J'aimerais remercier le président et les membres du Comité de m'offrir l'occasion de prendre la parole aujourd'hui.
Je m'appelle Anne Kelly et je suis la sous-commissaire principale du Service correctionnel du Canada (SCC). Je travaille dans le secteur des services correctionnels depuis 35 ans, dont la moitié ont été passés principalement en établissement.
Je suis accompagnée aujourd'hui par Larry Motiuk, commissaire adjoint aux politiques. Larry est chargé de veiller à la cohérence de notre cadre de planification et de politiques notamment quant à la façon dont nous rendons compte de notre rendement aux Canadiens. Il est dans le secteur des services correctionnels depuis 35 ans également.
[Français]
Je vous remercie de nous offrir l'occasion de présenter notre vision de l'avenir et certaines des stratégies novatrices que nous avons mises en oeuvre à Service correctionnel Canada au cours des 10 dernières années, afin de mettre en place la structure organisationnelle qui nous permettra d'améliorer les résultats de notre système de justice pénale.
[Traduction]
En fin de compte, nous voulons améliorer les résultats obtenus quant à la réinsertion sociale des détenus des Premières Nations, métis et inuits, et contribuer à la sécurité publique. J'ose espérer que les renseignements que nous pourrons vous fournir, notamment au sujet de nos principaux succès, de nos défis permanents et de nos possibilités d'amélioration, pourront contribuer à votre étude sur cet important sujet.
Après mes observations, nous serons heureux de répondre à vos questions.
[Français]
J'aimerais d'abord démontrer l'ampleur du défi lié à la surreprésentation des Autochtones en détention d'un bout à l'autre du Canada. Ce défi, la juge en chef, Beverley McLachlin, l'a décrit comme un problème social endémique aux racines profondes. Le a souligné l'engagement collectif du gouvernement à relever ce défi monumental.
[Traduction]
Comme vous le savez tous, plusieurs facteurs sont à l'origine de ce problème national récurrent. Il y a notamment la pauvreté; la toxicomanie; les problèmes de santé, y compris les troubles mentaux; la méconnaissance des cultures et des traditions autochtones, et le manque de compréhension à cet égard; et, surtout, les importantes répercussions néfastes des pensionnats sur les cultures, les communautés et les familles autochtones. La Cour suprême a souligné certains de ces facteurs en 1999 dans l'important arrêt Gladue.
Au Canada, les délinquants autochtones forment maintenant une part importante et grandissante de la population carcérale. Ils comptent pour plus du quart des personnes incarcérées dans les pénitenciers fédéraux à la grandeur du pays. Cette surreprésentation est même plus aigüe chez les délinquantes, puisque plus du tiers de la population des femmes incarcérées est autochtone.
Le Service correctionnel du Canada a pris la tête du mouvement visant à modifier la manière dont les Autochtones sont sollicités pour contribuer à la conception, à l'élaboration et à la prestation des services correctionnels. En 1997, nous avons élaboré et mis en oeuvre une stratégie nationale relative aux services correctionnels pour les Autochtones en mettant l'accent sur le renforcement des programmes destinés aux délinquants autochtones, l'intensification du rôle des collectivités autochtones dans nos opérations et nos pratiques correctionnelles, et l'augmentation du recrutement d'Autochtones pour la gestion des dossiers des délinquants autochtones.
[Français]
Le SCC a également commencé à envisager la possibilité d'établir des pavillons de ressourcement, en réaction à l'article 81 de la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition. En 2001, à la suite de la mobilisation des peuples autochtones et de l'établissement de partenariats avec eux, le SCC avait établi quatre pavillons de ressourcement en vertu de l'article 81 de la Loi, ainsi que quatre autres pavillons de ressourcement, en étroite collaboration avec des collectivités autochtones.
