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Je déclare ouverte la 36
e séance du Comité permanent de la sécurité publique et nationale de la Chambre des communes.
Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement et à la motion que nous avons adoptée le mercredi 9 juin, le Comité reprend son étude sur l'extrémisme violent à caractère idéologique. Plus tard cet après-midi, nous discuterons des travaux du Comité à huis clos.
Nous sommes heureux que ces deux groupes de témoins aient fait preuve de compréhension en acceptant de comparaître ensemble devant nous.
Du Conseil national des musulmans canadiens, nous accueillons M. Mustafa Farooq, président-directeur général, et Mme Sameha Omer, directrice des affaires juridiques. Du Centre consultatif des relations juives et israéliennes, nous accueillons M. Shimon Koffler Fogel, président-directeur général.
Je remercie encore ces deux groupes d'avoir accepté de comparaître. Nous avons hâte d'entendre vos déclarations préliminaires. Vous avez chacun sept minutes.
Sur ce, je cède la parole au Conseil national des musulmans canadiens.
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Merci, monsieur le président et membres du Comité, de nous donner l'occasion de vous faire part de nos réflexions pour votre étude de l'extrémisme violent à caractère idéologique à la suite de l'attentat terroriste de London.
Je m'appelle Mustafa Farooq. Je suis avocat et PDG du Conseil national des musulmans canadiens. Je suis accompagné aujourd'hui de ma collègue Sameha Omer, directrice des affaires juridiques du Conseil.
À titre d'information, le Conseil est un organisme communautaire indépendant, non partisan et sans but lucratif voué à la défense des droits de la personne et des libertés civiles des communautés musulmanes vivant au Canada. Depuis près de 20 ans, nous défendons avec ardeur les droits de la personne au Canada. Nous en faisons la promotion sans relâche dans les domaines de l'éducation et de la sensibilisation communautaire, de la mobilisation des médias et de la défense des droits du public ainsi que de la lutte contre la discrimination et l'islamophobie.
Compte tenu de l'intensification documentée de la haine, du racisme et de l'islamophobie dans nos collectivités, nous sommes ici aujourd'hui parce que nous nous soucions beaucoup de la sécurité publique. Je pense que cela m'a frappé personnellement ce week-end, lorsque j'ai présenté des membres de la mosquée de Québec à ceux de la communauté musulmane de London à l'occasion des funérailles de la famille Afzaal. J'ai ensuite sauté dans mon auto pour essayer de retourner à Toronto à temps pour participer à une vigile à la mosquée de l'International Muslims Organization, l'IMO, à Etobicoke.
Cette réalité dénonce un déraillement total de certaines attitudes dans notre pays. Hier soir, j'étais à l'Institut islamique de Toronto, et pendant que je me préparais à témoigner devant ce comité, deux individus ont menacé de bombarder le centre après avoir tenté de s'y introduire par effraction. En même temps, nous essayions de soutenir une musulmane noire qui aurait été agressée à Edmonton, tout en parlant aux représentants du centre Baitul Hadi d'Edmonton, sur lequel quelqu'un avait peint une croix gammée.
Le soir du 29 janvier, un homme armé s'est introduit dans le Centre culturel islamique de Québec. Il a abattu six fidèles musulmans et en a blessé plusieurs autres en menant une attaque terroriste contre la mosquée et contre les musulmans qui se trouvaient dans le Centre. Les victimes sont Ibrahima Barry, Azzedine Soufiane, Aboubaker Thabti, Khaled Belkacemi, Mamadou Tanou Barry et Abdelkarim Hassane. La haine et la violence nous ont privés de leur présence sur terre à cause de la pire attaque contre un lieu de culte de toute l'histoire moderne du Canada.
Dans la soirée du 12 septembre 2020, un homme apparemment lié à un groupe de suprémacistes blancs, l'O9A, est entré dans le stationnement de la mosquée de l'IMO à Etobicoke et a coupé la gorge de Mohamed-Aslim Zafis. Ce soir‑là, j'ai vu son corps dans le stationnement, alors même que je l'avais rencontré pendant l'année quand il distribuait de la nourriture aux pauvres aux pires moments de la crise de la COVID‑19.
Le 7 juin, à London, un individu a frappé une famille avec son véhicule pour des motifs présumés de haine. Des accusations de terrorisme ont maintenant été portées contre lui. Je vais lire les noms des personnes décédées: Salman Afzaal et sa mère, son épouse Madiha Salman et leur fille Yumna. Avant de quitter London, j'ai rencontré leur jeune garçon, le seul survivant de l'attaque. Je ne saurais trouver les mots pour vous décrire cette rencontre.
