:
Merci beaucoup, monsieur le président, et merci aux membres du comité.
Au nom de Rx & D — Les compagnies de recherche pharmaceutique du Canada —, merci de nous donner l'occasion de comparaître au comité aujourd'hui. Comme vous l'avez entendu, Declan et moi sommes ici à titre de représentants de Rx & D.
D'entrée de jeu, sachez que Hoffmann-La Roche Limitée est une société membre de Rx & D. Au Canada, nous exerçons nos activités à Mississauga et à Laval. Je suis ici à titre de présidente par intérim du Comité de protection de la propriété intellectuelle de Rx & D.
[Français]
Les nouveaux médicaments et vaccins représentent quelques-uns des traitements les plus avancés, sûrs et efficaces disponibles pour aider les Canadiens et les Canadiennes à vivre en meilleure santé plus longtemps et de façon plus productive. Nos médicaments allègent également le fardeau du système de santé en évitant le recours à des interventions plus coûteuses, comme les hospitalisations et les procédures invasives.
[Traduction]
Le secteur pharmaceutique innovateur est un joueur clé de l'économie du savoir du Canada. Nous générons quelque 46 000 emplois directs de grande valeur et bien rémunérés au pays. L'an dernier seulement, nous avons investi 1,3 milliard de dollars en recherche et développement et nous avons contribué à l'économie pour une somme de 3 milliards de dollars. L'un des moteurs de l'investissement des entreprises, de la commercialisation et de la prospérité est le régime de propriété intellectuelle ou la PI d'un pays. Et cela est vrai pour des secteurs comme l’aérospatiale, le développement des ressources pour les technologies de l'information et le secteur pharmaceutique innovateur.
Un régime de PI concurrentiel à l'échelle mondiale soutient d'autres efforts politiques, comme la politique fiscale, l’efficacité réglementaire, et l'investissement dans les capacités de recherche, comme les universités, les hôpitaux et les cliniciens. Un aspect déterminant pour le succès au Canada repose sur un climat d’affaires stable et prévisible. La protection de la PI est essentielle à la création de cette stabilité.
Actuellement, le Canada a une occasion unique de conclure un Accord économique et commercial global — ou AECG — avec l’Union européenne et d'apporter les améliorations nécessaires pour harmoniser notre régime de PI dans les sciences de la vie à celui des pays européens.
Plus précisément, nous croyons que le gouvernement fédéral devrait, d'abord, créer un droit d’appel efficace pour les innovateurs dans les procédures d'invalidité d'un brevet — c'est une simple question d’équité. Deuxièmement, il faut améliorer les règles de protection des données pour les étendre de 8 à 10 ans, un changement important, mais progressif. Troisièmement, il faut mettre en oeuvre le rétablissement de la durée des brevets, ce qui existe dans tous les pays de l’OCDE sauf en Nouvelle-Zélande, au Mexique et au Canada.
Ces améliorations rendraient le régime de PI du Canada plus stable et prévisible.
Il y a quelques semaines, le comité s'est fait dire qu'il n'y a aucun lien entre un renforcement de la propriété intellectuelle et la recherche-développement pharmaceutique. Nous sommes foncièrement en désaccord. Les faits prouvent le contraire.
En 1987, l’investissement pharmaceutique au Canada n’était que de 93 millions de dollars. L'année d'après, le projet de loi C-22 est venu améliorer la Loi sur les brevets et, suivant les amendements apportés au projet de loi quelques années plus tard, voici ce qui s’est produit: au cours des 25 années qui ont suivi, les investissements annuels des sociétés pharmaceutiques innovatrices au Canada sont passés de 93 millions à 1,3 milliard de dollars, une augmentation de 1 500 p. 100.
[Français]
Malgré un environnement toujours plus exigeant et non concurrentiel, nous avons honoré notre engagement envers le Canada. En fait, les membres de Rx&D sont les plus importants investisseurs du secteur privé en matière de recherche en santé au Canada, ayant fièrement investi ces deux dernières décennies plus de 20 milliards de dollars.
[Traduction]
Pour être justes, nous reconnaissons que les investissements de nos membres ont diminué ces dernières années, même s'ils représentent près d'un milliard de dollars par année.
Cela est dû en partie aux régimes de PI d'autres pays qui ont surpassé celui du Canada. Par conséquent, l'enveloppe mondiale annuelle de 110 milliards de dollars en investissements dans les sciences de la vie a migré vers ces pays. D'autres pays, tant des pays développés que des pays en développement, peuvent aussi s'enorgueillir de leur climat des affaires et de leur talent scientifique de haut niveau. Dans un contexte très concurrentiel, le Canada doit suivre le rythme. L'harmonisation de notre régime de PI à celui des pays européens sera le catalyseur qui aidera à freiner et à inverser cette tendance.
Monsieur le président, permettez-moi de reconnaître les changements à la PI que le gouvernement a apportés au régime canadien de protection des données en 2006. Ces changements ont joué un rôle important pour permettre à Hoffman-La Roche Canada d'attirer et de gagner un investissement de 190 millions l’année dernière. Cet investissement permettra la création d'un nouveau site mondial de développement pharmaceutique à Mississauga — l'un des six sites mondiaux de ce genre pour les essais cliniques du groupe Roche — et de 200 nouveaux emplois hautement spécialisés.
Ces changements ont également permis aux compagnies membres de Rx & D de soumettre 25 nouveaux médicaments au Canada ces cinq dernières années, ce qui n'aurait pas été possible sans une protection des données efficace.
Quant aux inquiétudes à savoir que ces changements à la PI pourraient avoir une incidence sur les budgets provinciaux de médicaments, je tiens à souligner que les provinces disposent actuellement de tous les outils nécessaires à la gestion de l'enveloppe budgétaire de médicaments. Par ailleurs, l'Europe a une meilleure protection de la PI que le Canada. Pourtant, les pays de l'UE dépensent moins, en moyenne, pour les soins de santé en pourcentage du PIB que le Canada, tout en bénéficiant d'un meilleur accès aux médicaments novateurs.
Monsieur le président, vous avez beaucoup entendu parler de propriété intellectuelle dans un contexte d'outils stratégiques et de niveaux d'investissement, mais pour conclure, j'aimerais vous dire ce que la propriété intellectuelle représente pour les Canadiens, à notre avis.
Plus de 75 p. 100 de nos investissements vont aux essais cliniques qui seront bénéfiques pour les patients. Aujourd'hui, plus de 3 000 essais cliniques sont menés au Canada. Ces essais cliniques aident des Canadiens de toutes origines, de toutes les régions et de toutes les circonscriptions. Ce sont vos électeurs.
Dans notre campagne intitulée « Preuve vivante », dont nous vous avons distribué des exemplaires, des Canadiens témoignent de l'effet positif qu’ont les médicaments dans leur vie.
Tannis Charles, 46 ans, de Winnipeg, a été la première à participer à un essai clinique mondial pour un nouveau médicament contre la polyarthrite rhumatoïde et ses symptômes sont aujourd'hui en rémission.
