Je vais le faire, monsieur le président. Je remercie sincèrement les membres du Comité de leur travail, au moment où ils s'apprêtent à entreprendre l'étude article par article du projet de loi , loi concernant la sécurité nationale.
J'ai le plaisir aujourd'hui d'être accompagné par un groupe de distingués collaborateurs qui travaillent dans le domaine de la sécurité publique et nationale. David Vigneault, comme vous le savez, est directeur du SCRS. Greta Bossenmaier, à ma droite, est chef du Centre de la sécurité des télécommunications, le CST, qui est très concerné par le projet de loi .
À ma gauche, Vincent Rigby est sous-ministre délégué à Sécurité publique. Je pense qu'il en est à sa première audience du Comité dans ses nouvelles fonctions. Kevin Brosseau est sous-commissaire à la GRC, et Doug Breithaupt travaille au ministère de la Justice.
[Français]
Dans tout ce que fait notre gouvernement en matière de sécurité nationale, il y a deux objectifs inséparables: protéger les Canadiens et défendre les droits et libertés. Pour ce faire, nous avons déjà pris plusieurs mesures importantes, comme le nouveau comité de parlementaires établi par le projet de loi et la nouvelle directive ministérielle visant à éviter la complicité dans les cas de mauvais traitements. Cela dit, le projet de loi est certainement un élément central de nos efforts.
[Traduction]
Comme je l'ai mentionné la semaine dernière à la Chambre, le projet de loi porte sur trois thèmes principaux: accroître la responsabilité et la transparence, corriger les lacunes de l'ancien projet de loi , et veiller à ce que les agences canadiennes chargées de la sécurité nationale et du renseignement soient en mesure de s'adapter à l'évolution des menaces.
Le projet de loi est le fruit des consultations les plus exhaustives qui aient été menées au Canada sur la sécurité nationale. Nous avons reçu plus de 75 000 mémoires provenant d'un grand éventail d'experts et d'intervenants ainsi que de la population. Les membres du Comité y ont aussi apporté une contribution très importante, comme ils pourront le constater, je l'espère, à son contenu.
Toute cette information a guidé nos travaux et mené au projet de loi qui est devant nous aujourd'hui, et ce n'est qu'un début. Quand il est question de sujets aussi fondamentaux que notre sécurité et nos droits, le processus doit être aussi ouvert et complet que possible. C'est pourquoi nous avons choisi de demander au Comité d'examiner ce projet de loi non pas après, mais avant la deuxième lecture. Comme vous le savez, une fois que le projet de loi a passé l'étape de la deuxième lecture en Chambre, sa portée ne peut être modifiée. En procédant comme nous le faisons, vous aurez la chance d'examiner le projet de loi en détail plus tôt dans le processus, soit à partir de maintenant, et de proposer des amendements qui auraient pu autrement être considérés comme dépassant sa portée.
Nous avons déjà eu plusieurs heures de débat, et j'aimerais profiter du temps qu'il me reste pour vous parler de certains points qui ont été soulevés à cette occasion. Tout d'abord, il y avait des inquiétudes au sujet des pouvoirs de réduction de la menace du SCRS. Certains voudraient qu'on les élimine totalement, alors que d'autres voudraient qu'ils soient illimités. Pour les mesures qui nécessitent un mandat judiciaire, nous avons donc décidé de les énumérer dans une liste précise.
Le SCRS doit avoir, et les Canadiens ont besoin que le SCRS ait, des pouvoirs clairement définis, sans ambiguïté, afin qu'il puisse faire son travail qui est d'assurer notre sécurité. Le projet de loi apporte cette clarté. En ayant des pouvoirs très clairs, les agents du SCRS peuvent accomplir le travail difficile qui est le leur en sachant qu'ils le font en respectant pleinement la loi et la Constitution.
Qui plus est, le projet de loi fera en sorte que les mesures prises par le SCRS respectent la Charte des droits et libertés. Le projet de loi supposait le contraire, et même si le SCRS a très clairement indiqué qu'il n'a jamais utilisé cette option, le projet de loi éliminera toute ambiguïté à ce sujet.
Lors de son intervention pendant le débat en Chambre, a parlé des changements que nous proposons d'apporter à la définition de « propagande terroriste » et à l'infraction criminelle de fomenter la commission d'une infraction de terrorisme. Il ne peut maintenant y avoir absolument aucun doute sur notre conviction — et je pense que tous les partis sont d'accord — que répandre les idéologies odieuses des organisations terroristes est un comportement qui ne peut être toléré. Nous savons que les groupes terroristes utilisent Internet et les réseaux sociaux pour joindre et radicaliser des gens et arriver à leurs fins ignobles et sanguinaires. Nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour les en empêcher.
