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Merci, monsieur le président.
Bonjour à tous. C'est un plaisir d'être de nouveau devant le comité dans le cadre de votre étude des relations commerciales Canada-Amérique du Sud.
Je me suis présenté devant le comité en avril 2008 lorsque vous avez étudié les négociations sur le libre-échange entre le Canada et la Colombie. À l'époque, j'ai revu en détail la situation en matière de droits de la personne en Colombie, que nous avons décrite comme inquiétante et qui n'était rien de moins qu'une crise. Au cours des 19 mois qui ont suivi, Amnistie Internationale a continué à surveiller de près la situation des droits de la personne dans différentes régions du pays et a effectué de nombreuses visites d'information sur place.
Les renseignements que nous avons recueillis continuent de dépeindre un portrait désastreux de la situation qui n'est certainement pas conforme aux prétentions de certains, dont le gouvernement colombien, qui affirment que le pays a laissé derrière lui son lourd passé en matière de droits de la personne.
Certains indicateurs de la violence reliée aux conflits tels que les enlèvements et les prises d'otages se sont améliorés, ce qui veut probablement dire que pour certains groupes, la sécurité s'est accrue. Cependant, d'autres importants indicateurs de la violence reliée aux conflits se sont détériorés.
L'une des tendances les plus inquiétantes est l'augmentation marquée du nombre de Colombiens forcés de s'enfuir de leur domicile. Jusqu'à 380 000 personnes ont été forcées de fuir leur domicile en 2008 seulement, ce qui représente une augmentation de plus de 24 p. 100 par rapport à 2007. Ainsi, le nombre total de personnes déplacées à l'intérieur du territoire, en Colombie, atteint les trois et quatre millions de personnes, l'un des plus élevés au monde. De plus, au moins un demi-million de Colombiens ont fui vers d'autres pays. Le déplacement des personnes est devenu une crise extrême.
Beaucoup de personnes déplacées ont été délibérément ciblées par les groupes de guérilla, les milices paramilitaires ou les forces de sécurité du pays dans le cadre de stratégies visant à expulser des communautés entières des zones d'importance militaire, stratégique ou économique. La majorité des personnes touchées sont des petits fermiers, des Afro-Colombiens ou des Autochtones, dont bon nombre vivent dans les zones d'intérêt économique.
Les menaces proférées contre des Autochtones et les assassinats d'Autochtones par toutes les parties en conflit, en particulier, ont augmenté au cours des dernières années. Plus de 1 000 Autochtones ont été tués au cours des six dernières années seulement.
Comme le comité le sait peut-être, en juillet dernier, James Anaya, le rapporteur spécial de l'ONU sur la situation des droits de l'homme et des libertés fondamentales des populations autochtones a visité la Colombie. Son rapport préliminaire répète quelques-unes des conclusions publiées par son prédécesseur cinq ans plus tôt, en 2004, en particulier que « les peuples autochtones de la Colombie, en matière de droits de la personne, se retrouvent dans une situation grave, critique et profondément inquiétante » et que « cette description est toujours d'actualité » en dépit des efforts du gouvernement colombien.
Parmi les inquiétudes sur lesquelles il attire l'attention, on retrouve les infractions toujours commises par les FARC, telles que les massacres du peuple Awá, qu'Amnistie Internationale a également dénoncés en février. Il nous avise également que « l'intérêt profond des sociétés pour les ressources naturelles des territoires autochtones menace souvent les droits des peuples autochtones ».
Il souligne que le manque de considération pour un consentement préalable libre et éclairé, stipulé par les lois internationales et la Constitution de la Colombie, est un problème persistant.
Amnistie Internationale a récemment émis un avis d'action urgente concernant les menaces et les attaques contre les communautés afro-colombiennes et des peuples autochtones vulnérables, qui semblent viser le contrôle des zones ayant un potentiel économique.
Par exemple, le 9 octobre, nous avons émis un avis d'action urgente après que trois responsables indigènes de deux réserves du département de Risaralda aient reçu une lettre de menaces qui disait: « Vous avez cinq jours ouvrables pour vous retirer... sinon nous tuerons vos familles ». C'était signé: « Bloc Sud ». La menace de ce groupe paramilitaire est survenue cinq jours après la publication par le Conseil régional indigène de Risaralda d'un rapport dans lequel les communautés indigènes disaient qu'elles étaient chassées de leurs terres par des gens puissants qui cherchaient à exploiter les importantes ressources minérales de la région. Les responsables indigènes ont fui la région pour protéger la vie de leurs familles.
