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Je déclare ouverte la sixième réunion du Comité permanent de la sécurité publique et nationale.
Je m’excuse auprès de nos témoins pour ce retard de 40 minutes.
Chers collègues, je propose que nous leur accordions une certaine prolongation de délai. Je pense que nous devrions honorer les efforts qu’ils ont déployés pour venir nous parler de ce qui les préoccupe au sujet du racisme systémique dans les services de police au Canada.
Je mentionnerai également qu’un rapport du sous-comité doit être présenté. Je proposerai de le faire vers la fin de la réunion.
Sur ce, j’invite Kent Roach, professeur à la faculté de droit de l’Université de Toronto, à prendre la parole, ainsi que Melanie Omeniho, présidente de Women of the Métis Nation — Les Femmes Michif Otipemisiwak.
Je vais leur demander de parler pendant sept minutes dans l’ordre où ils sont inscrits sur l’avis de convocation.
Monsieur Roach, la parole est à vous pour sept minutes.
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Merci beaucoup, monsieur McKay, et merci de m’avoir invité.
Je vais faire sept propositions concrètes pour lutter contre le racisme systémique dans les services de police.
Premièrement, il faut recueillir et diffuser des données fondées sur la race. Bien que nous sachions que le problème du racisme systémique existe depuis longtemps, nous avons besoin de statistiques pour déterminer si la situation s’améliore ou empire, tant en ce qui concerne les personnes accusées de délits que les victimes. La GRC devrait tout spécialement collaborer avec Statistique Canada pour recueillir et publier des données.
Deuxièmement, le Parlement devrait réglementer les pratiques policières. Au cours des 30 dernières années, le Parlement a largement laissé cette tâche aux tribunaux. Au Royaume-Uni, le Parlement réglemente de manière proactive la conduite de la police et la relie ensuite à la collecte de statistiques. Dans ce pays, par exemple, on sait chaque année combien d’interpellations et de fouilles ont été effectuées par les policiers et qui en a fait l’objet.
Troisièmement, je modifierais les règles relatives à la légitime défense et les politiques de recours à la force. Les Autochtones, les personnes racialisées et les personnes souffrant de problèmes de santé mentale sont surreprésentées parmi les personnes tuées et blessées par la police. En 2012, le Parlement a libéralisé les règles relatives à la légitime défense de sorte que, sur papier, elles vont au-delà de l’article 25 concernant le recours à la force par la police. Le Parlement devrait préciser que la légitime défense raisonnable ne peut pas être fondée sur des craintes racistes, même si celles-ci sont réelles et subjectives. Nous devons également réexaminer non seulement l’usage de la force par la police, mais aussi les tactiques et le désamorçage.
Quatrièmement, nous devrions faire le lien entre la police et les autres services sociaux et faire des services de police autochtones autogérés une priorité et un service essentiel. Nous demandons à la police de composer avec des traumatismes intergénérationnels, des dépendances et des problèmes de santé mentale. Elle devrait être tenue de travailler avec d’autres organismes publics et communautaires ayant plus d’expertise et moins de force coercitive. Le nombre de services de police autochtones est passé de 58 en 1992 à 36, alors que le nombre devrait aller dans la direction opposée. De tels services de police ont besoin de ressources et de latitude pour travailler avec d’autres membres de la communauté, et, espérons-le, prendre la relève de la GRC, de la Police provinciale de l’Ontario et de la Sûreté du Québec.
Cinquièmement, nous devons améliorer la gouvernance à l’intérieur et à l’extérieur de la GRC. Le Conseil des services de police du Yukon, composé de sept personnes, dont trois membres des Premières Nations, et présidé par le sous-ministre de la Justice, est un modèle que vous devriez examiner de près. La GRC, en particulier dans son rôle de police contractuelle, ne peut plus compter sur une gouvernance descendante, allant d’un ministre de la Sécurité publique très occupé au commissaire. Par exemple, Surrey exerce un contrôle beaucoup plus local sur le maintien de l’ordre en se retirant de la police contractuelle. Nous devons trouver un moyen d’améliorer la gouvernance locale de la GRC lorsqu’elle offre des services de police contractuelle, ainsi que la gouvernance de la GRC en général. Le nouveau comité consultatif est là pour gérer les risques de l’organisation, et non pour apporter une contribution citoyenne.
Sixièmement, nous devons améliorer le système de plaintes des citoyens et leur examen en général. Comme vous le savez, l’organe d’examen de la GRC est sous-financé et manque de moyens, comme l’illustre la mascarade entourant la non-publication du rapport sur l’interaction de la GRC avec la famille de Colten Boushie. J’espère vraiment que les conclusions de la GRC ne seront pas publiées un vendredi après-midi ou pendant une journée chargée. La Loi sur la GRC a besoin d’être repensée en profondeur, et si cela n’est pas possible, il faudrait alors que cet organisme fédéral se retire et laisse les organismes provinciaux assumer la responsabilité des plaintes contre la police et, comme ils l’ont fait dans de nombreuses administrations, assumer la responsabilité des enquêtes.
Septièmement — et c’est probablement la demande la plus importante — nous devons abandonner le modèle paramilitaire du maintien de l’ordre, qui est peut-être plus ancré dans la GRC que dans toute autre force policière. Nous devons évoluer vers un modèle professionnel et instruit. Les policiers sont des professionnels instruits, tout comme les enseignants, les infirmières et les avocats. Ils ont besoin de formation continue, d’embauche, de spécialisation et d’une suspension plus facile de leur droit d’exercer.
Actuellement, nous avons un processus disciplinaire quasi pénal. Je crains qu’avec la syndicalisation de la GRC, il ne se complique davantage. À juste titre, les policiers sont des professionnels instruits. Ils sont payés en tant que tels, mais ils devraient également être soumis à une suspension de leur droit d’exercer, tout comme les enseignants et les avocats.
Merci beaucoup.
