Tel que nous l'avions prévu, nous accueillerons deux groupes de témoins cet après-midi. Dans le premier groupe, M. Esteban Chornet se joindra à nous vers 16 heures, dans le cadre d'une vidéoconférence, pour faire des observations sur le projet de loi . Avec votre permission, lorsque M. Chornet pourra quitter sa classe — c'est ce qui le retient, si je ne me trompe —, nous lui accorderons 10 minutes pour son exposé préliminaire.
Merci beaucoup.
Nous accueillons M. Camil Lagacé, du Conseil québécois du biodiésel. Ah non, il fera son exposé à 17 heures.
Nous avons donc M. Paul Thoroughgood, de Canards Illimités Canada, MM. Benoît Legault et Stéphane Bisaillon, de la Fédération des producteurs de cultures commerciales du Québec, et M. Ian Thomson, de la Canadian Bioenergy Corporation.
Je vous souhaite la bienvenue au comité. Nous procéderons assez rapidement. J'aimerais que vous ne preniez pas plus de 10 minutes pour vos observations préliminaires. Nous ferons ensuite des tours de table de cinq minutes pour permettre aux membres de poser des questions.
Je demande à M. Thoroughgood de faire son exposé.
:
Merci beaucoup, monsieur le président. Je vous remercie pour cette occasion de faire un exposé; j'espère élargir la discussion de façon à ce que l'examen des impacts de la stratégie sur les biocarburants porte également sur l'habitat.
Canards Illimités Canada est un organisme privé à but non lucratif qui se consacre à la conservation, à la restauration et à la gestion des marécages et des habitats corrélatifs dans l'intérêt de la sauvagine, de la faune et des humains. Canards Illimités collabore avec de nombreuses industries, y inclus avec le secteur agricole et avec le gouvernement, afin d'élaborer et de mettre en oeuvre des systèmes de gestion des terres intéressants sur les plans économique et écologique.
La première priorité de Canards Illimités dans le contexte de tous ces efforts est de trouver des modes d'utilisation des terres qui améliorent l'habitat de sorte à accroître et à maintenir les populations continentales de sauvagine. Canards Illimités reconnaît toutefois que si l'on veut que des systèmes de production propices à la sauvagine trouvent leur place dans le paysage, il est essentiel qu'ils soient rentables sur le plan économique. Dans ce contexte, Canards Illimités estime que si elle est exécutée correctement, une stratégie canadienne sur les biocarburants pourrait contribuer dans une large mesure à atteindre les objectifs du Plan nord-américain de gestion de la sauvagine en matière de populations.
Canards Illimités est le principal exécutant du Plan nord-américain de gestion de la sauvagine; ce plan établit des objectifs de population pour chaque espèce de sauvagine de l'Amérique du Nord. Les Prairies canadiennes sont souvent désignées comme la fabrique de canards de l'Amérique du Nord, car c'est l'aire de reproduction d'en moyenne 40 p. 100 de la population de canards du continent. Une quantité et une qualité insuffisantes d'habitats de nidification dans les hautes terres sont considérées comme un facteur limitatif clé de la production de sauvagine dans les Prairies canadiennes.
L'habitat de nidification dans les hautes terres se présente sous de nombreuses formes, notamment des graminées vivaces, un habitat faunique géré, des pâturages naturels et des prairies artificielles, des prairies de fauche, des arbres et des zones forestières, des terres de cultures annuelles et des vestiges de zones naturelles.
Depuis sa création, en 1938, Canards Illimités a mis en place des programmes de conservation fondés sur des données scientifiques, afin de répondre aux besoins de la sauvagine nord-américaine tout en respectant les autres utilisateurs des terres. Nous nous appliquons à évaluer et, le cas échéant, à soutenir des initiatives avantageuses sur les plans environnemental, économique et éthique. Les biocarburants sont un exemple récent. Selon les matières premières utilisées et le système de production agricole employé, un système de production d'éthanol élargi pourrait être bénéfique ou dommageable pour l'habitat de la sauvagine et pour l'environnement.
En rendant la production d'éthanol plus « verte », plus intelligente et plus efficace, la production canadienne accrue de biocarburants pourrait avoir un impact direct et indirect sur l'habitat de la sauvagine. Les impacts indirects possibles incluent des risques accrus de contamination des terres humides par l'intensification des systèmes de production, la disparition de terres humides, de terres à graminées vivaces et d'habitats naturels en raison de l'irrigation et du déboisement effectués pour accroître la superficie des terres cultivées et une transformation réduite de terres marginales et de cultures annuelles en couverture végétale permanente.
Le choix de matières premières pour la production de biocarburants pourrait avoir également des impacts directs sur l'habitat. Canards Illimités a cherché les nids sur des milliers d'acres de terres en culture et d'autres habitats pour évaluer leur utilisation par la sauvagine en période de nidification. D'après ces analyses, les types d'utilisation des terres n'ont pas tous la même valeur sur le plan de l'habitat. Les terres de cultures annuelles sont généralement considérées comme l'habitat de nidification le moins productif pour la sauvagine. On a constaté que les cultures céréalières d'hiver, comme celle du blé d'hiver, sont l'exception à cette règle, car elles constituent des habitats à la fois attrayants et productifs pour la sauvagine utilisant les hautes terres comme lieu de nidification. Les terres de graminées vivaces, y compris les prairies naturelles et le foin, constituent un habitat de nidification amélioré pour cette sauvagine. Un avantage supplémentaire des terres de graminées vivaces est l'augmentation corrélative de la survie dans les nids au niveau du paysage.
Parmi les biocarburants, c'est l'éthanol qui a le plus grand potentiel d'améliorer l'habitat de la sauvagine au Canada. Les commentaires qui suivent sont axés sur les impacts potentiels sur l'habitat de la production d'éthanol à base de grain et de cellulose.
Le maïs est le type de grain le plus utilisé dans la production d'éthanol en Amérique du Nord. Comme vous le savez pour la plupart, dans les Prairies canadiennes, la culture du maïs n'est généralement pas une option rentable. Actuellement, le blé de printemps est la principale matière première cultivée localement pour les usines d'éthanol de l'ouest du Canada; en outre, comme nous l'avons déjà mentionné, les terres en culture ensemencées au printemps n'offrent pas un bon habitat de nidification car les semailles de printemps coïncident avec le début de la période de nidification de pointe; la plupart des nids sont donc vulnérables à la destruction pendant le travail du sol.
Si la production d'éthanol de grain repose surtout sur les cultures semées au printemps comme le maïs, le blé ou d'autres céréales, l'habitat de la faune restera, dans la meilleure des hypothèses, inchangé. Cependant, si l'on utilisait surtout du blé d'hiver et d'autres céréales d'hiver pour la production d'éthanol dans les Prairies canadiennes, les superficies propices à la nidification accessibles à la sauvagine et à d'autres espèces d'oiseaux nichant dans les hautes terres augmenteraient. Ces commentaires sont fondés sur l'hypothèse qu'un système de production accrue d'éthanol à base de grain n'entraînerait pas la conversion des habitats actuels des terres hautes et des terres humides en terres de cultures annuelles.
La production d'éthanol cellulosique pourrait être favorable à l'habitat de la sauvagine, selon la matière première utilisée. Si la matière première choisie sont les résidus des récoltes annuelles, les avantages ou les inconvénients pour la sauvagine seraient semblables à ceux associés aux systèmes de production d'éthanol à base de grain.
Les matières premières de remplacement en provenance de cultures vivaces ont le potentiel d'améliorer l'habitat. La clé pour la valeur de cet habitat repose sur le système de production, l'utilisation des terres qui seraient modifiées par cette matière première ainsi que la date et la méthode de récolte.
Le panic raide et d'autres graminées vivaces sont les espèces les plus prometteuses pour produire des matières premières pour l'éthanol en créant simultanément un habitat pour la sauvagine, dans les Prairies canadiennes. Les graminées vivaces qui sont récoltées annuellement, tel que prévu dans un système de production de matières premières pour l'éthanol, sont les plus intéressantes en matière d'habitat pour la sauvagine quand la récolte est faite après la saison de nidification, c'est-à-dire vers le milieu ou la fin de juillet.
La hauteur des chaumes après la fauchaison est également importante, car la croissance de la plupart des espèces de graminées n'a pas encore démarré à la fin d'avril ou au début mai, lorsque la sauvagine installe ses nids; par conséquent, la couverture résiduelle de la récolte précédente est l'aire de nidification.
Les systèmes de production, qui incluent le brûlage pendant la saison de nidification, seraient, naturellement, nuisibles pour la sauvagine et pour d'autres espèces d'oiseaux qui nichent dans les Prairies.
Dans des paysages où l'agriculture et l'exploitation forestière se côtoient, il est possible d'utiliser la fibre ligneuse comme matière première. Canards Illimités collabore avec de nombreux membres de l'industrie forestière afin d'élaborer des pratiques de gestion exemplaire pour atténuer le plus possible les impacts de la récolte sur l'habitat de la sauvagine. Nous croyons que si les matières premières venaient de résidus de scierie, l'impact sur l'habitat de la sauvagine serait minime, car il n'y aurait pas de superficie de cultures supplémentaires.
Lorsque des terrains forestiers existants supplémentaires ont fait l'objet d'une récolte ou que de nouveaux boisés ont été établis pour fournir des matières premières, l'habitat de la sauvagine pourrait être important. Le type d'impact est actuellement inconnu; Canards Illimités entreprend par conséquent des études pour déterminer la relation entre les impacts sur l'habitat et les populations de sauvagine dans des zones comme la forêt boréale méridionale.
Canards Illimités pense que si elle est correctement mise en oeuvre, une stratégie canadienne sur les biocarburants pourrait véritablement apporter des avantages multifonctionnels. Ces avantages pourraient inclure le développement économique dans les régions rurales des Prairies canadiennes, une réduction des gaz à effet de serre associés à la production et à la consommation de carburant, une augmentation et une extension des réserves énergétiques canadiennes et l'amélioration de l'habitat faunique. Si le choix de la matière première n'est pas uniquement fondé sur sa capacité de produire de l'amidon, le gouvernement et l'industrie peuvent mettre en oeuvre une stratégie sur les biocarburants qui apporterait ces avantages.
Canards Illimités recommande respectueusement au gouvernement de prendre des mesures pour maximiser ces avantages environnementaux si une amélioration globale de l'environnement est un de ses objectifs dans le contexte du soutien qu'il apporte pour le développement d'une industrie des biocarburants.
Voici quelques initiatives spécifiques susceptibles de générer des avantages multifonctionnels.
La première serait de mettre en place des mesures incitatives préférentielles pour les entreprises qui choisissent une matière première générant des avantages environnementaux supplémentaires. Nous pensons qu'il existe des données scientifiques fiables indiquant la valeur pour l'habitat de la production d'éthanol à partir de céréales d'hiver et de plantes fourragères vivaces.
La deuxième est l'élaboration d'un plan scientifique faisant intervenir les pouvoirs publics, l'industrie et le milieu universitaire, pour étudier les valeurs associées à l'expansion de l'industrie de l'éthanol au Canada. Canards Illimités serait heureux de participer à cet effort et de jouer un rôle prépondérant dans des domaines dans lesquels il a acquis des compétences spécialisées.
En outre, nous recommandons que le gouvernement examine de plus près l'impact de la production à partir de différentes matières premières sur le bilan des gaz à effet de serre et le bilan énergétique, et les impacts sur la quantité d'eau et sa qualité.
Outre son personnel professionnel, Canards Illimités a près de 1 000 volontaires déterminés à accomplir sa mission, avec le soutien de plus de 176 000 Canadiens et Canadiennes. L'établissement d'une alliance entre le gouvernement, l'industrie des biocarburants et Canards Illimités pourrait rendre cette industrie plus « verte », plus intelligente et plus efficace. Nous nous réjouissons d'exploiter ces créneaux pour que ça devienne une réalité.