Le problème à l'heure actuelle est que la définition du projet de loi étant très vaste et très vague, elle est pratiquement inapplicable, et la disposition n'a pas été utilisée. Le projet de loi propose donc une terminologie claire et courante en droit canadien. Il interdirait de conseiller à une personne la commission d’infractions de terrorisme. Cela ne nécessite pas qu'une personne en particulier soit incitée à commettre une infraction particulière. Le simple fait d'encourager les autres à poser des gestes terroristes non spécifiques se qualifiera et enclenchera cette disposition du Code criminel.
La loi étant plus claire, il sera plus facile de l'appliquer. Des poursuites seront peut-être intentées en vertu de cette nouvelle disposition pour cette infraction, ce qui n'a pas été le cas jusqu'à maintenant.
On a aussi demandé pendant le débat à la Chambre si les nouveaux mécanismes de reddition de comptes n'obligeront pas les agences de sécurité et de renseignement à faire trop de pirouettes pendant leur travail. La réponse, à mon avis, est certainement non. Lorsque nous avons présenté le projet de loi, deux de nos meilleurs experts en sécurité nationale au pays, Craig Forcese et Kent Roach, ont mentionné que le projet de loi constituait des avancées solides — tant du point de vue de la règle de droit que des libertés civiles — et sans coût apparent pour la sécurité.
Les mécanismes de reddition de comptes des agences canadiennes de sécurité et de renseignement sont déficients depuis un bout de temps déjà. Le projet de loi a fait un grand pas pour corriger cette lacune en créant le Comité de parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement. Le projet de loi créera quant à lui l'Office de surveillance des activités en matière de sécurité nationale et de renseignement, que certains appellent, pour faire court, super CSARS, de même que le poste de commissaire au renseignement, une autre innovation du projet de loi C-59.
Ces mesures ont été très bien accueillies. Certaines activités de surveillance prévues dans le projet de loi auront lieu a posteriori, et quand les activités de surveillance auront lieu en temps réel, nous avons inclus des dispositions pour couvrir les situations d'urgence où il faut intervenir sans attendre.
Il est important de mentionner que la reddition de comptes vise, bien sûr, à s'assurer que les droits et les libertés des Canadiens sont protégés, mais aussi à s'assurer que nos organismes fonctionnent le mieux possible pour protéger les Canadiens. La sécurité et les droits sont deux objectifs essentiels qui doivent être atteints simultanément, et non pas l'un sans l'autre.
Lors du débat, le Nouveau Parti démocratique a soulevé des questions au sujet de ce qu'on appelle communément la LCISC, la Loi sur la communication d'information ayant trait à la sécurité du Canada. On a suggéré de l'abroger totalement, mais, respectueusement, nous mettrions ainsi la sécurité des Canadiens en danger. Si un organisme ou ministère gouvernemental possède des renseignements dignes de foi concernant une menace à la sécurité, il doit être en mesure de les divulguer aux organismes partenaires concernés au sein du gouvernement pour s'occuper de cette menace, et vous vous souviendrez sans doute que cela a donné lieu à quelques enquêtes judiciaires dans l'histoire de notre pays au cours des dernières années.
La divulgation doit être régie par des règles claires, et c'est pourquoi le projet de loi prévoit les trois exigences suivantes: premièrement, l'information divulguée doit cadrer avec les responsabilités en matière de sécurité nationale de l'organisme destinataire. Deuxièmement, la divulgation ne doit pas se répercuter sur la vie privée d'une personne plus que raisonnablement nécessaire. Troisièmement, l'organisme destinataire doit recevoir une confirmation que les renseignements sont exacts. De plus, nous indiquons clairement qu'aucun nouveau pouvoir en matière de collecte de renseignements n'est créé ou sous-entendu, et qu'un dossier doit être conservé sur tout renseignement communiqué à un autre organisme.
Monsieur le président, je vois que vous me faites un geste inélégant, qui pourrait être mal interprété dans un autre contexte.
Des députés: Oh, oh!
L'hon. Ralph Goodale: J'ai quelques autres points, mais je présume qu'ils seront soulevés pendant la discussion. Je serai heureux de répondre à vos questions avec l'appui des gens qui m'accompagnent aujourd'hui.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur le ministre, je vous remercie, de même que votre équipe, de votre présence ce matin.
