Bienvenue à cette 73e séance du Comité permanent de l'industrie, des sciences et de la technologie.
Nous allons en fait avoir deux réunions d'une heure chacune, car malgré les avancées rapides de la technologie, il semble toujours impossible de tenir des vidéoconférences avec des témoins ne s'exprimant pas dans la même langue.
Pour la première heure de notre séance, nous accueillons M. Martin Lavoie qui est présent parmi nous. Il est directeur des politiques, Compétitivité et innovation, pour Manufacturiers et exportateurs du Canada. Par vidéoconférence, nous accueillons, de la Fédération des chambres de commerce du Québec, Mme Françoise Bertrand, présidente directrice générale ainsi que M. François Morin, président du Comité de la technologie de l'information.
Nous allons débuter dès maintenant avec le témoin ici présent.
Monsieur Lavoie, je crois qu'on vous a indiqué que vous avez droit à environ six minutes pour votre déclaration préliminaire. À vous la parole.
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C'est bien ce qu'on m'a dit. Je vous remercie.
Je suis présent parmi vous et je ne suis pas un robot. Merci de votre invitation.
Monsieur le président et mesdames et messieurs les membres du comité, je me réjouis d'avoir l'occasion de discuter avec vous de l'importance de l'adoption des technologies numériques par les PME.
Pour bien des PME, l'adoption des technologies numériques dans un contexte d'affaires est souvent assimilée au cybercommerce. Dans le domaine manufacturier, ce concept de commerce électronique va cependant plus loin que les simples activités d'achat de biens ou de services via Internet. Nous estimons que les transactions interentreprises représentent de 80 à 90 p. 100 de l'ensemble des activités cybercommerciales. Chez nos membres, ces transactions interentreprises interviennent dans deux grands secteurs de l'activité commerciale, à savoir la gestion de la chaîne d'approvisionnement via l'intégration des fournisseurs au processus manufacturier de telle sorte que les parties et les composantes puissent être commandées et livrées « juste à temps », et la recherche et le développement, avec la mise à contribution des solutions numériques pour échanger et analyser de grandes quantités de données et réaliser des simulations conjointes avec nos partenaires de recherche.
Outre les plateformes interentreprises, les sociétés manufacturières mettent aussi à profit les technologies numériques à des fins comme la recherche et le développement, la conception rapide de prototypes et les chaînes de montage. L'adoption de ces technologies a déjà eu un impact considérable sur la productivité des entreprises. Il leur est désormais possible de concevoir, de tester, de commercialiser et de vendre des produits de consommation complexes en se servant des outils du cybercommerce et en établissant virtuellement des liens entre différents fournisseurs mondiaux. Prenons l'exemple du secteur automobile. Il y a une décennie à peine, il fallait compter de cinq à sept ans entre la conception d'un véhicule et son arrivée dans une salle de montre. Ce délai est maintenant passé à deux ou trois ans en moyenne. Les activités de recherche et développement, bien qu'elles relèvent toujours du contrôle de l'entreprise, sont dorénavant menées par l'entremise de différents portails à l'échelle planétaire.
Au Canada, environ 50 p. 100 de l'ensemble des investissements en machinerie et équipement visent l'acquisition de matériel pour les technologies de l'information et des communications (TIC). Si l'on compare à la situation d'il y a 20 ans, alors que la quasi-totalité des investissements visait l'achat d'équipement qui n'avait rien à voir avec les TIC, on constate que d'importants progrès ont été réalisés. Il y a toutefois encore beaucoup à faire. Parmi les défis qui se posent au Canada, il y a la nécessité d'accélérer l'adoption des technologies numériques par les entreprises de manière à rattraper notre retard par rapport au reste de la planète, et surtout comparativement aux États-Unis. Selon le plus récent « État des lieux » publié la semaine dernière par le Conseil des sciences, de la technologie et de l'innovation, le Canada se situait en 2009 au neuvième rang parmi les 20 pays analysés pour ce qui est des investissements des entreprises dans le matériel TIC. Bien que le Canada se tire mieux d'affaire que certaines autres économies bien développées, comme la France, le Japon, la Finlande et l'Allemagne, il accuse toujours du retard par rapport aux cinq pays les plus performants: les États-Unis, la Suède, le Danemark, le Royaume-Uni et la Nouvelle-Zélande. Ainsi, les investissements des entreprises canadiennes au titre du matériel TIC correspondent à environ 42 p. 100 de ceux des sociétés américaines.
Permettez-moi de traiter brièvement des mesures que le gouvernement pourrait prendre selon nous pour accélérer l'adoption de ces technologies par les PME.
Voyons d'abord ce qu'on pourrait faire du côté du traitement fiscal du matériel TIC. Cela toucherait donc les dépenses en immobilisations reliées aux technologies de l'information et des communications. Bien que le Canada ait fait certains progrès au cours des dernières années en permettant aux entreprises d'amortir une plus large part de leurs investissements en matériel technologique, la plupart des autres pays ont choisi une approche beaucoup plus énergique pour accélérer l'adoption d'équipements semblables. À titre d'exemple, en rendant inadmissibles les dépenses en immobilisations aux fins du crédit d'impôt pour la recherche scientifique et le développement expérimental (RS-DE), une mesure qui entrera pleinement en vigueur l'an prochain, le Canada deviendra l'un des rares pays au monde à ne pas offrir un crédit d'impôt significatif ou un taux d'amortissement accéléré pour favoriser l'adoption du matériel TIC à des fins de recherche et développement. J'encouragerais donc vivement le gouvernement à revoir sa décision d'éliminer complètement les dépenses en immobilisations dans le cadre du crédit RS-DE.
Pour ce qui est de la machinerie et du matériel acquis aux fins de la production comme telle, et non pour les activités de recherche et développement, il n'existe pas au Canada d'incitatifs fiscaux pour accélérer l'adoption des TIC. La déduction pour amortissement accéléré des machines et des équipements utilisés pour la fabrication et le traitement ne s'applique pas aux ordinateurs, aux systèmes de traitement de données et aux logiciels qui font partie d'une catégorie d'actifs différente suivant les règles de l'ARC. Il faut toutefois préciser que le gouvernement fédéral a déjà offert une déduction pour amortissement accéléré s'appliquant spécifiquement au matériel TIC entre 2009 et 2011, mais ce fut seulement pour ces deux années-là.
