:
Merci, monsieur le président. Permettez-moi de remercier le comité de m'avoir invité. J'apprécie cette occasion de prononcer une allocation d'ouverture.
Je vais commencer en vous présentant René Grenier, sous-commissaire de la Garde côtière. Plus tôt au cours de sa carrière, M. Grenier était capitaine de notre flotte de brise-glaces, ce qui lui a permis d'acquérir une expérience de travail considérable dans l'Arctique.
[Traduction]
Je crois savoir que votre comité est présentement en train d'étudier le rôle actuel des Forces canadiennes dans l'Arctique et que vous avez invité la Garde côtière à discuter de nos opérations dans le Nord canadien.
Je commencerai par expliquer qui nous sommes. La Garde côtière est un organisme de service spécial qui fait partie de Pêches et Océans Canada. Nous offrons divers programmes maritimes axés sur la sécurité et facilitant le commerce maritime. Nous contribuons également à la mise en oeuvre des priorités et programmes du MPO dans le domaine maritime, ainsi que ceux des autres ministères du gouvernement fédéral. Au cours des dernières années, nous avons aussi joué un rôle de soutien de plus en plus important dans le domaine de la sécurité maritime.
Nous sommes plutôt fiers de nos antécédents qui remontent à loin en matière de service dans l'Arctique. Alors que la Garde côtière moderne a vu le jour en 1962, la première de ce qu'on a qualifiées de patrouilles de souveraineté fut réalisée en 1903 par des navires qui, à l'époque, faisaient partie du ministère de la Marine et des Pêcheries. Aujourd'hui, chaque année, entre la fin juin et le début novembre, nous déployons en tout sept brise-glace dans l'Arctique. Il n'est donc pas surprenant de constater qu'ils sont souvent les premiers arrivés et les derniers partis de la région.
Ces navires réalisent également divers programmes de la Garde côtière. Par exemple, ils procurent aux navires commerciaux des services d'escorte dans les glaces; ils assurent le déploiement, l'entretien et la récupération des aides à la navigation; ils procèdent à l'ouverture des ports; ils sont les principaux responsables des interventions dans les cas de pollution provenant d'un navire; ils offrent des services de recherche et sauvetage en mer; enfin, ils assurent la livraison des aliments, du carburant et des autres fournitures indispensables dans les endroits éloignés et aux collectivités nordiques au cours de la très brève saison de navigation alors que les navires commerciaux hésitent à s'y aventurer.
Nos navires contribuent également dans une grande mesure à la recherche scientifique. Les membres de votre comité ont sans aucun doute entendu parler de l'Année polaire internationale — soit l'API — projet interdisciplinaire à l'échelle mondiale réalisé dans l'ensemble de l'Arctique en 2007 et 2008. Le NGCC Amundsen, est notre brise-glace scientifique, a passé un temps record de 15 mois dans l'Arctique et dans le cadre de l'API, n'entrant au port que deux fois pendant cette période. Celui-ci a navigué pendant 450 jours, parcouru près de 32 000 milles nautiques et accueilli à son bord au-delà de 400 scientifiques. Les efforts des membres d'équipage de ce navire ont joué un rôle indispensable dans la réussite de trois missions scientifiques d'importance.
En plus de nos brise-glace, nous déployons également deux baliseurs dans le Nord. Ces navires s'occupent des bouées sur le fleuve Mackenzie, tandis que nous avons un troisième navire, qui est un navire saisonnier qui réalise principalement des travaux scientifiques sur la mer de Beaufort.
En plus des navires, nous comptons une base de la Garde côtière à Hay River et exploitons deux centres de Services de communications et de trafics maritimes (SCTM) qui répondent aux communications en cas de difficultés en mer et contrôlent les navires pénétrant dans les eaux territoriales canadiennes. Un de ces centres se trouve à Inuvik, pour couvrir la région Ouest de l'Arctique, tandis que l'autre est situé à Iqaluit et dessert la partie est de l'Arctique.
Enfin, nous disposons d'un équipement d'intervention environnemental réparti au sein de 14 collectivités arctiques et capable de contenir jusqu'à 7 000 tonnes dans le cas d'un déversement en mer.
[Français]
Nos navires offrent également un soutien vital aux efforts des autres ministères. Je peux d'ailleurs vous présenter quelques exemples d'activités intéressantes survenues l'été dernier.
Premièrement, le navire Louis S. St-Laurent a emmené des centaines de chercheurs et des employés de la Garde côtière au nord de la mer de Beaufort afin d'y cartographier le fond marin pour ainsi appuyer les allégations du Canada relatives à notre plate-forme continentale.
