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Je vous en remercie. Je pourrai donc ralentir le tempo.
Bonjour, monsieur le président, et distingués membres de cet important comité.
La compagnie pour laquelle je travaille est honorée d'avoir été invitée à comparaître sur cet important sujet qu'est la PI au Canada, et je suis tout aussi honorée d'être ici. Je vous remercie de nous donner l'occasion de vous faire part de nos vues sur le sujet.
Je m'appelle Diane Lank, et je travaille comme avocate générale pour Desire2Learn Incorporated, une entreprise située à Kitchener-Waterloo.
Notre entreprise est une belle histoire de réussite, et ce, non seulement selon les critères de Kitchener-Waterloo, mais aussi selon tous les critères mesurables. Tout n'a pas toujours été facile toutefois. L'entreprise a été fondée par John Baker en 1999, lorsqu'il était encore étudiant en conception de systèmes à l'Université de Waterloo. Il a constitué la jeune entreprise en société l'année suivante, et John en est encore aujourd'hui le président-directeur général.
Notre entreprise se spécialise dans l'apprentissage en ligne. À l'heure actuelle, nous aidons plus de huit millions de personnes à parfaire leur formation. Nous nous sommes donnés comme objectif de lever les obstacles à l'apprentissage et de motiver les gens partout dans le monde à développer leur potentiel.
L'Université de Guelph et l'Université du Wisconsin ont été parmi nos premiers clients, et ils sont toujours du nombre aujourd'hui. Aujourd'hui, toutefois, nous débordons le cadre de l'enseignement supérieur. Nous comptons aussi parmi nos clients des écoles de la maternelle à la 12e année, des sociétés et des associations. Notre siège social se trouve toujours à Kitchener-Waterloo — en face, en fait, de nos premiers locaux —, mais nous avons aussi des succursales aux États-Unis, au Royaume-Uni, en Australie, à Singapour et, dernier venu dans la famille Desire2Learn, au Brésil.
J'ai commencé à travailler pour l'entreprise en 2005. Il y avait alors environ 50 employés. John et moi avions convenu que je travaillerais d'abord à temps partiel pour voir comment les choses iraient. Moins d'un mois plus tard, je travaillais à temps plein et j'étais débordée. C'est alors que le plaisir a commencé.
Quelques mois plus tard, nous avons appris que notre principal compétiteur, beaucoup plus gros que nous, Blackboard Inc., situé à Washington D.C., avait intenté une poursuite contre nous devant la cour de district est du Texas aux États-Unis pour contrefaçon de brevet. La nouvelle est arrivée un mercredi après-midi, et notre congrès des utilisateurs devait avoir lieu la fin de semaine suivante à Guelph. Comme notre clientèle est composée en grande partie d'établissements d'enseignement pour qui la transparence compte beaucoup, nous avons décidé sur-le-champ d'être le plus transparent possible. Nous avons annoncé la nouvelle aux employés le vendredi, et nous avons informé nos utilisateurs à l'ouverture du congrès le dimanche.
Au départ, nous avions estimé les frais judiciaires à environ 2 millions de dollars américains — et c'était bien avant la parité — pour nous défendre au cours des deux années suivantes, un montant qui s'avérera largement sous-estimé. En effet, nous n'avions pas inclus les autres frais importants liés à une poursuite aux États-Unis: les frais d'enregistrement vidéo et de transcription de dizaines de dépositions, d'interrogatoires oraux, dans le jargon canadien, qui ont donné littéralement des millions de pages de documents que nous avons dû examiner pour savoir ce que nous transmettions à notre principal compétiteur.
Puis, il nous a fallu examiner les millions de pages produites par Blackboard: les motions, les témoignages d'experts en dommages et technologie, les déplacements pour les audiences, les dépositions et les rencontres; les frais judiciaires et les coûts liés à la demande de réinterrogatoire que nous avons présentée à l'Office des brevets et des marques de commerce des États-Unis. Et la liste continue. Les frais judiciaires, les menus frais et les dépenses afférentes ne tiennent pas compte, de plus, de l'affolement que la poursuite a créé au sein de l'entreprise et de ses effets négatifs sur nos ventes.
