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Bonjour, mesdames et messieurs. Bienvenue à la 46
e réunion du Comité permanent de l'industrie, des sciences et de la technologie.
Nous accueillons aujourd'hui un certain nombre d'invités, à savoir Rami Abielmona, vice-président, Recherche et Ingénierie, Larus Technologies; M. Davies, chef du contentieux et secrétaire général, Open Text Corporation, Karna Gupta, président-directeur général, Association canadienne de la technologie de l'information; et Martin Lavoie, directeur des politiques, Productivité et Innovation, Manufacturiers et exportateurs du Canada.
Nous allons d'abord entendre les déclarations préliminaires des témoins.
Monsieur Abielmona, vous disposez d'un maximum de six à sept minutes pour présenter vos observations préliminaires. Nous passerons ensuite à la période de questions.
Allez-y, s'il vous plaît.
Bonjour, monsieur le président et membres du comité. Tout d'abord, je vous remercie de donner l'occasion à l'entreprise que je représente, Larus Technologies, de se présenter devant le comité pour discuter de la propriété intellectuelle au Canada.
Si vous le permettez, je vais commencer par présenter brièvement notre entreprise. Larus a été créée en 1995 par M. George Di Nardo, qui occupe actuellement les fonctions de président de l'entreprise. Larus s'est imposée comme société spécialisée dans l'élaboration de solutions en matière de création de réseaux de capteurs et de fusion de données. Elle a conçu des systèmes de pointe à capteurs multiples servant à l'agrégation, à la collecte, à la visualisation, à l'exploitation et à la fusion de données, principalement à des fins de défense et de sécurité.
Notre entreprise, entièrement canadienne, est établie à Ottawa. Ses trois secteurs d'activités clés sont les suivants: la création de réseaux de capteurs et la fusion de données, les services consultatifs en matière de génie logiciel et la recherche et le génie. Si je suis ici aujourd'hui, c'est pour vous parler de ce dernier volet, celui de la recherche et du génie. Notre entreprise a acquis une expertise et une expérience opérationnelle considérables en matière de génie logiciel — nous avons vendu des logiciels et fourni des services au MDN, aux Forces canadiennes et à l'OTAN. En outre, comme notre société a élaboré de nombreux accords de normalisation de l'OTAN — ou STANAG —, lesquels servent à établir et à maintenir l'interopérabilité des systèmes utilisés par les nations alliées, elle est considérée comme l'entreprise canadienne de prédilection en la matière.
En ce qui a trait à la propriété intellectuelle — ou PI —, le principal problème auquel notre entreprise s'est heurtée concerne le financement des activités de protection de la PI au Canada. En règle générale, du financement est requis pour les trois phases du processus de protection des brevets. La première phase est celle de la soumission d'une demande. À ce chapitre, le Canada a fait du très bon travail; dans le cadre du PARI et d'autres initiatives, il a versé des subventions à des organisations comme la nôtre pour les aider à assumer les coûts liés à cette phase.
La deuxième phase est celle du traitement des demandes de PI, pour laquelle les sources de financement sont moins nombreuses. Il y a une lacune à ce chapitre.
La troisième phase est celle du dépôt de demandes à l'échelle internationale. Les sources de financement accessibles au Canada sont encore moins nombreuses pour cette phase que celle qui précède. En général, une entreprise doit déterminer s'il vaut la peine de breveter l'invention visée par la demande. Nous devons nous poser la question suivante: s'agit-il de quelque chose de nouveau? De non évident? D'utile? Cela dit, une organisation ou une entreprise doit également se demander si l'invention lui procure un avantage concurrentiel, et si elle s'adresse à un marché cible précis.
Si elle répond à toutes ces questions par l'affirmative, l'entreprise se lance dans le processus d'obtention d'un brevet, lequel comprend, comme vous le savez, un examen de la documentation sur les brevets, le dépôt d'une déclaration d'invention, l'élaboration — avec l'aide d'avocats — du brevet et, évidemment, le dépôt du brevet. Ce processus s'assortit d'une foule de coûts. Comme je l'ai mentionné, le PARI dispose d'un fonds, le PRA — le Processus de revue accéléré —, qui soutient les entreprises canadiennes au moment où elles doivent prendre la décision de breveter ou non une invention.
Comme je l'ai indiqué, il existe très peu de programmes pour ce qui est du traitement des demandes de brevets, de l'application des brevets et du dépôt des demandes à l'échelle internationale, activités qui s'assortissent de coûts considérables en honoraires d'avocats. Les choses se passent autrement dans d'autres pays, par exemple en Chine, où des programmes visant expressément la phase du dépôt de demandes à l'échelle internationale ont été mis en place pour aider les entreprises du pays. Cela permet à celles-ci d'être plus concurrentielles sur le marché mondial et, de toute évidence, de mieux protéger les technologies dont elles sont titulaires de la propriété intellectuelle, et donc de mieux les commercialiser.
Bien sûr, les idées ou les inventions qui émanent des services de R-D ne sont pas toutes brevetées. Avant d'entreprendre un processus de brevetage, une entreprise doit soupeser les coûts et les avantages de l'obtention d'un brevet. Pour protéger un droit de propriété intellectuelle, on peut utiliser le brevet, le droit d'auteur, le secret commercial ou la diffusion publique. On peut simplement présenter l'invention dans le cadre d'une conférence ou publier dans un journal un article à son sujet, et personne d'autre ne sera autorisé à faire breveter quelque chose de semblable.
Pour les petites et moyennes entreprises comme la nôtre, cela devient une question de flux de trésorerie. Les PME canadiennes préfèrent généralement embaucher des employés au Canada qu'investir des fonds durement gagnés pour présenter une demande de PI et protéger leurs droits de PI. Pourquoi dis-je cela? Nous touchons ici au coeur de mon exposé de six ou sept minutes. Je veux vous parler de la vallée de la mort de la technologie, la VMT — je fais affaire avec le marché de la défense militaire, où l'on aime tout transformer en acronyme.
Il s'agit d'un problème dont l'importance ne cesse de croître au Canada. Il a été décrit récemment par un chercheur, M. Russell Eberhart. Nous l'avons invité à assister à une conférence de l'IEEE sur l'utilisation de l'intelligence informatique dans les applications de sécurité et de défense qui a eu lieu ici, à Ottawa, en juillet dernier. À cette occasion, M. Eberhart, un Américain, a présenté un exposé durant lequel il a décrit un phénomène très semblable qui se produit aux États-Unis et que l'on tente de régler. Je vais vous dire quelques mots à propos des mesures que l'on prend là-bas pour le faire.
La VMT concerne ce que nous appelons des degrés de préparation de la technologie. Selon la technologie, il existe de un à sept ou de un à neuf degrés.