[Traduction]
Notre organisation compte sur la collaboration et la coopération des Autochtones pour participer à l'élaboration et à la prestation de services destinés aux délinquants des Premières Nations, métis et inuits. Pour cette raison, le Comité consultatif national des Autochtones et les Comités consultatifs régionaux des Autochtones continuent de fournir des avis et des conseils au Service correctionnel du Canada au sujet des politiques et des pratiques relatives aux délinquants autochtones. Par ailleurs, nous faisons appel à des aînés pour offrir des services spirituels et culturels aux délinquants autochtones. À la grandeur du pays, nous avons plus de 140 aînés des Premières Nations, métis et inuits qui apportent une aide spirituelle, animent des cérémonies et transmettent des enseignements traditionnels aux délinquants autochtones.
[Français]
En 2001, à la suite d'un financement de 18,6 millions de dollars sur cinq ans, que le Secrétariat du Conseil du Trésor a fourni par l'entremise de l'Initiative de l'approche correctionnelle judicieuse, le SCC a examiné la possibilité de multiplier les pavillons de ressourcement. Il a déterminé que, pour que les délinquants réussissent dans ces environnements, il était essentiel que des interventions spirituelles et culturelles soient disponibles dans tous les établissements et à tous les niveaux de sécurité, de façon à ce que les délinquants soient mieux préparés pour bénéficier de l'environnement d'un pavillon de ressourcement.
[Traduction]
En 2003, le SCC a créé le modèle du continuum de soins avec les conseils d'aînés et la participation d'organismes autochtones nationaux. Le continuum de soins pour les Autochtones sert de cadre pour offrir des services et des interventions adaptés à la culture et à la spiritualité de notre population carcérale autochtone, de l'admission jusqu'à l'expiration du mandat. Ce continuum de soins fournit des solutions de rechange aux services conventionnels et a permis de faire en sorte que tous les établissements dans toutes les régions offrent, depuis 2006, un niveau de base de services aux délinquants autochtones.
Élaboré en 2006, le Plan stratégique relatif aux services correctionnels pour Autochtones a établi un cadre stratégique renouvelé pour assurer la responsabilisation à tous les niveaux de l'organisation, et mis en oeuvre un continuum élargi de soins pour les Autochtones et des programmes, des services et des interventions accrus de même qu'une stratégie et un programme de formation pour les ressources humaines de façon à aplanir les obstacles systémiques au fil du temps.
Le Cadre de responsabilisation des services correctionnels pour Autochtones, un cadre d'évaluation du rendement, a été mis en oeuvre en 2010 afin de mesurer les progrès des délinquants autochtones, et des résultats positifs ont été recensés. À titre d'exemple, les délinquants autochtones ayant un plan de libération établi en vertu de l'article 84 de la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition qui met à contribution la collectivité autochtone étaient plus susceptibles d'obtenir une semi-liberté. De plus, les délinquants investis dans une démarche avec des aînés et participant à l'initiative des Sentiers autochtones sont plus susceptibles d'être transférés à un niveau de sécurité plus faible.
[Français]
Depuis la mise en oeuvre du Plan stratégique relatif aux services correctionnels pour autochtones, le Service continue d'explorer des interventions efficaces permettant de combler les besoins des Autochtones. Nous avons créé et mis en oeuvre le Plan d'action Sivuppiak pour les délinquants inuits, en 2013, afin de mieux satisfaire aux besoins des délinquants inuits. Nous avons renforcé et élargi les initiatives des Sentiers autochtones afin de mieux combler les besoins des délinquants autochtones en matière de réadaptation et de réinsertion sociales. Nous avons également renforcé la prestation d'interventions adaptées à la culture pour la population des délinquantes autochtones.
[Traduction]
Malgré les progrès accomplis au titre de plusieurs indicateurs, d'importantes lacunes demeurent en matière de réinsertion sociale des délinquants autochtones comparativement au reste de la population carcérale.
Comme vous le savez probablement, le vérificateur général a formulé huit recommandations dans son rapport de l'automne 2016 sur la préparation des délinquants autochtones à leur libération dans la collectivité. Notre organisation a accepté intégralement les constatations et les recommandations du vérificateur général et a mis en oeuvre des changements en conséquence, ou est en voie de le faire.