Nous sommes ici aujourd'hui parce que les groupes de suprémacistes blancs, d'islamophobie violente, de néonazis et de droite alternative se créent exponentiellement. Ils deviennent plus audacieux, qu'il s'agisse de groupes comme les Soldats d'Odin qui épient une mosquée en Colombie-Britannique, un groupe qui s'appelle « The Clann » qui intimide les fidèles de la plus ancienne mosquée du Canada à Edmonton, de groupes comme La Meute au Québec et des groupes qui planifient actuellement les célébrations de l'attentat terroriste de London en Ontario. Cette liste exclut tous les autres individus qui ont commis les agressions dont j'ai parlé hier. Entre autres, à Calgary, une femme portant une burka aurait été accostée. Comme ma collègue, Mme Omer, peut vous le dire, c'est un phénomène assez courant chez nous. Nous recevons ces appels jour après jour pendant toute l'année.
Mon allocution d'aujourd'hui porte directement sur les moyens de démanteler les groupes suprémacistes blancs et néonazis, qui constituent une source majeure d'incitation et de promotion de la haine, de la xénophobie et de la violence contre certains segments de la population, notamment contre les membres de la communauté musulmane. Je tiens également à souligner que nos collègues du Centre consultatif des relations juives et israéliennes qui sont avec nous aujourd'hui se sont joints à nous l'an dernier avec des dizaines d'organismes canadiens de premier plan pour réclamer plus d'action contre les groupes suprémacistes blancs.
Pour gagner du temps, je vais passer directement aux recommandations que nous désirons présenter au Comité. Nous discuterons davantage de ces recommandations et de ces approches clés au Sommet national sur la lutte contre l'islamophobie qui, je le sais, a également reçu un important appui bipartite. De notre point de vue, il faut prendre des mesures pour éliminer au plus vite les problèmes que causent les groupes de suprémacistes blancs au Canada.
Tout d'abord, nous pensons qu'il faudrait appliquer les dispositions actuelles du Code criminel, en particulier les dispositions de la Loi antiterroriste sur l'inscription des terroristes et l'article 70 du Code criminel, pour démanteler des groupes comme les Three Percenters. Bien que le gouvernement ait appliqué des dispositions législatives en vigueur pour démanteler des groupes de suprémacistes blancs comme Blood & Honour, Combat 18, Proud Boys, nous sommes convaincus que le Code criminel nous permet déjà de dresser une liste des groupes terroristes et de démanteler des milices. Ces dispositions doivent s'appliquer aux plus de 250 autres organismes de suprématie blanche au Canada.
L'article 70 du Code criminel, par exemple, interdit aux gens de se réunir dans le but de « s'entraîner ou de faire l'exercice », « de suivre des séances d'entraînement ou de maniement des armes » et « d'exécuter des manœuvres militaires ». On pourrait l'appliquer pour empêcher les actions de groupes et la mobilisation de groupes comme les Three Percenters. En parlant d'extrémisme violent à caractère idéologique, il faut reconnaître que le Code criminel contient déjà des dispositions qui peuvent servir à démanteler certains de ces groupes.
Deuxièmement, nous recommandons que l'on ajoute au Code criminel de nouvelles dispositions législatives sur l'inscription des groupes suprémacistes blancs pour préciser que ce sont des groupes suprémacistes blancs. Les groupes comme les Soldats d'Odin n'atteignent peut-être pas le seuil élevé de la liste des entités terroristes et ne constituent pas une milice, mais ils représentent une menace considérable pour les communautés musulmanes canadiennes. Tout comme le groupe qui organise une célébration de l'attaque terroriste de London, il n'y a aucune raison de permettre à ces groupes de continuer d'exister, de se rassembler, de se mobiliser et de planifier leurs actes haineux au Canada.
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Je vous remercie, monsieur le président, ainsi que les membres du Comité, de nous avoir invités à participer à cette importante discussion. Je m'appelle Shimon Fogel. Je suis président-directeur général du Centre consultatif des relations juives et israéliennes, qui se consacre à la défense des droits des fédérations juives du Canada. Cet organisme national non partisan et sans but lucratif représente plus de 150 000 juifs canadiens affiliés à des fédérations juives de tout le pays. Notre mission est de préserver et de protéger la qualité de vie des juifs au Canada en défendant leurs droits.
Pour la communauté juive du Canada, cette conversation sur l'extrémisme violent à caractère idéologique est inextricablement liée à l'antisémitisme. Au moment où je vous parle, les Canadiens d'origine juive font face à une montée dangereuse de l'antisémitisme partout au pays et, en fait, partout dans le monde. La fédération de l'United Jewish Appeal, l'UJA, de la région du Grand Toronto surveille de près la sécurité de la communauté juive de la région. Le mois dernier, elle a signalé cinq fois plus d'incidents antisémites par rapport aux mois précédents. En mai, les gens qui participaient à un rassemblement pacifique en faveur d'Israël à Montréal ont été criblés de pierres. La police a saisi des armes et a procédé à 15 arrestations, notamment pour voies de fait à main armée. En avril, à Victoria, quelqu'un a peint à l'aérosol « Kill the Jews » et « Gas the Jews » sur les murs d'une institution de la communauté juive. Nous avons également vu des bannières portant des croix gammées et des symboles nazis lors de rassemblements anti-israéliens dans plusieurs villes. Des entreprises juives ciblées partout au Canada ont subi du vandalisme et du boycottage.