L'Amundsen, que je viens de mentionner, a joué un rôle de premier plan dans la réalisation du sondage de Santé Canada sur la santé des Inuits: un premier regard détaillé sur la santé du peuple inuit du Canada. Ce sondage servira de base aux comparaisons à venir, en plus de nous aider à mieux comprendre les changements qui surviennent dans le Nord et la façon dont ils influencent la santé et le bien-être de nos Inuits.
Nous fournissons également des navires, des professionnels dans le domaine maritime et des infrastructures terrestres pour ainsi venir en aide au ministère de la Défense nationale.
[Traduction]
Les services que nous offrons au MDN consistent, entre autres, à fournir des plates-formes de formation à la Marine canadienne, aux Cadets de la Marine royale canadienne et à la Force opérationnelle interarmées 2. Nous réalisons également des opérations conjointes de recherche et sauvetage et des exercices de souveraineté avec nos partenaires du MDN. Mentionnons, entre autres, l'Opération Nanook, alors que près de 75 employés de la Garde côtière ont accompagné des centaines de membres des Forces canadiennes à Iqaluit, au Nunavut, et aux alentours afin de mettre à l'épreuve notre efficacité interopérationnelle dans le cadre d'un exercice sur l'eau faisant appel aux navires de la Garde côtière et de la Marine.
Un de nos rôles qui évolue le plus concerne le programme de sûreté maritime du Canada. La Garde côtière met à la disposition de la communauté active dans le domaine de la sécurité et du renseignement ses ressources à terre et sa flotte afin de l'aider à réaliser son mandat en matière de sécurité nationale sur l'eau et de sûreté maritime. Nous utilisons les données provenant des programmes et services liés à la sécurité afin d'offrir des avantages complémentaires aux responsables de la sûreté maritime, pour ainsi sensibiliser davantage les gens aux questions maritimes, comme, par exemple, le système d'identification automatique.
Nous dirigeons présentement la mise en oeuvre technique et l'opérationnalisation du Système d'identification et de localisation à longue portée des navires (SILLPN), système de suivi des navires par satellite recommandé par l'Organisation maritime internationale. Grâce à l'équipement embarqué actuel, ce nouveau système suivra les navires de la catégorie SOLAS de plus de 300 tonnes lors de leurs voyages à l'étranger. Puisqu'il s'agit du seul système de suivi de navires disponibles dans le Nord, le SILLPN contribuera de manière non négligeable à la sûreté maritime dans l'Arctique, en plus d'aider la population à se sensibiliser davantage aux menaces éventuelles pour la sûreté maritime dans l'Arctique.
Pour terminer, permettez-moi de souligner que la Garde côtière canadienne a joué et continue de jouer un rôle très actif dans l'Arctique. Nos opérations continues dans le Grand Nord canadien ont permis à plusieurs des commandants de carrière de nos brise-glace d'accumuler au-delà de 20 années de service dans un environnement maritime exigeant. Nous sommes très fiers des hommes et des femmes qui prennent place à bord de nos navires, qui servent dans l'Arctique année après année et qui constituent, sans aucun doute, notre actif le plus important.
Enfin, je vous remercie, monsieur le président. Ainsi se termine mon allocution d'ouverture. Nous nous ferons un plaisir de répondre à vos questions.
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Merci, monsieur le président.
C'est un plaisir pour nous de vous offrir aujourd'hui un aperçu de la stratégie du Nord et du rôle du ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien dans ce cadre.
À la page 2, vous trouverez un survol des responsabilités de notre ministère envers le Nord. Ces responsabilités s'appliquent aux trois territoires, une région qui représente 40 p. 100 de la masse terrestre canadienne et contient une population d'environ 100 000 habitants éparpillés à travers ce vaste territoire.
Comme vous pouvez le constater, cette gamme de responsabilités est de grande portée, mais aujourd'hui je vais me concentrer en particulier sur les fonctions au bas de la page.
[Traduction]
Au sein du ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien, nous exerçons d'importantes fonctions de coordination des activités des ministères, bureaux et organismes fédéraux situés dans les territoires. Notre ministère pilote la stratégie pour le Nord, et s'occupe donc de coordonner dans une grande mesure les diverses activités liées à ce projet. Il est aussi cosignataire des documents du Cabinet liés au Nord. Quant à notre sous-ministre, il préside un comité de ses homologues qui se réunit périodiquement, veille à ce que les initiatives annoncées et portant affectation de crédit soient mises en oeuvre et réfléchit constamment aux priorités de cette stratégie à l'avenir. Enfin, il existe un autre groupe, à l'échelon des sous-ministres adjoints celui-là, ainsi que des groupes de travail dont font partie des hauts fonctionnaires.