Bill MacPhee, 50 ans, de Fort Erie, utilise nos médicaments au quotidien pour gérer sa schizophrénie, une maladie avec laquelle il vit depuis 26 ans.
Ron Hansen, 69 ans, de Toronto, utilise des médicaments novateurs pour soigner sa MPOC, une affection respiratoire grave.
Aujourd'hui, des millions de Canadiens gèrent des maladies comme le diabète, le cancer, le VIH/sida ou l'hypertension — pour n'en nommer que quelques-unes — grâce à l'utilisation appropriée de médicaments et vaccins novateurs.
Une PI pharmaceutique forte peut aider à augmenter notre richesse nationale, mais il est également essentiel de maintenir et d'améliorer notre santé nationale. Dans notre industrie, la propriété intellectuelle est la pierre angulaire de l'encouragement à la recherche en santé. Plus elle sera forte, plus la capacité du Canada d'innover et d'offrir de nouvelles thérapies pour améliorer la vie des patients canadiens sera grande.
[Français]
Merci beaucoup. Nous allons maintenant répondre à vos questions avec plaisir.
:
Merci beaucoup. Je vous suis reconnaissant d'avoir l'occasion de venir témoigner et discuter avec vous.
Je m'appelle Chris Lumb et je suis président-directeur général de TEC Edmonton, qui est une coentreprise entre l'Université de l'Alberta et la ville d'Edmonton. Je témoigne principalement à titre de représentant de l'Université de l'Alberta, mais aussi en tant que représentant des instituts et institutions que les universités mettent sur pied.
Mon message est simple et fondé sur l'expérience. Je vais en faire l'énoncé et je vous donnerai deux ou trois exemples qui expliquent, à mon avis, pourquoi on l'appuie.
Le message, c'est que la politique en matière de propriété intellectuelle n'est pas aussi importante que le rôle de chef de file des établissements qui gèrent la propriété intellectuelle. En conséquence, lorsque vous préparez des mesures législatives et politiques, je vous invite très fortement à tendre vers des actions qui favorisent une direction forte plutôt que de chercher à savoir quel est le meilleur ou le pire régime de PI, parce que lorsque l'on examine les chiffres et les faits, on constate qu'il n'y a pas vraiment de meilleur ni de pire régime de PI.
Je vais faire un bref historique de TEC Edmonton et vous expliquez sa raison d'être, parce que cela se situe dans un contexte. L'organisme que je dirige a été créé il y a environ six ans et il est fondé sur trois idées fondamentales.
La première, c'est que les universités tirent des revenus négligeables des redevances sur la propriété intellectuelle. On parle, pour l'ensemble des universités canadiennes, d'un peu plus de 50 millions de dollars par année comparativement aux dizaines de milliards de dollars investis dans la recherche. L’Université de l'Alberta a reconnu ce fait il y a quelques années.
De plus, dans bien des cas, la propriété intellectuelle de l'université n'est qu'à un stade embryonnaire et survient trop tôt pour pouvoir en assurer la commercialisation complète.
Les universités reconnaissent aussi l'importance croissante de leur rôle en tant que moteur du commerce au sein de l'économie.
C’est ce qui a incité l'Université de l'Alberta à conclure un partenariat avec la ville de Calgary afin de créer une coentreprise nommée TEC Edmonton, que je dirige, et qui est actuellement un modèle unique en son genre au Canada. En un seul organisme indépendant, on regroupe quatre fonctions. Premièrement, l’organisme est chargé de la gestion des biens de propriété intellectuelle de l'université. Deuxièmement, il offre des services consultatifs et d'accélération de la commercialisation afin d'aider les entreprises en démarrage, qu'elles aient été créées par l'université ou non. Troisièmement, il gère une pépinière d'entreprises qui dessert à la fois les entreprises universitaires et les entreprises non universitaires. Quatrièmement, il offre une variété de cours de formation et de perfectionnement des entrepreneurs.
Son originalité vient du fait que la plupart des universités ne confient pas leurs biens de propriété intellectuelle à un organisme indépendant dont elles n'ont pas l'entière responsabilité. La création de TEC Edmonton avait pour objectif de se concentrer sur l'augmentation des retombées et sur l'octroi de licences à l'échelle locale et régionale plutôt qu'à l'échelle internationale, ce qui était fondé sur l'hypothèse que si l'université pouvait octroyer des licences à l'échelle locale, cela entraînerait une augmentation du nombre de sociétés essaimées. Cela ne voulait pas pour autant dire que l'on allait renoncer à des redevances sur les licences parce que les universités n'en tirent pas beaucoup de revenus de toute façon. Cependant, à long terme, cela entraînerait une augmentation des nouvelles activités économiques dans la région, ce qui renforcerait les liens entre l'université et la région. Tel était l'objectif.
Il y a eu quelques bons résultats, et j'aimerais vous donner deux exemples. Le premier est lié au domaine institutionnel et l'autre, au développement économique des collectivités.
Je vais commencer par le domaine institutionnel. J'ai été invité à témoigner il y a seulement trois ou quatre jours. Je n'ai donc pas de document traduit à distribuer, mais je vais vous donner les chiffres et je les ferai parvenir au comité plus tard.
Un des indicateurs du succès commercial des universités est la création de sociétés essaimées qui sont toujours en activité. Au fil du temps, si une université a créé une société essaimée qui a cessé ses activités un an plus tard, ce n'est pas aussi efficace que si cette société existe toujours après un certain nombre d'années. La plupart des établissements en Amérique du Nord compilent cette statistique.
Dans l'ensemble des établissements en Amérique du Nord, l'Université de l'Alberta se classe parmi les 10 premiers rangs, soit au huitième ou au neuvième rang, selon l'année. En Amérique du Nord, on compte plusieurs centaines d'établissements à forte densité de recherche, l’Université de l'Alberta se classe parmi les 10 premiers. De plus, l'Université de Toronto et l'Université de la Colombie-Britannique sont aussi parmi les 10 premiers. Mis à part l'Université McGill, peut-être, ces trois universités — l'Université de Toronto, l'Université de l'Alberta et l'Université de la Colombie-Britannique — sont les trois plus importantes universités à forte densité de recherche au pays. Toutes trois se classent parmi les 10 premiers établissements en Amérique du Nord pour ce qui est de la création de sociétés essaimées durables. Fait intéressant, elles ont des politiques différentes en ce qui a trait à la propriété intellectuelle. En fait, l'Université de l'Alberta et de l'Université de la Colombie-Britannique octroient la PI à l’inventeur, tandis qu’à l'Université de Toronto, la PI est détenue par l’établissement. L’Université de Waterloo — où la PI est entièrement détenue par l’inventeur et où l’établissement ne joue aucun rôle à cet égard — ne figure pas dans ce classement.
Cela m'indique qu'il n'y a pas de bonne réponse. On ne peut dire s’il est préférable que la PI soit détenue par l'établissement ou l'inventeur. En réalité, ce qui importe, ce sont les mesures que la direction de l'établissement a prises pour promouvoir une culture de commercialisation au sein de l'établissement. Dans cette perspective, n'importe quel régime de PI peut donner des résultats. C'est là un des éléments de preuve que je vous présente.