En février 2008, après l'injection de millions de dollars et un procès de deux semaines dans la belle ville de Lufkin, au Texas, nous avons perdu. Le jury a statué que les brevets de Blackboard étaient valides et que nous les avions enfreints. Nous étions sous le coup d'une injonction presque immédiate qui nous empêchait de vendre la version de notre logiciel qui était en cause.
Je n'ai jamais oublié le voyage de retour au Canada après le procès. Les principaux experts de Desire2Learn étaient dans l'avion. Dès que la consigne lumineuse des ceintures s'est éteinte, John et les autres dirigeants ont commencé à discuter entre eux des solutions pour lancer rapidement un produit qui n'enfreindrait pas le brevet. Au moment de l'atterrissage, ils avaient un plan. Dans les 30 jours qui ont suivi, nous avions un nouveau produit qui, à notre avis, respectait le brevet. Fait étonnant, tous nos clients américains ont accepté la mise à jour dans le court délai de trois mois autorisé par la cour. Pendant toute la durée de la poursuite, nous n'avons pas perdu un seul client.
En juillet 2009, soit près de trois ans après le début de la poursuite, la Cour fédérale américaine approuvait notre point de vue. La victoire était complète.
Pendant ce temps, notre compétiteur avait intenté d'autres poursuites contre nous: une au Texas, au sujet d'un nouveau brevet qui avait été accordé; une devant la Commission du commerce international aux États-Unis — un sujet très intéressant dont nous pourrions discuter un autre jour —, un organisme quasi judiciaire; et une devant la Cour fédérale canadienne, au sujet d'un brevet qui avait été accordé par l'Office de la propriété intellectuelle du Canada. Compte tenu des nouvelles poursuites, de notre victoire retentissante en cour d'appel aux États-Unis et du camouflet incontestablement infligé à la réputation de Blackboard sur le marché, tous les litiges se sont réglés en notre faveur en décembre 2009.
Depuis lors, Desire2Learn a connu une croissance exponentielle. Aujourd'hui, nous sommes fiers d'employer près de 600 personnes dans le monde, dont près de 90 p. 100 se trouvent ici au Canada.
Qu'est-ce que le Canada aurait pu faire pour nous éviter tous ces problèmes? En pratique, bien peu sans doute. Si un compétiteur veut votre peau, les poursuites, surtout aux États-Unis, sont l'outil idéal pour y arriver.
Il ne sert à rien de vouloir régler les problèmes liés à la propriété intellectuelle en vase clos au Canada. Nous devons accepter la réalité et être prêts à jouer selon les règles américaines. Bien peu d'entreprises canadiennes peuvent s'offrir le luxe d'être exclusivement canadiennes. Les États-Unis représentent plus de 70 à 80 p. 100 de notre marché; même si nous avons de plus en plus de clients partout dans le monde, les États-Unis demeurent notre principal marché.
Nous avons adopté la mentalité du « si votre adversaire est plus fort que vous, joignez-vous à lui »; nous déposons des demandes de brevet. Bien que nous ayons recours au Canadian Patent Counsel, toutes nos demandes sont déposées tout d'abord aux États-Unis. Même si nous protégeons nos marques de commerce et nos brevets au Canada, s'y limiter serait néfaste pour nous, tant d'un point de vue offensif que défensif.
Ce que le gouvernement pourrait faire toutefois, c'est d'allouer des fonds pour sensibiliser les nouvelles entreprises à l'importance de protéger leur PI et leur donner des conseils sur la façon de se préparer à se défendre en cas de poursuites. La sensibilisation pourrait se faire dans le cadre de cours sur la PI dans les programmes d'ingénierie ou par des organisations comme Communitech chez nous, ou même par une très bonne entreprise d'apprentissage en ligne que je connais.
