:
La séance est ouverte. Bon après-midi, mesdames et messieurs.
[Français]
Bonjour à tous.
[Traduction]
Bienvenue à la neuvième séance du Comité permanent de l'industrie, des sciences et de la technologie. Nous nous penchons sur le cybercommerce et les paiements électroniques.
Nous recevons aujourd'hui quatre témoins.
Avant de les présenter, j'aimerais prendre un très court instant pour expédier une question administrative.
J'ai besoin d'une motion proposant l'adoption de notre budget pour cette étude. Pour l'instant, nous avons budgétisé pour elle 8 450 $. Rien ne nous dit que nous devrons dépenser effectivement cette somme, mais nous sommes obligés de budgétiser ce montant afin de pouvoir couvrir les frais des témoins.
Un membre voudrait-il présenter une motion en ce sens?
Merci, monsieur Braid.
Appuyée par M. Thibeault.
Tous ceux en faveur?
(La motion est adoptée.)
Le président: Merci beaucoup.
Je vais maintenant présenter les témoins. Nous avons Bernard Lord, président et chef de la direction de l'Association canadienne des télécommunications sans fil, Ken Cochrane, associé, Conseils en gestion, KPMG; Chris Paterson, directeur des programmes gouvernementaux, IBM; et représentant Microsoft Canada Inc., John Weigelt, agent national de technologie.
Messieurs, vous disposez de six minutes pour vos remarques liminaires et nous passerons ensuite aux questions, avec la rotation ordinaire. Je suivrai l'ordre tel qu'il apparaît à l'ordre du jour, et nous allons donc commencer avec M. Lord.
:
Merci, monsieur le président.
[Français]
Je remercie aussi les députés présents aujourd'hui.
[Traduction]
Je remercie tous les députés de nous permettre de comparaître ici aujourd'hui et me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
Je vais commencer par énoncer quelques faits et parler de toutes les bonnes choses qui se matérialisent dans le domaine du sans-fil, ici au Canada, et expliquer en quoi elles conduisent au commerce électronique. Au Canada, le sans-fil est à la portée de 99 p. 100 de la population. Environ 97 p. 100 des Canadiens ont accès à un réseau 3G ou plus rapide. Aucun autre pays ne possède un aussi grand nombre des réseaux parmi les plus rapides.
[Français]
À plusieurs égards, on peut constater que le Canada progresse très bien par rapport à d'autres pays.
[Traduction]
Il y a aujourd'hui plus de liaisons sans fil au Canada que de liaisons filaires. Le Canada est au premier rang dans le monde pour ce qui est de l'utilisation de tablettes sans fil et l'on s'attend à ce que les achats de tablettes s'accroissent de 100 p. 100 en 2012.
Les Canadiens sont, dans le monde, les plus rapides à adopter les téléphones intelligents. Nous escomptons une pénétration de 100 p. 100 en 2014, ce qui signifie qu'au Canada la communication électronique devient synonyme de communication mobile, et que le commerce électronique est synonyme de commerce mobile.
La contribution globale du sans-fil à l'économie canadienne dépasse 41 milliards de dollars. Ce chiffre est tiré d'une étude d'Ovum effectuée cette année, sur la base des chiffres de 2009. L'industrie du sans-fil emploie plus de 261 000 personnes au Canada.
Des investissements massifs ont été réalisés par le secteur du sans-fil ces dernières années — plus de 10,8 milliards de dollars depuis 2008 — alors que nous traversions une dure récession.
Que signifie tout cela?
Le secteur du sans-fil connaît une croissance considérable. Un téléphone intelligent consomme 24 fois la largeur de bande d'un téléphone traditionnel. Une tablette ou un ordinateur portable consomme de 100 à 500 fois plus. Nous avons donc davantage d'usagers que jamais auparavant — davantage de téléphones intelligents, exigeant davantage de largeur de bande.
Certains de nos réseaux connaissent une expansion de 5 p. 100 — non pas 5 p. 100 par an, mais 5 p. 100 par semaine. L'un de nos réseaux au Canada connaît la plus forte concentration de téléphones intelligents du monde. Tout cela pour dire que les Canadiens adoptent cette technologie. Ils veulent l'utiliser — pour la conversation, la télémessagerie, la culture et le commerce.
Qui utilise le commerce mobile pour joindre les consommateurs canadiens? La réponse est: pratiquement tout le monde au Canada.
Que font les consommateurs canadiens avec le commerce mobile? Des sociétés comme EnStream sont à l'avant-garde des systèmes de paiement par téléphone intelligent, utilisant une technologie avant-gardiste de télécommunications en champ proche qui transforme les téléphones intelligents en portefeuilles mobiles. On attend le Google Wallet au Canada pour 2012. Plus de 80 p. 100 des acteurs canadiens du secteur pensent que les portefeuilles mobiles se généraliseront dans le pays dans les quatre prochaines années.
J'espère que mon collègue de KPMG le confirmera.
Des voix: Oh, oh!
M. Bernard Lord: Nous citons votre étude.
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Je vous remercie, monsieur le président, ainsi que les membres du comité, d'avoir invité KPMG à comparaître aujourd'hui et à partager avec vous un certain nombre de nos réflexions.
Avant le début de la réunion, j'ai distribué dans les deux langues officielles notre rapport de 2011 sur les paiements mobiles au Canada. Je pense que les membres ont ce rapport en main.
L'enquête que nous avons effectuée était d'envergure mondiale. Nous avons demandé à un millier de cadres du monde entier, représentant les services financiers, les télécommunications, la technologie et le commerce de détail, leurs vues concernant les obstacles et les perspectives de progrès dans le domaine des paiements mobiles. C'est donc une étude de grande envergure. Je vais vous parler brièvement des quatre types d'éléments du commerce mobile dont nous parlions.
L'un est la M-banque. M signifie mobile, et tout tourne autour du mobile. La banque mobile donne à un abonné l'accès direct aux services bancaires par téléphone mobile.
La billetterie mobile, que connaissent déjà beaucoup de gens, consiste en l'achat, par exemple, de billets d'avion, et une carte d'embarquement arrive sur votre appareil mobile où elle peut être lue par un dispositif de balayage pour vous donner accès à un vol.
Le commerce mobile consiste réellement en des paiements sur l'Internet. Contrairement aux services bancaires, il utilise des fournisseurs de services comme PayPal et Google Checkout, qui possèdent vos renseignements bancaires et vont effectuer les transactions pour vous.
Une capacité nouvelle est en train d'apparaître, que nous appelons le portefeuille mobile, qui est réellement une puce encastrée dans votre appareil mobile qui aura une capacité de communication en champ proche. En d'autres termes, lorsqu'il est placé à proximité d'un dispositif dans un magasin de détail, il peut communiquer avec lui et transmettre les données de paiement. Cependant, le portefeuille mobile peut aussi contenir quantité d'informations en sus des données bancaires. Vous pourriez y entreposer les données pour plusieurs cartes de crédit et de débit, et peut-être même le numéro du permis de conduire et d'autres renseignements. L'on voit donc poindre quelques développements très intéressants dans cet espace.
Les cadres du monde entier que nous avons interrogés estiment que l'adoption généralisée interviendra dans les deux à quatre années. C'est ce que nous entendons dire dans le contexte canadien. Mais nous pensons en fait que ce sera plus rapide encore: nous pensons que la généralisation interviendra dans les deux ans. Considérant notre rapport et voyant le niveau d'activité qui a lieu actuellement dans ce pays dans cet espace, nous pensons que cela se produira d'autant plus vite. Nous pensons que nous sommes réellement aujourd'hui à un point de bascule.
Si vous lisez notre étude mondiale, vous verrez que l'Asie est assurément à la pointe de l'adoption du commerce mobile, devant l'Europe. Alors que le Canada n'est pas en tête, nous suivons la même tendance, avec en circulation des cartes telles que cartes de débit et de crédit qui ont une capacité en champ proche à détection tactile. L'une de nos banques, la Banque de Montréal, a placé un autocollant au dos d'un téléphone mobile qui vous permet de faire une opération de type carte de crédit sur écran tactile. Aujourd'hui, on commence à voir ces puces encastrées à l'intérieur des appareils mobiles. Nous nous dirigeons donc dans la même voie.
