:
Je vous remercie beaucoup, monsieur le président.
Bonjour à tous. Je tiens à remercier le Comité de l’invitation à comparaître aujourd’hui.
La Fédération canadienne des contribuables, pour ceux qui ne la connaissent pas, est un organisme à but non lucratif non partisan, fondé en 1990. Nous comptons environ 235 000 supporteurs dans tout le pays. Nos activités de défense se concentrent sur trois domaines: moins d’impôts, moins de gaspillage au sein du gouvernement, et plus d’imputabilité et de transparence de la part du gouvernement.
En ce qui a trait à l’étude du Comité, la raison de notre présence aujourd’hui est la présentation de notre mémoire qui porte sur le deuxième point, soit le gaspillage au sein du gouvernement, et plus précisément sur ce que nous considérons comme un programme bien intentionné, mais au bout du compte inutile pour ce qui est d’encourager l’achat de véhicules zéro émission.
En octobre, nous avons publié des documents obtenus dans le cadre de la Loi sur l’accès à l’information au sujet du coût d’un programme lancé par le gouvernement fédéral l’an dernier, intitulé « Incitatifs pour l’achat de véhicules zéro émission ». Ce programme offre aux contribuables une subvention pouvant aller jusqu’à 5 000 $ sur le prix d’achat d’un véhicule électrique, si le prix du modèle de base est inférieur à 45 000 $. Si le prix du modèle de base est inférieur à 45 000 $, les modèles dont le prix est plus élevé sont également admissibles, du moment que leur prix est de 55 000 $ ou moins.
Les concessionnaires appliquent cette subvention au prix des véhicules admissibles au moment de l’achat et soumettent ensuite une demande de remboursement de la subvention à Transports Canada.
Le programme a été lancé en mai 2019 et devait se poursuivre pendant trois ans, avec un budget de 300 millions de dollars. Au mois de janvier 2020, un montant de 134 millions de dollars avait été remboursé et le reste des fonds sera entièrement écoulé avant la fin de 2020.
Tesla a obtenu la majorité des subventions du programme, récoltant ainsi plus de 60 millions de dollars entre mai 2019 et mars 2020, soit en un petit peu moins d’un an. Il convient de souligner que le Modèle 3 de Tesla n’était pas admissible à la subvention initialement parce que son modèle de base se vendait 53 700 $, soit bien au-dessus de la limite de prix de 45 000 $.
Pour contourner cette situation, Tesla a mis en vente, sur le marché canadien seulement, une version du Modèle 3 dite Standard, qui offre une autonomie réduite, non négociable, de 150 kilomètres par charge. Tesla a offert ce véhicule à 44 999 $, soit un dollar de moins que la limite de prix de sorte qu’il soit admissible à la subvention du gouvernement.
Fait intéressant, la société a vendu seulement 126 de ces modèles de base, comparativement à plus de 12 000 du modèle Standard Plus, qui est désormais également admissible à la subvention compte tenu de l’existence de ce modèle de base.
Il y a là un problème. La limite de prix a été établie en théorie pour éviter justement que des subventions soient accordées pour des véhicules coûteux, et pourtant c’est exactement ce qui se produit. Mais surtout, si l’objectif de ces subventions est d’encourager les gens à se procurer un véhicule zéro émission, il semble qu’une question pertinente serait de savoir si elles favorisent leur adoption, ou aident simplement les personnes qui vont de toute manière acheter un véhicule zéro émission. Cette question est particulièrement pertinente en raison du prix de vente de ces véhicules.
Un véhicule de 45 000 $, et ne parlons même pas d’un véhicule de 55 000 $, serait considéré comme un véhicule de luxe pour la plupart des Canadiens. Fait-on une utilisation optimale de l’argent des contribuables canadiens ordinaires lorsque nous subventionnons l’achat de véhicules de luxe pour des personnes qui sont en mesure de payer le plein prix pour ces véhicules. J’ose avancer que la réponse est non, et pour cette raison, notre organisme estime que ce programme doit être supprimé, ou à tout le moins, revu.
Je terminerai mes observations en indiquant que dans le passé, ce gouvernement a démontré qu’il était sensible à cet « effet d’aubaine », selon lequel le fait de subventionner le coût de quelque chose ne fait que cumuler les avantages supplémentaires pour des personnes qui seraient heureuses de payer le plein prix de toute façon. Le gouvernement actuel a supprimé les crédits d’impôt accordés pour le transport en commun et pour les activités sportives et artistiques des enfants en se fondant justement sur cet argument, soit qu’il existait peu de preuves démontrant que ces crédits incitaient les gens à pratiquer ces activités, mais constituaient plutôt une aubaine pour ceux qui allaient de toute manière utiliser le transport en commun ou inscrire leurs enfants à des activités sportives.
Les dollars des contribuables sont précieux. Pour chaque utilisation que l’on en fait, de nombreuses autres possibilités s’offrent à nous. Je demande instamment à ce comité d’explorer ces possibilités pour assurer que les contribuables en ont pour leur argent.
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Bonjour, mesdames et messieurs les députés.
Je vous remercie de me donner l'occasion de m'adresser à votre comité dans le cadre de votre étude sur les véhicules zéro émission au Canada.
Fondée en 2006, Mobilité électrique Canada est l'une des toutes premières organisations du monde consacrées à la mobilité électrique. Nous sommes une organisation nationale à but non lucratif et sommes considérés comme les experts canadiens de la mobilité électrique.
[Traduction]
Mobilité Électrique Canada compte plus de 220 organisations membres, dont des services publics, des fabricants de véhicules, des fournisseurs d'infrastructures, des entreprises de technologie, des centres de recherche, des villes, des universités, des gestionnaires de flottes de véhicules, et ainsi de suite.
L’équipe de MÉC travaille sur la mobilité électrique, du vélo à la voiture, du bus au bateau, du camion au train, de l'exploitation minière à la recherche, des lignes de montage aux infrastructures et au recyclage, et ce, d'un océan à l’autre.
Personnellement, je travaille dans le domaine de la mobilité électrique depuis presque 20 ans, et je suis l’auteur de nombreux livres sur le sujet. Chez moi, nous conduisons des véhicules électriques et, soit dit en passant, nous vivons dans une région rurale.
MÉC est en faveur d’incitatifs pour l’achat de véhicules électriques légers et lourds, qu’il s’agisse d’autobus pour les transports en commun ou d’autobus scolaires, et d’incitatifs pour l’achat de véhicules électriques et véhicules hybrides rechargeables usagés. Mobilité électrique Canada appuie aussi l’aide financière pour l’achat et l’installation d’une infrastructure de recharge, l’adoption d’une norme fédérale en matière de véhicules zéro émission, les programmes d’innovation associés à l’industrie des véhicules électriques, l’éducation des consommateurs, l’électrification des parcs automobiles gouvernementaux ainsi que les programmes de formation et de recyclage des travailleurs partout au Canada.