Vous pourriez également examiner les taxes sur les brevets. Elles sont parfois très élevées. Le montant des taxes pour le maintien en état des brevets, par exemple, est parfois prohibitif pour les nouvelles entreprises. Sur ce point, notre régime diffère de celui des États-Unis, où ces taxes ne sont exigées qu'après l'émission du brevet. Il pourrait aussi être utile de subventionner en partie les demandes de brevet. Selon notre expérience, il coûte entre 8 000 et 12 000 $, sans compter les taxes de dépôt et les coûts à l'interne qui sont importants, pour déposer un brevet de modèle d'utilité provisoire d'un côté ou l'autre de la frontière.
Les établissements d'enseignement peuvent également être utiles. Les établissements d'enseignement supérieur pourraient, et devraient, dans le cadre d'ententes de confidentialité, nouer le dialogue avec les entreprises ayant mis au point des outils technologiques qui pourraient leur être utiles. Nous sommes actuellement en contact avec un client aux États-Unis qui nous a sollicités à cet égard.
Je sais qu'il s'agit là d'un grand défi, mais nous encourageons le Canada à collaborer davantage avec les autorités américaines qui s'occupent du régime des brevets, tant l'Office des brevets et des marques de commerce que les autorités judiciaires. Moins d'un mois après avoir perdu notre cause au Texas, l'Office des brevets aux États-Unis déclarait non valide le brevet qui faisait l'objet du litige à la suite du réinterrogatoire que nous avions demandé plus de deux ans plus tôt. La cour a refusé de suspendre les procédures pendant que l'office procédait à son réinterrogatoire. Si les procédures avaient été suspendues pendant le réinterrogatoire, nous aurions économisé des millions de dollars en frais et en coûts. Si on encourageait les autorités judiciaires aux États-Unis à collaborer avec l'Office des brevets et des marques de commerce, plutôt que de travailler à contre-courant, le système en serait d'autant plus efficace.
Nous aimerions également que les autorités américaines soient mieux informées des dommages à allouer dans les causes de brevet. En effet, bien que le brevet pour lequel nous avons été poursuivis avait très peu de lien avec notre produit dans son ensemble, Blackboard exigeait à l'origine des droits de 45 p. 100 sur toutes nos recettes.
Il doit y avoir un lien entre la valeur de la technologie brevetée et le produit dans son intégralité. Il serait très utile à un moment donné d'avoir des discussions, en particulier avec les États-Unis, sur l'intérêt d'avoir des brevets pour les logiciels. Nous croyons qu'il serait préférable d'opter pour des droits d'auteur, comme pour les livres. Pourquoi devrait-on breveter les logiciels et les méthodes commerciales? Dans certains pays, comme ceux de l'Union européenne, ce n'est pas le cas. Dans les faits, le régime des brevets est davantage lié, aux États-Unis du moins, aux guerres commerciales qu'à la protection de la PI. Dans notre cas, notre compétiteur voulait simplement nous acheter. Il avait tenté de le faire à maintes reprises, mais comme nous refusions, il nous a poursuivis.
En terminant, je dirais que tous les joueurs, sauf les gros, sont naïfs et ignorants au sujet des poursuites, à moins d'avoir eu comme nous la malchance de goûter à cette médecine. En fin de compte, le Canada ne peut pas vraiment influer sur les tendances en matière de poursuites, bonnes ou mauvaises. La sensibilisation peut aider, mais seulement à prendre conscience des risques. Le Canada peut outiller les entreprises en les sensibilisant et en s'efforçant de réduire les risques lorsque c'est possible. Dans un monde idéal, les États-Unis comprendraient que des juges spécialisés dans le domaine seraient mieux placés pour entendre les causes sur les brevets, comme c'est le cas au Canada, mais le Canada n'a pas d'emprise sur le système judiciaire américain. Le Canada pourrait toutefois jouer le rôle dont il a si bien su s'acquitter dans d'autres domaines: celui d'asseoir les parties à la table pour examiner sérieusement les questions entourant la propriété intellectuelle pour déterminer ce qui doit faire l'objet d'une protection, et comment procéder.