Si l'on passe maintenant à la page 3, le a annoncé une stratégie pour le Nord en octobre 2007 et vous pouvez la voir illustrée ici. Elle repose sur quatre piliers intégrés et étroitement liés et comporte des aspects tant nationaux qu'internationaux. Par rapport aux affaires internationales circumpolaires, nous collaborons étroitement avec nos collègues du ministère des Affaires étrangères et du commerce international et faisons partie d'un certain nombre de groupes de travail du Conseil de l'Arctique.
J'aimerais également attirer votre attention sur les sciences et la technologie qui constituent aussi un élément fondamental de chacun des piliers, car elles sont à la base de toute connaissance et permettent de prendre des décisions éclairées par rapport à l'ensemble des piliers.
En ce qui concerne notre souveraineté dans l'Arctique, notre objectif primordial, bien entendu, est de l'affirmer en maintenant une présence importante dans le Nord, en acquérant davantage de connaissances scientifiques au sujet de cette région et en y assumant nos responsabilités d'intendance et de protection, en délimitant notre territoire et en nous occupant des questions liées aux intérêts internationaux.
Le deuxième pilier porte sur le développement socioéconomique, et à ce sujet, nous étudions le potentiel de développement dans la région et nous nous soucions de faire participer les habitants du Nord à ces activités de mise en valeur et de faire en sorte qu'ils en tirent profit. Toujours par rapport au développement socioéconomique, nous intervenons aussi au ministère même et administrons divers programmes de développement économique dans le Nord. À l'heure actuelle, nous planifions aussi la mise sur pied de l'Agence de développement économique du Nord, qu'on a annoncée récemment.
Par rapport à la protection de l'environnement, nous exerçons des fonctions uniques au Canada en matière d'intendance et de protection afin que cette vaste région soit protégée. Vous n'ignorez pas que l'un des facteurs les plus importants qui nous a incités à agir est le changement climatique, compte tenu de son incidence sur l'environnement arctique.
Enfin, en ce qui a trait à la gouvernance, nous devons poursuivre nos efforts afin de concrétiser les transferts de responsabilités prévus dans les trois territoires et de régler les revendications territoriales.
Je vais maintenant aller un peu plus loin, détailler chacun des piliers, et donc passer à la page quatre.
La souveraineté comporte plus d'une facette. La présence est ce qui s'impose en premier, et particulièrement l'accroissement de la présence du gouvernement fédéral sur terre, sur mer et dans le ciel de l'Arctique. Viennent ensuite l'intendance et la protection et la capacité d'être à la hauteur des enjeux et des difficultés inhérents à notre territoire. Je pense ici aux services de recherche et de sauvetage et d'intervention d'urgence. Ces activités revêtiront peut-être plus d'importance au fur et à mesure que s'intensifiera la circulation maritime dans l'Arctique.
Les médias ont abondamment parlé des régions de l'Arctique où la souveraineté est litigieuse. Cela dit, étant donné que mes collègues du ministère des Affaires étrangères et du commerce international témoigneront plus tard cette semaine pour en parler, je m'abstiendrai de vous fournir beaucoup plus de détails.
J'aimerais souligner brièvement quelques initiatives primordiales déjà en cours à l'appui du pilier de la souveraineté. Des sommes ont été réservées et des ministères chargés de divers projets, comme de planifier la construction de patrouilleurs hauturiers et du successeur du navire de la Garde côtière, le Louis S. St-Laurent. Le gouvernement du Canada a également redoublé ses efforts afin de délimiter le plateau continental du Canada, en appui à ses revendications, qu'il présentera à l'ONU en 2013.
Si nous passons maintenant au développement économique et social, vous n'ignorez pas que le Canada et d'autres pays s'intéressent aux ressources naturelles à exploiter dans l'Arctique. Cela tient en grande partie à la croissance et à la demande pour les ressources naturelles ainsi qu'à la promesse d'un accès plus facile à ces richesses. La crise économique actuelle a certainement eu des répercussions dans le Nord. Certaines activités ont cessé et d'autres ont été réduites, mais en règle générale, on s'attend à un redressement du cours des produits de base et partant, à un maintien de la demande mondiale.
Toutefois, au fur et à mesure que se concrétisera la mise en valeur des ressources du Nord, il nous faudra veiller à ce que les habitants de cette région y participent et en tirent profit. Compte tenu du règlement de la plupart de nos revendications territoriales, ces derniers sont mieux placés pour le faire que dans le passé, mais la question des revendications territoriales n'est pas encore entièrement réglée. En outre, il reste des difficultés dans maintes collectivités, notamment des lacunes en matière d'éducation et de compétences.