Nous demeurons résolus à aider les délinquants autochtones en mettant en oeuvre une approche plus efficace qui nous permettra de cibler nos efforts pour favoriser leur réadaptation et leur réinsertion sociale dans la collectivité de façon efficace et sûre, à des taux comparables à ceux de leurs pairs non autochtones.
Le nombre de Canadiens autochtones qui se voient infliger des peines de ressort fédéral échappe à notre contrôle, mais le travail et les interventions de notre organisation peuvent, à terme, avoir une incidence sur la durée de la période pendant laquelle les délinquants autochtones restent sous notre responsabilité, si nous concentrons nos efforts sur leur réinsertion fructueuse dans les meilleurs délais.
[Français]
Dans le cadre d'une nouvelle stratégie visant à améliorer nettement les résultats pour les délinquants autochtones, le Service correctionnel du Canada a récemment élaboré le cadre du plan national relatif aux Autochtones, afin de rationaliser les ressources disponibles, de renforcer les pratiques de gestion de cas et de garantir que les délinquants autochtones qui souhaitent s'engager dans un cheminement de transition auront accès à des interventions et à des programmes culturels et spirituels plus intensifs.
[Traduction]
En vertu de cette stratégie, nous avons récemment établi sept centres d'intervention pour les Autochtones dans l'ensemble du pays, dont trois dans la région des Prairies où se trouve une proportion considérable de nos délinquants autochtones. Dans ces centres d'intervention, des délinquants, et en particulier ceux qui purgent des peines plus courtes, bénéficieront de programmes et d'interventions plus précoces. Ils commenceront en outre leur préparation en vue de leur mise en liberté sous condition bien avant leur première date d'admissibilité. De plus, des équipes spéciales de gestion des cas sont formées de membres ayant suivi une formation spécialisée sur la gestion des cas de délinquants autochtones et la prise en compte de leurs antécédents sociaux.
Les délinquants seront mieux préparés à la mise en liberté tôt au cours leur peine, et bénéficieront d'un soutien plus intensif et ciblé, ce qui augmentera d'autant leurs chances de succès lors de leur libération.
Bonjour, monsieur le président et honorables membres du Comité. Je vous remercie de me donner l'occasion de m'adresser à vous aujourd'hui.
Je m'appelle Angela Arnet Connidis, et je suis directrice générale à la Direction générale des affaires correctionnelles et de la justice pénale au ministère de la Sécurité publique.
[Français]
Je suis heureuse d'être ici aujourd'hui avec mes collègues de Service correctionnel du Canada. Nous travaillons en étroite collaboration, et l'étude menée par votre comité sur les détenus autochtones et le résultat de leur libération et de leur réinsertion sociale servira à étayer nos connaissances et notre travail sur cette question.
[Traduction]
J'aimerais vous expliquer certaines des mesures mises en place par le ministère de la Sécurité publique dans le but d'améliorer les résultats pour ce qui est de la réinsertion sociale des délinquants autochtones, et d'accroître la sécurité des collectivités autochtones.
La surreprésentation chronique des Autochtones dans l'ensemble du système de justice pénale est alarmante, et mes collègues n'ont pas manqué de vous rappeler à ce sujet des statistiques que vous connaissez déjà trop bien. C'est pour cette raison que la question des services correctionnels et de la sécurité des collectivités autochtones fait partie des priorités de tous les instants pour le ministère de la Sécurité publique. Nous reconnaissons que la surreprésentation des Autochtones dans le système de justice pénale est un problème complexe qui exige toute une gamme de politiques, programmes et initiatives afin de corriger le taux disproportionné de criminalité et de victimisation que connaît la population autochtone.
Même si Sécurité publique Canada n'est pas directement responsable de l'administration des détenus autochtones dans les services correctionnels fédéraux, nous travaillons dans certains secteurs clés pour améliorer leur réinsertion sociale et appuyer les collectivités autochtones dans la création d'environnements sécuritaires. J'aimerais vous parler en particulier de trois initiatives importantes que nous avons mises sur pied dans cette optique: l'Initiative sur les services correctionnels communautaires destinés aux Autochtones, le Programme de contribution à l'amélioration de la sécurité des collectivités autochtones, et notre Stratégie nationale pour la prévention du crime.