Je me présente donc devant vous avec plus de questions que de réponses, et une bonne histoire sans doute, mais avec plus de problèmes que de solutions, et bien peu de recommandations fermes. Le régime de PI au Canada, si on adopte la bonne approche, pourrait aider d'autres entreprises à éviter de se trouver dans la même situation que nous. On peut maintenant se demander où en serait notre entreprise aujourd'hui si elle n'avait pas eu à affronter trois ans et demi de procédures judiciaires brutales et extrêmement coûteuses en temps et en argent.
Merci de votre attention.
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Merci. L'industrie, qui compte près de 350 entreprises au pays, embauche près 16 000 personnes qui occupent une variété d'emplois très spécialisés et très bien payés. Les employés qui débutent gagnent presque deux fois plus que ce que gagnent en moyenne les diplômés collégiaux. Le salaire moyen offert dans les provinces canadiennes se situe à un peu moins de 75 000 $ par année, soit le double de la moyenne canadienne. L'industrie injecte directement 1,7 milliard de dollars dans l'économie canadienne, et des milliards de dollars de plus indirectement. Qui plus est, les entreprises de jeux jouent un rôle moteur dans la recherche et l'innovation, puisque 55 p. 100 d'entre elles conçoivent une technologie propriétaire et consacrent 25 p. 100 ou plus de leur budget global de production à la recherche et au développement.
Les éditeurs et les concepteurs de jeux canadiens sont, à n'en pas douter, des chefs de file mondiaux en matière d'innovation et de créativité, et elles jouent un rôle important dans l'économie du savoir. Leur raison d'être est de créer, financer et commercialiser de la PI, ainsi que de concevoir, commercialiser et vendre une grande variété de services et de produits logiciels de divertissement à une vaste gamme de clients. En conséquence, nous pouvons donc dire que la propriété intellectuelle est la pierre angulaire de notre industrie, et que le succès et la croissance continus de notre secteur passent nécessairement par une solide protection des droits de PI et l'application des lois.
Dans le marché actuel, la conception et l'édition d'un nouveau jeu vidéo très populaire sont des activités très risquées qui exigent souvent des investissements considérables. Un jeu haut de gamme nécessite habituellement des investissements de 15 à 40 millions de dollars et les efforts d'équipes de 100 à 200 personnes qui travaillent ensemble sur le projet pendant au moins deux ou trois ans. On s'attend à ce que ces coûts de conception continuent avec l'arrivée de nouveaux appareils sur le marché.
Dans l'industrie des jeux, le gros des recettes provient des ventes qui sont effectuées immédiatement après la sortie du jeu sur le marché. Comme nous sommes dans un marché très concurrentiel, les risques sont élevés que l'on n'arrive pas à vendre un nombre suffisant d'unités pour rentabiliser les millions de dollars d'investissement que le jeu a nécessité. En conséquence, les entreprises doivent utiliser les recettes provenant de la vente des jeux très populaires pour éponger les coûts de conception de ceux qui remportent moins de succès. Dans ce type de marché, le piratage des logiciels de jeux vidéo a un effet dévastateur, car il prive les entreprises des recettes dont elles ont besoin pour récupérer les investissements colossaux nécessaires pour concevoir des produits populaires. Si rien n'est fait pour contrer le piratage, cela mène à la fermeture des studios et à des pertes d'emplois.
En procurant aux titulaires de droits les outils dont ils ont besoin pour protéger leurs droits et poursuivre ceux qui facilitent le piratage, un régime de PI robuste permet aux créateurs et aux entreprises de choisir eux-mêmes la meilleure façon de commercialiser leurs produits sur le marché. On stimule ainsi les investissements dans les nouveaux produits et services et les nouvelles méthodes de distribution, et on ouvre la voie à de nouveaux modèles d'affaires novateurs et variés, qui à leur tour favorisent une concurrence légitime, un choix varié, et en fin de compte, de meilleurs prix pour les clients.