Dans certaines collectivités, les gens sont préoccupés par le rythme du développement et se demandent si les décisions à venir tiendront compte d'une manière équilibrée de la nécessité de protéger la faune et la flore presque vierges de leur milieu. De son côté, le secteur privé voudrait pouvoir compter sur une plus grande certitude et des préavis suffisants pour la prise de décisions. Il s'agit là de considérations importantes.
À la page 5, nous aimerions aborder brièvement la question du changement climatique. Je sais que d'ici une heure, vous en entendrez parler encore plus longuement. Quoi qu'il en soit, le changement climatique dans un sens facilite l'accès aux ressources inexploitées du Nord, mais il crée en même temps d'immenses difficultés d'adaptation chez les populations qui vivent de manière traditionnelle, et crée des problèmes d'infrastructure et toutes sortes d'autres problèmes. Par exemple, à long terme, le rétrécissement de la couverture de glace permettra peut-être d'ouvrir de nouveaux couloirs de navigation et de créer ainsi de nouvelles voies de transport, mais à court terme, il créera énormément de risques pour la navigation. Par conséquent, nous allons élargir la portée des règles auxquelles sont assujettis les navires évoluant dans l'Arctique.
Nous sommes également préoccupés par la présence de contaminants qui ont été transportés dans la chaîne alimentaire. Les habitants du Nord sont au sommet de cette chaîne et ils dépendent encore dans une grande mesure d'aliments traditionnels pour survivre. Notre programme portant sur les contaminants du Nord cherche donc les données qui nous permettront de mettre en oeuvre divers mécanismes internationaux, comme par exemple, le protocole sur les polluants organiques.
Il nous faut aussi de meilleures données de base pour étayer nos décisions. L'Arctique est immense et nos connaissances de ce milieu sont encore très insuffisantes, ce qui signifie que nous devons investir davantage dans les activités scientifiques. Il s'est fait beaucoup de choses ces dernières années, mais il nous en reste encore beaucoup à faire.
À part la croissance socioéconomique et la protection de l'environnement, il est tout aussi important de mettre sur pied des gouvernements forts dans le Nord.
[Français]
Le premier aspect de ceci consiste à aider les gouvernements territoriaux et les groupes autochtones à mettre sur pied les institutions politiques et économiques qui leur permettront d'assumer des responsabilités croissantes dans le cadre de la dévolution.
[Traduction]
Nous travaillons aussi sur la négociation et la mise en oeuvre d'accords de revendications territoriales et d'ententes sur l'autonomie gouvernementale. Des progrès importants ont déjà été accomplis, mais ces dossiers ne sont pas clos. Or, ces ententes sont essentielles au développement économique des populations concernées et à la possibilité pour que ces Autochtones du Nord soient avantagés par un tel développement.
Passant à la page 6, j'aimerais parler brièvement des sciences et de la technologie. Le Canada compte déjà un secteur scientifique dynamique par rapport à l'Arctique, et ce dernier appuie toute une gamme de fonctions réglementaires essentielles et des priorités gouvernementales plus larges. Le Canada peut s'enorgueillir d'avoir de nombreux scientifiques de calibre international, et de plus, plusieurs nouveaux jeunes chercheurs commencent à se faire connaître grâce aux récents investissements effectués dans les sciences de l'Arctique, notamment à l'occasion de l'Année polaire internationale.
Comme vous le savez, le premier ministre a annoncé qu'il va créer des installations de recherche de calibre international dans l'Extrême-Arctique canadien, et le dossier est déjà très avancé. Nous rencontrerons et consulterons bientôt les trois collectivités du Nord dont la candidature a été retenue pour y installer la future station, et nous sommes déjà rendus à l'étude de faisabilité.
[Français]
Dans le dernier budget, on a aussi annoncé un montant de 85 millions de dollars sur deux ans afin d'améliorer les infrastructures scientifiques de l'Arctique. Ces infrastructures existent déjà et appartiennent à nos partenaires fédéraux, territoriaux, académiques et inuits autochtones, et on travaille présentement avec eux.
:
Oui, à mon avis, nos mécanismes sont plutôt efficaces. Le comité des sous-ministres se réunit tous les deux mois, et à un niveau inférieur, nous pouvons compter sur deux autres comités auxquels participent des sous-ministres adjoints. L'un d'eux est chargé de la stratégie pour le Nord en général et l'autre se penche davantage sur les questions de nature scientifique et liées à la mise sur pied de la station de recherche.
