:
Merci, monsieur le président.
Oui, j'espère que nous pourrons entendre davantage tous les témoins. Les témoignages recueillis lors de la dernière séance étaient très captivants et, dans certains cas, extrêmement troublants et perturbants.
Je note que la dernière fois, Jeff Wilkins, le président du syndicat des agents correctionnels, n'a pas eu la possibilité de répondre à des questions. Pendant mon temps de parole, je vais me concentrer sur quelques questions qui lui seront destinées, et j'espère que tous les autres participants pourront également s'exprimer au cours de cette séance.
Monsieur Wilkins, pourriez-vous nous expliquer, à nous, les non-initiés, et aux Canadiens qui nous regardent, en quoi consiste la différence entre l'isolement cellulaire et l'isolement préventif, en mettant l'accent sur la sécurité des détenus et des agents correctionnels? Et pourriez-vous aussi nous dire si, d'après votre expérience, l'isolement cellulaire a une incidence sur les chances de réhabilitation d'un délinquant, c'est-à-dire si elle les augmente ou les diminue?
:
Je considère que l'isolement cellulaire et l'isolement préventif — ou ce qui était autrefois l'isolement préventif — sont deux choses différentes. Dans la majorité des cas, à l'intérieur des prisons canadiennes, l'isolement préventif était mis en place à la demande des détenus.
Nous avons ce qu'on appelle « l'isolement protecteur », et une grande partie des mesures prises dans le cadre de l'isolement préventif visaient l'isolement protecteur. Certains détenus ne peuvent pas, pour diverses raisons, être mélangés à la population générale; il se peut, par exemple, qu'ils doivent de l'argent à des membres de la population générale et craignent pour leur sécurité. Ils sont placés dans un groupe où ils peuvent essentiellement être séparés de la population générale.
Pendant ce qui était auparavant l'isolement préventif, ils ont bien sûr du temps pour se distraire hors de leur cellule; ils ont du temps pour sortir de leur cellule à cette fin. Ils voient tous les jours des professionnels de santé. Ils se réunissent avec des aînés, par exemple. Dans certains cas, ils continuent de participer à des programmes dans le cadre de ce qui était l'isolement administratif.
Il s'agit bien sûr d'un environnement plus restrictif. La plupart du temps, c'est que nous avons affaire à des personnes dangereuses. Certains des protocoles de déplacement que nous devons appliquer dans ces unités d'isolement sont destinés à assurer la sécurité des agents. Ils sont mis en place pour la sécurité du personnel et des détenus. Le but est de les protéger contre les autres détenus, de les protéger contre eux-mêmes dans certains cas, et bien sûr, de protéger le personnel qui travaille dans l'établissement.
Encore une fois, je considère que l'isolement préventif et l'isolement protecteur sont deux choses différentes. Lorsque l'on pense à l'isolement protecteur, que nous n'avons jamais connu au Canada — au cours de ma carrière, devrais‑je dire — l'on imagine que l'on vous jette dans un trou, que l'on éteint les lumières et que l'on vous lance un plateau pour vous donner à manger. Les choses ne se passent pas ainsi. Les détenus ont accès aux téléphones. Ils ont accès à leur PlayStation. Ils ont accès à la télévision. Ils ont accès à tout ce que les autres font. Ils doivent simplement être séparés pour leur propre sécurité ou celle des autres.
:
Merci, monsieur le président.
Tout d'abord, je remercie les témoins de leur présence. Je leur en suis très reconnaissante.
J'ai manqué le moment où vous avez fait vos allocutions d'ouverture. Malheureusement, je devais être à un autre endroit. Je suis certaine qu'elles étaient très intéressantes. Je vais quand même poursuivre en posant des questions. En fait, je vais continuer dans la même veine que mon collègue M. Fisher, en ce qui a trait aux syndicats. Je m'adresserai d'abord à M. Wilkins.
J'aimerais savoir à quels défis ont été confrontés les membres de votre syndicat depuis le début de la pandémie. Vous avez parlé de personnel, d'infrastructures et de problèmes d'espace. Ces défis sont-ils toujours présents?
De quelle façon Service correctionnel Canada vous a-t-il soutenus? Vos demandes ont-elles été entendues?
:
Le problème le plus important auquel nous avons fait face pendant la pandémie a été le manque de personnel.