On en trouve un exemple dans le projet de loi , la Loi sur la modernisation du droit d'auteur, qui a été adopté récemment et qui contient de nouvelles dispositions pour empêcher le contournement des mesures techniques de protection, ou MTP, utilisées pour protéger les oeuvres couvertes par le droit d'auteur. Ces mesures sont cruciales dans l'industrie du jeu vidéo, car nous utilisons abondamment des MTP sophistiquées pour protéger nos produits. En l'absence d'une interdiction légale de contournement de cette forme de protection, un marché prospère et lucratif, mais illégitime, d'appareils et de services visant expressément à briser le mécanisme de protection et à faciliter le libre piratage s'est développé. En fait, le commerce des appareils et des services qui permettent le piratage de nos jeux a libre cours au Canada, si bien que notre pays s'est acquis la réputation peu enviable d'être un important centre de transbordement pour ces appareils.
De plus, nous sommes au coeur d'un changement radical dans notre façon de consommer notre contenu. Les créateurs se servent de plus en plus des plateformes en ligne et d'autres moyens de distribution nouveaux et novateurs pour obtenir du contenu. Les mesures anticontournement solides comme celles prévues dans le projet de loi sont indispensables, non seulement pour prévenir le piratage et permettre aux créateurs de décider comment leur oeuvre sera utilisée, mais aussi pour s'assurer que les nouvelles plateformes sont sûres et préservent l'intégrité du marché numérique naissant et en développement. Le projet de loi contient des mesures urgentes pour nous permettre de poursuivre ceux qui facilitent le piratage en faisant le trafic de ces appareils et services, et nous attendons impatiemment que ces dispositions entrent en vigueur.
Nous recommandons fortement, de plus, de renforcer les recours civils et criminels qui s'appliquent à la violation du droit d'auteur à des fins commerciales, de même que l'instauration de nouvelles mesures à la frontière, comme l'octroi de pouvoirs aux douaniers pour les autoriser à saisir d'office tout produit piraté ou contrefait et tout appareil de contrefaçon sans ordonnance du tribunal, ce qu'ils ne peuvent pas faire à l'heure actuelle.
Des mesures similaires font déjà partie de l'accord commercial sur la contrefaçon qui fait actuellement l'objet de discussions.
Enfin, on devrait enjoindre aux agents d'application de la loi et aux procureurs d'appliquer plus vigoureusement les mesures législatives touchant la PI dans le cadre de leurs activités et d'exiger des peines dissuasives pour ceux qui sont reconnus coupables d'un crime lié à la PI.
Merci beaucoup, et je serai heureux de répondre à vos questions.
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Pour commencer, un peu de publicité. Si vous êtes à la recherche d'un emploi, nous en offrons environ 170 sur notre site d'offres d'emplois. Nous avons environ 600 employés dans le monde entier. Environ 90 p. 100 sont au Canada, l'immense majorité à Kitchener-Waterloo. Nous inaugurons bientôt un petit bureau à St. John's, mais la plupart des employés sont à Kitchener-Waterloo. En fait, c'est là que se trouve notre seul bureau officiel, du moins cette semaine.
Notre croissance a été phénoménale. En 2005, nous étions 50 employés, et nous sommes maintenant 600, mais la croissance n'a pas été continue. Lorsque le procès sur le brevet s'est terminé en décembre 2009, nous étions environ 150. La plus grande partie de la croissance a eu lieu ces trois dernières années.
Je ne pense pas que personne, dans notre compagnie, n'ait reconnu à quel point le procès sur le brevet avait refoulé la demande, chez les deux parties, notre concurrent et nous. Beaucoup de clients éventuels attendaient le dénouement, et, depuis, la demande est phénoménale.
Nous sommes emballés. Nous avons emménagé dans de nouveaux locaux, qui, à Kitchener-Waterloo, sont vétustes. Nous cherchons maintenant à nous agrandir. Nous sommes dépassés par le rythme de l'embauche. Je connaissais les trois personnes du service des ventes, maintenant, je n'y arrive pas. Nous adorons notre siège canadien et nous n'avons aucunement l'intention de le quitter.