Je tiens à vous féliciter, vous et le ministère, d'avoir saisi le Comité du projet de loi avant la deuxième lecture. Je présume que ma naïveté de nouveau député me permet de me bercer d'illusions quant au motif derrière cela, et j'espère acquérir une meilleure compréhension à ce chapitre, étant donné que cela donne l'occasion au Comité de se pencher sur le projet de loi dans son ensemble sans être restreint par la portée, comme vous l'avez déjà mentionné.
Je trouve notamment encourageant que le projet de loi porte sur divers facteurs qui, je présume, n'avaient pas été examinés avec attention dans le projet de loi . Cela se veut un complément à cette mesure, ce qui est très bien. Lorsque vous avez pris la décision de saisir le Comité du projet de loi avant la deuxième lecture, j'ai eu l'impression que le ministère était conscient qu'il y avait certains éléments que nous pourrions améliorer. Nous pourrons apporter de légères modifications qui n'ont pas été faites lorsque le projet de loi a été rédigé au départ.
Y a-t-il des éléments qui vous viennent à l'esprit et auxquels vous nous demandez de porter une attention particulière, soit des aspects qui n'ont pas déjà été réglés?
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Monsieur Motz, nous avons écouté très attentivement les réactions de la population et des parlementaires lorsque nous avons déposé le projet de loi en juin. Dans l'ensemble, les réactions étaient favorables.
Cependant, avec un projet de loi d'une telle envergure, il y aura des perspectives divergentes. Au cours de l'été, certains ont justement fait part de leur point de vue à ce sujet. Des universitaires ont écrit des articles, et diverses personnes qui ont participé aux consultations ont soulevé une question à propos de ceci ou une réserve à propos de cela.
Il y a deux secteurs que j'aimerais mentionner en particulier. Premièrement, il y a les dispositions concernant la Loi sur la communication d'information ayant trait à la sécurité du Canada. Pouvons-nous les améliorer? Certains spécialistes, par exemple, MM. Forcese et Roach, ont formulé des suggestions à cet égard, et nous sommes disposés à les examiner très attentivement. Il s'agit d'un mécanisme essentiel pour que les organismes puissent communiquer de l'information et le faire de manière légale et adéquate en vue de protéger la vie privée. Le commissaire à la protection de la vie privée a également formulé certains commentaires. Voilà un premier domaine.
En ce qui concerne un autre domaine, vous avez peut-être remarqué qu'au début de l'automne j'ai donné de nouvelles directives ministérielles aux organismes de sécurité sur la façon de communiquer de l'information avec des entités étrangères. Certains ont souligné qu'une directive ministérielle a traditionnellement force de loi. Il serait peut-être pertinent de prendre ce concept et de trouver une manière de l'inclure dans le projet de loi pour fournir un cadre législatif aux directives ministérielles.
Ce ne sont que deux possibilités que nous pourrions examiner, et j'espère que d'ici la fin de ces échanges vous serez d'accord pour dire que vous avez raison d'être optimiste.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur le ministre, merci de votre présence au Comité.
J'aimerais mentionner certains aspects aux fins du compte rendu avant d'aller plus loin.
Nous avons grandement fait valoir notre capacité d'étudier le projet de loi de manière plus exhaustive en le faisant avant la deuxième lecture; n'empêche qu'au bout du compte nous avons seulement une heure pour vous poser des questions concernant un projet de loi de 138 pages. Je tiens évidemment à faire savoir que cela me déçoit. Au bout du compte, outre la question de la portée des amendements, cette façon de faire ne nous permet pas nécessairement d'avoir plus de temps pour étudier un projet de loi assez volumineux, comme vous pouvez le voir par la taille de nos cartables.
L'autre élément que j'aimerais mentionner porte sur la notion selon laquelle il est impossible de revenir en arrière; je suis certain que le ministère de la Justice peut faire comme mon collègue, , dans son projet de loi , qui est actuellement au Feuilleton et qui abroge l'ensemble des dispositions de l'ancien projet de loi . Je fais valoir que la notion selon laquelle c'est impossible à faire est incorrecte, parce que nous avons été en mesure d'élaborer un tel projet de loi.
Cela étant dit, j'ai des questions.
