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Merci beaucoup, monsieur le président. J'essaierai de garder ma déclaration concise.
Je suis heureux d'être ici aujourd'hui pour vous présenter le Budget principal des dépenses et le Budget supplémentaire des dépenses (B) de 2020-2021 pour le portefeuille de la Sécurité publique. Heureusement, pour m'aider à expliquer ces chiffres en plus de détails et pour répondre à vos questions, j'ai le plaisir d'être accompagné par Rob Stewart, sous-ministre de la Sécurité publique; Michelle Tessier, sous-directrice au Service canadien du renseignement de sécurité; John Ossowski, président de l'Agence des services frontaliers du Canada; Alain Tousignant, sous-commissaire principal du Service correctionnel du Canada; Brenda Lucki, commissaire de la Gendarmerie royale du Canada; et Jennifer Oades, présidente de la Commission des libérations conditionnelles du Canada.
Monsieur le président, avant d'en venir aux budgets des dépenses, je voudrais prendre un moment pour souligner le travail acharné, le professionnalisme et le dévouement des employés des neuf organisations de mon portefeuille. Leurs efforts collectifs, monsieur le président, aident à protéger nos frontières, nos collectivités, nos établissements correctionnels et notre sécurité nationale. Cette année, dans le contexte de la pandémie sans précédent de COVID-19, ils ont continué de servir les Canadiens, et j'estime qu'ils font un travail exemplaire pour nous protéger.
Les budgets des dépenses dont vous êtes saisis aujourd'hui tiennent compte de l'ampleur incroyable de ce travail. Dans le temps qui m'est imparti aujourd'hui, j'espère vous donner un aperçu général de ces budgets des dépenses et mettre en évidence certains des postes les plus importants pour les organisations de mon portefeuille.
Je commencerai par le Budget principal des dépenses de 2020-2021. Comme les membres le remarqueront, le portefeuille de la Sécurité publique dans son ensemble demande un total de 9,7 milliards de dollars pour cet exercice. En général, le financement du portefeuille est demeuré stable au cours des dernières années. En moyenne, il a augmenté de 2,6 % par année par rapport aux autorisations de financement disponibles de 2014-2015 à 2019-2020. Les augmentations des dépenses qui sont prévues pour le portefeuille pendant l'exercice devraient aussi concorder avec celles des années précédentes.
Je vais fournir les détails par organisation, monsieur le président.
Sécurité publique Canada demande un total de 725 millions de dollars dans le Budget principal des dépenses. Vous remarquerez qu'il y a une augmentation de fonds pour protéger les gens de la violence inutile et poursuivre nos efforts en vue de tenir les criminels responsables. Cela comprend 25 millions de dollars supplémentaires pour prendre des mesures contre la violence liée aux armes à feu et aux gangs; plus de 10 millions de dollars pour la lutte contre la traite de personnes et pour protéger les enfants de l'exploitation sexuelle en ligne; et fournir un soutien financier supplémentaire pour la Stratégie nationale de cybersécurité. De plus, nous nous efforçons de fournir un soutien financier supplémentaire pour le Programme des services de police des Premières Nations ainsi que des projets d'infrastructure dans des communautés autochtones.
Je vais maintenant passer au Budget principal des dépenses de cette année pour d'autres organisations faisant partie du portefeuille de la Sécurité publique.
L'Agence des services frontaliers du Canada, ou ASFC, demande un total d'un peu plus de 2,2 milliards de dollars en 2020-2021 — une augmentation nette de 80 millions de dollars, ou 3,8 %, par rapport à l'année précédente. Le poste le plus important qui influe sur ce changement dans les niveaux de financement de l'ASFC est un montant supplémentaire de 75 millions de dollars pour la mise en œuvre et le maintien du projet de l'Agence en matière de gestion des cotisations et des recettes. Une fois entièrement mis en œuvre, ce projet modernisera et rationalisera le processus d'importation des marchandises commerciales. L'objectif est de réduire le fardeau administratif des importateurs et des autres partenaires commerciaux et d'accroître l'efficacité de l'ASFC et les recettes du gouvernement du Canada.