Il y a eu de nombreuses éclosions au pays. Comme je l'ai dit dans mon discours préliminaire, jusqu'à présent, 450 membres de notre syndicat ont contracté la COVID‑19. Environ 6 500 à 6 800 de nos membres travaillent dans ces établissements; c'est donc un énorme pourcentage. Dans la plupart des cas, comme nous nous rendons au travail tous les jours, c'est là que nos membres ont contracté la maladie.
Nous avons tenté de tenir le virus loin des établissements, par l'entremise de la recherche des contacts et aussi en demandant aux personnes qui auraient pu être exposées au virus de rester chez elles. Ainsi, dans certains cas, nous avons connu une réduction du personnel de l'ordre de 70 %. Évidemment, dans une telle situation, les employés ont été forcés de rester en poste après la fin de leur quart de travail.
L'été dernier, le temps supplémentaire forcé a été une réalité dans l'ensemble du pays, au point où les membres de notre syndicat n'osaient pas demander les congés dont ils avaient grandement besoin parce qu'ils ne voulaient pas que leurs collègues soient forcés de rester au travail.
Cette situation entraîne une dégradation de la santé physique et mentale du personnel. C'est la réalité pour bon nombre de personnes. Elles ont peur de se rendre au travail parce qu'elles savent que la COVID‑19 y est présente et qu'elles peuvent ramener la maladie à la maison, et infecter leur famille. Des membres de notre syndicat ont été hospitalisés après avoir contracté la COVID‑19. D'autres l'ont attrapée au travail et l'ont transmise aux membres de leur famille.
À plusieurs reprises, on a imposé des mesures de santé publique spécifiques à nos membres: vous devez vous rendre au travail; vous ne devez pas vous arrêter pour faire le plein lorsque vous rentrez à la maison après votre quart de travail; vous ne devez pas arrêter à l'épicerie; lorsque vous arrivez à la maison, vous devez vous isoler de votre famille afin que vous puissiez retourner au travail le lendemain. De telles mesures ont donné lieu à une importante baisse de moral au sein du Service correctionnel du Canada.
Je sais que vous n'avez pas entendu mon discours préliminaire, alors je vais le redire: personne n'a reconnu les sacrifices de nos membres — que je qualifie de héros — au cours de la pandémie.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Je suis heureux de pouvoir remplacer mon collègue aujourd'hui afin de discuter de ce sujet très important, surtout à la lumière des rapports récents sur le recours à l'isolement cellulaire.
Comme c'est la première fois que je siège au Comité, je vais vous expliquer le lien personnel que j'entretiens avec ce sujet. Je crois qu'il est fort probable que vous connaissiez tous, à un moment donné, une personne qui a été incarcérée. Je connais plusieurs personnes — dont certains membres de ma famille — qui ont été incarcérées et qui ont été assujettis à cette punition cruelle qu'est l'isolement cellulaire.
J'aimerais d’abord que vous me parliez du recours biaisé aux évaluations des risques en prison. Madame Sprott, pouvez-vous nous expliquer comment cette pratique affecte les détenus noirs et autochtones de façon disproportionnée?
:
Pour ce qui est des évaluations des risques biaisées, je crois que d'autres témoins seraient mieux placés que moi pour en parler.
En ce qui a trait aux unités d'intervention structurées, nous voulions savoir si le Service correctionnel du Canada appliquait la loi. Nous avons constaté que, dans l'ensemble, 38 % des séjours étaient considérés à titre d'isolement cellulaire ou de torture, en vertu des règles de Mandela.
C'était notre point de départ en vue d'essayer de comprendre ce qui se passait. Nous n'avons jamais obtenu réponse de la part du Service correctionnel du Canada. Les responsables étaient peut-être déjà au courant, alors ils n'ont pas cru bon nous répondre.
En ce qui a trait aux évaluations des risques biaisées, je crois qu'il y a eu plusieurs contestations judiciaires et décisions rendues au sujet des cotes de sécurité. Je crois que c'est bien connu, mais d'autres témoins pourraient peut-être vous en parler de façon plus générale.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Monsieur Doob, j'ai été très choqué par votre témoignage, l'autre jour, lorsque vous avez dit que dans certains cas, les séjours dans les unités d'intervention structurée s'inscrivent dans les catégories internationalement reconnues de la torture. Vous avez souligné que le problème est plus grave dans la région du Pacifique qu'en Ontario, par exemple.