Je représente la nation des Métis, l’un des trois peuples autochtones distincts du Canada. Nous avons notre propre histoire, nos coutumes, nos lois, notre langue, notre culture et nos traditions. Les femmes métisses sont dynamiques, fortes, résilientes et ingénieuses, et constituent l’épine dorsale de la nation des Métis. L’organisation que je représente, Les Femmes Michif Otipemisiwak, est la voix des femmes métisses au Canada et sur notre terre natale, c’est-à-dire l’Ontario, le Manitoba, la Saskatchewan, l’Alberta et la Colombie-Britannique.
J’aimerais rappeler au Comité qu’aujourd’hui est une journée des Métis. C’est le 135e anniversaire de la pendaison de Louis Riel, et nous lui rendons hommage. Je suis honorée d’être ici aujourd’hui pour traiter de cette question.
Les politiques et pratiques gouvernementales créent et renforcent la discrimination. Le Canada est depuis longtemps doté de politiques et de pratiques qui ont institutionnalisé le racisme à l’égard des femmes et des filles métisses et des personnes de genres différents. Bien que le gouvernement actuel travaille à la réconciliation, de nombreuses politiques et pratiques discriminatoires existent encore aujourd’hui et n’ont pas encore été abordées.
De 2001 à 2004, le Service correctionnel du Canada a publié une série de rapports de recherche portant sur les hommes et les femmes métis incarcérés dans des établissements fédéraux en Colombie-Britannique et dans la région des Prairies.
Dans le cadre de ces études, les chercheurs ont enquêté sur les expériences des délinquants pendant leur enfance et au sein de leur famille. La plupart des répondants métis ont déclaré avoir été victimes ou témoins de violences et de toxicomanies dans leur foyer et dans leur communauté pendant leur enfance. La plupart des répondants métis ont signalé que, dans leur jeunesse, des membres de leur famille avaient été impliqués dans des actes criminels. Les femmes métisses continuent d’être l’un des groupes les plus à risque de violence au Canada et de vivre ces conflits tout en faisant face à la discrimination des services de police.
Pour de nombreuses femmes métisses, les circonstances ayant conduit à leurs démêlés avec le système de justice pénale sont le résultat d’un ensemble conflictuel de circonstances de vie collectives et individualisées, marquées par la discrimination systémique, le silence et la pauvreté.
Le racisme systémique dans les services de police continue d’exister en raison de la loi, du racisme et des pratiques policières qui ne reconnaissent pas toutes les conséquences des préjugés contre les femmes métisses.
L’une des pratiques policières qui visent directement les hommes et les femmes métis est le fichage. Une multitude d’études ont prouvé que cette pratique cible de façon disproportionnée les communautés racialisées et marginalisées. Cependant, le problème va au-delà du fichage. La véritable raison est que les femmes métisses sont traitées différemment des autres femmes au sein du système, et j’entends continuellement dire que les femmes métisses ont été ciblées par la police dans de nombreux cas.
Dans leurs interactions avec la police, les femmes métisses sont considérées comme une tare dans notre société plutôt que comme des personnes dynamiques qui contribuent à leur nation, à leur famille et à leur communauté.
Les services de police au Canada refusent de reconnaître les préjugés raciaux et le racisme comme un problème dans leurs pratiques et leurs politiques, et la police n’est pas tenue d’enregistrer les données raciales dans ses rapports, ce qui fait en sorte qu’il est encore plus difficile pour les populations autochtones et les défenseurs des droits de la personne de faire pression pour que les pratiques policières changent.
Il est nécessaire de procéder à une rééducation complète de l’ensemble du système policier. Cette formation doit aller au-delà d’une simple formation interculturelle et doit amener le système et les participants à examiner pleinement leurs préjugés, qu’ils soient manifestes ou inconscients.
Les services de police doivent élaborer un protocole de pratiques exemplaires pour leurs interventions en cas de signalement de disparition de Métis, y compris les mesures que la police doit prendre lorsqu'elle reçoit un signalement de disparition pour tout Métis.
En plus des 62 appels à miskotahâ et de nos perspectives métisses dans le rapport sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées, l’enquête nationale a formulé les trois recommandations suivantes concernant expressément le peuple métis et le maintien de l’ordre:
17.12 Nous demandons aux services de police de former des partenariats avec les communautés, les organisations et les personnes métisses pour assurer un accès à des services de police sécuritaires et adaptés à la culture.
17.13 Nous demandons aux services de police de participer à des initiatives de sensibilisation portant sur l’histoire et les besoins uniques des communautés métisses.
17.14 Nous demandons aux services de police d’établir de meilleures communications avec les communautés et les populations métisses par l’entremise de conseils consultatifs représentatifs qui font participer les communautés métisses et qui répondent à leurs besoins.
Les services de police qui établissent des liens de confiance avec les communautés métisses connaissent bien la culture métisse, répondent aux besoins particuliers des Métis et sont en mesure de protéger et d’aider les victimes métisses vulnérables, ce dont on a tant besoin. Des services de police adaptés aux Métis peuvent permettre de remédier au sous-signalement — problème particulièrement important pour les femmes métisses —, de protéger les communautés métisses et de réduire la surreprésentation des Métis dans la criminalité et la victimisation.
Je ne veux pas interrompre les gens au milieu de leurs exposés, car ils consacrent beaucoup d’efforts à les préparer. Malheureusement, notre temps est limité.
Sur ce, je vais demander que l’on débute les séries de questions.
Sur ma liste, j’ai Mme Stubbs, M. Anandasangaree, Mme Michaud et M. Harris, qui disposent chacun de six minutes.
Madame Stubbs, la parole est à vous pour six minutes.
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Merci, monsieur le président.
Je sais gré aux deux témoins d’être ici et je les remercie. Sachez que j’aurais aimé que nous ayons plus de temps avec vous, et je suis sûre que les autres membres sont du même avis que moi.
J’ai juste quelques questions, principalement pour M. Roach.