Le Budget principal des dépenses de l'ASFC pour 2020-2021 comprend également une augmentation de 17,3 millions de dollars pour améliorer la réponse opérationnelle à la lutte contre la violence liée aux armes à feu et aux gangs. Également, vous vous rappellerez que nous avons respecté notre engagement à améliorer la sécurité aérienne et avons offert réparation à ceux qui ont été faussement signalés comme étant sur la liste d'interdiction de vol en lançant le Numéro canadien de voyages. Le Budget principal des dépenses comprend 12,3 millions de dollars pour mettre en œuvre des modifications à la Loi sur la sûreté des déplacements et introduire le cadre pour le Programme de protection des passagers.
Passons maintenant à la Gendarmerie royale du Canada, ou GRC, qui demande un montant total de 3,5 milliards de dollars dans le Budget principal des dépenses pour 2020-2021. En matière d'augmentation, des fonds supplémentaires sont liés aux services de police contractuels; un appui pour le renouvellement de l'infrastructure du système de radiocommunication de la GRC en Ontario, au Québec et dans la région de la capitale nationale; et plus de 20 millions de dollars de financement pour renforcer l'application de la loi fédérale sur la cybercriminalité.
Pour ce qui est du Service correctionnel du Canada, l'organisation demande un total de 2,6 milliards de dollars dans son Budget principal des dépenses pour 2020-2021. Le plus important investissement est une somme additionnelle de 49,7 millions de dollars pour appuyer la transformation du système correctionnel fédéral après l'adoption du projet de loi .
Comme les membres le savent, nous avons éliminé l'isolement préventif. Le nouveau système, appelé unités d'intervention structurée, est conçu pour offrir aux détenus l'occasion de passer plus de temps à l'extérieur de leur cellule et d'avoir plus de contacts humains significatifs. Il prévoit aussi des interventions et des programmes ciblés. De plus, les détenus ont droit à une visite de soins de santé quotidienne par un professionnel de la santé autorisé et à des évaluations complètes de la santé mentale. Comme on nous l'a signalé récemment, il y a encore beaucoup de travail à faire, quoique l'on constate des progrès. Nous continuerons de collaborer avec divers groupes afin d'assurer une surveillance et des rapports adéquats ainsi que pour mesurer les progrès accomplis dans l'atteinte de ces objectifs importants.
Sur cette note, monsieur le président, je vais maintenant passer au Budget supplémentaire des dépenses du portefeuille, qui totalise jusqu'à présent 525,3 millions de dollars pour l'exercice. Cela représente un faible pourcentage, seulement 5,4 %, du financement de base de 9,7 milliards de dollars demandé dans le Budget principal des dépenses.
À l'échelle du portefeuille, le total des autorisations demandées dans le Budget supplémentaire des dépenses (B) en particulier entraînerait une augmentation nette de 203,2 millions de dollars. Ce montant représente une augmentation de 1,9 % par rapport au total des autorisations fournies à ce jour, pour un total de 10,7 milliards de dollars.
Si vous me le permettez, je vais mettre en évidence quelques postes clés de ce budget des dépenses pour l'ensemble du portefeuille.
Plus particulièrement, le Service correctionnel du Canada, ou SCC, demande 143,3 millions de dollars en financement supplémentaire pour le « Soutien au Service correctionnel du Canada ». Le Budget supplémentaire des dépenses comprend également un transfert de 58,8 millions de dollars de Sécurité publique Canada à la GRC pour les services de police communautaire des Premières Nations. Ce transfert couvre les coûts des services de police fournis par la GRC en vertu d'ententes tripartites conclues par Sécurité publique Canada, les provinces et territoires et les Premières Nations.
La GRC demande également une somme de 14,5 millions de dollars dans ce budget des dépenses pour mettre en œuvre et maintenir la Solution nationale en matière de cybercriminalité. Cela permettrait au Groupe national de coordination contre la cybercriminalité d'assumer les fonctions de gestion de l'information et technologie de l'information ou GI-TI dont il a besoin pour recevoir, stocker, analyser et partager des données sur la cybercriminalité, et établir un site Web de rapports publics.
