changements climatiques au Canada. L'intensité des émissions de l'industrie bovine canadienne est environ la moitié de la moyenne mondiale, et nous continuons de nous améliorer. L’empreinte des gaz à effet de serre par kilogramme de bœuf canadien a diminué de 15 % entre 1981 et 2011. Si nous avons obtenu ces résultats, c'est que le Canada est un chef de file mondial en recherche et que les agriculteurs et éleveurs canadiens adoptent les pratiques et les technologies améliorées en matière de santé animale et végétale, de nutrition et de génétique qui découlent de cette recherche.
Une réduction de la consommation de bœuf canadien serait préjudiciable aux objectifs de carboneutralité du Canada, et voici pourquoi. Le secteur du bœuf représente 2,4 % des émissions totales du Canada, mais les émissions ne sont qu'un côté du bilan carbone, l'autre étant le carbone du sol qui est stocké dans les prairies. Les éleveurs canadiens assurent l'intendance de 44 millions d'acres de prairies qui constituent une réserve stable de 1,5 milliard de tonnes de carbone. La réduction de la production et de la consommation de bœuf entraînerait la conversion des prairies privées à d'autres usages agricoles. La culture des prairies restantes du Canada libérerait dans l'atmosphère beaucoup plus de carbone du sol que les économies générées par la réduction des émissions du bétail. Ce risque est réel. Le Canada a perdu cinq millions d'acres de prairies au début des années 2000 lorsque la conjoncture économique était difficile pour les producteurs de bovins.
Nous avons trois grands défis à relever pour améliorer encore plus l'empreinte nette de gaz à effet de serre du secteur bovin canadien. Premièrement, nous devons réduire davantage nos émissions par kilogramme de bœuf canadien. L'industrie vise à réduire encore l'intensité des émissions du secteur de 33 % de plus d'ici 2030. Pour y parvenir, nous devrons faire des progrès continus en génétique, en gestion de la santé animale et en nutrition. Les chercheurs canadiens étudient aussi des suppléments nutritionnels pour le bétail qui pourraient accélérer considérablement ces progrès.
Deuxièmement, il faut accroître davantage la séquestration du carbone dans les prairies. L'objectif de notre industrie est de séquestrer 3,4 millions de tonnes de carbone supplémentaires chaque année. L'atteinte de cet objectif passe par la recherche, notamment pour mettre au point des variétés végétales plus productives et cerner les pratiques de gestion des fourrages et pâturages qui favorisent une productivité et une séquestration du carbone accrues. Nous devrons aussi favoriser l'adoption de ces pratiques avantageuses par les producteurs.
Le troisième défi est la protection de cette réserve importante et stable de carbone que sont les prairies du Canada. L'industrie bovine canadienne a pour objectif de conserver et de protéger les 44 millions d'acres de prairies dont elle assure l'intendance. Nous avons déjà perdu 80 % de nos prairies naturelles. Le rapport Plowprint de 2020 du Fonds mondial pour la nature a révélé que la perte de superficie de nos grandes plaines se poursuit au rythme de quatre terrains de football par minute. Nous travaillons en étroite collaboration avec les organismes de conservation et la Table ronde canadienne sur le bœuf durable pour protéger ces prairies.
Nous craignons que ces efforts ne soient insuffisants. La grande inconnue, c'est l'incidence de la multitude de politiques gouvernementales — notamment les protocoles de crédits compensatoires, le Règlement sur les combustibles propres et les investissements importants dans l'irrigation — sur les changements de l'utilisation des terres, en plus des prix record des cultures. Une analyse rigoureuse est nécessaire pour éviter l'adoption de politiques susceptibles de causer d'irréparables dommages à l'écosystème de prairies et à ses importantes réserves de carbone.
Cette présentation détaillée sur l'industrie bovine canadienne vise à souligner pourquoi notre principale demande, par rapport au projet de loi , est qu'une analyse globale des politiques soit faite pour comprendre les possibles conséquences négatives imprévues de politiques environnementales bien intentionnées. Nous demandons également que les spécialistes de l'industrie bovine canadienne soient inclus dans les rôles consultatifs en vertu de la loi afin de veiller à l'élaboration des meilleures analyses et politiques pour appuyer l'objectif de la carboneutralité.
Nous avons hâte de devenir partenaires dans ce travail pour atteindre la carboneutralité au Canada.
Je vous remercie de votre temps.
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Merci de me donner l'occasion de vous parler aujourd'hui.
Je m'appelle Alan Andrews et je suis directeur du programme climatique à Ecojustice, où je dirige un programme de réforme du droit et de poursuites visant à stabiliser le climat.