Canards Illimités Canada vous remercie de cette occasion d'exposer ses idées et est prêt à répondre à vos questions.
Merci.
:
Monsieur le président, messieurs les députés, bonjour. Merci de nous avoir invités à cette table.
La Fédération des producteurs de cultures commerciales du Québec a un intérêt marqué pour le projet de loi modifiant la Loi canadienne sur la protection de l'environnement. Il est clair que cette modification législative nécessaire à la politique sur les biocarburants aura un impact considérable sur la compétitivité du secteur des grains du Canada et du Québec.
La fédération a évité jusqu'à maintenant de prendre part au débat sur les enjeux énergétiques et environnementaux associés à l'industrie des biocarburants. Cependant, elle demeure convaincue que ce débat doit demeurer objectif et s'appuyer exclusivement sur la science. Jusqu'à maintenant, nous remarquons que les citoyens du Canada, et peut-être plus particulièrement ceux du Québec, ont été très mal informés par les médias sur ces enjeux.
Notre organisation est ici aujourd'hui afin de souligner un aspect qu'elle juge important et qui semble mis de côté lors de l'évaluation de la politique sur les biocarburants et des mesures législatives structurantes afférentes à cette politique. Cet aspect concerne les répercussions négatives pour le secteur des grains de ne pas avoir une telle politique ou les mesures nécessaires à son succès. Plus généralement, notre organisation croit que le développement de la transformation des denrées en produits industriels est essentiel à la survie des entreprises productrices de grains du Canada et du Québec.
Dans un premier temps, il est important de rappeler que l'agriculture canadienne, comme celle du Québec, évolue dans un marché nord-américain avant tout. Les secteurs des grains du Canada et du Québec, qui représentent respectivement 70 et 5 millions de tonnes, sont soumis à la réalité et à la dynamique d'un plus grand ensemble situé aux États-Unis, et ce, tout près de notre frontière.
Cet immense ensemble de 450 millions de tonnes de grains compte pour tout près de 20 p. 100 de la production mondiale. Notre expérience des 33 dernières années, qui s'est vécue et se vit au rythme d'une série de farm bills et dont on sent le souffle sur notre nuque jour après jour, nous confirme qu'il est difficile, sinon impossible, de maintenir notre compétitivité si les mêmes occasions ne nous sont pas offertes. Cela est vrai autant pour le développement des marchés, le soutien à la recherche et à l'expertise que pour la protection des revenus.
Dans une économie mondiale assoiffée d'hydrocarbures pour des fins énergétiques, mais aussi pour fins de production de produits industriels, les grains représentent une alternative fort intéressante afin de s'approvisionner en hydrates de carbone et lipides utilisables ou transformables en divers produits industriels, dont les carburants.
Cette réalité permet aujourd'hui d'établir un plancher pour la valeur de cette matière première naturelle et renouvelable. Les producteurs de grains du Canada et du Québec ne pourront certainement pas demeurer concurrentiels si ce genre de protection ne leur est pas offert. Cette protection et ce soutien à l'industrie seront d'autant plus performants si les producteurs ont la chance de participer aux revenus que génère cette industrie. Cette participation à la valeur ajoutée permet ainsi de stabiliser les revenus.
La fédération juge que le débat autour de l'utilisation prioritaire des denrées agricoles pour des fins alimentaires est un faux débat. L'économie étant ce qu'elle est, le principal problème en ce qui a trait à l'utilisation des denrées pour des fins industrielles est tout simplement que les hydrates de carbone et les lipides émanant des grains ne sont pas payés à leur juste valeur.
Nous assisterons tout simplement à une concurrence entre la fabrication de biens essentiels et celle de biens moins essentiels. Dans ce dernier cas, la trop faible valeur de cette source d'hydrates de carbone et de lipides la rend attrayante pour la transformation en produits industriels ou énergétiques. Cela n'est pas seulement vrai pour ce qui est de la ressource grains, mais ça l'est aussi pour les ressources utilisées dans la fabrication de grains, tels que les minéraux, l'énergie, les terres agricoles, l'eau, les ressources financières et, bien entendu, les ressources humaines en matière de recherche, d'expertise et d'entrepreneuriat.
Nous croyons que l'humanité devra, à un moment donné, choisir et établir ses priorités. Cette problématique devient de plus en plus évidente compte tenu de la croissance des économies des pays en développement. Nous tenons à vous rappeler que les stocks mondiaux de céréales ont fondu comme neige au soleil depuis les 10 dernières années, passant de 600 millions à 300 millions de tonnes, et ce, bien avant les derniers développements de l'industrie des biocarburants aux États-Unis.
La fédération croit que les familles agricoles du Canada et du Québec n'ont pas à faire les frais de l'entêtement des multinationales et des populations urbaines à valoriser si peu les protéines et calories végétales pour l'alimentation, éléments qui sont en quantité limitée aujourd'hui.
Bien que la filière cellulosique puisse paraître plus acceptable aux yeux de plusieurs intervenants, nous faisons face aux mêmes enjeux que ceux expliqués précédemment, la concurrence entre les ressources n'étant plus au niveau de l'utilisation des grains mais plutôt de l'utilisation d'un espace agricole de plus en plus limité. L'espace agricole demeurera toujours le plus productif, car ce sont les terres les plus productives qui ont été défrichées pour des fins alimentaires.
L'existence de cette bioéconomie qui se nourrit de denrées agricoles ou d'espaces agricoles est une étape nécessaire et incontournable. Nous croyons que de ne pas y participer amenuisera grandement la compétitivité de l'industrie des grains et de l'agriculture canadienne. Cet enjeu doit absolument être ajouté aux enjeux environnementaux et énergétiques. La fédération a été souvent questionnée à ce comité à propos des raisons que devrait justifier le Canada de soutenir son agriculture, alors qu'une telle pratique semble, aux yeux de certains, profiter à d'autres pays.
Notre réponse demeure la même. Ce soutien, qui passe par des subventions directes ou des politiques structurelles comme celle sur les biocarburants, nous renvoie à une réalité toute simple. Les grains, hydrates de carbones, lipides, protéines et calories végétales qui sont produits et consommés ici ou exportés ont un effet bénéfique sur la communauté agricole et la société canadienne en général, mais aussi sur toutes les sociétés du monde.
Que ce soit les 70 millions de tonnes de grains produites par le Canada, les cinq millions de tonnes de grains produites au Québec ou les centaines de millions de tonnes produites dans diverses régions du Québec éloignées des grands centres urbains, cette production de grains fait la différence partout dans le monde. Nous sommes peut-être naïfs par rapport au fonctionnement du monde et des relations qui existent entre les peuples, mais à notre niveau de compréhension, dans le contexte de ressources de plus en plus limitées, le soutien gouvernemental au secteur des grains est probablement le plus bel investissement humanitaire qu'ait pu faire le Canada au cours de toutes ces dernières années. Cela résume assez bien la vision des gens qui vivent de la terre depuis des générations.
À ce sujet, nous ne pouvons passer sous silence que la politique agricole proposée au secteur des grains, qui passe presque uniquement par le développement de la demande industrielle et une participation à la valeur ajoutée, ne pourra jamais réussir s'il n'y a pas une protection suffisante à la base de la chaîne. C'est pourquoi la Coalition des producteurs de grains Québec-Ontario, dont nous faisons partie, demande depuis près de 18 mois de mettre en place des outils et du soutien flexibles qui répondront aux particularités des différentes chaînes de production agroalimentaire ou agro-industrielle du Canada.
Ce nouvel outil se base sur une approche baptisée AgriFlex, qui a pour objectif de s'intégrer parfaitement à la série de programmes fédéraux de soutien au revenu proposés par le gouvernement conservateur dans le cadre de sa politique Cultivons l'avenir. AgriFlex veut encourager les provinces et les producteurs à créer des programmes compagnons qui répondraient aux carences régionales observées en matière de protection telles que celle touchant les baisses cycliques des revenus agricoles qu'on observe dans le secteur des grains.
Les fermes familiales n'en deviendraient que plus viables aux yeux de la relève, car elles pourraient s'appuyer sur une planification financière à long terme. Essentiellement, AgriFlex proviendrait d'une enveloppe budgétaire fédérale mise à la disposition des gouvernements provinciaux afin de financer des programmes régionaux tels que les programmes de soutien au revenu agricole, incluant l'ASRA du Québec et le RMP de l'Ontario, qui se destinent tous deux au secteur des grains. AgriFlex offrirait la flexibilité nécessaire afin de permettre que ces fonds fédéraux servent au financement d'une forme de partenariat avec de tels programmes régionaux de soutien du revenu ou avec d'autres programmes régionaux axés sur le développement des marchés ou la recherche.
Après cinq années de prix désastreusement bas, le prix des grains s'est redressé récemment mais demeure extrêmement volatile et sujet à une chute à tout moment. Les familles agricoles souhaiteraient moins de volatilité et plus de prévisibilité. Considérant que le marché ne peut y répondre seul, nous souhaitons que ce partenariat avec le gouvernement prenne forme afin de bâtir cette prévisibilité et de protéger la viabilité des fermes familiales.
En conclusion, la Fédération des producteurs de cultures commerciales du Québec est convaincue que l'industrie des grains du Canada n'a pas d'autre choix que d'obtenir les mêmes opportunités que l'immense industrie qui se trouve collée au sud de notre frontière; que l'utilisation des grains pour des fins énergétiques et industrielles et, conséquemment, la politique sur les biocarburants font partie d'un processus évolutif nécessaire; et que pour y arriver, il faille établir des mesures réglementaires structurantes comme celles prévues au projet de loi C-33.
Finalement, le succès de cette politique sur les biocarburants et le développement des produits industriels au Canada passe inévitablement par un soutien adéquat du secteur des grains, qui est à la base des chaînes de valeur.
Merci.
:
Merci beaucoup. Bonjour, mesdames et messieurs. Je suis heureux d'être ici aujourd'hui pour faire des commentaires sur le projet de loi , Loi modifiant la Loi canadienne sur la protection de l'environnement (1999).
[Français]
Merci de me donner l'occasion de vous décrire pourquoi nous croyons que ce projet de loi et les biocarburants ont besoin de votre appui.
[Traduction]
Je représente la Canadian Bioenergy Corporation, une entreprise ayant son siège à Vancouver, qui distribue actuellement du biodiésel dans tout le pays et a un projet avancé d'implantation d'une grosse usine de biodiésel à proximité d'Edmonton, en Alberta. Je suis également président de l'Alberta biodiésel Association, qui représente la chaîne des valeurs complète des intérêts dans le biodiésel en Alberta, dont les membres ont la possibilité de produire un pourcentage important du biodiésel canadien à partir des matières premières actuellement disponibles et des matières premières non alimentaires sur lesquelles nous faisons des recherches dans l'espoir de les utiliser dès qu'elles seront rentables.
Mes commentaires sont le fruit de cinq années d'expérience de travail avec les dirigeants de l'industrie du biodiésel au Canada, depuis l'époque où ce biocarburant intelligent était totalement inconnu jusqu'à la période actuelle, où le biodiésel est un nom familier et est utilisé dans de vastes flottilles de véhicules, à travers le pays. Le biodiésel a acquis ce statut parce qu'il est efficace, parce que ses avantages sont immédiats et démontrés par des données scientifiques fiables et vérifiables, et parce que les agriculteurs, l'économie et l'environnement tirent des avantages de son utilisation.
Dans mon exposé, j'aimerais que trois points soient bien clairs.
Le premier est que le projet de loi est la façon la plus directe pour le gouvernement d'appuyer l'évolution la plus positive dans l'agriculture canadienne depuis une trentaine d'années. Ce projet de loi mettra sur pied une nouvelle industrie qui améliorera notre environnement, apportera une stabilité de marché au secteur agricole, qui est traditionnellement en difficulté, et encouragera la recherche-développement pour la découverte de biocarburants encore plus perfectionnés.