L'ASFC demande un montant supplémentaire de 6 millions de dollars pour des mesures visant à améliorer l'intégrité des frontières et du système d'asile du Canada, et demande aussi des fonds pour s'attaquer aux consultants frauduleux. Plus précisément, le financement appuierait les changements apportés au système de TI pour s'assurer que les systèmes de gestion des cas de l'ASFC tiennent compte des changements récents apportés aux lois canadiennes sur l'immigration.
Enfin, monsieur le président, je tiens à souligner que vos documents décrivent également le Budget principal des dépenses et le Budget supplémentaire des dépenses (B) de 2020-2021 du SCRS, de la Commission des libérations conditionnelles du Canada, du Bureau de l'enquêteur correctionnel, du Comité externe d'examen de la GRC et de la Commission civile d'examen et de traitement des plaintes de la GRC. Des fonds supplémentaires pour la Commission des libérations conditionnelles du Canada, en particulier, aideraient à régler la capacité de travail des personnes touchées par les décisions concernant la libération conditionnelle de sorte à bien protéger nos collectivités.
Cette année a été difficile pour tous les Canadiens. Quel que soit le domaine dans lequel ils travaillent, nos employés ont relevé le défi et ont travaillé dur pour nous garder en sécurité et en santé.
C'est avec plaisir, monsieur le président, que mes collaborateurs et moi répondrons maintenant aux questions que pourrait avoir le Comité.
Merci, monsieur.
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Merci beaucoup. C'est une question très importante, j'en conviens.
Les inondations et les efforts de rétablissement qui s'ensuivent ont eu de graves répercussions sur les Canadiens d'un bout à l'autre du pays, notamment, comme nous le savons tous les deux, dans la province du Québec. C'est pourquoi le m'a chargé, dans le cadre de mon portefeuille, de prendre des mesures pour créer une approche plus résiliente et plus durable à l'égard des inondations au Canada. Un élément très important et essentiel de cette approche concerne la création d'un groupe de travail interdisciplinaire sur les assurances contre les inondations et la réinstallation, comme nous l'avons annoncé au début de la semaine dernière.
Ce groupe de travail aura pour mandat d'examiner les moyens de protéger les propriétaires qui sont fortement exposés au risque d'inondation et qui ne disposent pas d'une assurance adéquate, en plus d'étudier la viabilité des programmes nationaux d'assurance-inondations à faible coût. Le groupe de travail est composé de représentants du gouvernement fédéral, des provinces et des territoires, ainsi que des Premières Nations. Nous nous sommes également adressés au secteur privé; par exemple, le secteur des assurances est représenté dans le cadre de cette discussion.
Nous mettrons en commun les renseignements et nous travaillerons en étroite collaboration pour mobiliser les différents ministères, y compris les Premières Nations hors réserve, afin d'assurer une intervention plus efficace. J'ai également travaillé avec la ministre de l'Infrastructure pour accorder du financement aux diverses administrations dans le cadre d'initiatives d'atténuation et de prévention des inondations. Il s'agit donc d'une approche très complète.
Monsieur Iacono, nous estimons que la contribution de ce groupe de travail, qui vise à renforcer la résilience et la protection des victimes d'inondations et à mettre en place un régime national d'assurance, sera essentielle pour nous aider à intervenir plus efficacement.
Je n'ai pas le temps d'en parler en détail, mais comme vous le savez, le gouvernement fournit également des fonds dans le cadre du programme des accords d'aide financière en cas de catastrophe, par l'entremise des provinces, pour contribuer aux interventions de secours en cas d'inondation. Selon nous, un dollar investi dans la prévention est beaucoup plus efficace qu'un dollar investi simplement dans la reconstruction. Nous serons toujours là pour les victimes d'inondations, mais nous faisons un travail très important pour atténuer ces problèmes avant qu'ils ne se produisent.
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Merci beaucoup. C'est une question très importante.
Il y a près de 14 000 personnes qui purgent des peines dans nos établissements correctionnels, et nous avons le devoir de les protéger en cette période où nos établissements sont aux prises avec des difficultés sans précédent à cause de la COVID.
Lors de la première vague, le Service correctionnel du Canada a fait un travail remarquable, en collaboration avec l'Agence de la santé publique du Canada, ainsi que les autorités sanitaires provinciales et régionales, pour assurer la sécurité de leurs établissements.
