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AGRI Réunion de comité

Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.

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37e LÉGISLATURE, 2e SESSION

Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire


TÉMOIGNAGES

TABLE DES MATIÈRES

Le mardi 11 février 2003




Á 1110
V         Le président (M. Paul Steckle (Huron—Bruce, Lib.))
V         Le président
V         M. Rick Borotsik (Brandon—Souris, PC)
V         Le président
V         Dr Allan Preston (directeur, Services vétérinaires, Ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation du Manitoba)

Á 1115

Á 1120
V         M. Marcel Gagnon (Champlain, BQ)
V         Dr Allan Preston

Á 1125
V         Le président
V         Dr Allan Preston
V         Le président
V         M. Garth Routledge (ancien président, Association des éleveurs de bétail du Manitoba)
V         Le président
V         M. Garth Routledge

Á 1130

Á 1135
V         Le président
V         M. John Whitaker (À titre individuel)

Á 1140
V         Le président
V         M. Ray Armbruster (À titre individuel)

Á 1145

Á 1150

Á 1155
V         Le président
V         M. Howard Hilstrom (Selkirk—Interlake, Alliance canadienne)
V         M. Garth Routledge
V         M. Howard Hilstrom
V         Dr Allan Preston
V         M. Howard Hilstrom

 1200
V         Dr Allan Preston
V         M. Howard Hilstrom
V         Dr Allan Preston
V         M. Howard Hilstrom
V         Dr Allan Preston
V         M. Howard Hilstrom
V         Dr Allan Preston
V         M. Howard Hilstrom
V         Dr Allan Preston
V         M. Howard Hilstrom
V         Dr Allan Preston
V         Le président
V         M. Marcel Gagnon

 1205
V         M. Garth Routledge
V         M. Marcel Gagnon
V         M. Garth Routledge
V         M. Marcel Gagnon

 1210
V         M. Garth Routledge
V         M. Marcel Gagnon
V         M. Ray Armbruster
V         Le président
V         Dr Allan Preston
V         Le président
V         M. Claude Duplain (Portneuf, Lib.)

 1215
V         Dr Allan Preston
V         M. Claude Duplain
V         Le président
V         M. John Whitaker
V         Le président
V         Dr Allan Preston

 1220
V         Le président
V         M. Ray Armbruster
V         Le président
V         Dr Allan Preston
V         Le président
V         Dr Allan Preston
V         Le président
V         M. Dick Proctor (Palliser, NPD)
V         M. Garth Routledge
V         M. Dick Proctor
V         Dr Allan Preston
V         M. Dick Proctor
V         Dr Allan Preston

 1225
V         M. Dick Proctor
V         Dr Allan Preston
V         Le président
V         Mme Carol Skelton (Saskatoon—Rosetown—Biggar, Alliance canadienne)
V         Dr Allan Preston
V         Mme Carol Skelton
V         Dr Allan Preston
V         Mme Carol Skelton
V         Dr Allan Preston
V         Mme Carol Skelton
V         Dr Allan Preston
V         Mme Carol Skelton
V         Dr Allan Preston
V         Mme Carol Skelton
V         M. Ray Armbruster
V         Mme Carol Skelton

 1230
V         M. Ray Armbruster
V         Mme Carol Skelton
V         M. Ray Armbruster
V         Mme Carol Skelton
V         M. Ray Armbruster
V         Mme Carol Skelton
V         M. Ray Armbruster
V         Mme Carol Skelton
V         M. Ray Armbruster
V         Mme Carol Skelton
V         M. Ray Armbruster
V         Le président
V         Mme Rose-Marie Ur (Lambton—Kent—Middlesex, Lib.)
V         M. Ray Armbruster
V         Mme Rose-Marie Ur
V         M. Ray Armbruster
V         Mme Rose-Marie Ur
V         M. Ray Armbruster

 1235
V         Mme Rose-Marie Ur
V         M. Ray Armbruster
V         Mme Rose-Marie Ur
V         M. Ray Armbruster
V         Mme Rose-Marie Ur
V         M. Ray Armbruster
V         Dr Allan Preston
V         Le président
V         M. Marcel Gagnon
V         M. Ray Armbruster

 1240
V         M. Marcel Gagnon
V         Le président
V         M. Ray Armbruster
V         Le président
V         M. Ray Armbruster
V         Le président
V         M. Marcel Gagnon
V         M. Ray Armbruster
V         Le président
V         M. David Anderson (Cypress Hills—Grasslands, Alliance canadienne)

 1245
V         M. John Whitaker
V         Dr Allan Preston
V         M. David Anderson
V         Le président
V         M. Ray Armbruster

 1250
V         Le président
V         M. John Maloney (Erie—Lincoln, Lib.)
V         Dr Allan Preston
V         M. John Maloney
V         M. Ray Armbruster
V         M. John Maloney
V         Dr Allan Preston
V         M. John Maloney
V         Dr Allan Preston
V         M. John Maloney
V         Dr Allan Preston

 1255
V         M. John Maloney
V         Dr Allan Preston
V         M. Ray Armbruster
V         Le président
V         M. Howard Hilstrom
V         Dr Allan Preston
V         Le président
V         M. Garth Routledge
V         Le président
V         Dr Allan Preston

· 1300
V         Le président










CANADA

Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire


NUMÉRO 014 
l
2e SESSION 
l
37e LÉGISLATURE 

TÉMOIGNAGES

Le mardi 11 février 2003

[Enregistrement électronique]

Á  +(1110)  

[Traduction]

+

    Le président (M. Paul Steckle (Huron—Bruce, Lib.)): Je vais déclarer la séance ouverte. Nous avons le quorum.

    Avant d'entendre les exposés de nos témoins ce matin, je veux régler quelques questions de régie interne. Nous devons adopter deux motions qui portent sur des budgets opérationnels.

    Le premier budget est au montant de 8 700 $. Je crois que des copies ont été distribuées aux membres du comité, si je ne m'abuse?

    Quelqu'un veut-il proposer l'adoption de la première motion? Monsieur Anderson. Quelqu'un l'appuie? Madame Ur.

    (La motion est adoptée)

+-

    Le président: La seconde motion porte sur le budget au montant de 13 200 $ conformément à votre rapport. Tout le monde a la deuxième motion?

+-

    M. Rick Borotsik (Brandon—Souris, PC): Nous en avons tous un exemplaire de chacune.

+-

    Le président: Nous voulons nous assurer que tout le monde y jette un coup d'oeil. Qu'en est-il du côté du gouvernement?

    Les membres ont la deuxième motion, celle qui porte sur le montant de 13 200 $.

    Puis-je demander un petit peu de patience à nos témoins?

    Avons-nous eu le temps de nous renseigner à ce sujet? Quelqu'un peut proposer une motion pour accepter le budget?

    Les budgets précédents qui avaient été soumis à ce comité et avaient été approuvés tomberont simplement à l'eau. Nous n'avons pas eu besoin d'utiliser l'argent. Par conséquent, nous devons approuver de nouveaux budgets. Je dois soumettre le budget au comité de liaison au nom du comité.

    Monsieur  Gagnon, proposez-vous la motion? Oui. Y a-t-il quelqu'un pour l'appuyer? M. Proctor.

    (La motion est adoptée)

    Le président: Très bien. Nous passons donc maintenant à l'ordre du jour. Conformément à l'article 108(2) du Règlement, nous voulons examiner aujourd'hui toute la question de la tuberculose chez les populations de wapitis et de cerfs de la région du Parc national du mont Riding au Manitoba. 

    Nous sommes heureux d'accueillir aujourd'hui le docteur Allan Preston du ministère de l'Agriculture et de l'alimentation du Manitoba. Il est directeur des services vétérinaires.

    Bienvenue au comité.

    Nous accueillons également Garth Routledge, président sortant de l'Association des éleveurs de bétail du Manitoba; nous souhaitons aussi la bienvenue à John Whitaker et Ray Armbruster qui comparaissent à titre individuel et qui exploitent des fermes d'élevage.

    Je n'ai oublié personne?

    Merci, messieurs. Nous allons vous donner du temps pour exposer la situation. Nous allons par la suite inviter les membres du comité, à savoir des députés de la Chambre des communes, à vous poser des questions relativement à cette question. Nous pourrons peut-être ensuite approfondir certains détails.

    Nous allons commencer par dix minutes. Je ne sais pas si cela suffira pour exposer le sujet. Si vous avez besoin de plus de temps, nous sommes assez généreux. Nous voulons toutefois avoir le temps de vous interroger mais également vous permettre de bien raconter votre histoire.

    Qui prendra la parole le premier? Monsieur Preston, la parole est à vous. 

+-

    Dr Allan Preston (directeur, Services vétérinaires, Ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation du Manitoba): Merci.

    Je suis heureux d'avoir l'occasion de vous entretenir ce matin de ce sujet important. Je me fais le porte-parole de la ministre de qui je relève, l'honorable Rosann Wowchuk.

    Aujourd'hui, je veux examiner, du point de vue de mon gouvernement, la situation en ce qui a trait à la tuberculose bovine dans la région du parc national du Mont Riding. J'ai préparé un mémoire plus détaillé. Je m'excuse de ne pas avoir eu le temps de le faire traduire. Nous allons nous en occuper dans les plus brefs délais.

    Je me rends compte du fait qu'en novembre, le docteur Sarah Khan de l'ACIA de même que Greg Fenton et Mike Wong de Parcs Canada ont comparu devant ce comité. Votre comité est donc un peu au courant de ce qui passe dans notre région. Je vais tenter de ne pas trop répéter leurs propos, mais il y a des domaines où la répétition est justifiée pour bien établir les faits.

    La tuberculose bovine est une maladie à déclaration obligatoire en vertu de la Loi sur la santé des animaux dont l'application relève de l'Agence canadienne d'inspection des aliments. Elle figure parmi les maladies de la liste A de l'Office international des épizooties, l'OIE, et bien que la TB bovine se présente partout dans le monde, elle fait l'objet d'un contrôle rigoureux dans la plupart des pays industrialisés, y compris le Canada et les États-Unis. C'est une ancienne maladie sur le plan historique. Je vais me concentrer aujourd'hui sur les épisodes les plus récents.

    Je ne vais pas faire l'historique de la maladie ni la situer dans son contexte. Vous pouvez lire attentivement sur le sujet plus tard. Je crois toutefois qu'il est important de reconnaître que le Canada a mis en place, en 1960, un programme d'éradication de la TB bovine. Grâce à un programme d'épreuves de dépistage auxquelles ont été soumis les troupeaux et à la destruction intégrale des troupeaux infectés, le Canada avait obtenu le statut «exempt de tuberculose bovine» au milieu des années 80. Veuillez remarquer que par «exempt de tuberculose bovine» l'OIE entend une prévalence de la maladie de moins de 0,5 p. 100; il ne s'agit d'une éradication complète.

    C'est en 1986 que le Manitoba avait été désignée comme zone exempte de TB bovine. En 1997, le ministère de l'Agriculture des États-Unis avait officiellement déclaré tout le Canada «exempt de tuberculose bovine». Nous conservons notre statut grâce à une surveillance constante au moment de l'abattage, les épreuves de dépistage au hasard et l'absence de nouveaux troupeaux infectés.

    Je veux souligner ici qu'il y a une très nette différence entre la façon dont nous traitons les animaux d'élevage et le traitement que nous réservons aux animaux de la faune sauvage en ce qui concerne la TB bovine. Dans le cas des animaux d'élevage, lorsque la maladie est détectée chez un animal, le troupeau est détruit, l'éleveur est indemnisé, les installations sont nettoyées et désinfectées. Après une certaine période, le propriétaire peut reconstituer son troupeau. Pour ce qui est des troupeaux d'animaux sauvages, il n'en va pas de même. Nous détruisons seulement l'animal infecté sans abattre le reste du troupeau.

    Dans la région du parc national du Mont Riding, la tuberculose bovine sévit depuis de nombreuses années dans les troupeaux de bovins, de wapitis et de cerfs de Virginie. La présence de cette maladie menace l'état sanitaire des troupeaux de bovins du Manitoba pour ce qui est du déplacement international des bovins entrant surtout aux États-Unis. Notre programme de surveillance mis en place dans la région du parc national du Mont Riding a permis de relever divers taux dans différentes parties du parc, plus particulièrement le tiers occidental du parc dans la région autour de ce qu'on appelle la vallée Birdtail. Tout laisse croire que le niveau d'infection de la TB bovine y est plus élevé.

    Tout dernièrement, le Manitoba a mis de l'avant plusieurs mesures pour lutter contre le problème de la TB bobine dont le plus important, le programme de gestion de la TB bovine. Il s'agit d'un effort concerté du ministère de l'Agriculture du Manitoba, de Conservation Manitoba, de l'Agence canadienne d'inspection des aliments et de Parcs Canada en consultation avec l'Association des éleveurs du Manitoba.

    Ce plan vise à éradiquer la tuberculose tant dans les cheptel d'animaux d'élevage que d'animaux sauvages. Par l'entremise de certaines activités récentes, dont je vais vous parler dans un instant, nous avons dû accélérer certaines de ces mesures. En fait, certaines des initiatives que Conservation Manitoba a prises deviennent de plus en plus offensives. Elles incluent la délivrance d'un plus grand nombre de permis de chasse, la prolongation de la saison de la chasse, la délivrance aux fermiers de permis de destruction pour qu'ils se débarrassent des wapitis qui posent un problème, l'abattage des wapitis et la promotion d'un abattage accéléré dans certaines régions où nous croyons que la maladie a une plus forte prévalence.

    En outre, nous avons tenu de nombreuses réunions de producteurs dans la région pour les informer, les mettre au courant de l'évolution de la situation et pour connaître leur point de vue en ce qui concerne ce programme. Nous avons mis sur pied une équipe de soutien pour aider les producteurs qui doivent malheureusement détruire intégralement leurs troupeaux. Bien sûr, nous accordons tout notre appui à l'ACIA dans la mise en oeuvre de son programme de sensibilisation.

    Plus récemment, en 1997, l'ACIA a réduit le statut du Manitoba en ce qui a trait à la TB à celui d'«accrédité». Ce déclassement n'a pas eu de répercussion sur nos échanges commerciaux avec les États-Unis. De leur point de vue, ils nous considèrent toujours comme exempts de TB et les mouvements d'animaux se sont poursuivis sans problème. En août l'USDA a baissé notre statut à «modifier certifié avancé»; pour l'instant ce geste a bel et bien eu des répercussions sur nos relations commerciales avec les États-Unis. Certaines catégories de bovins doivent maintenant être soumis à des épreuves de dépistage avant d'entrer aux États-Unis, une certification était requise et, en fait, pour les animaux provenant du reste du Canada, il fallait qu'il soit certifié qu'ils ne provenaient pas du Manitoba ou qu'ils y avaient passé du temps. Voilà qui a eu des répercussions directes sur le prix des bovins, surtout les génisses, et le bétail provenant de cette région a fait l'objet d'une certaine discrimination par les prix.