Lors de votre témoignage, vous avez aussi déclaré, et je cite le compte rendu: « Je n'aurais jamais cru que, dans ma carrière de criminologue, je comparerais les taux de torture dans des établissements sous le contrôle du gouvernement du Canada. »
Pourriez-vous nous en dire plus à ce sujet, notamment sur ce qui distingue la région du Pacifique des autres régions? Je viens de la région du Pacifique, d'où mon intérêt.
:
Merci, monsieur le président.
À tous nos témoins, je vous remercie du travail que vous faites. Je tiens à vous remercier, les membres du Syndicat des agents correctionnels du Canada, SACC, et du Syndicat des employé‑e‑s de la Sécurité et de la Justice, SESJ, du travail que vous faites dans nos établissements. Les femmes et les hommes qui travaillent dans nos prisons font un excellent travail.
Cependant, monsieur Wilkins, je dois dire que j'ai visité l'établissement à sécurité maximale d'Edmonton. J'ai visité une des cellules, en compagnie de représentants du SACC. Il n'y avait aucun téléviseur ni console PlayStation. On m'a dit qu'ils n'avaient même pas droit à des livres en raison des risques de suicide. Je tenais à dire ce que j'ai vu à l'établissement à sécurité maximale d'Edmonton.
Je viens de finir d'écouter un podcast intitulé Life Jolt qui traite des femmes de Grand Valley. Une des femmes qui était retournée en prison a été placée en isolement parce qu'elle était en sevrage de drogue. Ce n'est pas là qu'il faut placer ces gens. Permettez-moi de préciser que j'ai travaillé sur le projet de loi . C'est moi qui ai présenté l'amendement prévoyant un décideur externe indépendant. J'espérais ardemment que les choses fonctionnent, et je tiens à remercier M. Doob et Mme Sprott de leur travail. Je pense toujours que nous pouvons y arriver.
Ma question — je n'ai que quatre minutes — est pour l'Association canadienne des sociétés Elizabeth Fry.
Madame Coyle, pouvez-vous présenter vos recommandations concernant la violence sexuelle dans les prisons? Vous avez fait un rapport sur le sujet. Nous savons que le SCC a une politique de tolérance zéro, mais cela se produit encore. Pourriez-vous nous dire ce que nous devons faire sur le plan législatif et ce que peut faire la commissaire sans cadre législatif?
:
D'accord. J'essaie vraiment d'arriver à une réponse, mais je pense que c'est un aspect important qu'il faut garder à l'esprit dans ces discussions.
Premièrement, je pense qu'une enquête publique indépendante est nécessaire — et c'est particulièrement important lorsqu'il est question de coercition et de violence sexuelles exercées par des agents contre des détenues —, parce que nous manquons d'informations sur la situation. Nous avons besoin de ces informations.
Deuxièmement, nous pouvons mettre fin à la fouille à nu, qui est une violence sanctionnée par l'État. Nous n'en avons pas besoin. Nous pouvons l'arrêter dès maintenant. Elle ne sert pas son objectif.
Ma troisième recommandation serait de donner à toute personne souhaitant porter plainte pour agression sexuelle un accès à des services externes de consultation en santé mentale. Les victimes ne feront pas confiance au personnel du Service correctionnel du Canada. Elles doivent avoir accès à des services externes d’intervention en santé mentale.
Je pense que ce sont les trois points les plus importants.
:
Je vous remercie, monsieur le président.
J'ai commencé par la situation de la COVID‑19, bien entendu, dans les prisons fédérales, parce que c'est ce qui a marqué l’actualité cette année.
Il y a toutefois une autre situation extrêmement perturbante, qui fait partie de la motion qui a été déposée, soit les signalements de coercition et de violence sexuelles exercées dans les prisons fédérales. Le rapport de l'enquêteur correctionnel du Canada était assez clair. Il a mentionné l'existence d'une véritable culture du silence. Il a clairement souligné que cette question n'est jamais, ou pratiquement jamais, abordée dans l'opinion publique. Je me demande pourquoi il en est ainsi.
Ma question s'adresse à M. Wilkins, du Syndicat des agents correctionnels du Canada, ainsi qu'à tout autre témoin qui aurait quelque chose à dire sur cette culture du silence. Que faut-il faire pour en parler davantage et trouver des solutions?
J'invite les témoins à répondre à ma question.