Durant la première moitié de 2020, les ventes de VZE représentaient 3,5 % de toutes les ventes de véhicules légers au Canada.
À moins que le Canada n’adopte une norme visant les VZE, le pays ne sera pas en mesure d’atteindre ses cibles en matière d’adoption de véhicules électriques. Il est encore très difficile de trouver un véhicule électrique étant donné que seulement 33 % des concessionnaires automobiles canadiens ont au moins un VE en stock. À l’extérieur du Québec, de la Colombie-Britannique et de l’Ontario, moins de 20 % des concessionnaires ont au moins un véhicule électrique dans leur parc, et ce, même si les concessionnaires souhaitent en vendre, l’offre est tout simplement insuffisante pour répondre à la demande des consommateurs.
D’après un rapport publié en 2019 par Clean Energy Canada, on prévoit que 560 000 emplois liés aux technologies propres seront créés au Canada d’ici 2030, et que 50 % d’entre eux le seront dans le secteur des transports propres.
Entre 2021 et 2030, si le Canada suit l’exemple de la Californie, de la Colombie-Britannique, du Québec et d’autres États dans le monde, et s’il adopte une norme en matière de VZE, les recettes de ventes prévues, selon nos calculs, pourraient dépasser 190 milliards de dollars.
[Français]
Le Canada a pour objectif de réduire ses émissions de gaz à effet de serre, ou GES, d'au moins 30 % d'ici 2030 par rapport au niveau de 2005. Or, entre 2005 et 2018, les émissions de GES des voitures et des camions légers ont augmenté de 9 %. Les émissions de GES provenant du secteur des transports pourraient bientôt devenir la première source d'émissions de GES au Canada, devant les secteurs du pétrole et du gaz.
Selon l'Agence internationale de l'énergie, le Canada est le pays numéro sur le plan mondial pour les émissions de GES par kilomètre parcouru de son parc de véhicules légers, devant le parc de véhicules légers des États-Unis.
Au cours de la même période, les émissions de GES du secteur de l'électricité ont diminué de 46 %, faisant du réseau électrique canadien l'un des plus propres du monde, 82 % de l'électricité au Canada provenant de sources non émettrices de GES.
Selon le Conseil national de recherches du Canada, les véhicules électriques légers et lourds sont plus propres que les véhicules à essence ou les véhicules diésel partout au Canada. D'ici 2025, les nouvelles technologies des batteries feront baisser le prix de celles-ci de plus de 50 % pendant que leur autonomie augmentera de plus de 50 %.
[Traduction]
La pollution atmosphérique au Canada est responsable de 14 600 décès, ce qui représente 7,5 fois le nombre de décès dus à des accidents de la route.
En 2017, les transports étaient responsables de la majorité des émissions totales d’oxides d’azote et des émissions de monoxide de carbone au Canada.
D’après un rapport publié en 2019 par Santé Canada, la valeur économique annuelle totale associée à la pollution atmosphérique est de 114 milliards de dollars.
En conclusion, les véhicules électriques, qu’ils soient légers ou lourds, peuvent aider le Canada à atteindre ses objectifs en matière de changement climatique, à diminuer la pollution atmosphérique et contribuer à améliorer la santé des citoyens canadiens.
Merci.
Je m'appelle Nicolas Pocard. Je suis directeur du marketing et de la stratégie chez Ballard Power Systems.
[Traduction]
Ballard est une entreprise de technologie établie à Vancouver, en Colombie-Britannique, qui travaille au développement de la technologie des piles à combustible à hydrogène depuis les 40 dernières années.
Aujourd’hui, j’aimerais mettre en évidence le rôle important que joue l’hydrogène dans la décarbonisation de l’économie au Canada, plus précisément dans le domaine des transports lourds. Nous estimons que si l’on veut respecter l’objectif de la carboneutralité d’ici 2050, il faudra utiliser la mobilité lourde propulsée à l’hydrogène pour atteindre les cibles. Par mobilité lourde, je veux dire l’industrie des camions lourds, du ferroviaire et l’industrie navale où les piles à combustible à hydrogène ouvrent la voie à la décarbonisation. En plus de cela, nous pensons que la maturité et le leadership que le Canada a atteints dans la technologie des piles à combustible à hydrogène représentent une occasion économique extraordinaire, à condition de conserver ce leadership. Il faut investir dans la R-D et dans le déploiement des piles à combustible au Canada. Il faut maintenir cette avancée.
On commence à voir hors du Canada des pays européens consentir des investissements considérables dans l’hydrogène, et la même chose se produit aux États-Unis, en Chine, au Japon et en Corée. Nous sommes impatients de prendre connaissance de la stratégie sur l’hydrogène que le ministre de l’Énergie, des Mines et de l’Innovation faible en carbone devrait bientôt annoncer. Mais nous voulons nous assurer que cette stratégie sera accompagnée d’un soutien pour pouvoir déployer la technologie au Canada, ainsi que pour la R-D nécessaire pour conserver ce leadership sur le plan technologique.
Nous sommes fermement convaincus que le Canada doit se joindre aux autres pays qui ont reconnu le rôle fondamental joué par la technologie des piles à combustible à hydrogène dans la décarbonisation des transports lourds, étant donné qu’elle représente une occasion économique extraordinaire et une possibilité de création d’emplois au Canada. Nous estimons qu’il est possible d’atteindre la cible de 10 000 autobus et camions utilisant des piles à combustible en circulation dans tout le Canada d’ici 2030. Cela représente aussi des investissements vraiment importants dans la chaîne de valeur. L’énergie — en l’occurrence, l’hydrogène — est produite à partir de ressources naturelles du Canada, de l’énergie éolienne, solaire, hydroélectrique. Ou encore, dans les Prairies, elle est produite à partir du gaz naturel converti en hydrogène bleu et de la séquestration du carbone pour assurer la production locale au Canada d’hydrogène sobre en carbone. Par ailleurs, l’hydrogène traverse toute la chaîne de valeur. Un véhicule à pile à combustible est un véhicule électrique, et il utilise tout le matériel que nous produisons ici dans la chaîne de valeur, du système à piles à combustible, en passant par le groupe motopropulseur et les différentes intégrations. Cela représente une occasion économique formidable, ainsi qu’un moyen d’atteindre les cibles en matière de décarbonisation.
Merci.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je remercie les trois témoins de se prêter à l'exercice. Nous remercierons le quatrième témoin plus tard, s'il réussit à se reconnecter. Vive la technologie! C'est ce que nous vivons quotidiennement, nous les élus.