Je m'adresse à vous à partir des terres ancestrales et traditionnelles non cédées des Premières Nations de Musqueam et de Squamish ainsi que de la Première Nation Tsleil-Waututh à Vancouver, en Colombie-Britannique.
Je suis un avocat autorisé à exercer au Canada ainsi qu'en Angleterre et au pays de Galles. Avant de me joindre à Ecojustice, j'ai exercé le droit de l'environnement au Royaume-Uni et dans l'Union européenne, où je cherchais avant tout à demander des comptes aux gouvernements qui manquaient leurs cibles de réduction de la pollution et où j'ai plaidé en faveur d'un renforcement des lois pour ne plus avoir à demander de comptes.
Ecojustice est heureuse de voir que le Canada aspire à faire partie du nombre croissant de pays qui ont adopté ce type de loi sur le climat. C'est vraiment devenu un outil normalisé dans le monde pour faire en sorte que les gouvernements respectent leurs engagements climatiques, et c'est de plus en plus perçu comme essentiel à la transition vers une économie à faibles émissions de carbone.
Ecojustice a déposé des mémoires avec West Coast Environmental Law et certaines autres organisations. Faute de temps, je vais mettre l'accent sur les principaux thèmes de ces mémoires et, par conséquent, sur l'obligation du ministre de préparer des plans de réduction des émissions.
C'est le fondement du cadre de reddition de comptes que le projet de loi établit. Les mesures concrètes et la responsabilisation émanent de ces plans. Malheureusement, comme je vais l'expliquer, le fondement est plutôt précaire en ce moment. Le renforcement de ces dispositions sera la clé du succès du projet de loi .
À défaut de planifier...
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Bien, je ferai de mon mieux pour parler clairement.
Je vais mettre l'accent sur les plans de réduction des émissions, qui, comme je l'ai expliqué, sont vraiment la clé du succès du projet de loi , car lorsqu'on n'a pas de plans, on planifie un échec. Le Canada a trop souvent manqué ses cibles climatiques parce qu'il n'avait pas de plan crédible et détaillé pour les atteindre. Nous voyons trop souvent des plans climatiques qui ne sont vraiment que de belles brochures promotionnelles sans détails ni rien de concret.
Un plan crédible doit avoir trois choses. Premièrement, il doit expliquer dans quelle mesure la pollution par le carbone doit diminuer pour atteindre les cibles. Deuxièmement, il doit établir les politiques qui combleront l'écart. Troisièmement, il doit dire qui mettra en œuvre ces politiques et quand. Le plan doit être suffisamment détaillé pour que la population, le Parlement et la société civile puissent déterminer s'il est crédible ou s'il est trop optimiste et susceptible d'échouer.
Dans sa forme actuelle, le projet de loi n'exige pas de plans pour remplir ces critères. Les articles 9 et 10 représentent les dispositions pertinentes de la mesure législative. L'article 9 exige que le ministre prépare un plan pour atteindre la cible de carboneutralité d'ici 2050 et chacune des cibles intermédiaires de cinq ans. L'article 10 précise ensuite l'information qu'un plan doit contenir, mais il en dit très peu sur les détails que les plans doivent contenir. Nous risquons vraiment d'avoir un plan qui ressemble à une belle brochure alors que nous avons désespérément besoin d'en faire plus.
Par exemple, l'article 10 n'exige pas explicitement que le plan explique comment ses cibles intermédiaires seront atteintes. En comparaison, la loi du Royaume-Uni sur les changements climatiques est plus explicite. Elle indique clairement que le gouvernement a le devoir de non seulement atteindre la cible de carboneutralité d'ici 2050, mais aussi de préparer des politiques qui permettront de respecter les budgets carbone quinquennaux en vertu de la loi.
Le projet de loi n'exige également pas de projections sur l'incidence que les mesures décrites dans le plan auront sur les émissions de carbone. Il n'exige pas de plans pour inclure les détails de stratégies sectorielles ou de mesures prises par les provinces et les territoires. Dans sa forme actuelle, le projet de loi permettrait au gouvernement en place de préparer un plan manifestement déficient ou — ce qui serait peut-être même pire — un plan qui contient si peu de détails que nous ne saurons pas du tout s'il sera adéquat. Cette situation nuirait au principal objectif du projet de loi, qui est d'assurer une reddition de comptes par rapport à l'atteinte des cibles climatiques grâce à la transparence.
