Chers collègues, je suis heureux de vous revoir. Je vous souhaite un bon retour au sein du Comité. Espérons que l'année 2021 sera bien meilleure que 2020.
Je vous ferai grâce des rappels concernant la distanciation physique, le port du masque et tout le reste, car la séance d'aujourd'hui se tiendra entièrement en mode virtuel.
Pour la poursuite de l'étude que nous avons entreprise l'an dernier, nous accueillons à l'occasion de cette 13e réunion deux témoins que notre comité connaît très bien. Je vais donc demander à la commissaire Kelly et à Mme Oades de bien vouloir prendre la parole pendant un maximum de sept minutes chacune dans l'ordre qui leur conviendra. Si l'on s'en tient à ce que prévoit notre avis de convocation, ce serait d'abord Mme Kelly, puis Mme Oades. Elles pourront nous présenter les gens qui les accompagnent.
Madame Kelly, vous avez sept minutes.
:
Je vous remercie, monsieur le président.
Aujourd'hui, je suis accompagnée du sous-commissaire principal, M. Alain Tousignant.
Tout d'abord, j'aimerais à nouveau offrir mes sincères condoléances à la famille, aux amis et aux collectivités touchées par cette terrible tragédie. Personne ne veut voir survenir une telle tragédie, et je suis profondément attristée qu'elle se soit produite.
Notre priorité consiste à assurer la sécurité publique. Elle doit être au cœur de tout ce que nous faisons et guider toutes nos décisions. Nous prenons cette responsabilité très au sérieux dans la façon dont nous assurons la surveillance d'environ 9 400 délinquants sous responsabilité fédérale dans les collectivités à l'échelle du pays, dont 2 000 se trouvent au Québec.
Comme je l'ai déjà mentionné devant ce comité l'an passé — je ne veux nullement minimiser la gravité de cet incident tragique —, il est extrêmement rare qu'un délinquant en semi-liberté commette une infraction violente comme celle-ci. Toutefois, lorsqu'un tel incident se produit, faire toute la lumière sur celui-ci pour comprendre ce qui s'est passé est notre priorité absolue, comme ce le fut dans ce cas.
[Traduction]
Je tiens à remercier les membres du comité d'enquête pour leur expertise, leur objectivité et leur travail acharné tout au long du processus, spécialement dans le contexte de la pandémie qui sévit. Nous avons examiné attentivement toutes les conclusions du comité d'enquête et acceptons ses cinq recommandations. Nous avons élaboré un plan d'action pour les mettre en oeuvre intégralement.
Comme je m'étais engagée à le faire lors de ma dernière comparution à ce sujet, nous avons fourni aux membres du Comité et au public un exemplaire du rapport du comité d'enquête, un sommaire de ses conclusions ainsi que notre plan d'action qui décrit en détail les mesures concrètes que nous prenons.
[Français]
Je dirai d'abord que la stratégie de surveillance dans la collectivité relative à ce cas était totalement inappropriée. Je veux être claire: le Service correctionnel du Canada n'approuve aucunement que les délinquants aient recours à des services sexuels. Travaillant au Service depuis 37 ans, je peux sans équivoque attester le fait que, en tant qu'organisation, nous n'appuyons absolument pas cela dans le cadre de la gestion des délinquants. Je me suis prononcée clairement à ce sujet dans l'ensemble de mon organisation.
Immédiatement après cet incident tragique, j'ai ordonné un examen à l'échelle nationale de toutes les stratégies de surveillance dans la collectivité pour veiller à ce qu'elles soient judicieuses, appropriées et conformes aux politiques et à ce qu'elles contribuent à assurer la sécurité du public.
[Traduction]
En ce qui a trait à la surveillance dans la collectivité, le Québec a mis en place il y a plus de 40 ans un modèle de surveillance directe dans le cadre duquel des partenaires de la collectivité jouent un rôle important dans la réussite de la réhabilitation des délinquants. En vertu d'un contrat, ils offrent un logement et du soutien aux délinquants, et un petit nombre d'entre eux, dont la Maison Painchaud, assurent également la surveillance directe d'environ 155 délinquants en libération conditionnelle dans la collectivité.
Nous prenons des mesures pour adopter un seul modèle de surveillance dans la collectivité pour les délinquants sous responsabilité fédérale partout au Canada. À compter du 31 mars 2021, le Centre résidentiel communautaire Maison Painchaud n'assurera plus la surveillance de délinquants sous responsabilité fédérale. Bien que des délinquants continueront d'être hébergés à ce centre, le Service se chargera de tous les aspects liés à la surveillance des délinquants sous responsabilité fédérale dans la collectivité.
Nous examinerons également les autres contrats conclus avec des centres résidentiels communautaires au Québec dans le but de ramener sous la responsabilité du Service toutes les fonctions liées à la surveillance directe des délinquants sous responsabilité fédérale. Tout comme la Maison Painchaud, ces centres résidentiels communautaires continueront d'héberger des délinquants.
Il n'est pas chose facile de rendre nos collectivités plus sûres et le Service correctionnel du Canada (SCC) n'y parviendra pas à lui seul. Même si les fonctions liées à la surveillance directe des délinquants sous responsabilité fédérale au Québec seront assumées par le SCC, comme c'est le cas dans le reste du pays, nos partenaires de la collectivité continueront à offrir des services et du soutien aux délinquants et à leurs familles. Ils sont essentiels à la réinsertion sociale en toute sécurité des délinquants.