Les travaux de ces deux groupes sont en quelque sorte la répétition de ce qui sera abordé au comité des sous-ministres. Nous nous efforçons d'avoir diverses catégories de questions, dont une série sur la mise en oeuvre. À chaque réunion, nous nous concentrons sur une ou deux questions et nous nous renseignons sur leur état d'avancement afin que les engagements déjà pris par le gouvernement progressent selon l'échéancier fixé par lui.
L'autre série de questions porte sur l'avenir, car notre stratégie est renouvelable et nous espérons qu'elle se poursuivra encore pendant de nombreuses années. D'ailleurs, nous n'avons pas tout terminé. Nous n'avons pas étoffé toutes les activités des divers piliers au même niveau, et il reste donc des lacunes à combler. C'est ce sur quoi se penche le comité des sous-ministres, avec l'appui des sous-ministres adjoints, afin de cerner les lacunes en question et de leur trouver des solutions au moyen de politiques adaptées, que nous proposerons ensuite au gouvernement, si l'occasion se présentait.
Nous avons aussi mis sur pied des groupes de travail ponctuels chargés d'examiner des questions précises en appui au comité des sous-ministres adjoints. Par exemple, un groupe se penchant sur la navigation et le transport maritimes comptera des gens de trois ou quatre ministères. Nous avons placé des gens de mon équipe dans chacun de ces groupes afin que nous puissions assurer une surveillance globale et que nous y imprimions une orientation générale ou systématique conforme à la stratégie.
Les autres ministères se sont montrés très positifs. Les gens jugent notre démarche inclusive et peu encombrante. Je n'ai pas beaucoup de gens qui suivent ce qui se passe. Notre équipe est agile et elle doit compter sur la collaboration des autres ministères, ce qui l'oblige donc à travailler en très étroite collaboration.
Nous sommes très fiers de l'évaluation très positive que nous a faite le Conseil du Trésor l'année dernière, au sujet de notre cadre de responsabilisation de gestion, de notre gestion horizontale de la stratégie pour le Nord. Nous sommes considérés comme un exemple de coordination solide et nous en sommes très heureux. Nous estimons que les choses vont bien.
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Merci bien, monsieur le président.
Environnement Canada a le mandat de protéger l'environnement, de conserver le patrimoine naturel canadien et de fournir des prévisions météorologiques et environnementales, afin de tenir les Canadiens informés et d'assurer leur sécurité.
Environnement Canada s'efforce de réparer les dommages causés dans le passé, de comprendre les changements environnementaux attendus et de recueillir des données et de les transmettre afin d'élaborer, de mettre en oeuvre et d'appliquer des politiques qui assureront un développement durable.
Le ministère élabore et met en oeuvre des règlements, des programmes, des politiques et des services qui contribuent à la réalisation des objectifs de son mandat. L'excellence en sciences et technologies environnementales est fondamentale à la prestation de services qui permettent aux Canadiens de relever les défis économiques et environnementaux. De nombreux aspects de ces rôles et de ces activités contribuent à soutenir la souveraineté canadienne dans le Nord.
Je vais vous donner un bref aperçu de ces rôles.
[Traduction]
En fait, notre rôle est double: nous sommes là pour protéger les Canadiens de l'environnement dans le Nord et pour protéger l'environnement des gens dans le Nord.
Parmi les contributions clés à la souveraineté du Canada dans le Nord, mentionnons les prévisions météorologiques et glacielles fournies par le Service météorologique du Canada, qui appuie les opérations de sécurité environnementale, militaire et civile dans l'Arctique. Nos programmes fournissent un soutien adapté aux besoins des Forces canadiennes, de la Garde côtière canadienne, de la Gendarmerie royale du Canada et d'autres organisations de sécurité dont les risques opérationnels les plus élevés sont liés aux conditions climatiques difficiles et à la glace. Citons en exemple le soutien adapté aux cours avancés de guerre en hiver à la baie Resolute et aux Rangers qui effectuent des patrouilles sur de longues distances, de même qu'à des exercices dont l'Opération Nanook.
La climatologie, la science des glaces de mer et les prévisions météorologiques assurent la sécurité et l'efficacité de l'aviation civile et commerciale, permettent l'établissement d'industries côtières et la surveillance spatiale et aérienne des déversements illégaux de pétrole en mer.