Je note que, dans un article conjoint du 17 juin, vous avez dit que l’indépendance de la GRC devrait être définie dans la Loi sur la GRC. Je voudrais vous inviter à vous étendre un peu plus sur ce point et à entrer dans les détails.
En outre, le rapport Brown recommande la création d’une commission de surveillance et d’examen des plaintes, indépendante du commissaire de la GRC et du ministre. Pourriez-vous également nous parler du concept d’une commission indépendante de surveillance et d’examen des plaintes, nous expliquer pourquoi il est important, quels en sont les principaux éléments et quels en sont les effets?
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Merci beaucoup, madame Stubbs.
Je pense qu’il est important de définir l’indépendance de la police parce que, franchement, il y a une certaine — comment dire — réticence à ce qu’un ministre donne des consignes ou envoie des directives à la GRC. L’indépendance de la police a parfois été exagérée pour intégrer toutes sortes de degrés d’indépendance opérationnelle, alors que j’estime que le ministre devrait vraiment assumer plus de responsabilités et donner des directives publiques.
Pour les recherches que je fais en ce moment, j’ai présenté une demande d’accès à l’information pour toutes les directives ministérielles à la GRC. Je n’ai pas eu de nouvelles depuis plus de trois mois. À mon avis, toutes ces directives, à l’exception des renseignements délicats, devraient être facilement accessibles sur le Web.
En ce qui concerne l’indépendance de la police, nous ne voulons pas que le ministre dise à la GRC d’enquêter sur M. X, mais pas sur M. Y — ou de porter des accusations à l’encontre de l’un et non de l’autre. Cependant, avec tout le reste, des choses comme les opérations « Monsieur Big », qui sont propices aux poursuites, je ne vois pas pourquoi le ministre ne peut pas dire qu’à partir de maintenant, nous n’allons pas les faire, ou que nous allons seulement les faire de telle manière. Je crois en un maintien de l’ordre démocratique.
Quant au rapport Brown, nous ne devons pas seulement penser à la surveillance. J’ai déjà dit que l’organe actuel de traitement des plaintes de la GRC manque de ressources et de moyens. Il n’a pas le pouvoir d’imposer un quelconque recours et, franchement, la plupart des facultés de droit disposent de trois ou quatre fois son budget. Les gens font de leur mieux, mais ils doivent traiter ou superviser les plaintes d’un bout à l’autre du pays.
Je pense également que nous avons besoin d’un véritable conseil de police pour la GRC. Je pense que la société actuelle est plus complexe que jamais, et l’idée que le ministre ici, le commissaire là et que, d’une certaine manière, tout fonctionne avec les provinces et les territoires ne me paraît pas suffisante.
Je pense également que la GRC doit travailler avec d’autres secteurs du gouvernement fédéral — la santé, les affaires autochtones et ainsi de suite — à adopter une approche plus globale de la sûreté et de la sécurité.
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J’apprécie vos commentaires. Je prends également note de vos recommandations précédentes sur l’importance de la surveillance civile et de la démocratisation de la GRC, que vous avez évoquées ici. Je pense que c’est important dans ce contexte, car je constate que le premier ministre, le ministre de la Sécurité publique, le ministre de la Justice et d’autres membres de ce gouvernement ont déclaré qu’il existe un racisme systémique au sein de la GRC. C’est une préoccupation extrêmement grave.
Il se trouve que j’ai un parent très proche qui a été adjoint de détachement pendant plus de quatre ans. Je connais beaucoup d’agents de première ligne et de personnel de soutien dévoués qui sont bons, et ils sont extrêmement frustrés. Il y a des pommes pourries, comme dans toute institution, et les actes de racisme doivent être éradiqués et les racistes doivent en subir toutes les conséquences.
Cependant, il me semble que si le premier ministre et ces ministres ont porté ces accusations — et il semble qu’ils aient pu faire pression sur la commissaire de la GRC pour qu’elle corrige ses commentaires précédents pour dire la même chose — alors où sont les directives? Où sont les informations concrètes, les faits et les consignes du ministre pour offrir des solutions concrètes?
Souhaitez-vous également évoquer l’importance de la question de la transparence, pour ce qui est d’obtenir des résultats et de susciter la confiance de tous les Canadiens à l’égard des institutions?
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Je vous remercie, monsieur le président.
Monsieur Roach, je vous remercie d'être avec nous aujourd'hui.
Vous avez donné d'autres exemples, dont les mesures adoptées au Royaume-Uni.
Pour combattre le racisme systémique dans nos institutions, notamment au sein de la police, vous pensez que nous devrions intervenir sur le plan législatif, entre autres en modifiant les directives sur l'usage de la force qui sont destinées à la police. Vous proposez également de ne plus avoir recours à l'approche descendante, selon laquelle les directives viennent du haut et descendent vers le bas.
Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur l'approche législative que le et son ministère devraient adopter?
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Je n'entendais malheureusement pas l'interprétation, mais je pense avoir compris. Je pourrais tout de même me ridiculiser, dans quel cas je vous demande pardon.
Au sujet de l'approche descendante, lorsque le est venu très récemment vous parler de sa lettre de mandat, il était probablement accompagné des dirigeants de cinq ou six organismes, j'en suis pratiquement certain. Son portefeuille est immense, et je crains qu'il ne dépasse la capacité d'un seul être humain. Peut-être faudrait-il qu'un ministre soit dédié à la GRC, ou que le dossier soit retiré de la Sécurité publique et confié à un autre ministère.
Je suis d'avis que c'est un véritable problème. Nous avons un ministère titanesque, alors que la GRC compte à elle seule 20 000 membres, dont certains participent aux services de police à contrat, et d'autres, aux services nationaux de police. C'est un problème énorme avant même d'aborder les questions du Service correctionnel et de l'Agence des services frontaliers du Canada. Une de mes préoccupations, c'est que nous allons ajouter l'ASFC à l'organisme actuel d'examen et de traitement des plaintes pour la GRC — qui éprouve vraiment des difficultés, de son propre aveu. Cette modification n'améliorera pas nécessairement les choses. Je crois qu'il y a seulement deux commissaires au sein de l'organisme. Il est donc important de prendre conscience que la présence du gouvernement fédéral est forte.