:
Merci, monsieur le président.
Selon les principes de base, la règle 1 des Règles Nelson Mandela stipule que « Tous les détenus sont traités avec le respect dû à la dignité et à la valeur inhérentes à la personne humaine. ». La règle 2 stipule que « Les présentes règles doivent être appliquées impartialement. Il ne doit y avoir aucune discrimination fondée sur la race, la couleur, le sexe, la langue, la religion », etc.
Cependant, dans son témoignage, M. Doob a déclaré que les détenus noirs sont soumis à cette punition cruelle et inhabituelle — la torture qu'est l'isolement — pendant de plus longues périodes.
Si je pouvais retenir une chose de ce comité, je demanderais à M. Doob, par votre intermédiaire, monsieur le président, quelle solution il propose pour enrayer le racisme anti-noir inhérent à ce régime.
:
La reconnaissance du racisme en tant que tel ou de la différence des durées de détention serait un début.
N'oubliez pas qu'à l'heure actuelle, on ne reconnaît même pas qu'il arrive que des problèmes surviennent qui ne sont pas causés par les détenus placés dans les unités d'intervention structurée. Je trouve important qu'on commence par reconnaître quels sont les problèmes.
J'ai des suggestions quant au point de départ. On pourrait commencer par les différences entre les établissements. Il n'y a pas d'établissements merveilleux, mais certains sont bien pires que d'autres. Si l'on pouvait trouver des établissements qui font mieux les choses, on pourrait en tirer des leçons et avancer.
Je vous rappelle que ce que nous cherchons... Jane Sprott et moi travaillons tous les deux à Toronto, dans des bureaux séparés, à partir de données administratives du SCC. S'il y avait eu une surveillance adéquate des UIS, j'aurais espéré qu'un groupe comme celui que j'ai présidé, sans succès...
Entre autres, j'ai trouvé très frustrant, au début de la pandémie, que le gouvernement fédéral vaccine les détenus, mais que les décisions entourant la vaccination du personnel relèvent des provinces, qui ont malheureusement décidé de ne pas accorder la priorité aux employés des établissements. Je pense que nous trouvions tous contrariant, monsieur Wilkins, que les provinces ne vous considèrent pas, vous et tous les autres employés, comme prioritaires.
J'ai une question pour M. Doob. Avez-vous eu la possibilité de visiter une unité d'intervention structurée? Le cas échéant, quels étaient... Il va sans dire que des restrictions ont été imposées sur les visites en raison de la COVID. J'espérais pouvoir en visiter une, mais je n'ai pas pu le faire. Avez-vous eu l'occasion d'en voir une en personne?
:
Monsieur le président, chers membres du Comité, je vous remercie de l'occasion que vous m'offrez de comparaître devant vous aujourd'hui.
Avant de commencer, je tiens à souligner que c'est la Journée nationale des peuples autochtones. Je profite de l'occasion pour célébrer les contributions et la riche culture des peuples autochtones et de nos nombreux employés autochtones, qui jouent un rôle essentiel dans la réhabilitation des détenus.
[Traduction]
En ce qui a trait à la COVID‑19, je tiens à remercier le personnel du Service correctionnel du Canada pour ses efforts inlassables et le dévouement dont il fait preuve, et à souligner la collaboration continue des délinquants en vue de nous aider à gérer la pandémie. Je suis heureuse d'annoncer qu'à l'heure actuelle, nous ne recensons aucun cas actif de COVID‑19 parmi les détenus à l'échelle du pays.
Avant de parler de notre programme de vaccination, j'aimerais souligner les mesures qui nous ont permis d'obtenir ce résultat.
[Français]
Ces mesures à l'appui du programme de vaccination sont les suivantes: notre partenariat avec les experts en santé publique, les syndicats et les intervenants, y compris la Croix-Rouge; la réalisation d'examens des mesures de prévention et de contrôle des infections à chacun de nos 43 établissements; l'élaboration d'un cadre intégré de gestion du risque, avec l'aide de nos partenaires de la santé publique, des syndicats et des intervenants; l'élaboration d'une stratégie de dépistage exhaustive, au début de la pandémie, ainsi que l'adoption de tests de dépistage rapide — à ce jour, nous avons effectué près de 52 000 tests de dépistage; la formation de plus de 250 de nos employés pour procéder à la recherche des contacts; la production de communiqués hebdomadaires destinés au personnel et aux détenus et de communiqués mensuels destinés à nos partenaires; et la réorientation rapide, durant la pandémie, des efforts de CORCAN, qui, avec l'aide de nombreux détenus, a fabriqué plus de 850 000 masques.