On pourrait aussi songer à accélérer l'adoption du matériel TIC en misant sur d'autres formes de soutien, comme le financement direct ou des programmes de bons à l'innovation. Comme l'amortissement accéléré n'est pas nécessairement suffisant, surtout pour les PME qui ne réalisent pas encore de bénéfices, d'autres pays ont eu recours à des programmes de bons à l'innovation technologique pour favoriser l'acquisition de matériel numérique. C'est notamment le cas de l'Autriche, de la Belgique, du Danemark, de la Finlande, des Pays-Bas et du Royaume-Uni, alors que d'autres pays songent à leur emboîter le pas. On peut ainsi établir un programme offrant des bons pour l'acquisition de services-conseils en cybercommerce, en logiciels d'intégration des systèmes ou en contenu numérique. Ce serait une autre avenue à envisager par le gouvernement dans le contexte canadien.
Nous avons au Canada le Programme-pilote d'adoption de la technologie numérique, mais je crois que son financement prendra fin cette année. Je ne sais pas si le financement a été renouvelé ou le sera pour ce programme d'une durée de trois ans.
Il s'agissait d'un bon point de départ, malgré que l'acquisition d'ordinateurs, de matériel informatique et de logiciels de série n'était pas admissible au financement offert dans le cadre de ce programme. Un peu plus de 600 entreprises auront bénéficié d'une aide financière à la fin de ce programme de trois ans. C'était une bonne initiative, mais vous conviendrez avec moi qu'il faut en faire davantage pour mobiliser un plus grand nombre de PME canadiennes.
J'aimerais vous entretenir en troisième lieu des politiques en matière de libre accès qui sont essentielles à la capacité concurrentielle du Canada sur le marché numérique. On entend souvent dire que le Canada fait bien piètre figure pour ce qui est des coûts d'accès à Internet et de la rapidité du service.
Il est primordial que le gouvernement mette en oeuvre des règles visant à favoriser le libre accès en obligeant les propriétaires des réseaux Internet à partager leurs infrastructures avec leurs concurrents de plus petite taille. Le choix est encore très limité et les obstacles sont nombreux, ce qui fait qu'il y a encore très peu de grands édifices commerciaux et institutionnels qui se sont convertis aux fibres optiques. Je crois d'ailleurs que les représentants de la FCEI vous ont parlé de ce choix insuffisant lorsqu'ils ont comparu devant vous. Je ne vais pas m'y attarder davantage; je vous dirai seulement que nous partageons en grande partie les préoccupations qu'ils ont exprimées.
En conclusion, je veux insister à nouveau sur l'importance de la technologie numérique pour la productivité dans le secteur manufacturier et d'autres sphères de l'économie. Je pense qu'il serait bon que le gouvernement examine les programmes existants et ce qui se fait ailleurs dans le monde pour déterminer les moyens à mettre en oeuvre afin d'accélérer l'adoption du matériel TIC.
Merci beaucoup.
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Je vous remercie beaucoup, monsieur le président, de nous donner l'occasion de nous adresser aujourd'hui au comité.
Comme vous le savez, les innovations technologiques transforment depuis toujours nos façons de faire et contribuent directement à l'essor économique mondial. Historiquement, le Canada et le Québec ont toujours été des symboles en matière d'innovations technologiques. C'est très important de le souligner.
Les exemples d'apports positifs des technologies abondent et les entreprises de tous les secteurs profitent constamment de l'avancement en matière de technologies de l'information et de communications. On oublie trop souvent que les tous premiers guichets automatiques ont été conçus et installés au Québec, que c'est à Montréal que le traitement de texte a vu le jour et que c'est aussi ici que le téléphone a été inventé. On retrouve au Canada et au Québec un bon nombre d'entreprises technologiques reconnues mondialement, de centres de compétences mondiaux et de multinationales. En tant que société, nous devons en tout temps trouver des solutions novatrices aux nouveaux défis.
À l'heure actuelle, on assiste à un essoufflement dans la recherche et le développement, à une pénurie de ressources spécialisées, à des lacunes sur le plan de la formation, à un manque de promotion à l'endroit des jeunes et à un certain désengagement de la part des gouvernements, qui ont le pouvoir de créer les conditions favorables à l'innovation comme facteur de compétitivité et de productivité.
Pour assurer leur avenir et se démarquer sur l'échiquier mondial, le Canada et le Québec doivent se poser les bonnes questions. Réduire l'investissement dans les technologies de l'information est une solution à court terme. Certes, un tel repli a la vertu d'assainir le bilan d'une entreprise, mais seulement pour quelques trimestres. À terme, l'entreprise perd non seulement sa capacité de produire à meilleur coût, mais également son intelligence. Elle sacrifie son aptitude à créer de nouveaux produits et saborde son habileté à les produire plus efficacement.
Chaque étude importante menée au Canada et aux États-Unis arrive d'ailleurs aux mêmes conclusions. Nous devons encourager et investir dans les sources de la croissance à long terme. De toute évidence, les bases de cette croissance viendront du secteur technologique pour améliorer la productivité et donner à nos entreprises canadiennes et québécoises toute la souplesse de production que réclame le nouvel ordre mondial. À cet égard, la Fédération des chambres de commerce du Québec veut formuler quelques recommandations.
En tant que gouvernements, entreprises et organisations, on se doit de promouvoir une culture de l'innovation en faisant prendre conscience des défis à relever et en proposant des actions qui placeront le Canada et le Québec à l'avant-plan. Nous nous devons d'instaurer ou de bonifier les programmes gouvernementaux privilégiant l'investissement technologique en entreprise. Nous devons développer une politique de l'économie numérique canadienne propice au développement de l'innovation et de la productivité. Nous devons aussi aider les dirigeants canadiens à mieux comprendre le rôle toujours plus important des technologies dans le développement de notre économie et à les encourager à faire preuve d'engagement vis-à-vis de cette cause. D'autre part, nous devons aussi encourager les entreprises canadiennes à démontrer un leadership et à se mobiliser afin de prospérer en tant que pays.