Si le gouvernement fédéral commence à délaisser les services de police à contrat, je pense qu'il doit aussi réfléchir à récupérer ces fonds. Ils sont moindres étant donné que le gouvernement fédéral subventionne beaucoup moins la police contractuelle. Avec la syndicalisation de la GRC, je crois que vous verrez plus de situations comme celle de Surreys.
La COVID a évidemment mis du sable dans l'engrenage, mais si les services de police à contrat sont délaissés, j'espère que le gouvernement fédéral utilisera son pouvoir de dépenser pour inciter tous les corps policiers existants à s'associer à d'autres organismes publics et communautaires, dont les méthodes sont moins coercitives et exemptes de discrimination, ou moins discriminatoires, pour fournir des services de police essentiels. Comme l'autre témoin l'a dit, cela comprend aussi les victimes d'actes criminels, qui est un autre problème de taille.
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En toute franchise, de nombreux obstacles empêchent les femmes métisses de se joindre aux forces de l'ordre. J'ai de très bonnes amies et alliées qui sont des femmes métisses.
En passant, mon grand-père est un Cunningham. Je sais que je digresse, mais il y a bel et bien des femmes au sein du système. Même si je vous assure que le système est teinté de racisme, nous savons aussi qu'il présente de nombreux problèmes liés à l'équité entre les sexes, compte tenu de la façon dont les femmes sont traitées et dont la question est gérée. Le milieu est loin d'être facile, et il faut être très coriace. Les obstacles se rapportent à l'accueil qui est réservé aux femmes et à la façon dont elles sont traitées.
Il s'agit d'un système archaïque qui repose sur des principes révolus régissant des questions comme le féminisme. Nous devons changer la perception. À l'époque où la GRC a été créée, nous avons entendu des histoires remontant aux années 1800 où des agents de la GRC violaient nos femmes. Le problème ne date pas d'hier; il perdure déjà depuis des siècles.
Nous devons commencer à envisager un système qui ne serait pas fondé sur l'absence de valeur des femmes. À l'époque, les femmes n'avaient même pas le droit de vote ou de parole. Nous devons maintenant changer ces systèmes pour qu'ils reflètent exactement notre avenir afin que tous soient traités de manière équitable au sein du système.
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Je vous remercie beaucoup, monsieur le président.
Je vais également faire écho aux commentaires de mes collègues. Je ne pourrais pas omettre de souligner l'anniversaire de la mort de Louis Riel aujourd'hui, lequel résonne partout au pays, mais particulièrement au Québec et dans le cœur des Québécois. Je veux donc souligner cette journée importante.
Mes deux questions vous sont destinées, professeur Roach. Permettez-moi de vous les poser en français, car je pense qu'il ne faut pas sous-estimer votre capacité à comprendre cette langue, comme vous l'avez démontré pour les questions de Mme Michaud. Je vais d'ailleurs un peu reprendre le sens de sa dernière intervention.
À l'inverse de ce modèle paramilitaire que semblent favoriser la GRC et divers corps policiers, j'aime beaucoup cette approche que vous préconisez, qui serait de les professionnaliser. Pourriez-vous nous parler des meilleurs exemples que vous avez observés, que ce soit dans les forces de police à l'échelle municipale ou dans celles à l'étranger?
Ma deuxième question concerne l'attribution de contrats pour les services de police. Quels en sont selon vous les plus grands avantages? Pourriez-vous nous en faire un bref survol?
Je remercie le Comité de m'avoir invitée à parler des problèmes de racisme systémique dans les services policiers au Canada.
Avant de commencer, je tiens à souligner que je me trouve sur les terres ancestrales des Mississaugas de Credit, des Anishinabes, des Chippewas, des Haudenosaunees et des Wendats.
Je m'appelle Kanika Samuels-Wortley, et je suis professeure adjointe à l'Institut de criminologie et de justice pénale de l'Université Carleton. Ma recherche porte sur les services de police dans les communautés racialisées ainsi que sur la criminalité et la victimisation chez les jeunes.
Aujourd'hui, je vous adresse la parole non seulement en tant que chercheuse, mais aussi en tant que membre noire de la société canadienne.
En tant que Canadiens, nous percevons souvent la diversité comme notre force. Toutefois, à ce moment-ci de l'histoire, nous ne pouvons plus ignorer qu'il est de plus en plus évident que l'inégalité sociale dans notre pays est hautement racialisée. Les Noirs et les Autochtones sont plus susceptibles de vivre dans la pauvreté, ce qui crée des obstacles à la mobilité sociale.
Les récipiendaires des bourses canadiennes dans le domaine de la justice pénale se sont penchés sur la façon dont les inégalités sociales interviennent dans le crime, mais ils oublient souvent de prendre en considération le rôle de la race et du racisme ainsi que la façon dont la discrimination entre en jeu dans le dépôt d'accusations criminelles, surtout en raison...
[Difficultés techniques]
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Je vais commencer par les services de police. C'est un aspect qui mérite une attention particulière dans le processus de justice pénale, simplement parce qu'il s'agit du premier point de contact avec les membres de la collectivité. Bien entendu, la police a également le pouvoir discrétionnaire et coercitif de déterminer si le comportement d'une personne est criminel ou non. La police est le gardien du système de justice.
Certains universitaires et défenseurs diront que la police ne s'en prend qu'aux individus qui commettent des crimes, ce qui explique le taux de délinquance plus élevé chez les Noirs et les Autochtones. Cependant, un nombre croissant de travaux de recherche canadiens révèle que les comportements et les pratiques entachés de préjugés raciaux des services de police contribuent également aux disparités raciales dans notre système de justice.