Heureusement, de simples amendements à l'article 10 amélioreraient grandement le projet de loi. Premièrement, le projet de loi doit clairement indiquer que le plan doit démontrer comment il permettra d'atteindre les cibles intermédiaires pertinentes. Deuxièmement, il doit exiger que le ministre montre comment les mesures proposées contribueront, tonne après tonne et année après année, aux réductions de la pollution nécessaires pour atteindre la prochaine cible intermédiaire. Il faudra pour cela des projections fondées sur des données qui indiquent ce que le plan est censé accomplir.
Troisièmement, le plan doit...
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Je suis dirigeant du programme climatique de la West Coast Environmental Law Association, l'auteur de plusieurs rapports et mémoires sur le droit climatique canadien et membre, comme l'a mentionné M. Andrews, d'une coalition d'organisations qui veulent vraiment que le projet de loi soit une véritable loi sur la responsabilité climatique.
En 1992, à l'époque du premier ministre Brian Mulroney, le Canada a joué un rôle de premier plan dans la négociation de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, et les gouvernements du monde se sont entendus pour « stabiliser [...] les concentrations de gaz à effet de serre [et empêcher] toute perturbation anthropique dangereuse du système climatique. » En 1992, j'avais encore tous mes cheveux. J'ai attendu toute ma vie adulte que le Canada livre la marchandise.
Le Canada a établi des cibles en 1997 sous le premier ministre Chrétien et ensuite en 2010 sous le premier ministre Harper, mais en tant que pays, nous continuons de manquer chaque cible établie. Ma fille, qui a 15 ans, organise maintenant des grèves pour le climat; elle est inquiète pour son avenir. Le problème, c'est que les changements climatiques ne suivent pas les cycles électoraux. Il arrive trop souvent que les gouvernements s'attribuent le mérite de l'établissement de cibles pour ensuite remettre le travail à plus tard et ignorer les choix difficiles qu'il faut faire pour atteindre ces cibles. Il doit rendre des comptes.
Selon le dictionnaire, la reddition de comptes renvoie à la qualité ou au fait d'être responsable, notamment: l'obligation ou la bonne volonté d'accepter des responsabilités ou de rendre compte de ses actions. Les lois sur la responsabilité climatique protègent essentiellement la politique climatique contre le cycle électoral en rendant chaque administration responsable de garder le cap pour atteindre les cibles climatiques à court terme et à moyen terme.
Le projet de loi échoue à plusieurs égards. Premièrement, comme l'a signalé M. Andrews, le libellé actuel des articles 9 et 10 ne contraint pas clairement le ministre à montrer comment le pays atteindra les cibles climatiques établies par le gouvernement. Le ministre doit plutôt cerner des mesures et des stratégies que le gouvernement fédéral à l'intention d'adopter pour contribuer à l'atteinte de la cible de 2050.
Deuxièmement, comme le projet de loi n'établit qu'une cible à la fois — initialement une cible de mi-parcours pour 2030 et ensuite des cibles à court terme pour chacune des périodes de cinq ans qui suivent —, il n'exige jamais que le gouvernement envisage au même moment des mesures à court terme et à moyen terme ni qu'il rende des comptes sur le respect des deux échéances. En général, la législation internationale sur la responsabilité climatique atteint ces cibles à court terme et à moyen terme au moyen de cibles renouvelables à court terme qui, ensemble, montrent la voie pour atteindre plus tard une cible à moyen terme. Par exemple, la loi du Royaume-Uni sur les changements climatiques, lorsqu'elle est entrée en vigueur en 2008, établissait trois cibles, appelées des budgets carbone, pour couvrir les 15 années suivantes. Lorsque le premier budget est arrivé à échéance, on a établi un nouveau budget applicable jusqu'en 2027 et ainsi de suite. Nous attendons maintenant le sixième budget, qui sera utilisé jusqu'en 2037, en juillet prochain. Les gouvernements du Royaume-Uni sont donc tous responsables de l'atteinte d'une cible au cours des cinq prochaines années et de la mise en place de mesures qui aideront à atteindre d'autres cibles à l'avenir.
En établissant une cible pour 2030, alors que le prochain rapport d'étape ne sera pas produit avant 2027 ou 2028, le projet de loi encourage les affirmations cyniques selon lesquelles il crée une reddition de comptes seulement pour les futurs gouvernements. Les cibles après 2030 qui sont établies pour seulement cinq années à la fois sont tout autant problématiques. Une période de cinq ans n'offre tout simplement pas assez de temps pour mettre en œuvre de nouveaux programmes, pour qu'ils réalisent des réductions importantes des émissions et donnent les résultats escomptés, et la seule cible sur cinq ans n'encourage pas une administration à regarder au-delà de ces cinq années en mettant en place les mesures qui aideront les futurs gouvernements à atteindre leurs cibles quinquennales.