Le deuxième est que le moment choisi est essentiel. Les marchés financiers attendent d'avoir la certitude qu'une politique sera mise en place pour intervenir. Ils prendront le risque mais ne seront pas téméraires.
Le troisième et le dernier point, c'est que le biodiésel produit au Canada est un excellent carburant en termes d'opérabilité. Il sera efficace dans l'éventail complet des conditions qui prévalent au Canada et en termes de durabilité. Il présente un avantage clair pour l'environnement sur lequel je donnerai des explications plus précises.
En ce qui concerne le biodiésel fabriqué au Canada, le projet de loi appuiera un biocarburant intelligent et avancé qui réduira les gaz à effet de serre de plus de 75 p. 100 par rapport à ceux émis par le carburant diesel; il améliorera en outre l'air urbain pollué, réduisant ainsi l'incidence des maladies respiratoires dans nos grandes villes. Il est renouvelable. Son utilisation prolongera les réserves disponibles de pétrole à des fins à valeur ajoutée ultérieures. Il créera un nouveau marché. Son utilisation aidera à aplanir les fluctuations du marché qui ont maintenu les producteurs agricoles captifs pendant des décennies. En outre, il ajoutera de la valeur au secteur agricole. Si nous avons une industrie canadienne du biodiésel, nous ne nous bornerons pas à cultiver et exporter des grains.
Notre société est axée sur les moteurs diesel. Le biodiésel est le seul biocarburant actuellement disponible et approuvé pour les moteurs diesel qui nous permettent de nous déplacer et de transporter les produits que nous consommons. Nous côtoyons les échappements des moteurs diesel quotidiennement: dans les transports publics et les autobus scolaires, dans les rues des villes, dans les trains, dans les ports et, de plus en plus, dans les automobiles. Le biodiésel est un excellent outil dans le contexte du changement climatique, mais c'est en outre un outil local d'excellente qualité.
Les producteurs agricoles sont de fervents partisans du biodiésel. Les membres du Canola Growers Advisory Council, qui aide notre entreprise, m'ont signalé que les producteurs de canola savent que les prix élevés ne dureront pas; par conséquent, lorsque les prix baisseront, les producteurs auront un nouveau marché sur lequel se rabattre, celui du biodiésel. C'est important dans le contexte des milliards de dollars qui sont versés annuellement, par le gouvernement fédéral et par les gouvernements provinciaux, pour aider l'agriculture canadienne. Aux États-Unis, l'USDA a calculé que les mesures incitatives fédérales concernant l'industrie des biocarburants permettent de réaliser des milliards de dollars d'économie sur les programmes traditionnels de soutien des prix.
Les programmes qui soutiennent la propriété directe dans la fabrication de biocarburants, comme l'Initiative pour un investissement écoagricole dans les biocarburants, appelée également IIEB, veilleront à ce que les agriculteurs canadiens soient les propriétaires de l'industrie. Notre société a été très claire à ce sujet: les producteurs doivent tirer des avantages de cette industrie; nous l'avons d'ailleurs structurée de sorte que ce soit le cas.
Des initiatives sont essentielles dès maintenant pour assurer la demande sur le marché. Le Canada sera en bonne compagnie quand il prendra des mesures pour assurer le contenu renouvelable de ses réserves de carburant. Les pays de l'OCDE, et en particulier les États membres de l'Union européenne, ont adopté depuis des années des politiques claires sur les biocarburants et continuent de les étoffer. Le Canada arrive en retard mais rattrape rapidement le temps perdu. La question de temps est capitale. Cette industrie ne pourra survivre que si elle a une capacité de production bien établie de sorte à être compétitive à l'échelle internationale.
Le capital privé nécessaire pour construire les usines de production de biocarburants exige, de la part des autorités fédérales et provinciales, un engagement clair et durable envers cette industrie. Sans la demande sur le marché garantie par les dispositions concernant le niveau de mélange de la norme pour les carburants renouvelables, les usines de production de biocarburants et l'infrastructure de soutien ne seront pas construites au Canada. Un retard dans l'adoption de ce projet de loi pourrait faire manquer l'occasion en or que représentent les biocarburants, surtout pour les agriculteurs canadiens qui sont prêts à participer à cette industrie nouvelle et importante.
Deux décisions doivent être prises pour s'assurer qu'il y a une demande suffisante pour établir cette industrie naissante. La première est une décision que vous pouvez prendre immédiatement: adopter le sans tarder. L'absence de règlements précis permettant de déterminer comment la teneur en carburant renouvelable sera atteinte ne doit pas retarder l'adoption de ce projet de loi essentiel.
Dans quelques mois, nous aurons besoin de la deuxième décision que vous et vos collègues pouvez prendre, à savoir, choisir la même échéance pour le biodiésel que pour l'éthanol, soit le 1er janvier 2010. Qu'est-ce que j'entends par là? L'échéancier initial établi vers la fin de l'été 2006 en ce qui concerne la norme pour les carburants renouvelables a repoussé la mise en oeuvre du biodiésel à une date aussi tardive que 2012. Il est essentiel pour notre industrie que la date de mise en oeuvre soit le 1er janvier 2010. Le report d'un mandat pour le biodiésel à une date éloignée de près de quatre ans ferait avorter ou retarderait considérablement la construction de nouvelles usines; ce serait un retard totalement inutile et indéfendable, que ce soit en invoquant des motifs d'ordre technique ou d'ordre stratégique.
Au cours des prochains mois, nous comptons remplir l'exigence la plus importante pour une échéance fixée à 2010 pour fixer une norme pour les carburants renouvelables, à savoir un test pilote pour confirmer la fonctionnalité totale du biodiésel par froid extrême. Après des années et des millions de kilomètres d'essais sur route au Canada, en Europe et aux États-Unis, le biodiésel, lorsqu'il est produit et manutentionné conformément à des spécifications et à des directives strictes en matière de qualité, a démontré son efficacité et sa sûreté; par conséquent, nous pouvons appuyer avec confiance l'adoption du biodiésel sur le marché canadien des carburants.
Il n'y a aucune raison de retarder l'échéance de deux ans. La Colombie-Britannique, où je réside, aura un mandat d'une teneur de 5 p. 100 de carburant renouvelable dans le diesel d'ici à 2010. Si elle n'arrive pas à imposer un mélange avec cette teneur, le gouvernement fédéral pourra à coup sûr mettre en oeuvre un mandat de 2 p. 100 de carburant renouvelable dans les carburants diesel d'ici 2010. Des échappatoires comme le report du crédit renouvelable, des mesures de désengagement ou des retards d'adoption de cette norme n'auront que des incidences négatives sur l'établissement d'une industrie de production de carburants renouvelables au Canada. Un accès durable crédible au marché pour les carburants renouvelables doit être observé par le régime réglementaire qui sera adopté en vertu du .
Le biodiésel canadien est un carburant intelligent durable. Le biodiésel à base de canola canadien constitue en soi une stratégie de réduction immédiate du carbone. Le biodiésel de canola est le biodiésel d'efficacité supérieure par temps froid exigé par les conditions climatiques canadiennes; en outre, la production de canola est excédentaire, ou du moins abondante, dans un cycle de vie complet; elle est faite de façon durable sur des terres arables existantes non irriguées des Prairies canadiennes, et dans des proportions moindres, en Ontario et au Québec.
Je voudrais réfuter les arguments selon lesquels les biocarburants peuvent causer une dégradation de l'environnement et les méthodes de culture de la matière première nécessaire pour le processus de production des biocarburants libèrent davantage de carbone qu'elles n'en déplacent par leur utilisation comme carburant de transport. La matière première que l'on compte surtout utiliser pour la fabrication de biodiésel au Canada, à savoir le canola, a démontré qu'elle présentait des avantages considérables sur le plan environnemental. Son utilisation entraîne des réductions de gaz à effet de serre de plus de 75 p. 100. Elle produit trois unités d'énergie par unité de carburant fossile utilisé pour la produire et les superficies supplémentaires qui seront mises en culture pour sa production seront minimes. Les écosystèmes à forte biodiversité et les terres qui constituent des puits de carbone reconnus ne seront pas endommagés par les cultures.
Le biodiésel canadien ne causera pas non plus de pénurie alimentaire ou ne fera pas monter le prix des produits alimentaires. Le Canada cultive des quantités plus que suffisantes de canola pour accomplir le mandat fédéral sur les carburants renouvelables établis par le . En outre, la Canadian Renderers' Association a signalé que des gras produits au Canada et des graisses recyclées sont également disponibles en quantités substantielles pour la production de biodiésel au Canada.
En se basant sur une proportion de 70 p. 100 de canola et de 30 p. 100 de graisses et d'huiles dans les matières premières utilisées pour la production de biodiésel au Canada, l'exigence annoncée récemment par le gouvernement fédéral, à savoir que 2 p. 100 du volume des carburants diesel utilisés au Canada soit du carburant renouvelable, nécessitera environ 900 000 tonnes de graines de canola. C'est à peu près l'équivalent du report des graines de canola, c'est-à-dire du pourcentage de la récolte invendu à la fin de l'année, qui est nettement inférieur à ce qui est prévu pour les prochaines années et aux reports enregistrés au cours des trois dernières années.
Compte tenu des mesures législatives et réglementaires adoptées par les États-Unis et par l'Europe, un facteur important du processus réglementaire engendré par le consistera à s'assurer que les biocarburants adoptés par le marché canadien n'entraîneront pas le recours à des pratiques de production et d'utilisation des biocarburants non durables ou dommageables. L'industrie mondiale des biocarburants est fondée sur la prémisse et la promesse d'un approvisionnement en carburant plus écologique. Nos règlements sur les biocarburants doivent être établis de sorte que les biocarburants qui servent à respecter la norme pour les carburants renouvelables ne contribuent pas à une augmentation des gaz à effet de serre ou des polluants atmosphériques. Nous devons protéger la biodiversité, les terres humides fragiles et les espèces menacées d'extinction. Le biodiésel produit au Canada répondra aux normes internationales de durabilité les plus strictes en matière de biocarburants; nous devons en outre faire le nécessaire pour que tous les biocarburants importés soient certifiés conformes à la norme environnementale canadienne.
Nous encourageons le comité à appuyer ce projet de loi.
[Français]
Je vous remercie de m'avoir offert l'occasion de comparaître aujourd'hui devant ce comité. Je me ferai un plaisir de répondre à toutes vos questions.
On m'a demandé d'exposer mon point de vue devant le comité. Je ne suis pas habitué à des audiences de cette nature. Je suis un scientifique. Je suis professeur d'université et on m'a confié la chaire de l'éthanol cellulosique et des biocarburants de la deuxième génération. J'ai en outre de nombreuses activités extérieures, avec des entreprises que j'ai aidées à se restructurer et à fonctionner dans le secteur des biocarburants et de la bioénergie.
Étant donné que la personne qui a pris la parole avant moi a vanté avec éloquence les mérites du biodiésel, je laisserai tomber les commentaires que je voulais faire sur le biodiésel pour faire surtout des observations sur l'éthanol cellulosique, qui seront précédées de quelques commentaires sur l'éthanol produit à partir de céréales.
J'estime qu'il est important de savoir qu'il existe un large consensus au Canada, au palier fédéral et au palier provincial, sur la nécessité d'établir des objectifs imposés. Dans le cas de l'éthanol, il s'agit d'une teneur de 5 p. 100 en éthanol dans l'essence pour 2010. Certaines provinces, comme le Québec, préconisent 2012. La question fait l'objet de légères divergences d'opinions entre les provinces et le gouvernement fédéral, mais je pense que l'on veut atteindre ce 5 p. 100 le plus vite possible. Dans le cas de l'éthanol, ça représente un marché de 2 milliards de litres par an au Canada, dont 767 millions de litres sont actuellement produits à partir de céréales. Une capacité de production d'éthanol de grain de 680 millions de litres sera ajoutée en 2008 et 2009.