En terminant, nous devons démontrer que le progrès technologique demeure le meilleur et le plus efficace catalyseur pour stimuler l'innovation des affaires.
Merci beaucoup.
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À ce chapitre, il est davantage question de portails Web et de services Internet utilisés pour la gestion de la chaîne d'approvisionnement. Je suppose qu'il y a 30 ans, on avait recours pour ce faire au téléphone, au télécopieur, aux copies carbone ou à des trucs semblables. Il fallait compter un certain temps pour connaître la quantité de produits en inventaire, placer des commandes auprès d'un fournisseur et mettre les produits à la disposition des consommateurs. Avec les services Internet interentreprises, tout cela peut bien sûr se faire en temps réel.
Et les possibilités ne se limitent pas au secteur manufacturier. Lorsque vous achetez un produit dans un magasin grande surface, on peut savoir automatiquement ce qui reste en inventaire. Il est possible qu'un message soit envoyé du même coup au fournisseur pour passer une commande d'une centaine d'unités. Tout cela se fait automatiquement.
Voilà qui permet une hausse de productivité considérable, mais elle n'est pas attribuable à la machinerie et au matériel; elle est davantage le fait du recours aux services Internet pour optimiser les relations avec vos clients, vos fournisseurs ou vos partenaires de recherche.
À titre d'exemple, on dispose maintenant d'ordinateurs très performants pour effectuer des simulations. Dans certains secteurs, comme l'aérospatiale, on peut ainsi simuler certains types d'environnement pour mesurer leur influence sur le matériel. Un ordinateur de haute performance peut permettre de relier tous les partenaires de recherche au même système virtuel.
Cela nécessite un équipement très perfectionné, mais je crois qu'il faut surtout garder à l'esprit qu'un logiciel de pointe a besoin d'un ordinateur de dernière technologie, et que celui-ci doit être connecté à un réseau rapide. Si votre édifice est doté d'une infrastructure désuète à fils de cuivre, il ne vous servirait à rien d'acquérir un ordinateur haute performance pour mener vos activités de recherche et développement.
C'est pourquoi je voulais aussi souligner — comme l'ont fait également les gens de la FCEI, si je ne m'abuse, lors de leur témoignage — qu'une conversion du fil de cuivre à la fibre optique s'impose dans certains édifices si l'on veut bénéficier de tous les avantages formidables que peut nous procurer la technologie.
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Monsieur Morin pourra certainement compléter ma pensée à ce sujet.
Oui, nous pensons qu'une politique numérique serait essentielle pour envoyer un message. Le problème principal est l'accessibilité aux réseaux. Il faut s'assurer d'y avoir accès en rendant les technologies de l'information suffisamment abordables. Un dollar fort nous offre cette possibilité.
D'autre part, il faut que notre pensée soit cohérente afin de soutenir la petite entreprise. Mon collègue, M. Lavoie, a parlé d'entreprises, mais il s'agit certainement d'entreprises de taille moyenne et non de petites entreprises. Il faut envoyer un signal aux gens en leur indiquant qu'ils doivent avoir de la formation.
Pour bien mener son entreprise aujourd'hui, ce n'est plus suffisant d'avoir des notions en matière de comptabilité ou en matière juridique. Désormais, il faut inclure dans notre équipe des jeunes qui connaissent les technologies afin d'incorporer dans notre commercialisation et nos réseaux d'affaires des méthodes découlant beaucoup plus du XXIe siècle. Assurément, une politique numérique pourrait donner les incitatifs nécessaires sur le plan financier, mais elle permettrait avant tout d'annoncer haut et fort qu'il est essentiel que les entreprises suivent le pas en ce qui a trait aux diverses tendances numériques. Il n'y a pas que la fibre optique, car on se dirige de plus en plus vers des plateformes mobiles.
Mon collègue veut-il ajouter quelque chose à ce sujet?
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Absolument. Je suis d'accord avec vous pour dire que ces programmes ont été faits un peu à la pièce.
L'adoption des technologies numériques est un moyen d'arriver à une fin. Selon moi, la fin qu'on recherche est une plus grande productivité. L'adoption des technologies numériques n'est pas le seul moyen d'y arriver, mais fait partie d'un ensemble plus large. Mme Bertrand parlait de la formation de la main-d'oeuvre. Il s'agit bien sûr d'un autre moyen. Le traitement des dépenses en capital dans le système fiscal est aussi un autre moyen très important d'y arriver. On ne peut pas souhaiter, d'une part, que les entreprises achètent plus d'équipement, et de l'autre, enlever le traitement fiscal favorable pour l'achat de ces équipements. C'est dire une chose et son contraire.
Entre 2009 et 2011, on a permis la dépréciation accélérée de certains équipements de télécommunications, tels que des ordinateurs, mais cela n'a duré que deux jours. L'objectif était de stimuler l'économie en temps de récession mondiale. Selon moi, l'objectif à long terme n'est pas seulement de stimuler l'économie, mais vraiment d'atteindre une plus grande productivité. Il s'agit à mon avis d'un objectif à long terme et, si on le voulait, on pourrait se donner cet objectif pour les cinquante prochaines années.
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Madame Bertrand, j'aurais quand même trouvé intéressant d'entendre votre opinion à ce sujet.
À mon avis, il y a énormément de choses à faire en ce qui a trait aux prochaines mises à l'encan des spectres. C'est important d'offrir des spectres à large bande dans le domaine des télécommunications.
Cela m'amène à parler d'un autre débat très important en matière de télécommunications, soit celui de la déréglementation des investissements étrangers dans toute la planification de l'économie numérique.
Dans l'ensemble, il y a une réflexion à faire au regard de l'octroi des spectres et des bandes. C'est ce qu'on demande dans le domaine de l'économie numérique. On souhaite, comme le disait notre collègue M. Lavoie, qu'il y ait une réflexion, que les questions soient posées, que les réponses soient données et que le Canada puisse se doter d'une stratégie d'économie numérique incluant les télécommunications, les technologies de l'information, les applications et le développement de logiciels et des équipements.
À mon avis, il faut tenir compte de tous ces facteurs dans la conception d'une stratégie d'économie numérique qui incluent toutes les technologies de notre société afin de donner encore au Canada une position de leader à l'échelle mondiale. C'est ce qui manque en ce moment.