La deuxième idée, c'est que les résultats d'un organisme comme TEC Edmonton ont des retombées qui ne se limitent pas à l'université. L'an dernier, nous avons fait un sondage auprès de 74 entreprises avec lesquelles nous avons travaillé. Nous nous attendions à obtenir des chiffres respectables pour ce qui est de la croissance de l'activité économique. Ces 74 entreprises ont généré des revenus de 75 millions de dollars, ont attiré 27 millions de dollars en nouveau capital, ont dépensé 17 millions en recherche et développement et, ensemble, ont connu une croissance de 25 p. 100. Ces chiffres sont comparables aux données d'Industrie Canada qui indiquent que la croissance moyenne des entreprises technologiques en démarrage est de 10 p. 100.
Si notre sondage fait état d'une croissance de 25 p. 100 alors que la croissance habituelle est de 10 p. 100, j'en viens à la conclusion que les jeunes entreprises qui ont accès à des réseaux de soutien, qu'il s'agisse de TEC Edmonton ou de toute autre pépinière d'entreprises, s'en sortent mieux. Elles ont une croissance plus rapide. C'est logique, parce qu'elles ont accès à des réseaux, au financement, à l'expertise et à toutes sortes de choses. Cela démontre que le rôle que jouent les universités pour soutenir ce genre d'organisations — les pépinières d'entreprises, les organismes de soutien aux entreprises, les sociétés de commercialisation de la PI — est très important, parce que cela donne vraiment des résultats.
Autre fait intéressant du sondage: nous avons observé une croissance de l'emploi de près de 25 p. 100. Pour l'ensemble des 75 entreprises, le nombre d'emplois est passé de 600 à 750. Cela était réparti dans plusieurs entreprises et plusieurs secteurs. Aucun secteur ne ressortait du lot. Ce résultat n'est pas attribuable à une seule grande entreprise. Cette statistique est aussi comparable aux données que l'on retrouve dans les études américaines sur l'esprit d’entreprise.
Il y a deux constats. Premièrement, les universités canadiennes ont de bons résultats, en général. Deuxièmement, il en va de même pour les organismes de soutien. J'en conclus donc que la direction a son importance et qu'une des mesures que vous pouvez prendre, c'est d'accorder votre appui à des choses comme le financement accordé aux trois Conseils, qui favorise l'adoption de comportements axés sur la commercialisation dans les universités.
De plus — et c'est peut-être dans un but intéressé —, je crois que vous devriez songer à inciter les organismes régionaux comme le ministère de la Diversification de l'économie de l'Ouest à soutenir les bureaux de transfert de la technologie qui agissent conformément à vos attentes.
Merci.
:
Bonjour, monsieur le président et membres du comité.
Je vais livrer ma présentation en anglais, mais je serai ravi de répondre à des questions en français, si vous le souhaitez.
[Traduction]
Monsieur le président, au nom de Génome Canada, je suis ravi de vous faire part de nos priorités et de nos activités et de vous parler du régime de propriété intellectuelle du Canada, particulièrement en ce qui concerne le secteur de la R-D en génomique et de la commercialisation.
Génome Canada est une société sans but lucratif qui cherche à innover dans le domaine de la génomique et à mettre en application ces innovations qui créeront de la richesse et apporteront des avantages sociaux aux Canadiens. Nous travaillons en partenariat avec nos six centres régionaux de génomique, les universités et l’industrie. Ce réseau se nomme l’Entreprise canadienne de la génomique. Nous investissons dans de grands projets de recherche, nous les gérons et nous transformons les découvertes en possibilités commerciales, en nouvelles technologies, en applications et en solutions dans les secteurs clés des sciences de la vie au sein de l’économie. Ces secteurs comprennent la santé, l’agriculture, l’environnement, l’énergie, les mines, les pêches et les forêts.
Nous continuons de tenir compte des défis économiques, éthiques, environnementaux, légaux et sociaux et des occasions sur le plan de la R-D en génomique. Nous le faisons pour fournir une compréhension qui accélère en retour l’acceptation et suscite l’intérêt dans la société. Depuis 2000, dans le cadre de notre mandat, nous avons reçu un milliard de dollars du gouvernement du Canada. En retour, cet investissement a permis de lever un cofinancement de la même valeur sur la même période.
Parmi nos réussites, nous avons beaucoup mis l’accent sur la commercialisation. Depuis notre création, plus de 20 PME ont été créées ou ont connu une expansion; plus de 200 demandes de brevets ont été déposées; 52 brevets ont été délivrés; et plus de 20 accords de licence à des fins commerciales ont été négociés avec le secteur privé. Dans tous nos projets, nous encouragerons nos chercheurs financés et nos partenaires à déployer tous les efforts pour s’assurer que la propriété intellectuelle est exploitée en vue de maximiser les avantages pour le Canada et les Canadiens. Je parle d’avantages économiques et sociaux.
Il est à noter que le rôle de la protection de la propriété intellectuelle dans le secteur de la génomique passe par une compréhension claire de la façon dont le système d’innovation fonctionne.
L’innovation est un processus. C’est complexe et doit de plus en plus se faire en collaboration. L’élément clé est la transformation, soit de transformer l’idée en invention, l’invention en produit, et le produit en richesse. L’innovation requiert souvent des bailleurs de fonds publics, des chercheurs universitaires, des entreprises privées qui travaillent en équipes ou en consortiums.
Souvent, ces équipes ne se limitent pas aux frontières nationales et fonctionnent selon un mode opératoire « préconcurrentiel ». Pour stimuler l’innovation dans un environnement aussi complexe, il faut adopter des politiques et des pratiques, et la protection de la propriété intellectuelle en fait partie. Cette dernière demande toujours d’arriver à un équilibre entre la protection des droits économiques des créateurs et le libre accès à leurs inventions.
De nos jours, la protection de la PI est l’un des éléments clés de l’innovation, qui est le moteur de la productivité. Par conséquent, elle est devenue un outil concurrentiel important qui départage les diverses économies. Les pays qui ont en place une forte protection de la PI attirent les chercheurs ayant un fort esprit d’entreprise et les types d’investissements qui créent des emplois, des produits et des créneaux. Les pays qui ont une faible protection de la PI voient souvent ces avantages leur glisser entre les doigts.
Il faut créer une situation équitable au Canada pour stimuler les investissements étrangers. Plus ce sera équitable en ce qui a trait à la protection de la propriété intellectuelle, et plus les capitaux et les idées circuleront librement et plus les travailleurs du savoir qualifiés seront attirés.
De plus, nous devons redoubler d’efforts pour stimuler encore plus la création et l’exploitation de propriété intellectuelle au Canada. C’est un projet complexe qui concerne bien plus que seulement la propriété intellectuelle. Cela touche, entre autres, le capital-risque, les modèles d’innovation et la gestion du risque.