Au Québec, il y a l'Ethanol GreenField, une usine de Varennes qui produit un peu plus de 120 millions de litres par an. Cependant, dans cette province, l'éthanol de grain fait l'objet de nombreuses critiques. Les détracteurs estiment que la production d'éthanol à base de grain devrait être soumise à un plafond, parmi ces deux milliards de litres par an, et que la prochaine génération d'éthanol devrait être produite à partir de résidus cellulosiques. Il semblerait que ce soit non seulement un choix canadien, mais aussi le choix des États-Unis et du Brésil, où l'on utilisera de plus en plus de gaz pour la production de l'éthanol de deuxième génération.
Quelle est la raison d'être de cet éthanol de deuxième génération? Elle est liée au fait que l'extension de l'utilisation du grain pour produire les glucides nécessaires à la fabrication d'éthanol est soumise à certaines contraintes. Nous pensons qu'il serait plus avantageux que les entreprises qui produisent de l'éthanol à base de grain se mettent progressivement à produire de l'éthanol cellulosique pour respecter les conditions imposées par le gouvernement fédéral et par les gouvernements provinciaux.
L'éthanol cellulosique est important. Il est surtout produit à partir des résidus forestiers, de résidus agricoles comme les tiges de maïs et des résidus urbains, à savoir les résidus des déchets municipaux solides qui ne peuvent pas être recyclés. Même en procédant à un tri approprié, on ne peut pas tout recycler.
Bien que nous considérions l'éthanol cellulosique comme un secteur ou un sous-secteur de l'industrie de production d'éthanol, nous pensons que ces trois types de matières premières seront présentes dans la production d'éthanol. Vous aimeriez peut-être savoir quelles sont les technologies utilisées, si elles sont déjà au point, ou presque. L'éthanol cellulosique peut être produit de deux façons. On peut adopter la technique de la production de sucre et de la fermentation, semblable à celle de la production d'éthanol de grain, ou on peut utiliser tout le carbone par gazéification de la matière première, qui produit un gaz uniforme. Ce gaz peut être transformé par synthèse catalytique en éthanol. On peut également le transformer en diesel, si l'on veut.
Les deux procédés de production sont appropriés et font l'objet d'études. La technique de la gazéification est une technique qui a fait ses preuves, car en Afrique du Sud, on produit depuis plus d'une génération de l'éthanol et des hydrocarbures en utilisant du charbon comme matière première et en ayant recours à la technologie de la gazéification pour transformer ce charbon en un gaz naturel de synthèse uniforme.
En fait, et je pense que le système fédéral doit le comprendre, les options pour la production d'éthanol sont le grain et la cellulose. En ce qui concerne l'éthanol cellulosique, les systèmes les plus avancés sont ceux qui font appel à la gazéification et qui peuvent déjà être mis en oeuvre, si je ne me trompe. En tout cas, certaines entreprises américaines et canadiennes vont dans cette direction.
Je suis donc très optimiste en ce qui concerne les prochaines années, car je pense que nous serons capables — pas nécessairement pour 2010, mais certainement pour 2012 — de produire les quantités nécessaires pour respecter cette norme imposée de 5 p. 100 à un coût qui devient raisonnable. Le coût visé en ce qui concerne l'éthanol cellulosique produit par gazéification est très semblable au coût actuel de l'éthanol produit à base de grain. L'éthanol cellulosique produit par hydrolyse et par fermentation est peut-être un peu plus coûteux car on utilise des matières premières plus onéreuses que pour la production d'éthanol de grain.
Par conséquent, nous nous y appliquons. Je vois le marché, et pas seulement le marché technologique, mais aussi le marché financier. Je pense que les projets de loi que le gouvernement fédéral est prêt à adopter seront essentiels, qu'ils seront intéressants et qu'ils seront appropriés pour que le Canada fasse un pas en avant dans la course internationale au biocarburant; je pense que nous sommes très bien positionnés pour être aux commandes.
[Français]
Je ne sais pas si vous avez des questions à poser. C'est la fin de mon allocution. J'ai peut-être pris moins de temps que prévu ou que vous ne l'auriez voulu, alors je reste à votre disposition pour répondre à vos questions.
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Aujourd'hui, l'industrie de l'éthanol à partir de grains est une industrie qui ne comporte aucun risque. Il y a le maïs. On sait exactement ce qu'on doit faire pour faire du sucre, pour faire fermenter et pour obtenir des protéines. Cette industrie a permis de développer le secteur de l'éthanol en Amérique du Nord.
Au Québec, pour différentes raisons, on a décidé qu'en plus de faire de l'éthanol à partir du maïs, on va essayer de démontrer qu'il y a deux autres moyens de faire de l'éthanol. Je suis engagé, en tant qu'universitaire mais aussi à l'extérieur de l'université, dans ces deux projets que vous avez mentionnés.
Une de ces technologies utilise du bois essentiellement usagé, tel que du bois de démolition ou de construction ou encore du bois de la forêt. On transforme tout ce bois en gaz avec lequel on fabrique ensuite l'éthanol en utilisant des techniques qu'on appelle catalytiques. Cette technologie, comme je vous l'expliquais tout à l'heure, existe déjà en Afrique du Sud, à partir du charbon. Aucune compagnie au monde ne le fait à partir du bois. Nous avons un projet à Westbury, en Estrie, qui va prouver qu'il est possible de le faire à partir de résidus de bois.
L'usine est déjà construite en partie. Les équipements ont été commandés, et on devrait commencer cette production cet été. Le risque existe. Ce n'est pas un risque zéro comme dans le cas du maïs grain, mais c'est un risque très limité à un certain nombre d'étapes qui se font ailleurs et qui vont prouver qu'on peut le faire avec notre matériel de l'Estrie.
Il y a un autre projet en branle qui utiliserait des biomasses résiduelles de meilleure qualité. On ferait à la fois de l'éthanol et de la fibre papetière. C'est un projet qui vise à offrir aux papetières la possibilité d'élargir leurs horizons durant une période historique où l'industrie des pâtes et papiers se trouve mal en point.
Nous avons abordé la question du point de vue de l'agriculteur canadien. Je pense que, de l'avis général, cette politique est favorable aux agriculteurs.
Monsieur Thomson, vous avez fait remarquer que ceci pourrait être une assurance contre une future baisse des prix. La première chose qui me vient à l'esprit est que, de toute apparence, peu d'agriculteurs se regroupent en coopératives car ils obtiennent des prix très intéressants au niveau alimentaire. Ça préoccupait le ministre.
Je me pose la question suivante: si les agriculteurs ne s'embarquent pas dans l'aventure, cela signifierait-il que nous devrons importer? C'est le premier commentaire que je voulais faire.
L'autre commentaire concerne une préoccupation que je partage avec de nombreux autres Canadiens. Nous avons mentionné que nous étions dans une période d'une importance critique, qu'il faut bien faire les choses, et que les marchés financiers sont disponibles. Je comprends tout cela. Par ailleurs, nous recevons de l'Europe et des États-Unis — vous avez d'ailleurs mentionné les pays de l'OCDE — un message indiquant que nous devrions peut-être ralentir un peu et voir exactement dans quelle direction nous allons.
Par exemple, le 21 janvier 2008, le Royaume-Uni a réclamé un moratoire de cinq ans sur les biocarburants. Le comité de vérification environnementale a conclu son rapport par la constatation suivante:
Le gouvernement et l'Union européenne n'auraient pas dû se fixer des objectifs visant à accroître l'utilisation de biocarburants en l'absence de normes de durabilité vigoureuses et de mécanismes ayant pour objet d'éviter un changement dommageable d'utilisation des terres.
En février de cette année, une douzaine de scientifiques américains spécialisés dans les biocarburants présentent une pétition aux législateurs américains leur demandant de revoir les mandats en matière de biocarburants. Voici un des commentaires qu'ils ont faits:
L'étude fait remarquer qu'après avoir tenu compte des changements d'utilisation des terres prévus à l'échelle mondiale, l'éthanol produit à base de maïs augmenterait les émissions de gaz à effet de serre de 93 p. 100, au lieu de les réduire de 20 p. 100, par rapport à l'utilisation d'essence, sur une période de 30 ans. Les biocarburants faits à partir de panic raide entraîneraient une augmentation de 50 p. 100 des émissions de gaz à effet de serre, s'ils remplacent les terres de culture et d'autres terres absorbant le carbone, ont indiqué les chercheurs.
Ils font encore le commentaire suivant:
Nous devrions axer nos efforts sur l'utilisation de biocarburants faits à partir de déchets... comme les détritus ménagers, ce qui n'entraînerait aucun changement d'utilisation des terres agricoles... Il faut en outre être prudents quant aux quantités exigées. Il faut utiliser les biocarburants adéquats, mais sans en exiger de trop grosses quantités trop rapidement. Nous fabriquons actuellement presque exclusivement des biocarburants qui sont inadéquats.
Je pense par conséquent que le débat devrait être axé sur la distinction entre les biocarburants adéquats et ceux qui sont inadéquats. En ma qualité d'observateur, je vois que l'utilisation des biocarburants appropriés a beaucoup de potentiel. Nous en avons discuté en ce qui concerne la biomasse provenant des déchets. Nous en avons discuté en particulier dans le contexte de deux types de recherches portant sur les résidus de la biomasse, sur le bois usagé.
J'aimerais qu'on fasse quelques commentaires sur cette question. J'arrête là, mais il y a la question du choix entre la production alimentaire et la production de carburant qui jette une ombre sur ce débat.
Monsieur Thomson.
C'est un résumé élégant des défis que nous avons à relever.
J'ai trois commentaires à faire. En ce qui concerne la directive sur les biocarburants de la Commission européenne que vous avez mentionnée et qui a été publiée en janvier, nous l'avons très vite examinée de près. Elle a, bien entendu, des incidences substantielles en ce qui concerne notre industrie du biodiésel canadien, dans la mesure où des quantités assez importantes de biodiésel et de matières premières pour la fabrication du biodiésel, à savoir le canola, sont exportées actuellement du Canada vers l'Europe. Les Européens ciblaient en fait une série de critères très précis qu'ils jugent non durables. Ils ont tendance à cibler les palmiers provenant de forêts dont la déforestation est récente et des endroits où la biodiversité est grande. Ils ont tendance à cibler le soja cultivé au Brésil ou en Argentine, sur des terres qui sont en fait des terres de pâturages, qui sont en jachère et pourraient être remises en production, de sorte qu'on perdrait alors les puits de carbone qu'elles représentent.
Je pense qu'il est essentiel d'examiner la question très minutieusement. Je suis d'accord avec vous. Je ne pense pas que beaucoup de personnes actives dans ce secteur s'y soient engagées pour que le résultat de leur travail soit une destruction de l'habitat. Les matières premières pour la fabrication de biodiésel produites au Canada répondront largement aux critères établis par l'Union européenne. Nous ne prendrons pas des prairies en culture pour assurer l'expansion de ce secteur. Les informations données sur le site Web du Conseil canadien du canola indiquent que certains progrès réalisés en agronomie, en science des rendements et en phytotechnie permettront d'obtenir l'accroissement de production d'huile nécessaire pour un mandat sur le biodiésel. Nous produisons de 9 à 10 millions de tonnes d'huile de canola par année et il nous en faudra environ 900 000 tonnes, soit 10 p. 100, pour faire la récolte nécessaire pour respecter la norme pour les carburants renouvelables.
Il est vraiment essentiel de tenir compte des possibilités du Canada dans ce domaine. J'en suis constamment conscient. On reçoit des signaux d'autres pays qui voudraient que nous ne nous précipitions pas en matière de biocarburant et que le Canada reste à la traîne. Nous créerions une situation très regrettable si nous ne tenions pas compte des atouts de notre pays. Les cultures canadiennes seront très aptes à répondre aux critères internationaux de durabilité. Nous le savons par notre participation.