[Français]
D'autres mesures clés incluent le renforcement de nos processus et de nos politiques en matière de collecte de renseignements. Le Service correctionnel du Canada est à réviser sa politique afin de définir clairement le type de document requis pour les délinquants ayant des antécédents criminels sérieux. Nous mettons aussi en place un mécanisme de suivi formel afin de vérifier, à intervalles réguliers, si les documents demandés ont été obtenus et d'assurer un suivi si c'est nécessaire.
De plus, la politique du Service sur la surveillance dans la collectivité est en cours de révision, et un gabarit est en voie d'élaboration pour encadrer la réévaluation du risque que présentent les délinquants. Cet outil établira la liste des éléments précis, incluant les contacts avec les tiers, qui doivent faire l'objet de discussions lors des conférences de cas entre les agents de libération conditionnelle et leurs superviseurs.
Le Service va aussi mettre en œuvre une nouvelle formation sur la violence dans les relations intimes. Elle s'ajoutera à la formation actuelle sur l'évaluation du risque de violence conjugale et sera obligatoire pour tous les agents de libération conditionnelle et leurs superviseurs, afin de les assister dans l'évaluation et la gestion du risque que présentent les délinquants.
[Traduction]
Je sais que ce cas a eu un effet marquant sur nos employés, surtout ceux au Québec. Ces situations sont extrêmement rares, en grande partie grâce au travail qu'accomplissent jour après jour nos employés et nos partenaires communautaires pour assurer la surveillance des délinquants dans la collectivité. Cela dit, quelque chose a mal tourné dans cette affaire qui s'est terminée en tragédie, et nous avons la responsabilité envers les Canadiens et les Canadiennes de suivre la procédure établie et d'examiner adéquatement les circonstances propres aux employés ayant participé directement à la surveillance et à la supervision de ce cas. Le processus disciplinaire nous aidera à déterminer si des mesures de responsabilisation additionnelles sont requises.
En ma qualité de commissaire du Service correctionnel du Canada, je suis résolue à travailler en étroite collaboration avec nos employés, nos partenaires communautaires et les syndicats afin de donner suite à toutes les recommandations qui nous ont été soumises. Cela donnera assurément lieu à d'importants changements dans la façon dont nous surveillons les délinquants et réalisons notre mandat qui consiste à assurer la sécurité de nos collectivités.
En terminant, je tiens encore une fois à offrir mes plus sincères condoléances à la famille et aux amis de Marylène Lévesque.
Merci.
:
Je vous remercie, monsieur le président, vous et les membres du Comité. Je suis heureuse de me présenter devant vous aujourd'hui. Je suis accompagnée de Sylvie Blanchet, notre première vice-présidente.
Je tiens tout d'abord à exprimer mes plus sincères condoléances à la famille et aux amis de Marylène Lévesque. Je reconnais à quel point cet incident a été dévastateur pour eux, et je suis de tout cœur avec eux. Ce qui s'est passé à Québec le 22 janvier de l'année dernière est une tragédie absolue, une chose qui ne devrait jamais se produire. Pour ceux d'entre nous qui ont consacré leur vie professionnelle au domaine des libérations conditionnelles, c'est un dénouement qu'ils n'auraient jamais voulu voir.
[Traduction]
Toutefois, lorsqu'un incident de ce type se produit dans la collectivité, nous le prenons très au sérieux.
L'objectif de la libération conditionnelle est de contribuer au maintien d'une société juste, pacifique et sûre en décidant du moment et des conditions de libération qui faciliteront au mieux la réhabilitation des délinquants et leur réinsertion dans la collectivité en tant que citoyens respectueux des lois.
La Commission est un organe décisionnel indépendant. Nous effectuons approximativement 16 000 examens chaque année, ce qui se traduit par environ 23 000 décisions. Conformément à la loi, les commissaires peuvent accorder une libération conditionnelle à un délinquant s'ils estiment qu'il ne présentera pas, en récidivant, un risque inacceptable pour la société avant la fin de sa peine et — je dis bien « et », et non pas « ou » — que la libération du délinquant contribuera à la protection de la société en facilitant son retour dans la collectivité en tant que citoyen respectueux des lois.
La loi et les décisions de la Commission des libérations conditionnelles sont fondées sur des recherches qui montrent clairement que la libération graduelle, gérée et supervisée des délinquants offre la meilleure protection pour la société. Le modèle d'évaluation du risque de la Commission est basé sur des données probantes et a été adopté par un certain nombre d'autres pays. Dans leur prise de décisions, les commissaires prennent en compte tous les renseignements pertinents provenant d'un large éventail de sources. Ainsi, les informations provenant de la police, des victimes, des tribunaux, des procureurs de la Couronne, des professionnels de la santé mentale, des autorités correctionnelles et des organismes privés sont utilisées pour évaluer le risque de récidive d'un délinquant et pour déterminer si ce risque peut être géré en toute sécurité dans la collectivité. Les commissaires s'en remettent également à des évaluations actuarielles et à des outils d'évaluation du risque pour déterminer le risque de récidive d'un délinquant. Dans tous les cas, la protection de la société est la considération primordiale.