Á  +-(1115)  

    La tuberculose bovine sévit dans une région du Manitoba où se retrouvent environ 10 p. 100 de notre cheptel de bovins et seulement 1 p. 100 du cheptel national. Nos efforts en matière de gestion et d'éradication visent à régler le problème dans cette région tout en protégeant l'état sanitaire et le statut pour l'exportation du reste du cheptel bovin au Manitoba et dans le reste du Canada.

    Pour régler ce problème, il a été décidé de créer une zone de gestion ou d'éradication appelée zone d'éradication entourant le mont Riding pour les secteurs 23 et 23A de chasse de la faune 23 et 23A autour du parc. C'est par l'entremise d'une modification à la Loi sur la santé des animaux, prévoyant la création de cette zone que le programme est entrée officiellement en vigueur le 1er janvier 2003. Depuis novembre, l'ACIA exerce une surveillance rigoureuse en soumettant à des analyses les troupeaux d'élevage dans cette région d'éradication du parc du mont Riding. À l'heure actuelle, environ 95 p. 100 des bovins ont été testés. Il ne reste plus que 40 troupeaux à faire l'objet d'analyses dans cette zone. Ce dépistage devrait être terminé le 30 juin mais, en fait il le sera bien avant.

    Jusqu'à maintenant sept troupeaux que nous soupçonnons être porteurs de TB bovine ont été mis en quarantaine après cette dernière série de tests de dépistage. Il est maintenant confirmé que deux de ces troupeaux sont infectés; on procède à l'heure actuelle à leur abattage. Un système de permis de déplacement a été mis en place pour réglementer et contrôler les mouvements des troupeaux à l'extérieur de la zone.

    Il est important de signaler, même si nous avons établi cette zone d'éradication, que cela n'a pas changé le statut du Manitoba en ce qui a trait à l'USDA. Nous avons toujours le statut «modifié accrédité avancé» et nos bovins doivent toujours être testés lorsque nous devons les déplacer vers le sud. Des représentants de l'USDA se rendront probablement au Manitoba plus tard cette année pour évaluer nos efforts en ce qui concerne cette zone. Si elle répond à leurs critères en matière de zonage et de régionalisation, il est possible que le reste du Manitoba puisse retrouver son statut «exempt de tuberculose». Pour ce qui est de la zone d'éradication elle-même, il faut être réaliste, et s'attendre à trois ou cinq autres années de tests de dépistage, de surveillance et de restrictions en ce qui concerne le mouvement des animaux avant d' espérer qu'elle récupère son statut «exempt de tuberculose».

    Je veux prendre un instant et vous lire un petit passage de mon mémoire concernant l'impact économique de la tuberculose bovine parce que je crois que c'est important et que les autres témoins insisteront là-dessus:

La tuberculose bovine, en tant que maladie du bétail, ne constitue pas une grande menace pour la santé et la productivité du cheptel bovin. Étant donné que les pays industrialisés qui sont des partenaires commerciaux du Canada ont tous mis en place des programmes d'éradication de la tuberculose bovine et que le Canada dépend tellement des marchés d'exportation pour les bovins et les produits du boeuf, la tuberculose bovine constitue une grave menace pour l'intégrité économique de l'industrie de l'élevage du bétail au Canada.

La réapparition de cette maladie risque de faire perdre de l'argent à l'industrie de l'élevage dans la région [Parc national du mont Riding], au Manitoba, et, en fait, dans tout le pays...

    Vous avez dit quelque chose?

Á  +-(1120)  

[Français]

+-

    M. Marcel Gagnon (Champlain, BQ): Pour faciliter le travail de l'interprète, est-ce qu'il serait possible que le témoin lise un peu moins vite?

[Traduction]

+-

    Dr Allan Preston: Je m'excuse. J'ai l'habitude de parler trop vite. Je vais ralentir.

Á  +-(1125)  

+-

    Le président: Essayez de ralentir un peu votre débit. Nous préférerions vous donner un peu plus de temps et comprendre ce que vous dites.

+-

    Dr Allan Preston: Je suis désolé, monsieur.

    L'industrie de l'élevage des bovins dans la région du Parc national du Mont-Riding, dans la province du Manitoba et, de fait, dans le Canada tout entier, risque des pertes financières importantes à cause de la réapparition de cette maladie. Voici quelques chiffres pour vous donner une idée de la situation: on compte environ 50 000 têtes de bétail dans cette région; 32 000 bovins de court engraissement sortent de cette région chaque année de même que 7 500 vaches, veaux et taureaux. Multipliez ces chiffres par 10 pour l'ensemble du Manitoba et par 100 pour le Canada. Cinquante-cinq pour cent de nos bovins prennent la route des États-Unis chaque année, certains comme bovins d'engraissement, certains comme reproducteurs, certains comme bovins d'abattage sur pied et certains comme produits du boeuf. Toute perturbation de ce marché exerce un effet d'entraînement plutôt important sur l'ensemble de l'industrie du boeuf.

    À l'heure actuelle, il n'y a pas de restrictions en ce qui concerne les mouvements interprovinciaux de bétail au Canada à cause de la tuberculose bovine. Cependant, s'il devait y en avoir pour que le reste du pays continue d'avoir accès à ce marché d'exportation, le bétail manitobain perdrait de la valeur et les producteurs feraient face à des dépenses accrues liées au dépistage de la maladie et à la surveillance des mouvements du bétail.

    Les éleveurs de la région du Mont-Riding estiment être les seuls à faire les frais de l'éradication de la TB bovine au Manitoba et, en fait, au Canada. Ils sont préoccupés par la dévaluation de leur bétail, de leurs prairies de fauche et de leurs terres. Les éleveurs de la région souhaiteraient qu'on leur accorde une indemnisation supérieure à ce que prévoit la Loi sur la santé des animaux pour les animaux qui meurent ou qui sont abattus à cause de la maladie.

    La question de l'indemnisation pour les pertes causées par les maladies animales est une question permanente. Les coûts liés aux maladies animales constituent un élément de passif éventuel important pour l'industrie du bétail, pour le gouvernement et pour l'économie en général.

    Si je peux me permettre une légère digression, les questions liées aux maladies animales n'ont pas été traitées de manière appropriée dans le cadre de la stratégie agricole. Un rapport publié récemment sur les répercussions économiques d'une éclosion potentielle de fière aphteuse au Canada indique que seulement 5 p. 100 des coûts totaux liés à la lutte contre cette maladie sont couverts par la Loi sur la santé des animaux. La même répartition des coûts s'applique dans le cas de la TB bovine.

    Un élément clé de l'éradication de la TB bovine est la réduction du troupeau de wapitis et la réduction des interactions entre le wapiti et le bétail. Les producteurs de bétail ne peuvent espérer réussir l'éradication de la tuberculose bovine tant que les responsables de la gestion de la faune ne feront pas les mêmes efforts pour gérer et contrôler la maladie dans les troupeaux de wapitis et de cerfs de Virginie.

    Comme je l'ai indiqué plus tôt, Manitoba Conservation a entrepris plusieurs initiatives pour amorcer ce processus. Nous savons tous que le travail n'est pas encore terminé, mais les initiatives sont sur papier et ce n'est qu'une question de temps. Parcs Canada n'a pas encore démontré la même volonté de réduire la population de wapitis, surtout dans les régions où l'incidence de la tuberculose bovine est jugée la plus élevée.

    Pour résumer la situation, la TB bovine est une maladie à déclaration obligatoire, comme je l'ai dit auparavant, en vertu de la Loi sur la santé des animaux, et la responsabilité première de la gestion de cette maladie revient à l'ACIA. Mon ministère joue certainement un rôle de soutien important lorsqu'il s'agit de traiter de maladies comme la tuberculose. La gestion de la faune est une responsabilité partagée entre Manitoba Conservation et Parcs Canada. Les éleveurs de bétail pressent ces organismes de trouver une réponse efficace et rapide au problème de TB bovine qui sévit dans les troupeaux sauvages. Les coûts véritables de ce problème n'ont pas été déterminés, mais ils représentent effectivement un élément de passif important pour l'industrie et le gouvernement.

    Comme je l'ai dit auparavant, le but est de faire en sorte que le Manitoba retrouve le plus rapidement possible son statut «exempt de tuberculose», et pour y parvenir, nous devons éradiquer la maladie aussi bien chez les animaux d'élevage que chez les animaux sauvages.

    En terminant, j'aimerais citer une lettre récente adressée à l'honorable Sheila Copps, ministre du Patrimoine canadien par ma ministre, Mme Rosann Wowchuk, et le ministre Steve Ashton de Manitoba Conservation. Ce n'est qu'une phrase, mais on peut y lire, en parlant de Parcs Canada, ce qui suit:

Mon gouvernement et les éleveurs de bétail du Manitoba apprécieraient vivement l'aide de votre organisme pour réduire le risque de tuberculose bovine dans le troupeau sauvage et pour réduire la fréquence des contacts entre ces animaux et le bétail domestique.

    Merci.

+-

    Le président: Merci, monsieur Preston. Y a-t-il d'autres personnes autour de la table qui désirent faire une courte déclaration avant que nous passions aux questions?

    Apparemment, on vous a prévenu que vous pourriez prendre 10 minutes si vous le désiriez. Qu'en pensez-vous?

+-

    M. Garth Routledge (ancien président, Association des éleveurs de bétail du Manitoba): Monsieur le président, oui, nous avons tous des exposés individuels et distincts.

+-

    Le président: Pourquoi ne pas les faire maintenant.

    Monsieur Routledge.

+-

    M. Garth Routledge: Je vais commencer, et j'essaierai d'être bref, monsieur le président, parce que je pense que les questions sont importantes.

    Monsieur le président, merci de l'occasion qui nous est donnée de parler de cette question. Après quelque 100 ans d'efforts et d'investissements de la part des contribuables et des éleveurs canadiens, nous sommes exempts de tuberculose bovine, sauf pour une petite région du Manitoba entourant le Parc national du Mont-Riding. Le statut «exempt de tuberculose» s'accompagne de nombreuse retombées bénéfiques, notamment au chapitre de la santé publique, de la productivité des élevages, de la commercialisation internationale des animaux canadiens et de leurs produits, et de la protection des bêtes sauvages vivant en liberté.

    Depuis 1990—en 1991, 1997 et 2001—, des troupeaux de bétail infectés ont été décimés dans la région du Parc national du Mont-Riding. En conséquence, le Manitoba a perdu son statut «exempt de tuberculose». En août 2002, le ministère de l'Agriculture des États-Unis a imposé des exigences en matière de dépistage pour tous les bovins sexuellement intacts, autres que les bovins d'abattage, qui entrent aux États-Unis. Les éleveurs du Manitoba commencent à ressentir les conséquences financières de cette décision.

    Il a fallu une décennie entière avant que l'on reconnaisse que la population de wapitis est un réservoir de cette maladie. Les demandes de l'Association des éleveurs de bétail du Manitoba pour que l'ACIA prenne la responsabilité de l'éradication de la TB bovine dans les troupeaux sauvages sont restées sans lendemain parce que Parcs Canada conserve son autorité en la matière et que la politique d'éradication de l'ACIA ne s'applique pas.

    Monsieur le président, il y a environ deux ans, j'ai eu l'occasion de participer à une conférence sur l'état de préparation du Canada face à une éventuelle éclosion de fièvre aphteuse. Il est vite devenu apparent que le plus grand défi que nous avions, c'était la façon dont nous avons structuré notre gouvernance. Pour contenir et éradiquer une telle poussée, il faudrait une réponse finement coordonnée entre de nombreux ministères et organismes gouvernementaux et des groupes de l'industrie. Une réponse efficace dans ce cas ne se mesure pas en mois, ni en semaines, ni en jours, mais bien en heures, au risque d'encourir des pertes financières de l'ordre de plusieurs dizaines de milliards de dollars et d'anéantir nos industries d'élevage pour de nombreuses années. Toutefois, il a été considéré que cela était possible étant donné que tous les intervenants reconnaissaient l'importance du confinement immédiat et de l'éradication.

    Nous voilà maintenant en présence d'une autre maladie animale étrangère, la tuberculose bovine. Encore une fois, la maladie fait intervenir divers ministères gouvernementaux. Nous connaissons tous le plan de gestion de la TB bovine qui a été élaboré par les quatre ministères gouvernementaux. Il comporte des stratégies utiles, mais il n'atteint pas son but parce que ce ne sont pas tous les ministères qui se sont engagés face à l'objectif de l'éradication ou qui y ont accordé l'attention nécessaire.

    La TB bovine est une maladie animale étrangère. Au Canada, nous ne nous contentons pas de gérer les maladies animales étrangères, nous les éradiquons. Il n'y a pas de place pour la TB bovine dans notre population, il n'y a pas de place pour la TB bovine dans nos industries d'élevage et il n'y a pas de place pour la TB bovine dans notre faune. J'invite donc Parcs Canada et Manitoba Conservationn à déclarer la zone d'éradication entourant le Mont-Riding, y compris le parc, comme une zone d'éradication de la TB bovine dans toutes les espèces animales et à mettre en oeuvre immédiatement des stratégies pour réaliser cet objectif.

    Les éleveurs de bétail du Manitoba ne cherchent pas à obtenir l'élimination complète du troupe de wapitis du parc. Nous avons bel et bien dit de toutes les espèces animale parce qu'il y a maintenant des indications que cette maladie s'est propagée au cerf de Virginie. Nous sommes en faveur d'une réduction globale du troupeau avec abattage sélectif, fondé sur des critères scientifiques, là où la présence de l'infection est évidente. Nous croyons qu'il s'agit là de la meilleure façon de réduire l'incidence de l'infection de manière qu'elle ne puisse se perpétuer dans notre faune.

    L'Alberta a récemment annoncé un plan visant à détruire 300 cervidés sauvages dans la région qui entoure les deux fermes où l'on a décelé des cas d'encéphalite des cerfs et des wapitis. Ne pourrait-on pas envisager une approche semblable dans le cas du Manitoba? L'abattage sélectif est un élément déterminant d'une stratégie énergique.

Á  +-(1130)  

    En plus de la construction d'une clôture pour protéger les prairies de fauche, l'amélioration de l'habitat des wapitis dans le parc ainsi que la réduction globale de la population de wapitis sont des mesures qui sont nécessaires pour réaliser l'objectif d'éradication. Parcs Canada doit assumer la responsabilité à cet égard. Les avantages de ces mesures sont évidents. Une population sauvage saine constitue une ressource nationale.