Voici ce qu'il nous faut dans le projet de loi : des cibles intermédiaires de cinq ans — pas une seule cible à la fois — complétées par des plans robustes établis au moins 10 ans à l'avance, et de préférence 15 ans à l'avance. Par exemple, en 2025, une cible pour 2035 devrait être établie, et un nouveau plan décennal mettrait alors à jour la deuxième partie du plan existant et intégrerait de nouvelles mesures pour prolonger la feuille de route jusqu'en 2035.
Deuxièmement, nous devons exiger une intervention immédiate, idéalement en établissant une cible pour 2025 qui tient compte des réductions attendues des émissions dans le plan climatique du Canada ou, sinon, en exigeant tout simplement que tous les plans indiquent les réductions des émissions pour chaque année visée.
Troisièmement, nous devons arrêter de produire des rapports d'étape qu'aux cinq ans et en produire idéalement tous les ans, en commençant en 2023 au plus tard. Comme l'a dit M. Andrews, les plans qui établissent une feuille de route pour atteindre les cibles intermédiaires sont essentiels.
Il est impossible de séparer ces aspects de la reddition de comptes des autres exigences importantes que les autres témoins ont déjà mentionnées et qui sont indiquées dans nos mémoires.
Malgré son nom, le projet de loi ne remplit pas encore la promesse d'une responsabilisation climatique. J'espère que vous apporterez les amendements nécessaires pour le bonifier comme il se doit.
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Certainement. Merci de poser la question.
La première chose que je soulignerais, c'est que, comme je l'ai dit plus tôt, sur une période de 30 ans, nous avons réussi à réduire de 15 % nos émissions par kilogramme de bœuf. C'était entre 1981 et 2011. Ces dates sont importantes, car c'était avant que l'industrie du bœuf commence vraiment à accorder une attention particulière à l'environnement. On a toujours su que l'environnement était important, car l'industrie compte énormément de fermes intergénérationnelles, et il faut prendre soin de l'environnement dans lequel on vit et travaille pour pouvoir continuer de les exploiter.
Ces améliorations — et j'arrive à la question de la recherche — sont apportées à cause de perfectionnements progressifs constants dans la sélection des plantes, l'élevage d'animaux, la nutrition animale et ainsi de suite. Toutes les choses s'accumulent, non seulement pour améliorer la productivité, mais aussi pour réduire les émissions. Pour pouvoir aller de l'avant, nous avons besoin de deux choses. D'une part, il faut poursuivre les investissements dans ces mesures progressives lentes et constantes qui ont mené à ces améliorations et qui continueront d'en apporter. D'autre part, il faut investir dans certaines choses plus originales qui mettent grandement l'accent sur l'environnement.
Quelques exemples — à vrai dire, ceux que j'ai donnés — se rapportent aux suppléments nutritionnels. Il y en a quelques-uns. Certains sont un peu banals. Ce sont de simples mesures diététiques. On a constaté que l'utilisation comme aliment de la drêche de distillerie qu'on obtient après la production de biocarburants permet de réduire les émissions de 5 %. Il y a un certain nombre de solutions originales comme l'utilisation du biocharbon, d'algues, de citronnelle, d'orge germée et ainsi de suite. Je dirais que leur efficacité n'a pas encore été démontrée. On les a certainement étudiés dans le laboratoire, mais avant de savoir s'ils sont efficaces pour le bétail, il faut faire des essais alimentaires à grande échelle. On n'en a pas encore fait, et c'est important, car les vaches doivent en manger pour que nous puissions voir les avantages.
Il y a quelques nouveaux additifs qui ont été mis à l'essai et qui sont prometteurs. Le plus prometteur est probablement un produit appelé le 3-nitrooxypropanol, qui est mis au point par une entreprise néerlandaise, Royal DSM. Le produit s'appelle Bovaer. Ce qu'il faut retenir, c'est que cet additif alimentaire peut réduire les émissions de 20 à 70 % dans les rations d'engraissement. Ce n'est pas dans un laboratoire. Ce n'est pas un modèle. Les essais se font dans de grands parcs d'engraissement commerciaux.