Le reste de ma déclaration va porter plus particulièrement sur les recherches visant les communautés noires au Canada, notamment sur les préoccupations relatives au profilage racial, au pouvoir discrétionnaire de la police et au manque de soutien policier concernant la victimisation des Noirs.
Depuis des décennies, les communautés noires du Canada se disent préoccupées par la surveillance policière accrue dont elles font l'objet. Le profilage racial cadre avec l'idée voulant que les policiers se concentrent souvent sur la race des civils plutôt que sur des soupçons ou des comportements précis. Ces allégations sont étayées par un nombre croissant d'études menées à Toronto, Ottawa, Halifax, Montréal et Vancouver, qui révèlent que les Noirs — plus précisément les hommes noirs — sont largement surreprésentés dans les statistiques officielles des contrôles de routine.
En outre, selon diverses études, les Noirs sont plus susceptibles de signaler de multiples contrôles de police et fouilles que les personnes interrogées qui appartiennent à d'autres groupes raciaux. Il est important de noter que les différences raciales en matière d'interaction avec la police subsistent même après la prise en compte d'autres facteurs pertinents tels que le sexe, la classe sociale, les caractéristiques du quartier et le comportement criminel.
Autrement dit, on ne peut expliquer par la pauvreté ou la criminalité les différences raciales dans les interactions avec la police. La race est un facteur important. Si vous êtes un Noir au Canada, la question n'est pas de savoir si vous serez arrêté, mais quand.
À cause de ces pratiques, les Noirs sont plus susceptibles d'être arrêtés pour avoir commis des délits mineurs que les personnes d'autres origines raciales qui ont exactement le même comportement. Il s'agit d'une forme de racisme systémique.
Les recherches indiquent aussi que lorsque les Canadiens blancs sont pris à enfreindre la loi, ils sont traités avec plus de clémence par la police que les Noirs. Mes propres recherches démontrent que les préoccupations concernant le pouvoir discrétionnaire de la police et son impact sur la décision de procéder à une arrestation sont justifiées.
Par exemple, notre Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents ne fait pas que conseiller aux policiers le recours à des solutions de rechange à la judiciarisation, lorsqu'ils appréhendent un jeune qui a commis un crime, mais elle leur en donne le pouvoir. Cela s'appuie sur des recherches qui concluent que le système judiciaire est non seulement coûteux, mais inapproprié pour la plupart des jeunes qui commettent des délits. Pourtant, mon analyse des données de la police révèle que, par rapport aux jeunes d'autres origines raciales, les jeunes de race noire sont plus susceptibles d'être accusés et moins susceptibles de bénéficier d'une solution de rechange.
Les antécédents judiciaires peuvent entraîner toute une série de conséquences négatives, notamment la stigmatisation sociale. En outre, un casier judiciaire peut avoir un impact négatif sur l'accès à l'éducation et à l'emploi et, en fin de compte, mener à d'autres infractions criminelles. Par conséquent, les Noirs risquent plus de faire l'objet d'accusations criminelles et d'interventions devant les tribunaux, comme l'indiquent mes données. Ils sont également plus susceptibles de subir les conséquences négatives de la criminalisation et de l'étiquetage.
Les taux disproportionnés d'inculpation de personnes racialisées donnent à croire que les préjugés en sont venus à faire partie intégrante du pouvoir discrétionnaire de la police. Ce sont ces systèmes qui sont responsables du racisme systémique.
Enfin, je vais passer à un autre sujet et aborder la question de la victimisation. Alors que la communauté noire fait l'objet d'une surveillance excessive à bien des égards, ses membres se disent depuis longtemps préoccupés par l'inaction ou l'insensibilité de la police lorsqu'il s'agit de leur propre victimisation.
Bien qu'il y ait très peu de recherches à ce sujet, les données existantes indiquent que les Noirs sont plus exposés à la victimisation que les personnes d'autres origines raciales. Cependant, les recherches donnent également à croire que les Noirs du Canada sont moins susceptibles de signaler les crimes à la police, y compris quand ils sont eux-mêmes des victimes. Le but de mes travaux de recherche actuels est d'en comprendre les raisons. Il est très important de mieux comprendre ce qui explique que les gens ne signalent pas les crimes à la police. Les signalements des civils sont nécessaires pour établir les taux de criminalité dans les collectivités. La coopération civile aux enquêtes policières est également nécessaire pour résoudre les crimes et traduire les délinquants en justice.
Mon analyse des données nationales sur la victimisation montre que les Canadiens noirs font peu confiance à la police. Mes entretiens individuels avec de jeunes Noirs à Toronto montrent que les jeunes sont moins motivés à signaler les crimes à cause de ce manque de confiance, lequel est directement lié aux traitements rudes et inadéquats que leur ont fait subir ceux qui sont responsables de l'application de la loi.
Par exemple, de nombreux jeunes déclarent que lorsqu'ils ont signalé un crime à la police dans le passé, la police les a traités comme des suspects plutôt que comme des victimes. D'autres craignent que la police fasse un usage de la force contre eux ou les membres de leur famille s'ils signalent avoir été victimes d'un acte criminel. Cela place les jeunes Noirs dans une position vulnérable en raison de leur risque accru d'être victimes de violence ainsi que du manque de confiance dans une institution qui est censée les servir et les protéger. Il ne s'agit pas que d'un exemple de racisme systémique; c'est aussi un enjeu de sécurité publique.
Nous sommes à une époque où les citoyens s'inquiètent des préjugés raciaux au sein des services de police canadiens. En fait, un récent sondage révèle que 40 % des Canadiens estiment que la police traite injustement les Noirs, les Autochtones et les personnes de couleur. Depuis des décennies, les services de police et les décideurs politiques esquivent les préoccupations exprimées au sujet des préjugés raciaux et négligent de mener les recherches et d'apporter les réformes nécessaires. Vous avez aujourd'hui une occasion cruciale de démontrer que vous êtes à l'écoute des Canadiens en général, et des membres de la communauté noire en particulier.