    Monsieur le président, personnellement, je n'arrive absolument pas à comprendre le raisonnement qui veut que l'héritage que l'on veut léguer à nos enfants et à nos petits-enfants comprenne une faune malade.

    Une autre exigence vitale pour résoudre cette question, c'est l'appui qu'il faut accorder aux éleveurs de la zone d'éradication entourant le Mont-Riding. Ce sont les victimes d'une situation sur laquelle ils n'ont aucune emprise. Les éleveurs ont fait leur part en soumettant leur bétail à un dépistage, en aidant à ce processus en allant chercher les aliments qu'ils donnent à leurs animaux loin de la limite du parc et en donnant leur appui à la politique d'éradication des animaux malades dans leur troupeau. Le fardeau a été lourd pour eux.

    Pour les éleveurs dont les troupeaux ont été infectés, les conséquences sont dévastatrices. Malgré tout, l'objectif principal des éleveurs demeure la recherche d'une solution permanente.

    La mise en place de ressources pour le dépistage sur une base permanente est une mesure essentielle. L'ACIA a démontré son engagement.

    Il est essentiel que les éleveurs continuent de respecter les exigences en matière de dépistage et de suivi des déplacements des animaux. La reconnaissance financière des efforts consentis par les éleveurs est également importante.

    L'étude de la situation survenue au Michigan nous donne une idée de ce qui pourrait arriver si nous tardons à appliquer des mesures énergiques. Les dépenses de l'État ont augmenté du fait que la maladie s'est propagée à l'extérieur de la zone initiale. Cette propagation a été attribuable à la pénurie de ressources à l'étape initiale. Un scénario semblable a été observé au Texas. Il nous faut absolument tirer leçon de ces exemples.

    J'avais des observations sur les répercussions économiques de cette situation, mais le DPreston a bien fait le tour de la question dans son exposé. Je vais donc sauter cette partie, monsieur le président.

    Monsieur le président, l'enjeu ici, c'est notre capacité d'intervenir et notre engagement à cet égard vis-à-vis du public, des producteurs et de nos partenaires commerciaux internationaux.

    L'Association des éleveurs de bétail du Manitoba prie le Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire de recommander au gouvernement du Canada de prendre immédiatement des mesures énergiques et décisives.

    Merci.

Á  +-(1135)  

+-

    Le président: Merci, monsieur Routledge.

    Monsieur Armbruster, êtes-vous le suivant, ou est-ce plutôt M. Whitaker?

[Français]

+-

    M. John Whitaker (À titre individuel): Bonjour, mesdames et messieurs. Merci de votre invitation. Je regrette que ma présentation soit uniquement en anglais. Je parle un petit peu le français, mais avec l'accent de John Diefenbaker, et c'est trop difficile pour la traduction.

[Traduction]

+-

     J'élève du bétail dans la zone d'éradication de la TB bovine depuis 1975. J'ai siégé pendant neuf ans au conseil municipal et je travaille maintenant comme bénévole à la Réserve de la biosphère du Mont-Riding, dont les délimitations correspondent grossièrement à la zone d'éradication entourant le Mont-Riding. Je vais donc parler en qualité d'éleveur de bétail et de voisin du Parc national du Mont-Riding.

    Nous considérons que la question de la TB bovine est un problème qui relève surtout de la compétence fédérale, la province jouant un rôle de soutien. Les acteurs fédéraux sont Parcs Canada et l'Agence canadienne d'inspection des aliments.

    L'ACIA se voit décerner d'excellentes notes. Le dépistage dans nos troupeaux a été intensif, mais ce travail s'est fait dans le respect de chacune de nos exploitations. Mais c'est tout le contraire de Parcs Canada. Les relations entre cet organisme et ses voisins éleveurs sont à leur plus bas niveau en 30 ans.

    Cet antagonisme repose sur trois points. Premièrement, le fait que Parcs Canada a refusé de reconnaître que son troupeau de wapitis était le principal réservoir de TB bovine, que les wapitis transmettent cette maladie aux troupeaux d'élevage et que, parce que le troupeau de wapitis est la source du problème, Parcs Canada devrait reconnaître sa responsabilité et entreprendre des négociations avec les éleveurs sur une forme d'indemnisation pour les pertes financières que ces derniers ont encourues.

    Le deuxième point, c'est le fait que Parcs Canada n'a pas pris les mesures nécessaires pour traiter la maladie dans son troupeau de wapitis.

    Et le troisième point, c'est le fait que Parcs Canada a refusé de se joindre aux éleveurs locaux dans l'élaboration d'une stratégie régionale d'éradication de la TB bovine.

    Sur le premier point, la population locale estime que la situation est claire et nette. Depuis 1991, on a constaté que 10 troupeaux de bovins étaient infectés par la TB bovine et chacun de ces troupeaux a fait l'objet des mesures d'éradication. Le dépistage dans la faune a révélé 10 wapitis infectés depuis 1991, à l'intérieur et à l'extérieur du parc, et il est généralement reconnu que les wapitis sauvages transmettent la maladie au bétail en infectant les bottes de foin ou par contact direct, de museau à museau, autour des distributeurs de fourrage durant l'hiver.

    Parcs Canada devrait reconnaître que ses wapitis sont la cause du problème, que la TB bovine coûte de l'argent aux éleveurs et que les inconvénients économiques ne font que s'accentuer. Parcs Canada devrait accepter de négocier une forme d'indemnisation avec les éleveurs.

    Pour ce qui est du deuxième point, c'est-à-dire l'absence de volonté chez Parcs Canada de traiter efficacement son troupeau infecté, la population locale trouve encore une fois que la situation est claire et nette. Nous avons de l'expérience en matière de gestion des maladies dans nos troupeaux. La diarrhée du veau est probablement la principale maladie que j'ai eu à traiter. Howard pourrait vous en dire très long sur le traitement de cette maladie. Le meilleur traitement consiste à isoler l'infection pour empêcher qu'elle ne se propage aux autres veaux et à l'attaquer fort et vite avec des antibiotiques.

    Il y a 70 ans, la TB bovine était courante dans le bétail canadien, mais la stratégie de l'ACIA consistant à dépister la maladie et à éradiquer le troupeau au complet chaque fois qu'un cas positif était détecté a porté fruit. Au moment où nous avons commencé l'élevage du bétail dans les année 70, la TB bovine n'était même pas une préoccupation. Cette méthode n'est pas appliquée dans le cas du troupeau de wapitis du parc. Nous savons que le troupeau est infecté et que cette infection est concentrée surtout dans la partie ouest du parc. Mais même un abattage partiel des wapitis dans cette zone où l'incidence de la maladie est élevée reste hors de question. À notre avis, Parcs Canada ne fait pas sa part. Nos troupeaux font l'objet des mesures d'éradication après un seul test positif, mais ce n'est pas le cas de son troupeau.

    Pour ce qui est du troisième point, l'absence de consultations et de participation au niveau local pour l'élaboration d'une stratégie de lutte régionale, je sais que le directeur était ici le 21 novembre. J'ai lu dans les comptes rendus qu'il a estimé que la consultation avec les gens du milieu était bonne. Il doit sûrement se bercer d'illusions, parce que je ne vois vraiment pas comment il pourrait le savoir. Il ne s'est présenté à aucune des réunions locales. Il a été tout à fait invisible sur la question de la TB bovine. Le fait de ne pouvoir discuter avec le directeur du parc a été une source de frustration majeure chez les éleveurs locaux et il n'est pas possible de parler de cette question avec des personnes de niveau hiérarchiques plus élevé chez Parcs Canada. Nous avons dû traiter avec une personne de niveau hiérarchique relativement bas—et je n'ai que de l'empathie pour ce type. Il essaie de faire un travail qui ne lui convient pas du tout et pour lequel il n'a pas été formé. Cela ne fait qu'accroître la tension.

    La stratégie de gestion de la TB bovine elle-même a été élaborée par quatre organismes gouvernementaux—l'ACIA, Parcs Canada, Manitoba Conservation et Manitoba Agriculture—sans représentation locale et sans faire intervenir les connaissances de la population locale dans l'élaboration du plan. Ce plan nous est tombé dessus en août dernier. Il a fallu beaucoup de pressions pour que notre association provinciale, l'Association des éleveurs de bétail du Manitoba, puisse participer aux discussions et son rôle a été marginal étant donné que les choses étaient déjà très avancées.

Á  +-(1140)  

    Nous voyons la tuberculose bovine comme un problème régional. Les producteurs et les gestionnaires du parc ont tous un rôle à jouer pour limiter les interactions entre les wapitis et le bétail, parce qu'elle sont à la source de la propagation de la maladie.

    Nous devons travailler en partenariat avec le parc pour établir une stratégie régionale, en collaboration avec d'autres ministères et l'AEM. Si nous, les producteurs, participons à l'élaboration de la stratégie, nous allons y adhérer.

    Pourquoi Parcs Canada est-il incapable de coopérer positivement avec ses voisins pour lutter contre la TB bovine? Nous avons l'impression que cela découle de leur culture ministérielle.

    La culture de Parcs Canada est très forte. Elle vient des services de garde que le ministère assure dans le parc depuis la plus grande partie de son existence. Le service de garde est essentiellement une force policière fondée sur une philosophie très linéaire qui donne lieu à des attitudes plutôt bornées. Aucune de ces caractéristiques n'aidera le personnel de Parcs à s'attaquer aux problèmes régionaux de façon novatrice, même si c'est ce que préconise leur nouveau mandat.

    On décrit souvent le mont Riding comme une île sauvage dans une mer d'agriculture, ce qui sous-entend que l'île est une bonne chose, alors que la mer en est une mauvaise ou que le parc représente le bien, alors que les agriculteurs font le mal, parce qu'ils coupent des arbres, cultivent des plantes et élèvent du bétail. J'ai même entendu des employés de Parcs dire que le problème de la tuberculose ne venait pas des wapitis atteints, mais de l'élevage de bétail autour du parc. Ce serait notre faute. On ne saurait être plus loin de la vérité.

    Ray et moi sommes tous deux partis de la Saskatchewan pour déménager ici parce que nous aimions le milieu. Nous voulions vivre et travailler près d'un parc national. Pour gagner notre vie, nous laissons le plus de nature sauvage possible sur nos fermes. Plus la biodiversité est grande à l'extérieur du parc, plus le parc préserve son intégrité écologique.

    J'ai entendu d'innombrables producteurs parler des grandes zones naturelles qu'ils laissaient sur leurs propriétés. L'élevage bovin est propice à la préservation d'aires naturelles, aux pâturages à biodiversité élevée et aux champs de foin, ce qui fait qu'il est beaucoup moins dommageable pour le parc que des exploitations céréalières favorisant le déboisement, les champs clôturés et la monoculture.

    Il est temps que Parcs Canada prenne conscience que les éleveurs de bovins des environs du mont Riding sont ses amis. Ce dont les producteurs locaux et le mont Riding ont vraiment besoin, c'est d'une nouvelle forme de collaboration à l'avantage de tous.

    Nous, les producteurs, apprécions les avantages économiques que nous tirons du parc. Mes trois enfants ont financé leurs études grâce à des emplois d'été au mont Riding. Beaucoup d'éleveurs ont un conjoint qui y travaille.

    Nous pouvons certainement exploiter nos élevages plus en harmonie avec le mandat du parc. Parcs doit comprendre qu'il a également besoin de nous pour atteindre son objectif d'intégrité écologique, parce que nous gérons la nature qui se trouve aux abords du parc. Le ministère doit apprendre à travailler avec nous.

    Il existe une structure locale pouvant favoriser une façon de faire à avantages réciproques. Il s'agit de la Réserve de la biosphère du mont-Riding, qui a été désignée comme telle par les Nations Unies. La réserve correspond à peu près à la zone de lutte contre la TB bovine. Ray en est l'ancien président et j'en suis l'actuel.

    Je crains de ne plus avoir de temps. Nous pourrons discuter davantage de la Réserve de la biosphère pendant la période des questions. Je pense qu'il est maintenant temps d'écouter quelqu'un qui a connu des malheurs que j'espère ne jamais connaître.

+-

    Le président: Merci, monsieur Whitaker.

    Nous allons maintenant céder la parole à M. Armbruster.

+-

    M. Ray Armbruster (À titre individuel): Merci, monsieur le président.

    J'aimerais d'abord vous remercier, vous et le comité permanent, de bien vouloir entendre un producteur local de la région de Rossburn. Je vais vous parler un peu de mon expérience pour vous aider à comprendre mon point de vue d'aujourd'hui.

    Je suis producteur à Rossburn, au Manitoba, et depuis 25 ans, j'exploite un élevage bovin dans la vallée de Birdtail, qui longe le parc national du Mont-Riding. À l'automne 97 et au début de 98, nous avons perdu notre troupeau et une partie de nos chevaux en raison de la tuberculose bovine. Pendant 17 ans, j'ai été propriétaire et exploitant d'une pourvoirie familiale offrant des écotours à cheval dans le parc national du Mont-Riding. Comme John l'a mentionné, j'ai également assumé la présidence de la Réserve de la biosphère du Mont-Riding de 1988 à 1992.

    Je travaille actuellement pour une association de producteurs locale, qui s'occupe du problème de la tuberculose autour du parc. Depuis peu, la perte de mon troupeau, en 1997, m'a amené à travailler également au sein d'un groupe de soutien. Actuellement, nous tentons de venir en aide aux familles d'éleveurs qui subissent la vague d'abattage intégral.

    La première fois où nous avons été touchés par la tuberculose bovine dans la région remonte à 1991. Un troupeau se trouvant à environ 4 milles de chez moi en était atteint. C'était la première manifestation, d'après ce que je savais, qu'il y avait quelque chose qui clochait dans la région. Suivant les mesures que vous connaissez tous, ce troupeau a été abattu au complet. En tant que voisin, nous comprenions bien ce que ses propriétaires vivaient. C'était accablant. Je pense notamment à l'indemnisation qui leur a été versée, à la non-production une fois qu'ils ont été payés et aux mises en quarantaine qu'ils ont dû subir. Je vais vous en parler davantage lorsque je vous décrirai ma propre situation.

    C'est également en 1991 qu'on a relevé le premier cas de wapiti atteint de tuberculose bovine. Il s'agissait d'un wapiti abattu par un chasseur et dont le test de dépistage a donné des résultats positifs.