Je m'adresse à vous à partir d'une maison qui se trouve sur le territoire déné de Yellowknife, sur le pergélisol. Cette partie du monde s'est réchauffée de 2,5 degrés Celsius depuis la naissance d'un aîné de 80 ans. Nous sommes profondément engagés dans une adaptation. Nous avons consacré des centaines de milliers de dollars à nos fondations pour éviter qu'elles glissent dans le Grand lac des Esclaves. Par ailleurs, en 2014, nous avons passé deux mois et demi dans de la fumée d'incendies de forêt, et les incendies entouraient Yellowknife. La direction du vent n'avait pas d'importance, car il y avait des incendies dans presque toutes les directions.
Nous avons récemment publié une étude dans la revue British Medical Journal Open qui indique que les visites à notre urgence à cause d'une crise d'asthme ont doublé pendant cette période.
Nous avons fait des entrevues dans la communauté pour demander aux gens comment ils se sentaient de vivre aussi longtemps dans la fumée. Nous avons obtenu toutes sortes de réponses, par exemple qu'ils se sentaient isolés et anxieux, qu'ils ne faisaient pas assez d'activités physiques, qu'ils se sentaient coupés du territoire et qu'ils étaient très inquiets de ce que les changements climatiques signifient pour leurs enfants.
Je vous parle en quelque sorte de l'avenir, car, comme l'a indiqué plus tôt le ministre Wilkinson, le Nord se réchauffe trois fois plus rapidement que le reste du monde. Ce que nous devons savoir, c'est que la situation empirera jusqu'au milieu du siècle. Comme j'ai fait la recherche sur les incendies, les médias me demandent souvent si c'est une nouvelle réalité. Je dois répondre que non, car la situation empirera.
Nous devons préparer nos hôpitaux à cette adaptation qui est déjà intégrée. Le Rapport sur le climat changeant du Canada, produit par Environnement et Changement climatique Canada, mentionne que le réchauffement se poursuivra au moins jusqu'en 2040. Un enfant né aujourd'hui sera seulement dans sa vingtaine.
Nous devons nous assurer que nos hôpitaux ont une ventilation adéquate. Nous avons dû fermer notre salle d'opération pendant une partie de l'été, car elle était remplie de fumée et nous ne pouvions pas nous en servir. Nous avons fait un exposé devant des architectes lors d'une conférence nationale sur l'architecture, et nous avons sondé l'auditoire. Seulement 40 % des personnes présentes tenaient compte des projections de précipitations et de chaleur lorsqu'ils construisaient des immeubles.
La COVID nous a appris que nous ne sommes pas protégés lorsque nous ne nous préparons pas. Nous avons beaucoup à faire juste pour nous adapter à la situation à laquelle nous faisons déjà face.
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J'aimerais ajouter une chose.
J'ai mentionné brièvement qu'il y aura des vagues de chaleur au Québec et dans le Sud du Canada. Il y a quelques estimations en lien avec cela.
L'Institut national de santé publique du Québec a estimé, il y a quelques années, que la chaleur extrême allait coûter la vie à 20 000 personnes, au Québec seulement, au cours des 50 prochaines années. C'est énorme. Ce qui est désolant, c'est que l'on sait que ces décès vont surtout survenir dans les zones urbaines. Les gens à risque sont ceux qui présentent différents facteurs de vulnérabilité à la chaleur. Ce phénomène s'est aggravé à cause de plusieurs facteurs environnementaux.
Je trouve important de mentionner le nombre de décès annuels liés à la pollution atmosphérique, qui a beaucoup en commun avec les changements climatiques. Un récent rapport de Santé Canada estimait que 15 300 personnes étaient décédées, en 2016, à cause de la pollution atmosphérique. Cette pollution a coûté 120 milliards de dollars à l'économie canadienne, ce qui est certainement un montant non négligeable.
Plus on fait d'études, plus on se rend compte que la pollution est excessivement toxique pour à peu près tous les organes et toutes les parties du corps. Une récente étude de l'Université Harvard concluait que la pollution était responsable de 18 % des décès prématurés dans le monde. Ainsi, en ce moment, une personne sur cinq dans le monde décède des conséquences de la pollution atmosphérique.
Ces chiffres nous inquiètent beaucoup en tant que médecins. Comme je l'ai mentionné, je ne peux pas donner à un patient de pompe miracle pour l'empêcher de respirer de l'air pollué. Nous respirons l'air tous les jours. C'est donc important d'avoir un plan climatique qui tient compte des émissions de gaz à effet de serre et qui vise l'amélioration de la qualité de l'air, tout en incluant des mesures d'adaptation.
Pour prendre un exemple local extrapolable, l'année dernière, nous avons fait venir par avion des aînés de tout le territoire et nous nous sommes assis autour d'une carte des Territoires du Nord-Ouest. Nous avons demandé aux gens d'indiquer où les différents animaux s'étaient déplacés au cours de leur vie. Nous avons fini par dire « les castors étaient auparavant ici, et maintenant ils sont ici; et les poissons étaient auparavant ici ».