Au cours des trois dernières décennies, les résultats obtenus par la Commission en matière de sécurité publique n'ont cessé de s'améliorer grâce aux avancées constantes dans les recherches sur l'évaluation et la gestion du risque. En 1990, le taux de réussite des délinquants libérés par la Commission qui avaient purgé leur peine sans encourir de nouvelle accusation tournait autour de 70 %. Aujourd'hui, il est supérieur à 98 %. De plus, la récidive violente de délinquants dans la collectivité est extrêmement rare. Ainsi, 99,9 % de tous les délinquants en semi-liberté n'ont pas commis de récidive violente.
Mais bien que nous visions l'excellence dans notre prise de décisions, la prédiction du comportement humain n'est malheureusement pas — et ne sera probablement jamais — une science exacte. Nous reconnaissons que lorsqu'un incident grave se produit, nous devons chercher des réponses et examiner ce qui s'est passé afin de pouvoir déterminer les mesures à prendre pour éviter que de tels incidents se reproduisent.
C'est pour cette raison que le 3 février 2020, la Commission des libérations conditionnelles du Canada (CLCC) et le Service correctionnel du Canada ont mis sur pied un Comité d'enquête national mixte. Ce comité était coprésidé par deux membres de la collectivité, indépendants du SCC et de la CLCC, qui sont tous deux d'éminents criminologues. Cette enquête avait pour but d'analyser les différents aspects de la libération et de la surveillance du délinquant dans la collectivité, et de formuler des recommandations afin d'éviter la répétition d'incidents similaires.
Comme la commissaire Kelly l'a déjà souligné, le Comité d'enquête a formulé cinq recommandations à l'intention du Service correctionnel du Canada. Le Comité d'enquête n'a pas fait de recommandations à la Commission des libérations conditionnelles du Canada, mais je voudrais parler de certaines de ses conclusions.
Le Comité d'enquête a conclu que les commissaires qui ont pris ces décisions avaient le niveau de connaissances nécessaire pour accomplir leurs tâches et répondaient à toutes les exigences de formation de la Commission; que notre plan de formation pour les nouveaux commissaires est bien structuré et complet; que les commissaires ont correctement appliqué la loi et ont clairement expliqué les raisons de leurs décisions, conformément à la politique de la CLCC; que les commissaires ont pleinement appliqué le Cadre d'évaluation du risque, comme stipulé dans la politique, dans les décisions prises en mars et en septembre 2019; que la CLCC disposait de tous les renseignements pertinents et disponibles pour prendre des décisions judicieuses; que les commissaires ont respecté la loi et les politiques relatives à la prise de décisions; et que la décision écrite de septembre 2019 n'a pas entièrement reflété ce qui s'est passé lors de l'audience, bien que cette divergence n'a pas été considérée comme un facteur ayant contribué au décès de Mme Lévesque.
Dans ce cas, il est important de noter que le rapport reconnaît que les commissaires ont explicitement interdit au délinquant de visiter des salons de massage à des fins sexuelles. Bien qu'il n'y ait pas eu de recommandations pour la Commission, dans un souci d'amélioration continue et de prise de décisions de qualité, la Commission a offert des séances de recyclage sur la rédaction de décisions.
En conclusion, je tiens à exprimer une nouvelle fois mes sympathies à la famille et aux amis de Marylène Lévesque. Je voudrais leur dire à nouveau, en même temps qu'aux membres du Comité et à la population canadienne, que nous prenons ces incidents très au sérieux et que nous avons à cœur de prendre les meilleures décisions possible.
Merci.
Chers collègues, je propose que nous fusionnions les deux heures de notre séance, plutôt que de les séparer comme nous le ferions normalement. Nous pourrons ainsi avoir au moins trois tours de questions et nous garder un peu de temps à la fin de la réunion pour discuter, probablement à huis clos, des travaux à venir du Comité.
Nous passons donc au premier tour où chacun aura droit à six minutes. Nous entendrons successivement M. Paul-Hus, M. Lightbound, Mme Michaud et M. Harris.
Monsieur Paul-Hus, bienvenue encore une fois au sein de notre comité.
:
Je vous remercie, monsieur le président.
Ma première question s'adresse à vous, madame Oades, et porte sur les procédures. Vous en avez parlé un peu dans votre présentation.
J'aimerais savoir si, oui ou non, la Commission s'est conformée aux règles en place. Par exemple, dans le rapport d'enquête, on ne propose de faire aucune recommandation à la Commission. Pourtant, deux de vos commissaires, Janie Fortin et Joseph Lainé, avaient le pouvoir de suspendre la semi-liberté de M. Gallese et de demander une réévaluation. Ils ont choisi de garder en semi-liberté un délinquant, bien qu'ils aient été informés du fait que celui-ci avait commis au moins trois actes criminels contre une clientèle féminine vulnérable.
Cela n'est-il pas un manquement au manuel des politiques?
:
J'invoque le Règlement, monsieur le président.
Avant de laisser notre collègue poursuivre, j'aimerais que l'on clarifie une chose. Étant donné qu'il est secrétaire parlementaire du ministre de la Sécurité publique, je voudrais simplement savoir s'il a eu ou non un rôle quelconque à jouer auprès du ministère ou des organismes concernés quant à la production de ce rapport. Je sais que l'on s'est posé, à tort ou à raison, des questions sur l'indépendance de ce rapport, étant donné qu'il a été produit par la Commission des libérations conditionnelles et le Service correctionnel du Canada eux-mêmes. À mes yeux, l'indépendance, de même que la perception d'indépendance, sont des éléments cruciaux dans le cadre du travail de notre comité. Il est essentiel que les familles des victimes, les Canadiens dans leur ensemble et, bien évidemment, toutes les personnes ayant un rôle à jouer au sein de ce système puissent avoir pleinement confiance dans le processus.