    J'étais alors président de la Réserve de la biosphère du Mont-Riding. Pour vous mettre en contexte, je préciserai que j'ai des rapports privilégiés avec le parc national du Mont-Riding, parce que j'habite juste à côté. Je passe beaucoup de journées et beaucoup d'heures à chaque saison de l'année dans les aires naturelles du parc.

    Après ce premier cas de wapiti malade, j'ai commencé à penser à mes propres expériences, à me remémorer le passé, et j'ai constaté combien la population de wapitis sauvages avait changé au mont Riding. Je ne suis pas un scientifique, mais en tant que producteur local, que personne ayant la chance de voir la situation évoluer au jour le jour, j'ai constaté des changements dans les troupeaux. J'ai constaté qu'il y avait de moins en moins de wapitis mâles adultes. La densité des troupeaux chutait et on pouvait voir que quelque chose n'allait pas, de toute évidence. Les taux de mortalité massive étaient beaucoup plus élevés qu'ils auraient dû l'être seulement en raison de la dureté de l'hiver. Il était inhabituel de se promener dans la vallée de Birdtail et d'y trouver parfois un grand nombre d'animaux morts, plus encore que ce qui pourrait être attribuable à l'inanition.

    À ce moment-là, où j'étais président de la Réserve de la biosphère, je me suis dit que c'était une excellente occasion de lancer un programme de surveillance des wapitis. J'ai alors recommandé au personnel du parc, ainsi qu'aux chasseurs de la région, d'examiner des spécimens d'animaux tués dans le parc afin de comprendre si cette maladie était vraiment active chez les populations sauvages.

    Lorsque j'ai commencé à m'interroger sur la question, je me suis documenté le passé. J'ai découvert qu'en 1976, à la moitié des années 70, un programme de recherche sur le loup avait été mis en oeuvre. On avait alors observé des lésions de tuberculose bovine dans les intestins de deux jeunes loups trouvés morts. Selon les recherches, ces loups s'alimentaient principalement de wapitis et à l'occasion, en saison, de castors.

    Il n'est pas difficile de conclure que cette maladie n'est pas seulement apparue en 1991. Il est probable que le mont Riding est un réservoir de la maladie depuis quelque temps. J'ai fait des recommandations. Je craignais beaucoup que si nous ne nous en occupions pas tout de suite, la propagation de la maladie risquait augmenter. Je disais que la question à se poser n'était pas à savoir si la maladie allait frapper, mais quand elle allait le faire. J'étais loin de me douter qu'en 1997, ce serait mon tour. Personnellement, j'ai trouvé cette situation extrêmement pénible, parce qu'elle touche toutes les facettes de la vie et qu'il faut du temps pour s'en remettre.

Á  +-(1145)  

    Je vais vous donner une petite idée de ce que cela signifie. Quelqu'un vous appelle un jour pour vous dire qu'on a relevé dans votre troupeau des traces de ce qui pourrait être de la tuberculose. Vous vous présentez, votre troupeau est inspecté, et si l'on détecte des animaux positifs, vous êtes mis en quarantaine. La mise en quarantaine signifie que tout doit demeurer exactement à sa place sur la moindre parcelle de votre propriété: rien ne peut en sortir et rien ne peut y entrer.

    Après deux ou trois mois d'analyse des lésions de TB, vous devez entreprendre l'abattage intégral du troupeau. Il faut tuer les animaux de la ferme. Le troupeau détruit alors comptait environ 130 bovins.

    Trois chevaux ont également été retirés de notre écurie. Ces chevaux ne se trouvaient pas avec le bétail, mais ils étaient en contact avec lui par la clôture. À ce que je sache encore aujourd'hui, les chevaux ne sont pour ainsi dire pas touchés par la tuberculose. Il est très rare qu'ils contractent la maladie, mais ces animaux ont dû être retirés. J'ai trouvé plutôt ironique de les retirer, de tuer des espèces d'animaux ne posant essentiellement pas problème, alors qu'on ne veut pas reconnaître le fait que la source de la maladie provient d'un animal en libre circulation, ce qui fait que nous ne nous attaquons pas au problème.

    Lorsqu'on abat son troupeau, il faut s'occuper de l'indemnisation. C'est très stressant, parce que chaque animal du troupeau doit y passer. C'est comme une mise aux enchères. On essaie d'en tirer le moindre sou possible. Une fois les négociations terminées, on en vient à une entente et il faut pratiquement accepter ce que l'on vous offre. On essaie ensuite de ramasser les morceaux et de recommencer.

    Notre cas est survenu au coeur de l'hiver dans la prairie canadienne, vous savez ce que c'est. Tout est gelé, il fait froid et on ne peut pas commencer le nettoyage. On reste en quarantaine pendant six mois, environ, ce pour quoi il y a peu d'indemnisations, et on tente de repartir son entreprise. Cet épisode date de six ou sept ans, mais ce n'est que depuis l'automne dernier que mon troupeau est enfin revenu à son niveau d'alors.

    L'indemnisation versée alors était cruellement insuffisante, parce qu'on ne tenait nullement compte de la perte de production. En 1998, je n'ai absolument rien produit; je n'avais aucun bovin à vendre. Il n'y a aucune indemnisation non plus pour le nettoyage et la désinfection.

    Les incidences sur la famille sont désastreuses. Cela envahit toute votre vie. J'ai un fils qui envisageait alors de prendre part à l'exploitation bovine familiale. Il avait quelques animaux dans le troupeau, mais il n'y avait plus de troupeau. Il a franchement reculé et désormais, il ne sait plus s'il veut s'embarquer dans tout cela.

    Mon père était sur le point de prendre sa retraite. Il se trouvait dans une situation où il me voyait paralysé, où je ne pouvais rien faire pour prendre la pleine responsabilité de la ferme et le laisser s'en aller. Tout cela en raison des conséquences économiques de ce qui nous arrivait.

    Monsieur le président, encore une fois, j'ai alors fait des recommandations au parc et au ministère des Ressources naturelles du Manitoba, et ce n'est qu'alors qu'on a finalement commencé à observer les populations sauvages. Depuis ce temps, nous n'avons cessé de répertorier des wapitis atteints de la maladie et en 2002, nous avons observé un premier cas chez le cerf de Virginie. Nous avons changé notre méthode, de sorte que plutôt que de dépister la tuberculose bovine chez les bovins, nous avons commencé à observer où elle se manifestait chez les wapitis. Nous vérifions ensuite les troupeaux de bovins, et c'est de cette façon que nous avons découvert le troupeau en 2001.

    Il en allait de même pour d 'autres personnes dans la même situation: elles devaient prendre les mêmes mesures que nous.

    Comme d'autres l'ont déjà dit, la situation s'aggrave, parce que nous en sommes maintenant à l'instauration d'une zone d'éradication, dans laquelle tous les troupeaux doivent faire l'objet d'un dépistage.

    En tant que membre du groupe de soutien, j'ai eu l'occasion de rencontrer des familles qui vivent la même chose, qui se trouvent dans la même situation que nous il y a quelques années. Ce qui est remarquable au fil des ans, c'est que tous les producteurs et tous les éleveurs de la région prennent conscience de leur responsabilité dans cette lutte. Ils sont extrêmement coopératifs, font les tests voulus et encaissent des pertes personnelles, certains plus que d'autres. Ils continuent sans cesse. Ils savent que leur rôle à jouer dans cette histoire consiste à nous aider à retrouver le statut de zone exempte de tuberculose.

Á  +-(1150)  

    Certains producteurs dont les troupeaux ne sont pas atteints de tuberculose doivent absorber des coûts. Il peut y avoir des pertes lorsqu'on soumet le bétail aux tests de dépistage à ce temps de l'année. Des vaches avorteront. Il peut y avoir des blessures. Il n'y a pas d'indemnisation pour cela. Il est coûteux à ce temps de l'année de soumettre le bétail à ces tests. Les éleveurs le font en empiétant sur le propre temps à leurs propres frais.

    Il y a aussi les obstacles à la vente pour les producteurs. Nous sommes marqués, vraiment marqués. Plus personne ne veut vraiment avoir beaucoup à voir avec nous dorénavant.

    L'élevage est un secteur où il y a beaucoup de concurrence. Nous avons changé énormément nos méthodes pour nous adapter à la zone d'éradication de la tuberculose et pour y survivre.

    Enfin, monsieur le président, les producteurs se rendent compte que Parcs Canada doit prendre ses responsabilités dans cette affaire. Nous sommes en faveur d'un abattage massif de wapitis pour des raisons scientifiques afin de réduire le troupeau et ses interactions avec le bétail, mais aussi d'approfondir nos connaissances scientifiques en étudiant les animaux abattus.

    Le parc national du Mont-Riding fait partie du problème. Il doit faire partie de la solution.

    Merci.

Á  +-(1155)  

+-

    Le président: Je vous remercie beaucoup, Ray.

    Nous tenons à remercier tous les témoins d'aujourd'hui pour leurs exposés très éloquents. C'est une réalité qu'on ne peut vraiment comprendre que par l'expérience. Nous vous remercions de votre déclaration.

    Nous allons maintenant amorcer la période de questions.

    Vous avez sept minutes, Howard.

+-

    M. Howard Hilstrom (Selkirk—Interlake, Alliance canadienne): Merci, monsieur le président.

    L'exposé de M. Preston n'a été distribué qu'en anglais. Il l'a lu, puis il a été traduit en français. Pour tout renvoi que je pourrais y faire, son exposé a déjà été traduit pour ceux qui parlent français.

    J'ai demandé à la ministre Sheila Copps, en Chambre, ce qu'elle pensait de l'éradication des wapitis dans la zone de prévalence de la maladie. Elle m'a demandé si je m'attendais à ce qu'elle aille abattre des wapitis. C'est le genre de réponse arrogante qu'on m'a servie lorsque j'ai tenté de soulever la question ici.

    Garth, vous faites partie de l'Association des éleveurs du Manitoba. Avez-vous entendu M. Lyle Vanclief, le ministre de l'Agriculture, dire qu'il se battait pour la prise de mesures plus offensives pour contrer la tuberculose? En somme, l'ACIA fait-elle son travail?

+-

    M. Garth Routledge: Jusqu'à maintenant, non, nous n'avons pas entendu parler de réactions positives de la part de notre ministre.

+-

    M. Howard Hilstrom: À ce que je vois, ce gouvernement ne prend pas le problème au sérieux. C'est pourquoi il est si important que vous soyez ici aujourd'hui pour nous transmettre votre message. Je crois que je vais le laisser parler de lui-même.

    La TB bovine dans la région de Grandview vient d'une vache originaire de la région du parc. Grandview se trouve à une bonne distance du parc du Mont-Riding. La maladie va se propager. Il y a moins de risques depuis que cette zone a été désignée zone d'éradication, mais les wapitis atteints de la maladie se déplacent eux aussi.

    Monsieur Preston, les wapitis sortent-ils du parc pour se rendre jusqu'au mont Duck et peut-être jusqu'en Saskatchewan?

+-

    Dr Allan Preston: Certainement. Nous avons entendu diverses anecdotes au fil des ans nous laissant supposer qu'ils se déplacent. Récemment, nous avons posé des colliers émetteurs sur des wapitis. Ils se déplacent effectivement. Dans une certaine mesure, ces recherches se poursuivent.

    Comme vous le savez bien, au moins un wapiti s'est aventuré hors du parc pendant l'été et vit maintenant au mont Duck, qui se trouve à une bonne distance du parc.

+-

    M. Howard Hilstrom: D'accord. Vous avez déclaré que la province du Manitoba n'y irait pas de main morte pour enrayer ce problème. La province du Manitoba ne fait pas meilleure figure que Patrimoine Canada et Parcs Canada. Je vais vous expliquer pourquoi, monsieur Preston.

    Vous êtes un représentant. Ma critique ne vous vise pas directement. C'est un enjeu politique.

    La province du Manitoba est l'autorité compétente en matière de conservation et bien sûr, d'agriculture et agroalimentaire. Vous avez mentionné, dans votre exposé, que le Manitoba avait pris plusieurs mesures pour lutter de façon offensive contre la tuberculose. Qu'entendez-vous par «offensive»?

    Plus tard dans votre exposé, vous avez dit que les producteurs de bétail ne pouvaient espérer réussir l'éradication de la tuberculose tant que les responsables de la gestion de la faune ne feront pas les mêmes efforts pour gérer et contrer la maladie. Tentez-vous de gérer et de contrôler la maladie dans la province du Manitoba ou voulez-vous l'éradiquer?

  +-(1200)  

+-

    Dr Allan Preston: L'intention déclarée de mon ministre et du ministre Ashton, du ministère de la Conservation du Manitoba, consiste à éradiquer la maladie.

    Je le répète, il est beaucoup plus difficile d'éradiquer la maladie dans la population sauvage que dans les troupeaux d'élevage. Les efforts qu'a commencés à déployer le ministère de la Conservation du Manitoba par la stratégie de gestion de la tuberculose nous mènera vers ce but, mais ce n'est qu'une pièce du casse-tête.

+-

    M. Howard Hilstrom: Combien de wapitis ont été abattus par des chasseurs en 2002?

+-

    Dr Allan Preston: Environ 265, il me semble. C'est un nombre bien bas comparativement aux prévisions.

+-

    M. Howard Hilstrom: Combien y a-t-il de wapitis dans le parc? Environ 5 000?

+-

    Dr Allan Preston: Les chiffres varient, et mes collègues souhaiteraient peut-être intervenir, mais selon le recensement de l'an dernier, leur nombre était de l'ordre de 4 000. On vient tout juste de terminer le recensement de cette année. Je ne suis pas certain des derniers chiffres.

+-

    M. Howard Hilstrom: Si leur taux de naissance est de 50 p. 100, environ 2 000 wapitis viendront au monde en juin et juillet dans le troupeau cette année, n'est-ce pas?

+-

    Dr Allan Preston: Si la population est effectivement aussi élevée, le taux de reproduction pourrait se rapprocher de cela.

+-

    M. Howard Hilstrom: Oui, 50 p. 100 serait un taux de naissance raisonnable pour eux. Il pourrait probablement même être plus élevé. Nous avons ici un spécialiste des wapitis.

    Le problème porte donc sur le mot «offensive» et je suis d'avis que la province du Manitoba n'intervient pas de façon assez offensive. Elle rend l'appâtage encore plus restreint qu'avant. Nous n'avons jamais été autorisés à appâter les wapitis, mais la province resserre encore davantage ses restrictions.

    Si vous passiez à l'offensive en favorisant un taux élevé d'abattage par les chasseurs, pourquoi la province du Manitoba ne rendrait-elle pas légal l'appâtage des wapitis avec deux ou trois bottes de foin dans des zones stratégiques et pourquoi ne laisserait-elle pas tous les chasseurs atteindre leur quota, après quoi elle pourrait brûler ces balles au sol, se débarrasser de toute trace de la maladie et ne jamais laisser du bétail s'en approcher? Quel serait le problème? Cela ne serait-il pas plus offensif que de dire aux éleveurs de retirer leurs balles des champs?