Essentiellement, la plupart des maladies infectieuses, les nouvelles maladies que nous avons connues au cours des dernières décennies, proviennent des animaux. Par conséquent, à mesure que les habitats changent, que la perte de biodiversité s'accentue et que tout se déplace, nous nous retrouvons dans une situation où les animaux, les vecteurs et les humains se rapprochent les uns des autres, ce qui nous expose au risque de nouveaux transferts zoonotiques, de nouveaux virus et de nouvelles pandémies.
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Je voudrais d'abord remercier tous les témoins de leur présence.
Le projet de loi a été déposé avant Noël, mais il a fallu beaucoup de temps avant que le gouvernement l'inscrive à l'ordre du jour. Tout le monde a donc été obligé de « se revirer sur un dix cennes », comme on le dit chez nous.
Comme M. Saini, je vais poser des questions relatives à la santé, parce que c'est un domaine qui m'intéresse beaucoup.
Ma question s'adresse à la Dre Claudel Pétrin-Desrosiers.
Nous avons beaucoup parlé de la santé physique, mais les changements climatiques créent aussi des problèmes sur le plan de la santé mentale et de la détresse psychologique. J'aimerais avoir vos commentaires à ce sujet.
Vous m'en voudriez certainement si je ne vous posais pas une question relative à la pandémie. Pouvez-vous expliquer les liens entre les changements climatiques, les perturbations dans les écosystèmes et les risques de pandémies futures?
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Madame Pauzé, je vous remercie de vos questions.
Je vais répondre à la deuxième, que nous avons déjà un peu abordée. Il faut comprendre que les perturbations environnementales sont multiples. Il s'agit notamment de la dégradation des habitats naturels, des changements climatiques, de l'utilisation intensive des terres et de la déforestation. Tout cela a des répercussions sur les habitats dans lesquels les insectes ou d'autres vecteurs de transmission vivent. Nous sommes en train de rapprocher dangereusement l'humain de sources infectieuses.
Les dernières grandes infections qui ont circulé, dont le virus Ebola et la COVID-19, sont des maladies qui ont été transmises à la base par des chaînes de transmission animales zoonotique. Les perturbations s'aggravent à une vitesse de plus en plus rapide, ce qui augmente le risque que des incidents comme ceux-là se reproduisent. L'avenir est difficile à prédire, mais nous sommes en quelque sorte en train de jouer à la roulette russe. On prend inutilement des risques pour notre santé.
L'Organisation mondiale de la santé et plusieurs instances de l'ONU ont reconnu au cours des derniers mois que les perturbations environnementales avaient joué un rôle dans l'émergence de la pandémie de la COVID-19.
Je vais laisser la Dre Howard vous en dire plus sur la première question, qui portait sur la santé mentale, parce qu'elle a fait de la recherche à ce sujet. Or des phénomènes inquiétants liés à la santé mentale surviennent dans un contexte de changements climatiques, notamment parce que nous perdons nos repères naturels. On parle beaucoup de gens qui se retrouvent déconnectés de leur territoire ou de leur terre ancestrale, mais nous savons aussi que les événements climatiques extrêmes, comme les ouragans, les inondations et les feux de forêt, engendrent du stress.
Des études faites au Québec par les instances de santé publique démontraient que les populations qui avaient vécu des épisodes d'inondation printanière de grande crue avaient par la suite un taux plus élevé d'anxiété et de dépression. Certains développaient même un trouble de stress post-traumatique. Bien entendu, ce sont des questions qui nous inquiètent.
Nos jeunes se demandent à quoi va ressembler leur avenir. Je fais partie de ces jeunes qui se demandent à quoi ressemblera l'environnement dans lequel vont évoluer leurs futurs enfants. Cela génère une certaine forme d'anxiété qu'on appelle l'écoanxiété et que les psychiatres, les médecins et les psychologues étudient beaucoup en ce moment pour essayer de déterminer quelle est l'ampleur du phénomène.
Ce sont certainement des questions préoccupantes, d'autant plus que, au cours de la dernière année, beaucoup ont été isolés. On a beaucoup parlé de santé mentale et l’on sait que ce sont des questions brûlantes.
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C'est une excellente question.
Les changements climatiques sont en train de modifier beaucoup de facteurs de risque de certaines maladies.