J'ai un dernier commentaire à faire sur la question. Je suis assis devant l'écran plat de télévision à haute définition et je ne pense pas qu'on ait décidé, il y a une vingtaine d'années de conserver le système de tube à rayons cathodiques alors qu'un système plus performant était en voie de développement. Toutes les personnes qui ont étudié l'adoption de nouvelles technologies ou de nouveaux carburants, dans le cas des biocarburants, ont signalé qu'il était essentiel d'implanter une industrie sur laquelle on puisse s'appuyer. Si nous attendons après la première génération, ça retardera l'adoption de biocarburants très intelligents qui, comme nous le reconnaissons tous, n'entreront pas en concurrence avec les produits alimentaires et ne compromettront pas des zones agricoles, par exemple.
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Il existe deux niveaux. L'un est celui de la technologie et l'autre est celui de la matière première. On peut faire appel à différents types de technologies. L'une est celle des lipides, c'est-à-dire une huile ou une graisse, puis il y a un type de technologie plus avancée permettant d'utiliser une matière cellulosique ou une bio-huile qui peut être fabriquée à partir de toute une série de matières cellulosiques glucidiques.
Ensuite, en ce qui concerne les matières premières — et je peux faire des commentaires spécifiques sur ce qu'on utilise actuellement au Canada —, il y a les gras fondus, donc les graisses recyclées des restaurants, et aussi le suif provenant des usines d'équarrissage et des abattoirs. Ces matières représentent environ 200 millions de litres actuellement et le reste, soit environ 1,3 million de litres, d'ici à 2015, proviendrait des huiles.
Parmi ces huiles, on utilise actuellement des huiles végétales, notamment l'huile de canola, mais on fait de la recherche sur les graines de caméline, une plante plus résistante à la sécheresse. Elle nécessite moins de pesticides et d'azote. Elle a des rendements comparables au canola si elle cultivée dans de bonnes conditions.
On fait également des études sur différents types d'oléagineux. On examine en outre la possibilité d'utiliser des micro-algues, car c'est une matière première à base de lipides qui n'entrerait pas en concurrence avec les terres arables. Il y a aussi la graine de moutarde et une autre plante apparentée au canola.
Certaines matières premières sont plus développées que d'autres, mais tout revient à une question de rentabilité. Votre collègue posait des questions sur la rentabilité d'une usine de production. Si l'on a des matières premières coûteuses, elles représentent la majeure partie du coût de production. C'est pourquoi la matière première devient un facteur primordial.
Il y a donc un grand potentiel dans la recherche future. On ne se jette toutefois pas directement sur ces matières premières futures. Il faut une base industrielle où l'on puisse mettre ces matières premières à l'essai, les soutenir et les élaborer.
Il y a ensuite une discussion tout à fait différente sur les technologies futures et le diesel renouvelable. Au Canada, le gouvernement de la Colombie-Britannique et le gouvernement fédéral offrent leur soutien au diesel renouvelable. On ne fait pas de distinction entre des gagnants ou des perdants. On veut tout simplement qu'il soit renouvelable; on choisit la technologie et on trouve la matière première la plus appropriée.
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Bonjour. Je me nomme Camil Lagacé et je suis président-directeur général du Conseil québécois du biodiésel.
J'aimerais d'abord vous remercier de nous recevoir aujourd'hui et de nous inviter à émettre nos commentaires sur le projet de loi .
De façon générale, nous sommes favorables aux modifications à la loi qui sont proposées. Nous approuvons le principe dans son ensemble. En ce sens, nous ne sommes pas ici pour contester la démarche en cours. Par contre, nous aimerions faire valoir quelques points qui, à notre avis, pourraient être profitables quand il s'agira d'orienter les mesures qui découleront de l'adoption des modifications à la loi.
En ce qui a trait à l'établissement d'un contenu minimum moyen de biocarburant, il n'est pas suffisant pour créer un marché des biocarburants qui soit réel, facilement et rapidement intégrable aux infrastructures existantes de distribution de produits pétroliers et qui puisse convaincre aisément les utilisateurs d'opter pour l'utilisation des biocarburants.
Dans le cas du biodiésel, la proposition concernant le contenu minimum moyen est conditionnelle à ce que l'utilisation de celui-ci soit prouvée faisable. Dans ces conditions, il est important que cette démonstration soit effectuée le plus rapidement possible, et ce, pour tous les segments de marché dans lesquels le biodiésel pourrait être utilisé, que ce soit dans le secteur du transport, les applications sur route, les applications hors route comme le rail, le secteur maritime, le secteur agricole et celui du chauffage des espaces. De plus, cette démonstration doit être faite avec la participation d'un plus grand nombre de partenaires représentant divers utilisateurs éventuels. Les conditions existantes et les différences régionales doivent aussi être prises en compte.
L'utilisation des produits pétroliers et la logistique appliquée à leur distribution varie passablement d'une région à l'autre du Canada. Concernant l'introduction des biocarburants, une approche nationale uniforme pourrait se heurter aux différences régionales et ralentir le déploiement. Il faut favoriser des conditions de marché qui puissent réellement contribuer au développement durable de l'industrie des biocarburants ou des carburants renouvelables, c'est-à-dire qu'il faut appliquer des règles permettant à l'industrie canadienne de faire concurrence aux produits d'ailleurs.
Je vous donne un exemple. Actuellement, les mesures en vigueur aux États-Unis font que toute la production canadienne de biodiésel passe par ce pays, de façon à bénéficier des incitatifs fiscaux, entre autres le blender's credit, qui permet à ceux qui font les mélanges de produits d'amener sur le marché un produit subventionné, donc moins cher et plus attrayant pour les utilisateurs. Il faut baliser le développement des filières de production de biocarburants entre la première, deuxième et troisième génération en utilisant des quotas par source d'approvisionnement et par matière première, à l'exemple de ce que les Américains sont en train de faire, de même que certains pays européens, dont l'Angleterre, la France et l'Union européenne.
Je vais vous donner un exemple. On veut mettre en oeuvre un décret au Canada. Or, s'il est question de l'éthanol maïs par rapport à l'éthanol cellulosique, il faut déterminer quelle proportion de ce décret sera consacrée aux filières de production de biocarburant. Dans le cas du biodiésel, il va s'agir de déterminer quelle proportion de biocarburant sera produite à partir de cultures dédiées, d'une part, et de matières résiduelles, d'autre part.
Pour ce qui est des produits non conformes, il est primordial que dans le cadre de la mise en vigueur d'un décret relatif aux biocarburants, on s'assure que seuls les produits répondant à des normes de qualité seront utilisés, et non des substituts de produits qui ne répondent à aucune norme.
Je vais maintenant aborder la question des programmes d'aide consacrés aux biocarburants, qu'il s'agisse de développer des marchés ou de créer la demande. Aux États-Unis, les usines de biodiésel ne fonctionnent actuellement qu'à 40 p. 100 parce qu'elles ont de la difficulté à intégrer le marché de la distribution et à rejoindre les utilisateurs. Dans ce contexte, le Conseil québécois du biodiésel veut organiser au printemps prochain à l'intérieur du corridor Québec-Windsor un projet appelé BioRoute-BioHighway. L'objectif est de travailler activement à la création d'un marché pour le biodiésel en reliant les utilisateurs aux producteurs et aux distributeurs de biodiésel au Québec et en Ontario. Or, nous rencontrons des obstacles quant au financement de ce projet parce que celui-ci ne cadre pas avec les programmes mis sur pied par le gouvernement fédéral en prévision des décrets visant à imposer un contenu minimum moyen de biodiésel d'ici 2012.
Autrement dit, on aime l'idée du projet pour aider à boucler la boucle entre la production et l'utilisation du produit, sauf qu'il n'y a aucun programme d'aide pour que cela devienne une réalité. Actuellement, dans différents ministères, on croit que l'imposition d'un contenu minimum moyen sera automatiquement suffisant pour créer la demande.
À la suite d'une étude faite sur la distribution du biodiésel au Canada, il est important d'adapter de façon intensive le réseau de distribution de biodiésel dans toute l'industrie. Pour ce faire, il faut différentes formes d'aide. Le U.S. Biodiesel Blender Federal Excise Tax Credit des États-Unis est un exemple éloquent à cet égard. Il aide à faire le mélange de produits, mais aussi à reprendre la forme sur l'amortissement accéléré afin d'absorber les coûts d'adaptation des infrastructures.
Les deux derniers points sont le développement régional et la production de biocarburant. Quoique intéressante à première vue, la production de biocarburant à petite échelle avec une capacité de production de moins de 5 millions de litres par année présente des risques quant à la viabilité des usines de production. Cela est dû en partie au coût de l'assurance-qualité de même qu'au volume minimum d'achat souhaité par les distributeurs de produits pétroliers. À être trop artisanale, une production à petit volume ne garantit pas la rentabilité à long terme.
Finalement, du point de vue des fournisseurs de matières premières, particulièrement dans les régions où les volumes sont généralement plus petits, à titre d'exemple la production de canola au Québec, il ne faut pas précipiter la décision d'investir dans la production de biodiésel parce que le sujet est d'actualité ou qu'il fait l'objet de programmes d'aide, surtout si c'est pour une production à petite échelle. Il serait beaucoup plus sage d'attendre et d'envisager plutôt l'utilisation de cette biomasse en combinaison avec d'autres biomasses disponibles dans la région pour une transformation permettant une plus forte valorisation ou une plus-value par leur transformation dans une bioraffinerie.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Chers membres du comité, vous m'avez invité aujourd'hui à commenter le projet de loi C-33. Comme jeune chercheur, je crois bien représenter la relève scientifique et professionnelle, particulièrement celles et ceux oeuvrant dans les vastes domaines de l'environnement et des biotechnologies.
À prime abord, je constate que le projet de loi C-33 donnera lieu à de nouvelles réglementations sur la production de biocarburants qui n'ont toujours pas été proposés ou approuvés. Si la loi encourage la production canadienne de biocarburants à partir de biomasses fraîches aux dépens des autres possibilités, nous courons le risque de subir des répercussions environnementales et socioéconomiques soutenues à l'occasion par la communauté scientifique ou minimisées par certains gouvernements, mais tant redoutées par les organismes environnementaux. Voici donc mes positions à l'égard de ce projet de loi.
Ma première position est la suivante. La production de biocarburants requiert des tonnes de biomasses et il est pleinement justifié d'utiliser les matières premières abondantes et diversifiées comme les matières résiduelles. Le projet de loi C-33 devrait être présenté aux Canadiens comme étant favorable à l'utilisation des résidus, et non pas des biomasses fraîches.
Ma deuxième position est la suivante. La production de biocarburants ne doit pas prédominer sur la production d'autres bioproduits. Le projet de loi C-33 est actuellement présenté comme étant favorable à la production de biocarburants, mais qu'en sera-t-il des autres bioproduits aux marchés fructueux et débouchés prometteurs? Est-ce que l'avenir des agriculteurs passe seulement par des biocarburants ou par une plus grande diversification des bioproduits agricoles?
Ma troisième position est la suivante. Le projet de loi C-33 est présenté aux Canadiens comme une solution pour les agriculteurs qui cherchent de nouveaux marchés. Cependant, ce projet de loi est aussi, à mon avis, une solution pour la diversification des bioproduits pour d'autres industries, et même pour les municipalités, qui ont toutes à leur portée une grande diversité de résidus pouvant être biotransformés avec ou sans prétraitement.