Au Canada, personne ne devrait se sentir menacé dans son propre quartier. Personne ne devrait ressentir le besoin de cacher son identité. Aucun Canadien ne devrait avoir l'impression qu'il n'a pas sa place. Pourtant, certains membres de la communauté juive pensent à deux fois avant de porter leur kippa ou un collier avec l'étoile de David en public. Ce n'est pas le Canada que nous connaissons ou que nous voulons.
En 2019, l'année des dernières données de Statistique Canada, les juifs étaient le groupe religieux le plus ciblé des crimes haineux déclarés par la police et la deuxième cible de tous les crimes haineux le plus souvent déclarés par la police. En moyenne, un incident antisémite se produit presque chaque jour de l'année. Les Canadiens juifs, qui ne représentent que moins de 1 % de la population du pays, constituaient le 16 % de toutes les victimes de crimes haineux en 2019, une tendance qui s'est ensuite répétée chaque année. Cela devrait préoccuper sérieusement tous les Canadiens.
Les incidents antisémites se produisent également en ligne, et le nombre en est troublant. En ligne, l'antisémitisme et l'extrémisme idéologique se propagent et menacent le bien-être de tous les Canadiens. Les médias sociaux sont devenus un élément central de notre vie quotidienne, et des groupes racistes, xénophobes, misogynes, antiautoritaires et autres groupes haineux exploitent des plateformes comme YouTube, Facebook, TikTok, Twitter et Instagram pour répandre leurs idéaux toxiques en s'adressant souvent à nos enfants et à nos jeunes adultes. Ces groupes ignobles sont aussi actifs sur Parler, 8chan et dans d'autres coins sombres d'Internet où, en faisant la promotion de leur haine, ils radicalisent et recrutent de jeunes Canadiens.
Nous savons d'expérience que cette toxicité qui se propage en ligne n'a que trop souvent des conséquences réelles. Les activités en ligne ont entraîné le meurtre de juifs à Pittsburgh et de musulmans à Christchurch. Le tireur de Pittsburgh aurait affiché plus de 700 messages antisémites dans des communautés en ligne remplies de haine au cours des neuf mois précédant l'attaque. La diffusion en direct des meurtres du tireur de Christchurch visait à inciter d'autres gens à commettre ces actes haineux.
Bien que nous nous réjouissions de l'ajout des Proud Boys à la liste des entités terroristes, nous sommes convaincus qu'il faut en faire davantage. Depuis un certain temps, nous encourageons fortement le gouvernement du Canada à y inscrire le Corps des gardiens de la révolution iranienne dans sa totalité ainsi que Samidoun, un organisme affilié au Front populaire pour la libération de la Palestine qui exerce ses activités ici même au Canada.
Cessons cependant de croire que la radicalisation ne se fait qu'avec l'appui d'un groupe organisé. La prolifération du contenu en ligne a donné du pouvoir à ce qu'on appelle les loups solitaires. La radicalisation peut se manifester à distance et circuler dans les clavardages et les forums sans le soutien direct ou la coordination d'un groupe organisé. La police et les services de sécurité ont encore plus de peine à suivre ces activités suspectes. D'après ce que nous savons de l'horrible tragédie de London, le meurtrier a agi de façon indépendante et a peut-être été radicalisé comme un loup solitaire. Il en va de même pour l'attaque de l'homme en fourgonnette à Toronto en 2018.
L'antisémitisme n'est pas commis uniquement par des extrémistes violents motivés par une idéologie. Bien que la haine des juifs soit au cœur de nombreux systèmes de croyances xénophobes, comme le néonazisme et la suprématie des Blancs, l'antisémitisme est également un élément clé de l'extrémisme violent à caractère religieux et à caractère politique. L'antisémitisme est une haine qui ne se contient pas dans une catégorie. On le retrouve dans les trois catégories d'extrémisme.
La plupart des gens ne comprennent peut-être pas que l'antisémitisme menace non seulement les Juifs, mais tous les Canadiens ainsi que notre mode de vie. La lutte contre l'antisémitisme profite à tout le monde, et nous devons le dénoncer dès que nous le voyions, parce que les attaques contre les juifs ne finissent jamais par des attaques contre des juifs.
Les Canadiens d'origine juive tiennent à vivre dans une société démocratique juste et libérale. On a beaucoup parlé du rôle des forces de l'ordre. Nous sommes convaincus qu'une force policière bien instruite et bien dotée en ressources est un élément essentiel de la lutte contre les crimes haineux.
Permettez-moi donc de conclure en formulant cinq recommandations à l'intention du Comité.
Premièrement, nous recommandons que les organismes d'application de la loi disposent des outils nécessaires pour lutter contre la haine et la radicalisation, notamment en renforçant les unités de liaison communautaire et de lutte contre les crimes haineux de la police existantes et en finançant la création d'unités là où il n'y en a pas encore. Cela comprend l'augmentation des ressources pour les services de sécurité afin de surveiller, de suivre et de protéger les Canadiens contre la radicalisation en ligne.