Nous avons vu quelques exemples dans le rapport qui sont pas mal intéressants. Par exemple, en Malaisie, on voit des Maxis FastTap, où Maxis collabore avec une banque et un fabricant de téléphones cellulaires, Nokia, et une société de terminal qui assure la lecture de la transaction chez le détaillant. Ainsi, une capacité virtuelle complète est en place en Malaisie.
Nous voyons aussi quelque chose d'un peu différent. Nous voyons ce que l'on appelle la facturation par l'opérateur de réseau. L'exemple que nous citons est celui du Kenya et on voit également cela émerger en Afghanistan. Une société du nom de M-PESA, une entreprise de télécommunications, donne en gros la possibilité à l'abonné d'effectuer des opérations bancaires sur son téléphone. C'est en l'absence de tout compte bancaire, l'abonné utilise le compte de l'opérateur de réseau. Vous pouvez donc grouper vos paiements par le biais du système téléphonique et payer la société de téléphone directement. Il y a plus de 13 millions d'abonnés actuellement au Kenya et l'opérateur de réseau est pratiquement la banque dominante, dans la pratique, au niveau du commerce de détail.
Vous pouvez voir que le monde change très rapidement, avec différents entrants sur le marché.
Lorsque nous avons demandé aux cadres quels étaient les moteurs derrière ce marché — qu'est-ce qui va amener les gens à franchir le pas et se mettre à utiliser ces produits et services — les facteurs premiers cités étaient la commodité de l'adoption. Si quelque chose est facile à employer, le public va l'adopter.
Ce qui est intéressant, c'est que ce résultat est un peu différent, ou même dans le sens contraire, d'une étude antérieure que nous avons effectuée, dans laquelle les consommateurs disaient que la sécurité et la protection des renseignements personnels étaient pour eux de gros enjeux. Ici, nous voyons des cadres d'entreprises mondiales, qui sont un peu plus à l'aise avec la technologie et ont un peu plus de temps pour la manier qui disent certes, mais nous pensons pouvoir aujourd'hui régler ces problèmes. C'est tout une question de commodité. Si quelque chose est facile et rapide d'emploi, alors les gens vont commencer à utiliser ces capacités et ces services.
L'autre facteur que nous considérons est la chaîne de valeur d'ensemble. Les paiements mobiles transforment en fait la chaîne de valeur et de ce fait perturbent, à bien des égards, l'état des choses actuel. Si vous regardez la chaîne de valeur actuelle dans le secteur des cartes de crédit et des paiements, nous avons des acteurs bien précis aujourd'hui. Nous avons les commerçants, nous avons les fournisseurs de cartes de crédit, nous avons les sociétés de cartes de crédit, et nous avons les banques qui jouent, elles aussi, un rôle en offrant du crédit ou en traitant l'opération. Avec les paiements mobiles, on voit l'entrée en scène de nouveaux arrivants, en particulier les sociétés de télécommunications, ainsi que les entreprises de technologie avec tous les appareils qu'elles créent. Il souffle donc un grand vent de changement.
Lorsqu'on commence à regarder tout cela, on se dit qu'il faut prendre clairement conscience de ces changements et déterminer comment ces acteurs peuvent jouer dans cet espace et le faire fonctionner efficacement.
Quantité de choses positives émergent déjà et se profilent à l'horizon, dans le contexte canadien. Lorsqu'on considère cela globalement, on s'aperçoit qu'il y a réellement trois façons d'occuper cet espace. L'une est la collaboration, et je rappelle l'exemple malaysien, les Maxis FastTap, et le groupe de sociétés qui ont collaboré très étroitement pour produire une solution. Il y a le modèle du fournisseur de services, comme M-PESA au Kenya, qui est une forme de mise en oeuvre. Et nous avons les coentreprises, comme celle que Rogers et Visa contemplent aujourd'hui au Canada.
Je pense que l'un des écueils ici est que de nombreuses complexités peuvent surgir si différentes approches et différentes solutions sont retenues. Je pense qu'il est très important de suivre l'évolution de près et éviter de se retrouver avec un téléphone intelligent pour chaque carte de crédit que nous possédons. Nous ne voulons pas porter autant de téléphones intelligents dans nos poches que nous avons de cartes aujourd'hui. Donc tout le concept de collaboration est crucial.
Nous formulons trois recommandations.
Premièrement, établir un cadre de normalisation pour assurer que ce type de commerce puisse s'étendre très facilement dans ce pays en concertation avec d'autres acteurs mondiaux, ce qui est très important dans l'ensemble.
Deuxièmement, réellement focaliser sur la politique. Étant donné tous ces nouveaux entrants — les entreprises de haute technologie, les sociétés de télécommunications — il est très important d'autoriser l'innovation et de ne pas l'étouffer avec des règles paralysantes qui ne vont pas permettre à ces acteurs de jouer. Il y a donc un équilibre à trouver entre les deux dimensions.
Troisièmement, il nous faut réellement bien sensibiliser les entreprises, les consommateurs et les citoyens canadiens afin qu'ils comprennent ce qu'ils font lorsqu'ils utilisent ce type de capacité, et réellement promouvoir l'adoption, car nous pensons, au bout du compte...
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Merci, monsieur le président et membres du comité.
Au nom de mes collègues d'IBM Canada, nous sommes heureux de pouvoir exprimer notre point de vue dans le cadre de votre étude de la place du commerce électronique au Canada. Dans l'intérêt de la concision, je me contenterai de mettre en lumière trois points clés aujourd'hui — et je suis sûr que nous pourrions donner plus de détails en réponse à vos questions.
Premièrement, notre conception du commerce électronique doit évoluer et ne pas se limiter à la notion de transactions, étant donné la mutation de l'Internet et des façons dont les entreprises, les consommateurs et les pouvoirs publics interagissent sur la toile. De fait, nous parlons de plus en plus, et imaginons, d'un Internet de choses, sur lequel tous — tous les dispositifs, physiques ou naturels, les systèmes ou écosystèmes peuvent communiquer entre eux et jeter les bases d'une nouvelle stratégie économique ou de politiques publiques.
Le deuxième point est que cette transformation engendre l'évolution de ce que nous pensons être un commerce plus intelligent, plutôt que du commerce électronique, le premier étant sommairement défini comme la capacité à traduire d'immenses flux de données en information exploitable et l'information en nouvelle valeur économique.
Troisièmement, et là j'en viens au domaine de la politique publique, l'avantage comparatif du Canada dans l'économie numérique, pensons-nous, sera tributaire de la capacité de nos entreprises et pouvoirs publics à créer de la valeur et un avantage à partir d'une information et de connaissances supérieures.
Pour anticiper un peu, monsieur le président, nous disons que notre conception du commerce électronique et la manière dont le gouvernement l'aborde doivent réellement céder la place à une action en faveur d'un commerce plus intelligent. Au coeur de cette action figure l'entreprise intelligente. Si les entreprises font maintes choses, nous constatons qu'elles s'appuient sur deux piliers pour se muer en entreprises intelligentes. Le premier est leur capacité à mettre à leur service une panoplie croissante de logiciels et technologies apparentées pour transformer l'instinct et l'intuition en connaissance et en information. Chez IBM nous qualifions ces outils et technologies — et nous ne sommes pas seuls, franchement — d'analytique, soit l'exploitation des données pour déceler des tendances, créer des scénarios, faire des prédictions et découvrir des possibilités nouvelles.
Le deuxième est l'adoption de modèles émergents axés sur les services pour accéder à la technologie nécessaire, qu'il s'agisse de réseautage, d'infrastructure d'entreposage, d'applications et de procédés commerciaux. Le modèle émergent le plus en vue et le plus attrayant est l'informatique en nuage. Schématiquement, l'informatique en nuage est un nouveau modèle pour accéder et à la technologie informatique et aux services aux entreprises et à les distribuer. Son intérêt sur le plan politique réside dans son potentiel de réduction des coûts d'opportunité de l'investissement dans la technologie. L'informatique en nuage contribue à réduire les coûts, la complexité et les ressources de gestion — plusieurs des barrières conventionnelles à l'adoption de la TI et de son emploi par les PME.