J'ai examiné la situation dans les pays offrant des programmes de bons à l'innovation pour favoriser l'adoption de la technologie numérique. Dans certains cas, ces programmes visaient le cybercommerce, une application sans doute plus générale qui pourrait être accessible à différentes industries.
Il va de soi que dans notre secteur, celui de la fabrication, il serait intéressant de pouvoir compter sur un système de bons pour le cybercommerce. L'innovation dans la chaîne d'approvisionnement et les activités conjointes de recherche et développement pourraient sans doute représenter deux possibilités intéressantes.
Pour ce qui est des programmes numériques à proprement parler, avec des incitatifs semblables à ce qui est offert pour le cybercommerce, on peut penser à des pays comme l'Italie qui offre quelque chose d'intéressant.
Il y a d'autres programmes, comme ceux des pays scandinaves. En Finlande et en Norvège, par exemple, ils visent davantage l'innovation numérique en ne se limitant pas au commerce électronique. Je pense que la formule pourrait aussi être bénéfique pour le secteur manufacturier, car le cybercommerce n'est que l'une des technologies numériques à notre disposition. Comme je le disais tout à l'heure, il s'agit de savoir comment vous allez convertir vos vieilles machines en de l'équipement moderne relié à Internet pour vous permettre d'avoir accès à des données sur vos processus de production.
Ce serait une belle façon de compenser l'élimination des dépenses en immobilisations pour l'acquisition de machinerie et de matériel aux fins du crédit d'impôt pour la RS-DE, car ces équipements servent aux fins de la recherche et du développement, et pas uniquement pour la fabrication.
Le crédit d'impôt et le système de bons à l'innovation sont deux façons différentes d'arriver au même résultat.
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Je peux vous donner l'exemple de ce que fait le gouvernement du Québec avec le crédit d'impôt pour le développement des affaires électroniques.
Ce programme a été mis en oeuvre il y a une dizaine d'années et va prendre fin en 2015. Cela a été une courroie de transmission pour l'économie numérique au Québec. Des entreprises, autant des PME que des grandes entreprises, en ont bénéficié. Cela a même été une courroie de transmission pour des entreprises internationales. Notamment, la compagnie SITA, ainsi que d'autres entreprises internationales, sont venues s'établir à Montréal pour bénéficier de ce crédit. Ce programme est très simple en termes d'application. Je pense que c'est un bel exemple de ce qui se fait au Québec.
Le gouvernement évalue présentement s'il va renouveler le programme. À la Fédération des chambres de commerce du Québec, nous prônons fortement son renouvellement, et même son élargissement, pour que le secteur manufacturier, dont notre collègue M. Lavoie fait partie, y soit inclus.
Je pense que c'est un très bel exemple et qu'il pourrait être considéré au niveau fédéral. C'est un programme simple en termes d'application et il fonctionne très bien quant aux affaires électroniques.
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Je crois qu'on s'entend pour dire que la productivité est l'un des plus importants facteurs de croissance économique. C'est surtout le cas dans le secteur manufacturier, mais ce l'est également dans d'autres secteurs. Dans le secteur du commerce de détail et dans d'autres secteurs, les enjeux de productivité peuvent provoquer une baisse de prix relativement au nombre d'unités vendues. Dans notre secteur, il s'agit du nombre d'unités produites.
En ce sens, le fait d'accroître la productivité est la seule façon de répondre à long terme aux défis auxquels notre secteur fait face depuis 10 ans. Nous devons en effet composer avec une concurrence internationale accrue, en l'occurrence de la part de pays où la main-d'oeuvre est beaucoup moins chère qu'au Canada et avec un dollar dont la valeur est passée de moins de 80 ¢ à la parité avec le dollar américain. À long terme, seule une plus grande productivité va permettre au Canada de fabriquer des produits au même prix que ceux de pays comme la Chine, où les gens sont payés moins cher.
Au Québec, la compagnie Mega Brands a investi dans l'automatisation de son usine à Montréal et a rapatrié au Canada de la production qui se faisait auparavant en Chine. En effet, la somme de 30 millions de dollars investie dans son usine afin d'en améliorer la productivité a fait en sorte que ce rapatriement en valait la peine. De cette façon, la compagnie réduit les risques associés au fait de produire dans un pays qu'elle connaît un peu moins.
Je reviens à ce que j'ai dit au début. Beaucoup de gens pensent que la productivité implique que plus personne ne va travailler et que seules des machines vont assumer la production. Pour ma part, ce n'est pas la façon dont je vois les choses. Je pense qu'en réduisant les coûts de main-d'oeuvre, nous pouvons être plus productifs et que cela peut permettre de fabriquer ici des produits qui, normalement, seraient fabriqués dans des pays où la main-d'oeuvre est moins chère. Notre main-d'oeuvre est rendue assez coûteuse. En 10 ans, dans le secteur manufacturier, nous sommes passés d'un taux horaire qui, pour ce qui est de de la main-d'oeuvre, était deux fois moins élevé qu'aux États-Unis, à un taux qui est maintenant un peu supérieur à celui de ce pays. On ne parle même plus de la Chine. On parle des États-Unis. Notre main-d'oeuvre est plus chère qu'aux États-Unis et nous avons un déficit d'environ 50 % du côté de notre productivité. Nous avons un double problème en ce moment et il va falloir le régler.
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Certains types d'innovation donnent lieu à une hausse de la productivité alors que d'autres sont moins reliés à la productivité.
Il y a quatre grands domaines d'innovation. Il y a, par exemple, l'innovation des produits. Si je conçois un nouvel appareil téléphonique, il s'agit d'un nouveau produit. Il y a aussi l'innovation en matière de processus, c'est-à-dire celle qui touche la façon dont je fabrique l'appareil sans que ce soit nécessairement un nouveau produit. Il y a aussi l'innovation relative aux chaînes d'approvisionnement, qu'on appelle souvent « innovation organisationnelle ». Il s'agit de la façon dont on gère les relations avec ses fournisseurs, ses clients et ainsi de suite. Enfin, il y a l'innovation en matière de marketing.