En ce qui concerne ma première position, nous sommes plusieurs à croire fermement que la production de biocarburants et autres bioproduits doit se faire, lorsque c'est possible, à partir de biomasses résiduelles, prétraitées ou non prétraitées, disponibles à l'échelle locale. Chaque région, municipalité, ville ou village a son lot de rejets et de résidus diversifiés tels que des pailles, des résidus de bois, des huiles usées, des sous-produits ou des eaux usées agroalimentaires. Tous ces résidus peuvent être potentiellement biotransformés en biocarburants et autres bioproduits, incluant même des cocktails d'enzymes, par exemple, utilisés pour prétraiter les matières lignocellulosiques en vue de les biotransformer.
En faisant les bons choix technologiques, on réduit considérablement les coûts de production et les prix à la vente des bioproduits. Nous réalisons même des économies sur le traitement et la gestion des résidus en les réacheminant vers la production à valeur ajoutée. Le mélange de rejets et/ou de résidus locaux et l'application de prétraitements mécaniques, physico-chimiques ou enzymatiques sont deux exemples de choix technologiques qui élargissent les possibilités de biotransformation et accroissent les rendements de production.
Nous pouvons même songer à utiliser les boues d'épuration des eaux usées. Les stations de traitement des eaux usées génèrent une matière première extraordinaire que le public et quelques autorités perçoivent encore comme des déchets, en raison de leur origine et même de leur odeur. Les boues ont un potentiel nutritif sous-estimé qui supporte la croissance de micro-organismes industriels, et la formation de leurs produits microbiens est d'intérêt commercial. Les recherches scientifiques ont démontré qu'il est possible de produire de façon économique des biopesticides et des enzymes et, éventuellement, des bioplastiques. La production de biocarburants, ou encore d'enzymes pour la production de biocarburants, est certainement une piste intéressante à explorer.
En ce qui concerne ma deuxième position, je crois comprendre que le gouvernement canadien souhaite, avec le projet de loi C-33, donner un second souffle aux agriculteurs. Effectivement, il répond en partie aux besoins de diversifier les bioproduits agricoles au Canada. Or, il sera important que les futurs règlements et investissements découlant du projet de loi C-33 ne détournent pas notre intérêt à obtenir d'autres bioproduits, comme des enzymes microbiennes et des produits biochimiques aux marchés fructueux ou aux débouchés prometteurs. Il y a tellement de créneaux à développer, spécialement avec la panoplie de résidus fermentables qui peuvent servir de matière première économique.
En ce qui concerne ma troisième position, le projet de loi C-33 est présenté comme une solution aux agriculteurs qui cherchent de nouveaux marchés. Cependant, le projet de loi C-33 devrait aussi être présenté comme une solution pour tous les producteurs de déchets désireux de les transformer en bioproduits et d'en tirer des bénéfices. Les futurs règlements et investissements découlant du projet de loi C-33 devront s'adresser aussi à l'industrie forestière, à l'industrie agroalimentaire et même au secteur municipal. À mon avis, il serait important d'encourager les biocarburants de première, deuxième ou troisième génération qui sont basés entièrement sur des résidus agricoles, forestiers ou urbains, ou encore sur des matières qui n'utilisent pas de sol comme base de production.
J'aimerais souligner le fait que le projet de loi cadre avec la volonté du gouvernement de créer des bioraffineries, où le milieu rural serait au centre de plusieurs productions de biocarburants, bioénergies et autres produits biochimiques. J'estime cependant que nous devrions aller plus loin que les bioraffineries en créant des écoraffineries, où chaque région répondrait à ses propres besoins en biocarburants et autres bioproduits grâce à sa grande richesse en matières résiduelles.
Les écoraffineries sont en fait l'expansion logique des bioraffineries et des écoparcs. C'est avec les efforts consentis à la diversification des bioproduits issus des résidus que nous parvenons à créer des écoraffineries. Les agriculteurs, les producteurs bovins, porcins et avicoles, les industries, les centres de recyclage, les sites d'enfouissement et les stations d'épuration pourraient être au coeur de plusieurs bioproductions dans leur région. Les bioproduits fabriqués, par exemple les biocarburants, devraient idéalement répondre aux besoins des citoyens, agriculteurs et industries de la région. Chaque ville ou village pourrait fabriquer et distribuer aux citoyens et aux industries locales une variété de bioproduits écologiques à des prix avantageux. Ces écoraffineries seront constituées de plusieurs filières de valorisation qui attireront des entreprises de biotechnologie sur leur territoire et créeront ainsi des emplois de haute technologie dans leur région.
À la demande, je peux fournir de la littérature scientifique pour appuyer plusieurs de mes affirmations. J'ai quelques exemples concrets. Au Québec, la Ville de Victoriaville réalise actuellement une étude de faisabilité sur l'implantation d'un procédé de prétraitement et de biotransformation des boues en bioproduits commerciaux. Vous pouvez aussi surveiller de près les activités de mon entreprise, EcoNovo, qui a pour mission de réacheminer les rejets vers la production à valeur ajoutée et, surtout, de diversifier les produits que nous pouvons en tirer. C'est d'ailleurs mon entreprise qui est responsable de l'étude de faisabilité réalisée par la Ville de Victoriaville.
Il y a finalement l'Institut national de la recherche scientifique, à Québec, qui a reçu une subvention de la Fondation canadienne pour l'innovation et du gouvernement du Québec pour construire le tout premier laboratoire de recherche et de développement sur la bioconversion des rejets urbains, industriels et agricoles en produits à valeur ajoutée. Il s'agit d'une plateforme de recherche qui fournit aux chercheurs canadiens et aux jeunes entreprises des équipements de pointe pour précommercialiser des technologies de bioconversion.
Pour conclure, j'ai espoir que le projet de loi favorise la production de biocarburants à partir de résidus et de cocktails d'enzymes nécessaires au prétraitement en conservant l'objectif capital de diversifier les bioproduits de toutes les industries — centres de recyclage, sites d'enfouissement et stations d'épuration des eaux usées — à la grandeur du Canada. Nous avons accès à une panoplie de résidus dont les quantités ne cessent de s'accumuler. C'est pourquoi nous devons bâtir des bioraffineries et des écoraffineries canadiennes qui les mettront en valeur.
Je suis la coordonnatrice du Canadian Biotechnology Action Network. Le réseau est un regroupement de 16 organismes des différentes régions du Canada; il s'agit d'organisations de développement international comme Inter Pares et USC, d'associations agricoles et de coalitions locales, comme la Society for a GE Free B.C. et la P.E.I. Coalition for a GMO-Free Province.
Notre réseau témoigne des préoccupations actuelles des Canadiens sur les cultures et les produits alimentaires transgéniques. Notre réseau est en outre très préoccupé au sujet de la survie des agriculteurs canadiens. Nous voulons nous assurer que les choix des consommateurs et les règlements gouvernementaux soutiennent la capacité des agriculteurs de réaliser un profit sur leurs investissements et sur leur labeur.
Nous cherchons en outre activement, comme vous le faites, des possibilités d'enrayer le dangereux changement climatique. Nous savons par exemple que le changement climatique met les agriculteurs en danger et qu'il menace les rendements agricoles.
Enfin, le Canadian Biotechnology Action Network se préoccupe du bien-être des agriculteurs d'autres pays, surtout des petits producteurs des pays de l'hémisphère sud. Nous sommes également préoccupés par l'impact de la hausse des prix des produits alimentaires sur la faim et par la malnutrition dans le monde.
C'est ainsi que nous en arrivons à la question des biocarburants. La discussion que nous avons ce soir se déroule également dans différents pays. Dans l'empressement que l'on met à créer une industrie des biocarburants, un grand nombre de conséquences n'ont pas été prises en compte; nous commençons seulement à nous rendre compte que celles-ci peuvent être graves.
L'utilisation imposée des biocarburants ouvre la possibilité d'un engagement à long terme à appuyer des matières premières et des technologies qui ne sont pas neutres en carbone mais qui entraîneront en fait un accroissement des émissions de gaz à effet de serre. Un problème majeur est que, dans le domaine des biocarburants, l'agriculture comme telle est une grande productrice de gaz à effet de serre. On espérait que les biocarburants soient une formule gagnante sur toute la ligne pour les agriculteurs et pour le climat. Ce mandat pourrait en fait représenter un investissement perdant sur toute la ligne, qui modifiera radicalement l'utilisation des terres à l'échelle planétaire et mettra en danger la biodiversité qui est en fait essentielle pour faire face au changement climatique.
Aux États-Unis et en Europe, des organisations de la société civile réclament un moratoire sur les incitatifs pour les agrocarburants — les biocarburants — y compris la suspension de tous les objectifs. Au Québec, la construction de nouvelles usines de production d'éthanol à base de maïs a vraisemblablement été suspendue. Le gouvernement du Royaume-Uni a annoncé la semaine dernière que son Renewable Fuels Agency étudiera les incidences indirectes des biocarburants qui sont un grave sujet de préoccupation pour les pays qui importeront des biocarburants des pays en développement. Ces incidences incluent des problèmes au niveau des droits de la personne, des abus sur le plan des droits dans le domaine du travail et le déplacement de peuples autochtones et d'agriculteurs. Il existe déjà des cas documentés de déplacements forcés en Colombie pour faire place aux plantations de palmiers à huile, de destruction de forêts, y compris d'habitat essentiel, d'utilisation accrue de pesticides et de surutilisation de l'eau. Ces préoccupations sont également les nôtres.
Le fait que la réglementation gouvernementale visant à imposer la teneur en biocarburant dans les carburants utilisés au Canada aura plusieurs incidences et conséquences involontaires, non seulement immédiates mais aussi à long terme, nous préoccupe beaucoup. Une priorité pour le Canadian Biotechnology Action Network est notre crainte que les biocarburants accroissent les superficies de cultures transgéniques. Nous redoutons en outre qu'on profite de l'empressement à créer une industrie des biocarburants n'ouvre la porte à de nouvelles cultures transgéniques, notamment du blé et des arbres génétiquement modifiés.
Une augmentation des superficies de culture de canola, de maïs, de soja et, peut-être même maintenant, de betterave sucrière, génétiquement modifiés accroîtra les risques de contamination des cultures organiques et non transgéniques, et posera d'autres risques environnementaux. De graves conséquences pour les agriculteurs canadiens ont déjà été constatées. Par exemple, les agriculteurs ont renoncé à cultiver le canola de façon organique, sauf dans quelques zones géographiques très isolées.
Nous craignons également que la hâte que l'on met à établir une industrie des biocarburants ne serve d'excuse pour pousser à adopter le blé génétiquement modifié en dépit du fait que les consommateurs canadiens et nos marchés d'exportation aient déjà rejeté d'emblée ce produit. Nous voyons que l'Agence canadienne d'inspection des aliments prépare le terrain pour des approbations plus rapides des cultures génétiquement modifiées en proposant de modifier les règlements concernant les semences, dans le cadre de la modernisation du programme des semences.
Le pouvoir déjà considérable des entreprises du secteur des semences augmentera à coup sûr quand les cultures seront réservées pour la production de biocarburants. Cette concentration d'entreprises entraînera, comme toujours, une hausse des prix des intrants pour les agriculteurs et une diminution du choix sur le marché.
Un cas récent démontre très clairement qu'on utilise les biocarburants pour ouvrir des marchés pour des cultures transgéniques peu attrayantes ou non pertinentes. À l'Île-du-Prince-Édouard, une entreprise cherche à obtenir des subventions provinciales pour établir une usine de production de biocarburants à partir de betterave sucrière; en l'occurrence, l'usine en question devrait être alimentée exclusivement par la betterave sucrière transgénique mise au point par Monsanto.
Enfin, le Canadian Biotechnology Action Network est extrêmement préoccupé au sujet des fausses promesses concernant les deuxième et troisième générations de biocarburants qui propulsent l'industrie. Comme pour les promesses non tenues qui avaient été faites en ce qui concerne les cultures transgéniques, la mise en place de subventions gouvernementales pour l'industrie des biocarburants est prônée en se basant sur la conviction et la présomption que de nouvelles technologies dans les secteurs de la biologie transgénique et de la biologique synthétique peuvent compenser les lacunes actuelles dans l'approvisionnement en matières premières et dans les technologies de transformation de ces matières premières.