Les droits à la propriété intellectuelle incitent les chercheurs et les inventeurs à l’esprit d’entreprise à prendre des risques dans l’espoir de faire de l’argent en mettant au point de nouveaux médicaments, de meilleurs tests diagnostiques, des cultures plus résistantes, etc. En génomique, nous produisons d’énormes quantités de données. Il importe de trouver le juste milieu entre la libre diffusion de ces données et la protection de leur valeur potentielle si nous voulons tirer profit de la valeur des projets de recherche financés par des fonds publics.
De plus en plus, les membres du milieu de la recherche choisissent de faire en sorte que les résultats de leurs travaux soient du domaine public. Cette pratique permet à toutes les parties intéressées d’avoir accès à des connaissances de base et de poursuivre des travaux qui peuvent vraiment profiter à tout le monde et améliorer les possibilités commerciales.
C’est justement l’approche adoptée, par exemple, par le Consortium de génomique structural, dont Génome Canada est l’un des bailleurs de fonds. Le CGS est l’un des plus importants partenariats de recherche publics-privés et représente plus de 200 scientifiques qui travaillent, notamment, dans divers laboratoires universitaires ou certains des plus grands laboratoires pharmaceutiques au monde. Tous mettent librement en commun leurs résultats préliminaires. L’objectif est d’accélérer la mise au point de nouveaux médicaments efficaces en procédant à haut débit pour identifier des cibles moléculaires pertinentes. Il en résulte une nouvelle approche concernant les droits de la propriété intellectuelle qui permet aux fabricants de médicaments et aux scientifiques du milieu universitaire de partager les risques et de réduire les coûts à une étape considérée comme « préconcurrentielle » par les parties intéressées.
De cette manière, la vitesse de la création des connaissances est maximisée, et les entreprises participantes seront en concurrence plus loin dans la chaîne de valeur.
Génome Canada a récemment publié un mémoire intitulé Au-delà de la commercialisation: stratégies visant à maximiser l’impact économique et social de la recherche en génomique. J’en ai quelques exemplaires avec moi, si vous en voulez un.
Les auteurs sont des chefs de file dans le domaine de la propriété intellectuelle, du transfert de technologie et de la politique publique. Ils avancent que le succès commercial n’est pas suffisant pour mesurer les actifs incorporels, notamment le savoir scientifique, les connaissances acquises en entrepreneuriat et la collaboration de l’industrie, qui sont des éléments nécessaires à la croissance économique. Même si la protection de la propriété intellectuelle est très importante dans la création d’une mobilisation à l’égard de la recherche et de l’innovation en génomique, ce n’est qu’un seul élément.
À cette fin, nous discutons avec le gouvernement du Canada pour nous assurer de son soutien financier pendant plusieurs années. Nous cherchons précisément à obtenir un engagement fédéral de l’ordre de 440 millions de dollars en vue d’appuyer la R-D en génomique durant quatre ans. Étant donné que nous avons la capacité de faire fructifier les fonds publics grâce à nos partenaires et de transformer les découvertes en bénéfices réels, un tel engagement procurerait des investissements nets de 1,2 milliard de dollars au Canada en R-D en génomique sur une période de quatre ans, soit un ratio de levier d’un pour deux.
Un financement pluriannuel stable et efficace est la clé pour souligner l’engagement du Canada à l’égard d’une bioéconomie émergente et démontrer que l’innovation en génomique peut préserver et créer des emplois, stimuler la productivité, mettre au point des produits à valeur ajoutée et développer des marchés.
Merci, monsieur le président, de votre attention.
:
Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du comité, bonjour. Merci de nous avoir invités à témoigner devant votre comité.
RIM est une fière entreprise canadienne qui a été fondée en 1984, et notre premier BlackBerry est apparu en 1999. Cet appareil a lancé une toute nouvelle façon de communiquer. Nos produits ont fait naître une industrie mondiale des téléphones intelligents dont la valeur est évaluée à plus de 200 millions de dollars par année. En plus de notre siège social canadien à Waterloo, nous avons des activités de R-D ailleurs au Canada et dans le monde.
RIM est en pleine transition, et nous nous concentrons sur la plateforme du nouveau BlackBerry 10 et des produits connexes. Selon notre échéancier; nous prévoyons le lancer au cours du premier trimestre de 2013, et nous constatons un excellent soutien à l’égard de nos produits BlackBerry sur les marchés mondiaux. L’engouement est fort et croissant pour le BlackBerry 10.
Ce dernier trimestre, alors que nos détracteurs prévoyaient que ce ne serait pas possible, nous avons atteint les 80 millions d’usagers dans le monde. Nous avons de bonnes assises dans 178 pays, et nous collaborons étroitement avec plus de 600 entreprises de télécommunications. Nous n’avons aucune dette dans nos livres comptables, et nous avons une encaisse de plus de 2 milliards de dollars.
Sur cette toile de fond, nous nous préparons au lancement mondial du BlackBerry 10. Ce sera une innovation qui introduira une nouvelle ère dans les communications et l’informatique mobiles. Cette innovation a été rendue possible grâce à des investissements annuels de 1,5 milliard en R-D, qui ont principalement été dépensés ici au Canada, mais aussi aux États-Unis, au Royaume-Uni, etc.
Nos activités dépendent de l’innovation, de la propriété intellectuelle et du régime de PI au Canada et dans le monde. Dans nos brefs commentaires, nous aimerions souligner un point fondamental. Même si l’innovation peut mener à des droits de propriété intellectuelle, comme les brevets et les droits d’auteur, qui doivent être protégés par l’entremise d’un régime de PI bien huilé, un solide régime de PI ne se traduit pas nécessairement en innovation, en entreprises novatrices ou en emplois de grande qualité. Il faut par-dessus tout nous assurer d’encourager et de soutenir des entreprises situées au Canada qui sont novatrices et capables d'être concurrentielles sur le marché.
Au début de l’entreprise, RIM était grandement soutenu par les politiques fédérales et provinciales. Nous n’avons qu’à penser au PARI, au financement de PTC, aux crédits d’impôt provenant du programme de la RS&DE ou aux programmes provinciaux d’encouragements fiscaux à l’enseignement coopératif. Le soutien du secteur public a joué un rôle clé dans notre succès. Nos concurrents profitent également de divers aides semblables où ils font leurs activités de R-D, parce que les économies veulent leur succès et tous les avantages qui en découlent.
À notre avis, les programmes clés du Canada en vue d’appuyer l’innovation et la commercialisation, particulièrement dans le secteur des TIC, doivent être flexibles pour nous assurer que nous pouvons les moduler en fonction de l’évolution des modèles d’entreprise et des fluctuations de la conjoncture mondiale.
Si nous n’avions qu’une recommandation à vous faire pour renforcer le fondement des entreprises novatrices au Canada et les emplois, ce serait de vous assurer de maintenir des encouragements fiscaux concurrentiels pour stimuler la R-D au Canada.