Le premier point que j'aimerais aborder concerne les modifications ayant trait au Centre de la sécurité des télécommunications dans la partie 3 du projet de loi. Cela se trouve au paragraphe 24(1) et en particulier aux alinéas a) et b) du projet de loi où il est écrit « acquérir, utiliser, analyser, conserver et divulguer de l’information accessible au public ». À cet article, nous retrouvons la mention « Malgré les paragraphes 23(1) et (2) », soit les paragraphes qui visent précisément à empêcher que ces activités visent des Canadiens ou des personnes se trouvant au Canada. Par conséquent, j'en comprends que cela signifie évidemment que les activités menant à l'acquisition de ces données par de tels moyens peuvent viser des Canadiens ou des personnes se trouvant au Canada.
J'essaie seulement de comprendre, parce que nous pouvons certainement faire valoir qu'il s'agit d'information accessible au public et que c'est tant pis pour les personnes qui ne gèrent peut-être pas très bien leurs comptes de médias sociaux. Cependant, certains éléments sont inquiétants, en particulier les expressions comme « divulguer de l'information » et les personnes qui...
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Merci beaucoup, monsieur le ministre.
Merci de votre question.
En ce qui concerne cet article, le paragraphe 24(1) du projet de loi mentionne la façon dont le Centre de la sécurité des télécommunications peut acquérir, utiliser, analyser, conserver et divulguer de « l'information accessible au public ». Je crois qu'il y a deux choses qui peuvent nous aider à nous situer. Premièrement, cela doit être lié à notre mandat. Notre organisme s'occupe du renseignement électromagnétique étranger, et nous mettons l'accent sur les cibles étrangères et les menaces étrangères envers le Canada. Notre mandat n'est donc pas de mettre l'accent sur les Canadiens. Nous sommes bel et bien un organisme qui met l'accent sur les menaces étrangères envers le Canada.
En ce qui a trait au but de cette disposition, cela nous permet véritablement d'être en mesure de mener des recherches simples, pour le dire ainsi, ayant trait à notre mandat. Voici un exemple. Par exemple, nous pouvons publier un rapport d'un service de renseignement étranger ou un rapport sur la cybersécurité, et de l'information accessible au public pourrait contribuer à étayer ces rapports. Par exemple, dans le cas d'une atteinte à la sécurité ou à la cybersécurité, nous pourrions vouloir faire référence à de l'information accessible au public qui traite peut-être de la nature de cette atteinte et de la façon dont l'atteinte a été signalée ailleurs.
Nous n'avons pas un mandat d'enquête. Nous n'avons pas le mandat de mettre l'accent sur les Canadiens. Je répète que c'est très étroitement lié à notre mandat, soit le renseignement électromagnétique étranger et la cybersécurité.
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Le jugement du juge Noël est très intéressant. Certaines procédures et pratiques le préoccupaient évidemment, et le juge a fourni des consignes quant à la manière de modifier ces pratiques. Le projet de loi donne suite aux conseils et au jugement du juge Noël concernant une procédure ayant trait à la gestion des données et des ensembles de données. C'est défini dans une série très élaborée de règles qui s'appliqueront.
Cependant, le juge Noël a également mentionné autre chose. Je n'ai pas exactement ce qu'il a dit entre les mains, mais il a mentionné qu'il ne faut pas oublier que la Loi sur le SCRS a été rédigée en 1984. Rappelons-nous ce qu'était la réalité en 1984. Si vous aviez un téléphone cellulaire, votre appareil était de la grosseur d'une boîte à pain. Le télécopieur était une technologie de pointe. Beaucoup de choses ont changé depuis. Comme vous l'avez mentionné, monsieur Picard, il a clairement dit que nous devrions peut-être revoir ces dispositions, compte tenu de tous les changements technologiques qui sont survenus depuis 1984.
Le Comité de surveillance des activités de renseignement de sécurité a formulé des recommandations. Des tribunaux se sont prononcés sur la question. Des enquêtes judiciaires ont permis d'arriver à des conclusions dans une vaste gamme de circonstances en ce qui a trait à la collecte, à l'analyse et à l'utilisation de certains ensembles de données et à ce qui devrait être permis et à ce qui ne devrait pas l'être. Nous avons tenu compte de tous ces éléments, et cela se retrouve maintenant dans les dispositions du projet de loi .
Il y avait un autre aspect dans le jugement du juge Noël; il a laissé entendre dans un langage assez direct que les communications entre l'organisme et le tribunal doivent s'améliorer et que l'organisme doit voir à un meilleur respect de son obligation de franchise à l'égard du tribunal.