Mes questions vont d'abord s'adresser à un représentant du Québec, M. Breton, qui a été ministre de l'Environnement en 2012.
Monsieur Breton, comme vous l'avez mentionné, vous êtes très cohérent dans vos interventions pour ce qui est de l'environnement. Vous êtes très sensible à la question de l'environnement, mais je ne suis pas sûr que votre successeur ait la même préoccupation. C'est le chef du Bloc québécois à la Chambre des communes, M. Blanchet, qui avait pris votre place au moment où vous avez quitté vos fonctions à ce ministère.
Les gaz à effet de serre produits par la consommation du pétrole sont un élément, mais la composition d'un véhicule électrique a un effet important sur la production. Cela émet aussi des gaz à effet de serre. Si l'on diminue les GES d'un côté, mais qu'on les augmente de l'autre côté, je ne suis pas sûr qu'on arrivera à être carboneutre en 2050.
Monsieur Breton, pouvez-vous nous donner des informations sur les effets de la production des véhicules électriques relativement aux émissions de gaz à effet de serre?
:
C'est une excellente question. Au fond, vous parlez de tout le cycle de vie du véhicule, c'est-à-dire la production du véhicule, dont la batterie, son utilisation et sa mise au rancart.
À la page 10 du document que je vous ai envoyé lundi, il est question d'une analyse effectuée par le Centre national de recherches du Canada. Cette analyse démontre qu'au Québec, pour tout le cycle de vie, y compris la production de la batterie, les émissions de gaz à effet de serre d'un véhicule hybride rechargeable ou cent pour cent électrique sont de 35 % à 55 % moins élevées pour un véhicule électrique que pour un véhicule à essence équivalent. Même en Alberta, où la production de l'électricité est moins propre, un véhicule électrique demeure plus propre qu'un véhicule à essence. Quelle que soit la source de production d'électricité ou la production de batteries, un véhicule partiellement ou entièrement électrique demeure plus propre qu'un véhicule à essence.
De plus, depuis 2013, la production de batteries s'est beaucoup améliorée sur le plan environnemental, de sorte que son incidence écologique a diminué de près de 60 %. La production de batteries et leur cycle de vie vont diminuer par un facteur de huit d'ici 2030. Je pourrai vous envoyer plus tard des documents à ce sujet. Les batteries sont de moins en moins polluantes, parce qu'on trouve des moyens de fabrication de plus en plus efficaces, ce qui rend les véhicules électriques de plus en plus propres au fil du temps.
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Merci beaucoup. C’est une bonne question.
La technologie d’aujourd’hui peut être utilisée avec tous les types de véhicules, des plus légers aux plus lourds. Ce qui est important, à mon avis, c’est de déterminer quel est le meilleur scénario d’utilisation. Autrement dit, quelle application... En fin de compte, il s’agit de l’électrification. Que ce soit une pile à combustible ou une batterie, les deux servent à propulser des véhicules électriques. Il faut déterminer la manière dont vous allez transporter l’énergie jusqu’au véhicule, et la manière dont vous allez stocker cette énergie à bord du véhicule.
Chaque scénario d’utilisation sera différent. Avec les véhicules lourds, plus le véhicule est lourd et plus la charge utile qu’il devra transporter sera importante, dans ce cas, l’hydrogène est plus approprié parce que vous n’avez pas à composer avec le poids d’une très grosse batterie en plus des marchandises que vous voulez transporter. Les cycles d’utilisation sont très importants. Si vous conduisez un taxi, qui fonctionne pendant de nombreux quarts de travail et dispose de peu de temps pour la recharge, l’hydrogène est un bon choix. C’est un mélange entre le scénario d’utilisation, la charge utile et le cycle d’utilisation que vous souhaitez.
La technologie proprement dite existe. Il y a des moteurs à pile à combustible qui peuvent servir à propulser une automobile et même un train. La question consiste à trouver la meilleure application en fonction du scénario d’utilisation.
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Merci beaucoup, monsieur le président et mesdames et messieurs de me fournir l’occasion de comparaître devant vous aujourd’hui.
Toutes mes excuses pour les difficultés techniques que nous avons éprouvées pour entrer en communication avec vous, mais je suis très heureux d’être ici.
J’aimerais dire d’entrée de jeu que Constructeurs mondiaux d’automobiles du Canada, ou CMAC, représente 15 grands constructeurs automobiles internationaux et leurs activités ici, au Canada, ce qui correspond à environ 20 modèles.
Les entreprises membres et leurs filiales emploient plus de 77 000 Canadiens dans la fabrication, la vente, la distribution et les pièces de véhicules, ainsi que dans le service après-vente, les finances et les activités des sièges sociaux. En 2019, les entreprises membres des CMAC ont vendu 1 146 000 véhicules, ce qui représente près de 60 % du marché automobile canadien, et plus de 60 % des 3 300 concessionnaires de véhicules neufs du Canada.
Nos membres se sont engagés à décarboniser les produits qu’ils fabriquent. Cependant, il est pour nous évident que nous ne pourrons atteindre l’objectif de décarbonisation du secteur des transports légers si nous nous concentrons uniquement sur les ventes de véhicules neufs — qui représentent environ 8 % de tous les véhicules en circulation. Selon nous, nous ne réussirons pas non plus à atteindre nos objectifs de réduction des gaz à effet de serre, ou GES, pour l’ensemble du parc de véhicules légers en nous concentrant uniquement sur la technologie des véhicules à zéro émission, ou VZE, au lieu de nous concentrer sur le véritable objectif de réduction des émissions de GES.
Actuellement, le Canada compte environ 168 000 véhicules à zéro émission sur la route, pour environ 23,5 millions de véhicules légers au total. Cela veut dire que les VZE représentent moins de 1 % de tous les véhicules légers actuellement en circulation.
Cela dit, comme d’autres témoins l’ont fait remarquer avant nous, les constructeurs automobiles investissent, à l’échelle mondiale, des centaines de milliards de dollars dans la technologie des véhicules à zéro émission et, bien que la COVID-19 ait, dans certains cas, retardé l’introduction de certains modèles, la pandémie n’a nullement dissuadé les constructeurs automobiles de poursuivre le développement et la commercialisation des VZE. En fait, et c’est très important, pour ceux qui ont suggéré qu’il y aurait des difficultés d’approvisionnement, les membres de notre association auront à eux seuls mis sur le marché plus de 125 modèles de véhicules électriques à batterie, ou VEB, et de véhicules hybrides électriques rechargeables, ou VHR, entre 2021 et 2025.
À cet égard, il est important de souligner que la seule différence réelle entre les perspectives des gouvernements, des organisations non gouvernementales environnementales et de l’industrie automobile en ce qui concerne les VZE est la question du temps. Nous partageons le même objectif.