De nombreuses études ont porté sur la nécessité d’avoir un meilleur rendement du capital investi concernant le soutien gouvernemental dans le secteur, et nous sommes d’accord. Nous avons entendu l’annonce de bonnes initiatives visant à renforcer le soutien aux programmes pour les PME axées sur l’innovation et à accroître les fonds de capital-risque, et nous sommes encore une fois d’accord. Cependant, ce n’est pas fait, et bon nombre de nos grandes entreprises axées sur l’innovation demeurent inquiètes au sujet de la capacité des encouragements fiscaux et des programmes canadiens d’attirer et de soutenir la R-D. Récemment, Manufacturiers et exportateurs du Canada et d’autres ont réussi à bien souligner ces enjeux, et nous vous recommandons de prendre connaissance de leurs récents rapports.
Premièrement, nous devons nous assurer que le Canada stimule la R-D, favorise la création d’emplois et soutient les entreprises mondiales novatrices. Il faut ensuite les appuyer par l’entremise d’un solide régime de propriété intellectuelle.
À titre d’entreprise axée sur l’innovation, RIM élabore sur une base régulière des logiciels propriétaires, des produits physiques et des services. Nous avons par conséquent un imposant portefeuille de droits de propriété intellectuelle au Canada et ailleurs. Environ 6 000 brevets nous ont été délivrés par les bureaux des brevets américain et européen entre 1995 et 2012. En 2010, nous avons présenté plus de 1 000 demandes de brevets aux États-Unis et des centaines d’autres ailleurs, y compris au Canada.
Nous considérons que le système de PI est une pièce importante du casse-tête. Même si le système canadien de DPI est généralement bien conçu, il doit être contrebalancé et soutenu de façon à promouvoir l’innovation au sein du marché et à empêcher les gestes abusifs dont nous avons été témoins ailleurs, à savoir que les DPI servent souvent de frein à l’innovation plutôt que de moteur.
Nous nous faisons également l’écho d’autres témoins qui ont témoigné devant vous. Le Canada peut encore faire plus en adoptant les pratiques exemplaires internationales relativement à l’examen des demandes de brevets en vue d’en améliorer la qualité et l’efficacité, ce qui réduira la durée des démarches.
Enfin, nous pouvons prendre des mesures pour mettre à profit l’important financement du gouvernement du Canada dans le secteur public de la R-D.
RIM se passionne pour la formation des nouveaux talents et la conception de nouvelles technologies dans le milieu universitaire, et nous avons de l’expérience directe dans l’élaboration et le maintien de partenariats stratégiques avec des universités dans le monde; nous appuyons en fait les activités liées à la recherche universitaire et à la sensibilisation à l’enseignement.
Les établissements postsecondaires suivent divers modèles relativement à la commercialisation, et nous soutenons particulièrement le modèle de l’Université de Waterloo, dont je crois que vous avez déjà entendu parler. Nous pouvons former les étudiants pour qu’ils deviennent la prochaine génération d’innovateurs. Les programmes coopératifs sont un grand atout pour le Canada. Nous aimerions répondre à des questions à ce sujet et au sujet de ce que RIM en retire.
Nous croyons qu’un crédit d’impôt fédéral pour les entreprises qui emploient des étudiants coop pourrait accélérer davantage les modèles de commercialisation, ainsi que la compréhension concernant la façon dont les entreprises innovent. RIM pense également que les entreprises devraient avoir accès à la technologie mise au point dans les laboratoires et les organismes gouvernementaux et pouvoir obtenir une licence pour l’exploiter. Il n’y a aucune valeur ajoutée si la propriété intellectuelle dort sur les tablettes.
En conclusion, je vous résumerais mes propos en disant que l’économie numérique canadienne dépend de l’innovation et nécessite des politiques publiques, des programmes et des encouragements fiscaux modernes et concurrentiels. C’est essentiel si nous voulons garantir l’expansion des présentes sociétés canadiennes et préparer le terrain pour les futures entreprises.
Il nous faut un solide régime de PI. Même si nous considérons que le système de DPI est généralement bien conçu, comme je l’ai dit plus tôt, nous reconnaissons que nous pouvons tout de même faire mieux. Nous savons que c’est une tâche délicate. Ce qui peut être bon pour une entreprise peut avoir des répercussions sur une autre. Une politique positive pour une industrie peut nuire à un autre secteur. C’est un domaine très complexe, et nous vous sommes reconnaissants de prendre le temps de nous parler; nous pourrons ensemble déterminer les pièges potentiels.
Merci de nous avoir donné l’occasion de témoigner devant vous. Nous serons ravis de répondre à vos questions.
:
Merci, monsieur le président.
Merci à nos témoins de leur présence. Merci de nous avoir réservé une période de vos horaires chargés.
Si vous avez eu l’occasion d’examiner ce que nous avons fait dans le cadre de notre étude, vous avez remarqué que nous prenons bien entendu la chose au sérieux, et je crois que c’est un enjeu très important pour l’avenir de notre pays.
Pour lancer la série de questions, monsieur Meulien, madame Nolet, pourriez-vous nous parler précisément du Canada?
J’ai lu beaucoup au début de l’étude, et les témoins nous ont rapporté que le Canada se classe au deuxième rang sur le plan de l’enregistrement des brevets. J’ai rapidement eu l’impression que nous n’étions pas des chefs de file du point de vue de la création de PI. Cependant, j’ai entendu de nombreux témoignages au cours du dernier mois environ, à savoir que nous sommes peut-être meilleurs que nous voulons bien le croire.
Pourriez-vous nous dire où se situe actuellement le Canada par rapport aux autres? Nous voulons commercialiser les brevets et la PI, et nous allons évidemment bien plus loin que ça, n’est-ce pas, monsieur Meulien? Abordons tout d’abord seulement la commercialisation.
Où le Canada se situe-t-il par rapport aux autres? Y a-t-il des obstacles? Ensuite, y a-t-il des choses que nous faisons bien et que nous devrions signaler dans notre rapport?
C'est une excellente question. Je crois que les brevets ne sont pas une fin en soi. Les brevets ne sont pas une bonne mesure de notre succès au plan de la commercialisation de la recherche. Comme certains l'ont déjà dit, il est possible de déposer beaucoup de brevets, mais s'ils restent simplement sur les tablettes, ils ne servent à personne.
Je pense que la question que l'on doit se poser est si le régime de brevets et de propriété intellectuelle au Canada est approprié. Il l'est probablement, mais nous devons uniformiser les règles du jeu, et j'encouragerais le Canada à harmoniser son régime avec celui des Européens dans la mesure du possible, car je crois en fait que cela favorise les investissements de grandes sociétés.
Cependant, la question qui m'intéresse le plus est celle de savoir comment cela influe sur l'innovation, et cela va bien au-delà des brevets. Nous pouvons avoir un brevet, mais si l'investissement vient des États-Unis qui prennent cette propriété intellectuelle et s'en servent pour fonder une entreprise, la première chose qui va se produire — et cela s'est produit, et avec certaines des entreprises que nous avons nous-mêmes créées — est que l'on demandera à l'entreprise en question de traverser la frontière. Nous devons créer un milieu dans lequel cela ne se produit pas ou du moins pas autant. Cela peut en valoir la peine, mais nous ne tirons pas parti au maximum de cet avantage.