L'Initiative sur les services communautaires correctionnels destinés aux Autochtones vise précisément à aider les délinquants autochtones à réintégrer leur collectivité. En vertu de l'article 84 de la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition, lorsqu'un détenu souhaite être libéré dans une collectivité autochtone, le Service correctionnel du Canada peut, avec son consentement, communiquer avec cette collectivité pour préparer avec elle un plan de libération et d'intégration du détenu. Cette démarche peut aider un détenu autochtone à améliorer ses chances d'obtenir une libération conditionnelle et de mieux se tirer d'affaire une fois libéré.
Certaines collectivités autochtones n'ont toutefois pas la capacité de travailler avec le Service correctionnel du Canada à l'élaboration d'un plan de mise en liberté sous condition, et ne peuvent pas non plus fournir le soutien nécessaire au détenu autochtone au moment de sa libération. Notre ministère s'attaque à ce problème par le truchement de l'Initiative sur les services correctionnels communautaires destinés aux Autochtones, qui a reçu 10 millions de dollars sur cinq ans dans le budget de 2017. Dans le cadre de cette initiative, Sécurité publique Canada versera du financement sous forme de contribution pour appuyer la formation et le renforcement des capacités dans les collectivités autochtones, afin de les aider à réaliser des projets communautaires favorisant la réinsertion sociale des délinquants autochtones et à offrir des solutions de rechange à l'incarcération.
Il est important de noter que cette approche sera adaptée en fonction des préoccupations, des priorités et des circonstances particulières de la collectivité autochtone qui demande du financement. Nous entendons nous servir de cette initiative pour accroître la capacité des collectivités autochtones à travailler avec le Service correctionnel du Canada et les services correctionnels provinciaux pour aider à la transition lors de la libération de délinquants autochtones et améliorer les résultats de leur réinsertion dans la collectivité.
Les projets financés contribueront également à l'acquisition de connaissances sur les méthodes qui fonctionnent et les pratiques exemplaires dans la réinsertion des délinquants autochtones dans leur collectivité. Ces connaissances pourraient aussi bénéficier à d'autres collectivités confrontées à des problèmes semblables.
[Français]
Parmi les organismes admissibles à ce programme de financement, il y a les organismes autochtones sans but lucratif; les gouvernements autochtones; les administrations municipales qui travaillent en collaboration avec des organismes ou des collectivités autochtones; les collectivités autochtones elles-mêmes; ainsi que les universités et les collèges canadiens.
[Traduction]
Le premier appel de propositions a été lancé le 4 octobre 2017.
Nous avons grand hâte de pouvoir étudier les propositions reçues afin d'attribuer des fonds à celles qui se démarquent. Cette initiative axée sur la réinsertion sociale vise à contribuer à renverser la tendance pour ce qui est de la surreprésentation des Autochtones dans le Système canadien de justice pénale, de même qu'à soutenir la guérison et la réadaptation des délinquants autochtones.
La deuxième initiative dont j'aimerais vous parler est celle qui a pour but d'améliorer la sécurité dans les collectivités autochtones. C'est ce que nous appelons généralement la planification de la sécurité communautaire.
Il s'agit de s'employer principalement à rendre une collectivité mieux apte à créer un milieu sûr en lui fournissant toute l'aide dont elle a besoin pour élaborer et mettre en oeuvre un plan de sécurité communautaire. Dans le cadre de cette approche locale unique auprès des aînés et des principaux membres du conseil des communautés autochtones, des fonctionnaires de Sécurité publique Canada accompagnés d'un animateur formé à cette fin tiennent des séances pour aider les instances locales à reconnaître les risques pour la sécurité tout en faisant ressortir les forces de la collectivité et les objectifs qu'elle devrait viser pour vivre en sécurité. Nous aidons la collectivité à élaborer un plan pour atteindre ces objectifs.