J'aimerais seulement savoir s'il peut y avoir en l'espèce un conflit d'intérêts, ou une perception de conflit d'intérêts, et si le secrétaire parlementaire souhaiterait apporter des précisions à ce sujet avant de poser ses questions à nos témoins.
:
J'aimerais rassurer ma collègue en lui disant que je n'ai aucunement participé, ni de près ni de loin, aux travaux du Comité, qui était coprésidé par deux criminologues indépendants tant du Service correctionnel que de la Commission des libérations conditionnelles. Toutefois, j'ai pris connaissance du rapport, et j'espère que l'ensemble des membres du Comité l'a fait aussi.
Comme le président l'a bien mentionné, mon rôle de secrétaire parlementaire est connu, mais je n'ai aucunement participé à l'élaboration de ce rapport. D'ailleurs, les deux coprésidents externes avaient toujours la pleine liberté de sortir publiquement, s'ils avaient eu une quelconque préoccupation ou interrogation dans le cheminement de leur étude et de leur enquête.
En premier lieu, je veux faire écho à ce qu'ont dit la commissaire et la présidente: nos pensées doivent aller vers la famille et les amis de la victime. C'est ce qui doit guider les délibérations de notre comité aujourd'hui, au-delà des considérations partisanes. Je trouve regrettable de voir que certains politiciens tentent de récupérer une pareille tragédie à des fins politiques. Notre comité doit faire la lumière sur ce qui s'est arrivé en janvier 2020 à Marylène Levesque. Le système a clairement échoué, et il ne faut pas que cela se reproduise.
Mes questions s'adressent principalement à la commissaire Kelly.
Dans le rapport, il est mentionné qu'il y a eu une certaine confusion dans les rôles et les responsabilités des intervenants cliniques de la Maison Painchaud et des agents de libération conditionnelle.
Pouvez-vous nous expliquer comment il a pu y avoir une telle confusion des rôles et des responsabilités de ces deux groupes? Comme vous l'avez dit, cela fait 40 ans que ce modèle est suivi au Québec.
Des intervenants cliniques ont fait de la supervision directe. Pourquoi y a-t-il eu une telle confusion des rôles? Le comité d'enquête a recommandé de ne plus suivre ce modèle et de centraliser les activités de supervision au Service correctionnel. Comment cela permettra-t-il d'éviter ce genre de confusion à l'avenir?
:
Je vous remercie de votre question.
Les intervenants cliniques des centres résidentiels communautaires exercent les mêmes tâches et ont les mêmes responsabilités que celles qui sont généralement attribuées aux agents de libération conditionnelle. Cependant, c'est le Service correctionnel qui conserve l'autorité et la responsabilité quant aux décisions finales. Il y avait l'intervenant clinique du centre résidentiel communautaire, mais un agent de liaison du Service correctionnel et un agent responsable de la libération conditionnelle s'occupaient aussi du cas. Ces agents sont quand même responsables du contrôle de la qualité. Il est clair qu'il y a eu des lacunes à ce niveau.
En attendant de prendre d'autres mesures pour rectifier la situation, nous avons clarifié les responsabilités et les tâches attribuées aux intervenants cliniques et aux agents du Service correctionnel du Canada. Des postes de responsable des agents de libération conditionnelle ont été ajoutés dans les bureaux sectoriels, afin d'assurer un meilleur contrôle de la qualité et une surveillance accrue des stratégies communautaires. J'ai également ordonné aux directeurs de secteur de vérifier un certain nombre de stratégies communautaires chaque mois pour s'assurer qu'elles sont judicieuses.
D'ici le 31 mars 2021, naturellement, la Maison Painchaud ne s'occupera plus de la surveillance. Après cela, nous allons revoir les contrats des sept autres centres résidentiels communautaires pour que ce soit le Service correctionnel qui s'occupe de la surveillance des délinquants en communauté. De cette façon, il n'y aura qu'un seul modèle de surveillance communautaire à l'échelle du pays.
Comme je l'ai dit, cela fait longtemps que ce modèle de surveillance communautaire est en place au Québec, mais cet événement tragique a mis en lumière certaines choses. On parle d'un très petit nombre de délinquants sous responsabilité fédérale, soit 155, qui sont surveillés par les centres résidentiels communautaires.
:
Je vous remercie de votre question.
J'ai travaillé comme agente de probation et comme agente de libération conditionnelle. Il est clair qu'il est absolument essentiel de corroborer ce que le délinquant dit. Il y a eu des manquements significatifs dans ce cas-ci.
Voici ce qu'on entend par contacts avec les tiers. Si un délinquant a un emploi, on doit contacter son employeur, et s'il va visiter sa famille, on communique avec la famille pour corroborer les faits. S'il participe à un programme, on fait un suivi avec un psychologue. C'est essentiel, et dans ce cas-ci, il y a certainement eu des manquements.