Nous parlons ici de cinq à sept degrés de préparation — à savoir les degrés de préparation les plus élevés —, principalement parce que nous ne recevons aucun soutien nous permettant de faire la transition de la R-D à celle de la création d'un prototype. Nous finançons la R-D. Nous finançons toutes les activités précédant la commercialisation. Toutefois, rendus à cette étape, nos fonds sont épuisés. Cela devient un très lourd fardeau pour les PME canadiennes. D'autres témoins ont mentionné cela devant le comité — j'ai consulté les comptes rendus de réunions antérieures, et j'ai constaté que cette question avait été abordée durant l'une d'elles.
Il ne faut pas confondre la vallée de la mort de la technologie et la vallée de la mort du commerce. Il s'agit de deux choses complètement différentes. La vallée de la mort du commerce concerne une étape où le produit a déjà été lancé. La vallée de la mort de la technologie renvoie au moment où l'on vient de terminer les activités de recherche appliquée et que l'on veut procéder à la commercialisation. Que devons-nous faire pour combler ce vide?
Nous pouvons mieux définir les programmes. Nous pouvons mettre en place des mécanismes d'atténuation ou de réduction des risques. Toutefois, au bout du compte, L'organisation doit entreprendre le processus de développement technique ou technologique de pointe lié aux activités de recherche appliquée qu'elle a menées.
Si une entreprise n'est pas en mesure de franchir ce gouffre, elle se heurtera à un très grand problème. La première question qui surgira est la suivante. Si nous sommes en mesure de réaliser une invention brevetable, mais que nous n'avons pas les moyens de la commercialiser ou de la mettre en marché, à quoi bon la breveter?
Nous sommes arrivés au stade de la création d'un prototype. Nous avons utilisé nos fonds de R-D et tout le bataclan pour en arriver à cette étape, mais notre technologie n'est pas encore assez développée pour être commercialisée. Nous ne disposons pas de fonds pour exécuter autant de programmes de commercialisation que nous le souhaiterions afin de mettre l'invention sur le marché. Ainsi, comme je l'ai dit, en cas d'échec, l'invention risque de perdre son caractère de nouveauté et d'originalité, surtout dans un contexte de haute technologie où le cycle de développement dure habituellement moins de un an. Le Canada risque de perdre au profit d'autres pays une foule de droits de PI susceptibles de présenter une grande valeur s'il n'aide pas les entreprises du pays à combler cet écart.
Je vais vous parler de ce qui se fait aux États-Unis. On a mis sur pied la Small Business Administration — la SBA —, qui est chargée d'exécuter le SBIR, programme de recherche et d'innovation destiné aux petites entreprises. Ce programme vise à aider les PME américaines à mener des activités de recherche, de développement et de commercialisation liées à leurs produits et leurs services. Elle permet aux PME de jouer un rôle de premier plan. Aux États-Unis, les PME sont des entreprises comptant moins de 500 employés. Ces entreprises peuvent faire affaire avec le gouvernement des États-Unis — y compris le Département de la Défense, l'Armée et la Marine — sans avoir à subir la concurrence des principaux entrepreneurs de défense, lesquels doivent s'unir aux PME pour profiter de telles occasions et de tels programmes. Aucune mesure d'une telle envergure n'a été prise au Canada.
On a également mis en oeuvre un programme de transfert de technologie pour les petites entreprises. Là encore, il s'agit d'une initiative qui vise à aider les entreprises à faire la transition de la recherche fondamentale à la commercialisation.
Je vais conclure mon exposé dans quelques instants.
Au Canada, nous avons des programmes de RS & DE. Nous avons le PARI du CNRC. Nous avons le CRSNG. Nous avons le PCCI — le Programme canadien pour la commercialisation des innovations. Toutefois, nous croyons que nous avons besoin de canaliser davantage nos efforts pour faire en sorte que les PME canadiennes réussissent à traverser cette vallée de la mort. Pour l'essentiel, cela se traduira, pour le Canada, par une croissance de l'emploi, la prospérité économique et une présence sur le marché international.
Je vais passer à la toute fin de mon exposé; je tiens simplement à souligner que la DARPA, agence américaine qui s'occupe de projets de recherche de pointe en matière de défense, a mené une enquête aux États-Unis pour tenter de cerner les facteurs déterminants de la réussite d'une entreprise, surtout dans le secteur du génie et de la haute technologie.
Avant de terminer, je tiens simplement à mentionner que l'enquête a révélé que...
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Merci beaucoup, monsieur le président et membres du comité, de me donner l'occasion de m'adresser à vous aujourd'hui au nom d'Open Text Corporation, qui est très heureuse de contribuer à l'étude que mène le comité sur l'efficacité de l'actuel régime canadien de propriété intellectuelle.
Je m'appelle Gordon Davies. Je suis chef du contentieux et secrétaire général, Open Text corporation, société cotée à la Bourse de Toronto et au NASDAQ dont le siège social est situé à Waterloo, en Ontario. Open Text est un chef de file en matière d'applications logicielles informatiques conçues pour faciliter la gestion de l'information de l'entreprise, la GIE, ensemble exhaustif de pratiques exemplaires et de technologies qui répondent aux besoins des travailleurs du secteur de l'information en leur permettant d'accéder aux renseignements appropriés au moment de prendre des décisions, d'effectuer des analyses, de définir des procédures ou d'exécuter des processus. Si elle est exécutée comme il se doit, une stratégie de GIE judicieuse se traduit par d'importants gains au chapitre de la productivité et de l'efficience, un accroissement de la satisfaction de la clientèle et un système de gouvernance de l'information transparent et justifiable. La GIE comprend une gamme de produits englobant divers secteurs, notamment celui de la gestion des processus opérationnels, la gestion de la satisfaction de la clientèle, la gestion du contenu d'entreprises — spécialité d'Open Text —, la découverte et l'échange de renseignements.
Nos clients, répartis partout dans le monde, comprennent des organisations de multiples secteurs, y compris le secteur public, les services financiers, le secteur manufacturier, le secteur de l'énergie et l'industrie des ressources naturelles. En 1991, au moment de sa création, Open Text était une société dérivée mise sur pied par des chercheurs de l'Université de Waterloo. Depuis, notre entreprise n'a cessé de croître, et emploie actuellement plus de 5 500 personnes à l'échelle mondiale, en plus d'être la plus importante société de génie logiciel du Canada. Comme je l'ai mentionné, Open Text est une entreprise d'envergure mondiale, et ses recettes annuelles s'élèvent à plus de 1 milliard de dollars américains. Au fil des ans, ses réalisations lui ont valu une multitude de prix de l'industrie, et en 2012, elle a de nouveau été désignée comme l'un des 100 meilleurs employeurs du Canada.
Open Text est fermement dévouée à la cause du transfert technologique entre les établissements de recherche et l'industrie et, à cette fin, elle a, entre autres initiatives, investi dans de nombreux projets de R-D menés conjointement avec l'Université de Waterloo.