Deuxièmement, nous recommandons d'accroître les ressources des organismes d'application de la loi, des procureurs de la Couronne, des juges et d'autres intervenants et de bien les éduquer sur l'importance de lutter contre la haine en ligne.
Troisièmement, nous recommandons de renforcer la loi pour lutter contre la haine en ligne, notamment en élaborant une approche à plusieurs volets. Il faut sensibiliser les gens à la haine en ligne, adopter des recours civils pour lutter contre la haine en ligne et imposer aux administrateurs de plateformes en ligne et aux fournisseurs de services Internet des règles sur la surveillance et sur la lutte contre la haine en ligne.
Quatrièmement, nous pensons que le financement du Programme de financement des projets d'infrastructure de sécurité devrait être augmenté. Ce programme permet aux organismes privés sans but lucratif vulnérables, comme les lieux de culte et les établissements d'enseignement, d'accroître leur sécurité. Pour illustrer rapidement la valeur de ce programme, un gardien de sécurité de la congrégation Shaar Hashomayim à Montréal a réussi à vaincre un incendie criminel à la synagogue grâce aux caméras de surveillance financées en partie par ce programme.
Enfin, nous recommandons que le Canada instaure un abattement des frais de sécurité pour les établissements communautaires. Se trouvant parmi les groupes les plus ciblés par les crimes motivés par la haine, les établissements juifs consacrent chaque année des millions de dollars à la rémunération de leur personnel de sécurité. Nous recommandons que le gouvernement fédéral mette en œuvre un abattement des frais de sécurité pour les lieux de culte, les écoles et les centres communautaires vulnérables.
En conclusion, monsieur le président et membres du Comité, même si la communauté juive est résiliente, elle se sent elle aussi vulnérable en ce moment. Nous vous demandons respectueusement d'agir. Ce que nous avons proposé ne servira pas seulement la communauté juive, mais tous les Canadiens. L'histoire nous a appris à maintes reprises que si l'on ne fait rien, la toxine de l'antisémitisme nous empoisonnera tous.
Merci de m'avoir invité ici aujourd'hui.
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Bien sûr, je vais commencer, puis je suis sûr que Mustafa Farooq aura quelque chose à ajouter.
En suivant les discussions de votre comité, j'ai été quelque peu encouragé par les efforts déployés pour s'écarter des définitions qui sont limitatives et qui ne reflètent pas la fluidité de ce contexte. Je pense que cela répond également à votre deuxième question au sujet du phénomène des loups solitaires.
Dans le passé, nous nous accrochions à l'idée que toutes les petites cellules se propageaient, qu'elles s'envenimaient les unes les autres et qu'elles se rejoignaient pour former une grosse bulle qui finissait par éclater. Les médias sociaux ont fourni une certaine indépendance à la haine individuelle. Les gens peuvent recueillir anonymement en ligne tout le matériel toxique qui les inspire et qui radicalise de plus en plus leurs propres pensées. Ils peuvent choisir parmi différents griefs qui sont formulés d'une façon qui ne se limite pas à un point de vue particulier.
Oui, il faut surveiller particulièrement les phénomènes de droite et de suprématie des Blancs, car ils se manifestent depuis longtemps et constituent une source particulière de menace, surtout pour les communautés racialisées comme la communauté musulmane. Cependant, les gens qui ont de la haine au fond du cœur et qui nourrissent des griefs puisent partout où ils trouvent de la haine afin d'enrichir — si je peux utiliser ce terme — leur propre sentiment d'injustice, qui semble les autoriser à concrétiser dans la réalité ce qu'ils ressentent dans leur cœur.
Je suis encouragé par le fait que nous nous écartons de termes précis pour établir une description plus générique qui englobe vraiment tout d'une façon beaucoup moins limitative.
Je tiens tout d'abord à remercier ces témoins d'être venus aujourd'hui pour nous aider à comprendre ce qui se passe sur le terrain et pour essayer de protéger les communautés partout au Canada.
Je représente une circonscription qui compte un pourcentage très élevé de musulmans et de juifs canadiens. J'ai entendu des deux côtés à quel point la crainte est réelle à l'heure actuelle. J'ai entendu dire que la communauté juive a l'impression que l'antisémitisme est en hausse, surtout depuis quelques mois. Après avoir vu ce qui s'est passé à London la semaine dernière, il est évident que les membres de la communauté musulmane ont peur de se promener dans les rues, d'aller à la mosquée, de faire des choses qu'elle ne devrait pas avoir peur de faire.
À l'heure actuelle, nous avons un programme — et je suis sûre que vous le connaissez —, qui s'intitule Programme de financement des projets d'infrastructure de sécurité pour les collectivités à risque.