Je vais vous donner un exemple très concret. Les vagues de chaleur occasionnent une augmentation des visites à l'urgence et une augmentation de la pression exercée sur le système de soins de santé. Elles sont liées à des hospitalisations, à des infarctus, à des crises cardiaques, et même à des accidents vasculaires cérébraux ou à des caillots de sang dans le cerveau. Cela engendre des coûts pour le système de santé, car les gens passent de longues semaines à l'hôpital et ont besoin de multiples soins. Les changements climatiques causent des vagues de chaleur, mais aussi des feux de forêt. On sait que ces phénomènes entraîneront une augmentation des consultations, tant en première ligne que dans les centres supplémentaires.
De plus, certaines bonnes études qui ont été menées démontrent que les événements météorologiques extrêmes, comme les feux de forêt, peuvent mettre en danger le système de santé lui-même. Quand un hôpital est situé dans une zone qui doit être évacuée, l'accès à un réseau de santé pourtant essentiel devient limité. Lors des incendies à Fort McMurray en 2016-2017, on a été obligé d'évacuer près d'une vingtaine d'établissements de santé et d'établissements de soins de longue durée où des gens étaient hébergés. Quand on est hébergé, on présente déjà certains facteurs de risque, et les événements climatiques causent un stress supplémentaire qui peut avoir des répercussions sur la santé. On sait que le système de santé n'est pas prêt, car il a déjà atteint sa pleine capacité. On l'a vu au cours de la dernière année...
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Je dirais qu'il existe des différences importantes, mais si elle est bien conçue, une approche qui mise sur des cibles peut remplir bon nombre des mêmes fonctions qu'une approche fondée sur un budget carbone.
L'un des points clés est celui que j'ai mentionné dans ma déclaration. Les budgets carbone ont toujours été établis sur un certain nombre d'années. Ils couvrent différentes périodes et non pas une seule à la fois. Il n'existe dans le monde aucun exemple de budget carbone utilisé pour un seul budget à la fois.
D'autre part, je pense que les budgets carbone sont en fait une meilleure option pour un pays comme le Canada, car ils expriment la quantité de GES pouvant être émise sur une période de plusieurs années, par opposition à des réductions par rapport à une année de référence. Les entreprises, les administrations locales ou les gouvernements provinciaux ont davantage l'occasion de gérer leur contribution et de voir comment cela s'inscrit dans un contexte plus large.
Je ne suis pas d'accord avec le ministre lorsqu'il dit que les budgets carbone ne conviennent pas au Canada. Cela étant dit, si le gouvernement a décidé d'adopter une approche fondée sur des cibles, s'il fait bien les choses — ce que ne permet pas le projet de loi dans sa forme actuelle —, il peut certainement atteindre bon nombre des mêmes objectifs.
Je pense qu'en ce qui concerne les répercussions de la production de bœuf sur d'autres espèces, la production de bœuf a lieu sur l'un des territoires les plus riches en biodiversité au monde, au Canada en particulier. La production de bœuf a lieu sur des habitats naturels qui se développent sous l'influence d'un grand herbivore.
En maintenant ces pâturages en santé, on maintient tout ce qui s'y trouve en santé, et la préservation de ces pâturages contribue à la conservation d'un habitat pour les pollinisateurs, des milliers d'espèces différentes de plantes et toutes sortes d'animaux sauvages. Elle contribue évidemment à la séquestration du carbone — nous en avons parlé —, mais aussi aux bassins hydrographiques et au maintien de l'habitat des sauvagines migratrices, car nous ne drainons pas nos zones humides. C'est très compatible avec la biodiversité. Elle la soutient, en fait, et comme nous l'avons mentionné, l'un des grands défis auxquels nous faisons face, c'est la perte de 80 % des grandes plaines du Nord. Cela a conduit à une importante fragmentation de l'habitat.
Nous avons encore des parcelles de grandes plaines du Nord ici et là, mais elles rétrécissent et se fragmentent, ce qui n'est pas bon pour la biodiversité.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
J'ai deux ou trois questions pour deux ou trois témoins, et j'espère pouvoir toutes les poser. Je vous demanderais de m'aider en répondant de la façon la plus concise possible à mes questions sur un sujet très complexe.
Je vous remercie tous de votre présence, toutefois.
Monsieur Gage, tout d'abord, je trouve intéressant que vous ayez dit que vous aviez encore tous vos cheveux lorsque le Canada a commencé à établir des cibles, puis a commencé à ne pas les atteindre. Je perdrai peut-être mes cheveux rapidement moi aussi, surtout dans ce genre de travail, mais j'ai bon espoir que le Canada va commencer à atteindre ces objectifs, d'une part, parce que je crois que le gouvernement s'y est engagé, d'autre part, parce que je pense que les Canadiens considèrent que c'est une priorité et qu'ils appuieront le gouvernement.