En effet, l’industrie automobile vit actuellement une transition sans précédent, comme elle n’en a jamais connu en 100 ans d’histoire. Cette transition avance rapidement, mais prendra du temps. Il faut de trois à cinq ans et de 1 à 2 milliards de dollars pour mettre un nouveau modèle sur le marché. Pendant ce temps, les entreprises automobiles doivent continuer à réaliser des bénéfices sur leurs gammes de véhicules déjà sur le marché pour soutenir le développement de véhicules à propulsion avancée.
En outre, pour obtenir des contrats à long terme pour les batteries et autres composants qui sont tout à fait nouveaux pour la production de VZE, il faut favoriser la venue de nouveaux fournisseurs et de nouveaux partenaires de la chaîne d’approvisionnement et cultiver des relations avec ceux-ci.
Comme nous l’avons dit, l’industrie est en transition, mais cela prend du temps et le changement est aussi sensible à la demande. Il y a de fortes chances pour que l’offre ait du retard par rapport à la demande dans un avenir immédiat. Par conséquent, l’intervention réglementaire à court terme favorisant l’achat de VZE est en décalage par rapport à l’horizon à moyen et long terme de la transition que vit l’industrie.
Nous avons une série de recommandations dans notre mémoire, mais je pense qu’il est plus important d’entendre les questions des membres du Comité.
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L'étude publiée en 2019 sur la pollution atmosphérique parle d'une incidence de 114 milliards de dollars par année. Cette étude est récente; elle date d'il y a un an à peine. Elle indique qu'une grande partie de la pollution atmosphérique vient des transports et que les transports routiers — les véhicules légers, moyens et lourds, les autobus, et ainsi de suite — contribuent de manière importante à cette pollution atmosphérique.
Au cours des dernières années, on a vu les systèmes antipollution devenir de plus en plus efficaces, en ce sens que la quantité de pollution atmosphérique par véhicule diminuait. Par contre, on note maintenant une stagnation, voire une augmentation pour ce qui est de polluants atmosphériques, comme le monoxyde de carbone. Des médecins et Santé Canada s'attendent donc à une augmentation des décès causés par la pollution atmosphérique liée aux transports.
Selon les documents que je vous ai transmis, on note que, plus les gens restent près de sources de pollution, par exemple sur de grandes artères, plus ils risquent d'avoir des problèmes de santé, notamment des problèmes cardiovasculaires ou pulmonaires, ou encore des cancers. Dans 80 % des cas, il s'agit de problèmes cardiovasculaires. Si les changements climatiques sont un problème planétaire, la pollution atmosphérique, elle, est un problème à la fois planétaire et local. En effet, une personne qui est proche d'une source de pollution atmosphérique risque de subir des effets extrêmement néfastes. Dans le livre que j'ai publié il y a deux ans, le Dr François Reeves parle d'ailleurs de l'intérêt que représentent les véhicules électriques pour ce qui est de la diminution de la pollution atmosphérique.
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D'accord. C'est donc vraiment dû aux transports.
Ma prochaine question s'adresse à M. Wudrick, de la Fédération canadienne des contribuables.
Vous avez dit d'entrée de jeu que les incitatifs gouvernementaux n'étaient pas une bonne chose. Je ne partage pas du tout cet avis. En effet, les véhicules électriques ont connu une hausse en Colombie-Britannique et au Québec, après que des incitatifs provinciaux, auxquels se sont ajoutés les incitatifs fédéraux, ont été offerts. En outre, les ventes de véhicules électriques en Ontario ont baissé de 55 % au premier trimestre de 2019, par rapport à 2018, quand M. Doug Ford a sabré les incitatifs financiers. Je vous donne un autre exemple. En Géorgie, aux États-Unis, les ventes de véhicules électriques ont baissé de 80 % quand les incitatifs financiers ont été abolis. Vous comprendrez qu'il ne s'agit pas ici d'une question, mais plutôt d'un commentaire visant à vous montrer à quel point je ne suis pas d'accord sur ce que vous avez affirmé.
Cela étant dit, il existe un bon nombre de mesures. Aux États-Unis, par exemple, l'incitatif fédéral tient compte du revenu des acheteurs et on offre un incitatif sous forme de crédit d'impôt non remboursable.
Par ailleurs, on a dit que les incitatifs concernaient des voitures de luxe, mais le prix des camions légers Ram, de Dodge, et des F-150, de Ford, qui se vendent beaucoup en ce moment, se situe entre 43 000 $ et 74 500 $. Or, ce sont des camions qui polluent énormément et qui, comme on le disait tantôt, ont un effet néfaste sur la santé des gens.
Pour en revenir aux mesures, seriez-vous favorable à une mesure réglementaire à coût nul pour les contribuables qui aurait pour effet d'enrichir le marché automobile en véhicules zéro émission?
:
C'est très important parce que, croyez-le ou non, je parle d'une stratégie de l'industrie canadienne des véhicules électriques depuis 2006. Comme je l'ai déjà dit, au fil du temps, nous allons de plus en plus nous tourner vers les VE, que ce soit pour les transports légers ou les transports lourds.
Il se publie de plus en plus d'études à ce sujet. L'une d'entre elles, sortie il y a quelques mois seulement par l'International Council on Clean Transportation, ou ICCT, disait que si le Canada ne se dote pas d'une stratégie, s'il n'élabore pas un plan pour une industrie, qu'il s'agisse du secteur des véhicules légers ou des véhicules lourds, il se pourrait bien que l'on se retrouve sans secteur de l'automobile d'ici 15 à 20 ans.
Notre industrie est en déclin depuis de nombreuses années, et maintenant, compte tenu des nombreux actifs du Canada... Nous avons de solides équipementiers en Ontario. Nous avons les minéraux. Nous avons les métaux. Nous avons des scientifiques, de la Nouvelle-Écosse à la Colombie-Britannique qui pourraient faire le travail. Il y a des entreprises au Québec qui construisent des automobiles, des camions et des autobus. Il y a des gens compétents au Manitoba... Nous planchons actuellement sur une stratégie de l'industrie des VE avec d'autres parties prenantes, afin d'évaluer tous les progrès que nous pourrions réaliser, parce que nous voulons lutter contre le changement climatique, nous voulons lutter contre les niveaux élevés de pollution, et que nous souhaitons aussi créer des emplois dans l'intervalle. En ce qui nous concerne, nous doter d'une stratégie de l'industrie canadienne des VE est tout à fait logique.
:
Oui. Merci, monsieur le président. J'éprouvais des problèmes avec le Wi-Fi tout à l'heure.