Les droits de propriété intellectuelle dont Open Text est titulaire sont au coeur de sa réussite en tant qu'entreprise, employeur et innovateur. Open Text possède plus de 200 brevets aux États-Unis et quelque 130 dans le reste du monde, y compris au Canada. Comme les autres sociétés du secteur des technologies de l'information, Open Text s'en remet principalement aux secrets commerciaux — plus particulièrement l'antériorité, les droits d'auteur et, dans une moindre mesure, les brevets — pour protéger sa précieuse propriété intellectuelle. Il est tentant d'utiliser le secret commercial ou le droit d'auteur pour protéger la propriété intellectuelle, et ce, pour les deux raisons suivantes: d'une part, l'enregistrement du droit d'auteur est facultatif — et, de toute façon, relativement peu coûteux —, et le droit d'auteur peut être appliqué même s'il n'a pas été enregistré, et, d'autre part, les secrets commerciaux, par définition, ne peuvent pas être enregistrés, et n'entraînent donc aucun coût.
En revanche, la protection des brevets peut être moins attrayante puisqu'elle exige un processus coûteux de soumission de demandes. En outre, la protection des brevets est un élément moins crucial pour les entreprises qui, comme Open Text, la considèrent principalement comme un outil dissuasif plutôt qu'un moyen de stimuler l'innovation. Par exemple, un portefeuille de brevets peut avoir un effet dissuasif et rendre les concurrents réticents à faire respecter leurs propres brevets, de crainte de faire l'objet d'une poursuite de la part de l'entreprise contre laquelle elle envisage d'intenter une poursuite. En outre, la divulgation des demandes et des brevets peut nuire aux concurrents qui cherchent à faire breveter une invention semblable ou comparable. Pour ces raisons, la méthode principale d'Open Text consiste notamment à s'assurer qu'elle possède un système solide de création, de gestion et d'archivage de l'ensemble de ses renseignements et de ses documents concernant une invention ou, comme je l'ai indiqué plus tôt, l'antériorité.
Pour des sociétés comme Open Text, il y a des facteurs qui font obstacle à un plus grand recours aux brevets en tant que moyen de protection de la propriété intellectuelle au sein de l'actuel régime canadien de propriété intellectuelle. Comme je l'ai indiqué, le principal inconvénient du brevet tient à ce qu'il est le moyen de protection le plus coûteux à obtenir et à conserver que peuvent utiliser les innovateurs, et celui dont l'obtention exige le plus de temps. Les sociétés comme Open Text doivent assumer non seulement les frais liés au dépôt de la demande et à la tenue du dossier, mais également les frais juridiques liés à chaque étape du processus de demande et, s'il y a lieu, à l'application du brevet.
De plus, comme les dispositions législatives et la procédure de demande du Canada en ce qui concerne les brevets sont différentes de celles d'autres pays, les innovateurs doivent assumer des coûts supplémentaires pour faire breveter dans de nombreux pays une invention semblable ou comparable à d'autres, et composer avec l'incertitude que provoque ce processus. À notre avis, de tels inconvénients peuvent inciter les innovateurs canadiens et ceux d'autres pays à décider de ne pas chercher à obtenir la protection d'un brevet au Canada, et à envisager de faire breveter et de commercialiser leurs technologies novatrices dans d'autres administrations.
En ce qui concerne une réforme, Open Text reconnaît la valeur des mesures qui ont été prises récemment pour simplifier le régime de propriété intellectuelle au Canada et accroître sa compétitivité. Parmi ces mesures, mentionnons l'Autoroute du traitement des demandes de brevet, initiative qui permet, sous certaines conditions, d'accélérer le processus de demande et de réduire les coûts liés à l'examen des demandes de brevets par le truchement d'ententes bilatérales avec des bureaux des brevets étrangers. Open Text reconnaît également les efforts déployés par le gouvernement dans le cadre de la récente réforme de la Loi sur le droit d'auteur.
Cela dit, nous estimons que le régime canadien de protection des brevets peut être davantage simplifié, et qu'on peut le rendre plus efficace au moment de protéger la propriété intellectuelle. À cette fin, on peut procéder à une harmonisation plus poussée des dispositions législatives en matière de brevets, des exigences liées aux demandes et des régimes de poursuites à l'échelle mondiale. Par exemple, l'harmonisation des exigences liées au fonds et à la forme des demandes de brevets, conjuguée à l'harmonisation des dispositions législatives définissant une invention brevetable, permettra d'atténuer l'incertitude et de réduire les coûts de conformité dans les cas où des demandes sont présentées dans de multiples pays relativement à des inventions semblables ou comparables.
En résumé, Open Text estime que la réforme du régime canadien de propriété intellectuelle, et plus particulièrement la réforme du régime de brevets, devrait comprendre des initiatives visant une harmonisation à l'échelle mondiale qui permettrait l'octroi rentable et opportun de brevets de qualité supérieure. Les innovateurs et les employeurs comme Open Text tireraient profit d'un régime de propriété intellectuelle concurrentiel qui serait prévisible, rentable et plus compatible avec les régimes en place dans d'autres importantes administrations du monde.
Monsieur le président, au nom d'Open Text, je remercie de nouveau les membres du comité de m'avoir donné l'occasion de présenter cet exposé.
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Bonjour, monsieur le président et membres du comité.
Je m'appelle Karna Gupta, et je suis président-directeur général de l'ACTI. Je suis très heureux d'être ici pour participer à la présente discussion sur le régime de propriété intellectuelle. Il s'agit d'un sujet qui m'intéresse personnellement puisque, dans une vie antérieure, j'ai été directeur général de Certicom, petite société ouverte qui possédait 550 brevets à l'échelle mondiale, ce qui faisait d'elle l'entreprise possédant le plus vaste portefeuille de brevets au Canada. Ainsi, je trouve le sujet très intéressant.
L'ACTI — l'Association canadienne de la technologie de l'information — compte environ 350 entreprises membres, dont 65 p. 100 sont des PME. La question de la stimulation de l'innovation au moyen de la PI revêt un intérêt particulier pour nos membres puisque, au Canada, 35 p. 100 des budgets de R-D sont affectés aux TIC.
Cela dit, au sein d'une association qui compte un grand nombre de membres, il y a toujours des opinions divergentes. Durant mon exposé, je vais me pencher sur trois secteurs précis, à savoir la commercialisation, l'éducation et la consultation.
Tout d'abord, en ce qui concerne la commercialisation liée à l'innovation, il y a eu beaucoup de discussions au sein du comité à propos des mesures à prendre pour faire passer les idées de l'étape de la recherche à celle de la commercialisation — c'est-à-dire pour faire en sorte que les idées traversent la vallée de la mort —, et de ce qu'il fallait faire pour que l'on continue à obtenir du succès à ce chapitre.
Pour favoriser la croissance des sociétés canadiennes axées sur les TIC et la PI, l'ACTI préconise l'élaboration d'une stratégie gouvernementale exhaustive sur l'économie numérique. Il s'agit là du fondement de l'architecture. Une occasion exceptionnelle s'offre au Canada, à savoir celle de devenir la destination de prédilection du talent et de l'investissement. Si nous disposons d'une stratégie qui crée les conditions favorables, cela stimulera l'innovation et l'entrepreneuriat.