En tant que chercheuse, je soutiens que les services de police doivent faire preuve de plus de transparence pour qu'il soit possible de documenter le racisme et d'évaluer les effets des initiatives de lutte contre le racisme. Il faut améliorer la collecte, l'accès et la diffusion des données fondées sur la race. Il faut aussi un engagement à travailler avec des chercheurs, y compris des chercheurs de couleur, qui sont prêts à mener des enquêtes cruciales sur les pratiques en matière de maintien de l'ordre. Nous ne pouvons plus compter sur des chercheurs qui se contentent de donner à la police les réponses qu'elle veut.
Je voudrais terminer par une citation d'un participant à mon étude, qui a déclaré ceci:
Les agents ne sont pas tous mauvais, mais en tant qu'institution, la police donne à ceux qui ont des préjugés l'espace et la plateforme nécessaires pour cibler les personnes qui appartiennent à ces groupes et qui sont sans recours.
Ce sont des propos que je trouve percutants, car pour moi, en tant que membre de race noire de la société canadienne, ces enjeux ont des répercussions sur mon sentiment de sécurité et de bien-être.
Je remercie le Comité.
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Mme Michaels va m'offrir du soutien pendant la période des questions.
Qujannamiik, monsieur le président.
Ublaahatkut, mesdames et messieurs les députés, monsieur le président, les vice-présidents, les invités et les membres du personnel.
Je m'appelle Gerri Sharpe et je suis la vice-présidente de Pauktuutit Inuit Women of Canada. Je suis heureuse d'être ici avec vous aujourd'hui au nom de notre présidente, Rebecca Kudloo.
La majorité de la population inuite vit dans 51 communautés qui sont réparties dans quatre régions de l'Inuit Nunangat: le Nunavut, le Nunavik, l'Inuvialuit et le Nunatsiavut.
La violence est une cause majeure de mortalité chez les femmes inuites, le taux étant de 14 fois supérieur à la moyenne nationale.
Dans l'Inuit Nunangat, le maintien de l'ordre relève de la Gendarmerie royale du Canada, sauf au Nunavik, où le maintien de l'ordre est assuré par le Corps de police régional Kativik depuis 1996.
Selon les déclarations officielles de la GRC et du CPRK, les activités de maintien de l'ordre sont menées de manière à garantir la justice et la sécurité de tous les citoyens.
Un certain nombre d'éléments justifient qu'on remette en question l'affirmation selon laquelle le maintien de l'ordre dans l'Inuit Nunangat réussisse à protéger les femmes. Parmi les préoccupations, citons le manque de personnel et la courte durée des affectations des agents de la GRC, le manque d'expérience des agents concernant la population et leur manque de compétences culturelles, les barrières linguistiques, le manque d'agents de police inuits, le manque de ressources et le sous-financement, ainsi que le manque de services intégrés.
Comment en sommes-nous arrivés là?
En quelques décennies seulement, nos vies et nos moyens de subsistance ont subi une profonde transformation organisée par des forces coloniales échappant à notre contrôle. La GRC a joué un rôle clé dans ces opérations. Ils nous ont déplacés de colonies permanentes en colonies permanentes, ont emmené les enfants inuits dans des pensionnats et ont abattu les chiens de traîneau inuits.
En termes simples, dans l'Inuit Nunangat, le maintien de l'ordre est une structure fondée sur le racisme systématique. Il s'agit d'une culture fondée sur des opinions profondément ancrées qui se traduit par des réponses défaillantes à la violence que subissent les femmes et les filles inuites.
Les communautés inuites ont une culture inclusive, mais la culture du maintien de l'ordre est différente, basée sur le colonialisme.
En janvier 2020, Pauktuutit a publié un rapport intitulé « Addressing Gendered Violence against Inuit Women: A review of police policies and practices in Inuit Nunangat ». Le rapport a révélé des problèmes fondamentaux qui mènent tous à la normalisation de la violence sexiste contre les femmes inuites. La police se heurte à d'importants problèmes, dans l'exercice de son rôle, notamment quand elle fait face à des situations violentes à haut risque sans pouvoir compter sur des ressources d'aiguillage à l'appui des personnes qui doivent échapper à la violence familiale. Les investissements insuffisants dans les services sociaux, les services de santé et les infrastructures générales telles que les logements et les refuges dirigés par les Inuits ajoutent également à la lourde responsabilité que doivent assumer les forces de l'ordre. Les agents, individuellement, peuvent changer énormément les choses et ils le font. Nous avons entendu des récits positifs d'interactions avec la police, mais le tableau général qui se dégage de notre rapport met en évidence un modèle de maintien de l'ordre largement défaillant.
Les policiers sont mal intégrés dans la communauté et ne sont donc pas considérés comme dignes de confiance. Ils ont une compréhension limitée de l'histoire des communautés inuites et des causes profondes des problèmes, notamment en ce qui concerne la consommation de drogue et d'alcool et la violence familiale.
Comme l'a souligné un policier, la communication est fondamentale dans le maintien de l'ordre. Pourtant moins de 5 des 150 agents de la GRC qui sont au Nunavut parlent couramment l'inuktitut. Le système de répartition n'offre pas de personnel parlant l'inuktitut. Le décalage linguistique constitue une barrière pour les femmes inuites lorsqu'elles signalent des violences fondées sur le sexe. Ce fait, à lui seul, nuit à la confiance dans le maintien de l'ordre.
Notre rapport indique en outre que plusieurs femmes ayant besoin d'être protégées contre la violence sont retirées de leur foyer à la place des agresseurs. Cette injustice supplémentaire qu'elles subissent accentue leur traumatisme. Les sanctions imposées par les tribunaux ne sont pas convenablement surveillées, ce qui suscite la méfiance et met les femmes en danger.
Le racisme persiste au sein des forces policières lors des interactions avec les femmes. Vous vous souviendrez peut-être de l'enquête explosive que la CBC a réalisée cet été au sujet du comportement des agents de la GRC servant 25 communautés du Nunavut, laquelle a révélé des détails choquants sur plus de 30 cas allégués d'inconduite, de violence et de traitement inhumain de la part de la GRC à l'égard des Inuits, particulièrement des femmes.