[Traduction]
Maintenant, passons à la vaccination, qui nous permet de voir la lumière au bout de ce long tunnel.
En date du 17 juin, plus de 75 % de la population de détenus avait reçu au moins une dose du vaccin et 42 % d'entre eux étaient pleinement vaccinés. Nous continuons à tenir des cliniques et à échanger avec les détenus qui ont refusé le vaccin afin de comprendre leurs préoccupations et d'y répondre.
La gestion de la pandémie, qui n'est facile pour personne, a nécessité un véritable travail d'équipe. Nous avons entamé la planification en vue de la reprise des activités et de la levée des restrictions en toute sécurité. Nous continuerons à collaborer avec les autorités de santé publique et à nous appuyer sur les données.
J'aimerais maintenant vous parler des unités d'intervention structurée, ou des UIS. Comme vous le savez, les UIS ont été mises en œuvre le 30 novembre 2019 et ont représenté un changement transformateur pour le SCC. Bien que la pandémie de COVID‑19 ait posé des défis uniques touchant tout ce que nous faisons, y compris les UIS, je suis fermement résolue à assurer la réussite de leur mise en œuvre.
Les unités d'intervention structurée ne sont ni punitives ni préjudiciables; c'est plutôt le contraire. Elles servent de mesure temporaire et visent à aider les détenus en leur offrant la possibilité de participer à des interventions et à des programmes ciblés en vue de favoriser leur réintégration en toute sécurité dans une population carcérale régulière dès que possible.
On compte actuellement 186 détenus dans les unités d'intervention structurée, ce qui représente environ 1,5 % des détenus sous responsabilité fédérale au Canada. Je devrais souligner que 33 de ces détenus sont autochtones, soit 17 %. Ces chiffres font un contraste avec l'ancien modèle: en 2009‑2010, près de 800 détenus, ou plus de 5 % de la population carcérale, étaient placés en isolement préventif. Ces données montrent un changement de mentalité: nous utilisons les UIS en dernier recours et nous nous efforçons de gérer de manière proactive les situations au sein de la population régulière.
Il est important de contextualiser le 1,5 %. Les détenus placés dans les UIS présentent un profil qui les distingue clairement des détenus de la population carcérale régulière. Selon une analyse récente, ils sont plus impulsifs, ont une faible tolérance à la frustration, agissent souvent de manière agressive et sont plus susceptibles, dans une proportion de 14 %, d'afficher des attitudes favorables à la violence axée sur un but.
[Français]
Des unités d'intervention structurée, ou UIS, sont en place dans 15 de nos 43 établissements. Les détenus ne peuvent être transférés dans une UIS que s'ils répondent à l'un des trois critères énoncés dans la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition, et s'il n'existe aucune autre solution raisonnable que le placement dans une UIS.
Avant de transférer un détenu dans une UIS, toutes les solutions de rechange possibles sont envisagées, telles que la médiation ou la résolution de conflit, le transfert à une autre unité ou rangée au sein de l'établissement, et la participation d'un membre du comité de détenus ou du personnel qui a de l'influence sur le détenu, comme un aîné, un aumônier ou un bénévole.
[Traduction]
Il convient de souligner qu'il n'y a pas d'approche universelle pour le soutien aux détenus. Nous affrontons des situations difficiles et complexes. Par exemple, plus de 250 bandes distinctes sont représentées dans nos établissements, ce qui complique la tâche de trouver un espace sécuritaire pour certains détenus. Bien que certains cas puissent être résolus rapidement, d'autres nécessitent du temps ainsi que des efforts soutenus.
La loi est claire: les détenus qui sont transférés dans une UIS doivent avoir la possibilité de passer au moins quatre heures par jour à l'extérieur de leur cellule, ce qui doit comprendre deux heures de contacts humains réels. Les dispositions législatives régissant les UIS reconnaissent qu'il peut y avoir des situations où un détenu reste dans sa cellule plus longtemps, notamment s'il refuse de sortir. Bien que ce soit son droit, nous continuons à offrir activement des possibilités au détenu.
L'une des mesures de protection clés...