Dans des secteurs comme la production agroalimentaire, un bon nombre d'innovations concernent la façon dont les produits sont présentés aux consommateurs. C'est important. De nombreux inventeurs conçoivent des produits dans leur sous-sol, mais ne savent pas comment les commercialiser. Pour moi, il est aussi important de faire de l'innovation dans le domaine du marketing que dans celui des processus et des produits.
Pour ce qui est de savoir quels genres d'innovations accroissent davantage la productivité, il est bien certain que l'innovation en matière de processus est la première à laquelle je pense en termes de productivité, étant donné que cela concerne la manière dont on fait les choses. L'innovation des produits est beaucoup moins liée à la productivité. Elle vise avant tout à gagner de nouveaux marchés et à fabriquer de nouveaux produits. L'innovation organisationnelle a aussi un impact sur la productivité. Elle améliore le temps de réponse des fournisseurs quand on a besoin d'une composante pour fabriquer une pièce ou quand on doit faire parvenir des produits aux clients. Pour sa part, l'innovation en matière de marketing est davantage reliée à l'innovation des produits qu'à la productivité.
Bref, je dirais que l'innovation des processus et l'innovation organisationnelle sont celles qui ont le plus d'impact sur la productivité.
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Il y a une question de stratégies.
Nous avons nettement un problème lié aux compétences. On parle de métiers technologiques, ce qui est une chose, mais il y a aussi des postes pour les gestionnaires qui comprennent les technologies, qui en font la promotion et qui savent comment en tirer parti. Or, il me semble que cela pourrait fort bien convenir à des femmes qui ne veulent pas entreprendre une carrière technologique.
Comme on le sait, la majorité des écoles de gestion sont présentement fréquentées aussi bien par des hommes que par des femmes. Il serait donc extrêmement important qu'on démystifie les technologies dans ces écoles et qu'on apprenne aux futurs gestionnaires que sans la technologie, leurs entreprises, dans quelque secteur d'activités que ce soit, ne pourront pas se classer de façon concurrentielle. Il peut s'agir de concurrents situés de l'autre côté de la rue, mais aussi de concurrents internationaux. La mondialisation n'est pas prête de disparaître, bien au contraire. Les exigences et les défis vont se multiplier.
C'est la raison pour laquelle je parle de nouveau des compétences. Au Québec et au Saguenay, plus particulièrement, ce n'est pas un problème d'accès. Les technologies de l'information sont disponibles. Les gens ont accès à Internet et à des réseaux à large bande. Or, comment expliquer que plus de trois entreprises sur quatre au Saguenay n'ont pas de sites Internet? C'est vraiment un outil de base.
On peut critiquer les entreprises qui ne se renouvellent pas assez, mais trop souvent, il faut reprendre le bâton du pèlerin et rappeler des choses tout à fait essentielles. Par exemple, il faut redire comment, à partir de ces possibilités, il est possible d'accéder à des marchés, à du savoir et à des services qu'il serait impossible d'avoir à notre disposition sans les technologies de l'information, surtout à l'extérieur des grands centres.
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Merci, monsieur le président.
Je tiens à remercier également les témoins de comparaître aujourd'hui.
Je veux traiter d'une étude réalisée en 2005 par le Centre d'étude des niveaux de vie, que vous connaissez tous certainement. Cette étude a fait ressortir les différences entre ce qui se passe au Canada et aux États-Unis.
Je suis ravi que la présidente-directrice de la chambre de commerce soit ici. Dans ma circonscription de Langley, la chambre de commerce est très active et branchée afin d'encourager le développement au moyen d'Internet, créer des sites Internet et donner accès au marché. Malgré tout, je crois que la vaste majorité des personnes dans les petites et moyennes entreprises depuis longtemps n'évoluent pas avec le temps.
Le gouvernement a la responsabilité de créer une atmosphère propice aux entreprises, et je considère que c'est ce que nous faisons. Mais comment des organisations comme la chambre de commerce et d'autres organismes aident-ils les entreprises à aller de l'avant et à évoluer afin de profiter des occasions en or qui s'offrent à elles?
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Je vous remercie, monsieur le président et honorables membres du comité. Merci beaucoup de m'avoir invité à participer à la séance d'aujourd'hui.
D'après ce que je peux voir de la liste de personnes et de témoins éminents que le comité a entendus ces derniers temps, il ne fait aucun doute que vous recueillez une somme considérable d'observations, sur le plan de la politique publique notamment, que vous examinerez et auxquelles vous réfléchirez quand vous formulerez votre rapport et vos recommandations. J'admettrai d'entrée de jeu que je ne suis pas un expert en technologie; ne me posez donc pas de questions vraiment difficiles à ce sujet. En outre, il y a des lustres que je m'occupe plus de l'élaboration de politiques publiques. Cependant, à titre de président de Coastal, j'ai pensé vous donner un aperçu d'une entreprise canadienne qui a tiré parti de la technologie pour s'illustrer sur l'échiquier mondial dans une très large catégorie de produits d'optique.
Coastal, connue au Canada sous le nom de Clearly Contacts, a été fondée en 2000 par Roger Hardy et sa soeur Michaela Tokarski. Roger a lancé l'entreprise fort de sa carte Visa, d'un plafond de dépenses de 5 000 $ et des économies d'une vie, pour un bilan de 6 000 $. L'an dernier, l'entreprise a enregistré des ventes totales de plus de 200 millions de dollars. Roger reste actif au sein de l'entreprise à titre de PDG, et Michaela fait partie du conseil d'administration et réside maintenant ici, à Ottawa.
Le modèle d'affaires de Coastal consistait initialement à utiliser Internet pour créer une méthode plus efficace permettant aux consommateurs d'obtenir des lentilles de contact. Cette catégorie s'était toujours caractérisée par des prix élevés et des niveaux variables de service. L'entreprise est demeurée privée jusqu'en 2004, moment où elle a lancé un modeste premier appel public à l'épargne sur la bourse de Toronto. En octobre dernier, nous sommes entrés sur le NASDAQ, aux États-Unis, et nous sommes cotés sur le TSX et le NASDAQ sous le symbole COA.