Lorsque des infections acquises dans la collectivité ont été introduites dans un établissement donné, je crois que des efforts tout à fait extraordinaires ont été déployés. Ainsi, les mesures de santé et de sécurité, ainsi que les mesures de prévention des infections ont fait l'objet de vérifications. On a également distribué de l'équipement de protection individuelle aux détenus et au personnel des établissements correctionnels. Bref, plusieurs mesures très efficaces ont été prises. Par conséquent, après la première vague, les établissements ont su bien maîtriser cette pandémie.
Nous avons été très chanceux pendant un certain nombre de mois, mais malheureusement, devant la récente poussée au sein de la collectivité, nous commençons à observer la même tendance. Dans votre circonscription en particulier, à l'Établissement Drummond, il y a maintenant 18 détenus infectés, ainsi qu'un certain nombre d'agents correctionnels infectés, qui vivent bien sûr dans la collectivité. Nous surveillons également de très près le Centre fédéral de formation, que vous connaissez bien.
En date d'aujourd'hui, parmi la population carcérale des services correctionnels fédéraux dans tout le pays, 95 détenus sont infectés par la COVID. Ils reçoivent un traitement au sein des établissements, et nous prenons des mesures concrètes à cet égard.
Si nous avions plus de temps, je pourrais inviter la sous-directrice du Service correctionnel du Canada à nous parler de certaines des mesures qui ont été prises. Je pense que le modèle mis en place par le Service correctionnel du Canada serait utile pour tous les gouvernements provinciaux et les autres administrations, car cela montre comment des mesures de sécurité efficaces peuvent être mises en œuvre pour assurer la sécurité des détenus.
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Merci beaucoup, monsieur Simard, de poser cette question très importante et très pertinente parce que, comme vous l'avez expliqué, au printemps dernier, lorsque la COVID a commencé à se répandre en Amérique du Nord, un certain nombre de Canadiens, en particulier des Canadiens du Québec, étaient en vacances aux États-Unis et ailleurs dans le monde pendant la semaine de relâche du printemps. Ils avaient, en vertu de la Constitution, un droit de retour. Nous laisserons toujours les Canadiens rentrer au pays. Malheureusement, cela a créé une vulnérabilité.
En ce qui concerne la situation actuelle, tout d'abord, Affaires mondiales Canada conseille vivement à tous les Canadiens de ne pas sortir du pays, de rester au Canada, mais bien sûr, nous n'avons pas le pouvoir d'empêcher les gens de faire le choix d'aller dans d'autres pays. Les règles dont vous parlez ne sont pas réellement celles du Canada, mais celles des États-Unis. Nos voisins du Sud ont fermé réciproquement leur frontière terrestre avec nous en mars dernier, à la suite de discussions et d'arrangements que nous avons pris pour limiter les déplacements non essentiels, mais ils n'ont pas mis en place des restrictions semblables aux nôtres pour empêcher les gens de prendre l'avion vers leur pays.
Au Canada, les règles sont assez strictes, car elles limitent les déplacements non essentiels tant par voie terrestre que par voie aérienne. Aux États-Unis, les Américains ont autorisé les gens à continuer de prendre l'avion pour entrer dans leur pays. Par conséquent, certains Canadiens décident de se rendre aux États-Unis par avion afin de passer leurs vacances ou l'hiver en Floride, en Arizona ou ailleurs. Ils n'enfreignent aucune de nos lois, mais permettez-moi de vous assurer qu'à leur retour au Canada — puisque la Constitution leur garantit le droit de rentrer au Canada —, ils seront mis en quarantaine selon les règles qui seront alors en vigueur. Pour l'instant, il s'agit d'une quarantaine de 14 jours. Ils seront donc tenus de se mettre en quarantaine à leur retour.
L'ASFC doit autoriser les Canadiens à rentrer au Canada, mais ils seront soumis aux règles de l'Agence de la santé publique du Canada en vertu de la Loi sur la mise en quarantaine et ils devront se soumettre à des mesures de quarantaine. Nous continuerons de décourager ces déplacements, car, soyons honnêtes, tout Canadien qui se rend dans un autre pays... Je recommande fortement aux gens de ne pas sortir du pays, mais s'ils choisissent de le faire, ils doivent s'assurer de disposer d'un bon régime d'assurance-maladie et d'avoir accès à des soins de santé adéquats.