L'industrie des TIC constitue manifestement un marché concurrentiel mondial qui évolue rapidement, et la PI est un atout essentiel pour les entreprises de cette industrie. Si vous examinez quelques-unes des études menées récemment par le MIT ou l'Université de Berkeley, vous constaterez que 82 p. 100 des entreprises qui possèdent des droits de PI de grande valeur sont soutenues par des sociétés de capital-risque.
Nous comprenons que le Canada, marché moins important que d'autres, n'est pas le premier pays où les entreprises présentent des demandes de brevets. Cela dit, nous devons encourager l'industrie canadienne à utiliser le système. À cette fin, il est important que le processus canadien d'obtention de brevet soit efficient et conforme aux normes mondiales. Je vais vous donner deux ou trois exemples pour illustrer mon propos.
Au Canada, l'examen d'une demande de brevet peut être reportée jusqu'à cinq ans après la date de son dépôt. L'examen en tant que tel exige deux autres années. Il est difficile pour l'industrie canadienne d'évaluer le potentiel de risque de violation durant la période où l'examen est reporté. Cela incite les entreprises à déplacer leurs activités de production à l'extérieur du Canada. Aux États-Unis, les brevets sont octroyés en deux ou trois ans. Nous devons envisager de raccourcir la période de report et de prendre des mesures pour accélérer l'ensemble du processus.
En outre, dans les cas où les demandes de brevets sont déposées d'abord aux États-Unis, le Canada peut, en vertu d'une entente bilatérale, traiter plus rapidement que d'habitude — c'est-à-dire, généralement, en six à douze mois, plutôt qu'en plusieurs années — les demandes de brevet déposées au pays. À notre avis, on pourrait également accélérer ce processus, et l'instauration d'un système plus uniformisé serait peut-être une mesure qui nous permettrait de ne pas nous laisser distancer par les autres au sein d'un marché concurrentiel mondial.
L'investissement de capitaux est crucial pour la réussite de l'industrie des TIC. À ce propos, nous avons présenté un mémoire concernant les investissements de 400 millions de dollars qui ont été faits dans le cadre du plan d'action économique afin d'appuyer les activités relatives aux brevets de l'industrie des TIC. Là encore, je vais attirer votre attention sur l'étude précédente, selon laquelle les entreprises canadiennes ont soumis aux États-Unis plus de 12 000 demandes de brevets, et moins de 5 000 au Canada.
En ce qui concerne plus précisément la PI, il serait peut-être utile d'examiner les moyens que l'on pourrait utiliser pour inciter, comme on le fait au Royaume-Uni, la production de recettes liées aux brevets. Quelles mesures peuvent être utilisées pour encourager l'exploitation de la PI et les idées productrices de recettes? Il est très important de stimuler la production de recettes liées aux brevets au moyen de la commercialisation plutôt que simplement le brevetage pour le brevetage.
En ce qui concerne l'éducation et la sensibilisation, un certain nombre de témoins ont fait observer qu'il fallait éduquer davantage les entreprises à propos du régime de PI, et c'est également ce que nous disent nos membres. Le renforcement des compétences en matière de gestion de la PI se traduira par une hausse de la qualité des brevets et nous permettra d'éviter les litiges devant les tribunaux. Les fonctionnaires de l'OPIC offrent des programmes de sensibilisation, mais ne disposent pas de suffisamment de temps et de ressources. L'ACTI et d'autres associations pourraient contribuer aux activités de sensibilisation. Nous avons une occasion exceptionnelle d'utiliser les organisations existantes pour accroître la sensibilisation par l'entreprise de ces associations. Nous pourrions servir de portail pour l'OPIC et mieux faire connaître les questions relatives aux brevets aux membres de la collectivité et aux entrepreneurs eux-mêmes. Il s'agit d'une façon merveilleuse d'optimiser les ressources dont nous disposons pour aider les Canadiens et l'industrie.
Enfin, en ce qui a trait à la consultation, la PI est un domaine complexe. Il faut établir un juste équilibre entre la nécessité d'assurer la cohérence des décisions relatives à l'évaluation des brevets et l'adoption d'une façon de faire novatrice, d'une méthode qui peut évoluer avec une industrie comme la nôtre.
Le fait de consulter continuellement le milieu des affaires représente la meilleure façon de demeurer en phase avec le marché et de faire en sorte que le processus soit prévisible, mais à jour. Il s'agit également d'une bonne façon de veiller à ce que le régime canadien ne soit pas submergé par les litiges, comme c'est le cas aux États-Unis. Ainsi, nous proposons que les consultations auprès de l'industrie fassent partie intégrante du régime canadien de PI.
En conclusion, nous estimons que nous avons l'occasion de renforcer le régime canadien de PI en adoptant une démarche plus consultative et plus cohérente en phase avec les marchés mondiaux. En outre, il est crucial d'avoir une meilleure vue d'ensemble de la situation. Le Canada a besoin d'une stratégie exhaustive qui encourage le renforcement de la PI et la commercialisation afin que l'on puisse véritablement tirer profit des occasions qui s'offrent à nous.
Je vais vous fournir quelques statistiques. En matière d'innovation pure, le Canada a été classé au cinquième rang à l'échelle mondiale. Au chapitre de la commercialisation, le Canada traîne de la patte, et a été classé au douzième rang. Nous avons énormément de pain sur la planche. Que devons-nous faire pour faire passer l'orientation du régime de brevets et de PI de l'innovation à la commercialisation, et pour soutenir ce régime comme s'il s'agissait d'une entreprise?
Je vais terminer là-dessus. Une fois de plus, je remercie le comité de m'avoir donné l'occasion de lui présenter un exposé.
Merci, monsieur le président.
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Merci de m'avoir invité ici aujourd'hui. Je m'appelle Martin Lavoie, et je suis directeur des politiques, Productivité et Innovation, Manufacturiers et exportateurs du Canada. Notre organisation représente quelque 10 000 manufacturiers et exportateurs de toutes les régions du pays.
Nous félicitons le comité d'avoir entrepris la présente étude. Nous croyons qu'il s'agit d'une étude très importante pour nous, surtout dans la conjoncture économique mondiale actuelle.
Mes observations porteront principalement sur trois éléments précis du régime de PI qui ont une incidence sur le secteur manufacturier, à savoir la contrefaçon, la commercialisation de la recherche et les mesures incitatives fiscales en matière de R-D à l'intention des entreprises, y compris les modifications proposées du crédit d'impôt pour la recherche scientifique et le développement expérimental.
Je vais commencer par la question de la contrefaçon. À ce chapitre, l'une des principales faiblesses du régime canadien de protection de la PI tient à l'insuffisance des ressources dont disposent les services de police et les agents des services frontaliers pour intenter des poursuites; en d'autres termes, le gouvernement ne leur octroie pas des ressources suffisantes pour qu'ils puissent mener des fouilles à la frontière afin de saisir des produits de contrefaçon.