Le ministère paie pour l'animateur qui a l'expérience du travail avec les collectivités autochtones, et offre un soutien pour le processus, mais uniquement si la collectivité se sent prête et nous invite. La collectivité fournit le local et les services d'accueil pour les réunions, et délègue la planification à un groupe formé de ses membres principaux. Nous avons fait l'exercice jusqu'à maintenant avec plus d'une centaine de collectivités autochtones. Elles sont 29 à avoir élaboré leur plan et à en être rendues à différentes étapes de sa mise en oeuvre.
De plus, nous sommes en train de réaliser un projet pilote où nous travaillons avec une dizaine de collectivités en misant sur la participation d'autres ministères fédéraux, y compris Affaires autochtones et du Nord Canada, Santé Canada et Justice Canada, ainsi que les ministères et gouvernements provinciaux qui ont un rôle à jouer dans la mise en oeuvre de certains éléments des plans de sécurité communautaire.
Grâce à ces plans, les différents partenaires peuvent mieux cibler leur financement de manière à appuyer les projets jugés prioritaires par les collectivités pour leur sécurité.
[Français]
Nous travaillons avec plusieurs collectivités autochtones à l'amélioration des services locaux de réinsertion et au renforcement des moyens, afin de conclure une entente avec le Service correctionnel du Canada pour la prise en charge et la garde des délinquants autochtones, en conformité avec l'article 81 de la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition.
[Traduction]
Nous avons bon espoir que nos efforts incessants feront en sorte que l'approche réactive du traitement des problèmes cède la place à une solution intégrée et globale aux problèmes prioritaires des collectivités.
En appuyant les collectivités autochtones dans l'élaboration d'interventions et de solutions pour répondre à leurs propres besoins en matière de services correctionnels et de sécurité communautaire, nous avons l'impression d'améliorer les chances de trouver des solutions durables à plus long terme.
Notre Stratégie nationale pour la prévention du crime est la troisième initiative dont je veux vous entretenir. C'est une autre composante clé des efforts déployés pour diminuer les pressions constantes qui s'exercent sur le système de justice pénale en réduisant le nombre de personnes susceptibles d'avoir des démêlés avec la justice. Il a été démontré que des interventions bien conçues permettent non seulement de réduire la victimisation, mais également les coûts sociaux et économiques liés aux activités criminelles, y compris ceux associés au traitement des dossiers dans le système de justice pénale.
Dans le cadre de cette stratégie, Sécurité publique Canada fournit des fonds à l'appui d'interventions fondées sur des données probantes pour la prévention de la criminalité auprès des enfants, des jeunes et des jeunes adultes à risque; d'ex-délinquants qui ne sont plus sous la surveillance d'un service correctionnel; et des Autochtones en général. La stratégie mise notamment sur un Fonds de prévention du crime chez les collectivités autochtones et du Nord qui appuie l'adaptation, l'élaboration et la mise en oeuvre de pratiques de prévention du crime tenant compte des caractéristiques culturelles des Autochtones. Le Fonds appuie également la diffusion des connaissances et la création d'outils et de ressources pour les collectivités autochtones et du Nord, de même que le renforcement des capacités d'intervention pour permettre d'explorer des façons d'élaborer ou de mettre en oeuvre des pratiques de prévention du crime adaptées à la réalité culturelle de ces collectivités.
Pas moins de 46 % des projets de prévention de la criminalité soutenus par le ministère depuis 2012 concernaient des groupes ou des collectivités autochtones.