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Merci, monsieur le président.
Je vous souhaite la bienvenue, , à notre comité pour l'étude du Budget principal des dépenses.
Comme vous le savez, notre comité entreprend une étude sur le racisme systématique dans les services de police au Canada, et nous avons reçu beaucoup de témoignages.
Je voudrais attirer votre attention sur le rapport publié la semaine dernière, sous la plume du juge à la retraite de la Cour suprême, M. Bastarache, et intitulé Rêves brisés, vies brisées. Il s'agit d'un compte rendu tout à fait consternant de ce que le juge Bastarache a appelé une « culture toxique » au sein de la GRC, qui encourage, ou à tout le moins tolère, les attitudes misogynes, homophobes et racistes. Le juge Bastarache est allé jusqu'à dire qu'il ne croyait pas que le changement de culture pouvait venir de l'intérieur de la GRC. En fait, il a affirmé que « le véritable changement ne peut s'imposer [...] que si une pression extérieure indépendante est exercée ».
Il a également déclaré que « [...] la résolution des problèmes de la GRC et la lutte contre la culture négative qui y est enracinée nécessiteront un effort immense et exigeront la bonne volonté de ses dirigeants et de ses membres. La plupart de ces personnes sont attachées au statu quo et ne voudront probablement pas apporter les changements nécessaires pour éradiquer cette culture toxique. »
Je dirais que c'est là tout un réquisitoire, monsieur le ministre. Ce que j'aimerais savoir, c'est si vous vous êtes résolu à éradiquer cette culture dite toxique. Êtes-vous prêt à exercer la pression extérieure nécessaire, selon le juge Bastarache, pour que cela se concrétise?
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Je vous remercie, monsieur le président.
Merci, monsieur le ministre, et merci à tous nos témoins d’être là.
Monsieur le ministre, la semaine dernière, la police régionale de Peel a joint ses forces à celles des services de toute la région du Grand Toronto pour mener à bien une rafle dans le cadre d’une enquête de 14 mois appelée Project Siphon, qui a abouti à de nombreuses arrestations et à de nombreuses saisies d’armes à feu, de drogues et de biens. Je crois que plus de 1 800 accusations ont été portées et que 88 personnes ont été arrêtées. Je pense que beaucoup de ces arrestations étaient liées au crime organisé, à des infractions impliquant des armes à feu, à des fusillades, au trafic de drogue et à la traite de personnes. Je félicite la police régionale de Peel pour son travail remarquable.
Monsieur le ministre, vous savez que dans la région du Grand Toronto et à Brampton, les effets tragiques de la violence armée occupent malheureusement trop souvent le devant de la scène. Nous savons qu’il n’y a pas de solution simple. Nous avons besoin d’une approche globale qui misera sur une combinaison de mesures, telles que des investissements pour notre jeunesse et nos frontières.
Aux termes des budgets principal et supplémentaire des dépenses, monsieur le ministre, vous demandez un crédit de 85 millions de dollars. Avez-vous des informations à jour à nous donner sur les programmes de lutte contre la violence armée et la contrebande au Canada, et sur ce que nous faisons pour aider des municipalités comme Brampton à démanteler les gangs de rue et à assurer la sécurité de nos collectivités?
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Merci beaucoup, madame Khera. Je pense que cette question de la violence armée à Brampton et dans la ville de Toronto est la question de notre époque.
Je profite d’abord de l’occasion pour rappeler au Comité que le gouvernement actuel a en fait versé 327 millions de dollars sur cinq ans aux provinces et aux territoires pour financer les services de police municipaux dans tout le Canada. La province de l'Ontario a reçu 65 millions de dollars pour l'aider à financer ses services de police, dont la police régionale de Peel et les enquêtes de cette dernière sur les armes à feu et les gangs. Manifestement, ces fonds sont bien dépensés et bien investis par la police régionale de Peel, et je me joins à vous pour la féliciter de son dévouement, de son travail acharné et du succès de son enquête.