Nous préconisons une modification fondamentale de la manière dont les services de police sont exécutés dans le Nord. Notre rapport contient 15 recommandations, dont voici les faits saillants: une formation sur les compétences culturelles, portant notamment sur l'histoire et la culture inuites et sur le dialecte inuktitut; des agents de sexe féminin, avec une agente présente lors du processus de prise de déclaration, qu'elle pourrait même diriger; des comités consultatifs inuits composés d'aînés, de dirigeants communautaires et d'animateurs culturels pour faire en sorte que les pratiques et les procédures de la police intègrent les principes de l'Inuit Qaujimajatuqangit; des services de police sensibles aux traumatismes avec une formation sur les traumatismes et le vécu antérieur et actuel des Inuits afin de désamorcer les situations et de nouer des relations positives; en ce qui concerne la durée des affectations, une révision de la durée de deux ans des affectations des agents de la GRC afin de la prolonger; une formation sur la violence fondée sur le sexe, offerte au moins en partie par des défenseurs des droits des victimes et incluant des survivants inuits de la violence familiale; dans chaque poste de police, des postes civils inuits occupés par des Inuits à titre d'interprètes, de guérisseurs naturels et de patrouilleurs communautaires ou de gardiens de la paix...
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Je dirais que quelques-unes d'entre elles devraient être mises en oeuvre de manière urgente.
À mon avis, il est crucial de revoir la durée des affectations des agents de la GRC dans les communautés. Pour s'intégrer à la communauté, les membres doivent être présents. Ils doivent être vus et participer aux activités de la communauté. Or, dès que c'est chose faite, ils sont retirés de la communauté après deux ans. C'est merveilleux de voir les agents dans la communauté, participant à des activités comme des jamborees ou à des parties de basketball ou de hockey. Ils finissent par faire partie de la communauté, qui en vient à leur faire confiance. Mais dès que cela arrive, ils sont envoyés dans une autre communauté, et tout le processus recommence. La confiance doit être là. Les agents doivent être considérés comme faisant partie de la communauté.
L'une des caractéristiques qui démarquent les communautés inuites de celles du Sud, c'est le fait qu'elles sont holistiques. Elles fonctionnent comme un tout. Je dis souvent aux gens que ce qui se passe à Inuvik ou à Iqaluit aura une incidence sur ce qui se passe à Yellowknife. C'est un fait, car c'est ainsi que les familles fonctionnent. C'est comme cela que les communautés fonctionnent: comme un tout.
Je demanderai à Mme Michaels si j'ai omis quelque chose, car je suis certaine que c'est le cas.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je remercie nos deux témoins.
Je m'adresserai à vous deux. Je veux revenir aux services de police contractuels, car comme nous l'avons constaté dans un certain nombre d'affaires — les problèmes des Wet'suwet'en avec la GRC et maintenant les déboires des pêcheurs micmacs —, les agents de la GRC sont engagés aux termes de contrat par la province. À titre de représentants du gouvernement fédéral, ils trouvent leur situation délicate, car ils relèvent en fait de la province ou, dans le Nord, du territoire. Vous l'avez d'ailleurs souligné.
Madame Samuels-Wortley, je commencerai par vous et vous accorderai plus d'une minute. Si la GRC cessait d'offrir des services de police contractuels, cela lui permettrait de s'occuper d'autres priorités relevant réellement du champ de compétences fédéral. Je me demande si vous pourriez peut-être nous en dire un peu plus sur toute la question du rôle du gouvernement fédéral dans les services de police contractuels et sur les avantages. Nous savons que Surrey vient d'instaurer son propre service de police et abandonne les services contractuels.
Je commencerai par vous, madame Samuel-Wortley, puis nous poursuivrons.
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C'est une excellente question, et je me réjouis d'avoir l'occasion d'approfondir la question.
Les perceptions d'injustice sont effectivement à l'étude actuellement afin de voir s'il s'agit d'un facteur criminogène. Il y a, particulièrement chez les jeunes noirs, une perception d'un certain degré d'injustice. Quand on examine chaque indicateur social, la population noire affiche les niveaux les plus bas d'emploi, de revenu, de logement et de santé, comme on peut le constater avec la COVID-19.
Un sentiment d'aliénation et de désespoir règne réellement au sein de la communauté noire. En raison de ces perceptions d'injustice, lorsqu'il est question des services de police — et plus précisément du racisme systémique qu'on y observe —, les gens ont l'impression que la société est injuste.
Par conséquent, certains jeunes peuvent développer une attitude procrime. Cela ne les rend que plus vulnérables, car s'ils ne font pas confiance à la police, qui est censée être là pour les servir et les protéger, ils risquent d'élaborer des stratégies d'autoprotection. Ils pourraient recourir à des comportements criminogènes lorsqu'ils portent des armes pour se protéger ou chercher à se faire justice eux-mêmes, car ils ne considèrent pas que la police est de leur côté ou les protège quand ils en ont besoin.
C'est une question que j'entends examiner plus en profondeur. Je pense que c'est un aspect que nous devons étudier, car le fait d'avoir un casier judiciaire ajoute des obstacles sur la route de l'obtention des facteurs sociaux qui favorisent la mobilité. Un sentiment extrêmement puissant d'aliénation règne donc au sein de la communauté noire, particulièrement chez certains jeunes.
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Voilà encore une excellente question.
Je demande simplement à tous les jeunes que j'interroge ce qu'un agent de police peut faire pour qu'ils aient l'impression qu'un lien se fait ou pour qu'ils n'éprouvent pas de sentiments négatifs à leur égard.
Sachez que chaque jeune comprend l'importance d'avoir des agents de police. Pas un seul n’a indiqué qu'il voulait qu'on leur coupe les fonds ou considérait qu'ils sont inutiles.