Je sais, monsieur Fogel, que vous avez suggéré que l'on rembourse certaines institutions pour les aider à assurer leur sécurité. J'entends dire que ce programme n'est peut-être pas suffisant et qu'il y aurait de meilleures façons de garantir la sécurité. Qu'en pensez-vous? Ma question s'adresse à vous deux.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins de leur présence.
Comme mes collègues l'ont dit avant moi, vos témoignages sont assez touchants; ils sont aussi dérangeants, en un sens, parce que ces gens-là n'avaient pas à vivre ce qu'ils vivent présentement. Je vous remercie donc de vos témoignages.
Comme vous le savez probablement, le 11 juin dernier, la Chambre des communes a adopté une motion qui appelait les dirigeants politiques de tous les paliers de gouvernement à changer leurs politiques de toute urgence afin d'empêcher une autre attaque visant les musulmans canadiens, comme celle que nous avons connue récemment à London. Cette motion demandait au gouvernement fédéral de convoquer un sommet d'action nationale d'urgence sur l'islamophobie, qui devrait avoir lieu avant la fin du mois de juillet 2021.
Je sais, M. Farooq, que votre organisation le demandait depuis quelque temps, quand même. J'aimerais donc que vous nous parliez de ce qui peut ressortir de ces consultations et du rôle que devrait jouer le gouvernement fédéral à l'égard de l'islamophobie.
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Je vous remercie beaucoup pour cette question et, encore une fois, je tiens à remercier tous les membres et vos collègues de leur appui unanime à la nécessité de parler et d'agir. Les gens l'apprécient beaucoup. Je dirais que l'appel à la tenue d'un sommet national d'action est venu de la mosquée de London tout de suite après l'attaque. C'est un projet que nous sommes heureux d'appuyer et de défendre.
Pour ce qui est des mesures concrètes que l'on peut prendre, je pense que nous devons reconnaître que le défi auquel nous sommes confrontés est de nature intergouvernementale. C'est un défi que doivent relever le gouvernement fédéral, les gouvernements provinciaux, les administrations municipales et les gouvernements territoriaux. Les gens choisissent depuis beaucoup trop longtemps la solution de facilité en renvoyant à d'autres la responsabilité de régler ce problème. Je pense que des gens de tous les niveaux devront assumer des rôles cruciaux pour relever les défis auxquels nous faisons face.
Au niveau fédéral, il s'agit de trouver de nouvelles façons de traiter les groupes militant pour la suprématie blanche, de réglementer la propagande haineuse en ligne et de nommer un champion de la lutte contre l'islamophobie. Les provinces devraient instaurer de nouvelles méthodes de pédagogie et d'éducation mettant l'accent sur la lutte contre le racisme. Alors même que nous déterrons les corps de nos enfants autochtones, je pense qu'il est plus que jamais temps de penser à l'éducation comme moyen clé de reconnaître certaines des tragédies qui se sont produites au cours de l'histoire de notre pays. Les municipalités devraient se pencher sur les problèmes du harcèlement et de la représentation dans les rues. Il y a tellement de questions critiques.
Ce sont des choses que l'on pourra réaliser pendant le sommet d'action national. J'ai hâte de travailler avec vous tous pour veiller à ce que les recommandations issues du sommet soient mises en œuvre. En fin de compte, les gouvernements et les particuliers démontreront leur détermination en mettant en œuvre ces recommandations.
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Merci, monsieur le président.
Je tiens à remercier ces deux témoins d'être venus aujourd'hui. Il est difficile de trouver les mots pour exprimer le choc et l'inquiétude que nous avons tous ressentis au sujet de ce qui s'est passé à London la semaine dernière. Je pense, monsieur Farooq, que vous avez vous-même eu de la difficulté à exprimer ces émotions. Je crois que tout le pays est une fois de plus en état de choc. À cela s'est ajouté le témoignage de M. Fogel, du Centre consultatif des relations juives et israéliennes, sur les incidents de haine continus et croissants perpétrés contre les juifs et sur la propagation de l'antisémitisme partout au pays.
Je pense que nous sommes ici aujourd'hui parce que notre comité a jugé qu'il était extrêmement important que vous nous parliez des mesures concrètes qui devraient être prises et qui n'ont pas encore été prises. Ces mesures démontreraient que notre pays prend ce problème au sérieux, que son gouvernement a un moyen de donner suite aux recommandations. Nous sommes heureux d'entendre les suggestions que vous avez faites jusqu'à maintenant.
Tout d'abord, je reconnais qu'en 2019, monsieur Farooq, vous avez comparu devant le Comité permanent de la justice et des droits de la personne de la Chambre des communes pour demander au gouvernement de financer des programmes de formation des policiers sur la façon de contrer la haine et de porter des accusations. Il me semble que ces demandes, déjà faites en 2019, sont assez fondamentales. Deux ans plus tard, êtes-vous en mesure de dire dans quelle mesure le gouvernement a donné suite à cette recommandation? Avez-vous pu savoir si le gouvernement a fourni des fonds supplémentaires pour des programmes de cette nature?