On fait des promesses en l'air concernant un avenir fondé sur des solutions technologiques miracles qui n'existent pas encore. Ce n'est pas une base bien solide pour pousser de l'avant une politique onéreuse. Nous estimons que ces justifications sont dangereuses, parce qu'elles sont fondées sur une promesse qui ne sera probablement jamais tenue. Il est à noter que ça mènera en fait à l'ouverture des marchés à des cultures et des arbres transgéniques, malgré les dangers extrêmes qu'ils présentent.
Cette promesse fausse et dangereuse pour la génération suivante, quelle qu'elle soit, est ce qui a motivé aux États-Unis un investissement massif dans des peupliers transgéniques pour la production d'éthanol cellulosique. Aux États-Unis, les universités, les entreprises et le département de l'Énergie investissent des millions de dollars dans le peuplier transgénique pour la biomasse. Les essais sur cette variété d'arbre faits en plantation aux États-Unis posent déjà une menace claire et urgente pour les précieux écosystèmes forestiers canadiens.
On effectue déjà aux États-Unis des essais en plantation sur des arbres à croissance rapide génétiquement modifiés, de façon à ce qu'ils aient une faible teneur en lignine. Ils sont modifiés pour réduire le coût et accroître l'efficacité de la production d'éthanol cellulosique. La lignine est un polymère structurel important. C'est ce qui permet à l'arbre de rester droit. La lignine joue un rôle important dans la défense contre les insectes et les maladies. Par conséquent, ces arbres génétiquement modifiés réduiront peut-être le coût de transformation du bois pour l'éthanol et la faciliteront, mais les impacts environnementaux de la propagation de ce caractère génétique dans les forêts pourraient être graves; ils seraient en outre irréversibles.
Le Service canadien des forêts fait également des essais en plantation sur des arbres transgéniques au Québec. Ces essais du gouvernement du Canada s'inscrivent peut-être directement dans le contexte de ce projet d'arbres génétiquement modifiés pour l'éthanol et posent dans l'immédiat des risques de contamination.
Pas plus tard que la semaine dernière, un mouvement mondial de protestation contre les agrocarburants, ou biocarburants, et contre les arbres génétiquement modifiés, a été amorcé à une réunion de la Convention des Nations Unies sur la biodiversité. Le Canadian Biotechnology Action Network soutient ces communautés; nous espérons que la nécessité impérieuse d'enrayer un changement climatique dangereux ne sera pas à l'origine d'un faux pas qui aurait non seulement pour conséquence d'être inefficace sur ce plan, mais accentuerait en outre différents problèmes environnementaux, surtout en ouvrant la porte à des technologies dangereuses, une porte qui devrait rester close.
Je vous remercie pour votre attention.
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Merci, monsieur le président.
La Western Canadian Wheat Growers Association se réjouit de cette occasion de faire un exposé.
Je suis le directeur de l'association, et j'ai une exploitation agricole près de Red Deer, en Alberta. Je suis également membre du conseil d'administration de la Alberta Canola Producers Commission, et je viens de terminer un mandat à la Canadian Canola Growers Association. Les opinions que j'exposerai aujourd'hui seront toutefois fondées sur le point de vue des producteurs de blé.
Je suis avec Blair Rutter, notre directeur général de Winnipeg.
La Western Canadian Wheat Growers est une organisation agricole bénévole qui regroupe les producteurs des Prairies. Depuis 38 années, nous préconisons la mise en place de politiques agricoles tournées vers l'avenir ayant pour objet d'accroître la rentabilité et la viabilité de nos exploitations. Notre conseil d'administration est composé de 12 agriculteurs qui ont la passion de l'agriculture et sont déterminés à la rentabiliser. C'est notre optimisme pour l'avenir de notre industrie qui alimente notre énergie.
Les prix des céréales sont actuellement élevés dans l'ouest du Canada, ce qui nourrit notre optimisme. Nous savons toutefois que les prix favorables pour le grain peuvent être très temporaires et c'est pourquoi nous cherchons toujours des solutions d'ordre stratégique susceptibles d'accroître la rentabilité de l'agriculture à long terme. Nous considérons les biocarburants comme une excellente occasion pour nous aider à atteindre cet objectif.
Le permet de prendre des règlements qui exigeraient une teneur moyenne de 5 p. 100 de carburant renouvelable dans l'essence d'ici à 2010 et de 2 p. 100 d'ici à 2012, en ce qui concerne le diesel et le mazout de chauffage. Les producteurs de blé appuient ce projet de loi et exhortent les membres du comité à leur donner leur plein appui également.
Actuellement, cinq usines commerciales d'éthanol sont en activité dans l'ouest du Canada; deux usines supplémentaires ouvriront leurs portes d'ici peu, cette année. La capacité globale de ces usines sera de 500 millions de litres; elles consommeraient au total environ 1,4 million de tonnes de blé, soit environ 7 p. 100 de la production moyenne de blé de l'ouest du Canada. Bien entendu, ces usines n'utiliseraient pas exclusivement du blé, mais aussi du maïs et d'autres grains céréaliers.
Bien qu'on produise de l'éthanol dans les Prairies depuis plus de 25 ans, nous n'en sommes qu'aux débuts d'une industrie des biocarburants à grande échelle dans l'ouest du Canada; par conséquent, il est difficile de prévoir tous les impacts qu'elle aura. Pour nous, les biocarburants et les bioproduits représentent une magnifique occasion de créer un avenir plus durable pour notre industrie. Au cours des prochaines minutes, je ferai des commentaires sur la valeur qu'ont les biocarburants pour les producteurs céréaliers des Prairies.
Un accroissement de la production d'éthanol réduira notre dépendance des marchés céréaliers étrangers. L'exportation de céréales pose toujours un certain nombre de risques. Nous sommes vulnérables aux droits tarifaires et aux barrières commerciales, aux conflits de travail, aux perturbations des services de transport ferroviaire et à des taux de fret maritime élevés. Au cours de l'année dernière, les affaires dans le secteur céréalier des Prairies ont été perturbées par deux grèves des chemin de fer et par un débrayage des camionneurs, au port de Vancouver. La transformation d'un plus gros volume de grain à l'intérieur du pays atténue l'impact de ce type de perturbations.
Un autre avantage de l'industrie de l'éthanol est qu'elle procurerait aux agriculteurs un autre centre local de commercialisation de leur grain. Comme nous l'avons constaté en ce qui concerne les secteurs du canola, de l'avoine et des légumineuses, les utilisateurs locaux de grain améliorent la concurrence et soutiennent les prix locaux. La valeur des usines d'éthanol et de biodiésel sera particulièrement évidente lorsqu'on pourra utiliser pour la production de biocarburant du grain dévalué par les intempéries ou par la maladie.
Une transformation locale accrue réduit en outre notre dépendance à l'égard du transport ferroviaire. Dans l'ouest du Canada, notre industrie continue d'être handicapée par des problèmes de service et de rendement dans le secteur ferroviaire. Dans ce contexte, les producteurs de blé ont été très heureux de l'adoption par le Parlement du , concernant les transports; nous remercions d'ailleurs les représentants de tous les partis d'avoir appuyé ce projet de loi. Je pense qu'il a été adopté par le Sénat et qu'il n'attend plus que la sanction royale.
Cependant, il n'en demeure pas moins que dans l'ouest du Canada, les deux principales compagnies ferroviaires transportent environ 65 p. 100 du grain que nous produisons. L'accroissement du volume de grain transformé localement constitue à notre avis une façon d'améliorer le service ferroviaire et d'accroître la concurrence dans la manutention du grain. Les variétés de blé qui conviennent à l'industrie de l'éthanol présentent souvent des avantages agronomiques et représentent par conséquent une bonne culture de rotation pour de nombreuses exploitations agricoles. La promotion d'une industrie des biocarburants crée en outre des emplois supplémentaires et génère de l'activité économique dans les régions rurales. Elle donne par ailleurs aux agriculteurs qui investissent dans ces installations l'occasion d'exploiter une plus large part de la chaîne des valeurs.
Enfin, le traitement local accru de notre grain diminue la congestion croissante sur les lignes de chemin de fer et dans les ports. Nous estimons qu'il est plus rentable et plus écologique de transformer notre grain à proximité de chez nous que de l'expédier au loin.
Pour nous, il est hors de doute que les usines de biocarburant représentent une valeur considérable pour les producteurs céréaliers et les collectivités agricoles de l'ouest du Canada. Nous remarquons que les normes pour les carburants renouvelables qui sont prévues dans ce projet de loi incluent des matières premières de la prochaine génération, notamment de la paille et d'autres types de biomasse. Les producteurs de blé appuient également ces dispositions axées sur l'avenir.
Nous sommes conscients des préoccupations exprimées par le secteur des productions animales en ce qui concerne une éventuelle hausse du prix des grains fourragers due au développement de l'industrie des biocarburants. Un grand nombre de nos membres font également de l'élevage et, par conséquent, nous accordons beaucoup d'attention à ces préoccupations.
Nous notons que des études faites aux États-Unis ont démontré que des fermes d'élevage situées dans la périphérie d'usines d'éthanol ont prospéré. C'est également vrai au Canada. En fait, la plus vieille usine d'éthanol de l'ouest du Canada — l'usine Pound-Maker de Lanigan, en Saskatchewan — est une usine d'éthanol et un parc d'engraissement entièrement intégrés. D'autres projets de production d'éthanol comportent également un important volet consacré à l'élevage.
Nous pensons qu'il est bon de signaler qu'un grand nombre de variétés de blé qui conviennent bien pour les usines d'éthanol ont un rendement beaucoup plus élevé que les variétés utilisées dans les minoteries. Le rendement à l'acre est généralement beaucoup plus élevé que celui des variétés de meunerie. Si l'industrie de l'éthanol prend beaucoup d'expansion dans l'ouest du Canada, une production accrue de blé, de maïs et d'autres grains fourragers est possible. Les drêches de distillerie de ces usines fourniront à l'industrie de l'élevage un grain fourrager à coût relativement peu élevé.
Certes, nous ne connaissons pas tous les impacts qu'auront les biocarburants sur le secteur de l'élevage. Nous pensons toutefois qu'il est trop tôt pour présumer que la croissance de l'industrie des biocarburants aura des incidences négatives pour ce secteur.
Les producteurs de blé veulent qu'on mette sur pied une industrie des biocarburants qui soit durable, sans la nécessité d'imposer des règles ou d'octroyer des subventions d'un type ou d'un autre. Nous reconnaissons que certaines personnes prétendent que l'industrie des biocarburants ne sera pas viable sans une intervention ou une aide gouvernementale. Nous ne partageons pas cette opinion. La rentabilité économique dépendra finalement du prix de l'huile et des matières premières. Nous pensons toutefois que les progrès technologiques qui seront réalisés dans le secteur de la transformation et de l'élaboration de nouvelles variétés seront tels que la production de biocarburants sera un jour rentable et durable sans l'intervention gouvernementale.
En ce qui concerne le développement de variétés de blé, notre association ferait preuve de négligence en omettant de faire des commentaires sur le fait que votre comité recommande la suppression du critère de distinction visuelle des grains pour l'enregistrement de nouvelles variétés de blé dans l'ouest du Canada. La suppression de cette contrainte encouragera le développement de variétés de blé qui présentent, sur le plan du rendement et de la teneur en amidon, des profils qui conviennent à l'industrie de l'éthanol. Nous félicitons votre comité et le gouvernement fédéral pour la perspicacité dont ils font preuve en apportant ce changement dans la politique.
Le projet de loi encouragera en outre le développement de nouveaux marchés et de nouveaux usages pour nos cultures. Par exemple, le fractionnement du blé, de l'orge et d'autres céréales présente des opportunités considérables de développement de produits alimentaires, pharmaceutiques et industriels plus sains.