La contrefaçon occasionne des problèmes sur le marché canadien, mais a également d'énormes répercussions sur les exportations du Canada. J'aimerais souligner que l'Accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touche au commerce de l'Organisation mondiale du commerce et l'ALENA exigent tous deux l'application des dispositions législatives pénales et la prise de mesures à la frontière.
Le bureau de l'USTR — le représentant commercial des États-Unis — dispose d'une liste d'alerte appelée la « liste d'alerte spéciale 301 ». Depuis plusieurs années, le Canada figure sur cette liste parce qu'il n'a pas réussi à respecter ses obligations internationales et à prendre des mesures coercitives efficaces, surtout à la frontière, en ce qui a trait à la contrefaçon et au piratage. Cette liste d'alerte est le fruit d'un examen annuel de la situation mondiale sur le plan de la protection et de l'application des droits de propriété intellectuelle. Dans la plus récente version de cette liste, publiée en 2011, le Canada fait partie d'un groupe très restreint de pays qui comprend la Chine, l'Algérie, l'Inde, la Russie, le Vénézuela, le Pakistan, le Bélarus et la Thaïlande.
La section portant sur le Canada du rapport de 2011 se conclut de la manière suivante:
Les États-Unis encouragent le Canada à prévoir l'imposition de peines dissuasives dans les cas de violation des droits de propriété intellectuelle et à renforcer ses activités d'application de la loi, y compris à la frontière. Le Canada devrait habiliter ses agents des services frontaliers à enrayer, dans le cadre de leurs fonctions, l'entrée de produits contrefaits et piratés sur son territoire.
Depuis 2006, nous faisons campagne pour que l'on octroie plus de ressources aux agents des services frontaliers de manière à ce qu'ils puissent bloquer le passage de produits contrefaits à la frontière, et pour que l'échange de renseignements entre les organismes d'application de la loi, par exemple l'ASFC et la GRC, soit amélioré.
Je vais maintenant aborder la question de la commercialisation de la recherche. Je tenterai de ne pas répéter ce que d'autres personnes ont dit aujourd'hui ou durant d'autres réunions. M. Gupta a parlé, entre autres, des mesures à prendre pour que les brevets produisent plus de recettes. Si vous jetez un coup d'oeil sur les listes de brevets, vous constaterez peut-être que les universités canadiennes déposent chaque année de nombreuses demandes de brevets, et qu'elles en possèdent une multitude. En effet, selon l'OCDE, le Canada a de bons résultats en matière de brevets universitaires. La Base de données sur les brevets canadiens indique que, en 2012, 58 brevets ont été délivrés à des universités canadiennes. Toutefois, seulement un de ces brevets pouvait donner lieu à la délivrance d'une licence de brevet à une tierce partie. Au cours des trois dernières années, plus de 100 brevets ont été octroyés à des universités canadiennes, et seulement trois d'entre eux permettaient la délivrance d'une licence.
Ce que je veux dire, c'est que l'on peut faire breveter autant d'inventions que l'on souhaite, mais si l'on ne cherche pas activement à s'adjoindre un fabricant ou un entrepreneur externe pour la création et la mise à l'essai d'un prototype et la mise en marché du produit final, l'invention ne sera pas commercialisée. Si l'on tient compte du fait que les universités investissent annuellement plus de 10 milliards de dollars dans la R-D — y compris plus de 3 milliards de dollars provenant du gouvernement fédéral, et donc, pour l'essentiel, des contribuables —, il est illogique que l'on ne déploie pas plus d'efforts pour l'octroi de licences d'exploitation de ces brevets.
Nous estimons que tous les brevets délivrés aux universités ou aux professeurs devraient systématiquement être versés dans la base de données de manière à ce que toute partie puisse l'exploiter, dans la mesure du possible, de façon non exclusive, et que les universités devraient faire activement la promotion de ces licences auprès du secteur privé.
Je suis également d'accord avec M. Gupta pour dire qu'il serait utile pour les universités que nos associations contribuent à la diffusion de ces renseignements à leurs membres respectifs.
Je vais passer à mon troisième sujet, à savoir la R-D au sein des entreprises, plus particulièrement le contexte fiscal au sein duquel les entreprises rivalisent les unes avec les autres au moment de mener leurs activités de R-D.
Pour l'essentiel, d'un point de vue économique, une entreprise optimise ses investissements en R-D si, d'une part, elle fait des profits, et, d'autre part, si elle évolue dans un contexte fiscal lui permettant d'optimiser ses flux de trésorerie.
En ce qui concerne la rentabilité, je dois souligner que notre secteur n'est pas celui qui a engrangé les plus importants profits au cours des dix dernières années. Depuis 2001, dans notre secteur, la croissance annuelle moyenne des recettes a été de 0,3 p. 100, à savoir le deuxième parmi les taux les plus faibles de tous les secteurs de l'économie.
Cependant, tous les échelons de gouvernement ont pris certaines mesures fiscales — notamment la baisse du taux d'imposition du revenu des sociétés, les crédits d'impôts fédéraux et provinciaux pour la R-D et la déduction pour amortissement accéléré visant les investissements dans la machinerie et le matériel — qui ont aidé les entreprises à traverser des moments difficiles en leur permettant d'optimiser leurs liquidités après impôts.
Tout d'abord, les modifications proposées du crédit d'impôt pour la recherche scientifique et le développement expérimental préoccupent énormément nos membres. Plus particulièrement, les deux principales inquiétudes dont ils nous font part tiennent à la réduction de 5 p. 100 du taux applicable aux grandes entreprises et au fait que les dépenses en immobilisations ne pourront plus être comptabilisées dans l'assiette fiscale aux fins de l'admissibilité au crédit d'impôt. Une proportion de 55 p. 100 des activités de R-D menées dans l'industrie ont lieu au sein du secteur manufacturier. Si l'on ajoute à cela le secteur que représente M. Gupta, on obtient une proportion d'environ 90 p. 100. Ainsi, bien entendu, nos secteurs figureront parmi les plus touchés par ces deux mesures. J'aimerais également souligner que nos secteurs sont fortement capitalistiques.
D'après nos estimations, l'ensemble des mesures proposées par le gouvernement fédéral en ce qui a trait au crédit d'impôt pour la recherche scientifique et le développement expérimental réduiront la valeur des mesures incitatives fiscales en matière de R-D au Canada de 750 millions de dollars par année à compter de 2016-2017, c'est-à-dire lorsque toutes les mesures seront en vigueur. Dans le cadre de notre plus récente enquête sur des questions relatives à la gestion, une proportion de 69 p. 100 des répondants ont indiqué que, par suite de ces modifications, ils réduiront leurs dépenses en R-D au Canada, et une autre tranche de 20 p. 100 ont indiqué qu'ils allaient commencer à examiner ce que d'autres administrations ont à offrir en matière de crédit d'impôt pour la R-D.