Les fonds obtenus grâce au premier appel public à l'épargne ont servi à acquérir une entreprise de taille similaire en Suède, qui s'occupait essentiellement d'envoyer des commandes de lentilles de contact par la poste en utilisant des catalogues à l'ancienne en format papier. Coastal a entrepris de mettre en ligne cette entreprise de Stockholm, laquelle a depuis connu une expansion exponentielle. Nous dominons le marché du Nord de l'Europe, et ce sont bien 33 p. 100 des lentilles de contact vendues en Suisse qui sont achetées sur notre site.
Depuis, grâce à d'autres acquisitions et à une croissance organique, Coastal a pris de l'expansion pour devenir le plus grand détaillant de produits pour la vue en ligne du monde, vendant notamment des lentilles de contact, des lunettes prescrites et des lunettes de soleil. Nous avons pour philosophie d'affaires de proposer des services à la clientèle de calibre mondial, la commodité des commandes par Internet et une livraison extrêmement rapide, le lendemain la plupart du temps. Coastal a en stock tous les produits qu'elle vend, soit environ 15 000 numéros d'article pour les lentilles de contact et quelque 3 000 numéros d'article pour les montures, en plus de garantir un retour sans condition sur une période de 365 jours.
Coastal s'approvisionne en lentilles de contact auprès des meilleurs fournisseurs sur le marché, comme Johnson & Johnson, Ciba Vision, Bausch & Lomb — qui est maintenant une entreprise québécoise, si vous avez vu la transaction la semaine dernière — CooperVision et Alcon. Au fil des ans, nous avons développé avec eux de solides relations de travail. Grâce aux volumes élevés, nous pouvons négocier d'excellentes conditions, qui profitent aux consommateurs. Nous leur offrons habituellement des économies de 20 à 40 p. 100 sur les lentilles de contact par rapport aux prix traditionnellement proposés par les lunetiers et les spécialistes des soins de la vue traditionnels.
Il y a environ quatre ans, Coastal est entrée sur le marché des lunettes prescrites, forte de la même philosophie de commodité, de rapidité et de valeur élevée. Coastal permet habituellement aux consommateurs d'économiser jusqu'à 70 p. 100 sur les lunettes par rapport à ce qu'ils paieraient en passant pas les voies traditionnelles. Pour créer un modèle d'entreprise concurrentiel dans le domaine des lunettes, nous avons investi dans la dernière technologie de fabrication de calibre mondial et disposons d'installations à Vancouver et Stockholm. La stratégie commerciale porte fruit. L'an dernier, nous avons expédié environ un million de paires de lunettes, et notre croissance se poursuit.
À ce jour, Coastal a envoyé plus d'un milliard de lentilles de contact dans le monde. À titre de référence, nous estimons que Coastal occupe maintenant 20 p. 100 environ du marché canadien des lentilles de contact et près de 10 p. 100 du marché canadien des lunettes selon le nombre d'articles vendus, que ce soit en ligne ou non. Nous continuons d'investir afin d'élargir la catégorie naissante des lunettes en misant fortement sur l'exportation. Par exemple, on estime que le secteur en ligne n'occupe que 3 p. 100 du marché américain des lunettes en ligne, un marché qui affiche des revenus de 19 milliards de dollars cette année. Nous considérons donc que notre présence en ligne dans ce marché nous donne une occasion formidable de prendre de l'expansion.
En cours de route, Coastal est également devenue un important employeur, comptant environ 500 employés dans l'est de Vancouver et quelque 750 employés dans le reste du monde.
Coastal joue un rôle clé en faisant baisser le coût des soins de la vue pour les Canadiens et d'autres personnes à l'étranger. Nous avons noué des relations avec des assureurs et des clients d'affaires afin d'offrir des propositions alléchantes à leurs employés et à leurs clients tout en réduisant leurs coûts et en permettant à leurs employés de bénéficier de soins de la vue.
Nous avons signé récemment une entente afin de fournir des produits de la vue aux personnes aidées par le ministère du Développement social de la Colombie-Britannique. Il s'agit de clients recevant de l'aide au revenu ou ayant un handicap, à qui nous offrons des avantages supérieurs, et ce, à moindre coût pour le gouvernement. Essayez de trouver un autre domaine où les frais diminuent.
Mais il n'y a pas que les consommateurs, les employés ou nos actionnaires qui profitent de ces efforts. L'une des valeurs fondamentales de Coastal, qui est affichée sur les murs des salles à dîner de l'entreprise, consiste à « faire le bien ». Nous nous sommes investis dans notre communauté, fournissant des lunettes à ceux qui sont dans le besoin dans le cadre de notre initiative intitulée « Change the View ». Nous considérons que les produits de la vue devraient être accessibles à ceux qui en ont besoin et que les fournisseurs traditionnels maintiennent des prix élevés, ce qui a pour effet de réduire l'accès pour ceux qui en ont le plus besoin.
Ce programme permet notamment d'offrir aux résidants de l'est du centre-ville de Vancouver des examens de la vue et des lunettes gratuites par l'entremise de Providence Health Care et de la mission Union Gospel, de fournir des lunettes à des élèves du primaire de l'Ontario avec l'aide de la Toronto Foundation for Student Success et de fournir des lunettes aux femmes en transition de carrière grâce à l'organisation Dress for Success.
Nous avons récemment entrepris une mission au Kenya, en partenariat avec la fondation Me to We et l'organisation Free the Children, laquelle a connu un immense succès. Nous avons fourni plus de 17 000 paires de lunettes, et donné de l'équipement et de la formation afin d'établir un dispensaire dans une région éloignée d'Afrique, où la population n'avait autrefois accès à aucune forme de soins de la vue.
Coastal est fière de ses racines canadiennes et se montre optimiste au sujet du potentiel qu'ont Internet et d'autres technologies d'améliorer l'accès aux produits de soins de la vue qui sont si nécessaires partout dans le monde, tout en créant une entreprise d'exportation canadienne au succès retentissant qui emploie des centaines de Canadiens.
Ce n'est qu'un bref exemple de la manière dont la technologie change le monde en augmentant la productivité d'un secteur et en permettant au gouvernement, aux entreprises, aux consommateurs et aux populations des quatre coins du monde de profiter d'avantages et de prix réduits.