Ces options sont de plus en plus à la portée des entreprises canadiennes et peuvent les aider à devenir des entreprises intelligentes et des chefs de file du commerce intelligent. Les pouvoirs publics peuvent prendre plusieurs mesures positives pour faciliter et promouvoir ce programme. Je vais en mettre en lumière plusieurs.
Premièrement, nous pensons que le soutien public destiné à stimuler l'investissement des entreprises dans les technologies d'information et de communication doit être flexible et privilégier les résultats innovants par opposition à des intrants technologiques spécifiques. Le soutien devrait favoriser les approches novatrices, et en toute probabilité axées sur les services, de la création d'une capacité accrue d'exploitation des renseignements commerciaux.
Deuxièmement, le gouvernement devrait élaborer une feuille de route pour une infrastructure intelligente au Canada fondée sur une vision globale de l'avantage numérique — une infrastructure instrumentée, interconnectée et intelligente. Les investissements dans l'infrastructure numérique créent des effets multiplicateurs aussi bons ou meilleurs que les investissements dans les équipements traditionnels. Ainsi, les investissements dans les réseaux énergétiques intelligents, les réseaux de transport intelligents et les systèmes de santé intelligents, entre autres, sont des investissements dans des plateformes d'innovation sur lesquelles les PME pourront construire.
Troisièmement, une stratégie de recherche, d'innovation et de collaboration devrait être suivie qui positionnera le Canada comme chef de file mondial du développement et de l'exportation de technologies et solutions intelligentes. Nous avons une opportunité considérable dans cet espace et, avec le bon partenariat, nous pouvons exporter la technologie dont les pouvoirs publics et les industries du monde entier auront besoin pour rendre leurs entreprises et infrastructures intelligentes et novatrices.
Quatrièmement, tout comme le fondement d'un commerce plus intelligent est une entreprise intelligente, on peut considérer qu'un gouvernement intelligent est le fondement d'un Canada plus intelligent et plus compétitif. Sans vouloir minimiser l'ampleur de la tâche, il existe clairement des opportunités pour les gouvernements fédéral et provinciaux de dépenser plus intelligemment et d'entreprendre des stratégies de réduction des déficits.
En concluant, monsieur le président, j'aimerais souligner l'intérêt et le sentiment de cause commune qu'IBM Canada éprouve dans ce débat. IBM a ouvert ses portes au Canada en 1917. Tout au long des presque 100 années d'existence de la société, nous avons été présents au Canada. Nos racines au Canada sont aussi profondes que notre investissement y est grand. Notre capacité à continuer d'attirer, conserver et accroître notre substantiel investissement dans la R-D au Canada est directement liée à notre capacité combinée d'innovation.
Cette discussion est une partie intégrante de cet effort plus large. Au nom de mes collègues, nous vous remercions de l'invitation à exprimer nos vues.
C'est effectivement un plaisir d'être ici et de représenter Microsoft Canada concernant cet important sujet.
En tant que responsable national de la technologie, j'ai eu l'occasion d'être en contact avec les entreprises, les pouvoirs publics et les dirigeants dans les domaines de l'éducation et de la santé, pour considérer l'avenir sur un horizon de trois à cinq ans, afin d'être en mesure de saisir les possibilités ouvertes par la technologie et éviter les conséquences imprévues, tout en veillant à ce que la protection des renseignements personnels, la sécurité, l'accessibilité et la disponibilité soient des attributs des entreprises et de leurs technologies.
J'aimerais vous parler aujourd'hui d'une réinvention du commerce électronique, au sens le plus large du mot, d'un regard sur l'économie plus large que la seule économie numérique, pour peut-être réinventer notre économie d'un point de vue numérique. Songez à la mutation en cours dans le monde. D'autres représentants nous ont dit qu'une énorme transformation est en cours. Comment devancer cette transformation, en mettant à profit l'avantage que nous confère la crise économique pour prendre la tête du mouvement et saisir l'opportunité? Enfin, j'aimerais vous parler de l'innovation adjacente, mettant à contribution les compétences dans les domaines où nous excellons, afin de projeter dans le monde entier le savoir-faire canadien par l'intermédiaire du Web.
J'ai passé en revue la riche série de questions qui alimentent cette conversation et cette exploration, et ce sont effectivement là des points importants à considérer. Des études récentes continuent d'affirmer que les entreprises canadiennes utilisent insuffisamment le potentiel de la communication par Internet et sont en retard sur le plan de la vente au détail novatrice et de la logistique qui l'accompagne. Si nous y réfléchissons un instant, nous voyons clairement que cela dépasse le seul volet technologie: nous voyons aussi le volet logistique et l'expansion qui peut s'ensuivre dans d'autres secteurs de notre économie.
Lorsque je parle avec des entrepreneurs et des innovateurs au Canada, je mentionne souvent les consultations sur l'économie numérique qu'Industrie Canada a menées l'an dernier. C'était là des consultations à la pointe de ce qui se fait dans le monde, des activités de type gouvernement 3.0, par lesquelles nous avons été consultés en ligne et avons voté pour les meilleures idées et ainsi de suite. En dehors du petit cercle des experts, les opérateurs ordinaires des entreprises au Canada n'étaient pas au courant de cette technologie. C'était la consultation sur l'économie numérique.
Vous vous demandez peut-être pourquoi cela est important. Prenons un instant les opérations de forage contractuelles dans le Nord de l'Alberta. Nous pensons aux engins de forage, nous pensons aux camions, et nous pensons à ceux qui se débattent avec cet énorme équipement. Mais saviez-vous qu'un serveur sur site traite non seulement tous les aspects de la prospection, mais aussi tous les aspects de la gestion des ressources humaines et de l'administration?
Regardons un peu plus près de chez nous. Lorsque nous regardons un chantier de construction ici, à Ottawa, nous voyons ces roulottes blanches devant le chantier. Que trouve-t-on dans ces roulottes blanches? C'est plus qu'une machine à café. C'est plus qu'un distributeur d'eau et une table de déjeuner. Il y a là un serveur qui permet aux plombiers et aux électriciens d'examiner des plans électroniques.
Il est clair que la technologie transforme tous nos secteurs. Il importe peut-être de regarder au-delà des consultations sur l'économie numérique et d'envisager des consultations qui réinventent numériquement notre économie. Élargir le débat de cette manière aidera à susciter l'intérêt de tous les acteurs de l'économie canadienne et d'élargir les opportunités non seulement à toutes les entreprises mais aussi à la formation professionnelle de nos jeunes qu'il faut préparer à la prochaine vague d'innovation.
Ce ne sont pas là des mots creux, car cela revient à reconnaître que la technologie joue un rôle primordial à l'appui de l'innovation dans toute l'industrie canadienne. Les opportunités projettent le savoir-faire canadien dans le monde entier. Je dis cela parce que le Canada est ce que l'on appelle une « région en pointe »: les gens veulent vivre ici, veulent s'y établir. Comment prendre cette innovation et ces compétences pour les projeter dans le monde entier?
Comme mon collègue d'IBM me l'a fait remarquer, nous assistons à une mutation technologique égale à celle de l'Internet, puisque les entreprises peuvent maintenant acquérir des ressources informatiques couramment appelées le nuage. Non seulement l'informatique en nuage promet une capacité presque illimitée et une portée mondiale sur demande, mais il libère également les organisations de l'obligation de payer pour l'infrastructure, si bien qu'elles ne paient que pour ce dont elles ont besoin et consacrent le reste de leur argent à l'innovation.
Afin de fournir ces services à faible coût, il faut des économies d'échelle à la largeur du monde afin de pouvoir accéder à ces services partout et au moment où ils sont requis. Si vous considérez l'équation offre et demande, il importe que les entreprises canadiennes désireuses de se lancer dans ce domaine disposent du plus gros auditoire possible.
Malheureusement, les entreprises canadiennes sont réticentes à occuper le nuage. Un sondage récent d'Angus Reid indique que seuls 47 p. 100 des entreprises canadiennes utilisent les services dématérialisés, comparé à 70 p. 100 des américaines et 68 p. 100 des britanniques. Nous entendons parler de marchés émergents où les entrepreneurs utilisent exclusivement l'informatique en nuage au lieu d'investir dans une infrastructure propre. Ils mettent tout leur argent dans cette innovation. La prestation des services en nuage permet aux entrepreneurs et aux innovateurs de se concentrer sur les innovations et contourner ce coût irrécupérable.