Toutefois, nous savons aussi qu’il ne suffit pas d’investir dans l’application de la loi. Nous avons travaillé avec les services de police, et nous misons sur le renforcement des lois sur le contrôle des armes à feu pour créer de nouvelles infractions et de nouvelles peines qui permettront d’éliminer les moyens par lesquels les criminels se procurent des armes. Beaucoup d’entre elles sont passées en contrebande à la frontière; certaines sont volées et d’autres sont détournées à des fins criminelles. Les mesures législatives que nous allons présenter décourageront fortement toutes ces pratiques.
Plus important encore, et comme vous l’avez souligné dans la deuxième partie de votre question, nous devons investir dans les enfants et dans les collectivités pour changer les conditions sociales qui sont à l’origine d'une bonne partie de ces crimes violents et de la demande en armes à feu. Je pense que la police fait un travail extraordinaire, tout comme l’Agence des services frontaliers du Canada, pour réduire l’offre au chapitre des armes à feu, et nous allons les aider à faire encore mieux.
Nous savons également que nous devons réduire la demande en armes à feu dans ces collectivités. Nous avons par conséquent promis de mettre en place dans un avenir très rapproché des initiatives visant à fournir directement aux collectivités — mais par le truchement des municipalités — des fonds supplémentaires pour les organismes communautaires qui travaillent avec les enfants. Notre objectif est de modifier les conditions sociales qui sont à l’origine de cette violence en permettant à ces jeunes de participer à des programmes parascolaires et à des programmes de formation professionnelle. Nous pensons qu’il est important d’investir dans le maintien de l’ordre, certes, mais aussi dans les collectivités. Je crois qu’à long terme, ce sont ces investissements destinés à nos enfants et à nos collectivités qui auront le plus d'impact sur la sécurité publique. Ce sont des investissements qui en valent la peine et que nous sommes prêts à faire.
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Merci beaucoup, madame Damoff.
Tout d'abord, si vous me le permettez, je voudrais préciser que je pense que certains des commentaires formulés par les personnes qui travaillent pour l'industrie et le lobby des armes à feu sont répréhensibles, misogynes et, à mon avis, profondément offensants pour la grande majorité des Canadiens. J'aimerais que certains des dirigeants de nos autres partis politiques trouvent le courage de dénoncer ces activités, mais permettez-moi de le faire.
Oui, madame Damoff, nous travaillons très fort pour instaurer le plus rapidement possible une mesure législative qui permettra aux forces de l'ordre de confisquer des armes à feu. Ce type de loi peut avoir une incidence très importante dans trois domaines essentiels. Le premier concerne la violence familiale et la violence entre partenaires intimes. Comme vous l'avez dit, l'écrasante majorité des victimes de violence familiale et de violence entre partenaires intimes sont des femmes — huit sur dix —, et lorsqu'une arme à feu est présente, cette situation dangereuse peut devenir mortelle. Nous voulons donner aux femmes et à ceux qui les soutiennent dans ces circonstances dangereuses les moyens d'éliminer le danger que représente la présence d'une arme à feu dans ces foyers.
Nous reconnaissons également que 75 % de tous les décès par homicide dans ce pays sont, en fait, auto-infligés, et nous sommes fortement influencés et conseillés par le Dr Drummond et la communauté médicale. Le lobby des armes à feu ne veut jamais en parler, mais c'est une réalité au Canada aujourd'hui. Nous allons donc donner aux médecins, aux familles et aux citoyens préoccupés les moyens de prendre des mesures pour retirer les armes à feu de ces situations dangereuses.
Enfin, lorsque des personnes en ligne expriment leur haine et prônent la violence envers les femmes, les minorités religieuses, les minorités ethniques ou toute autre population vulnérable dans ce pays, nous disposons de lois contre les crimes haineux. Si j'en juge par mon expérience, elles peuvent être très difficiles à appliquer, mais nous devons disposer des outils nécessaires pour désarmer ces personnes avant qu'elles ne puissent commettre des violences de masse comme celles qui ont causé tant de tragédies dans ce pays.
Oui, c'est une priorité pour notre gouvernement. Nous présenterons une mesure législative efficace pour faire en sorte que les Canadiens disposent des outils dont ils ont besoin pour assurer leur sécurité.
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Merci beaucoup, monsieur Harris. Ce sont des questions importantes.