J'aimerais revenir à cette idée qui a été abordée lors de la dernière série de questions, c'est-à-dire que, pour une raison ou pour une autre, des programmes d'incitation existent pour favoriser l'achat de véhicules de 55 000 $, mais qu'il n'en existe pas pour ceux de 25 000 $. Ils devraient assurément exister. Cette idée est absolument ridicule. On a fixé une limite maximale. Je tiens à ce que l'on clarifie les choses pour le compte rendu.
L'autre point qui, à mon avis, est important, c'est qu'il existe des mesures d'encouragement pour que les constructeurs décident d'investir au Canada. Je suis originaire de la région de Durham. GM est présent dans la région. Des constructeurs des quatre coins du pays étaient sur le point de mettre la clé dans la porte. Tous ces travailleurs auraient été mis à pied, si ce n'était des véhicules électriques et du réoutillage des usines dans notre pays. Je trouve cela un peu fort, surtout de la part des conservateurs, de nous faire la leçon sur les contribuables et les mesures de protection, alors qu'ils ne semblent pas se préoccuper des travailleurs qui construisent ces véhicules dans nos collectivités et dans notre pays. Je voulais commencer par ce point. Ils semblent oublier que ce sont les contribuables qui bénéficient de ces incitatifs, sans compter les avantages pour l'environnement aussi.
À cet égard, j'aimerais poser une question à laquelle vous pourriez peut-être répondre, monsieur Adams. Dans nos documents d'information, j'ai lu que des constructeurs pouvaient perdre jusqu'à 12 000 dollars américains par véhicule seulement pour le réoutillage, le réaménagement ou la réinsertion de ces véhicules dans leur parc. Premièrement, est-ce que ces chiffres sont réalistes? Deuxièmement, est-ce que votre association ou votre industrie a une idée du moment où ces pertes pourraient au fil du temps être absorbées dans le cours normal des affaires? Cela permettrait de réduire les coûts généraux, et ultérieurement, d'éliminer la nécessité d'adopter de telles mesures pour encourager les constructeurs à faire la transition vers les véhicules électriques.
:
Je n'en connais pas. Je ne peux pas. Tous les pays ont inclus...
En ce qui nous concerne, ce que nous considérons comme le meilleur modèle d'incitatif consiste à offrir des remboursements — des subventions — pour l'achat de véhicules électriques, et à adopter une réglementation. Les deux vont de pair.
Concernant la dernière question que vous avez posée, jeme souviens du moment où Toyota est arrivée avec la Prius, il y a 23 ans. On leur disait, « Vous ne ferez jamais d'argent avec ça ». L'ancien vice-président de GM avait déclaré qu'il s'agissait d'une blague, d'un coup de publicité. Aujourd'hui, plus de 10 millions de véhicules hybrides ont été vendus. L'entreprise fait beaucoup d'argent, et elle ne s'en cache pas.
Quelqu'un de chez Ford a déclaré que la première Mustang Mach-E, qui sortira sur le marché d'ici quelques mois, permettra de réaliser des bénéfices. Donc, il n'est pas question d'attendre encore 10 ans. C'est à nos portes.
:
C'est très simple. Lorsqu'on regarde les ventes de véhicules électriques, on a tendance à se concentrer sur les voitures, mais il y a aussi les camions, les autobus de transport en commun et les autobus scolaires. Il y a différents types de véhicules, notamment des véhicules électriques et des véhicules à hydrogène.
Le gouvernement du Québec a annoncé que, d'ici 2030, il voulait mettre sur le marché 1,5 million de véhicules électriques. Le Québec représente à peu près 50 % du marché des véhicules électriques au Canada, et 23 % du marché des véhicules légers vendus en 2019. On devrait multiplier ce chiffre par quatre, mais je l'ai multiplié par 2,5 pour être plus modeste. J'ai supposé que le reste du Canada allait rattraper le Québec, mais pas nécessairement au même niveau du Québec et de la Colombie-Britannique. On multiplie 1,5 million de véhicules par 2,5 au Canada, ce qui prend en compte les ventes de véhicules légers et d'autobus. La Banque de l'infrastructure du Canada a un programme pour l'acquisition d'autobus, d'autobus scolaires et d'infrastructures de recharge.
Il y a aussi les ventes d'électricité. Nous avons fait le calcul avec des gens d'Hydro-Québec en fin de semaine. Juste au Québec, on parle de près de 3,8 milliards de dollars d'ici 2030. Si l'on ajoute à cela les ventes d'électricité partout au Canada, on parle d'environ 9 milliards de dollars.
Tous ces coûts et ces ventes mis ensemble représentent à peu près 190 milliards de dollars d'ici 2030. Cela représente beaucoup d'argent, d'investissement et d'employés.
:
Merci, monsieur le président.
J'aimerais poser une question à M. Adams.
Il y a l'objectif en matière de VZE, du côté de l'offre, et il y a les mesures d'incitation relatives aux VZE, du côté de la demande. Les deux visent à stimuler les ventes. Je pense que c'est quelque chose que vous avez reconnu dans vos observations.
En même temps, nous savons que 80 % des véhicules électriques sont produits dans les États où ils sont vendus. Actuellement, les investissements dans la construction de VE se chiffrent à 300 milliards de dollars. Pourquoi le Canada ne voudrait-il pas prendre une part de ce marché? Pourquoi ne voudrions-nous pas les emplois, la prospérité, et le bien-être collectif qui accompagne ces excellents emplois?
Dans le même ordre d'idées, est-ce que ces politiques ne contribuent pas à l'objectif qui est d'amener ce développement économique dans notre pays?
:
Merci, monsieur le président, et merci aux témoins de s'être joints à nous aujourd'hui.
Avant de poser mes questions, j'aimerais apporter un point de vue différent de celui du député libéral qui a déclaré que ce sont les contribuables qui bénéficient de ces incitatifs. En effet, il faut regarder qui sont les contribuables qui reçoivent ces incitatifs. Il faut regarder de plus près encore les contribuables qui ne dépensent pas 50 000 $ pour acheter une voiture. Je pense que c'est essentiellement à cela que nous voulons en venir en réalisant cette étude. Certains de ces véhicules, comme le Modèle 3 de Tesla dont parlait M. Wudrick, sortent complètement de la gamme de prix de nombreuses familles, en tout cas dans ma circonscription d'Edmonton, en Alberta. C'est difficile de pouvoir s'offrir de telles voitures.
Encore une fois, je pense que l'intention de départ est bonne. Pour reprendre les commentaires de la Fédération canadienne des contribuables, c'est un programme bien intentionné. Je suis persuadé que mettre davantage de véhicules électriques en circulation est une bonne intention. Cependant, ce que nous constatons, c'est qu'en raison de la manière dont le programme a été conçu... Puis, il a été modifié, et c'est devenu encore plus ridicule de penser acheter ces modèles qui se situent bien au-delà de la gamme de prix que peut s'offrir la famille moyenne.