Il règne malheureusement de nombreuses perceptions erronées du recours à l'informatique en nuage. En janvier 2010, le comité trilatéral sur les flux de données transfrontaliers a signalé que des organisations laissaient passer des opportunités parce qu'elles n'étaient pas sûres des cadres réglementaires et légaux qui s'appliquent à elles et étaient de ce fait inquiètes et réticentes à mettre ces possibilités à profit.
Sur le plan des services, les gens regardent souvent vers le Canada et disent que c'est un pays froid avec beaucoup d'énergie verte et beaucoup d'espace. Pourquoi des centres de données ne sont-ils pas situés ici?
Vous vous souviendrez que j'ai mentionné qu'il s'agit là d'une activité tributaire des économies d'échelle et qui doit s'adresser à la plus large population possible. Si vous ne pouvez servir le monde à partir de vos centres de données, vous n'allez pas pouvoir réaliser ces économies d'échelle. On constate donc que les cadres juridiques en place dans le monde entravent cette adoption et cette occasion de projeter ce savoir-faire canadien dans le monde.
Puisque l'économie du cybercommerce est une affaire d'échelle, il nous faut réellement revoir les cadres stratégiques qui sous-tendent l'envergure de cette activité.
On a mentionné tout à l'heure, à propos de « l'Internet des choses », que le nuage représente une tendance transformationnelle. L'autre tendance est cette large variété d'appareils connectés. Il existe des appareils dans le domaine de la santé — notamment des glucomètres, des débitmètres pour débit de pointe, des balances — qui changent la façon dont nous soignons les Canadiens, modifiant cette équation et ce débat sur la prestation des soins de santé.
Avec les maisons connectées, les compteurs intelligents et les appareils ménagers intelligents, nous pouvons non seulement gérer notre consommation d'énergie, mais également savoir quels produits d'épicerie nous devons acheter.
Les véhicules intelligents et les projets de véhicule connectés en cours de réalisation dans la plupart des corridors intelligents de la province permettent de prévenir les accidents par le recours à ces technologies intelligentes et au nuage, et aussi de rationaliser les flux logistiques des marchandises importées d'outre-mer et transportées à travers l'Amérique du Nord.
Lorsque nous regardons les manières dont ces différents dispositifs sont reliés entre eux et recherchons différents canaux de télécommunications, nous discernons de grandes opportunités. Les espaces blancs et les réseaux de télévision analogiques promettent d'inventer tout un nouveau marché pour les techniques de mise en communication de ces dispositifs et de partage de l'information entre eux.
L'histoire démontre que l'innovation adjacente est peut-être la façon dont les inventeurs trouvent de nouvelles idées, en prenant quelque chose qu'ils connaissent déjà bien et en la reliant avec une autre idée intelligente. Donc, à l'heure où il convient de réinventer l'économie numérique canadienne, nous devrions passer en revue tous les segments de l'excellence canadienne et chercher à les prolonger en mobilisant le potentiel de la technologie.
Là-dessus, je vous remercie.
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Je pense que ce sont là deux très bonnes questions.
Si vous considérez le Canada au cours des 10 dernières années, nous avons effectué des investissements majeurs dans l'infrastructure, des investissements majeurs dans l'accessibilité de l'Internet. Comme mon co-intervenant Bernard Lord l'a dit, je crois que plus de 90 p. 100 des Canadiens ont accès aux services Internet haute vitesse.
Si vous nous comparez à d'autres pays, vous verrez que le Canada a une infrastructure très solide qui permet aux gens de faire du commerce électronique depuis chez eux et leur lieu de travail très efficacement. Aussi, les appareils mobiles n'ont pas été utilisés autant pour le commerce ces dernières années.
Je sais que je peux rentrer chez moi et effectuer mes opérations bancaires avec grande facilité à la maison, sans guère de difficulté. Avec la technologie des cartes à puce et celle des cartes de débit en place au Canada depuis belle lurette, j'ai pu utiliser depuis longtemps une carte magnétique pour effectuer ces paiements. Nous avons une infrastructure très solide et stable qui le permet.
Mais c'est maintenant une entrave et nous sommes pris avec notre infrastructure existante. C'est perturbateur. Nous regardons ainsi les autres pays adopter très rapidement la technologie mobile, alors que les Canadiens sont toujours rassurés par le fait qu'ils ont les capacités dont ils ont besoin au bout des doigts. C'est pourquoi, lorsque vous demandez aux dirigeants ce qui pourrait amener les Canadiens à changer leurs habitudes, ils disent que les moyens nouveaux doivent être réellement faciles — encore plus faciles que l'utilisation aujourd'hui de la carte de débit.
Nous nous situons donc dans un espace différent de celui que nous voyons en Europe, et certainement différent de l'Asie, de ce point de vue.
Au sujet de la première question, celle de la confiance du consommateur, tant les entreprises que les consommateurs nous disent qu'ils ont besoin d'être rassurés au sujet des services en nuage. Leur fournisseur de services doit pouvoir leur garantir que les images sont bien là, que le contenu sera bien là lorsqu'ils en ont besoin et qu'il est à l'abri.
C'est un peu paradoxal lorsqu'on commence à passer en revue les différents services et que l'on demande aux gens: « Est-ce que la protection de vos renseignements personnels vous inquiète? » et ils répondent « Oui ». « Connaissez-vous l'emplacement de vos fournisseurs de services? », et ils répondent que non. Alors comment concilier ce type de réponse de la part d'une personne et comment déterminez-vous combien de risque elle veut accepter, et les dispositifs de protection mis en place? C'est une question de protection car légalement rien n'interdit les déplacements.
Je pense que lorsqu'on considère l'aspect économique, il y a des entraves qui tiennent à l'accès à l'information et aux données circulant dans le cyberespace. Par exemple, la législation antiterroriste au Canada, aux États-Unis et même au Royaume-Uni, toutes imposent l'accessibilité des données intéressant la sécurité nationale. Aussi, lorsque vous cherchez à établir l'une de ces capacités dans votre région, les gens d'en dehors de la région vont craindre que les gouvernements locaux puissent accéder à leurs données en ayant recours à l'une de ces procédures d'accès légal.
J'ai eu des entretiens avec des entreprises étrangères cherchant elles-mêmes à devenir des chefs de file mondiaux de la fourniture de services en nuage, et ils s'intéressent de très près à la législation locale. Ils demandent: « En quoi votre législation relative à la protection des renseignements personnels a-t-elle attiré des emplois ou des entreprises dans votre région? » Malheureusement, il n'existe pas de statistiques sur l'effet de la LPRPDE ou de la Loi sur la protection des renseignements personnels sur les décisions d'implantation d'entreprises dans la région.
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Merci, monsieur le président.
Je me fais l'écho des propos de mon collègue, M. Lake. Il est excellent de vous avoir tous les quatre ici aujourd'hui pour parler d'un sujet aussi important.
Chacun de vous a parlé de l'importance de la technologie. Nous regardons en quoi la technologie rend nos vies plus faciles. Si l'on considère les systèmes mis en place pour faciliter nos vies, on constate qu'ils deviennent de plus en plus complexes. À plusieurs reprises j'ai entendu dire que nous sommes proches d'un point de bascule. Nous sommes très proches de ce point où le commerce électronique et les paiements mobiles vont basculer, et ce phénomène va se faire sentir dans tout le pays. Quel que soit le facteur qui amènera les Canadiens à utiliser les paiements mobiles et le commerce électronique, c'est passionnant. Mais, dans le même temps, nous allons aussi devoir nous pencher sur ces systèmes. Que faisons-nous pour protéger les consommateurs? Que faisons-nous pour protéger les petites et moyennes entreprises, surtout sur le plan de la réglementation dont il a été question?