En vue d'offrir ces services, le ministère s'engage à mener des enquêtes et des recherches scientifiques qui lui permettront de fournir l'expertise scientifique nécessaire à l'élaboration des politiques. De nombreux autres facteurs ont une incidence sur la souveraineté dans l'Arctique, dont le changement climatique, qui est sans contredit le plus important. Environnement Canada participe à un large éventail de travaux de recherche et de prévisions sur le changement climatique. Des modèles climatiques globaux prévoient un réchauffement dans l'Arctique qui est près du double de la moyenne à l'échelle planétaire. Ces modèles projettent également une diminution constante de l'expansion des glaces de mer dans l'Arctique, plus particulièrement en été, et près de la moitié des modèles globaux projettent un Arctique sans glace d'ici la fin du siècle. Toutefois, les modèles climatiques globaux n'ont pas reproduit le déclin accéléré des glaces de mer observé au cours de la dernière décennie, ce qui laisse croire que la disparition de la glace pourrait se produire plus tôt que prévu. Bien que la régression des glaces de mer prévue dans l'Arctique fasse l'unanimité, le moment de leur disparition en été demeure incertain, à l'instar des particularités régionales, comme l'état des glaces dans le passage du Nord-Ouest, où l'on se demande quand on pourra passer, par opposition à par exemple, la route maritime nordique en Eurasie. La reprise de ces projections à l'aide de modèles climatiques régionaux plus détaillés fait partie intégrante de la recherche effectuée au Canada et à l'étranger.
Les changements climatiques ont également des incidences opérationnelles sur le travail de notre ministère. Par exemple, l'interglaciel plus long attire déjà plus de touristes dans le Nord, sur des paquebots de croisière. Cela se traduit par un accroissement du nombre de permis à délivrer et de la surveillance de ces écosystèmes fragiles.
Environnement Canada effectue des recherches sur la faune et surveille les contaminants dans l'Arctique afin de soutenir notre mandat enchâssé dans une loi visant la protection et la conservation de l'environnement. Nous jouons également un rôle actif dans l'évaluation environnementale et l'émission de permis. Nous travaillons en étroite collaboration avec nos partenaires du Nord dans la gestion des ressources naturelles du Nord, afin de mettre en place de saines approches de travail.
Environnement Canada est engagé dans diverses activités de recherche et de surveillance dans l'Arctique, en ce qui concerne des espèces et les aires protégées. Le ministère gère plusieurs réserves nationales d'espèces sauvages et refuges d'oiseaux migrateurs. Nous exerçons aussi des fonctions d'application de la loi dans le Nord.
Environnement Canada participe activement à plusieurs groupes de travail du Conseil de l'Arctique, et nous comptons des membres dans différents groupes de travail. Par exemple, nous dirigeons le programme de surveillance de la biodiversité circumpolaire et participons activement à la préparation d'une évaluation de la biodiversité dans l'Arctique, qui sera publiée au Conseil de l'Arctique.
L'émission de gaz à effet de serre et de polluants dans l'atmosphère par les activités de transport est perçue comme un des facteurs contribuant aux changements dans l'Arctique. Des efforts continus sont déployés pour évaluer les tendances en matière de transport dans l'Arctique et l'importance des répercussions de la hausse des émissions liées à ces activités.
Nous travaillons avec nos partenaires fédéraux et les universités pour veiller à ce que les contaminants présents dans l'écosystème fragile et unique de l'Arctique, qui peut être menacé par des contaminants, des polluants organiques persistants, soient surveillés afin de pouvoir déterminer la source d'éléments comme leur transport sur de longues distances dans l'atmosphère vers les climats plus froids de l'Arctique. Environnement Canada a participé à l'établissement de la Convention de Stockholm, un accord international que plus de 160 pays ont signé en 2001 pour s'attaquer à ce problème. De plus, Environnement Canada se sert de l'autorité qui lui est conférée par la loi pour appliquer des normes nationales d'émissions liées aux POP.
Au sujet de la réglementation, nous utilisons divers outils législatifs et réglementaires pour résoudre les problèmes environnementaux. Notre réglementation permet une approche coordonnée à l'échelle canadienne, y compris en Arctique. L'Arctique engendre toutefois des défis lorsque vient le temps de mettre en application les réglementations. Dans certains cas, des réglementations sont nécessaires pour répondre à ces enjeux uniques. Nous collaborons avec les gouvernements du Québec, de Terre-Neuve-et-Labrador, du Nunavut et des Territoires du Nord-Ouest pour établir de tels règlements au besoin.
Enfin, Environnement Canada assure le contrôle des principaux polluants à travers le Canada, y compris dans l'Arctique, en appliquant la réglementation concernant les BPC et le mercure.