En ce qui concerne les autres administrations, nous avons publié cette semaine un rapport où l'on compare les crédits d'impôts en matière de R-D offerts aux grandes entreprises au sein des pays membres de l'OCDE et dans quelques autres marchés émergents. Nous avons constaté que la seule diminution de 5 p. 100 du taux du crédit d'impôt à l'investissement aura une incidence sur la compétitivité à l'échelle internationale de notre crédit d'impôt pour la R-D, lequel passera du 13e au 17e rang en importance parmi les crédits d'impôt les plus concurrentiels à l'échelle mondiale. Ce qui est plus préoccupant que ce rang proprement dit, c'est de constater quels sont les pays qui, à présent, nous devancent, à savoir des pays comme le Brésil, la Chine et la Turquie, qui offrent aux entreprises non seulement un marché plus vaste que le Canada et des coûts de main-d'oeuvre moindres qu'ici, mais également un crédit d'impôt pour la R-D plus généreux que le nôtre.
Voilà nos préoccupations. Je vous remercie de m'avoir invité, et maintenant, je me tais.
Je crois que, dans le mémoire de l'OPIC, on avançait effectivement que l'un des enjeux qui touche l'organisme, c'est la sensibilisation et la communication des renseignements à la collectivité. Il y a de multiples organisations à l'échelle du pays, et nombre d'entre elles sont de portée nationale, comme l'ACTI, qui présenteraient de la technologie de l'information à l'échelle du Canada. Open Text est membre de notre organisation.
Alors, pour atteindre les grands membres... parmi nos membres, 65 p. 100 sont des PME. Nous tenons d'importantes activités de sensibilisation auprès des PME, et nous exécutons plusieurs programmes dans chaque province et chaque territoire.
Si l'OPIC veut diffuser l'information sur ce qu'il faut faire et la façon de procéder, simplement aux fins de la diffusion de la connaissance, une façon de procéder consiste à recourir aux associations pour diffuser l'information. Bien souvent, on pourrait le faire à l'aide d'un portail. Je vais vous donner un exemple d'un tel cas. EDC a fait face à une situation semblable, par exemple. EDC offre des services considérables à nos PME lorsqu'elles mènent des activités à l'étranger, mais sa portée est limitée parce que l'organisme ne s'occupe que des appels entrants. À vrai dire, nous travaillons avec EDC pour établir un portail qui lui procurera une exposition auprès de la collectivité, qui sera mieux informée de ses services.
Nous sommes d'avis — la direction actuelle de l'ACTI et le conseil d'administration — qu'une grosse partie du problème au Canada tient au fait que nous devons relier les différents points qui sont là sur le terrain. Tout le monde essaie de faire de bonnes choses en toute bonne foi, mais les points ne sont pas nécessairement bien reliés. Alors, si nous pouvons relier certains de ces points afin de mobiliser la collectivité, nous pouvons ajouter une énorme valeur, même à une consultation. Si vous tenez une tribune au Nouveau-Brunswick, l'OPIC pourrait être l'un des conférenciers invités, ou son portail pourrait être accessible, et les entrepreneurs locaux pourraient venir s'informer de ce qu'ils doivent faire, parce que le processus de brevets canadien est très complexe.
Comme l'a mentionné mon collègue ici, les recherches qu'il faut entreprendre — qu'il s'agisse de la recherche sur la contrefaçon ou de la recherche d'antériorités —, il y a toute une foule de recherches. C'est un processus très complexe. Très souvent, les petites entreprises n'y arrivent pas, et elles ont du mal. Lorsqu'elles accomplissent enfin quelque chose... après les recettes, c'est très dur. Alors, il y a place à la collaboration et à la diffusion de l'information par l'intermédiaire des associations.
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Vous avez raison. Parmi toutes les industries canadiennes, notre secteur est probablement celui qui a fait face à la plus grande concurrence internationale. L'émergence de pays où les coûts de main-d'oeuvre sont plus bas a fait mal, mais le fait qu'elle soit combinée à la hausse du dollar a rendu les choses encore plus difficiles, étant donné que cette hausse a provoqué une hausse du coût de la main-d'oeuvre dans notre secteur.
Bien sûr, à long terme, le meilleur moyen de s'adapter à cela est d'accroître la productivité, mais aussi de se concentrer sur des activités moins intensives en matière de main-d'oeuvre, mais plus intensives du côté de la R et D. C'est ce qu'on commence à appeler dans notre secteur « le secteur manufacturier de pointe ». Dans l'avenir, vous serez étonnés de voir que, comparativement à il y a 20 ans, les nouvelles usines du secteur manufacturier compteront vraiment moins de personnel. Cependant, les travailleurs de ce secteur seront beaucoup plus instruits. Il va s'agir d'ingénieurs, de chercheurs, etc.
Il est difficile de dire combien d'emplois seront touchés, mais nous savons de quelle façon cela va toucher les investissements des entreprises de R & D. Dans notre secteur, les activités seront beaucoup plus axées sur le design que sur l'assemblage. Ce genre de crédits d'impôt est important lorsqu'une compagnie de chez nous prend des décisions en matière d'investissements, mais il ne faut pas oublier non plus les compagnies d'ailleurs qui recherchent le meilleur environnement où faire des affaires.
Nous avions par le passé un immense avantage concurrentiel du fait que notre dollar était plus bas que celui de bien d'autres pays avec lesquels nous faisions affaire. Or cet avantage n'existe plus, surtout par rapport aux États-Unis, comme vous l'avez dit. Comme les autres pays, les États-Unis prennent des mesures fiscales agressives pour attirer ce nouveau secteur manufacturier de pointe. À Montréal, par exemple, on parle d'Electrolux et de Kruger, qui sont allés dans des endroits comme Memphis, aux États-Unis. Certains États sont aussi très agressifs du point de vue fiscal.
Je ne pense pas qu'il faille jouer à qui va taxer le moins, mais il faut agir là où sont nos forces. Comme notre secteur universitaire est assez efficace, il faut en profiter. Nous avons aussi une main-d'oeuvre assez qualifiée. Il y a des lacunes dans certains secteurs et c'est problématique, mais il faut appliquer des systèmes fiscaux qui vont permettre aux industries de prendre des risques dans ces domaines.
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Merci de me donner l'occasion de continuer à énoncer ces critères.
J'ai fait un peu de recherches. J'étais le président général de la conférence que j'ai mentionnée. Quelques exposés se rapportaient à cette transition technologique de la R-D à la commercialisation, et j'ai regroupé les idées suivantes.
Premièrement, il y a la vision du besoin. De toute évidence, il faut qu'il y ait un besoin de commercialiser. Il doit y avoir un problème du point de vue du consommateur que vous devez régler.
Deuxièmement, il y a la bonne technologie. Nous devons produire une bonne technologie. Les technologues qui dirigent l'innovation doivent être très persistants.
Troisièmement, il y a l'entretien de bonnes relations fonctionnelles avec les partenaires. Il doit y avoir des partenaires: certains, industriels, d'autres, gouvernementaux, évidemment et des partenaires de recherche, peut-être dans le secteur de l'enseignement.