Plus précisément, j'aimerais parler de la question des frais d'interchange sur les cartes de crédit. Nous avons mené une étude au Comité de l'industrie lors de la dernière législature où l'on a vu le poids que faisaient peser ces frais d'interchange sur les petites et moyennes entreprises. Si maintenant les téléphones intelligents et Google Wallet, par exemple, utilisent MasterCard et Visa... Nous savons tous qu'il y a un problème de littératie financière, et s'il va se conjuguer avec un problème de littératie numérique... Certains d'entre nous ne savent toujours pas comment empêcher l'horloge de clignoter sur le magnétoscope. Il faut instruire les gens.
Je plaisante sur le sujet, mais je vais peut-être commencer par vous, monsieur Cochrane, avec cette question. Faisons-nous assez sur le plan du commerce électronique et des paiements mobiles pour protéger les consommateurs? Je n'en dis pas plus et nous verrons ce que vous avez à répondre.
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J'attire votre attention sur le travail accompli par le groupe de travail sur les paiements mis sur pied pour le . Je ne le connais pas intimement, mais je crois savoir que ce groupe va formuler maintes recommandations similaires aux nôtres. Il se pose à cet égard un large éventail d'enjeux stratégiques potentiels.
À bien des égards, si vous regardez certaines des protections aujourd'hui... Dans le monde physique, vous pouvez perdre très facilement quelque chose; vous pouvez perdre votre portefeuille. Je sais que dans le monde électronique, si je prends cette appareil-ci et veut le protéger correctement, il renferme à peu près les mêmes renseignements que mon portefeuille, mais je peux le couper. Je peux appeler Rogers et leur demander de le désactiver immédiatement. Ainsi, en un sens, la technologie nous donne potentiellement une meilleure protection que celle que nous avons aujourd'hui dans l'espace physique.
Comme vous le faites remarquer, lorsqu'on parle de paiements mobiles, il n'y a pas que le paiement qui est capté. Alors que ces paiements étaient effectués dans le passé au moyen de cartes de crédit ou d'espèces, ils peuvent maintenant être captés au niveau du détaillant. Une opération au comptant sera effectuée par un appareil mobile, ce qui donne accès à plus de renseignements sur le comportement d'un client. Il importe donc d'avoir des règlements. Et je crois que nous les avons probablement, mais il faut que ce soit clair aux yeux de tous, y compris des consommateurs — c'est pourquoi nous parlons d'éducation — que lorsqu'ils tapent sur leur appareil mobile pour régler un achat de 30 $, 40 $ ou 50 $, le détaillant saura quel type d'opération vous effectuez à cet endroit.
Certains garde-fous doivent être mis en place. L'éducation joue un grand rôle.
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Je le crois. Il y a plusieurs points clés à considérer. Le premier est qu'IBM, avec son Unité de renseignement économique, a entrepris des études depuis 2000 qui classent les pays en fonction de leur préparation au monde électronique. La dernière étude a été achevée en 2010 et une conclusion majeure est que les 70 pays examinés ont atteint sous une forme ou une autre un certain état de préparation électronique.
On s'accorde très largement à dire qu'il faut investir lourdement dans l'infrastructure de connectivité fondamentale, qu'il faut encourager les entreprises et les consommateurs à l'utiliser et un environnement politique propice. Il existe un écart, mais il rétrécit et va rétrécissant.
La question est donc de savoir comment définir un avantage lorsque ce qui était précédemment considéré comme un avantage est devenu quelque peu banalisé. Bien sûr, je me réfère à tout ce que je viens de mentionner.
Le problème devant lequel nous nous trouvons, de ce fait, combiné au seul fait que la technologie réduit les coûts, est que tout et n'importe quoi peut être connecté. Il existe aujourd'hui dans le monde 30 milliards d'étiquettes d'identification par radiofréquence qui relient les voitures aux fabricants, les rivières aux administrations de conservation, et ainsi de suite. Comment traiter la masse de données produites chaque jour, qui équivaut à plus de huit fois le fonds de l'U.S. Library of Congress?
Au sujet de votre remarque sur les paiements mobiles, il importe de voir que la mobilité ne concerne pas que le commerce lui-même, mais aussi l'échange d'informations entre un produit et un consommateur, un consommateur et d'autres consommateurs pour déterminer ce qu'il convient d'acheter. Quatre personnes sur 10 utilisent un appareil mobile dans un magasin pour décider d'acheter ou non, et pour cela ils communiquent par Facebook ou quelqu'autre média pour prendre la décision.
Aussi, un responsable d'entreprise sur trois estime qu'is fonctionne avec des angles morts; 83 p. 100 des chefs de direction font de l'analytique une priorité afin de mieux maîtriser l'information qui déferle autour de leur entreprise, de leur produit, de leur marché et de leur chaîne d'approvisionnement.
Tout revient donc à ceci: la connectivité est partout. C'est un environnement permissif. La question est de savoir comment obtenir un avantage, et il proviendra de connaissances supérieures au sujet des produits, des procédés et des marchés, et l'acquisition de cette connaissance devient le fondement de l'entreprise intelligente.
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C'est une question que je rencontre chaque jour lorsque je parle aux entrepreneurs et innovateurs à travers le Canada, à savoir comment peuvent-ils mobiliser les capacités technologiques? Malheureusement, il règne beaucoup de confusion. Les entreprises canadiennes, dont 80 p. 100 sont de taille petite et moyenne, sont résolues à innover. La technologie est l'une des choses dont elles ont besoin pour survivre, mais elles ne possèdent réellement pas les compétences fondamentales dans ce domaine. Elles veulent que leurs services de base fonctionnent bien, mais ce n'est pas leur activité primaire. Elles veulent que les choses soient simples et elles ne veulent pas s'enliser dans un marécage juridique. Dès qu'il se pose une question de conformité, une question de légalité, elles vont typiquement jeter l'éponge et s'en tenir à ce qui a fait ses preuves.
Il existe une loi de protection des renseignements privés en Colombie-Britannique, la Freedom of Information and Protection of Privacy Act, qui dit que les données détenues par le gouvernement ne devraient pas sortir du Canada sans le consentement des personnes concernées. Ce n'est pas une interdiction totale, mais vous devez mettre en place certains garde-fous si vous manipulez des renseignements gouvernementaux. Étonnamment, un certain nombre d'organisations en Colombie-Britannique et au Canada croient que cette législation s'applique à eux. Voilà donc le premier défi, simplement énoncer de manière claire et concise ce qui s'applique aux entreprises privées. Il existe des dispositifs de protection appropriés que vous pouvez employer.
Ensuite vous tombez dans ce que j'appelle les scénarios de type Hollywood. Les gens vont imaginer toutes ces choses terribles qui pourraient arriver. Ces scénarios sont presque l'équivalent d'un roman policier de Hollywood, faisant presque penser que des bandits vont arriver par hélicoptère et s'emparer de vous. Il s'agit de surmonter les perceptions erronées quant aux choix possibles, quant aux emplacements des centres de données hôtes, de voir ce qui est disponible localement, et de déterminer quelles mesures de protection des données doivent être mises en place. Dans la plupart des cas, lorsque vous travaillez avec des fournisseurs de services professionnels, la sécurité et la protection des renseignements personnels sont bien assurées, mais il règne une confusion sur le marché qui fait hésiter les gens.
En outre, certaines organisations, par crainte ou incertitude, vous diront que l'information ne doit pas sortir de la région. Elles craignent de ne pas pouvoir bénéficier des économies d'échelle qui réduisent les coûts et, en bout de chaîne, de ne pas pouvoir facturer leurs services plus cher aux petites entreprises.
Peut-être, à l'occasion des autres questions que j'ai pour vous, monsieur Cochrane et monsieur Paterson, pourriez-vous également dire un mot des obstacles juridiques que vous voyez.
Premièrement, monsieur Paterson, nous avons constaté au Canada une adoption très rapide des cartes de débit, beaucoup plus rapide et plus large qu'aux États-Unis. Il serait intéressant de savoir si nous accusons déjà un retard sur le plan de l'adoption du cybercommerce...? Adopterons-nous plus vite que les États-Unis des nouveautés telles que le portefeuille mobile? Ce sont des questions intéressantes.