[Français]
En conclusion, j'aimerais souligner qu'Environnement Canada continue de soutenir la souveraineté et la sécurité des activités menées par la Défense nationale, la Garde côtière canadienne, la GRC, etc.
Par l'entremise de notre service météorologique et de nos règlements, Environnement Canada continue de jouer un rôle clé en permettant aux Canadiens d'atténuer les risques et de tirer profit des ouvertures dans le Nord, tout en renforçant la résilience de l'environnement, des collectivités et des secteurs économiques clés du Canada.
L'exercice de nos pouvoirs dans le cadre de la mise en oeuvre de conventions internationales, ainsi que de ceux qui nous sont conférés par la loi au Canada, est l'un des outils les plus efficaces dont dispose notre ministère en ce qui concerne la souveraineté du Canada dans le Nord.
Merci, monsieur le président.
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Merci beaucoup, monsieur le président. J'aimerais vous remercier de nous avoir invités pour discuter de nos connaissances des conséquences des changements climatiques pour l'Arctique canadien et de la façon dont nous devons nous adapter à cette nouvelle réalité.
Mon court exposé de cet après-midi est fondé sur les conclusions et le contenu de l'évaluation nationale scientifique majeure dirigée par Ressources naturelles Canada et à laquelle j'ai participé à titre de principal coordonnateur scientifique.
Passons à la deuxième diapositive. Je veux indiquer clairement aux membres du comité que ce rapport touche l'ensemble du Canada et les enjeux auxquels nous faisons face du point de vue des conséquences des changements climatiques et de l'adaptation à ceux-ci. Le rapport résume les principales avancées réalisées au cours des 10 dernières années. Il a demandé la participation de 145 auteurs de partout au pays et a été révisé par plus de 100 spécialistes de la communauté universitaire et des gouvernements.
Il faut commencer par dire que les preuves scientifiques sont catégoriques: le Nord canadien vit déjà des changements climatiques généralisés et les observations locales formulées par les résidents du Nord appuient fortement cette conclusion scientifique importante.
Au cours des 50 dernières années, le climat de l'Arctique a changé à un rythme et une ampleur sans précédent. Des augmentations considérables de la température et des précipitations ont été observées, particulièrement dans l'Arctique occidental. Les observations annuelles les plus extrêmes dans nos dossiers ont été réalisées pendant les 10 dernières années; selon chacun des modèles climatiques mondiaux, ces tendances se poursuivront et s'accéléreront dans les décennies à venir.
J'utiliserai donc les dernières diapositives de cet exposé pour souligner certains des changements et leurs conséquences qui pourraient intéresser les membres du comité.
À la troisième page, on voit un enjeu dont nous avons déjà beaucoup entendu parler et qui, j'en suis certain, constitue une de vos principales préoccupations; il s'agit de la question de la navigation maritime et de la possibilité d'utiliser le passage du Nord-Ouest comme route de navigation internationale. Le rapport fait état du déclin rapide de la glace de mer au cours de la dernière décennie mais souligne également qu'en dépit de la tendance marquée vers le bas, les variations annuelles de la couverture des glaces de mer demeureront élevées. Le risque posé par les glaces demeurera élevé, même dans des eaux relativement libres, pendant plusieurs dizaines d'années.
Se fondant sur les données scientifiques disponibles, le rapport indique que la navigation saisonnière dans le passage du Nord-Ouest sera possible d'ici 2030, et même peut-être d'ici 10 ans. Et bien entendu, ces trois dernières années, nous avons pu voir que le passage du Nord-Ouest était en fait navigable.
Pour ce qui est des répercussions de ces changements, le rapport indique qu'il y aura sans doute une demande accrue de cartes nautiques à jour, de prévisions météorologiques maritimes, de surveillance et de reconnaissance des glaces, de services de brise-glaces, de capacité de recherche et sauvetage et de surveillance du trafic maritime; il s'agit du même type d'enjeux soulignés par des témoins précédents.
Je passe maintenant à la page suivante, qui porte sur les conséquences importantes qu'auront les changements climatiques pour les infrastructures dans le Nord. Une grande partie des infrastructures dans le Nord dépendent du pergélisol pour assurer une fondation structurelle solide. Le réchauffement du pergélisol et sa fonte peuvent avoir des impacts considérables sur le rendement des infrastructures et les coûts d'entretien.
En outre, le pergélisol est souvent d'une importance capitale pour les déblais de minerais et les aires de confinement des résidus, qui peuvent être libérés dans l'environnement si le sol n'est pas gelé. Le changement de la stabilité du pergélisol accroît les pressions exercées sur la collectivité des ingénieurs, qui doivent maintenant tenir compte de l'influence des changements climatiques sur les plans de fermeture et d'abandon des mines de même que sur leur conception; c'est ce qui se passe aujourd'hui.