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Merci, monsieur le président.
Je remercie tout particulièrement nos témoins pour leurs excellents témoignages. J'appuie particulièrement votre point de vue sur la terminologie utilisée pour décrire les divers types d'extrémisme. La constante, dans tout cela, c'est la haine. Elle motive toute la violence que nous voyons, qu'il s'agisse de haine envers les opinions politiques, envers les groupes religieux ou envers certaines idéologies. Je vous remercie d'avoir ramené cela à ce qu'est vraiment la haine.
J'aimerais revenir à la question de ma collègue, Mme Stubbs, au sujet de certains changements apportés au projet de loi . Vos deux groupes ont témoigné devant le comité de la sécurité publique à ce sujet. Parmi les amendements apportés à la suite de discussions très litigieuses, il y a le retrait de la propagande et de la défense du terrorisme de la catégorie des infractions pénales ainsi que la limitation de la sécurité et du renseignement ou de la surveillance pendant les manifestations antigouvernementales.
Vous n'avez pas eu l'occasion de répondre à cette question, messieurs Fogel et Farooq.
Ce projet de loi devrait‑il être réexaminé dans le but de renforcer et de régler les problèmes — comme vous l'avez tous deux mentionné dans votre déclaration préliminaire et dans votre témoignage subséquent — qui ont aggravé la situation et qui ont entraîné une intensification de la haine en ligne? Je pose cette question, parce qu'en réalité, cet amendement a réduit la capacité qu'auront les forces de l'ordre d'agir de façon efficace.
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Avec votre permission, monsieur le président, je vais commencer tout de suite, avec l'observation que voici.
Je pense que le rythme de changement du paysage qui nous sert de toile de fond pour l'examen de ces questions est époustouflant. L'idée qu'il nous incombe d'examiner périodiquement les instruments, les politiques, les règlements et les lois en place me semble s'imposer d'elle-même.
Nous n'aurions jamais cru, même deux ans... Vous savez, les téléphones intelligents n'existaient pas avant la fin de 2012. Ce n'est qu'aujourd'hui que nous commençons à apprécier le pouvoir des médias sociaux comme véhicule pour le bien ou, dans ce contexte, comme quelque chose de vraiment pas bon. Je pense donc qu'il nous incombe de nous pencher sur les vieilles lois, les vieux règlements et les vieilles approches dans l'optique de la réalité d'aujourd'hui.
Je signalerai également que, par exemple, de façon concrète, nous essayons toujours de réaliser l'équilibre — et je sais que votre comité se démène pour le faire — entre liberté d'expression et protection contre la menace. Certains d'entre vous se rappelleront que l'article 13 a été l'occasion d'un débat controversé. Le gouvernement de l'époque a fini par l'éliminer, parce que c'est une arme à deux tranchants. D'une part, il consacre la notion à laquelle nous croyons tous, c'est-à‑dire la liberté d'expression. D'autre part, il servait aussi à protéger les groupes qui cherchent à fomenter la haine grâce à ce que nous essayons justement de prévenir.
Cela vous donne plus de travail, mais je pense qu'il vous incombe d'intégrer systématiquement dans la loi et les recommandations la nécessité d'un examen périodique pour vérifier la concordance entre la réalité et ce que vous cherchez à faire.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie le Centre national des musulmans canadiens et le Centre consultatif des relations juives et israéliennes non seulement d'être des nôtres aujourd'hui, mais encore — et c'est important — de tout le travail que vous faites et de vos témoignages émouvants et déchirants.
Je sais que les dernières semaines ont été extrêmement pénibles pour de nombreux membres de nos collectivités. Je sais que nos collectivités ont mal, et nous avons mal avec elles. En tout cas, cet acte de terrorisme absurde qui a coûté la vie à quatre Canadiens innocents à London et a laissé un enfant de neuf ans dans un état critique a ébranlé toute la collectivité et notre pays, et je veux d'abord offrir mes condoléances à la famille Afzaal, ainsi que mes prières pour le jeune Fayez et toute la collectivité en ces temps difficiles.
Monsieur Farooq, vous avez parlé de l'attentat terroriste de London, de l'attaque contre la musulmane noire portant un hijab à Edmonton, et de l'incident survenu à l'Institut islamique de Toronto. Ces incidents ne sont pas isolés. Ils confirment que la suprématie blanche et l'islamophobie existent dans nos collectivités et posent un risque immense pour la sécurité publique. Je sais que nous avons tous un rôle à jouer contre l'islamophobie. Je sais que notre gouvernement a pris des mesures dans le cadre de la Stratégie canadienne de lutte contre le racisme, notamment en inscrivant des groupes de suprémacistes blancs comme les Proud Boys sur la liste des terroristes au Canada, en augmentant le financement pour protéger les lieux de culte et les espaces des collectivités, et en pilotant le sommet national sur la lutte contre toutes les formes de haine, y compris l'islamophobie, comme l'a préconisé le Conseil national des musulmans canadiens. Ce sont autant de pas dans la bonne direction. Cependant, dans votre perspective, que pourrions-nous faire précisément, aujourd'hui, pour combattre l'islamophobie, la discrimination et la haine sous toutes leurs formes — en ligne ou hors ligne, et qui représentent une si grande menace pour nos collectivités — afin de faire en sorte qu'on ne revoie jamais dans nos collectivités rien de semblable à ce qui s'est passé à London?