Pour une Dodge Caravan ordinaire, une simple recherche sur Google vous donnera un prix de 30 000 $. Est-ce que nous avons l'intention de sortir ces véhicules de la circulation? Est-ce que nous envisageons de sortir de la circulation les camions F-150 — les véhicules qui sont peut-être les responsables des plus fortes émissions de GES — avec ces incitatifs? J'estime que non. Le programme vise les contribuables qui ont les moyens de s'offrir ces véhicules haut de gamme. Je pense que ce programme a complètement raté la cible.
Monsieur Wudrick, notre comité a entendu un témoin — je pense qu'il venait du Pembina Institute — déclarer que pour améliorer ce programme en particulier, il faudrait ajouter encore plus d'incitatifs afin de le rendre plus attrayant pour les Canadiens. Pourriez-vous nous dire ce que vous pensez de l'idée d'injecter plus d'argent dans ce programme afin de le rendre plus efficace?
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Je vais prendre ses 10 secondes.
Merci, monsieur le président. Et merci à tous de votre présence aujourd'hui.
Monsieur Breton, je voudrais poursuivre avec vous parce qu'il me semble que M. Adams a une opinion différente concernant les objectifs en matière de VZE, et qu'il en est de même pour votre organisation.
Dans les lectures que j'ai faites, j'ai constaté que les États qui avaient adopté des objectifs en matière de VZE avaient tendance à enregistrer plus de ventes; et si les véhicules y étaient construits ou déployés, les ventes y étaient encore plus élevées. Nous voyons que la Chine s'est dotée d'objectifs de ce genre, et c'est la raison pour laquelle les investissements dans ce pays ont monté en flèche. Les entreprises se rendent là-bas parce qu'elles savent qu'elles auront un marché. L'Union européenne envisage de se doter de tels objectifs; ils sont volontaires, actuellement, mais les autorités songent à prendre une orientation plus concertée.
Nous avons entendu l'opinion de M. Adams. J'aimerais maintenant savoir pourquoi vous pensez que les objectifs en matière de VZE sont efficaces.
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C'est parce que les constructeurs envoient les véhicules dans les pays qui se sont dotés d'objectifs. C'est aussi simple que cela.
Je peux vous citer deux exemples. Actuellement, si vous voulez acheter un véhicule Toyota RAV4 Prime, vous allez pouvoir vous le procurer au Québec parce que la province a adopté des objectifs en matière de VZE. Mais vous ne pourrez pas l'acheter ailleurs au Canada.
Je peux vous citer un exemple encore plus probant. En 2011, le gouvernement fédéral et le gouvernement de l'Ontario ont financé l'assemblage du véhicule électrique Toyota RAV4. Il était construit à Woodstock, en Ontario. Étant donné qu'il n'y avait pas d'objectifs au Canada, mais qu'il y en avait en Californie, tous les véhicules ont été expédiés en Californie et personne au Canada n'a eu accès à ces véhicules.
Je trouve vraiment intéressant de voir que le gouvernement du Canada et le gouvernement de l'Ontario investissent dans l'assemblage de véhicules électriques. Mais comme l'a fait remarquer M. Adams, ces véhicules sont expédiés aux États-Unis. Avec un gouvernement Biden qui a l'intention de se montrer encore plus dynamique en ce qui concerne les VE, je pense qu'il y a des chances, si le gouvernement fédéral n'adopte pas d'objectifs à cet égard, que ces véhicules soient expédiés aux États-Unis, au Québec ou en Colombie-Britannique. Quant aux concessionnaires de l'Ontario, du Manitoba, de la Saskatchewan ou de l'Alberta, ils ne seront pas capables de mettre la main sur ces véhicules, et c'est un vrai problème.
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C'est une très bonne question.
Je crois qu'il faut faire la distinction entre le véhicule et la source d'énergie. En l'occurrence, il faut distinguer le véhicule et la pile à combustible. Tout repose sur la fabrication. La hausse du volume fera chuter les prix et, en un clin d’œil, il ne coûtera pas plus cher de fabriquer un moteur à pile à combustible qu'un moteur diesel, voire moins.
Votre question porte sur la source d'énergie. Dans le cas d'un véhicule électrique, l'électricité est utilisée directement pour recharger la batterie. Dans le cas d'un véhicule électrique à pile à combustible, l'hydrogène est utilisé comme porteur d'énergie pour stocker l'énergie dans le véhicule.
Il existe deux méthodes pour produire de l'hydrogène. Actuellement, je dirais que 95 % de l'hydrogène produit dans le monde est issu du gaz naturel. Nous avons des usines de production au Canada. Ce procédé, loin de contribuer à la réduction des émissions, produit une forme d'hydrogène à forte intensité carbonique. Le défi consiste à réduire cette intensité en piégeant le carbone. Au Canada, et notamment en Alberta, des entreprises qui extraient du gaz naturel en retirent le carbone durant la production d'hydrogène, qui est ensuite stocké ou utilisé pour alimenter l'industrie.
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J'ai une autre question.
Si, demain matin, je voulais commander une voiture au Québec ou en Colombie-Britannique, je devrais inscrire mon nom sur une liste d'attente. Le délai d'attente est d'environ deux, trois, quatre, six mois. Il y a un marché pour cela. Je pense que les consommateurs ont fait un grand pas.
Ce qui m'agace dans ce processus, c'est que l'industrie automobile demande de l'aide. Pour faire des affaires, il faut investir. L'industrie l'a fait dans le passé, mais je suis convaincu qu'elle l'a fait parce qu'elle y a vu une occasion d'affaires. Alors, au lieu d'aider le consommateur ou les constructeurs automobiles, nous devrions peut-être investir dans une campagne de sensibilisation afin d'informer les gens quant aux répercussions de la production automobile sur l'environnement au lieu de donner de l'argent à ces constructeurs.
Cette suggestion serait-elle envisageable?
Comment cela serait-il perçu par les membres de votre organisation?
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C'est une question intéressante.
Les gens ne réalisent pas que de plus en plus de véhicules électriques peuvent être préprogrammés afin qu'ils se rechargent la nuit. Or, la demande en électricité n'est pas la nuit, mais le jour. Les demandes sont élevées surtout entre 7 heures et 19 heures.
Dans plusieurs endroits dans le monde, il est possible de préprogrammer le véhicule pour faire en sorte qu'il se recharge au moment où c'est moins cher et où la demande est moins grande. On peut procéder de cette façon.