Nous devons créer un continuum de l'innovation qui fasse en sorte que la propriété intellectuelle créée dans nos établissements d'enseignement reste au Canada et que des entreprises soient créées à partir de cette propriété intellectuelle ou, mieux encore, nous joindre à d'autres et créer des projets novateurs et les commercialiser.
Alors comment nous en tirons-nous? Nous savons que le Canada a du mal avec l'innovation. Nous ne la mettons pas en valeur, nous ne fondons pas les nouvelles entreprises que nous devrions fonder et une part excessive de notre propriété intellectuelle traverse la frontière et c'est là que les entreprises sont créées.
C'est une question complexe, car cela implique la mentalité des sociétés de capital-risque au Canada. Comparativement aux autres, les Canadiens ont peur de prendre des risques. Nos sociétés de capital-risque ne sont pas des spécialistes, mais des généralistes. Nous devons changer cela. Nous devons aussi encourager la mentalité d'entrepreneur au Canada, qui est beaucoup plus développée chez nos voisins du Sud et dans bien d'autres pays.
Je crois que les brevets ne sont pas une fin en soi. Je pense que nous devons examiner la situation dans son ensemble et favoriser ce continuum de l'innovation, qui pose problème au Canada à l'heure actuelle.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci à tous d'être venus aujourd'hui.
Madame Nolet, en 1987, après que la Loi sur les brevets a été modifiée pour rehausser la protection accordée aux médicaments, Rx&D se sont engagées à accroître les dépenses annuelles de ses membres pour la R et le D à 10 p. 100 du chiffre d'affaires avant 1996. Selon le rapport 2011 du Conseil d'examen du prix des médicaments brevetés, ce ratio se situait à 10 p. 100 ou plus entre le milieu des années 1990 et 2002. Il y est resté pendant sept ou huit ans. Depuis, il est tombé à moins de 10 p. 100. Il se situait à 6,7 p. 100 en 2011.
L'engagement pris en 1987 a été honoré pendant un petit bout de temps, mais pas en permanence. C'est préoccupant, surtout lorsqu'il est question de la proposition dont l'ambassadeur Matthias Brinkmann a parlé hier à Halifax. Il a dit très clairement pour que l'UE, il est très important dans le contexte de la négociation actuelle de l'entente commerciale de faire passer de 8 à 10 ans la protection des brevets. Nous avons entendu parler des coûts. Cela pourrait coûter aux provinces 2 milliards de plus par année. J'ignore combien cela coûterait aux consommateurs partout au pays.
Vous avez parlé de l'investissement de 1,3 milliard de dollars en R et D qui en a résulté. C'est important et précieux, et nous voulons encourager cela. Bien entendu, lorsque vous parlez de 20 milliards de dollars en R et D sur cette période, je présume qu'il y avait plus de 200 milliards de ventes.
Nous parlions du coût et de la façon dont les provinces peuvent gérer cette augmentation des coûts. Vous avez dit qu'elles disposent de tous les outils utiles pour ce faire. Dernièrement, en Nouvelle-Écosse, le gouvernement néo-démocrate a coupé les dépenses dans le domaine de l'éducation primaire et secondaire de 200 millions de dollars et fait des compressions semblables dans le secteur de l'éducation postsecondaire. Est-ce de ce type d'outil dont les provinces disposent selon vous?
:
J'ai entendu deux questions. Je répondrai à celle qui porte sur la R et D et je passerai ensuite à l'autre en matière de santé.
Comme nous le disions, à notre sens, la nature de la recherche et du développement a changé au Canada. Comme vous l'avez fait remarquer, nous avions cette définition depuis 1987, mais la recherche a changé, et le type de recherche que nous faisons maintenant et le type d'investissements que nous attirons au Canada ont changé. Cette définition ne les englobe pas, en fait.
Il y a des entreprises comme la nôtre qui amènent des investissements mondiaux directement au Canada. Nous avons conclu des partenariats avec des entreprises de biotechnologie. Nous avons du capital de risque, dont vous avez entendu parler. Nous avons des approvisionnements. Nous avons des partenariats publics-privés. Il s'agit là de différents types de recherche et de développement actuels qui ne sont pas couverts par cette définition. En fait, une grande majorité des 190 millions de dollars à Mississauga dont je vous ai parlés ne sont pas admissibles au crédit d'impôt pour la RS-DE, qui sert à mesurer l'engagement de 10 p. 100. J'ajouterais aussi qu'aucun de nos investissements dans l'Institut de cardiologie de Montréal n'est admissible au crédit d'impôt pour la RS-DE, bien qu'il s'agisse d'investissements directs dans cette organisation de recherche universitaire de calibre mondial.
Je crois qu'il serait intéressant que vous examiniez ces définitions pendant que vous débattez de la propriété intellectuelle et de son incidence sur les investissements. Examinez la façon dont les choses sont mesurées pour faire en sorte que nous saisissions la vraie définition de la recherche. Penchez-vous sur la véritable façon dont les investissements arrivent maintenant au Canada parce que, comme vous l'avez fait remarquer, la situation a beaucoup changé depuis 1987.
Pour ce qui est des soins de santé et ce que nous entendons par outils, nous avons de très bonnes conversations lorsque nous mettons nos médicaments sur le marché. Nous nous rendons dans les provinces. Nous présentons des demandes de remboursement de nos médicaments. Nous examinons et négocions un certain nombre de points avec les gouvernements provinciaux. Voilà les outils auxquels je fais allusion.
Certaines provinces ont peut-être des accords sur les listes de produits. Certaines provinces négocient très bien sur les critères. Par exemple, vous avez un médicament, et il peut faire certaines choses, mais vous préférez qu'il soit mis en marché après sa mise à l'essai sur un sous-groupe de patients seulement. Il y a un certain nombre de façons différentes de tenir des discussions sur la santé concernant la mise en marché de ces produits.
J'ajouterais aussi, et Declan voudra peut-être en faire autant, que je ne crois pas qu'il y ait, ailleurs dans le monde, un autre pays industrialisé qui fait valoir qu'il devrait affaiblir le régime de propriété intellectuelle pour contrôler les coûts en matière de santé. Les deux ne vont habituellement pas de paire.
:
Je peux seulement répondre à votre question de manière subjective, mais si je devais me prononcer, je dirais que non. Nos efforts ne sont pas suffisants.
Cela étant dit, de nos jours, les Canadiens font un meilleur travail à cet égard, qu’ils ne le faisaient dans le passé. Nous pouvons tous être fiers de citer en exemple l’Université de Waterloo, en raison de son modèle d’apprentissage fondé sur l’expérience qui a clairement une incidence sur l’approche que ses diplômés adoptent à la fin de leurs études. Les diplômés de l’Université de Waterloo sont plus enclins à démarrer des entreprises que les gens qui n’ont pas travaillé dans de petites entreprises dynamiques pendant toutes leurs études du premier cycle.
De nombreux efforts sont déployés dans d’autres parties du pays mais, essentiellement, je ne crois pas que nous ayons atteint le stade que nous devrions avoir atteint. L’Université de Waterloo pourrait servir d’exemple, afin qu’un plus grand nombre d’initiatives de ce genre soient mises en oeuvre partout au pays.