Certains savent peut-être que nous venons de conclure notre toute première opération de financement, ce qui est assez remarquable pour une société de notre taille. Nous avons bénéficié d'un investissement transnational de 80 millions de dollars. Près de la moitié provient de l'OMERS, le Régime de retraite des employés municipaux de l'Ontario, le reste d'un groupe américain d'investissement, NEA.
Nous sommes vraiment excités par la tournure des événements.
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Je ne pourrais pas me prononcer sur les initiatives en cours. Il existe de nombreuses façons de rationaliser les processus pour les rendre plus efficaces, tant pour le gouvernement qui doit administrer tout cela, que pour les entreprises qui tentent d'obtenir des fonds.
Les crédits d'impôt peuvent être une option préférable compte tenu de la nature impartiale du processus. Si vous êtes admissible, vous pouvez présenter une demande, et c'est tout. Peu importe qu'il s'agisse d'une petite ou d'une grande entreprise, le programme est également accessible à tous. La plupart des travaux importants de R.-D. sont toutefois entrepris par des entités de plus grande envergure.
Les petites entreprises préfèrent généralement un modèle de financement direct, qui s'avère plus avantageux pour elles. C'est qu'elles n'ont pas le capital nécessaire pour survivre jusqu'au moment de produire leur déclaration d'impôt et de recevoir ce remboursement, qui ne les amènera pas très loin non plus. Dans certaines industries, mais pas toutes, des mesures financières ont été mises en place, notamment dans le secteur des finances, pour offrir des fonds de transition à cet effet, particulièrement pour les crédits à la RS&DE et certains autres. Le secteur des finances n'est pas aussi rompu à l'utilisation de ce type de crédits, alors je pense que le meilleur système réunirait les deux options, car il pourrait répondre aux différents besoins des entreprises de tout type et de toute taille.
Notre industrie profite certainement de différents types de financement. Les petites comme les grandes entreprises bénéficient en effet de crédits d'impôt et de subventions directes.
Pour ce qui est de la question sur l'innovation, c'en est une assez large. À mon avis, la propriété intellectuelle joue un rôle clé à cet égard, mais ce n'est qu'une petite partie de la solution. Il faut aussi préciser ce qu'on entend par propriété intellectuelle. Dans sa présentation, Mme Lank a parlé du régime des brevets. Il est aussi question du régime des brevets dans un contexte interentreprise. Même si beaucoup des entreprises membres de notre association ne recourent pas vraiment au régime des brevets, elles ont des droits d'auteur et des marques de commerce, et il n'est pas rare du tout que les entreprises s'affrontent devant les tribunaux à ce sujet.
L'idée maîtresse de ma présentation ne portait pas là-dessus. Ce qui pose problème pour nous à propos de l'application des lois régissant la PI, c'est la poursuite en justice des criminels, ceux qui s'adonnent à la contrefaçon et au piratage à grande échelle. C'est un tout autre problème. Il s'agit de veiller à fournir les ressources nécessaires aux organismes d'application de la loi pour intenter des poursuites, mais aussi de voir à ce que les mesures appropriées soient en place pour nous permettre de réagir en conséquence. C'est très différent, et il faudrait se pencher sur la question de façon indépendante.
Il faut ici aussi avoir un régime mixte. Les crimes liés à la PI sont manifestement un enjeu national. Il s'agit de voir ce qui se passe au Canada et ce que nous pouvons faire comme Canadiens et ce que peut faire le gouvernement canadien pour remédier à la situation. Je suis tout à fait d'accord avec Mme Lank pour ce qui est du commerce interentreprise; nous évoluons tous dans un contexte mondial aujourd'hui. Donc, si on se penche sur le régime canadien, il faut reconnaître que le Canada peut contrôler son propre régime et peut-être influer sur celui des autres. Cependant, ce sont les États-Unis qui vont surtout influencer le régime des brevets et le régime de règlement des litiges relatifs aux brevets, car c'est là où les dommages sont les plus importants. Nous n'avons pas les mêmes problèmes ici. Il est important de se le rappeler.