Je travaille de près avec M. Zinger et j'estime ses observations et ses conseils en la matière. J'ai également pu travailler dans une autre capacité avec son prédécesseur, M. Sapers, et j'appuie fortement le précieux travail de ces deux hommes.
Il est essentiel que le SCC réagisse de façon appropriée aux recommandations, et je dois, en ma qualité de ministre, m'assurer que le Service correctionnel du Canada en tient compte et réagit de façon indiquée aux recommandations et aux observations de M. Zinger. Depuis le peu de temps que je suis en poste, les rapports entre l'enquêteur correctionnel, le Service correctionnel du Canada et le ministère de la Sécurité publique ont été très cordiaux et productifs. Je crois que nous continuerons à bien collaborer.
Si vous me permettez de répondre à votre question précédente sur le nombre d'employés, les crédits supplémentaires demandés à ce poste serviront à la mise en oeuvre du projet de loi , plus précisément à la mise sur pied des unités d'intervention structurées au pays. Cela exigera beaucoup de ressources afin que les détenus reçoivent les soutiens et les services et puissent avoir suffisamment de temps, et il faudra s'assurer que les postes sont dotés afin que cela se réalise. Nous investissons des sommes supplémentaires, car nous sommes tenus par la loi de veiller au bon fonctionnement de ces unités d'intervention.
Si vous me permettez une petite référence au travail de M. Doob, il a bien indiqué que nous avons encore du pain sur la planche.
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Merci, monsieur le président.
Madame la commissaire, lors de votre dernière comparution, je vous ai posé une question sur le rapport sur Colten Boushie. Sachez que ce week-end, je vais interviewer sa famille à titre de membre d'un groupe d'experts.
La dernière fois que je vous ai demandé des renseignements sur le rapport, j'ignorais, avant d'avoir lu un article paru le 10 novembre 2020, qu'en fait, 149 rapports intérimaires attendent toujours une réponse. Un rapport se fait attendre depuis plus de quatre ans, 14 rapports depuis trois ou quatre ans, 44 rapports depuis deux ou trois ans, 49 rapports depuis un ou deux ans et 41 rapports depuis moins d’un an.
Lorsque nous examinons le racisme systématique dans les activités policières, je crois que l'une des choses les plus importantes dont on a parlé, c'est la responsabilité et les conséquences dans les cas où des erreurs sont commises. Sachez, madame la commissaire, que ces chiffres sont tout simplement inacceptables.
Primo, il reste trois semaines et demie avant la fin de l'automne. La famille Boushie verra-t-elle la publication du rapport d'ici là? Secundo, quand allez-vous traiter ces rapports en souffrance?
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Merci beaucoup, monsieur le président.
J'ai encore une question pour M. Blair. Soyez sans crainte, je vous ménagerai cette fois-ci.
Votre portefeuille, qui réunit à la fois les postes législatifs et les crédits votés, représentera de 10 à 10,7 milliards de dollars, soit une hausse de 2,2 milliards de dollars depuis 2015. Or, comme vous le savez, depuis 2015, on assiste au Canada à une crise grandissante des opioïdes, plus de fusillades, un taux de criminalité urbaine et rurale plus élevé, un taux de criminalité violente en hausse, un arriéré grandissant aux tribunaux, moins de droits pour les victimes, et des interrogations sur le fonctionnement du système correctionnel, le système de mise en liberté conditionnelle, la surveillance de la police et l'ingérence et l'influence étrangères. De grandes préoccupations ont été soulevées au sein de presque chaque ministère dont vous avez la gouverne, et avec plus d'argent, vous obtenez de pires résultats. Il est clair que votre plan fait défaut.
Monsieur Blair, je dois vous dire que personnellement, je vous crois capable de beaucoup plus. Avez-vous l'intention de présenter un nouveau plan crédible pour la sécurité publique, ou entendez-vous continuer sur la voie actuelle qui mène vers ces ratés?
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Je vous remercie, monsieur le président.
Commissaire Lucki, j'aimerais vous poser ma prochaine question. C'est la même que je vous ai posée lors de votre dernière comparution, mais nous n'avons pas eu le temps d'entendre votre réponse, et je retente donc ma chance aujourd'hui.