Merci beaucoup de votre attention.
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Je tiens à remercier le comité et le président de m'avoir demandé de donner également mon point de vue aujourd'hui — particulièrement par l'entremise d'une vidéoconférence — sur cet important sujet. Nous avons accompli énormément de travail dans ce domaine et comptons en faire beaucoup plus. C'est donc un privilège que de comparaître aujourd'hui.
Nous considérons notre organisation sans but lucratif comme un groupe de réflexion, ce qui évoque l'image d'un groupe de gens réunis derrière des portes closes à réfléchir pour trouver des solutions à des problèmes et à des défis auxquels le pays est confronté. Même s'il nous arrive de le faire, nous nous impliquons beaucoup plus auprès d'un groupe multilatéral de chefs de file du milieu universitaire, de l'industrie, du gouvernement et d'autres organisations des quatre coins du pays. Je m'emploierai aujourd'hui de vous donner un point de vue holistique de ces groupes d'intervenants. Cela pourrait vous être précieux.
Au chapitre de l'adoption des TIC par les PME, nous observons un véritable processus de maturation, avec d'importants facteurs à considérer. Au début, nous voyons l'automatisation comme la forme la plus simple d'adoption. Il s'agit essentiellement d'automatiser les processus opérationnels existants afin d'assurer le contrôle et l'efficacité de l'entreprise. Il pourrait évidemment s'agir de commandes, d'activités relatives à la chaîne d'approvisionnement, de contrôle des stocks, etc.
Le prochain niveau de maturité consiste à améliorer la prise de décisions. Il s'agit en fait de transmettre les renseignements dans ce domaine à la direction afin de l'aider à prendre des décisions qui soient meilleures, plus éclairées et plus pertinentes, et ce, en temps opportun. Concrètement, les TIC permettent de fournir des données à jour en temps réel permettant à la direction de s'élever au-dessus de la complexité des transactions individuelles afin d'avoir une vue d'ensemble, dans l'espoir d'améliorer la prise de décisions. Il existe de nombreux exemples à cet égard.
Je sais, par exemple, qu'une scierie du Canada atlantique applique les systèmes CAD et d'autres systèmes de gestion à la manière dont elle transforme le bois d'oeuvre. La technologie virtuelle lui montre comment optimiser ses processus afin de tirer le maximum de chaque billot qui entre dans l'usine. C'est une petite entreprise, une PME, mais elle constitue un parfait exemple d'organisation qui comprend l'avantage qu'il y a à adopter la technologie pour améliorer la prise de décisions.
À l'autre extrémité du processus se trouve l'adoption des TIC à pleine maturité, qui consiste à découvrir de nouveaux marchés et de nouvelles occasions. Il s'agit en fait de choisir et d'explorer de nouveaux marchés, que ce soit au pays ou à l'étranger. À ce niveau, les investissements dans les TIC vont au-delà des infrastructures; d'une simple méthode permettant d'accroître l'efficacité, ils deviennent un actif stratégique crucial pour l'entreprise. Par exemple, les PME peuvent proposer des solutions de commerce électronique — comme celle dont mon collègue de Coastal parlait à l'instant — afin de servir les marchés internationaux. Il s'agit en fait de saisir l'importance stratégique des investissements dans les TIC afin de tirer parti des chaînes d'approvisionnement et des marchés internationaux.
Au fur et à mesure que les entreprises progressent d'un niveau à l'autre, elles ne voient plus seulement les TIC comme un moyen d'accroître l'efficacité, mais les utilisent afin de devenir plus productives et plus novatrices, ce qui, espère-t-on, se traduira par de l'expansion et des occasions d'exportation. Les TIC permettent à la direction de passer au niveau supérieur, d'être plus stratégique et de délaisser les formes de gestion transactionnelles plus simples pour adopter une approche technologique.
Nous avons constaté que l'écart de productivité entre le Canada et les États-Unis est d'environ 7 000 $ par habitant. Selon nous, l'innovation, et l'adoption des TIC qui va de pair, comme d'importants moteurs qui permettraient de combler cet écart de productivité.
Nous considérons également que le gouvernement peut être un bon catalyseur pour favoriser l'adoption des technologies numériques par les PME. Il y a notamment le Programme canadien pour la commercialisation des innovations, mis en oeuvre par Travaux publics, qui aide vraiment les entreprises à réussir cette première vente au sein du gouvernement. Ce programme peut contribuer à l'établissement d'une communauté des TIC dynamique au pays, ce qui pourrait stimuler la croissance et encourager l'adoption des TIC par d'autres PME.
Le Programme pilote d'adoption de la technologie numérique est un autre programme important qu'Industrie Canada met en oeuvre en partenariat avec le CNRC. Selon nous, ce programme fera beaucoup pour aider les PME à adopter les technologies numériques, particulièrement quand on y associe les services offerts par la BDC. Nous considérons vraiment ces programmes comme des initiatives importantes.
L'essentiel pour encourager l'adoption des technologies numériques, c'est que ces programmes soient offerts dans le cadre d'une stratégie d'adoption efficace et coordonnée.
Merci beaucoup.
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À une certaine époque, j'ai été un représentant élu, à une autre, j'ai fait des affaires. Je trouve fascinant le rapport qu'on peut tenter d'établir entre la politique publique et les décisions d'un conseil d'administration, entre les chefs d'entreprise et les dirigeants politiques. J'ai parfois l'impression de traduire de l'ancien grec vers le mandarin ou quelque chose comme ça. Dans les deux cas, les situations et les cultures sont différentes, mais on gère des risques.
Je pense que lorsque l'entreprise gère le risque, elle tient compte des moyens à sa disposition. Elle essaie toujours de grandir et de le faire d'une manière rentable. Elle examine les risques qui s'appliquent à elle ou qu'elle doit affronter, puis elle détermine la façon d'affecter ses capitaux en fonction de ces risques.