Nous allons élaborer un gabarit, qui sera ajouté à notre politique sur la surveillance en communauté, afin d'établir la liste des éléments précis qui doivent faire l'objet de discussions, incluant les...
:
Je vous remercie, monsieur le président.
Moi aussi, mes pensées vont à la famille et aux proches de Mme Levesque.
C'est un rapport qu'on attendait impatiemment. Il est volumineux et contient beaucoup d'éléments. Pourtant, certaines questions demeurent sans réponse.
Je veux revenir sur ce processus en trois étapes. Au départ, le Service correctionnel du Canada évalue le risque de récidive d'un délinquant. Ensuite, l'agent de libération conditionnelle fait une recommandation à la Commission des libérations conditionnelles du Canada. À la fin, c'est le commissaire qui prend une décision en matière de remise en liberté. C'est vraiment le commissaire qui aurait pu suspendre la semi-liberté.
Comme vous l'avez dit, madame Kelly, on comprend qu'il y a peut-être eu des lacunes dans le rôle joué par les intervenants cliniques employés par la Maison Painchaud. Sans vouloir mettre quiconque sur le bûcher, on veut s'assurer que cela ne se reproduira pas. On cherche à savoir à quelle étape l'erreur a été produite.
En fait, a-t-on commis des erreurs aux trois étapes? En premier lieu, le Service correctionnel du Canada aurait-il dû évaluer différemment le risque de récidive? Le rapport le dit: on était au courant du risque élevé qu'il y avait. Ensuite, la recommandation faite aurait-elle dû être différente? Enfin, à qui revenait la décision ultime de laisser le délinquant fréquenter des salons de massage?
À quelles étapes a-t-on commis une erreur? Comment peut-on s'assurer que cela ne se reproduira pas?
Je ne suis pas sûre pour ce qui est du reste des questions, mais en ce qui concerne la Commission des libérations conditionnelles, dans ce cas, concernant la décision de mars, on parle d'une audience en personne. Il y avait deux membres de la Commission, l'agent de libération conditionnelle de l'établissement et le délinquant. En ce qui concerne celle de septembre, il s'agissait de l'examen d'une semi-liberté prolongée. Il y avait deux membres de la Commission et l'agent de libération conditionnelle de, je crois, la Maison Painchaud et le délinquant.
Ils ont présenté leur dossier. Il y avait une bonne coopération. Le délinquant allait très bien, semble-t-il. Des questions ont été soulevées concernant la stratégie relative à la visite de salons de massage à des fins sexuelles. Je ne sais pas si quiconque d'entre vous le sait, mais nous sommes, toutes les trois — Mme Blanchet, Mme Kelly et moi —, d'anciennes agentes de libération conditionnelle. Nous n'avons jamais entendu parler d'une telle chose auparavant, certainement pas pendant nos carrières respectives. Il y a eu une pause durant l'audience pour en discuter. Ils sont revenus. Ils voulaient savoir de quelle façon le risque serait géré. On lui a dit qu'en aucun cas cela ne devait continuer. L'agent de libération conditionnelle n'était pas préoccupé, ni le délinquant.
Malheureusement, ce que personne ne savait à l'époque, c'est que non seulement il avait été autorisé, à trois reprises, à aller dans un salon de massage pour obtenir des services sexuels, mais qu'en fait, il y était allé maintes fois. Toutefois, personne ne devait le savoir. L'agent de libération conditionnelle, le SCC et la Commission ne le savaient certainement pas. Cette information n'a été révélée qu'au moment où il a été condamné.
:
Je veux bien. En fait, avant que Mme Kelly ne prenne la parole, par exemple, j'ai lu attentivement ses paroles.
Je vais lire ce qu'elle dit. « Je tiens à préciser aux membres du Comité que la stratégie de surveillance dans la collectivité relative à ce cas était totalement inappropriée. Le SCC n'approuve pas que les délinquants aient recours à des services sexuels. » Elle dit ensuite ceci: « [t]ravaillant au Service depuis 37 ans, je peux sans équivoque attester du fait que ce n'est pas quelque chose que nous, en tant qu'organisation, appuyons ». C'est la politique, et il est clair que dans ce cas particulier, ce n'était pas la pratique.
Lorsque cela a été établi par les membres de la Commission des libérations conditionnelles, encore une fois, on a dit que ce n'était pas la politique, mais les membres de la Commission ont dit quelque chose au libéré conditionnel et à l'agent de libération conditionnelle, mais ils ne l'ont pas inclus dans le rapport. Je ne sais pas ce qui figure dans le rapport, parce que tout est censuré. Il y avait des conditions spéciales, mais ils n'en ont pas fait mention.
Il me semble que c'est une condition assez spéciale qui ne correspondait pas à la politique de la Commission des libérations conditionnelles. Pourtant le Comité d'enquête a dit que cela n'avait rien à voir avec ce qui s'est passé par la suite. L'intervenant ne s'appuierait-il pas sur le rapport pour le suivi de ce cas?
:
Merci, monsieur le président.
Notre collègue, Mme Stubbs, a des problèmes de connexion.
Je tiens tout d'abord à dire que je suis de tout cœur avec la famille et les amis de Mme Lévesque. Nous savons que cette horrible tragédie constitue un autre exemple de la triste réalité liée à l'adoption d'une approche laxiste à l'égard de la criminalité. Nous savons tous que cette tragédie aurait pu être évitée. Les témoins, vos organismes, ont accordé à ce délinquant la semi-liberté et l'ont même autorisé à se retrouver seul avec des femmes pendant sa libération malgré ses antécédents de violence contre les femmes et les préoccupations du SCC.