Par ailleurs, l'une des formules que vous avez employées était que le cybercommerce transforme les données en information utile. Je crois que c'est justement la crainte que nourrissent beaucoup de consommateurs. Par exemple, je ne sais plus qui l'a mentionné, mais sur votre téléphone intelligent, en sus du numéro de votre compte bancaire ou de votre carte de crédit, vous allez avoir d'autres renseignements, tels que votre numéro de permis. J'ai mentionné plusieurs comptes, car vous aurez probablement plus d'un compte, car je ne puis imaginer que la technologie ne sera pas conçue pour traiter plusieurs cartes de crédit ou comptes bancaires sur le même téléphone.
Nous savons, bien entendu, et nous l'avons vu encore cette année, que de grosses sociétés ont vu leur système informatique piraté et des renseignements personnels sur les Canadiens volés. Comment rassurer les Canadiens afin que le cybercommerce puisse avancer? Comment rassurer les Canadiens quant à la sécurité de ces systèmes?
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Merci, monsieur le président.
Merci à tous d'être venus. Ceci est fascinant. Tout bouge si vite.
J'aurais une question générale, je suppose, quant à savoir comment les gouvernements, tout comme les consommateurs et tout comme les entreprises, comme les vôtres, s'adaptent au changement et au progrès rapide et constant dans ce secteur.
Je pense que le représentant de KPMG a mentionné la notion des innovateurs par opposition aux suiveurs. Je pense qu'en tant que consommateurs nous comptons sur des lois pour régir les pratiques ou les politiques en matière de fiscalité, et c'est ce que l'actuel gouvernement est en train de s'efforcer de proposer. À quel moment intervenez-vous? À quel moment tirez-vous profit de la situation actuelle, au lieu d'attendre de voir de quelle façon elle va évoluer? Il ne semble pas que cela s'arrête jamais. À quel moment intervenons-nous, et comment devons-nous...?
J'imagine que ce que je recherche ce sont quelques idées en la matière. Où devons-nous tracer la ligne? Nous traitons aujourd'hui de questions qui n'avaient même pas été envisagées il y a de cela une ou deux années pour ce qui est de réglementer l'industrie, de protéger les consommateurs et d'orienter les politiques fiscales — aspects dont je suis certain que M. Regan était tout juste sur le point d'aborder, comme par exemple le téléchargement de musique par opposition à l'imposition de taxes sur les CD.
Où les gouvernements doivent-ils intervenir et où devons-nous tracer la ligne? Devons-nous établir des politiques vous disant que vous allez devoir inscrire vos progrès futurs à l'intérieur de tel et tel paramètres, ou bien devons-nous attendre de voir ce que vous allez faire, pour agir ensuite après coup?
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Je serais prêt à me porter volontaire pour répondre, car j'estime que ce sont là des questions intéressantes. Ce sont les questions les plus difficiles auxquelles répondre pour les décideurs.
Le seul conseil que je pourrais donner en la matière est qu'en tant que législateurs, vous ne pouvez pas essayer de légiférer dans ce domaine en regardant dans le rétroviseur. Du fait de la très rapide évolution que l'on sait, vous ne pouvez pas, alors que vous roulez le long de cette autoroute du changement, regarder dans le rétroviseur pour voir ce que vous venez de traverser et dire « Oh, réglementons cela ». La difficulté est qu'il est toujours difficile de prédire ce qui s'en vient. Et, vu la vitesse à laquelle les gouvernements travaillent, de manière générale, pour ce qui est de l'adoption de lois et de la tenue de débats dans une société libre et démocratique, cela demande du temps. Ce temps peut être un problème, ainsi qu'une entrave à l'innovation.
C'est ainsi que je pense qu'une règle générale devrait être de ne pas créer plus d'obstacles qu'il n'en faut et d'essayer de maintenir cet équilibre grâce auquel amener un environnement tel que les gens puissent innover et créer de la richesse, tout en protégeant les consommateurs et la vie privée des Canadiens. C'est lorsqu'on érige un trop grand nombre d'obstacles en tentant de protéger un trop grand nombre de choses que l'on risque vraiment selon moi de prendre du retard.
Nous ne sommes pas en train de prendre du retard en ce moment. Il y a des aspects pour lesquels nous sommes en avance, et d'autres pour lesquels nous sommes peut-être en deuxième place. Nous ne sommes pas un pays qui est en train de prendre du retard, loin de là, mais il nous faut veiller à ne pas ériger de barrières qui nous placent dans une situation dans laquelle nous prendrons du retard.
Le contexte démographique joue lui aussi un rôle majeur dans tout, lorsqu'on parle de politique publique. Le fait que nous ayons une population vieillissante est tel — et nous vivrons cette situation pendant encore un moment, et ce non seulement dans le domaine des soins de santé, mais dans d'autres secteurs également — que nous adopterons peut-être plus lentement les nouvelles technologies, du simple fait que la population soit plus âgée. Mais si vous regardez notre population plus jeune et la vitesse à laquelle elle adopte la technologie, vous constaterez qu'elle l'adopte au moins aussi rapidement, sinon plus rapidement, que n'importe qui dans le monde. Lorsque nous regardons le Canada dans son entier, il nous faut bien veiller à ne pas mettre tout le monde dans le même panier. Il y a des segments de la population canadienne qui adoptent la technologie aussi rapidement, voire plus rapidement, que quiconque au monde.
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J'aimerais me faire l'écho de ce qui a été dit quant à la nécessité d'avoir de vastes possibilités d'investir là où cela est porteur de l'innovation pour votre entreprise.
Mais mon sentiment est qu'il doit également y avoir une sensibilisation accrue de la collectivité dans son ensemble. Encore une fois, je tiens à souligner ma déception du fait qu'un si grand nombre d'entreprises canadiennes n'aient pas été au courant de la consultation sur l'économie numérique, qui est pourtant si importante pour faire rayonner partout dans le monde le savoir et le savoir-faire canadiens.
Un élément auquel il nous faut tous être sensibles est la durabilité des activités entourant les incitatifs. Il serait peut-être utile d'en fournir un exemple. Imaginons qu'un établissement de recherche obtienne le plus gros appareil d'IRM au monde. Tout d'un coup, il y a quantité de personnes intriguées par l'idée de s'établir dans la région pour travailler avec cet appareil d'IRM. Il se passera du temps et cet appareil d'IRM ne sera plus au premier rang mondial. Il sera peut-être au deuxième, troisième, quatrième ou cinquième rang. Que va-t-il se passer lorsque cette machine tombera en panne? Où vont aller vos chercheurs? Y a-t-il en place la structure d'appui nécessaire pour soutenir cette innovation dans la région et poursuivre le travail? Peut-être que, du fait que la technologie ait évolué à très grande vitesse, elle soit devenue obsolète, et que vous avez ainsi investi dans un cheval mais que votre écurie n'est pas pleine. Il importe donc de consentir ces investissements partout sur le marché canadien et de raviver toute cette idée de centres d'excellence ou de communautés.
Nous en voyons émerger partout dans l'économie canadienne, pas seulement à Vancouver et à Montréal, avec le contenu électronique et l'économie numérique, mais également dans les régions de Toronto et de Hamilton, avec les cybersoins de santé et les innovations qui se font dans ces collectivités; et il y a encore les innovations pharmaceutiques qui surgissent dans la région de Montréal, et la gestion du carbone qui se fait dans la région des Prairies. L'Université du Manitoba, l'Université de la Saskatchewan et l'Université de Regina font du travail extraordinaire en matière de séquestration du carbone. Comment faire pour doter ces collectivités de la technologie numérique qui leur permettra de faire rayonner ce savoir-faire partout dans le monde?
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Merci, monsieur le président, et merci aux témoins.
J'aimerais que vous me disiez comment le gouvernement, avec toutes ses redondances, pourrait économiser des deniers publics.
Par exemple, nous avons l'ARC, qui dispose de données relativement à jour sur tout le monde — nom, adresse, NAS, etc. Lorsqu'une personne veut faire une demande de prestation d'AE et se présente devant un kiosque, voire même devant un être humain, elle entre toutes sortes de données que possède déjà le gouvernement. Puis, des années plus tard, cette même personne, qui est un ancien combattant, fait une demande de prestations, et encore un autre fonctionnaire doit entrer exactement les mêmes données que possède déjà quelque part le gouvernement.