Puis, le 22 octobre, le groupe paramilitaire les Aigles noirs nouvelle génération a fait parvenir une télécopie au bureau de Valle del Cauca du Congrès des syndicats pour informer les membres présents dans la région qu'ils étaient désormais considérés comme des cibles militaires. En gros, les auteurs de la télécopie disaient qu'il fallait étendre le combat à ceux qui se cachent derrière les divers organismes sociaux, comme le Congrès des syndicats de Valle, les groupes de défense des droits de l'homme et les ONG. Ils accusaient notamment les syndicalistes d'entraver le développement économique et le progrès en empêchant les multinationales de s'installer au pays. Les menaces de mort visaient également d'autres cibles, y compris le groupe Proceso de Comunidades Negras, le dirigeant duquel est venu témoigner devant vous mardi dernier, si je ne m'abuse.
Ces cas, et les innombrables autres du même acabit, prouvent hors de tout doute que les groupes paramilitaires continuent de sévir dans de nombreuses régions du pays, parfois même de connivence avec les forces de sécurité et malgré les prétentions du gouvernement, qui affirme que tous les groupes paramilitaires ont déposé les armes à la suite de l'exercice de démobilisation entrepris par le gouvernement en 2003. En fait, selon ce qu'a appris Amnistie internationale, ces groupes, qui se font connaître sous une multitude de noms, semblent au contraire avoir réussi à mieux s'organiser depuis un an.
Nous avons également constaté que le nombre de menaces de mort proférées contre les groupes de défense des droits de l'homme avait augmenté et que la plupart d'entre elles était attribuables aux groupes paramilitaires.
En mars, le groupe paramilitaire le Bloc capital des Aigles noirs a fait parvenir une télécopie au bureau de la Commission des juristes de Colombie, pourtant bien respectée sur la scène internationale; les auteurs accusaient l'une des avocates, Lina Paola Malagon Diaz, d'être une « putain de guérilléra » à la solde des syndicalistes et précisaient que les paramilitaires s'étaient lancés à sa recherche, à elle et à sa famille. On l'a avertie que, si elle ne quittait pas Bogota — pour de bon — d'ici le lendemain, elle serait exécutée. Elle a fui la Colombie. Il faut savoir qu'elle avait produit un rapport sur les violations des droits de l'homme dont les syndicalistes colombiens étaient victimes — de la part de toutes les factions prenant part au conflit armé en Colombie — et que ce rapport avait été cité quelques semaines auparavant lors d'une séance du Congrès américain.
Plus d'une douzaine de défenseurs des droits de l'homme et 46 syndicalistes ont été tués pendant la seule année 2008. La portée et la gravité des attaques et des menaces contre les syndicalistes ou ceux qui osent dénoncer les violations des droits de l'homme sont on ne peut plus claires. On n'en est plus à se contenter d'une simple analyse statistique des données. Je trouve d'ailleurs qu'on s'attarde toujours beaucoup trop aux chiffres lorsqu'on parle de ces choses-là. C'est pourquoi, je vous en supplie, ne vous contentez pas de regarder seulement la quantité, mais aussi la qualité. Je vous supplie également de garder tout ceci en mémoire lorsque vous analyserez les arguments des autres témoins, ceux qui, par exemple, voudront absolument tout ramener à de simples considérations statistiques, car n'oubliez pas que la plupart d'entre eux n'auront pas nécessairement notre expertise en matière de surveillance des droits de l'homme.
Nous, Amnistie internationale, et plusieurs autres, demeurons profondément troublés par ce qu'a dit la Haute Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme dans son rapport de mars dernier. Elle se disait en effet très inquiète de ce que les déclarations publiques dans lesquels de nombreux hauts représentants du gouvernement stigmatisaient les défenseurs des droits de l'homme et les syndicalistes en les montrant sous un mauvais jour et en les associant aux guérilléros, n'avait toujours pas cessé.
La même préoccupation a été soulevée récemment après la visite de certains hauts dirigeants des Nations Unies en Colombie, dont la rapporteuse spéciale sur la situation des défenseurs des droits de l'homme, en septembre, et le rapporteur spécial sur les exécutions extrajudiciaires, en juin.
La Commission interaméricaine des droits de l'homme a également fait savoir que les commentaires de cette nature de la part de représentants du gouvernement pouvaient non seulement accroître les risques auxquels les défenseurs des droits de l'homme s'exposent, mais que les actes de violence destinés à les supprimer coûte que coûte ont l'aval des gouvernements. Comme de fait, ces déclarations publiques ont souvent été suivies de menaces de mort, d'attaques et même d'assassinats.
Comme les membres de votre comité le savent déjà, les défenseurs des droits de l'homme qui font l'objet de menaces peuvent compter depuis un certain déjà sur un programme gouvernemental complet de protection. Or, en avril dernier, une enquête des médias a permis de révéler que, depuis au moins sept ans, le service civil de renseignements, qui relève directement du président de la Colombie et à qui il incombe de fournir les gardes du corps aux défenseurs des droits de l'homme et de prendre les diverses mesures destinées à assurer leur protection, menait une vaste opération illégale d'espionnage — surveillance, écoute téléphonique, etc. — contre les défenseurs des droits de l'homme et de nombreuses autres personnalités, dont des politiciens, des juges et des journalistes, le tout dans le but d'en restreindre ou d'en neutraliser le travail. Certains membres de la communauté diplomatique, des Nations Unies et de divers organismes étrangers de défense des droits de l'homme, y compris Amnistie internationale, étaient aussi visés.