Vous dites que le rapport se devait d'être transparent et sérieux dans le cadre de l'exercice de votre devoir envers les Canadiens, qui consiste à protéger les gens contre les délinquants. Pour ce faire, vous avez procédé à un examen interne à huis clos du dossier et vous avez jeté le blâme sur un organisme externe du Québec et certains travailleurs de première ligne. Il semble que les cadres supérieurs de vos deux organismes, le SCC et la Commission des libérations conditionnelles, ainsi que le , bien franchement, sont en quelque sorte exonérés de toute responsabilité.
Madame Oades, vous dites aux Canadiens qu'ils peuvent se fier aux décisions que prend la Commission des libérations conditionnelles malgré une série d'échecs et de mauvaises décisions qui, dans ce cas, ont mené à la mort d'une jeune femme. Votre organisme, la Commission des libérations conditionnelles, contribue à un rapport qui ne le tient pas responsable de cette décision. Nous savons tous que les Canadiens ne font pas confiance à la Commission, et ce rapport ne contribue en rien à rétablir cette confiance. Le fait de ne pas assumer ses responsabilités n'aide certainement pas.
Madame Oades, vous le savez, mais simplement pour que tout soit clair, je veux dire que la responsabilité de prendre les décisions sur la mise en liberté sous condition relève exclusivement de la Commission des libérations conditionnelles. L'article 107 de la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition stipule que la Commission a « toute compétence et latitude » pour accorder une libération conditionnelle; mettre fin à la libération conditionnelle ou d'office ou la révoquer; et annuler l'octroi de la libération conditionnelle ou la suspension de la libération conditionnelle. Compte tenu de ce fait, pouvez-vous expliquer comment la Commission des libérations conditionnelles peut être seule responsable de la libération des délinquants et des conditions de leur libération sans pour autant être responsable de ses décisions, comme dans le cas présent?
:
Merci, monsieur le président.
J'aimerais remercier les témoins de leur témoignage, aujourd'hui.
Avant de poser mes questions, j'aimerais offrir mes condoléances à la famille et aux proches de Mme Marylène Levesque.
Madame Kelly, vous avez dit qu'il était extrêmement rare qu'un tel événement ait lieu, c'est-à-dire qu'un délinquant en semi-liberté commette un acte violent comme celui du 22 janvier 2020. Cependant, même un seul cas comme celui-là en est un de trop. Je pense que tout le monde est d'accord là-dessus.
Je suis bien contente que la décision de prendre des mesures pour adopter un seul modèle de surveillance dans la collectivité pour les délinquants sous responsabilité fédérale au Canada ait été prise, mais, en tant que Québécoise, je suis curieuse de savoir pourquoi le modèle québécois en la matière différait du modèle adopté dans le reste du Canada jusqu'à maintenant.
Pourquoi a-t-il fallu qu'un tel événement se produise pour qu'on décide d'uniformiser cela?
Pourquoi tous les délinquants sous responsabilité fédérale n'ont-ils pas été traités de la même façon?
:
Je vous remercie de votre question.
Le modèle du Québec est en place depuis extrêmement longtemps. On parle de plus de 40 ans. Moi, j'en suis à ma 38e année au Service correctionnel du Canada, et depuis mon arrivée, la surveillance directe était effectuée par certains centres résidentiels communautaires au Québec, c'est-à-dire 8 centres sur 48, et cela fonctionnait. Cependant, il est évident que ce qui est arrivé a révélé certaines choses.
La Maison Painchaud accueille actuellement 14 délinquants. Il y en a environ 150 autres. C'est un petit nombre. En tant que commissaire, j'ai décidé qu'un seul modèle de surveillance dans la communauté pour les délinquants sous responsabilité fédérale était la meilleure approche pour uniformiser les pratiques et assurer la responsabilisation. C'est pourquoi nous prenons les mesures nécessaires. D'ici le 31 mars 2021, la Maison Painchaud n’assurera plus la surveillance des délinquants. Ensuite, nous allons engager nos partenaires. Notre but est de faire de la surveillance la responsabilité du Service correctionnel du Canada.
:
Je vous remercie de votre question. La réponse pourrait être longue.
Je vais d'abord parler des mesures immédiates qui ont été prises. Les membres du personnel impliqués dans cette tragédie ont été réaffectés et un comité d'enquête mixte a été mis sur pied afin de faire la lumière sur toutes les circonstances entourant ce cas. En ce qui concerne la stratégie, je répète qu'elle était inappropriée. C'est pourquoi nous avons fait un examen à l'échelle du pays pour nous assurer que toutes les stratégies étaient judicieuses, appropriées et conformes aux politiques. Cet examen n'a révélé aucun cas similaire ailleurs. J'ai aussi ordonné aux sous-commissaires régionaux de parler à leur équipe pour renforcer les stratégies communautaires appropriées et réitérer l'importance du contrôle de la qualité.