+-

    Dr Allan Preston: Je crois que le dilemme dans lequel nous nous trouvons, c'est qu'il y a différentes méthodes utiles pour réduire à la fois le nombre de wapitis et leurs interactions avec le bétail, et parfois, comme vous l'avez dit, ces mesures semblent pouvoir servir à d'autres fins.

    La difficulté, si nous appâtons les bêtes, c'est que nous réglerons un problème en éliminant peut-être plus de wapitis, mais nous pourrions aggraver les ravages de la maladie en concentrant les animaux à certains endroits.

    Nous avons donc discuté de ces possibilités et en avons débattu en comité afin de déterminer quelle est la meilleure façon de procéder. Je conviens qu'il y a divers objectifs en jeu, mais en bout de ligne, nous avons jugé l'interdiction de l'appâtage en dehors du parc très important pour réduire les interactions, compte tenu que cela ne nous aidera pas à réduire le nombre de bêtes.

+-

    M. Howard Hilstrom: Il est pour le moins cocasse que la province du Manitoba accepte un plan ne prévoyant pas l'éradication complète d'un troupeau de wapitis, qui comprend peut-être de 100 à 200 bêtes, dans la vallée de Birdtail. Cela a-t-il été pris en compte et dans l'affirmative, pourquoi une telle mesure n'a-t-elle pas été adoptée dans le cadre d'un plan offensif visant à éradiquer la maladie?

+-

    Dr Allan Preston: Je suis certain que vous pouvez comprendre que lorsque plusieurs organismes tentent de négocier un plan, il en résulte parfois un consensus plutôt qu'une mesure que l'un de ces organismes aurait pu prendre seul, et c'est précisément le cas des mesures dont vous parlez.

    Il est clair que le ministère de l'Agriculture du Manitoba a toujours recommandé une intervention dans les zones névralgiques pour éliminer de grandes populations d'animaux. Cela a toujours été notre objectif.

    Le ministère de la Conservation du Manitoba a accepté, jusqu'à un certain point, qu'on le fasse à l'extérieur du parc. Notre difficulté consistait et consiste toujours à obtenir le même engagement à l'intérieur du parc.

    Ceci dit, toutefois—et Ray Armbruster aura certainement des observations à faire à cet égard—l'idée d'éliminer de grands nombres d'animaux dans la vallée de Birdtail nous semble bonne. Il y aurait probablement des raisons scientifiques de le faire, mais il existe des difficultés logistiques extrêmement difficiles à surmonter pour atteindre cet objectif. Cependant, cela ne signifie pas que nous ne devrions pas au moins inscrire cet objectif sur papier.

+-

    Le président: Merci.

    Je vous remercie beaucoup. Nous allons revenir à vous à la prochaine ronde de questions.

    Monsieur Gagnon.

[Français]

+-

    M. Marcel Gagnon: Merci, monsieur le président.

    Ce que j'entends ce matin me donne l'impression que plus on avance, plus c'est pareil. Par exemple, j'écoutais Ray Armbruster parler des problèmes qu'il a eus quand on a découvert la maladie dans son troupeau. J'ai 66 ans et je me rappelle que quand j'étais tout jeune, dans la ferme de mon père, on a eu exactement le même problème. On a dû abattre un troupeau atteint de tuberculose.

    En même temps, je me demande comment il est possible qu'aujourd'hui, alors qu'on avance dans beaucoup de domaines et que la recherche devrait se faire, on soit encore aux prises avec ce problème-là et qu'il continue de faire des ravages. J'aimerais savoir quelle est la perte financière que peut occasionner une maladie comme celle-là en une année, à l'échelle du pays. On a tendance à oublier cette maladie, mais on ne devrait l'oublier que le jour où on l'aura complètement éradiquée.

    Je voudrais faire une parenthèse, monsieur le président. J'aimerais qu'à l'avenir on dise aux invités qu'il faut présenter les documents en français aussi, parce que je suis un peu mal à l'aise de poser des questions quand je n'ai pas eu les documents en français. On s'excuse après coup et je veux bien accepter les excuses, mais ça va quand même mieux quand je suis au même point que les autres.

    Donc, je me demande s'il y a de réelles tentatives de plans pour qu'un jour, on puisse trouver le moyen de vraiment régler le problème de cette maladie dans l'ensemble du pays. On a l'impression que quand on fait un travail à un endroit, c'est un autre endroit qui devient contaminé. Vous quatre accusez entre autres Parcs Canada qui, semble-t-il, ne fait pas le travail qu'il devrait faire pour enrayer cette maladie. Selon vous, est-ce qu'il existe un plan d'attaque pour vraiment enrayer la maladie? Et s'il n'en existe pas, est-ce que ce serait possible d'y penser? Je pose la question à l'un de vous quatre.

  +-(1205)  

[Traduction]

+-

    M. Garth Routledge: J'aimerais répondre le premier, si possible. Nous nous excusons de ne pas avoir fait traduire nos documents en français, mais je n'ai pu confirmer ma présence à la séance d'aujourd'hui que jeudi dernier en fin de journée en raison de réunions, d'échéances et de tout le reste. Nous n'avons pas pu faire traduire le document pendant la fin de semaine, mille excuses. J'espère pouvoir faire mieux la prochaine fois.

[Français]

+-

    M. Marcel Gagnon: Heureusement qu'on a une excellente traductrice qui travaille vite.

[Traduction]

+-

    M. Garth Routledge: Je trouve vos observations sur ce dont vous vous rappelez des tests très intéressantes. Comme je l'ai indiqué dans notre exposé, le problème ne date pas d'hier. Il est déjà arrivé à d'anciennes générations de ma famille que l'ensemble du troupeau d'une ferme soit abattu et que la famille perde son élevage. C'était tragique à l'époque.

    Il est malheureux que nous nous trouvions dans cette position aujourd'hui. La tuberculose est une maladie qui peut apparaître de temps à autre au pays, parce qu'elle peut rester en dormance de nombreuses années. L'aspect malheureux, c'est que nous avons mis beaucoup de temps à repérer son réservoir. Ce n'est qu'au cours de la dernière année ou des deux dernières années que nous avons vraiment pris une décision.

    Je suis d'accord avec vous en ce sens que je ne peux comprendre, du point de vue d'un éleveur et d'une association d'éleveurs, la logique qui distingue la tuberculose, soit une maladie animale exotique, de toutes les autres maladies animales exotiques. Nous n'obtiendrions certainement pas la même réponse s'il s'agissait de l'encéphalopathie des cervidés ou de la fièvre aphteuse. Mais qu'est-ce qui rend la tuberculose si différente pour que nous la traitions avec des gants blancs? Nous ne pouvons tout simplement pas comprendre pourquoi il en est ainsi. Nous revenons constamment à cette question.

[Français]

+-

    M. Marcel Gagnon: Est-ce que selon vous, il y a suffisamment de recherche qui se fait pour trouver le moyen d'enrayer cette maladie, ou considère-t-on que ce n'est pas assez grave pour investir dans la recherche?

  +-(1210)  

[Traduction]

+-

    M. Garth Routledge: Il ne fait aucun doute que la poursuite de la recherche est fondamentale. Plus il y en aura, mieux nous nous porterons et plus nous comprendrons cette maladie et d'autres maladies dans l'avenir. Toutefois, il faut finir par admettre que nous avons suffisamment de données scientifiques pour passer à l'action, chose que nous n'avons pas faite jusqu'à maintenant. Il y a une multitude de données scientifiques pouvant nous guider, voire nous donner la réponse parfaite. Il faut cesser les recherches et passer à l'action. Le temps approche grandement où, malheureusement, il sera trop tard pour agir efficacement.

    La maladie se propage rapidement. Elle a maintenant atteint les populations de cerfs de Virginie. Il est clair que nous ne devons pas refaire toutes les mêmes recherches au sujet de la population de cerfs de Virginie et passer 10 ans à discuter du problème chez ces cerfs. Nous pouvons constater, au Michigan, les conséquences désastreuses de telles lenteurs.

[Français]

+-

    M. Marcel Gagnon: Donc, on a fait assez de recherche et on s'y connaît, mais ce qui manque maintenant, c'est la volonté politique de faire un plan d'ensemble qui permettrait d'enrayer une fois pour toutes cette maladie-là ou de très bien la contrôler. Est-ce que cette volonté politique peut exister au niveau de différentes provinces? Il s'agirait alors de mettre les efforts en commun. Je pense, par exemple, aux plans sur l'agriculture qu'on a et qui font plus ou moins l'affaire des différentes provinces. Peut-être qu'un plan d'ensemble pour enrayer cette maladie serait mieux accepté et ferait l'affaire de tout le monde. Est-il possible de faire ça à l'heure actuelle?

[Traduction]

+-

    M. Ray Armbruster: Oui, je suis totalement d'accord avec vous, monsieur Gagnon. Peut-être cela fait-il partie du vrai problème. Nous avons un protocole qui a longtemps été très efficace pour la gestion des animaux d'élevage au pays, mais la société et les politiciens semblent afficher une véritable indifférence lorsqu'il s'agit de maladies touchant les populations sauvages. C'est peut-être le plus grand problème et le plus grand obstacle politique à surmonter. Nous devons lutter efficacement contre les maladies des populations sauvages comme nous nous luttons contre celles des populations d'élevage. C'est probablement un enjeu extrêmement délicat.

+-

    Le président: Je vais laisser M. Preston vous répondre. Je crois qu'il a quelque chose à dire à M. Gagnon avant de le laisser conclure.

+-

    Dr Allan Preston: Oui, j'aimerais brièvement dire deux choses. D'abord, beaucoup de recherches ont déjà été réalisées. Cela ne signifie pas qu'il ne faut pas aller plus loin. L'un des enjeux les plus importants de la recherche consiste à élaborer un test sanguin permettant de dépister la tuberculose rapidement plutôt qu'en trois jours comme maintenant. Les travaux se poursuivent, mais ce qui manque probablement, comme vous l'avez bien dit, c'est la volonté politique d'aller de l'avant pour éradiquer la maladie de façon plus offensive.

    J'aimerais aussi parler brièvement du cadre politique agricole. À titre de vétérinaire, je suis outré que les maladies animales ne soient mentionnées que de façon superficielle dans le cadre politique agricole. Il y a, bien sûr, beaucoup d'éléments à prendre en compte dans ce document, mais nous essayons à tout le moins de sensibiliser davantage les gens aux maladies animales, car la santé animale est importante. Nous avons maintenant légèrement voix au chapitre pour le souligner.

    Nous ne sommes pas encore certains si cet enjeu s'insérera dans le contexte de la gestion du risque des entreprises ou dans celui de la salubrité des aliments. Chose certaine, les vétérinaires des provinces et ceux qui se préoccupent de la santé animale s'efforcent de faire en sorte qu'on s'y attarde. Merci.

+-

    Le président: Merci beaucoup, monsieur Preston.

    Nous allons maintenant passer au prochain orateur, notre secrétaire parlementaire, M. Duplain, pour sept minutes.

[Français]

+-

    M. Claude Duplain (Portneuf, Lib.): Vous dite qu'il y a suffisamment de recherche qui a été faite et que maintenant il faut agir. Que faut-il faire concrètement pour agir? Et en avez-vous informé les paliers de gouvernement? Est-ce que des suggestions concrètes ont été faites? Si la recherche est faite et qu'il faut agir, que faut-il faire?

  +-(1215)  

[Traduction]

+-

    Dr Allan Preston: Je vais vous faire part de mes observations, et je suis sûr que d'autres le feront aussi.

    Je crois fermement que la balle est désormais dans le camp de Parcs Canada. Il faut prendre des mesures pour réduire la population de wapitis à l'intérieur des limites du parc. Des mécanismes sont déjà en place, tout imparfaits soient-ils, pour réduire la population à l'extérieur du parc, mais il y a au moins une volonté de le faire. La même volonté ne se manifeste pas à l'intérieur du parc, et je crois que c'est au ministère de prendre des responsabilités en ce moment.

    Il faut que des mesures soient prises pour réduire la population en général, qu'il s'agisse de la réduire de 50 p. 100 ou jusqu'à 2 500 têtes, l'objectif reste un peu évasif, mais il faut réduire cette population.

    De plus, et c'est probablement encore plus important, il y a des preuves qui nous indiquent quelles parties de la population sont les plus affectées dans quelles parties du parc, et je crois qu'il serait fort à propos de concentrer les efforts de réduction dans ces zones.

[Français]

+-

    M. Claude Duplain: Je trouve très émouvant d'entendre ce qui est arrivé à certaines entreprises bovines. On dit que les recherches sont réalisées et qu'on devra passer à l'action, mais quand je vous demande quels moyens seront pris, vous dites que ce n'est pas encore certain. Si je comprends bien, Parcs Canada, les éleveurs de bovins, l'Agence canadienne d'inspection des aliments et, dans les cas où les animaux se trouvent en dehors du parc, la province sont engagés dans ce dossier.

    Est-ce que la communication est bonne entre les trois grands mouvements qui sont impliqués? Est-ce que les trois prennent des mesures en commun? Si, dans un cheptel de 4 000 bêtes, on en tue 3 000 et que parmi les 1 000 animaux restants, 10 sont malades, qu'est-ce qui arrive? Est-ce que la maladie continue? Quelle est la vraie solution? Est-ce que c'est l'élimination complète?

    Vous me dites que la recherche est faite et que tout le monde sait quoi faire. Alors, qu'est-ce qu'on fait demain matin?

[Traduction]

+-

    Le président: Monsieur Whitaker.

+-

    M. John Whitaker: Pour ce qui est de la communication, Garth pourra vous dire ce qu'il pense de la communication entre le groupe de lutte contre la TB et l'organisme provincial, mais à l'échelle locale, c'est épouvantable.

    Les producteurs locaux n'ont pas l'impression d'être dans le coup. Nous ne sommes même pas certains d'avoir l'attention de Parcs Canada à ce propos. Je le répète, nous voyons l'absence du directeur du parc à nos réunions et notre incapacité d'entrer seulement en communication avec un cadre supérieur de Parcs Canada comme un manque de respect et un signe que nos opinions et nos besoins ne sont pas pris en compte.

    Nous croyons pourvoir contribuer beaucoup au plan d'éradication de la maladie, parce qu'elle ne sévit pas seulement dans le parc, elle sévit dans toute notre région. Elle touche déjà au moins deux espèces, et bon nombre des mesures qui devront être prises seront déployées sur nos terres.