Dans le cadre du remaniement de la GRC, on a entendu de nombreuses demandes visant à éliminer les services de police contractuels. De nombreux témoins ont formulé cette demande et ont affirmé que la GRC est trop vaste et qu'elle assume un nombre trop élevé de rôles, ce qui rend la gestion de l'organisme difficile, sinon impossible. Ces gens demandent donc l'élimination des services de police contractuels au sein de la GRC.
Nous avons certainement pu observer récemment les lacunes présentes dans les services de police contractuels lorsque l'approche utilisée par la GRC pour favoriser la réconciliation avec les Autochtones a échoué. En fait, cette approche a produit le résultat contraire à celui recherché.
Pouvez-vous nous dire si, selon vous, le modèle contractuel actuellement utilisé par la GRC est approprié, puisque votre mandat consiste à faire progresser le processus de réconciliation avec les Autochtones, ou si ce modèle devrait être éliminé?
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Sommes-nous d'accord pour faire cela?
Est-ce suffisant pour les exigences du rapport, monsieur le greffier? Oui, c'est suffisant.
AGENCE DES SERVICES FRONTALIERS DU CANADA
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Crédit 1— Dépenses de fonctionnement..........1 822 908 053 $
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Crédit 5—Dépenses en capital..........177 772 983 $
Les crédits 1 et 5 sont adoptés avec dissidence.)
SERVICE CANADIEN DU RENSEIGNEMENT DE SÉCURITÉ
ç
Crédit 1—Dépenses du programme..........598 034 351 $
(Le crédit 1 est adopté avec dissidence.)
COMMISSION CIVILE D'EXAMEN ET DE TRAITEMENT DES PLAINTES RELATIVES À LA GENDARMERIE ROYALE DU CANADA
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Crédit 1—Dépenses du programme..........9 284 989 $
(Le crédit 1 est adopté avec dissidence.)
SERVICE CORRECTIONNEL DU CANADA
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Crédit 1—Dépenses de fonctionnement, subventions et contributions..........2 145 688 776 $
ç
Crédit 5—Dépenses en capital..........187 796 912 $
(Les crédits 1 et 5 sont adoptés avec dissidence.)
MINISTÈRE DE LA SÉCURITÉ PUBLIQUE ET DE LA PROTECTION CIVILE
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Crédit 1—Dépenses de fonctionnement..........143 921 366 $
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Crédit 5—Subventions et contributions..........565 749 061 $
(Les crédits 1 et 5 sont adoptés avec dissidence.)
SECRÉTARIAT DE L'OFFICE DE SURVEILLANCE DES ACTIVITÉS EN MATIÈRE DE SÉCURITÉ NATIONALE ET DE RENSEIGNEMENT
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Crédit 1—Dépenses du programme..........22 801 056 $
(Le crédit 1 est adopté avec dissidence.)
BUREAU DE L'ENQUÊTEUR CORRECTIONNEL DU CANADA
ç
Crédit 1—Dépenses du programme..........4 735 703 $
(Le crédit 1 est adopté avec dissidence.)
COMMISSION DES LIBÉRATIONS CONDITIONNELLES DU CANADA
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Crédit 1—Dépenses du programme..........41 877 803 $
(Le crédit 1 est adopté avec dissidence.)
GENDARMERIE ROYALE DU CANADA
ç
Crédit 1—Dépenses de fonctionnement..........2 610 780 627 $
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Crédit 5—Dépenses en capital..........249 275 558 $
ç
Crédit 10—Subventions et contributions..........195 339 283 $
(Les crédits 1, 5 et 10 sont adoptés avec dissidence.)
COMITÉ EXTERNE D'EXAMEN DE LA GENDARMERIE ROYALE DU CANADA
ç
Crédit 1—Dépenses du programme..........2 894 153 $
(Le crédit 1 est adopté avec dissidence.)
SECRÉTARIAT DU COMITÉ DES PARLEMENTAIRES SUR LA SÉCURITÉ NATIONALE ET LE RENSEIGNEMENT
ç
Crédit 1—Dépenses du programme..........3 331 078 $
(Le crédit 1 est adopté avec dissidence.)
Le président: Le deuxième vote est sur le Budget supplémentaire des dépenses. Dois-je demander s'il est adopté avec dissidence?