Ce qu'ils veulent littéralement, c'est être traités avec respect. Chaque jeune a fait savoir que tout ce qu'il souhaite quand il rencontre un agent, c'est d'avoir le sentiment d'être traité avec équité et respect. On pourrait croire que c'est quelque chose de facile à faire, mais ce n'est manifestement pas le cas.
Je considère qu'il faut commencer par s'attaquer à la culture au sein de la police et modifier la manière dont cette dernière pense qu'elle doit agir en interaction avec la communauté. Il faut mettre davantage l'accent sur le développement communautaire et l'interaction positive avec la communauté.
Comme les autres témoins l'ont souligné également, il arrive que des membres de la communauté indiquent avoir eu des interactions positives. Je pense que cela arrive, mais une interaction négative peut complètement annihiler l'effet d'une interaction positive et changer complètement la manière dont une personne perçoit la culture et l'institution de la police.
Je suis convaincue qu'il faut revenir à la case de départ et repenser ce que cela signifie d'être agent de police et ne pas voir cela comme un exemple de mollesse, mais comme une démarche essentielle.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je remercie de nouveau nos deux principaux témoins, ainsi que Mme Michaels, de leur contribution.
Madame Sharpe, j'ai écouté attentivement votre description du rôle qu'a joué la GRC dans vos communautés au fil de l'histoire sur le plan culturel et à d'autres égards, puis à la liste d'une partie très fondamentale des 15 recommandations que contient votre rapport de janvier dernier.
Conjurant les images que nous avons vues au cours des derniers mois, lesquelles sont en partie à l'origine de l'étude de notre comité, je me dois de vous poser la question suivante. À votre avis, la GRC est-elle un corps de police capable de gagner la confiance des gens, avec tout ce qu'elle a fait à cette fin, pour surmonter le passé, ou devons-nous peut-être porter notre regard ailleurs?
Mme Damoff a effleuré la question d'une certaine manière en parlant des services de police contractuels, mais peut-on espérer que la GRC soit l'organisme qui convient pour assurer un service de police adéquat dans les communautés inuites?
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je tenterai de parler brièvement et de partager mon temps avec mon collègue, M. Kurek, si le temps le permet.
Je veux remercier tous les témoins de comparaître aujourd'hui.
Je pense que deux éléments clés ressortent clairement de votre témoignage: la confiance et, dans certains cas, la crainte de faire affaire avec la police. D'une part, il est fort préoccupant d'entendre que des gens ont peur et sont moins susceptibles de signaler des crimes en raison de la victimisation. D'autre part, en raison de générations d'expériences, d'un manque de connaissances culturelles, d'obstacles linguistiques et d'autres facteurs, la confiance et la peur constituent manifestement un problème.
Pour pouvoir apporter des améliorations à cet égard et pour renforcer la responsabilisation, je poserais la question suivante à tous les témoins. Si vous deviez instaurer un modèle révisé de supervision de la GRC, quels éléments y incluriez-vous compte tenu du fait que le processus de plaintes accuse des retards et est indûment complexe, exigeant souvent l'intervention de juristes? Existe-t-il des modèles de pratiques exemplaires, que ce soit au Canada ou ailleurs dans le monde, qu'il serait nécessaire d'utiliser? Est-ce qu'une d'entre vous a été consultée au sujet d'un de ces problèmes ou de tous ces points par le gouvernement actuel?
Je vous remercie.
Je veux souligner le fait que vous avez parlé de générations d'inconduites de la part de la GRC. Sachez toutefois qu'ici, dans le Nord, la GRC n'a commencé à servir la région que peu de temps avant mon époque. Même si on peut considérer que cela englobe plusieurs générations, elle est arrivée dans le Nord quand mon grand-père était un peu moins âgé que je le suis maintenant, un peu avant ma naissance. Je ne suis pas si vieille: je suis une jeune grand-mère.
Je vais vous raconter une histoire à propos de M. Simon Tookoome, de Baker Lake. Il a écrit une histoire sur la première fois où il a vu une maison en bois, une construction appartenant à la GRC. Il y a vu un chat; il est donc entré et il dit qu'il a trouvé l'endroit trop bruyant, habitué qu'il était de vivre dans un igloo.
Quand il est question de méfiance, les membres qui sont affectés dans nos communautés... Vous pouvez probablement jeter un coup d'œil aux dossiers de Deline, où sont envoyés les membres dont les condamnations pour voies de fait ont été suspendues. Ces membres vont dans nos communautés afin d'y assurer les services de police. C'est un problème. Nous devons être certains que les membres affectés dans les communautés sont sans reproche pour qu'ils ne puissent pas être déclarés coupables d'infractions pour lesquelles ils arrêtent des gens.
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Merci, monsieur Harris.
Malheureusement, chers collègues, nous devons arrêter là.
Madame Samuels-Wortley, madame Sharpe et madame Michaels, je tiens à vous remercier, au nom de mes collègues, de vos efforts pour être ici, de vos témoignages et de vos commentaires réfléchis.
Comme vous pouvez le constater, le Comité a écouté vos témoignages avec grande attention.
Je vois que M. Dalton est très satisfait. Je pense qu'il communiquera avec vous, madame Sharpe, pour savoir si vous avez des ancêtres communs, ce qui n'est pas mauvais en soi.
Cela dit, chers collègues, je vais mettre fin à la réunion. Je vais demander au greffier si nous devons nous réunir à huis clos pour adopter le rapport du sous-comité.
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Oui, vous me manquez; tout le monde s'ennuie de vous, monsieur Oliphant.
Bonjour, monsieur Oliphant. J'ignorais que vous étiez là. L'homme invisible.
Merci d'être restée, madame May.
Y a-t-il d'autres commentaires?
Que ceux qui appuient la présentation du rapport lèvent la main.
(La motion est adoptée.)
Merci beaucoup, chers collègues.
Mercredi, nous essayerons de commencer à 15 h 30, mais nous serons probablement retardés par...