Je veux mentionner une chose. Il y a quelques années, je demeurais à un endroit où il y avait souvent des pannes d'électricité. Je me servais de la batterie de ma voiture électrique comme source d'alimentation pour mon réfrigérateur ainsi que pour mon ordinateur afin de continuer à travailler. Lorsque j'avais besoin d'électricité parce que la charge de ma batterie avait diminué, j'allais recharger ma voiture et je revenais. Au même moment, les gens qui avaient des voitures à essence ne pouvaient pas faire le plein, parce que les stations-service sont normalement fermées lorsqu'il y a une panne d'électricité.
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Je vous remercie de la question.
Le Fonds stratégique pour l'innovation est un programme extrêmement intéressant qui est déjà en place. Le est venu à notre conférence annuelle, il y a deux semaines, pour parler de l'intérêt pour la création d'une industrie nationale d'électrification des transports.
Il est important que les différentes provinces travaillent en collaboration. Il y a des forces au Québec, en Ontario, en Nouvelle-Écosse, au Manitoba, en Alberta et en Colombie-Britannique. Si nous coordonnons nos forces plutôt que de nous faire concurrence, nous pourrons avoir de très bons résultats.
Je crois qu'un programme d'aide à l'innovation est extrêmement important. Le programme de la Banque de l'infrastructure du Canada visant l'acquisition d'autobus scolaires et de bornes de recharge est aussi important. À la base, il faut accélérer l'innovation en favorisant l'achat de véhicules électriques.
C'est très simple. Le rabais donné à l'achat d'un véhicule électrique est un incitatif à l'innovation. Il a pour but d'augmenter le nombre de véhicules électriques sur la route. Des gens de General Motors et de Tesla ont dit récemment que, vers 2025, on atteindra presque la parité entre les véhicules électriques et les véhicules à essence équivalents. Appuyer l'innovation avec un rabais à l'achat d'une voiture électrique équivaut à appuyer l'innovation dans le domaine pharmaceutique, dans celui de la santé, et même dans ceux du pétrole et du gaz pour diminuer la pollution.
Dans le discours du Trône, si je ne m'abuse, il est question de faire du Canada le pays le plus attirant du monde pour les entreprises qui utilisent des technologies propres. Je suis complètement en faveur de cela.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Monsieur Wudrick, dans votre document, vous dites que les dollars des contribuables sont très précieux. Je vais poser à nouveau la question que j'ai posée au début.
Le secteur des énergies fossiles canadiennes a reçu 600 millions de dollars du gouvernement fédéral au cours de l'exercice de 2019-2020. Tantôt, vous n'avez parlé que des subventions au réseau Trans Mountain, mais il y a aussi les subventions aux énergies fossiles, qui sont plus importantes que les subventions aux véhicules électriques.
Ne voyez-vous pas là une contradiction? D'un côté, il y a les véhicules électriques qui vont nous aider à atteindre les objectifs de réduction des gaz à effet de serre, ce qui sera bénéfique pour la santé, et, de l'autre, on donne des subventions pour rendre les gens malades.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur Breton, je voudrais vous interroger au sujet des économies d'échelle et de leur rôle dans une perspective globale.
Nous avons beaucoup entendu parler du prix des véhicules électriques, et j'admets qu'ils font partie des obstacles qui peuvent freiner les élans de ceux qui songent à acquérir un véhicule électrique neuf. Toutefois, si on fait une évaluation au coût complet, en tenant compte de l'entretien et du faible coût d'utilisation de ces véhicules, alors on s'aperçoit que le prix des véhicules électriques est au moins équivalent, sinon inférieur.
Nous allons prendre ce virage, cela m'apparaît inévitable. Ces véhicules coûtent moins cher à l'usage et ils sont plus agréables à conduire, surtout ceux de la catégorie des véhicules légers. Dans cette optique, les incitatifs sont-ils nécessaires seulement pour amorcer la pompe?
Selon vous, ces incitatifs sont-ils temporaires, dans la mesure où ils n'auront plus leur sens quand le marché aura pris son envol et que la hausse des ventes fera baisser les prix en raison des économies d'échelle réalisées?
J'aimerais savoir ce que vous en pensez.
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Oui, volontiers. Je vois que vous savez de quoi vous parlez puisque vous possédez et conduisez un véhicule électrique.
Il est fondamental de tenir compte du coût total de propriété. Trop souvent, les gens s'arrêtent au prix d'achat et oublient les coûts liés à l'énergie, aux assurances et à l'entretien, de même que la valeur de revente. Si j'additionne tous ces chiffres, je ne peux pas faire autrement que d'être surpris d'entendre M. Wudrick affirmer que les gens n'ont pas les moyens d'acheter ces véhicules.
Si on fait le calcul, il est clair qu'un véhicule électrique est aussi abordable qu'une Honda Civic. Je suis donc surpris d'entendre ce genre d'affirmation.
Pour ce qui est des contribuables, une précision importante doit être faite. Si nous créons des emplois liés aux véhicules électriques, que ce soit des véhicules lourds ou légers, dans les secteurs des infrastructures, de la recherche, de l'exploitation minière... Les gens qui occuperont ces emplois bien rémunérés paieront des impôts, c'est important de le rappeler.
Il faut voir au-delà des subventions pour l'achat de véhicules électriques. C'est tout l'écosystème qu'il faut prendre en considération parce que toute cette industrie est nouvelle. Notre réflexion ne doit pas se borner au prix des véhicules. Comme vous l'avez bien expliqué, il faut évaluer le coût total de propriété. À nos yeux, c'est fondamental.
Je ne sais pas si vous l'avez entendu, mais, en 2012, Barack Obama, qui était alors le président des États-Unis, a déclaré que son pays subventionnait les sociétés pétrolières et gazières depuis des centaines d'années. Nous n'en demandons pas tant! Il nous suffira de subventions pendant les 10 prochaines années pour prendre notre erre d'aller puisque, d'ici là, les prix seront à parité, sinon plus bas.
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Merci, monsieur le président.
J'ai suivi les discussions avec grand intérêt, et j'ai beaucoup apprécié les interventions de tous nos témoins.
Monsieur Breton, j'ai eu la chance de conduire un véhicule hybride. J'ai fait un essai à Inuvik, une petite ville située assez loin au nord, dans la partie nord des Territoires du Nord-Ouest en fait. Il faisait 32 degrés au-dessous de zéro quand j'ai eu le véhicule. Le soir, quand je l'ai garé devant l'hôtel, le mercure était descendu à 37 sous zéro. Le lendemain matin, le véhicule était dans le même état que quand je l'ai garé. Il a démarré sans problème. C'était un camion d'une demi-tonne, en tout point semblable à un autre véhicule, sauf qu'il était hybride. Son roulement était plus doux et il réagissait mieux. J'ai beaucoup aimé mon expérience. Je vis dans le Nord, où la plupart des entrepreneurs, qu'ils soient dans l'industrie minière ou dans l'industrie pétrolière et gazière, utilisent les gros camions d'une tonne ou d'une demi-tonne. Ils les démarrent en octobre et les laissent tourner jusqu'en mars. Ils ne les arrêtent jamais. La plupart ont un moteur diesel.