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Monsieur le président, vous voudriez me réduire au silence.
Des voix: Oh, oh!
Le président: Je sais que c'est impossible, monsieur Koffler Fogel.
M. Shimon Koffler Fogel: Mme Omer a peut-être autre chose à offrir.
Il ne fait aucun doute que les médias sociaux ont tout changé. Ils ont permis non seulement l'éclosion, mais encore l'explosion, de la haine qui est isolée, protégée, anonyme, et permettent aux gens de laisser se réaliser leurs fantasmes les plus ignobles. Nous devons trouver des solutions adaptées à la puissance que représentent les médias sociaux.
Je ne pense pas que ce soit unique au Canada, mais nous devons être conscients de ce qui se passe. C'est pourquoi j'étais si heureux, monsieur le président, de vous entendre parler en termes plus généraux, parce que ce qui constitue une menace précise pour les juifs ne représente peut-être pas forcément la même menace pour les musulmans ni pour les femmes ou les Autochtones. Nous avons besoin d'instruments suffisamment malléables ou flexibles pour nous attaquer à toute la gamme des menaces qui s'expriment sur une plateforme commune comme les médias sociaux.
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C'est une question extrêmement importante, et je vous remercie de l'avoir soulevée. Je vais vous proposer deux explications, qui sont complémentaires; elles ne s'excluent pas l'une l'autre.
Premièrement, il n'y a pas de façon uniforme de reconnaître ce qui constitue un crime motivé par la haine. La définition varie d'un territoire à l'autre. Il y a des distinctions nuancées entre ce qui peut faire partie d'une catégorie et ce qui doit en être exclu. En particulier, il faut que le gouvernement fédéral établisse des normes nationales auxquelles tout le monde pourra adhérer.
Je vais aussi être très franc. Les forces de l'ordre ont un véritable défi à relever, et je ne parle pas là de confrontation. Elles doivent veiller à ce que les investissements et les efforts consacrés aux enquêtes, à la recherche, aux entrevues et ainsi de suite pour obtenir les renseignements qu'elles communiquent à la Couronne ne soient pas en vain. Lorsqu'elles ont l'impression que la Couronne ne portera pas d'accusations, cela les fait hésiter à lancer dans telle ou telle direction leur enquête sur une allégation ou un crime quelconque.
L'une des choses dont il faut vraiment traiter, monsieur le président, c'est, à défaut d'un meilleur terme, la « volonté politique » des procureurs généraux d'ordonner à leur personnel d'examiner avec précision et rigueur les crimes particuliers pour déterminer s'ils répondent aux normes du crime haineux, parce que leur réticence empêchera d'aller de l'avant.
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Absolument, et je vous prie de m'excuser. Je pense que mon Wi‑Fi est tombé en panne; mes excuses, donc.
Je pense que le Programme de financement des projets d'infrastructure de sécurité est important. De toute évidence, il répond à un besoin et, dans un monde idéal, nous n'en aurions pas besoin. Mais bien que le besoin demeure, il y a un certain nombre de choses essentielles à faire, selon moi, pour corriger le Programme de financement des projets d'infrastructure de sécurité.
Tout d'abord, ce programme n'est pas un outil prophylactique efficace. Autrement dit, il faut généralement faire la preuve d'un risque de crime motivé par la haine. Cela a souvent tendance à survenir quand on a déjà été victime d'un crime motivé par la haine. Il est plutôt rare que les mosquées du pays présentent une demande dans le cadre du Programme de financement des projets d'infrastructure de sécurité. Elles doivent d'abord être victimes d'un incident avant de présenter une demande, et il est alors bien trop tard.
Un deuxième facteur clé de la nécessité de réformer le Programme de financement des projets d'infrastructure de sécurité est la simplification du processus. Je suis sûr que vous avez tous, en tant que députés, reçu des demandes de personnes de vos collectivités qui avaient besoin d'aide pour présenter une demande au Programme de financement des projets d'infrastructure de sécurité, ce qui est une tâche ardue et difficile pour les collectivités qui sont déjà menacées, une tâche qu'on pourrait simplifier, à mon sens.
Les remises qui ont été suggérées par mes collègues sont importantes, à mon sens. Selon moi, changer tout cela pour que ce soit plus prophylactique, plus facile d'accès pour les collectivités menacées, suppose des réformes qui pourraient améliorer le programme. Malgré les difficultés qu'il connaît déjà, il est souvent sursouscrit, et il m'apparaît donc important de se pencher là‑dessus.