Y aurait-il moyen d'utiliser cette informatique en nuage de manière à ce que l'information qui doit demeurer séparée d'un ministère à l'autre puisse l'être, mais que l'information qu'il nous faut entrer à répétition puisse être généralement partagée?
Je vais juste faire un petit retour en arrière.
Monsieur Weigelt, le commerce électronique et les paiements mobiles, comme nous le disions, sont en train d'évoluer très rapidement et intègrent des technologies si formidables que nous sommes tous très excités face aux innovations qui s'en viennent. J'ai, par exemple, acheté un produit dans un magasin électronique local et me suis fait envoyer mon reçu par courriel. Et, pour ceux d'entre nous qui ont jamais eu ce que j'appelle un portefeuille Costanza — ces énormes portefeuilles remplis de reçus —, je peux dire que cela a été formidable, car j'ai en réalité pu enregistrer le reçu dans mon téléphone mobile et le verser dans un dossier, et je ne perds donc plus mes reçus. Je n'ai pas à passer à travers tout mon portefeuille Costanza pour les retrouver. Je peux en fait simplement les afficher.
La crainte que j'ai, en tant que consommateur, concerne ce qui va arriver si je perds ce téléphone du fait de ne pas l'avoir remis dans ma poche intérieure ou autre. Je sais que Microsoft possède une technologie qui pourra peut-être me protéger si cela devait m'arriver.
Vous pourriez peut-être parler un petit peu de ce qui se passerait si je perdais bel et bien mon téléphone. Qu'y aurait-il en place pour veiller à ce que son contenu soit récupéré?
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Merci, monsieur le président, et merci aux témoins qui sont venus comparaître aujourd'hui.
J'aimerais revenir sur un aspect dont a traité M. Cochrane, soit la formation pour les entreprises et les consommateurs.
En tant que groupe, nous avons entendu différents renseignements au sujet de l'informatique en nuage et de toutes les nouvelles technologies.
En tant que parent, et maintenant grand-parent, je regarde mes propres enfants dans la tranche d'âge des 35 ans et moins dont l'un de vous a parlé plus tôt — c'était peut-être M. Weigelt — et constate que leur adaptation à la technologie est bien supérieure à celle de ceux d'entre nous qui avons plus de 35 ans. Je ne sais pas si l'on va attendre que je rattrape, mais je regarde mes petits-enfants aujourd'hui, et ils progressent à un rythme exponentiellement plus rapide, car ils jouent avec des technologies et toutes sortes de jouets et de jeux sur leur iPad qui ont évolué de manière phénoménale par rapport à ce qui existait il y a de cela cinq ans. Les choses évoluent très rapidement.
Pour ceux d'entre nous qui avons des antécédents dans le monde des affaires, lorsque vous parlez d'informatique en nuage et des possibilités que cela offre, le nuage, pour moi, m'apparaît être une possibilité financièrement efficiente de faire un meilleur travail avec mon entreprise, sur les plans tant du coût de l'investissement que du coût des opérations, etc. Mais je demeure confronté à un problème: celui d'avoir en place le bon bassin de talent pour gérer tout cela.
La semaine dernière, nous avons entendu le témoignage de différentes institutions devant différents comités, parlant du travail qui se fait à l'heure actuelle au niveau postsecondaire.
Pourriez-vous nous entretenir brièvement de ce qui sera nécessaire pour donner aux entreprises — les petites entreprises ou les PME — le bassin de talent nécessaire pour les aider à faire avancer leurs activités et à rester à jour tout en poursuivant toutes les autres choses qu'elles essaient de faire. Que nous faut-il pour former la prochaine génération afin qu'elle nous aide à faire un meilleur travail avec les PME de partout au pays?
Vous avez dit que la cohorte plus âgée n'est peut-être pas aussi à l'aise avec la technologie, mais nous voyons en vérité les deux extrémités du spectre. Nous voyons la jeune génération, puis nous voyons les gens dont on ne penserait peut-être pas qu'ils seraient à l'aise avec la technologie. Nous constatons en même temps que les aînés sont de merveilleux adeptes de la technologie: voyez les différents spécialistes qu'il leur faut consulter ou leurs petits-enfants qui leur donnent un coup de main.
Et si nous examinons les aptitudes qui sont requises, nous constatons que l'apprentissage commence au plus jeune âge — et débute presque avec l'éthique de l'informatique. Songez aux enfants d'âge préscolaire qui apprennent comment partager leurs jouets entre eux, tout en ayant des conversations au sujet de la cyber-intimidation et du fait qu'il ne faille pas afficher sur le Web des images ou des commentaires peu flatteurs, et ainsi de suite. C'est ainsi que nous établissons très tôt cette littératie numérique, pour ensuite l'augmenter par étape. Les établissements d'enseignement canadiens sont en train d'innover dans ce domaine.
La commission scolaire de Pembina Trails, au Manitoba, utilise le nuage pour de la formation en ligne. Elle a adopté une approche de type ÉduTube, en vertu de laquelle les apprenants peuvent choisir un type d'apprentissage qui leur convient. Si donc ils ont des aptitudes pour l'apprentissage davantage axé sur l'illustration et la démonstration, alors ils peuvent choisir des plans de leçons qui y correspondent. Le tout est d'être à l'aise avec la technologie pour utiliser les nouveaux outils de formation ou d'apprentissage.
Je pense que lorsque vous arrivez à l'enseignement supérieur, la question est celle de comprendre que les compétences et la littératie numériques recouvrent tous les secteurs. Lorsque nos électriciens, nos plombiers, nos médecins, nos avocats font leurs études, ils suivent cette formation au fur et à mesure. Nombre des jeunes gens aux études exigent cela, et il nous faut y être sensibles.
Cela vous aide ensuite à bâtir ce que j'appelle l'innovation adjacente, au fur et à mesure que vous voyez se dessiner les possibilités. Peut-être que vous êtes menuisier, et que vous êtes en train de constater que vous pouvez maintenant vendre au monde entier si vous utilisez les outils qui sont là.
Vous avez tout à fait raison. Si nous regardons la chaîne de valeur, comme vous l'avez à très juste titre souligné, de nouveaux intervenants et de nouvelles entreprises pénètrent dans cet espace et nombre d'entre eux sont très novateurs. Je songe ici, bien sûr, aux compagnies de téléphone, mais également à de nombreuses autres compagnies de technologie et autres. Ce qui est intéressant est qu'elles s'attaquent au problème de manière différente par rapport aux compagnies qui étaient déjà en place, et je pense donc que cela va créer quantité de possibilités intéressantes que nous n'avons peut-être pas prévues.
En même temps, il importe de veiller à ce que les règles qui seront établies soient solides, pour éviter qu'il y ait des cowboys, mais qu'il y ait plutôt des intervenants fonctionnant à l'intérieur d'un cadre solide. Cela m'amène à l'autre point, celui de veiller à ce que nous établissions des normes. Si nous n'établissons pas de normes, si les gens ne les comprennent pas, alors il leur sera difficile de travailler à l'intérieur d'un cadre.
Notre propos, en réalité, est le suivant. Au fur et à mesure que nous entrons dans ce nouvel espace aux côtés de tous ces nouveaux entrants — toutes les différentes compagnies de technologie et autres —, il sera important d'avoir un cadre normalisé à l'intérieur duquel ils puissent travailler, qui leur permette de livrer les innovations que nous voulons et souhaitons tous, et sur lesquelles nous comptons. En même temps, il est important que ces entreprises respectent les limites aux fins du maintien d'un degré élevé de confiance à l'égard des cyberaffaires et du commerce électronique. C'est ainsi que l'établissement de normes est essentiel.
Beaucoup a été dit aujourd'hui au sujet du nuage et de la largeur de bande — et non pas seulement la largeur de bande mobile. Bien sûr, cela est absolument essentiel pour l'avenir. Au fur et à mesure de la multiplication des technologies et des données stockées par des serveurs centralisés et de l'augmentation du recours à l'informatique en nuage, les besoins en matière de bande passante vont de beaucoup augmenter. Certes, à l'heure actuelle, certaines des activités qui utilisent le plus intensivement la largeur de bande sont le fait de jeux, par exemple. Nous constatons, ici au Canada, un vaste éventail de qualités de service, selon l'endroit où vous vous trouvez et les menus proposés.