Mes remarques ont surtout porté sur ces trois initiatives parce qu'elles sont les plus pertinentes à la discussion que vous tenez aujourd'hui sur les délinquants autochtones. Je tiens toutefois à vous dire que les mandats respectifs de Sécurité publique Canada et de Justice Canada renferment un même engagement à combler les lacunes dans les services aux populations autochtones dans tout le système de justice pénale, et que nous travaillons en étroite collaboration avec nos collègues pour nous acquitter de ce mandat. Par ailleurs, les conclusions tirées par la Commission de vérité et réconciliation à la suite de ses travaux approfondis comprenaient 12 appels à l'action sur des questions relevant de notre portefeuille. Nous travaillons donc dans l'ensemble du portefeuille et de concert avec les organisations autochtones et d'autres ministères pour donner suite à ces appels à l'action.
Si nous voulons véritablement réduire la surreprésentation des Autochtones au sein de la population carcérale, nous devons nous concentrer sur leurs antécédents sociaux et les facteurs de risque présents dans leur vie. L'étude menée par votre comité nous aidera à y parvenir.
[Français]
Encore une fois, je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de m'exprimer devant vous aujourd'hui. Je me ferai un plaisir de répondre à toutes vos questions.
:
Oui. Nous sommes très contents. Il s'agit d'une nouvelle approche qui a été adoptée en réponse au rapport du vérificateur général. Cette nouvelle approche donne suite à la majorité des recommandations contenues dans le rapport du VG.
Nous allons fournir un soutien plus intensif et ciblé. Nous avons créé sept centres d'intervention pour Autochtones, dont trois se trouvent dans la région des Prairies. Ces centres d'intervention sont à la fois des centres dans lesquels nous menons le processus d'évaluation initiale des délinquants et des centres dans lesquels nous offrons des programmes.
Ils ciblent surtout les délinquants à sécurité moyenne purgeant une peine de courte durée. Nous aurons des équipes de gestion des cas ayant une formation spécialisée, et la formation est déjà terminée dans tous les centres d'intervention pour Autochtones. Elle porte sur les antécédents sociaux des Autochtones, sur la façon de consigner les répercussions qu'ont le programme Sentiers autochtones sur un délinquant autochtone, le processus prévu à l'article 84 et la façon d'évaluer les répercussions des interventions adaptées à la culture, comme les services d'aînés.
L'autre élément, c'est que les agents de développement pour la collectivité autochtone, dont j'ai parlé précédemment, sont affectés à ces centres d'intervention pour Autochtones. Les plans de libération établis en vertu de l'article 84, pour les délinquants qui expriment un intérêt à cet égard, sont entrepris bien avant les dates d'admissibilité à la libération conditionnelle. De plus, les agents de liaison autochtones dans la collectivité travailleront auprès des collectivités dans le cadre du processus prévu à l'article 84. Ils rencontreront les délinquants trois mois avant leur libération et les suivront durant les six premiers mois après leur mise en liberté.
Lorsque des délinquants autochtones arriveront aux centres d'intervention pour Autochtones, on leur expliquera les programmes et les services qui leur sont offerts. Ensuite, ils nous diront s'ils souhaitent suivre le continuum de soins pour les Autochtones, car les délinquants autochtones peuvent également suivre des programmes réguliers.
:
Merci, monsieur le président.
Honnêtement, je dois dire que je ne suis pas trop préoccupé par les Autochtones et les programmes qui leur sont offerts dans les établissements correctionnels, parce que je pense que la situation s'est améliorée de façon continue ces dernières années.
Ma question s'adresse probablement plus à Mme Connidis. Ce qui me préoccupe, c'est la raison pour laquelle ils se retrouvent là en tout premier lieu, les raisons de leur surreprésentation disproportionnée, et les raisons pour lesquelles on observe de tels taux d'incarcération chez les Autochtones. Nous savons que pour les délinquants primaires, le nombre d'Autochtones est plus élevé dans le système carcéral fédéral. Nous savons que cela est lié à des infractions plus violentes. Nous savons que nous avons affaire à des délinquants plus jeunes. Nous savons que ces personnes, tant les jeunes que les adultes, ont déjà un casier criminel et qu'ils ont des problèmes de toxicomanie.