    Nous voulons participer à la discussion. Ce serait un bon premier pas pour nous.

+-

    Le président: Monsieur Preston.

+-

    Dr Allan Preston: J'aurais un commentaire à faire au sujet des faits scientifiques. Bien qu'elle soit un peu boiteuse, la théorie générale en ce qui concerne les animaux sauvages atteints de tuberculose bovine veut qu'en réduisant la population dans le parc, la maladie disparaîtra du troupeau. Je ne suis pas ici pour défendre ce point de vue ou l'appuyer, mais c'est ce que les faits scientifiques dominants révèlent et c'est le raisonnement sur lequel s'appuie la décision de réduire à un certain niveau le nombre de bêtes dans le troupeau, de réduire le rassemblement d'animaux à certains points donnés. La maladie va ainsi disparaître d'elle-même.

    C'est pourquoi il est acceptable, dans le cas des troupeaux de bêtes sauvages, d'adopter cette approche plutôt qu'une éradication complète.

  +-(1220)  

+-

    Le président: Monsieur Duplain, avez-vous terminé?

    Monsieur Armbruster, avez-vous quelque chose à dire?

+-

    M. Ray Armbruster: J'aurais une observation. En tant que producteurs, nous ne souhaitons pas éradiquer complètement une espèce d'animaux dans le parc. Nous préférons qu'il y ait, dans le parc, des troupeaux sains et durables.

    Nous appuyons l'abattage sélectif fondé sur des critères scientifiques parce qu'il fournira plus de données quant à la meilleure façon de s'y prendre. Nous souhaitons que des cibles soient établies, que l'on soumettent les animaux morts à des autopsies scientifiques complètes pour connaître la gravité de la maladie chez cette espèce dans différents secteurs du parc de manière à réunir de l'information sur la façon de régler cette question.

+-

    Le président: Avant de passer à la question suivante, docteur Preston, les témoins posent des questions au sujet des bêtes à éliminer et des nombres pertinents sur le plan scientifique.

    Quel nombre de bêtes à éliminer correspondait aux critères scientifiques, selon vous? Avez-vous un chiffre particulier en tête ou parle-t-on ici de généralités?

+-

    Dr Allan Preston: Les nombres sont, comme je l'ai dit, quelque peu flottants. L'objectif fixé par le groupe de gestion de la tuberculose bovine était de 2 500. En réalité, il est probablement encore un peu trop élevé. Je crois qu'il est couramment admis par la population locale que nous devrions viser quelque chose dans l'ordre de 1 500 à 2 000 bêtes.

    Nous connaîtrons probablement d'ici à la fin du mois la population actuelle. Nous serons alors plus en mesure de déterminer ce qu'il faut faire.

+-

    Le président: Je crois que j'utilise une partie du temps alloué à M. Duplain.

    Il est question ici d'une espèce animale sauvage. Cela a-t-il quelque chose à voir avec le fait que le Fonds mondial pour la nature ou d'autres groupes du même genre exercent peut-être une influence sur le gouvernement pour qu'il n'autorise pas l'abattage des bêtes?

    Il est beaucoup plus facile de régler les questions d'agriculture quand il est question des bovins d'élevage. Quand il est question de certaines autres espèces, que ce soit des espèces que l'on peut chasser ou des espèces qui sont protégées par une quelconque loi nationale, c'est beaucoup plus difficile.

    Ces groupes ont-ils une influence sur l'impression que créent les décisions qui sont prises?

+-

    Dr Allan Preston: Je vais faire des observations. Je suis sûr que d'autres le feront également.

    C'est très vrai. Ces organismes, les divers groupes d'influence, font effectivement du lobbying et ont une certaine influence politique sur les décisions.

    Cela étant dit, toutefois, nous avons des exemples très flagrants en Saskatchewan, en Alberta, au Michigan, au Wisconsin et dans d'autres États de réductions concentrées de troupeaux sauvages en vue d'éradiquer une maladie. Le ressac n'a pas été aussi important que certains l'avaient cru.

+-

    Le président: D'accord. Nous allons maintenant passer au suivant.

    Monsieur Proctor, vous avez sept minutes.

+-

    M. Dick Proctor (Palliser, NPD): Merci, monsieur le président.

    Monsieur Routledge, vous avez dit dans votre exposé que le programme d'éradication de l'ACIA ne s'applique tout simplement pas au Parc national du Mont-Riding. J'en déduis que personne, sauf l'autorité du parc, n'a la responsabilité d'y faire quoi que ce soit.

    Est-ce bien là le principe de base?

+-

    M. Garth Routledge: C'est ainsi que nous le comprenons, oui.

+-

    M. Dick Proctor: Docteur Preston, vous avez mentionné dans votre réponse à M. Hilstrom qu'on avait tué très peu de bêtes, soit 250 environ ou moins de 300.

    Pour quelle raison?

+-

    Dr Allan Preston: La raison pour laquelle si peu de bêtes ont été abattues cette année tient à plusieurs facteurs, dont le moindre n'est pas les conditions météorologiques. En dépit de ce que nous avons vu au cours du dernier mois, l'automne et le début de l'hiver ont été doux. Nous avons un hiver doux. Les wapitis ne s'aventuraient pas à l'extérieur du parc parce qu'ils avaient suffisamment de nourriture dans le parc même.

    L'autre facteur en jeu, c'est qu'il y a eu une certaine régénération de l'habitat dans le parc qui a été plutôt réussie. À nouveau, cela a évité que les animaux sortent du parc pour se nourrir.

    Troisième point qui a une influence sur le nombre de bêtes chassées, on a fait beaucoup moins d'appâtage autour du parc cette année.

    Un autre facteur est le prix du foin qui est très élevé cette année. Très peu de bottes de foin ont été laissées dans les champs aux alentours du parc.

    Les wapitis ne sont pas sortis du parc et ne se sont pas mis à la portée des chasseurs pour plusieurs raisons.

+-

    M. Dick Proctor: Nous avons tous entendu le bon vieux dicton selon lequel les bonnes clôtures font les bons voisins. À quel point un bon clôturage contribue-t-il à tenir isolés les uns des autres les troupeaux de bovins et de wapitis?

    On a déjà pris des mesures, mais il faut faire davantage. Est-ce bien cela?

+-

    Dr Allan Preston: Oui. Pour ce qui est du clôturage, on envisage, dans le plan de gestion, de clôturer et de protéger le fourrage d'hiver. La transmission de la bactérie par le fourrage est une réalité. Si on peut protéger le fourrage d'hiver des animaux sauvages, il n'y aurait alors pas de contamination.

    Je crois qu'on en est actuellement à 38 clôtures environ en vue de protéger les sites d'alimentation ou d'entreposage du fourrage. En réalité, il en faudrait probablement 250.

    Cela ne représente, à nouveau, qu'un seul élément des mesures à prendre pour réduire l'interaction, mais il est crucial.

  +-(1225)  

+-

    M. Dick Proctor: Si j'ai bien compris ce que vous avez dit, vous avez affirmé très clairement que ce qu'il faut, c'est une approche plus focalisée de la part d'Ottawa. C'est ce que j'ai compris, même si vous n'avez peut-être pas utilisé ces mots exacts.

    Les deux mesures les plus névralgiques à prendre en ce moment sont-elles de réduire la fréquence des contacts entre les animaux sauvages et le bétail d'élevage et, probablement, un plus grand abattage sélectif fondé sur des critères scientifiques?

+-

    Dr Allan Preston: J'en suis convaincu. Je crois que mes collègues à la table le sont aussi. Si nous pouvons procéder à cet abattage sélectif dans les secteurs où la maladie est la plus répandue et si nous pouvons en apprendre des animaux en effectuant des tests de dépistage lorsqu'ils sont tués, nous serons beaucoup plus près de la solution.

+-

    Le président: La parole va à Mme Skelton, pour cinq minutes.

+-

    Mme Carol Skelton (Saskatoon—Rosetown—Biggar, Alliance canadienne): Tout d'abord, 265 wapitis ont été abattus cet automne par des chasseurs. Parmi eux, y en avait-il qui étaient atteints de tuberculose?

+-

    Dr Allan Preston: Tous les wapitis et les cerfs de Virginie qui sont tués dans le secteur sont examinés. Jusqu'ici, aucun des wapitis n'était infecté. En fait, pas un seul n'en a même été soupçonné, si je puis m'exprimer ainsi. Malheureusement, on soupçonne un cas chez les cerfs de Virginie. Les tests se poursuivent, mais disons que l'on soupçonne une infection.

+-

    Mme Carol Skelton: Vous avez parlé de 4 000 wapitis environ. Combien de cervidés en tout se trouvent dans le parc?

+-

    Dr Allan Preston: Je crois qu'il y en a 8 000 environ. Je répète qu'il est incroyablement difficile d'évaluer le nombre de cerfs de Virginie, mais je crois que c'est là le chiffre estimatif.

+-

    Mme Carol Skelton: Vous avez donc un énorme problème sur les bras.

    Qui paie les clôtures?

+-

    Dr Allan Preston: Le coût du clôturage est assumé à même le budget du groupe de gestion de la tuberculose bovine. Le gros de l'argent...

+-

    Mme Carol Skelton: C'est la province qui le fait.

+-

    Dr Allan Preston: Vous avez raison.

+-

    Mme Carol Skelton: En tant que personne qui a déjà eu des bovins sur sa ferme, qui a déjà connu les tests de tuberculose bovine et qui est maintenant propriétaire d'un troupeau de wapitis et d'un troupeau de bisons, j'ai vu ce que cela a fait aux éleveurs de wapitis qui ont dû faire abattre leurs troupeaux. Je sympathise avec vous et avec votre famille parce que je sais par quoi vous passez.

    Je crois comprendre que votre homologue est Dr Luterbach, c'est-à-dire le vétérinaire de l'ACIA qui s'occupe de l'ouest du Canada. Vous avez dit qu'on avait mis beaucoup de temps à trouver la source. Qui a fait preuve de lenteur? Est-ce la province, le gouvernement fédéral ou l'ACIA? Qui au juste?

+-

    Dr Allan Preston: Voici ce qui s'est passé, selon moi. J'ai déjà dit que l'ACIA est responsable de faire le dépistage chez les animaux domestiques, y compris les cervidés et les bisons qui se trouvent à l'extérieur du parc. Elle n'a jamais été lente à cerner le problème de tuberculose bovine. Le chaînon manquant était peut-être la surveillance des animaux sauvages pour savoir à quel point la maladie était répandue. Nous avons commencé à le faire en 1997 et à relever des problèmes en 1998. Je ne crois pas que l'on puisse accuser qui que ce soit de lenteur. La surveillance des animaux sauvages n'a tout simplement jamais joué un rôle important jusqu'en 1997.

+-

    Mme Carol Skelton: Monsieur Armbruster, vous étiez le président de la Réserve de la biosphère dans ce secteur. Qui a été le premier à intervenir? Qui a réagi quand vous avez affirmé qu'il y avait peut-être un problème?

+-

    M. Ray Armbruster: Les appuis sont venus des personnes habitant la région, pour ce qui est d'admettre qu'il y avait un problème. C'est ce que j'ai vu. La réaction à ce moment-là... Au sein de ce comité, nous avions Parcs Canada, Ressources naturelles du Manitoba, qui s'appelle maintenant le ministère de la Conservation, et le ministère manitobain de l'Agriculture et de l'Alimentation.

    À ce moment-là, ce n'était pas une question que ces ministères estimaient grave et qu'ils étaient disposés à étudier. Certaines de mes propositions étaient très peu coûteuses, puisqu'il s'agissait essentiellement de prélever des échantillons de carcasses d'animaux qui étaient morts dans le parc. Aucun des ministères représenté au sein du comité n'a pris ma proposition au sérieux, en réalité.

+-

    Mme Carol Skelton: Je sais que le gouvernement de la Saskatchewan, son ministère de l'Environnement et de la Gestion des ressources, le fait, c'est-à-dire qu'il prélève la tête des cervidés et la soumet à des tests. C'est ainsi que nous avons découvert que nous étions aux prises avec l'encéphalopathie des cervidés. Le Manitoba fait-il tous ces tests sur les animaux abattus par des chasseurs?

  +-(1230)  

+-

    M. Ray Armbruster: Il le fait. Les nombres relatifs au taux de conformité varient. Je sais que lors de pourparlers avec Conservation Manitoba et Parcs Canada, il a été question d'un taux de conformité, dans le cas des wapitis par exemple, de 50 ou 60 p. 100 des animaux tués, c'est-à-dire qu'on obtient un échantillon de la bête dans 50 à 60 p. 100 des cas. Pour ce qui est du cerf de Virginie, je crois qu'il y en avait environ 180 aux alentours du parc durant la dernière saison de chasse, ce qui semble très peu, mais il existe un programme de surveillance qui d'année en année s'intensifie.

+-

    Mme Carol Skelton: Nous ne parlons là que de cerfs de Virginie et de wapitis?

+-

    M. Ray Armbruster: De wapitis, effectivement.

+-

    Mme Carol Skelton: Rien d'autre?

+-

    M. Ray Armbruster: Il arrive qu'on reçoive des têtes d'originaux ou des échantillons d'autres espèces qui ont été tuées, peut-être lors d'un accident sur la route. Parfois, il s'en produit toute une série impliquant des coyotes, des loups et des ours, par exemple.

+-

    Mme Carol Skelton: Le cerf-mulet est-il atteint? Est-il chassé?

+-

    M. Ray Armbruster: Dans notre secteur particulier, le cerf-mulet est extrêmement rare. Au cours des vingt dernières années, je n'en ai probablement vu qu'un ou deux.

+-

    Mme Carol Skelton: Le gouvernement ne procède-t-il à des tests que dans votre secteur ou en fait-il dans toute la province?

+-

    M. Ray Armbruster: Pour ce qui est du cerf de Virginie, les tests sont plus ou moins faits en tandem avec la surveillance pour l'encéphalopathie, pour voir si notre province est envahie. Donc, les tests sont essentiellement effectués le long de la frontière entre la Saskatchewan et le Manitoba. Nous procédons aussi à des tests de tuberculose dans la zone qui entoure le parc, dans le cadre du programme de surveillance.

+-

    Mme Carol Skelton: Le fait que ces animaux ne soient pas repérés, que vous les trouviez morts, est très préoccupant. Vous avez parlé d'un grand nombre d'entre eux... et je crains vivement que ce ne soit ce qui se passe dans la forêt. Je sais que dans notre province même, nous avons perdu beaucoup d'animaux à l'encéphalopathie des cervidés. Je suis donc très inquiète.