Je vous poserai peut-être à tous la question que voici: où voyez-vous le gouvernement intervenir et investir dans cette infrastructure en vue d'améliorer la qualité de service? Je considère que cela doit certainement nuire aux entreprises qui recourent à l'informatique en nuage de ne pas avoir la certitude que tout sera bien en place lorsqu'elles en auront besoin.
M. Lord parlait tout à l'heure de la demande énorme de service accru. En ce qui concerne les antennes, l'an dernier j'ai travaillé dans le nord de l'Alberta et, sur un chantier de construction, nous sommes passés d'une connexion à cinq mégabytes à une connexion à 100 mégabytes en l'espace de quelques mois, mais cela n'a pas pour autant favorisé l'érection d'un plus grand nombre d'antennes. Nous avons baptisé l'une des tours la tour « Yeti », parce que personne ne l'avait encore jamais vue et il a fallu attendre trop longtemps qu'elle soit opérationnelle.
Où voyez-vous le gouvernement intervenir et pousser en vue d'un accroissement de la largeur de bande en vue des besoins qui existeront d'ici trois, cinq ou 10 ans?
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J'estime que le rôle du gouvernement doit être très limité. L'industrie est désireuse de consentir les investissements, les a consentis et continuera de le faire. S'il est un rôle pour le gouvernement, celui-ci doit se limiter aux régions isolées et mal desservies.
J'ajouterais que, lorsque le gouvernement décide d'offrir un appui, comme il l'a fait ces dernières années, cet appui devrait, dans son approche également, être sans incidence sur la technologie, car il y a plus d'un moyen de livrer le service. Je ne pense pas que ce soit au gouvernement qu'il devrait revenir de choisir les gagnants ou les perdants; son rôle est vraiment d'appuyer ce pourcentage de la population qu'il est difficile de desservir.
N'oubliez pas qu'à l'heure actuelle au Canada les réseaux sans fil couvrent 99 p. 100 de la population et entre 17 et 19 p. 100 du territoire. Il faut savoir que 1 p. 100 de la population canadienne est répartie sur 83 p. 100 de notre territoire. D'un point de vue économique, il se pourrait que ce soit difficile d'offrir un service mobile à toutes ces personnes. Vous pouvez leur offrir le sans fil, mais ce serait une technologie différente. Il y a des moyens de combler le fossé, mais il faut garder à l'esprit le fait que demander au gouvernement d'intervenir peut être pire que faire ce qui est dans l'intérêt de la majorité. N'oubliez pas que, parmi les 99 p. 100 de Canadiens qui sont couverts par le sans fil, 97 p. 100 ont accès au 3G, ce qui veut dire le mobile sur large bande, et ce aujourd'hui, en ce moment-même. Si vous y réfléchissez, ce qui existe aujourd'hui est absolument incroyable. Le Canada compte un plus grand nombre des réseaux les plus rapides au monde que n'importe quel autre pays. Beaucoup de travail a déjà été fait, sans l'aide du gouvernement.
Notre crainte, lorsque le gouvernement essaie d'aider, est qu'il tente en définitive de ralentir les choses. Il y a des mesures qui pourraient par exemple être prises pour veiller à ce qu'il y ait davantage d'investissements. Nos droits d'obtention de licence sont aujourd'hui les plus élevés parmi les pays du G7. Si vous abaissiez ces droits, cet argent serait investi dans les réseaux. Il y a des façons dont le gouvernement pourrait aider, mais ce n'est pas toujours en dépensant davantage de deniers publics.
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Écoutez, c'est une question très intéressante.
Je suppose que l'intéressant est que nous n'allons pas créer le prochain RIM; le prochain RIM va, je pense, émerger. Je pourrais débobiner toute notre idée d'une économie numérique et dire « Eh bien, vous savez, le prochain RIM va naître du fait de cette compréhension de l'utilisation de la technologie, d'être un joueur mondial et de travailler dans le contexte canadien, qui est un contexte très positif. »
Si je reviens simplement au sondage qu'a évoqué tout à l'heure M. Paterson, et qu'effectue The Economist une rubrique pour laquelle le Canada affiche une cote extraordinaire est celle du contexte commercial. Pour ce qui est des six indicateurs d'une économie numérique et d'une bonne capacité électronique, le Canada se classe au troisième rang dans le monde en tant qu'environnement dans lequel voudraient s'implanter des entreprises. Peut-être que c'est une entreprise canadienne qui deviendra le prochain RIM, ou peut-être que ce sera le fait d'un entrepreneur qui dira « Allons au Canada. Partons là-bas avec nos familles et nos enfants et montons-y une entreprise ». Le Canada se classe, je pense, au troisième rang — peut-être derrière Singapour et j'oublie l'autre pays. Mais je dirais que le pays est plutôt attrayant.
Outre l'injection d'argent dans la technologie, je pense que c'est sans doute le meilleur apport que nous puissions faire, c'est-à-dire créer un environnement dans lequel les gens voudront s'établir pour monter des entreprises.
Je n'ai pu couvrir que la moitié du terrain avec ma dernière question. Je n'ai pas eu l'occasion d'entendre M. Paterson, ni M. Weigelt, bien que, dans le cadre de réponses subséquentes, ce dernier ait renforcé ce à quoi je voulais en venir, soit que la partie est peut-être trop grosse et évolue trop rapidement pour que les gouvernements puissent tout couvrir et devancer le plan de match. Et c'est là que je recours à ma croyance dans le régime de marché, simplement parce que je pense que...
Vous avez, monsieur Weigelt, mentionné la confiance et cité une déclaration de Bill Gates pour souligner que vous intégrez la confiance dans vos produits, tout comme le fait IBM, je crois. Les gens sont beaucoup plus nombreux à voter avec leur portefeuille pour IBM et Microsoft que pour un quelconque politicien ou législateur. Si vous ne conservez pas cette confiance, vous êtes condamné. Et je pense que cela arrive plus rapidement que dans le cas de tout parti politique.
J'aimerais poser la question à M. Lord, du simple fait qu'il est le représentant d'une association oeuvrant dans le domaine. Êtes-vous convaincu que la concurrence ou que le marché suffise pour assurer cette confiance et optimiser l'intégrité et la sécurité des consommateurs?
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C'est une question intéressante.
J'ai le bonheur de pouvoir observer l'environnement mondial avec mes collègues qui jouent des rôles semblables. Il est intéressant de voir comment d'autres pays ont résolu certains des grands défis en vue de servir les régions défavorisées.
Je vous citerai un exemple en Inde, où l'on a, en gros, utilisé du Wi-Fi en vente libre — ces points d'accès sans fil, avec des antennes spécialisées, qui coûtent 30 $ chez Radio Shack — et on a pu projeter le signal Wi-Fi 30 milles plus loin et, ainsi, relier cinq cliniques de services de consultation ophtalmologique pour offrir des opérations de la cataracte. C'est ainsi qu'on a pu, bon marché, avec une connexion à un noyau central, brancher toute une collectivité en utilisant le sans fil dans toute une région.
Songeons à ce genre de région défavorisée et voyons s'il n'y a pas certains recoupements ici au Canada que nous pourrions cerner en vue, peut-être, de choisir une école, une bibliothèque ou un hôpital comme établissement pôle afin de pouvoir diffuser à partir de ce dernier et desservir une zone plus vaste, s'étendant peut-être jusqu'à 20 ou 30 kilomètres autour de Sudbury. Nous pourrions faire cela, n'y voyant pas une solution plaquée or, mais un moyen d'offrir un accès intéressant, et ce à faible coût.
L'avantage en aval serait de pouvoir projeter cette expérience à l'avant, en vue de desservir des populations plus parsemées, si l'on songe à desservir des régions en Inde ou à bâtir l'infrastructure en Afrique, au fur et à mesure que ce continent se développe et exige cette infrastructure — voire même en Chine. Il s'agit donc de démultiplier l'expérience que nous avons pour rejoindre la collectivité et saisi,r ailleurs dans le monde, les occasions d'affaires qui se présentent.