Et ce n'est pas tout. Le scandale « parapolitique » est loin d'être fini, car 80 députés, la plupart appartenant aux partis de la coalition au pouvoir, font l'objet d'enquêtes criminelles pour de supposés liens avec les groupes paramilitaires. Plusieurs des magistrats qui instruisent l'affaire ont été menacés et placés sous surveillance et ont même vu leurs communications interceptées.
En 2008, lorsqu'on a appris que les forces de sécurité avaient procédé à l'exécution extrajudiciaire de dizaines de jeunes hommes, le procureur général a décidé d'enquêter sur plus de 2 000 exécutions extrajudiciaires ayant eu lieu au cours des 20 dernières années. Malheureusement, un grand nombre d'avocats chargés de l'enquête, de témoins et de membres de la famille des victimes ont eux aussi été menacés et attaqués.
Tout ça pour vous démontrer à quel point il est difficile de s'attaquer à l'impunité des têtes dirigeantes, la justice demeurant l'exception et l'impunité, la norme. Résultat: ceux qui continuent de violer les droits de l'homme peuvent agir à leur guise.
En ce qui concerne l'accord de libre-échange, eh bien disons qu'à la lumière de tous les éléments dont je viens de vous parler — et sachez que je suis loin de vous avoir tout dit —, la principale recommandation d'Amnistie internationale est la même que depuis plusieurs années: nous croyons qu'il est absolument essentiel que les répercussions de l'accord à venir sur les droits de l'homme fassent l'objet d'une évaluation indépendante, bien évidemment avant l'adoption du projet de loi , et que tous les éléments négatifs qui pourraient en ressortir soient réglés avant que le processus législatif n'aille plus loin et que l'entente n'entre en vigueur.
Nous avons été ravis d'apprendre que votre comité, dans son rapport daté de juin 2008, avait lui aussi recommandé que les répercussions de l'accord de libre-échange sur les droits de l'homme fassent l'objet d'une évaluation indépendante. Nous avions également recommandé que rien ne soit conclu et que le projet de loi ne soit pas adopté tant que les entreprises canadiennes actives à l'étranger ne seront pas assujetties à des normes coercitives, ce qui devrait être bientôt le cas si le projet de loi devait être adopté. Je dois préciser que, de l'avis d'Amnistie internationale, les audiences que vous menez actuellement ne peuvent en aucun cas remplacer l'évaluation indépendante que nous réclamons, pas plus que la série d'audiences qui suivra la deuxième lecture du projet de loi C-23. Pour être valable, cette évaluation doit être réalisée par des experts étrangers au contexte parlementaire. Il va sans dire que, quel que soit l'organisme à qui sera confié ce processus, il devra faire rapport au Parlement de ses conclusions.
À notre avis, dans la mesure où, en Colombie, les droits de l'homme font l'objet de violations graves et systématiques et où l'on constate des abus répétés dans les domaines d'intérêts économiques, seule une évaluation indépendante des répercussions d'un éventuel accord de libre-échange sur les droits de l'homme peut assurer la diligence raisonnable du processus. Même si on n'y a pas encore recours systématiquement, cet outil suscite de plus en plus d'intérêt, et nombreux sont les exemples pratiques, les analyses, les propositions et les études universitaires dont on peut s'inspirer. Même l'Organisation mondiale du commerce s'y intéresse de plus en plus. En septembre à Genève, dans le cadre de son Forum public, une séance a justement été organisée sur le sujet; elle était animée par l'une des conseillères du bureau du directeur général de l'OMC et s'intitulait: « Les études d'impact sur les droits humains: un outil utile pour éclairer et améliorer la gouvernance commerciale? »
En 2006, la Commission nationale des droits de l'homme de Thaïlande a évalué les répercussions possibles, sur les droits de l'homme, de l'accord de libre-échange que le pays était en train de négocier avec les États-Unis. En 2007, l'Ecumenical Advocacy Alliance, en collaboration avec l'organisme Information et réseau d'action pour le droit à se nourrir, a commandé une série d'études visant à évaluer les répercussions de la libéralisation des échanges sur le droit à l'alimentation des riziculteurs du Ghana, du Honduras et d'Indonésie. Quant à l'Union européenne, elle évalue systématiquement les répercussions économiques, sociales et environnementales de tous les grands accords bilatéraux et multilatéraux qu'elle négocie. C'est ce qu'elle appelle des « évaluations d'impact sur le développement durable ». Et au cours de la dernière décennie, le Programme des Nations Unies pour l'environnement a élaboré un procédé d'évaluation des répercussions qui intègre autant les aspects environnementaux et économiques que sociaux d'un projet donné.