Aux États-Unis, on peut amortir l'investissement sur un marché beaucoup plus vaste. Le marché américain est immense. C'est le premier marché, je pense, par la taille. La communauté européenne est aussi un très grand marché. Je pense que c'est la raison pour laquelle les entreprises américaines voient que les avantages de l'investissement de ces capitaux et de la prise de ces risques sont immenses. L'inconvénient, c'est qu'on peut seulement descendre à zéro. Au Canada, c'est souvent difficile de faire prospérer une entreprise, en raison des barrières non tarifaires qui entravent le commerce interprovincial. On minimise souvent leur effet, mais il est souvent très difficile de faire des affaires entre les provinces et les territoires au Canada.
Si j'avais un conseil à donner ou à proposer, en matière de politique publique... Dans les 10 provinces, les trois territoires et à l'échelon fédéral, des milliers de lois et des millions de règlements, littéralement, sont en vigueur. L'immense majorité a été rédigée et mise en oeuvre avant la naissance d'Internet. Mon expérience d'élu m'a enseigné que ce qui était des plus avantageux était de veiller à faciliter l'investissement de leurs capitaux par les entreprises et à les aider à réduire leurs risques au minimum. À cette fin, nous pouvons notamment leur faciliter la tâche dans les affaires et moderniser nos règlements et nos lois.
Je pense donc que l'une des choses les plus simples — je ne devrais pas dire que c'est simple, c'est très difficile —, mais l'une des meilleures choses que le gouvernement pourrait faire pour favoriser les technologies Internet et la prise de risques par les entrepreneurs, ce qu'il faut provoquer dans l'économie, c'est de s'assurer de ne pas les entraver simplement pour ne pas avoir réussi à moderniser les lois et les règlements.
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C'est difficile à dire. Nous nous donnons beaucoup de mal pour établir des relations directes avec les fabricants, chaque fois que c'est possible, et de nous approvisionner directement auprès d'eux. Nous achetons aussi directement des produits de leurs distributeurs. Mais il faut toujours rester conscient du risque que quelqu'un introduise un objet étranger dans la chaîne logistique. Nous avons des engagements de nos fournisseurs, des garanties qu'ils signent. Nous essayons de les responsabiliser à l'égard de ce qu'ils produisent et de ce qu'ils nous envoient. Nous nous soumettons nous-mêmes à une inspection, à la réception des marchandises, pour en vérifier l'état, parce que nous ne croyons pas nécessairement, avec une confiance absolue, que, dans le monde entier, toutes les chaînes logistiques sont exemptes de risque.
D'où provient la contrefaçon? Je pense, en général, qu'on croit qu'elle provient d'Asie, particulièrement de Chine. C'est probablement vrai, mais j'en n'ai pas de preuve directe. Une chose est sûre: ça existe.
Il faut se donner beaucoup de mal pour bloquer le passage de ces produits dans la chaîne logistique et, certainement dans sa propre chaîne logistique. Quel risque énorme pour la réputation de l'entreprise, si elle devait livrer un produit falsifié, des lentilles cornéennes particulièrement! Il est peu probable que des lunettes copiées fassent du tort à quelqu'un, mais ce n'est certainement pas le cas des lentilles cornéennes — qu'on met en contact avec l'oeil. Il faut l'éviter. Nous nous soumettons à des inspections de la FDA et de Santé Canada, etc., pour nous assurer de la conformité, aussi, de nos installations.
Monsieur Preston, chaque année, le Conference Board publie un bilan comparatif des performances du Canada. Dans le dernier, cette année, le Canada a reçu la note D en matière d'innovation. Les investissements dans les technologies de l'information et des communications ont également reçu la note D, et le Canada s'est classé huitième sur les 15 pays homologues auxquels on le comparait, des pays comme les États-Unis, la Suède et le Danemark. Votre étude a également révélé que le Canada n'avait pas augmenté ses investissements dans ces technologies au fil du temps.
Que signifient, en fait, ces constatations dans le contexte de l'amélioration de la productivité et de la croissance du Canada? Visiblement, la note D, en principe, fait mauvais effet, mais, en fait, comment cela se reflète-t-il sur les PME de tout le pays? Et quel rôle le gouvernement peut-il jouer pour remonter la note?
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À l'heure actuelle, le tiers de nos ventes provient probablement du Canada, qui est évidemment notre plus grand marché. Puisque l'entreprise a vu le jour à Vancouver, elle est mieux implantée là-bas.
Le reste des ventes sont destinées à l'exportation. Nos marchés les plus importants se trouvent en Europe, et plus particulièrement en Europe du Nord et en Scandinavie. Le marché des États-Unis connaît une croissance fulgurante. Ceux de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande sont importants aussi, et ils grandissent rapidement. Nous sommes également présents au Japon, où nous sommes le deuxième fournisseur de lentilles cornéennes en importance, je crois. Et nous venons tout juste de commencer à commercialiser un peu nos produits au Brésil.
Le comité sera peut-être intéressé de savoir que c'est en fait dans les régions rurales et éloignées du Canada que nous avons la plus grande présence sur le marché par habitant, d'après l'étude de notre clientèle. Même si on ne parle pas d'un si grand nombre de clients, les régions nordiques et rurales sont de loin celles qui obtiennent le plus fort pourcentage de la population, là où les soins ophtalmologiques efficaces sont très chers ou tout simplement absents, dans certains cas.
Ces clients reçoivent tous des livraisons de Postes Canada, mais peuvent avoir beaucoup de mal à trouver un excellent produit à très bon prix.
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Je n'ai pas du tout eu l'impression que vous me coupiez l'herbe sous le pied, mais plutôt d'avoir enfin pu dire ce qui devrait être mentionné à chaque séance.
Comme on l'a dit plus tôt, si jamais vous n'avez pas eu la chance de dire quoi que ce soit au comité pouvant être utile à notre étude, veuillez faire parvenir l'information au greffier dans les deux langues officielles, si possible, et nous ne manquerons pas d'en tenir compte.
Merci beaucoup, monsieur le président. Vous pouvez maintenant déclencher le chronomètre.
Monsieur Preston, mes questions feront suite à celles de Mme Gallant au sujet de l'informatique en nuage, qui n'est pas suffisamment employée au Canada. Dans certains domaines où la sécurité nationale pourrait être en cause, comme vous l'avez dit, croyez-vous qu'un ensemble de lignes directrices sur l'adoption de l'informatique en nuage au Canada devrait être au coeur d'une stratégie économique numérique?