Quatrièmement, il y a les programmes à financement conjoint. Ces programmes sont très importants. Ils constituent la solution pour assurer la valeur technologique. Il ne s'agit pas seulement de financer le volet R-D; il faut aussi financer le volet de la commercialisation, surtout pour les PME. Nous ne parlons pas des grandes sociétés qui comptent plus de 500 employés. Nous parlons de la majorité des membres qui appartiennent à l'ACTI, par exemple. J'ai entendu dire que 65 p. 100 d'entre eux comptaient moins de 500 employés.
Cinquièmement, il y a le solide soutien de l'utilisateur.
Le dernier critère est la planification de la transition par l'intermédiaire du PARI. L'entreprise, la société, de toute évidence, doit avoir mis en place un plan de transition de la R-D à la commercialisation.
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C'est une très bonne question.
L'OPIC est évidemment quelque chose que nous avons envisagé, comme l'ont fait toutes les autres PME avec lesquelles nous avons communiqué, ainsi que les gros joueurs. Nous travaillons sur le marché de la sécurité militaire et publique, alors les grands entrepreneurs de la défense interviennent aussi ici. Je vais seulement parler à la lumière de notre expérience.
Pour une PME, il est actuellement très difficile de compétitionner dans le cadre du PCCI. Il cible les applications précommercialisées et mises à l'essai. Notre problème, c'est que, pour parvenir à l'étape de la précommercialisation, on aura mené la R-D, on aura peut-être déposé une demande de brevet si on en ressent le besoin et on se sera peut-être rendu jusqu'à l'étape de la précommercialisation. Mais on n'a pas encore cette mobilisation de l'utilisateur; il n'y a toujours pas de stimulation de la demande.
Il est très difficile pour nous, une PME, d'apporter une solution au problème de tout le monde, alors nous tentons de créer un créneau, d'attirer un sous-groupe de clients. Les gros joueurs ont la capacité — parce qu'ils ont déjà des contrats, offrent déjà des produits livrables, offrent déjà des services et des produits à la majorité de leurs clients — de prendre leurs innovations à l'étape de la R-D et de les mettre à l'essai chez ces clients, tandis que nous nous heurtons à un obstacle insurmontable et sommes incapables de combler le fossé.
Si nous ne réussissons pas à mettre à l'essai nos produits et services chez le client, alors il n'y a aucune possibilité réelle d'application du PCCI — le PCCI exige en fait que vos choses aient déjà été mises à l'essai — et, de toute évidence, aucune possibilité réelle de mise à l'essai plus en profondeur auprès d'une clientèle particulière.
Quant aux aspects à améliorer, je regarde simplement nos voisins aux États-Unis et certains programmes qu'ils ont établis, qui ne sont pas adaptés aux PME et ne les ciblent pas. Peut-être que le PCCI pourrait être amélioré de sorte que les PME auraient une clientèle particulière qu'il pourrait courtiser au Canada, plutôt que de compétitionner contre chaque compagnie qui existe au Canada.
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D'un point de vue méthodologique, j'aimerais juste dire que cette comparaison prend en considération le remboursement des investissements. Pour chaque dollar qu'une grande compagnie dépense en R et D, — on n'a pas examiné ce qu'il en est pour les petites compagnies —, combien d'argent est retourné au système d'imposition? En fait, le système d'imposition a deux facteurs, soit le taux d'imposition des entreprises et le crédit d'impôt. Un crédit d'impôt de 20 p. 100 sur un taux d'imposition de 30 p. 100 est plus favorable qu'un crédit d'impôt de 20 p. 100 sur un taux d'imposition de 50 p. 100. Donc, il faut regarder les deux.
En 2008, quand notre taux d'imposition était plus élevé, on avait un crédit d'impôt de 20 p. 100 en vertu du programme de la RS&DE. Pour chaque dollar dépensé en R et D par une grande compagnie, 18 ¢ lui revenaient grâce au crédit d'impôt fédéral. En 2012, soit cette année, compte tenu des réductions du taux d'imposition des compagnies, le remboursement est un peu plus important pour la raison que j'ai mentionnée, c'est-à-dire que notre taux d'imposition a diminué, mais notre crédit d'impôt est resté le même.
Les autres pays ont aussi été rigoureux, soit en abaissant le taux d'imposition des entreprises, soit en augmentant le crédit d'impôt en R et D. C'est donc dire que des pays ont été plus rigoureux que nous sur ces deux éléments et qu'ils sont passés devant nous.
La réduction du crédit d'impôt de 5 p. 100 va nous ramener à un remboursement des investissements de l'ordre de 13,6 ¢ pour chaque dollar investi en R et D. Je crois que c'est là le chiffre qu'on retrouve dans notre rapport. C'est en deçà de ce qu'il était en 2008, même si le taux d'imposition des entreprises était plus élevé.
Selon nous, cela va nous amener au 17e rang. Comme on en a discuté tout à l'heure, le rang, ce n'est qu'un rang: 17e, 13e ou 9e. Or, ce qui est beaucoup plus préoccupant pour nous et ce qu'on voit, c'est que les pays qui seront dorénavant devant nous ne seront pas seulement des pays industrialisés; ce seront de plus en plus des pays qu'on appelle des pays en développement ou en voie de développement.
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C'est un gros problème. Je pense qu'on en a déjà discuté ici, avec d'autres témoins, dans le passé.
On a besoin d'agrandir davantage nos entreprises. Par rapport aux crédits d'impôt en R et D, l'OCDE et d'autres observateurs canadiens ont dit que, au Canada, même si l'on tient compte du crédit d'impôt du programme de la RS&DE, on passe à un crédit d'impôt non remboursable de 20 p. 100 à un crédit d'impôt remboursable de 35 p. 100, selon la taille de l'entreprise. De plus, ça ne prend pas grand-chose pour traverser cette ligne. En fait, on utilise la définition de la Canadian-Controlled Private Corporation. Je crois savoir qu'il s'agit d'un revenu imposable de l'ordre de 400 000 $.
Cela fait en sorte que certaines personnes, comme Mark Pearson, de PricewaterhouseCoopers, qui a publié un rapport l'année dernière, disent que c'est presque une barrière à la croissance des petites entreprises. En effet, si elles dépassent tout d'un coup ce niveau une année, elles perdent 15 p. 100 de leurs crédits d'impôt. Si elles ne sont pas dans une situation profitable, elles ne pourront plus avoir accès au remboursement.
Dans son rapport publié avant l'été, l'OCDE disait que vous devriez réduire un peu les crédits d'impôt pour les petites entreprises et les réaffecter à des activités de soutien direct pour, notamment, harmoniser un peu le crédit d'impôt offert à toutes les entreprises. Pour répondre à votre question, je dirais que l'OCDE trouvait que, pour les petites entreprises, c'est beaucoup plus important de faire du soutien direct, parce que c'est dans des activités de précommercialisation ou de commercialisation de la recherche que, souvent, on a besoin d'aide.