Je tiens enfin à souligner que les Canadiens ne sont pas indifférents à la question du respect des droits de l'homme. J'ai ici une copie d'une pétition photographique organisée par une résidente d'Edmonton membre d'Amnistie internationale. Elle a réuni les photos de centaines de Canadiens de tous les coins du pays, de tous les horizons et qui ont tous en commun de croire en la nécessité des évaluations d'impact sur les droits de l'homme. Sa pétition a déjà été envoyée au premier ministre et aux chefs des trois partis d'opposition.
Pour conclure, j'estime qu'il est de mon devoir de vous informer que la manière dont le débat entourant l'accord entre le Canada-Colombie suscite un certain malaise et certaines inquiétudes. Nous espérons certainement que les séances pendant lesquelles votre comité a examiné sommairement les relations commerciales entre le Canada et les pays d'Amérique du Sud ne l'empêcheront pas de se prêter à un examen exhaustif et rigoureux du projet de loi lorsqu'il lui sera renvoyé. Nous exhortons d'ailleurs le comité à entendre toute une panoplie de témoins représentant l'éventail complet des intérêts en jeu, dont ceux des couches les plus vulnérables de la société colombienne, car c'est sans aucun doute sur ces couches qu'une éventuelle entente aura le plus de répercussions. Chose certaine, c'est avec grand plaisir qu'Amnistie internationale accepterait de comparaître de nouveau devant vous pour vous faire part de ses recommandations sur le projet de loi C-23 lui-même.
C'était mes commentaires, monsieur le président. Je vous remercie.
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Je suppose que là où je veux en venir est que s'il n'y a pas d'emplois, pas de possibilités, si nous voulons isoler la Colombie et ne pas faire de commerce avec elle... Honnêtement, je suis troublé par l'idée que soudainement, nous entreprenons des activités commerciales... nous faisons déjà des échanges commerciaux avec la Colombie. La seule façon qu'elle pourra se sortir du marasme dans lequel elle se trouve est en offrant des emplois et des possibilités à ses citoyens. Vous ne pouvez le faire en l'isolant.
Je n'ai pas terminé. Les Colombiens ont besoin de sécurité, je suis parfaitement d'accord, mais comment la trouveront-ils, et comment les orientons-nous dans cette direction? Tout ce que nous avons vu nous a montré qu'au fil du temps, la situation en Colombie s'est améliorée. Évidemment, elle a ses hauts et ses bas, mais elle s'est améliorée. La sécurité du Colombien moyen est meilleure qu'elle était il y a 10 ans. La sécurité des syndicalistes aussi. La Colombie est une société violente, et je crois que le gouvernement lutte vaillamment pour s'en sortir et qu'il a du travail à faire. Je suis entièrement d'accord.
Je sais que nous n'avons pas beaucoup de temps, alors ma dernière question porte sur la nouvelle loi sur le renseignement et le contre-espionnage que le Congrès colombien a adoptée l'été dernier. Margaret Sekaggya, en sa qualité d'envoyée de l'ONU, s'en est réjouie. Elle a déclaré officiellement qu'elle croit que c'est une bonne chose. Vos commentaires à cet égard semblent un peu négatifs. Je veux que le compte rendu reflète que le Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme a indiqué, le 16 juin, que cette nouvelle loi, avec son accent sur la garantie des droits et l'application de strictes mesures de conformité aux contrôles politiques et juridiques, constitue un cadre juridique adéquat pour prévenir les situations semblables d'écoute téléphonique illégale auxquelles vous avez fait allusion plus tôt.
Le Haut-commissariat a également suggéré la mise en oeuvre immédiate de cette loi et d'autres changements nécessaires au sein du département administratif de la sécurité, le DAS. Il souligne également la manière diligente avec laquelle le bureau du procureur général et le bureau de l'inspecteur général mènent des enquêtes sur ces allégations. Voilà où je veux en venir: si je me fie non seulement à votre témoignage, mais également à celui d'autres personnes, il semble qu'il y avait un grave problème là-bas.
Le gouvernement a réagi à ce problème. Il a modifié la loi. Je ne dis pas qu'elle est parfaite. Et un autre organisme — pas seulement le vôtre — s'est penché sur la situation et a affirmé qu'à son avis, le gouvernement était sur la bonne voie.
Je ne pense pas que la Colombie soit parfaite, croyez-moi, mais j'estime qu'elle est sur la bonne voie.
Notez-vous au moins une amélioration graduelle au fil du temps? Je sais que la situation présente des défis, mais y a-t-il une petite amélioration, une liberté de mouvement, une liberté d'association pour les citoyens ordinaires de Colombie?