Les changements importants aux infrastructures se feront également sentir dans les systèmes de transport terrestre. À l'heure actuelle, les routes de glace constituent un aspect important de l'infrastructure de transport dans le Nord, mais elle sont de moins en moins fiables pour assurer l'accès important aux endroits reculés et finiront par devoir être remplacés par des autoroutes pouvant être utilisés en toute saison.
L'augmentation du niveau de la mer et la diminution de la couverture de glace de mer constituent un autre enjeu important pour les infrastructures; ces deux facteurs accroissent l'érosion sur une bonne partie de la côte canadienne et, à de nombreux endroits, cela fera augmenter les coûts de construction et d'entretien des infrastructures côtières.
Passons maintenant à la page cinq. Je sais que le comité se préoccupe tout spécialement des impacts des événements climatiques extrêmes sur la sécurité. Naturellement, la sécurité est particulièrement essentielle dans les petites collectivités éloignées auxquelles ont accès les Inuits plus particulièrement, mais aussi de plus en plus de touristes. Les conditions météorologiques extrêmes et l'imprévisibilité des conditions de glace de mer augmentent les dangers et menacent les gens, tant en mer que sur terre. Par conséquent, les efforts de recherche et sauvetage sont de plus en plus fréquents et les gens se retrouvent de plus en plus dans des situations périlleuses. Ainsi, les collectivités doivent améliorer leurs plans d'intervention d'urgence de même que leurs stratégies, au besoin, pour faire face à l'augmentation possible du risque.
La page six résume l'une des principales conclusions de l'évaluation. On y voit assez bien, pour tous les Canadiens, qu'au cours de la prochaine décennie, nous assisterons à l'émergence d'une zone arctique moins éloignée. Il sera possible de naviguer davantage dans les eaux arctiques et il faudra développer les réseaux de transport terrestre. Cela créera des opportunités de croissance dans différents secteurs économiques, tout en posant des défis importants pour les cultures, la sécurité et l'environnement.
Pour conclure, j'aimerais souligner que l'Arctique canadien est un environnement social, politique et physique complexe. Ressources naturelles Canada continue d'apporter sa contribution unique afin de mieux comprendre cet environnement complexe. Nous travaillons en collaboration avec de nombreux ministères, y compris le MDN, le MPO, le MAECI, Affaires indiennes et du Nord canadien, Environnement Canada et Santé Canada, de même qu'avec les gouvernements territoriaux et les collectivités pour mieux comprendre les enjeux qui touchent tout particulièrement le Nord.
Monsieur le président, j'aimerais vous remercier encore une fois de nous avoir invités à comparaître devant votre comité. Nous serons heureux de répondre à toutes vos questions.
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Ce n'est pas ce que j'ai demandé. Je ne veux pas faire preuve d'ironie. Lorsque nous nous trouvons dans l'Arctique précisément, il s'agit d'une question de vie ou de mort. Nous devons nous préoccuper de certaines situations.
Selon moi, il existe trois enjeux. Premièrement, naturellement, il faut savoir où on se trouve. Bien entendu, je veux parler de l'environnement où l'on vit, et là il y a déjà des problèmes.
Je suis d'accord pour reconnaître qu'il y a la question du partenariat, mais il y a aussi la question de la gouvernance, et la gouvernance est aussi importante que la connaissance de votre environnement. Je dis cela parce que nous assistons à une nouvelle tendance de règlement intelligent, selon le rapport du Dr Lussier, et nous devons déterminer quel serait le meilleur rôle à jouer par le MDN et ce que devrait être notre place dans cet enjeu très important. Il y aura des dommages collatéraux, parce que lorsque tous navigueront dans le passage, il y aura des impacts majeurs, pas seulement sur notre propre environnement, mais aussi sur la façon dont les gens vivent là-bas; il faut donc se demander qui serait le mieux placé pour être responsable de la gouvernance. C'est pourquoi je pense que la gouvernance est tout aussi importante.
À titre d'ancien ministre, je vois la façon dont nous travaillons; bien entendu, nous pouvons travailler en comité, mais il faut un peu plus que cela. Devrions-nous nous doter d'une agence responsable du Nord? Au niveau officiel, les partenariats fonctionnent bien, mais lorsqu'il y a trop de chefs, parfois, certaines questions sont laissées pour compte. C'est la raison pour laquelle je vous posais cette question.
Ainsi, selon vous, quel est le rôle du MDN? S'agit-il seulement d'un outil pour vous aider à…