Pour les grandes entreprises, le crédit d'impôt est peut-être plus important, en ce sens qu'elles ont un capital beaucoup plus mobile que les petites entreprises. Comme je l'ai dit auparavant, les multinationales ont la capacité d'aller dans les endroits les plus favorables, tandis que les plus petites entreprises n'auront peut-être pas cette capacité.
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Merci, monsieur le président, et je veux remercier nos invités d'être ici aujourd'hui. La séance a été très intéressante.
Je sais que j'ai l'air un peu distrait, mais il y a un dégât d'eau dans mon sous-sol. On est en train de rétablir la situation.
Tout d'abord, j'ai une question de base, à laquelle n'importe qui peut répondre.
Un certain nombre d'entre vous ont parlé de l'harmonisation du système de brevets. J'ignore ce qui se passe dans d'autres pays pour ce qui est du système de brevets. Diriez-vous que d'autres pays font de leur système de brevets un avantage concurrentiel et s'en servent afin de vous inciter à aller là-bas pour profiter de leur régime de brevets? Lorsque vous parlez d'harmonisation, est-ce que vous voulez dire que nous devrions faire de même? Est-ce eux qui doivent faire comme nous? Devrait-on avoir en Amérique du Nord un système de brevets uniformes?
Ma préoccupation au sujet des États-Unis, c'est que le système est extrêmement judiciarisé. Le gouvernement aime prétendre qu'il laisse les gens libres de procéder comme ils veulent, mais je crois que le gouvernement américain intervient lourdement dans les activités là-bas, à tous les échelons, beaucoup plus qu'au Canada.
J'aimerais qu'on me donne une opinion sur ce que vous entendez par harmonisation et le fait que d'autres pays seraient intéressés par cette initiative. N'importe qui peut répondre.
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Je vais répondre à votre question en premier.
Pour répondre à votre première question, celle de savoir si un brevet sert d'avantage concurrentiel, cet aspect n'est pas isolé. Cela s'inscrit dans les enjeux plus généraux. Dans la plupart des pays, la taille du marché est supérieure à celle du Canada, alors, quand il s'agit d'attirer le talent, les capitaux et les innovations, les brevets sont seulement une composante.
Ils offrent effectivement un processus de brevetage plus facile. Lorsque j'étais dans le secteur privé, nous obtenions un brevet aux États-Unis, dans les pays européens et au Japon avant de revenir au Canada pour obtenir un brevet, parce que les marchés étaient plus importants, ils présentaient un meilleur incitatif, et le processus était plus facile.
Cela s'inscrit dans un contexte plus large — ce n'est pas un élément isolé — qui constitue une stratégie d'attraction. Il y a plusieurs éléments en jeu à l'heure actuelle.
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Je suggère, par exemple, qu'une catégorie soit ajoutée au PCCI pour les PME. Je prends le point de vue des PME. Je n'ai pas dit que les entreprises canadiennes ne peuvent pas commercialiser leur R-D; elles en sont effectivement capables. Ce sont les PME qui ont de la difficulté à commercialiser leurs innovations.
Nous devons toujours faire preuve de jugement. Nous voulons protéger notre propriété intellectuelle, nous devons revoir le processus des brevets et nous demander: voulons-nous breveter ce produit? Voulons-nous obtenir le droit d'auteur? Voulons-nous garder le secret commercial ou voulons-nous le rendre public? Nous allons prendre une de ces voies et, au bout du compte, si nous choisissons le brevet, nous devons assumer des coûts importants, qui perturbent notre trésorerie. Nous devons assurer la saine gestion des mouvements de trésorerie afin que nous puissions breveter nos produits.
Ensuite, s'il y a des poursuites relatives à la propriété intellectuelle, s'il faut appliquer les droits de propriété intellectuelle, avons-nous les moyens de le faire? Probablement pas. Si une grande entreprise s'en prend à notre brevet et dit qu'il y a contrefaçon, nous devrons probablement nous en départir, malheureusement.
S'il y avait une catégorie pour les PME dans le PCCI, par exemple, nous aurions au moins une solution pour commercialiser la R-D; nous avons investi tant d'argent dans le brevetage en vue d'une commercialisation. L'application des droits est un tout autre sujet de discussion.
Je souligne le PARI, qui est un excellent programme et qui a été utile pour notre PME. Par contre, le mandat du PARI a changé. Nous avons participé pendant trois ou quatre ans au PARI, avec lequel vous avons mis en oeuvre deux grands projets sur cinq ans. Au début, il y avait beaucoup de recherche et peu de développement. On voulait beaucoup de recherche et peu de développement, alors il n'était même pas question de précommercialisation. Par la suite, il y avait peu de recherche et beaucoup de développement. Cela fait en sorte que des entreprises ne sont plus dans la course, particulièrement des PME, parce qu'elles doivent planifier pour les prochaines années. Nous ne pouvons tout simplement pas faire cela chaque année.
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Merci, monsieur le président.
Pour ce qui est de la valeur élevée du dollar canadien, je dirais que c'est une bonne chose. Des situations entraînent certains problèmes, mais, dans l'ensemble, un dollar canadien fort laisse sous-entendre que l'économie canadienne est solide. Je crois que nous ne devons pas l'oublier. Actuellement, l'économie est plus forte que celle de presque tous les pays industrialisés du monde. C'est une bonne chose pour les Canadiens.
Je veux me pencher sur deux ou trois points concernant la RS et DE. Les deux principes sur lesquels je veux mettre l'accent ici sont le concept de l'équilibre et de l'amélioration continue. Les Canadiens s'attendraient à ce que le gouvernement cherche constamment des façons de garder l'équilibre que nous avons atteint et les mécanismes que nous utilisons.
Le terme « équilibre » a également un impact considérable sur mes électeurs. La priorité est d'équilibrer le budget d'ici 2015 afin que l'on puisse avoir une bonne idée de nos dépenses. Sur le plan des changements, nous tentons notamment de nous assurer que, si nous apportons nos changements dans un secteur, nous contribuons à un autre.
Pour ce qui est du PARI, je vais lire un extrait du budget:
Le Plan d'action économique de 2012 propose d'affecter 110 millions de dollars additionnels par année au Conseil national de recherches à compter de 2012 2013 afin de doubler le financement du Programme d'aide à la recherche industrielle. Le Conseil national de recherches pourra ainsi appuyer un plus grand nombre de petites et moyennes entreprises innovatrices qui créent des emplois de haut calibre, ainsi qu'étendre la portée des services offerts aux entreprises par les conseillers en technologie industrielle du Programme. Le Conseil national de recherches créera également un service de guide expert qui fournira de l'information et de l'aide aux petites et moyennes entreprises afin qu'elles puissent se prévaloir efficacement des programmes fédéraux de soutien à l'innovation.
Je vais peut-être commencer avec M. Davies. Quelle est l'importance de cette mesure, qui vise à améliorer la situation des petites et moyennes entreprises au Canada?