Nous avons aussi clarifié les responsabilités et les tâches attribuées aux intervenants cliniques des centres résidentiels communautaires et aux agents de liaison du Service correctionnel du Canada. Cela répond à une question qui a été posée auparavant. Par ailleurs, nous avons ajouté des postes de responsables des agents de libération conditionnelle dans les bureaux sectoriels, encore une fois afin d'assurer un meilleur contrôle de la qualité des stratégies communautaires. De plus, nous avons ordonné aux directeurs de secteur de vérifier un certain nombre de stratégies communautaires chaque mois. Ce sont des choses qui ont été faites immédiatement après l'événement.
Naturellement, nous avons aussi adopté un plan d'action relatif à la collecte de renseignements, aux contacts avec les tiers, aux conférences de cas, à la formation et au changement du modèle de surveillance dans la communauté. Ce sont toutes des mesures que nous allons prendre pour améliorer la surveillance dans la communauté.
:
Je vous remercie de votre question.
Au sujet de la collecte de renseignements, premièrement, à la suite de l'admission du délinquant dans un établissement fédéral en 2006, le comité avait noté que le Service avait demandé et obtenu des documents du juge et du procureur de la Couronne, des rapports de police et le casier judiciaire, mais que des renseignements concernant une infraction grave commise antérieurement étaient manquants. On avait le rapport de police, mais on aurait aussi dû avoir la transcription du procès.
En ce qui concerne la collecte de renseignements, nous révisons la directive du commissaire afin de définir clairement ce qui constitue une infraction grave à des fins de collecte d'information. Nous allons préciser les types de documents qui sont requis et qui concernent les antécédents de chaque délinquant qui correspondent à la définition, et nous allons mettre en place un mécanisme de suivi officiel qui sera intégré à notre Système de gestion des délinquants. Ce mécanisme fournira des rappels à nos agents de libération conditionnelle afin de nous assurer que nous avons tous les documents pertinents dans nos dossiers. D'ailleurs, nous n'attendons pas. J'ai déjà parlé aux sous-commissaires régionaux pour m'assurer qu'ils mettent en place des mesures provisoires.
Sur le plan de la surveillance, il s'agit des contacts avec les tiers et des conférences de cas. Cela va être renforcé, et encore là, nous n'attendons pas. J'ai demandé à tous les sous-commissaires régionaux de parler à leur équipe afin de renforcer tout de suite les conférences de cas entre les agents de libération conditionnelle et leurs superviseurs, où ceux-ci doivent discuter des contacts avec les tiers et du cheminement des délinquants dans la communauté, puis décider si on doit réévaluer le risque que les délinquants présentent.
:
Merci, monsieur le président.
Quelle horrible tragédie! Heureusement, mesdames Kelly et Oades, vous nous faites part des recommandations.
Pendant toute la séance, les conservateurs ont qualifié l'examen d'interne, ce qui n'est pas le cas, c'était un examen externe, et ils ont contesté son indépendance. Deux enquêteurs indépendants ont rédigé le rapport. Toutes leurs questions semblent s'adresser à la Commission des libérations conditionnelles. Comme les recommandations contrarient leurs espoirs, ils mettent maintenant le rapport en doute. J'y vois un véritable problème pour la transparence et l'indépendance.
Le rapport dit que:
Le comité d'enquête [CE] n'a soulevé aucun élément pertinent à la compréhension de l'incident lié aux opérations de la Commission des libérations conditionnelles du Canada [CLCC]. Le CE a constaté que les commissaires ayant pris part aux décisions de mise en liberté sous condition [en] mars [...] et [...] septembre [...] étaient conformes à toutes les exigences de formation de la CLCC et disposaient d'un niveau de connaissance nécessaire pour exécuter leurs tâches. Le CE est d'avis que le plan de formation de la Commission des libérations conditionnelles du Canada pour les nouveaux commissaires était complet et bien structuré.
Je tenais seulement à le répéter.
Madame Oades, je mesure votre patience dans votre défense contre les fausses allégations.
Ma question, sur la formation, s'adresse en fait à Mme Kelly. Une recommandation visait la mise en place d'une formation sur la violence conjugale. Je me demande si vous envisageriez d'y ajouter la formation sur le contrôle coercitif. Comme vous le savez, c'est très différent de la formation sur la violence entre partenaires intimes. Il serait très utile de l'ajouter à celle que reçoivent les agents de libération conditionnelle.
:
Je vous remercie, monsieur le président. J'ai quelques questions à poser, et ensuite, je vais céder la parole à l'un de mes collègues.
Ma première question fait suite à la dernière question posée par mon collègue Pierre Paul-Hus.
Il y a des préoccupations relativement à l'indépendance du Service correctionnel du Canada en raison des membres du comité d'enquête qui ont produit le rapport, précisément parce que l'un des vice-présidents a travaillé comme contractuel — et nous présumons qu'il ne s'agissait pas de bénévolat, mais bien de travail à contrat rémunéré — pour le Service correctionnel du Canada en 2013. Il s'agissait de services professionnels, comme on le précise dans le contrat portant le numéro 2024594. J'aimerais bien obtenir des renseignements à cet égard, car c'est ce qui nous amène à poser des questions à propos de l'indépendance et, par conséquent, de la confiance du public dans les conclusions de l'enquête.