Vous avez parlé d'une chose au sujet de laquelle je veux vous interroger, si possible.
Si je vous ai bien compris, vous avez parlé de la nécessité de fixer des cibles de façon plus fréquente et plus longtemps à l'avance. En 60 secondes ou moins, j'aimerais que vous m'expliquiez pourquoi vous pensez que c'est important.
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Avec plaisir. Je vous remercie de votre question. Je serai brève.
Un des effets les plus importants des changements climatiques sur la santé des communautés urbaines a trait à l'exposition à la chaleur extrême. Les changements climatiques vont apporter des vagues de chaleur de plus en plus fréquentes, de plus en plus chaudes et de plus en plus longues. Leur intensité va donc augmenter, ainsi que le stress qu'elles causent aux populations. En période de chaleur, les gens qui sont assez aisés ou qui ont peu de problèmes de santé sont capables de s'adapter, mais dans les quartiers plus défavorisés, où les niveaux socioéconomiques sont plus bas, il y a moins d'arbres et plus de béton. On a créé des conditions qui rendent l'exposition à la chaleur beaucoup plus toxique et dangereuse.
Dans le Sud du pays, surtout dans les villes, l'effet de la chaleur sur les gens va être très important, tant sur le plan de la mortalité, c'est-à-dire le nombre de décès liés aux changements climatiques, que sur le plan de la morbidité, donc le nombre de maladies qui pourraient être aggravées. On pense aux maladies cardiaques, aux maladies pulmonaires et au diabète, des maladies très courantes au sein de la population adulte.
On peut donc s'attendre, dans les centres urbains, à des répercussions très concrètes, et c'est sans compter l'exposition supplémentaire d'importance à des événements météorologiques extrêmes qui peuvent être attendus, dont des inondations, qu'on a pu voir dans certains centres urbains au Québec récemment.
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Il y en a trois. Je vais les énumérer brièvement.
La première, c'est d'avoir un objectif et de faire rapport des progrès réalisés d'ici 2025, car 2030, c'est beaucoup trop tard pour avoir un plan de route. Il nous faut faire état des progrès réalisés beaucoup plus tôt, et 2025 est une bonne cible.
La deuxième suggestion, c'est que le comité en tant que tel soit composé d'experts scientifiques indépendants, y compris d'experts de la santé, idéalement, en raison de toute l'argumentation faisant état des liens entre la santé et le climat. Le comité doit disposer des ressources nécessaires pour vraiment faire un travail d'analyse et rendre des comptes à l'ensemble du Parlement et à l'ensemble de la population.
Finalement, ce projet de loi doit être vraiment aligné sur la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones.
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Je vous remercie, docteure Pétrin-Desrosiers.
Justement, à vous écouter parler, et à écouter la Dre Howard, je me demandais s'il y avait des médecins au sein du comité.
Ma prochaine question s'adresse à M. Gage.
Je n'ai pas de commentaire capillaire à faire, monsieur Gage, mais vous avez été très dur dans votre jugement sur le projet de loi C-12. Croyez-vous qu'il y a un rôle pour le commissaire à l'environnement? Pour moi, c'est un rôle plus esthétique qu'autre chose.
Croyez-vous que le projet de loi devrait prévoir une collaboration du commissaire et de l'organisme consultatif?
Si oui, pouvez-vous nous donner une idée de ce que pourrait être cette collaboration?
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Merci, monsieur le président.
Je veux remercier tous nos témoins de s'être libérés pour le Comité, et je vous suis reconnaissant que vous nous fassiez connaître votre expertise à nous et à tous les Canadiens.
J'aimerais tout d'abord commencer avec la Cattlemen's Association.
J'ai lu un livre intitulé The Tyranny of Metrics. Parfois, si l'on se concentre uniquement sur certains chiffres, on obtient certains résultats, mais on ne voit pas d'autres choses. Dans la vidéo sur les prairies, vous avez mentionné l'importance de la séquestration naturelle.
Comme les objectifs du projet de loi, en particulier la cible de zéro émission nette, font référence aux émissions et aux réductions anthropiques, il ne semble pas y avoir de mécanisme de collecte et de déclaration des émissions non anthropiques et de la séquestration. Au Comité, devrions-nous envisager d'ajouter ces éléments au rapport afin que les Canadiens puissent avoir une vue d'ensemble des émissions dans le projet de loi ?