+-

    M. Ray Armbruster: Je suis d'accord avec vous.

+-

    Le président: Madame Skelton, je vous remercie beaucoup.

    Madame Ur, vous disposez de cinq minutes.

+-

    Mme Rose-Marie Ur (Lambton—Kent—Middlesex, Lib.): Je vous remercie beaucoup de votre exposé.

    Je suis originaire du sud-ouest de l'Ontario. J'en ai donc beaucoup appris ce matin, à entendre à nouveau parler de cette très grave situation.

    En ce qui concerne le partage des coûts pour votre indemnisation, Ray, de quelle manière recevez-vous l'argent, à quel point les fonds suffisent-ils et qui les distribue?

+-

    M. Ray Armbruster: En 1997, lorsque nos troupeaux ont été abattus, nous avons reçu une indemnité maximale de 1 500 $ par animal ou, je crois, de 2 000 $ si la bête était de race pure. C'est le maximum qu'on a obtenu. Quand on parle d'indemnisation, on dit toujours qu'elle est de tant, mais le fait est que vous ne touchez jamais ce montant. Chaque animal est évalué selon sa catégorie, ce jour-là.

    Ce que j'ai dit tout à l'heure, c'est qu'avec les quarantaines et le temps perdu, vous tombez dans un marché tout à fait différent, que vous êtes incapable de retourner sur le marché. Le plus souvent, il y a un coût et une perte de production. Par ailleurs, les valeurs changent. J'ai parlé à des producteurs la semaine dernière justement, et la valeur accordée par exemple à des taureaux de reproduction de race pure est tout à fait insuffisante. Ce qui est offert est bien en-deçà... c'était aussi notre cas. L'indemnité ne correspondait pas à la valeur de remplacement.

+-

    Mme Rose-Marie Ur: Vous avez ici ce parc. À quel point les wapitis s'éloignent-ils du parc? Jusqu'où a-t-on enregistré une contamination?

+-

    M. Ray Armbruster: Si vous parlez des échantillons de wapitis qui nous ont été remis par des chasseurs, la plupart de ces animaux se trouvaient assez près du parc.

+-

    Mme Rose-Marie Ur: Je crois savoir que l'ACIA effectue des inspections dans un rayon de dix milles autour du parc. J'ai raison?

+-

    M. Ray Armbruster: Ce n'est pas vraiment ce qu'elle fait. C'est essentiellement Conservation Manitoba de concert avec Parcs Canada qui a installé des stations où on peut laisser des échantillons. Il n'y a pas de secteur désigné d'où viennent les échantillons.

  +-(1235)  

+-

    Mme Rose-Marie Ur: Je savais que vous alliez venir et j'ai lu un article dans une revue. Il dit que l'ACIA a annoncé le 1er janvier qu'une zone d'éradication de la tuberculose bovine serait établie autour du parc. Ce n'est donc pas encore fait.

+-

    M. Ray Armbruster: Si, c'est fait. Nous le faisons depuis le 1er janvier. Nous nous trouvons dans une zone d'éradication de la TB, mais cela vise exclusivement les animaux domestiques, c'est-à-dire les bovins, les wapitis et les bisons d'élevage. Ils n'ont aucune compétence pour éradiquer la maladie au sein des troupeaux sauvages.

+-

    Mme Rose-Marie Ur: Puisque l'ACIA , d'après ce que j'ai entendu dire ce matin, fait plutôt du bon travail à l'extérieur du parc, je vous demande—et il faudrait que je vous le dise plutôt que de vous le demander—si l'ACIA serait un bon intervenant à l'intérieur du parc, si ce mandat lui était donné?

+-

    M. Ray Armbruster: Si Parcs Canada n'arrive pas à surmonter son incapacité à reconnaître l'existence du problème, il faudra bien que quelqu'un, quelque part, le fasse. Nous en avons eu l'occasion. Des occasions se sont présentées pour en traiter pendant 10, 12 ou 13 ans, mais nous persistons à les rater. La maladie se propage, et nous perdons le contrôle. Nous pourrions bien nous retrouver avec un autre Michigan sur les bras si l'infection se répand aux cerfs de Virginie.

    Cela pourrait fort bien être... parce qu'elle a la mentalité, la capacité et la culture voulues au sein de son organisme. C'est à elle de lutter contre la maladie et d'élaborer la politique, et elle a été très efficace à cet égard dans le passé, auprès des animaux domestiques. Elle a fait de l'excellent travail, de sorte qu'il conviendrait peut-être de la mandater.

+-

    Mme Rose-Marie Ur: Une autre de mes sources de préoccupation est la facilité avec laquelle la maladie peut se transmettre des animaux à l'homme. Ayant déjà travaillé comme professionnelle de la santé, je suis certes préoccupée par le phénomène. Dans le même article, j'ai lu que les États-Unis n'exigent le test de tuberculose bovine que pour les animaux de reproduction et les génisses d'engraissement. Il n'est pas nécessaire d'y soumettre les bovins gras et les bouvillons. Le fait qu'on ne fasse pas de test à ce bout-là de la chaîne, qu'on ne dépiste pas la tuberculose bovine, que cette viande va être vendue, me fait plutôt peur. Comment avoir l'assurance alors que notre viande est sans danger?

+-

    M. Ray Armbruster: À cet égard, je suis confiant que le consommateur obtient un produit d'excellente qualité. Le régime de surveillance en place dans les abattoirs est excellent. J'ai eu l'occasion d'assister à des autopsies faites sur notre troupeau parce que le niveau d'infection au sein de celui-ci était tout à fait astronomique—plus de 50 p. cent—et je puis vous dire que vous ne trouverez jamais de lésions de tuberculose bovine dans une carcasse. Elles se trouvent habituellement dans les organes de l'animal, par exemple dans les poumons et les noeuds lymphatiques. Les probabilités qu'un consommateur contracte la tuberculose de cette manière sont presque nulles.

+-

    Dr Allan Preston: Il faudrait probablement que j'intervienne à ce sujet très brièvement.

    Il est très rare que la tuberculose bovine se transmet à l'homme. Dans le passé, cela s'est produit dans deux situations: en consommant du lait non pasteurisé provenant de vaches qui étaient infectées ou, deux, à la suite d'une exposition soutenue à des animaux infectés dans un endroit confiné, comme une étable. Je répète toutefois que c'est très rare.

    Pour ce qui est de la chaîne alimentaire, même si des animaux atteints de la tuberculose s'y retrouvaient, la pasteurisation du lait détruit l'organisme. Même si la carcasse de l'animal atteint se retrouve dans la chaîne alimentaire, la cuisson détruit l'organisme avec beaucoup, beaucoup d'efficacité.

    Dernier point, la surveillance de l'abattage de millions littéralement de bovins se poursuit chaque jour et, s'il y a le moins indice d'un problème à l'abattage, ces animaux n'entrent pas dans la chaîne alimentaire.

    Le dernier point que je tiens à mentionner au sujet de la tuberculose en règle générale, c'est qu'il s'agit d'une maladie infectieuse et contagieuse, mais qu'elle ne se propage pas très facilement. C'est une maladie difficile à transmettre de sorte que, comme l'a dit Ray, l'approvisionnement alimentaire est sans danger.

+-

    Le président: Monsieur Gagnon, vous avez cinq minutes.

[Français]

+-

    M. Marcel Gagnon: Merci, monsieur le président.

    Je vous faisais signe parce que je voulais que le docteur réponde à la question de Rose-Marie. À mon avis, il est important de savoir que la carcasse ne rend pas les êtres humains malades, mais que cette maladie se propage parmi les animaux.

    Quand on est propriétaire d'un troupeau qui doit être abattu, comme c'est arrivé à M. Ray, des indemnisations sont payées. Je crois me souvenir qu'autrefois, elles équivalaient à la valeur marchande du troupeau. Aujourd'hui, sur quelle base détermine-t-on le montant de ce type d'indemnisation?

[Traduction]

+-

    M. Ray Armbruster: Le système d'évaluation n'a probablement pas changé depuis 1991 ou 1997, peut-être. Le maximum de l'indemnité versée a changé, mais la méthode de versement est exactement la même. La valeur de chaque animal est estimée ce jour-là, et elle varie d'un animal à l'autre.

    Comme je l'ai déjà dit, les agriculteurs ou éleveurs de bétail subissent la quarantaine. Ils reçoivent la valeur accordée à l'animal, mais ils perdent probablement la production de cet animal. Par exemple, si une génisse est en gestation, vous n'obtiendrez rien pour le veau. Vous n'aurez que la valeur de la génisse en tant que vache pleine. Il y a donc une perte de production qui n'entre pas dans le calcul.

    Comme je l'ai dit, avec les quarantaines, de nombreux producteurs doivent attendent six mois et parfois plus avant de pouvoir se relancer en affaires. Ils entrent donc sur un marché tout à fait différent.

  +-(1240)  

[Français]

+-

    M. Marcel Gagnon: Monsieur le président, j'aimerais donner l'exemple d'un cas précis: la valeur marchande d'un troupeau avait été évaluée à 300 000 $, mais le propriétaire n'a reçu qu'une indemnisation de 22 000 $. Dans le calcul, on n'a pris en considération que la valeur de la chair animale sans tenir compte de la valeur du troupeau en termes de reproduction. Est-ce que ce genre de choses peut arriver?

    Le français est une belle langue, mais cela prend un peu plus de temps.

[Traduction]

+-

    Le président: M. Armbruster, il veut une réponse précise. Il veut savoir combien vaut, en moyenne, un animal...

+-

    M. Ray Armbruster: La valeur marchande de ces animaux est calculée en dollars, chaque animal étant évalué séparément. Certains animaux valent 1 000 $, d'autres 1 500 $, et d'autres enfin 1 700 $.

    Le problème, c'est que l'indemnité versée est fonction du prix courant, ce qui veut dire que vous ne pouvez racheter un animal de même valeur ou de valeur comparable parce que vous n'avez plus d'installations. Vous devez vous contenter du prix imposé, du montant de l'indemnité qui vous est versé. Quand vous serez prêt à en racheter d'autres, les prix du marché ne seront plus les mêmes, et vous ne pourrez tenir compte du volet production dans la valeur marchande de l'animal. L'indemnité ne tient pas compte de ce facteur.

+-

    Le président: Si je puis me permettre, monsieur Gagnon, j'aimerais poser la question suivante. Est-ce que l'impôt à payer sur ce montant peut être reporté à l'année suivante? Par exemple, nous sommes en octobre et vous ne pouvez acheter avant le mois de mars de l'année prochaine... est-ce que cela peut constituer un problème?

+-

    M. Ray Armbruster: C'est quelque chose qui préoccupe tous ceux qui sont touchés par cette question. Vous recevez essentiellement le même montant que celui qui vend son troupeau parce qu'il y a une sécheresse. Vous avez ensuite deux ans pour réinvestir et payer l'impôt.

+-

    Le président: Merci.

    Monsieur Gagnon, allez-y.

[Français]

+-

    M. Marcel Gagnon: Dans le cas où un individu découvre que parmi le troupeau qu'il a acheté se trouve un animal infecté, peut-il imputer la responsabilité de ce problème à quelqu'un, au vendeur ou à l'organisme qui a délivré le permis pour le transport des animaux, par exemple?

[Traduction]

+-

    M. Ray Armbruster: Si j'ai bien compris, vous voulez savoir ce qui arrive quand une personne achète un animal infecté. Il est déjà arrivé que la maladie se transmette par un animal infecté qui a été acheté et intégré à un troupeau. Le propriétaire est indemnisé par l'ACIA, tout comme l'est le producteur initial, mais pour ce qui est d'imputer la responsabilité à quelqu'un, je ne pense pas qu'il existe de précédent.

+-

    Le président: Merci.

    Monsieur Anderson, la parole est à vous.

+-

    M. David Anderson (Cypress Hills—Grasslands, Alliance canadienne): Merci.

    Il est évident que nous avons un problème. Nous avons rencontré les représentants de Parcs Canada il y a quelques mois, et ils ne reconnaissent toujours pas l'existence de ce problème et n'assument aucune responsabilité à cet égard. Merci d'être venus nous rencontrer aujourd'hui. J'espère que cette discussion va nous permettre de mieux comprendre le problème, de voir les choses sous un angle différent.

    J'aimerais vous poser une question au sujet de l'ACIA. Vous semblez être assez satisfait de son travail, même si, au cours des dernières années, nous avons dénoncé sa lenteur à réagir et le fait qu'elle ne disposait d'aucun plan d'action pour faire face aux situations de ce genre. La fièvre aphteuse faisait des ravages, et le comité s'était penché là-dessus pendant plusieurs des mois avant qu'elle ne décide d'intervenir. Elle a également tardé à réagir quand les cas d'encéphalopathie des cervidés ont été relevés, bien qu'elle ait pris, dernièrement, des mesures à ce chapitre. Elle tarde également à réagir dans ce dossier-ci. Il ne semble pas y avoir de dispositions dans l'APF qui traitent de cette question.

    Avez-vous des conseils et des recommandations à formuler à l'ACIA pour ce qui est des mesures qu'il conviendrait de prendre à l'avenir, compte tenu de ce que vous savez...? Je songe aux mesures qui pourraient être prises dès qu'une maladie se manifeste. Est-ce que quelqu'un veut répondre? Certaines personnes sur le terrain sont mieux informées que celles qui gèrent le problème à distance.

    Le président: Monsieur Whitaker.

  +-(1245)  

+-

    M. John Whitaker: La transmission de la maladie des animaux sauvages aux animaux d'élevage est un problème nouveau. Il l'est sans doute aussi pour l'ACIA. En tout cas, c'est quelque chose de nouveau pour nous, les éleveurs. Si votre troupeau souffre de TB, c'est parce qu'il a été infecté par une vache qui provient d'un autre troupeau. Mais il y a toutes sortes de maladies. On a mentionné l'encéphalopathie des cervidés, la fièvre aphteuse. Qui sait combien d'autres maladies font faire leur apparition?

    Il est de plus en plus difficile d'élever des bovins quand ils sont en contact avec des animaux sauvages. Or, Ray et moi, nous sommes heureux d'avoir des animaux sauvages qui circulent en toute liberté sur nos terres. L'ACIA ou l'organisme de réglementation responsable doit faire preuve d'une plus grande vigilance, doit être prêt à intervenir plus rapidement.

    Il est facile de dire, après coup, que nous savions, dès 1991, que les wapitis étaient atteints de la TB. Bien sûr, les éleveurs à l'époque ne le savaient pas—sauf si vous avez l'expérience de Ray, parce que Ray est très perspicace. L'ACIA doit réagir plus rapidement, même si elle n'a pas beaucoup de données en main, et elle doit être prête à commettre des erreurs à l'occasion, si elle veut protéger la santé des cheptels.