En résumé, les producteurs de blé appuient le projet de loi . Il donnera aux agriculteurs canadiens des débouchés accrus de commercialisation et réduira notre dépendance à l'égard des marchés d'exportation. Le développement de l'industrie des biocarburants entraînera un accroissement des investissements dans la recherche-développement sur les cultures et dans les technologies de transformation. Ce sera en outre une excellente occasion de créer des emplois et de générer de l'activité économique dans de nombreuses collectivités rurales. Nous demandons au comité d'avaliser ce projet de loi et de veiller à ce qu'il soit adopté au cours de la présente session parlementaire.
Merci encore pour cette occasion de faire un exposé. Nous répondrons volontiers à vos questions.
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Merci, monsieur le président.
Il me fait plaisir aujourd'hui de vous présenter un tout petit projet. C'est un projet d'envergure Victoriaville, comme on en fait beaucoup.
Je représente un centre de formation en enseignement de la récupération. Ce centre de formation a comme responsabilité d'aider des jeunes apprenants qui éprouvent de grandes difficultés scolaires. Depuis 1990, on reçoit entre 50 et 70 élèves qui ne peuvent pas suivre un cursus scolaire régulier. Pour leur offrir un environnement pédagogique différent des autres environnements, on a choisi de travailler dans les axes de développement de la récupération, d'innover autour de la récupération et de créer des secteurs qui n'existaient pas avant.
Victoriaville a débuté la récupération à la source grâce à M. Normand Maurice, maintenant décédé, qui croyait que la récupération à la source était très importante. Il croyait aussi que les élèves défavorisés et ayant des problèmes d'apprentissage pouvaient jouer un rôle important dans la société. S'articulant autour de ces axes, le centre de formation a commencé par faire de petits incubateurs de recherche. Le premier incubateur de recherche avait trait principalement à la caractérisation des papiers et des cartons qu'on recevait. On a ensuite commencé, avec nos élèves, à s'impliquer dans la communauté et à instaurer la collecte sélective à Victoriaville. Cette collecte est très efficace et respecte les objectifs du plan de gestion des matières résiduelles. Nous faisons actuellement une collecte à cinq voies.
Nous avons également commencé à récupérer de la peinture. La récupération de la peinture a débuté à Victoriaville. C'est le centre de formation dont je suis le directeur aujourd'hui qui a débuté la filtration à petite échelle avec un petit budget. Notre objectif en est un de démonstration. Notre projet initial était de démontrer que la peinture non utilisée était réutilisable. Nous avons mis sur pied une usine qui collecte près de 5 millions de kilos de peinture et de résidus domestiques dangereux annuellement. Nous revalorisons cette peinture, qui est remise sur le marché.
Nous avons travaillé avec Peintures Récupérées du Québec, qui possède déjà la compétence et les données techniques pour filtrer la peinture. On a décidé de mettre sur pied un projet-pilote de filtration des huiles végétales usées. Les huiles de consommation qui arrivent à l'usine proviennent de 550 municipalités réseautées de collecte de peintures et résidus domestiques dangereux. Ces huiles arrivaient en vrac et on a opté pour un petit protocole de recherche très dynamique. Notre objectif était de démontrer que si l'Allemagne pouvait le faire, on pouvait le faire également. On a alors acheté un véhicule qu'on a transformé. On a travaillé avec de jeunes étudiants en formation professionnelle pour améliorer la logistique de combustion du véhicule et les conditions d'utilisation à très basse température, compte tenu de notre climat hivernal. On a travaillé à très basse température pour trouver des solutions. On a placé ce véhicule en dynamomètre, et avec l'aide de nos élèves et de chimistes, on a vérifié notre produit de filtration.
Je peux dire aujourd'hui que Victoriaville a démontré que l'huile végétale rebutée peut devenir une ressource qui, lorsqu'elle est traitée correctement au moyen d'une bonne méthode de filtration, permet d'enregistrer sur dynanomètre des améliorations importantes sur les plans de la consommation et de la force. Je peux vous fournir des statistiques à l'appui.
Il y a un an, j'étais en Chine, à Tianjin, où il y a 310 jours de smog sur 365. L'utilisation d'huile végétale pure élimine les odeurs et la suie. Cela veut dire que les résidus n'ont plus de particules fines.
On se posait des questions au sujet de la puissance. Or, lorsqu'on utilise 100 p. 100 d'huile végétale, le rendement est de 5,5 p. 100 supérieur, une augmentation du couple de 4 p. 100.
L'utilisation d'une matière recyclée sur une base expérimentale, grâce à un réseau de distribution de 550 municipalités sensibilisées à la récupération à des fins environnementales, me semble très intéressante. D'autre part, si cette huile était utilisée dans une grande proportion, elle serait très performante dans le cas de certains véhicules de transport.
Les véhicules de transport de matières résiduelles sont notre prochaine cible. Nous allons mettre sur pied un prototype de véhicule utilisant de l'huile végétale. Notre objectif est de dépasser les 45 à 80 p. 100. Selon le type de véhicule, on pourrait utiliser notre huile végétale à plus de 80 p. 100. Notre objectif n'est pas d'en faire la commercialisation, mais de vous en faire la démonstration, si c'est faisable et si la mécanique tient le coup. En collaboration avec nos mécaniciens, on essaie de trouver l'entretien préventif pour prévoir les bris de fonctionnement et rassurer les fournisseurs de véhicules, ce qui nous permettrait de dire que notre combustible utilisé à 45, 50 ou 60 p. 100 est très efficace et performant.
Ma présentation est courte, mais l'objectif est surtout de démontrer que la mobilisation des jeunes, d'une ville ou d'une municipalité est la première assise du changement. Le fait de proposer un projet de loi et des changements comme vous le faites entraîne un mouvement. La seule façon de sécuriser nos jeunes est de poser de petits gestes au quotidien et de donner l'espoir qu'ils ont un sens. Plus le geste est reconnu par la municipalité, plus il est intéressant à poser.
Merci, monsieur le président.
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J'aimerais disposer de 15 minutes pour questionner chacun d'entre vous. Il y a tellement d'information intéressante.
[Français]
D'abord, monsieur Couture, je vous félicite. Ce que vous faites est très important et je veux féliciter les jeunes surtout.
[Traduction]
Je poserai mes questions, puis j'essaierai d'obtenir quelques réponses.
Madame Sharratt, ma première question s'adresse probablement à vous.
Les toutes dernières recherches indiquent qu'il faut être prudents. Des études en provenance de l'Union européenne et des États-Unis signalent qu'il faut faire attention à ce qu'on fait, surtout quand il s'agit de faire un choix entre l'alimentation et la production de carburant. Si j'ai bien compris, vos principales préoccupations concernent les gaz à effet de serre. Certains scientifiques, dont j'ai mentionné les commentaires tout à l'heure, ont fait remarquer qu'au lieu de réduire les gaz à effet de serre — il s'agit de l'éthanol à base de maïs — de 20 p. 100, ça les ferait augmenter en fait de 93 p. 100. J'aimerais donc entendre des commentaires à ce sujet.
L'hémisphère sud... Vous avez mentionné les droits de la personne, les droits dans le domaine du travail, le déplacement d'agriculteurs et la destruction des forêts. Ce sont de sérieuses préoccupations. Voici ma question: si on adoptait une politique sur les biocarburants stipulant qu'on n'importera pas de matières premières pour l'industrie du biocarburant, pensez-vous que ce serait une industrie viable car, dans ce cas, il n'y aurait pas de motivation directe pour l'industrie dans l'hémisphère sud?
L'autre facteur est, naturellement, la contamination par les cultures transgéniques. J'ai lu des articles à ce sujet et je comprends les préoccupations concernant le blé et la contamination très possible des carburants. Je n'étais pas vraiment au courant de ce qui se trafiquait avec les arbres, mais je considère une contamination éventuelle de nos forêts comme une possibilité effroyable.
Je m'adresse maintenant à M. Bender.
En ce qui concerne le développement rural, nous avons et vous avez mentionné que ce serait une façon de le stimuler alors que M. Klein, un témoin de l'Alberta, nous a fait part de certaines préoccupations il y a environ deux semaines. Il a fait remarquer que les promoteurs de l'industrie des biocarburants avaient tendance à exagérer l'activité économique liée aux biocarburants et que la recherche indique que cette industrie ne créerait qu'un petit nombre d'emplois permanents. Il a attiré l'attention sur le fait que le nombre d'emplois qui disparaîtraient dans d'autres secteurs agricoles serait peut-être plus élevé que le nombre d'emplois directs créés par le secteur des biocarburants.
J'aimerais également que vous fassiez des commentaires sur la question de la contamination que pourrait causer le blé transgénique. Comme nous le savons, notre blé est très apprécié à l'échelle mondiale. S'il existe une faible possibilité que le blé alimentaire de haute qualité que nous exportons soit contaminé, des gens comme vous pourraient avoir des problèmes.
Un projet de loi interdisant l'utilisation de toute matière première de nature transgénique pour l'industrie du biocarburant vous conviendrait-il?
J'aimerais maintenant avoir quelques réponses.
:
J'adresserai mes questions surtout à Mme Sharratt.
Je pense que vous avez utilisé les termes « dangers extrêmes » à propos de certaines cultures génétiquement modifiées. Vous avez mentionné le peuplier. J'ai probablement planté davantage d'arbres que n'en ont planté au total toutes les autres personnes réunies autour de cette table. J'ai par conséquent certaines connaissances sur le peuplier que vous avez mentionné ou, du moins, sur quelque chose de semblable à cela.
Étant donné qu'il s'agit de carburant — et non d'une source d'alimentation humaine —, comment pouvez-vous parler de « dangers extrêmes » dans ce contexte? Vous faites référence à des matières premières génétiquement modifiées. Y a-t-il un cas à l'échelle mondiale ou pouvez-vous citer un cas où ça a été dommageable pour quelqu'un? Est-ce que les émissions viennent de cultures transgéniques dont on se débarrasse de façon différente? Il n'y a plus grand-chose en agriculture, à l'heure actuelle, qu'il s'agisse d'avoine, d'orge, de blé ou même de melons d'eau, qui ne soit pas génétiquement modifié. Les pêches, les raisins ou le raisin sans pépins sont génétiquement modifiés.
Sur quoi se base-t-on pour faire de tels commentaires? On entend toutes sortes de commentaires extrêmes mais, au cours des 15 années que j'ai passées ici, personne n'a encore affirmé qu'une seule personne au monde soit tombée malade à cause d'un produit génétiquement modifié, sauf, bien entendu, en cas de transfert génétique entre des animaux et des végétaux.
Je pense qu'il faut être prudents, mais comment peut-on employer des termes aussi forts? Ce sont, à mon avis, des termes alarmistes.
:
Merci, monsieur Gaudet.
[Traduction]
Nous avons quelques questions de gestion interne à régler; nous avons quelques motions à examiner.
Je remercie les témoins pour leur participation et leurs commentaires. Ça nous aidera à donner de la consistance à notre débat, demain en fin de matinée, quand nous procéderons à l'étude article par article du projet de loi C-33, après avoir entendu un autre groupe de témoins. Vous pouvez vous en aller.
Chers collègues, nous avons du travail.
Je vous rappelle que demain à 12 h 30, les Jeunes agriculteurs organisent un déjeuner pour nous. Deux ou trois d'entre vous seulement ont donné leur réponse. Ce déjeuner a lieu à 12 h 30, au 131, rue Queen, pièce 853.
En outre, la séance de demain débutera à 9 h 30 au lieu de 9 heures.
Oui, c'est à 12 h 30, au 131, rue Queen. Il s'agit d'un de nos nouveaux édifices. Quand nous avons fermé La Promenade, un grand nombre de bureaux ont été déménagés dans cet édifice-là.