Maintenant, il existe bon nombre d’autres programmes d’apprentissage fondés sur l’expérience. Les universités les appellent les projets cadres, c’est-à-dire des projets dans le cadre desquels les étudiants de quatrième année collaborent avec l’industrie. Il y a des programmes de ce genre. De plus, les écoles des études supérieures offrent de nombreux programmes visant à inciter leurs étudiants à envisager une carrière d’entrepreneur, au lieu d’une carrière d’universitaire, parce que la plupart d’entre eux ne seront pas des universitaires. Par conséquent, toutes ces mesures améliorent la situation.
On le constate en examinant les chiffres globaux. J’ai parlé précédemment de certains d’entre eux, notamment du nombre d’entreprises en démarrage fondées par des universités. Ces chiffres sont plutôt bons au Canada. En fait, ils sont très bons. Nous ne reconnaissons pas suffisamment nos réalisations à cet égard.
Mais pouvons-nous faire mieux? Nous pouvons assurément faire mieux dans ce domaine.
:
Je pense que je vais éprouver la même déception que vous dans cinq minutes.
En ce qui concerne mon collègue, M. Regan, je comprends que ces deux compressions ont dû être très douloureuses. Il se peut que certaines des coupes effectuées en Nouvelle-Écosse soient imputables à la diminution du nombre d’inscriptions.
Bien que je possède un iPad, je dois vous dire que je préfère de loin mon PlayBook. Je suis un maniaque d’informatique, et je n’aime pas me priver de quoi que ce soit. À l’époque, le PlayBook n’offrait pas le service sans fil de troisième génération, alors j’ai été forcé d’acheter l’autre pour bénéficier de l’autonomie nécessaire mais, en ce qui concerne tout usage personnel, le PlayBook est de loin supérieur. Tout ce qui est lié à iTunes m’irrite; le modèle adopté par PlayBook est supérieur à cet égard.
Je tiens également à parler de la situation concernant les brevets de Nortel. Je suis très heureux d’apprendre que RIM faisait partie du consortium qui les a achetés et, s’il y avait des économies à réaliser, je suis content qu’une entreprise canadienne en ait profité.
Bien entendu, le coût d’achat des brevets était énorme, mais un grand nombre de personnes affirment qu’en dépit de cela, la valeur attribuée à ces brevets était inadéquate. Pensez-vous que le Canada aurait dû toucher une somme plus importante à l’issue de cette vente?
:
Il y a deux approches fondamentales que les universités adoptent pour gérer la propriété intellectuelle, et chacune de ces approches comprend certaines variations. La première approche consiste à accorder la propriété à l’inventeur, et la deuxième consiste à accorder celle-ci à l’institution; les deux approches indiquent essentiellement à qui appartient la propriété intellectuelle. Ensuite, chaque approche prévoit divers droits de participation aux bénéfices qui ont été négociés à chaque université.
En revanche, aux États-Unis, la propriété intellectuelle est habituellement accordée à l’institution. Cela est imputable à une loi fédérale américaine appelée la Bayh–Dole Act. Le Canada est un peu unique en son genre, en ce sens qu’un pourcentage plus élevé de ses politiques en matière de propriété intellectuelle accorde la propriété à l’inventeur. Dans le cadre de ces politiques, l’institution peut exercer divers degrés de contrôle.
Dans certains cas — à l’Université de Waterloo, par exemple —, les responsables disent à l’inventeur ce qui suit: « Faites comme bon vous semble. Vous n’avez même pas besoin de nous tenir au courant; utilisez la propriété intellectuelle comme vous le souhaitez. Nous vous aiderons si vous demandez notre aide, mais vous n’êtes pas forcé de le faire. »
À l’Université d’Alberta, l’institution exerce un contrôle un peu plus étroit, bien que la PI appartienne également aux inventeurs. Ces derniers peuvent en faire ce qu’ils veulent, mais ils doivent indiquer à l’institution qu’elle leur appartient. L’institution s’assure alors que les droits de propriété sont clairs, etc. — que, par exemple, un étudiant du 2e cycle ne tente pas de faire breveter une technologie en même temps que son professeur, ou d’autres scénarios de ce genre.
Toutefois, je vais reprendre l’argument que j’ai fait valoir plus tôt. Si vous examinez le nombre de retombées économiques durables qui sont créées, vous constaterez que la politique de l’université en matière de propriété intellectuelle importe peu. Je sais par expérience qu’à l’Université d’Alberta, la direction appuie vivement la commercialisation. Elle en parle, elle la met en évidence, et elle la célèbre lorsqu’elle a lieu. Cela compte davantage que les mots qui figurent dans la politique en matière de PI.
:
Le meilleur moyen de vous l'expliquer, c'est de vous donner des exemples, comme vous l'avez proposé.
Le premier concerne le Consortium de génomique structurale, qui a vu le jour lorsqu'une compagnie pharmaceutique s'est jointe à un partenariat axé sur la technologie à haut débit dirigé par un chercheur canadien et lié au Wellcome Trust Fund, un groupe de l'Université Oxford. Il produit le quart de toutes les structures protéiques dans le monde, et cela va directement dans une base commune de données.
Depuis, huit compagnies pharmaceutiques se sont jointes à ce consortium, et nous venons d'entrer dans la troisième phase de sa vie. Ce qui est intéressant pour les sociétés pharmaceutiques, c'est qu'elles ont ainsi accès à des centaines et des milliers de choses, alors que si elles participaient individuellement à un groupe de recherche, elles seraient limitées à 10 ou 20. Voilà l'étendue des moyens technologiques. À cette échelle, c'est extrêmement productif et, comme je l'ai dit, c'est l'un des consortiums de recherche préconcurrentielle les plus productifs au monde.
Le deuxième, croyez-le ou non, porte sur le secteur de l'énergie. Quatre ou cinq grandes sociétés pétrolières canadiennes se sont regroupées afin de mettre sur pied un projet fondé sur la génomique, dont l'objectif est l'assainissement des bassins de résidus et l'examen des communautés microbiennes qui vivent dans le bitume des sables bitumineux, afin que l'on puisse liquéfier ce pétrole et l'extraire plus facilement.
On peut comprendre pourquoi les sociétés pétrolières considèrent cela comme un domaine à haut risque. Qui sait si cela fonctionnera ou non? Elles croient qu'il faut y investir quelques millions de dollars pour vérifier la faisabilité de ce projet, et elles le font de façon préconcurrentielle, afin que toutes aient accès aux données et qu'au bout du compte, elles puissent être concurrentielles. Elles peuvent déposer leurs propres demandes de brevets en fonction de ce qu'elles feront à l'interne par la suite, et c'est la même chose pour les compagnies pharmaceutiques au sein du Consortium de génomique structurale.
C'est un modèle que les sociétés adoptent de plus en plus. Ce n'est pas anti-PI, n'est-ce pas? C'est une phase préconcurrentielle, avant le début de la concurrence, et cela ne fait qu'accélérer le processus. Nous savons que les sociétés pharmaceutiques ont du mal à sortir de nouveaux produits, et le partage de données en amont accélérera le processus de découverte et leur permettra d'être concurrentielles en aval de la chaîne de valeur.