+-

    Dr Allan Preston: Je n'ai aucunement l'intention de critiquer l'Agence canadienne d'inspection des aliments. Elle fait de l'excellent travail dans ce dossier, comme dans la plupart des autres. Il ne faut pas oublier qu'il s'agit d'un organisme de réglementation.

    La maladie de la fièvre aphteuse nous a permis d'apprendre beaucoup de choses au cours des dernières années. Elle nous a permis, notamment, de nous rendre compte que notre système comporte des lacunes. C'est ce qui a mené, d'ailleurs, à la création de la Coalition canadienne pour la santé des animaux.

    Cette coalition regroupe l'ACIA, le gouvernement fédéral, les provinces, l'industrie, les groupements de producteurs spécialisés et les transformateurs. Elle s'intéresse avant tout à l'amélioration de la santé des animaux et à l'éradication des maladies animales. Nous essayons de changer la façon dont nous nous occupons de la santé des animaux au Canada. Nous essayons d'exercer une influence au niveau de la prise de décisions. L'ACIA ne peut tout faire seule. Voilà pourquoi nous collaborons avec elle.

    Le groupe de discussion a préparé un document assez volumineux qui s'intitule «Canadian Animal Health Emergency Management (CAHEM) Strategy». Nous avons préparé un plan d'action pour éviter de répéter les erreurs qui ont été commises en Grande-Bretagne, et aussi au Canada dans le dossier de la tuberculose. Ce travail se fait en collaboration avec l'ACIA.

+-

    M. David Anderson: Que faites-vous quand une agence comme Parcs Canada voit la situation sous un angle différent ou n'accepte pas les solutions proposées? L'ideé de créer une coalition est bonne, mais cette coalition regroupe des personnes qui partagent toutes les mêmes vues. Plus nous laissons traîner des choses—j'ai l'impression que les sociétés pour la conservation de la nature vont créer un grand nombre de réserves—plus la situation risque de s'aggraver.

    Je suis un agriculteur, et ce, depuis très longtemps. Or, le secteur agricole voit son influence diminuer. Nous devons créer des coalitions et défendre nos intérêts avec énergie et vigueur.

+-

    Le président: Monsieur Armbruster.

+-

    M. Ray Armbruster: J'ai moi-même été témoin de ce phénomène—le mouvement en faveur de la conservation de la nature, la LCPE, la création de corridors pour favoriser le déplacement des animaux sauvages. J'ai l'impression que la société veut plus de grands espaces où les animaux sauvages peuvent circuler librement en très grand nombre . Nous avons besoin, pour cela, du leadership de Parcs Canada et peut-être de l'Association des districts de conservation du Manitoba.

    Or, il faut sensibiliser ces groupes au fait qu'ils ont des responsabilités à assumer. Nous voulons des animaux sauvages qui sont en santé. Toutefois, nous ne pouvons pas simplement créer des réserves d'espèces sauvages où les animaux pourront circuler librement, sans que personne ne s'occupe de les surveiller ou de les gérer. Nous ne pouvons pas faire cela. Nous allons courir à la catastrophe si nous agissons de cette façon. Et cela vaut aussi bien pour les animaux d'élevage que pour les animaux sauvages. Nous devons avoir une faune qui est en santé.

  +-(1250)  

+-

    Le président: Merci, monsieur Anderson. Votre temps est écoulé. Je dois donner la parole à d'autres.

    Monsieur Maloney, vous avez cinq minutes. Il ne nous reste plus beaucoup de temps.

+-

    M. John Maloney (Erie—Lincoln, Lib.): On a dit, ce matin, que les loups dans le parc avaient des lésions sur leurs organes. N'est-il pas étonnant qu'un animal autre qu'un bovin attrape cette maladie? Ne craint-on pas que les prédateurs naturels attrapent eux aussi cette maladie, que leur nombre diminue, que la maladie infecte davantage les troupeaux?

+-

    Dr Allan Preston: Je ne sais pas ce qui a provoqué la mort de ces loups, mais je pense que la TB a été décelée chez un animal qui avait été piégé ou tué et qui avait attrapé la maladie de façon indirecte. Les prédateurs peuvent attraper la tuberculose bovine s'ils mangent une carcasse infectée.

    Les bovins et les wapitis sont infectés lorsqu'ils inhalent les organismes. Le loup a contracté la maladie en mangeant la carcasse infectée. Ce n'est pas cela qui cause habituellement la TB. L'infection s'attaque aux ganglions lymphatiques dans le tractus intestinal, et les lésions se manifestent lors de l'examen post-mortem. Toutefois, je ne pense que la maladie risque de réduire le nombre de prédateurs.

+-

    M. John Maloney: Nous avons entendu parler des mesures qui ont été prises pour protéger les troupeaux: installation de clôtures, entreposage du foin pour que les wapitis n'y aient pas accès, ainsi de suite. Y a-t-il d'autres mesures que les agriculteurs devraient prendre? Y a-t-il quelqu'un qui coordonne tous ces efforts?

+-

    M. Ray Armbruster: Les agriculteurs ont commencé à prendre certaines de ces mesures de leur propre chef. Je l'ai fait moi aussi. J'avais l'habitude, l'hiver, de garder le bétail dans un endroit auxquels les animaux sauvages avaient accès. Ils étaient en contact avec mon troupeau. J'ai arrêté de le faire après 1997. J'ai déplacé le troupeau ailleurs, dans un endroit qui me paraissait plus sécuritaire.

    J'ai installé une clôture autour du fenil afin d'empêcher les animaux sauvages d'avoir accès au foin. Je devrai sans doute prendre d'autres mesures, parce que si les animaux se rapprochent trop et sentent la nourriture, ils vont commencer à la manger, ce qui est pire que s'ils s'attaquent aux bottes de foin.

    Donc, c'est un problème continu auquel nous devons trouver des solutions. Nous allons avoir besoin de l'aide et du soutien financier de tous les paliers de gouvernement

+-

    M. John Maloney: La frontière n'est pas encore fermée aux bovins de cette région. Est-ce que nous exportons des bouvillons sur pied aux États-Unis, et si oui, font-ils l'objet d'une inspection? Je suis certain qu'ils inspectent tous les animaux qui traversent la frontière. Où ces inspections se font-elles? Est-ce que la viande exportée aux États-Unis est transformée au Canada et ensuite envoyée sous forme de carcasses?

+-

    Dr Allan Preston: Il y a plusieurs façons de répondre à la question. Les bouvillons sur pied qui sont exportés aux États-Unis ne subissent pas de tests pour l'instant. Il en va de même pour les bouvillons d'engraissement qui sont transportés du Manitoba vers un parc d'encaissement au Colorado. Ces animaux ne subissent pour l'instant aucun test. Une fois qu'ils sont engraissés et abattus, ils sont inspectés.

    Par ailleurs, quand le Manitoba envoie des bovins engraissés à un abattoir situé dans le Dakota du Sud ou dans l'Iowa, ces bovins ne subissent aucun test parce que nous savons fort bien que ces animaux seront inspectés sur l'aire d'abattage. C'est de cette façon que les cas éventuels de maladie sont décelés.

+-

    M. John Maloney: Est-ce que la frontière risque d'être fermée si l'on détecte la maladie, disons, sur l'aire d'abattage?

+-

    Dr Allan Preston: Pas d'après les renseignements que nous avons. Toutefois, les restrictions imposées par les États-Unis se resserrent au fur et à mesure que de nouveaux cas de TB apparaissent. À l'heure actuelle, les bouvillons passent la frontière sans subir de tests. Si la situation s'aggrave, ces mêmes bouvillons devront être soumis à un test de TB avant d'entrer aux États-Unis, ce qui constitue pour nous une dépense énorme.

    Les bovins d'abattage n'ont pas à subir ces tests puisqu'ils sont examinés sur l'aire d'abattage. Mais il est fort possible qu'on soit obligé de tester les jeunes bouvillons qui sont envoyés aux États-Unis.

+-

    M. John Maloney: On estime qu'il y a entre 3 000 et 4 000 wapitis dans le parc, et peut-être plus au printemps. Avez-vous une idée du pourcentage d'animaux qui sont infectés? Y a-t-il une façon de le savoir?

+-

    Dr Allan Preston: Comme nous l'avons mentionné, nos données scientifiques ont été recueillies à partir d'une technique d'échantillonnage imprécise. Totoutefois, d'après ces données, le taux d'incidence de TB chez les wapitis du parc national du Mont-Riding est d'environ 1 p. 100, ou peut-être même moins. Si l'on procède à une ventilation des données en fonction des zones, on constate que le taux d'infection dans la vallée du ruisseau Birdtail, dans la partie ouest, atteint au moins 5 p. 100, et peut-être même 8 p. 100.

  +-(1255)  

+-

    M. John Maloney: On a eu de la difficulté à se rendre jusqu'à la vallée du ruisseau Birdtail pour procéder à l'abattage du troupeau. Pourquoi? Est-ce à cause du terrain?

+-

    Dr Allan Preston: Je vais demander à Ray de répondre à la question. Il connaît très bien la région.

+-

    M. Ray Armbruster: L'abattage pose certains problèmes d'ordre logistique. On ne peut pas tout simplement arriver là et tuer les animaux. Il faut procéder de façon stratégique, envoyer un avion qui va repérer les animaux qui, ensuite, seront sans doute abattus à partir d'un hélicoptère. C'est faisable, mais ce n'est pas une tâche facile.

+-

    Le président: M. Hilstrom va poser une brève question. Je dirai ensuite quelques mots avant de lever la séance.

+-

    M. Howard Hilstrom: Merci.

    Nous avons parlé du coût et des répercussions internationales de cette maladie. Il y a une trentaine ou une quarantaine de wapitis qui fréquentent en permanence mes champs de luzerne, et mon exploitation n'est pas située près du parc. Cette maladie est fort inquiétante.

    Ma question s'adresse à Allan et à Garth, puisqu'elle concerne votre province et, bien entendu, l'Association des éleveurs de bovins du Manitoba. Quand les représentants de l'association ont assisté à la convention de la National Cattlemen's Beef Association à Tennessee, cette année, les représentants américains qui siègent au comité responsable des dossiers touchant le Canada et les États-Unis ont fait part de leurs inquiétudes au sujet de la prévalence des cas de tuberculose chez les animaux sauvages du parc national du Mont-Riding.

    Vous essayez de convaincre la ministre Copps, le premier ministre et le ministre de l'Agriculture de la gravité du problème, de la nécessité de prendre des mesures concrètes. J'aimerais savoir ce que vous pensez de la situation. Nous savons que les bovins laitiers de l'Ontario sont atteints de la tuberculose, puisqu'ils ont procédé, récemment, à un retraçage. Nous savons aussi que les animaux du Parc national Wood Buffalo sont atteints de la tuberculose.

    M. Preston, est-ce que ces données vous permettent de convaincre l'industrie canadienne du bétail de la gravité du problème? Nous ne faisons pas uniquement allusion, ici, aux 50 000 bêtes qui ont été recensées autour du parc national du Mont-Riding.

+-

    Dr Allan Preston: Il ne fait aucun doute que cette maladie a de sérieuses répercussions sur les échanges. Le fait est que le Département de l'agriculture des États-Unis fait l'objet de pressions et continuera de faire l'objet de pressions de la part des éleveurs de bétail américains, qui exigent que le statut à l'égard de la TB s'applique non seulement au Manitoba et à la zone d'éradication autour du parc national du Mont-Riding, mais à l'ensemble du pays. Si cela se produit, nous devrons engager des dépenses énormes pour tester les animaux exportés aux États-Unis. C'est une question complexe.

    Comme je l'ai déjà mentionné, la maladie elle-même ne menace pas la productivité des troupeaux. Toutefois, elle risque d'avoir un effet énorme sur les échanges. Encore une fois, c'est le message que nous essayons de transmettre. Nous sommes confrontés à un problème grave que nous essayons de régler. Nous devons toutefois accentuer nos efforts si nous voulons y arriver.

+-

    Le président: Merci beaucoup, monsieur Preston.

    Si je voulais vous poser une seule question au sujet des mesures qui doivent être prises de toute urgence, je poserais la question que M. Hilstrom vous a posée. J'aimerais avoir votre avis là-dessus. Nous savons que cette question est très délicate, que nous devons agir rapidement. Quelles mesures devons-nous prendre sans plus tarder pour répondre aux préoccupations que vous avez soulevées ce matin?

    Monsieur Routledge.

+-

    M. Garth Routledge: Je vous recommanderais, monsieur le président, ainsi que nous l'avons fait dans notre mémoire, d'adopter immédiatement des stratégies globales qui s'appliqueraient à l'ensemble du gouvernement du Canada, mais surtout aux ministères, dont Parcs Canada, qui sont en mesure de prendre des mesures concrètes.

+-

    Le président: Monsieur Preston.

+-

    Dr Allan Preston: Je voudrais faire un bref commentaire. Nous avons eu droit à une excellente collaboration de la part des éleveurs dans la zone d'éradication du parc du Mont-Riding. Si nous voulons continuer de compter sur leur collaboration, il faut que le gouvernenement fédéral s'engage, à tout le moins, à prendre des mesures à l'intérieur du parc. Que ces mesures soient prises demain ou après-demain, cela n'a pas d'importance. Ce qu'il faut faire, c'est dire que des mesures vont être prises, ce qui va rassurer les éleveurs de la région.

·  -(1300)  

-

    Le président: Merci beaucoup.

    M. Whitaker, Dr Preston, M. Routledge, M. Armbruster, je tiens à vous remercier d'être venus nous rencontrer aujourd'hui. Je sais que vous avez été convoqués à la dernière minute et que vous n'avez pas eu beaucoup de temps pour préparer vos mémoires. Comme je l'ai mentionné ce matin, il faut que les mémoires soient présentés dans les deux langues. Mais compte tenu du délai que vous avez eu, ce n'était pas possible.

    Encore une fois, merci d'être venus nous rencontrer. Nous comptons bien répondre aux préoccupations que vous avez soulevées ce matin.

    Je tiens à dire aux membres du comité que nous ne rencontrerons pas, le 13 février, qui est un jeudi, les représentants des ministères de l'Agriculture et des Affaires étrangères, puisque ces personnes se trouveront à l'extérieur du pays à ce moment-là. Nous allons toutefois rencontrer les représentants de l'industrie laitière pour discuter de l'OMC. Nous ne manquerons pas de travail, mais il est important que le comité rencontre également les représentants de ces ministères. Ils vont comparaître devant nous le 18 mars.

    Merci encore et bon voyage.

    La séance est levée.