Nous avons eu des conversations positives avec Sécurité publique et les conversations que nous avons encore continuent d'améliorer le fonctionnement du Programme de financement des projets d'infrastructure de sécurité. Je me réjouis à la perspective qu'il continuera de s'améliorer.
On a parlé d'Internet, des médias sociaux et des chambres d'écho et, comme personnalité publique, j'ai certainement vécu un peu l'aspect politique de la question. J'ai lu les rapports, et tout le reste, et je ne peux pas imaginer ce que certains d'entre vous peuvent vivre.
Ce qu'il y a de particulier, c'est que ce genre d'activité et l'action menée par un loup solitaire peuvent être déclenchés par une activité sur Internet. Puis il y a la nécessité d'équilibrer libertés individuelles et libertés civiles et de veiller à traiter efficacement le contenu haineux. Il y a de la tension pour que cela se fasse correctement.
Je me demande, monsieur Farooq et monsieur Fogel, ce que vous pensez de ce qui suit. Comment, comme parlementaires, essayons-nous de trouver le juste équilibre pour traiter des vrais problèmes et prendre des mesures claires, tout en respectant le fait que nous sommes un pays libre qui valorise la liberté de parole et que nous trouvons que ce juste équilibre est si important?
Monsieur Farooq, je vous pose la question.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie également nos témoins.
Je représente une circonscription qui a malheureusement connu la tragédie à la mosquée de Québec, le 29 janvier 2017. Cette mosquée est au cœur de ma circonscription.
Cela dit, je peux vous dire une chose: la communauté musulmane de Québec connaissait la peur bien avant le 29 janvier 2017. Il y avait, par exemple, des incidents impliquant des groupes comme La Meute qui distribuaient des cartes dans les épiceries halal ou devant la mosquée. Ils ne donnaient pas leur nom, mais ils disaient qu'ils les avaient à l'œil, qu'ils les surveillaient. Ils déposaient une tête de cochon devant la mosquée. Ils provoquaient toutes sortes d'incidents qui contribuaient à vivre dans un climat de peur dans lequel personne au pays ne devrait vivre en raison de sa foi.
Je ne crois pas que ce soit par manque de bonne volonté de la part de la police locale, mais je pense que celle-ci a manqué de formation ou de sensibilisation. Elle n'avait probablement pas le lien de confiance nécessaire et les ressources pour bien épauler la communauté face à cette menace que celle-ci sentait très clairement sur le terrain. Malheureusement, elle continue de le sentir par moment, et je crois que ce sentiment est généralisé d'un bout à l'autre du pays.
J'aimerais vous entendre, tant monsieur Fogel que monsieur Farooq, sur les meilleures pratiques des forces policières pour tisser un lien de confiance avec les communautés. Avez-vous des exemples de ce que nous pourrions faire au niveau fédéral à cet égard? En fait, j'en ai entendu un peu dans vos témoignages, mais j'aimerais que vous en parliez davantage.
Deux minutes, c'est trop court pour cela, mais merci aux trois témoins. M. Fogel, du Centre consultatif des relations juives et israéliennes, et M. Farooq et Mme Omer, du Conseil national des musulmans canadiens, merci d'être là et de nous aider dans cette très difficile conversation.
Je vais poser une question que deux ou trois autres membres ont essayé, mais n'ont pas eu le temps, de poser. Elle concerne l'équilibre entre les libertés civiles et la sécurité des Canadiens, surtout en ce qui concerne Internet.
Monsieur Fogel, c'est vous, je pense, qui avez dit qu'il nous faut de nouveaux outils pour réglementer Internet. Je ne sais pas si vous parliez de lois pénales ou de recours civils. Vous pourriez peut-être développer votre pensée là‑dessus. À quoi ressembleraient les recours civils à cet égard?
Je vais essayer d'être très bref. Tout un défi pour moi.
L'un des points à retenir de toute cette discussion, c'est que la solution efficace de ce problème passe incontournablement par une approche pangouvernementale. Vous avez des comités apparentés qui se penchent sur certaines de ces questions. Le Secrétariat de lutte contre le racisme a mis un accent très net sur la haine en ligne et a fourni des ressources aux parties prenantes, comme le Conseil national des musulmans canadiens et nous, pour la recherche de solutions. Les plateformes de médias sociaux ont été proposées, mais pas tout à fait imposées, et encouragées à prendre les choses en main et à offrir certaines solutions.
J'ignore quels seront tous les instruments. Je sais qu'ils ne seront pas efficaces s'ils n'emportent pas l'adhésion de tous les intervenants, c'est-à-dire du gouvernement, des collectivités et des fournisseurs de services sociaux.
Il y a une distinction à faire entre deux groupes. D'abord, il y a la vaste majorité des Canadiens qui sont insensibles à l'impact des messages publiés dans les médias sociaux. Il faut les éduquer. Ensuite, il y a les marginaux, qu'il faut coincer ou poursuivre ou neutraliser d'une certaine façon, pour qu'ils ne constituent pas une menace permanente.