Nous savons, madame, que la Stratégie nationale pour la prévention du crime dont vous avez parlé vise à empêcher les Autochtones d'entrer dans le système judiciaire et d'avoir des démêlés avec la justice. Je sais, d'après mes discussions avec bon nombre de mes amis, des résidants de la Réserve des Gens-du-Sang, que la criminalité et la participation des jeunes à ces activités les préoccupent beaucoup. Cela ne va pas en diminuant.
Vous parlez de cette nouvelle stratégie de prévention du crime. À votre avis, en quoi cette stratégie se distingue-t-elle des précédentes pour régler les problèmes auxquels les collectivités autochtones sont confrontées, qui sont la cause même de cet enjeu? En quoi cela permettra-t-il de changer la donne? Qu'est-ce qui distingue ce plan des solutions précédentes, que nous pensions efficaces?
:
C'est une très bonne question. Je pense que nous avons là une nouvelle approche de collaboration avec les Autochtones, dont fait partie la planification de la sécurité communautaire. Concrètement, nous travaillons avec les collectivités; elles cernent leurs besoins, puis nous les aidons à satisfaire à ces besoins. On fait donc l'inverse de ce qui se faisait auparavant, alors que nous leur offrions des programmes sans savoir si cela fonctionnerait ou non. Essentiellement, il s'agit de déterminer les solutions adéquates en fonction de leurs besoins.
Il importe de souligner qu'on ne parle pas ici de la stratégie de prévention du crime, mais plutôt de la planification de la sécurité communautaire. Nous collaborons avec les provinces et d'autres ministères fédéraux, car cela ne relève pas du ministère de la Sécurité publique; cela relève du mandat d'autres ordres de gouvernement ou d'autres ministères fédéraux.
Lorsqu'une communauté parvient à cerner les risques, nous tentons, dans les 10 collectivités du projet pilote, d'obtenir la participation d'autres partenaires. Nous présentons les besoins pour régler les problèmes et cherchons à savoir ce qui peut être fait pour les appuyer. À ce jour, nous avons entrepris des démarches auprès de 100 collectivités sur 680. Il nous reste beaucoup de travail à faire, mais c'est dans l'ordre des choses lorsqu'on s'attaque à la cause fondamentale du problème.
Quant à notre stratégie de prévention du crime, de nombreux programmes que nous préparons en collaboration avec les Autochtones visent à renforcer les familles. Nous examinons la dysfonction qui touche les familles, notamment en raison de l'histoire des pensionnats indiens, afin de régler ce problème, empêcher les gens de rejoindre des gangs et créer des collectivités plus sûres.
Dans un pays comme le Canada, l'essentiel est de créer des synergies afin que tous les intervenants unissent leurs efforts pour régler le problème.
:
Revenons à notre étude des motifs pour lesquels les contrevenants autochtones ne sont pas libérés plus fréquemment et ne terminent pas les programmes.
Comme M. Picard l'a dit, nous avons eu l'occasion, par l'entremise du Syndicat des employé-e-s du Solliciteur général de visiter les centres correctionnels communautaires et le bureau de libération conditionnelle de Stony Mountain, lorsque nous sommes allés à Winnipeg, il y a environ un an et demi.
J'ai vu que, à Stony Mountain, la proportion de contrevenants autochtones pouvait atteindre 65 % de la population carcérale. Là-bas, le programme Sentiers autochtones est un élément mineur. Si je me souviens bien, il ne concernait qu'une aile de la prison.
Sur les contrevenants ayant accès à ce programme, pourriez-vous nous fournir — pas nécessairement tout de suite — une ventilation du nombre de contrevenants autochtones dans le système ainsi que de ceux qui ont accès aux pavillons de ressourcement et au programme. Je pense que 28 lits pour les contrevenantes, dans les pavillons, c'est très peu. C'est un excellent programme, mais il atteint peu de monde.
Je sais que, à Stony Mountain, seuls les contrevenants qui s'y étaient engagés avaient accès à ce programme, ce qui est excellent, mais comment s'occuper de tous les autres qui, dans des endroits analogues, n'y accèdent pas et n'ont aucune motivation pour y participer? Comment les atteindre?