:
C'est une très bonne question. Merci.
En général, la recherche génomique génère d'énormes quantités de données. Vous avez peut-être entendu parler de la grande affaire dont est saisie la Cour suprême des États-Unis sur le gène du cancer du sein de Myriad; peu importe quelle en sera la conclusion, de nos jours, il ne vaut pas grand-chose de faire breveter un gène. La plupart et de plus en plus de gènes sont du domaine public. C'est un côté de la question.
Ce qui aura de la valeur, toutefois, ce sera le profil, le test génétique ou le panel de biomarqueurs particulier qu'on voudra utilisé dans un test qui sera fabriqué, commercialisé et vendu. C'est cette propriété intellectuelle qui a de la valeur et qui doit être bien protégée, et c'est ce qu'on fait dans le domaine de la génomique.
Nos projets ont engendré des entreprises. L'une d'entre elles travaille à des panels de gènes du cancer colorectal. C'est un produit commercialisé. Il est vendu partout dans le monde. Ce ne sont pas les gènes mêmes qui ont été brevetés, mais un panel de gènes qui ont été regroupés d'une manière très novatrice.
Toute la gamme d'activités est là, mais vers l'étape de la commercialisation, je pense que c'est l'usage précis qu'on compte faire d'un panel donné fondé sur l'innovation et la découverte d'une personne qui aura une grande valeur.
:
Je pense que ces organisations ont d'énormes répercussions.
Communitech, MaRS, TEC Edmonton, Innovate Calgary — ce sont tous de bons exemples.
Elles ont une incidence, mais n'oubliez pas aussi que les travaux de nombreux chercheurs universitaires ne sont pas et ne seront probablement jamais commercialisables. Le pourcentage de chercheurs universitaires qui commercialisent de la technologie sera donc toujours bas.
Toutefois, pour les technologies qui pourraient un jour être commercialisées, je pense que les gens sont beaucoup plus au courant qu'ils ne l'étaient par le passé, et je dirais que c'est dû en partie aux organisations comme celle que je dirige.
C'est seulement une des raisons. Je pense qu'il y en a nombre d'autres. Comme je l'ai déjà dit, la sensibilisation des administrateurs principaux des universités y est pour beaucoup. Les organisations comme Génome Canada, CMC Microsystems et Canarie ont une incidence parce qu'elles fournissent de l'infrastructure partagée. De plus, pour une partie du financement que les chercheurs universitaires reçoivent, le gouvernement fédéral exerce une certaine pression pour qu'ils se concentrent sur les résultats commerciaux, ce qui a aussi des répercussions.
De nombreux facteurs s'unissent et ont pour résultat qu'on se concentre davantage sur la commercialisation qu'il y a 10 ans, disons.
:
C'est une question facile.
Des voix: Oh, oh!
M. Morgan Elliot: Je vais suivre la recommandation du président et commencer par vous remercier personnellement, sur cette tribune publique, de votre appui continu de Research In Motion. Je sais que vous êtes un grand défenseur de notre entreprise, et nous vous en sommes très reconnaissants.
Dans la même mesure, monsieur Regan, je sais que vous nous défendez aussi. Merci beaucoup.
Vous savez, les députés, et même les hommes et les femmes de la fonction publique, nous ont été incroyablement bons, dans les affaires étrangères et à Industrie Canada, comme nous tentons de conquérir le monde dans notre secteur. Merci beaucoup. Vous nous avez toujours appuyés.
J'espère que nous vous donnerons de bonnes raisons d'être enthousiastes et de nous appuyer encore plus le 7 novembre: nous vous donnerons un avant-goût du BlackBerry 10 dans le cadre d'une activité qui aura lieu au Château Laurier. Nous espérons certainement que vous serez des nôtres.
Pardonnez-moi ce message publicitaire, mais...
Est-ce l'évolution naturelle? Je ne sais pas. C'est trop difficile à dire en ce moment. Évidemment, on est rendu bien loin. Plein de recours collectifs extravagants sont lancés aux États-Unis, et c'est vraiment un obstacle ou un outil dont les gens se servent pour pratiquer la concurrence dans notre secteur d'activité. Cela a une incidence sur le coût pour les consommateurs. C'est une question de trouver l'équilibre, d'arriver à protéger les investissement dans la R-D, sans nuire à la compétitivité — si vous comprenez ce que je veux dire.
La réponse courte, c'est qu'il est trop tôt pour le dire.
:
Si vous me permettez, je vais répondre en premier.
À propos de la possibilité de faire breveter les logiciels et pratiques commerciales, chaque pays établit ses propres règles relativement à l’admissibilité d’un brevet, et le Canada ne fait pas exception. Les règles à ce chapitre sont déjà établies.
Concernant RIM, nous nous spécialisons dans les logiciels. Oui, nous fabriquons du matériel, mais plus de la moitié de nos activités tournent autour des logiciels. À mon avis, le brevetage de logiciels et la validité du processus comporte certains risques, car la définition de logiciel est trop générale. Elle ne tient pas compte des différents types de logiciels. Il faut analyser ce qui se fait dans chaque pays afin de déterminer si l’on va trop loin en permettant le brevetage d’inventions liées à des logiciels.
Chez RIM, nous tentons toujours de protéger nos innovations. Selon nous, le système canadien fonctionne bien à cet égard et nous n’avons vraiment rien d’autre à ajouter sur ce point.
Pour répondre à votre deuxième question, je crois que l’OPIC dispose déjà d’une base de données accessible à tous. On pourrait certainement la moderniser pour qu’elle soit plus facile à consulter et qu’on puisse y faire des recherches plus détaillées. Ce serait utile. Il serait également profitable que l’OPIC modernise son infrastructure de base de données, afin qu’elle soit comparable à celle d’autres bureaux des brevets ailleurs.
:
Merci, monsieur le président.
Je n’ai qu’une question, alors je vais tenter de l'abréger.
Morgan, il serait négligent de ma part de ne pas faire la publicité de votre produit. J’aurais le sentiment d’avoir raté une occasion. Je n’en dirai pas plus.
Chris, vous avez parlé plus tôt de l’importance du leadership. Nous avons entendu le témoignage de plusieurs établissements d’enseignement, et j’ai eu l’occasion de visiter des incubateurs d’entreprises. J’ai vu divers milieux divers et très passionnants, où il y avait différents systèmes de rémunération ou régimes de PI, entre autres.
Je me pose la question suivante: du point de vue commercial, les chercheurs qui travaillent dans ce milieu savent-ils s'ils vont commercialiser leur produit ou même si cette possibilité existe? Je me le demande. Vous avez parlé du leadership comme étant un facteur aussi important… J’aimerais entendre, dans l’ordre, Chris, Pierre et Brigitte sur la question.
Que pouvons-nous faire pour maximiser la portée de ces incubateurs et y choisir les meilleures entrepreneurs, notamment par rapport à l’esprit d’entreprise et aux autres facteurs importants mentionnés qui, je crois, ont des conséquences sur la réussite?