Beaucoup de gens aimeraient que les véhicules tournent moins longtemps au ralenti, et les gouvernements aussi. Le prix des batteries est très élevé. Elles durent plus longtemps, au moins huit ans. Leur prix représente jusqu'à 25 % de celui du véhicule. Je sais qu'il existe toutes sortes de modèles de batterie sur le marché et que ce nombre ne cesse d'augmenter. Nous avons probablement plus de scientifiques spécialisés dans les batteries que jamais dans notre histoire.
À votre connaissance, est-ce que nous verrons bientôt apparaître une batterie au graphène ou une batterie mécanique?
Pensez-vous que nous pouvons espérer que quelque chose de ce genre sera bientôt offert pour les véhicules électriques?
Permettez-moi d'abord de vous parler d'un trajet que j'ai fait à 25 degrés sous zéro entre Saguenay et Berthierville, où je vis. Nous n'avons eu aucun problème. Par grand froid, il est beaucoup plus facile de démarrer un véhicule électrique qu'un véhicule à essence. Nous avons dû mettre les câbles à quelques véhicules à essence lors de nos essais hivernaux. Je sais tout à fait de quoi vous parlez.
Pour répondre à votre question, je sais que General Motors, Tesla et d'autres constructeurs travaillent sur des batteries de troisième génération dont la densité d'énergie sera de 50 % supérieure et qui offriront donc une plus grande autonomie. Elles coûteront 50 à 60 % moins cher d'ici 2024 ou 2025. C'est très proche. D'ici 2026-2027, des batteries à semi-conducteurs arriveront sur le marché. Ces batteries de prochaine génération offriront une autonomie encore plus grande, qui pourrait aller de 800 à 1 000 kilomètres avec une recharge de 15 minutes. Les avancées sont très rapides. Au Canada, des gens comme Jeff Dahn, qui enseigne à l'Université Dalhousie et qui collabore avec Tesla, Karim Zaghib, qui travaille à l'Institut de recherche d'Hydro-Québec, et bien d'autres contribuent à faire progresser la technologie des batteries à vitesse grand V, de même que leur fabrication.
Je crois que les camionnettes seront beaucoup plus abordables que ce qu'on imagine si on tient compte du coût total de propriété. Elles seront mises en marché en 2021-2022. C'est demain. Je sais que beaucoup de travailleurs de la construction ont hâte de passer à l'électricité parce qu'ils savent à quel point les camionnettes coûtent cher en essence.
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Merci, monsieur le président, et de nouveau merci à nos témoins de s'être déplacés.
Ma question est plutôt d'ordre philosophique, et je la pose autant à M. Adams qu'à M. Breton. La réponse n'a pas besoin d'être longue.
Si on pense à tout ce qui entre dans la fabrication d'un véhicule électrique, que ce soit le lithium, le cobalt, le nickel, le cuivre, et j'en passe, tous ces minéraux sont dits précieux. Nous avons la capacité d'exploiter ces ressources tout en respectant l'environnement, mais nous continuons d'importer ces produits.
Pour notre propre capacité de défense et notre sécurité nationale, n'avons-nous pas ici une possibilité d'encourager d'autres industries? Ne serait-ce pas un moyen de protéger notre sécurité nationale?
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Non, mais aucun constructeur ne va répondre à la demande dans les trois mois suivants.
Tout cela va se faire de façon graduelle. Chaque semaine, de plus en plus de bornes sont installées partout en Amérique du Nord. L'infrastructure est extrêmement importante; vous avez totalement raison.
Les gens ont tendance à penser que le problème est lié à l'infrastructure sur les autoroutes. En fait, le problème survient davantage dans les centres-villes. Bien des gens peuvent brancher leur voiture électrique à la maison. C'est là où plus de 80 % des recharges se font. Par contre, pour ceux qui habitent dans une tour à condos et qui ne peuvent se brancher, cela nécessitera des bornes de recharge sur rue de niveau 2 et des bornes rapides. Le gouvernement du Canada et les gouvernements des provinces devront se pencher là-dessus.
D'ailleurs, il y a quelques jours à peine, une annonce a été faite à Edmonton pour stimuler justement l'installation de bornes de recharges dans cette ville.
Vous avez raison de dire que les infrastructures doivent suivre. À Ressources naturelles Canada, un programme a justement été créé relativement à l'installation de bornes de recharge. Au fur et à mesure que tout cela va se déployer de façon exponentielle — on le voit déjà —, il en faudra de plus en plus. L'exemple de la Colombie-Britannique est probant. L'Ontario et le Manitoba devront suivre le mouvement.
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Merci, monsieur le président.
Je me sens obligée de faire une mise au point au sujet de ce que nous avons entendu aujourd'hui, au cas où certaines personnes auraient mal compris. La demande et l'accès posent problème parce que les véhicules électriques sont expédiés là où des incitatifs ou des règlements sont en vigueur. Donc, qui dit incitatifs ou règlements dit demande et, au bout du compte, ce sont les consommateurs et l'environnement qui y gagnent. N'est-ce pas ce qu'on appelle un but louable? Nous avons entendu des témoignages selon lesquels l'absence d'incitatifs a fait chuter la demande en Ontario. Là où il existe des incitatifs, il existe une demande. Je tenais à faire cette mise au point.
J'adresse ma question à M. Pocard. Je suis désolée que vous n'ayez pas eu le temps de poursuivre, mais j'avais bel et bien une question pour vous. Je ne connais pas autant votre industrie que vous, alors je vous prie de me pardonner.
Vous avez évoqué la nécessité de soutenir la recherche et le développement, ce qui est toujours une bonne idée. Les Canadiens semblent souvent à l'avant-garde en matière de recherche et de développement, mais nous semblons avoir moins d'allant quand vient le temps de commercialiser les produits. Quels investissements le gouvernement canadien devrait-il faire pour favoriser la commercialisation et faire en sorte qu'au bout du compte, l'argent investi profite aux consommateurs canadiens? Je vous pose cette question parce que nous avons beaucoup parlé de cette industrie et des pays qui construisent des véhicules qu'ils vendent ensuite moins cher chez eux.
Si nous investissons de l'argent, quelles mesures devrions-nous prendre pour commercialiser les produits ici et faire en sorte que nos investissements profitent aux Canadiens? Hormis les bénéfices environnementaux, bien entendu, quels objectifs de commercialisation et économiques devons-nous nous fixer pour que le Canadien moyen en tire le maximum de profit?