Ce qui me paraît très évident, c'est qu'il n'y a pas suffisamment d'information qui est communiquée d'un côté à l'autre, ce qui empêche les gens de prendre les meilleures décisions possible en s'appuyant sur les meilleures informations possible. Je ne sais pas si l'un de nos témoins serait prêt à nous proposer une solution juridique. Je présume que nous sommes tous d'accord sur le fait que cet individu était un délinquant à risque élevé, que cet incident est inacceptable et que la situation a mené au décès d'une femme. Nous visons tous, je pense bien, le même objectif, à savoir empêcher qu'une telle situation ne se reproduise. Si toutes les personnes concernées avaient obtenu toute l'information nécessaire, elles auraient probablement pris une décision différente. Existe-t-il des solutions juridiques qu'on pourrait proposer ou mettre en place pour combler cette lacune? S'il y a des problèmes sur le plan des ressources, que peut-on faire pour y remédier?
En ce qui a trait à la question des avis publics, je me demande si un avis public a été diffusé à propos de la libération de ce délinquant ou si des lois ou des règlements relatifs aux avis publics ont été ou non respectés. Est-ce que les témoins auraient des suggestions à faire en ce qui a trait à une éventuelle loi fédérale visant à exiger qu'un avis public soit diffusé dans ce genre de situation?
:
Je peux répondre en premier. Ce sont de bonnes questions.
Je pense que la dernière chose que les gens souhaitent — même si cela se produit très souvent dans le milieu de la justice pénale — c'est qu'on modifie la loi en raison d'une seule personne ou d'un seul incident. Ce n'est pas une bonne façon d'établir des politiques ni une bonne façon d'établir des lois, mais il est certain qu'il est nécessaire de voir s'il y a des problèmes sous-jacents qui pourraient justifier une modification de la loi.
Il n'y en a aucun qui me vient à l'esprit en ce moment. Je pense que si ce genre de situation se produisait souvent, nous devrions réfléchir sérieusement à la façon dont nous faisons les choses, mais vu nos taux de réussite et compte tenu du professionnalisme de nos agents de libération conditionnelle, qui, en général, effectuent un excellent travail en ce qui a trait à la surveillance des délinquants, je pense qu'on peut dire que nous avons affaire à un cas très triste et très tragique où bien des choses sont passées entre les mailles du filet au chapitre de la surveillance.
Nous appliquons les lois. Nous n'avons pas pour tâche de les élaborer. Je ne vois pas du tout ce qui aurait pu être fait, d'un point de vue juridique, pour changer les choses dans ce cas-là, à tout le moins du côté de la Commission des libérations conditionnelles. Je ne sais pas ce qu'en pense la commissaire, mais, à mon avis, il faut se pencher sur ce genre de cas. Il faut vraiment examiner en profondeur ce qui s'est passé. Je pense que c'est ce que nous avons fait, mais je ne vois vraiment pas quel type de loi on pourrait mettre en place, car à mes yeux ce n'est pas un problème systémique.
En effet, M. Paul-Hus n'est plus là. Je ne sais donc pas ce qu'en pensent les conservateurs. Je serais d'accord pour clore la discussion sur le dossier Marylène Levesque et commencer à discuter du rapport.
Dans une autre optique, bien que la motion adoptée aujourd'hui soit très importante, tout autant que celle de M. Lightbound, la motion d'urgence qui a été déposée il y a quelques semaines par les conservateurs a toute sa pertinence et doit être étudiée. Elle porte sur les vaccins et les mesures mises en place aux frontières. La motion que j'ai déposée sur la gestion des frontières en temps de pandémie serait peut-être plus appropriée que celle que les conservateurs avaient déposée en urgence. Je ne le sais pas.
Des mesures tardent à être mises en place aux frontières, de sorte que les voyageurs continuent à avoir peu de restrictions. Ce serait le moment tout indiqué pour étudier cette question, et nous pourrions nous pencher ensuite sur la question de la haine en ligne. J'ai hâte d'étudier ce dossier.
Nous pourrions commencer par discuter de la motion sur la gestion des frontières. Je ne sais pas ce que les conservateurs en pensent.
:
Merci, monsieur le président.
Je rejoins mon collègue sur les préoccupations et les questions urgentes liées à la motion adoptée par la Chambre, mais je dirais qu'avant de commettre l'erreur que les comités, les bureaucraties et les gouvernements semblent toujours commettre en passant à autre chose avant de terminer ce qui est également un travail important, nous devrions en fait nous attacher à terminer notre rapport et nos recommandations relatives à l'étude sur la GRC. Je pense que nous devrions probablement aussi discuter, comme le président et moi-même l'avons fait précédemment, de la question de savoir si nous voulons ou non inclure les recommandations relatives au rapport Bastarache dans notre rapport principal ou dans un rapport parallèle.
Ensuite, au nom des conservateurs et au nom de Pierre Paul-Hus, qui a terminé son mandat à la Chambre, et puisque je suis avec lui une instigatrice de l'étude Lévesque, je dirai qu'il y a effectivement de remarquables témoins proposés par les conservateurs pour l'étude Lévesque. Je n'ai pas la liste sous les yeux, mais je pense que le greffier l'a sous la main.
Voici dans quel ordre j'estime que nous devrions procéder: nous devrions au moins finir d'entendre les témoins qui restent pour l'étude Lévesque, puis nous devrions nous efforcer de terminer notre rapport et nos recommandations sur la GRC et, parallèlement ou en plus de cela, choisir, en comité, de faire du rapport Bastarache un rapport distinct ou de l'intégrer dans le rapport principal sur la GRC.