David Vigneault est le directeur du SCRS. J'aimerais lui demander de faire un commentaire concernant la question de l'obligation de franchise.
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Toute information que recueille le Service doit absolument être liée à son mandat, qui est de surveiller les menaces à la sécurité du Canada. Au départ, l'information recueillie doit être liée à une menace à la sécurité du Canada.
Le projet de loi énonce des catégories d'information, qui sont déterminées par le ministre. En tant que directeur, il nous dira quelles catégories d'information nous aurons le droit d'utiliser. Les femmes et les hommes du Service iront chercher cette information de façon organisée. Si cette information fait partie d'un ensemble de données canadiennes, le commissaire au renseignement devra évaluer la décision du ministre.
Dans le cas d'information canadienne, la Cour fédérale devra déterminer si nous pouvons l'utiliser et la conserver. La façon dont nous allons utiliser cette information sera revue par le nouvel Office de surveillance des activités en matière de sécurité nationale et de renseignement et par le Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement.
La façon dont les catégories sont déterminées par le ministre, la façon dont nous utiliserons l'information canadienne, le rôle que joueront la Cour fédérale et le commissaire au renseignement et le fait que l'utilisation subséquente de cette information sera revue par des comités de supervision, tout cela nous permettra d'utiliser des données qui sont absolument essentielles pour contrer les menaces du XXIe siècle. Nous devons absolument avoir accès à ces données. Écrite il y a plus de 30 ans, la loi reflétait son âge, comme l'a dit le juge Noël.
Ces mesures nous permettront, en 2017, de contrer les menaces de la bonne façon, tout en rendant des comptes quant à la protection des données sur des tierces parties, comme vous l'avez mentionné.
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Merci beaucoup, monsieur le président. Je souhaite la bienvenue au Comité au ministre Goodale et à son équipe. J'offre mes félicitations à M. Rigby et je lui souhaite la bienvenue dans ses nouvelles fonctions.
À l'instar de M. Motz, j'aimerais vous remercier de nous avoir saisis du projet de loi avant la deuxième lecture.
Monsieur Goodale, ma question a directement trait à l'idée générale que nous avons besoin d'avoir une bonne sécurité et de protéger nos droits garantis par la Charte. Cela concerne les jeunes Canadiens et leur vulnérabilité face au terrorisme. En particulier, nous avons des réseaux terroristes dans le monde, notamment Abu Sayyaf, aux Philippines, Al-Shabaab, en Somalie, le groupe État islamique, en Syrie et au Levant, et de futurs réseaux terroristes qui risquent de chercher à s'en prendre aux jeunes dans divers pays. Selon ce que j'ai lu, cela vise vraiment des jeunes de 14 à 19 ans ou qui sont dans la jeune vingtaine.
L'article 159 du projet de loi a trait à la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents et à son application; cela inclut notamment le principe selon lequel la détention ne remplace pas les mesures sociales et que cela vaut également pour la détention préventive, comme le prévoit l'article 83.3 du Code criminel. Ce n'est pas un substitut.
J'aimerais vous entendre au sujet de votre vision sur la manière dont le projet de loi concerne les jeunes délinquants et les jeunes vulnérables en ce qui a trait essentiellement à ce qui se passe avant la commission d'une infraction de terrorisme ou leur recrutement par des réseaux. Ensuite, j'aimerais avoir votre vision globale sur ce que nous pouvons faire mieux pour empêcher le terrorisme à la source en nous assurant que ces réseaux ne cherchent pas à s'en prendre aux jeunes et aux enfants.
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Merci beaucoup, monsieur le président. Merci, mesdames et messieurs, de demeurer avec nous pour la deuxième heure.
Mes premières questions concernent la Loi sur la sûreté des déplacements aériens. Moi et un grand nombre de mes collègues avons entendu les doléances de certains électeurs, qui se préoccupent non pas de la Loi, mais des situations où des jeunes et des enfants qui ne figurent pas sur une liste de personnes interdites de vol se voient toutefois refuser le droit d'embarquement. Le problème est difficile à résoudre, puisqu'il n'existe pas de système de recours.
Le ministre ayant souligné que le projet de loi nous a été renvoyé avant la deuxième lecture, je voulais vous demander ce que vous pensez du projet de loi dans sa forme actuelle en ce qui concerne l'élaboration d'un système de recours. Le Comité devrait-il porter attention à des domaines particuliers?
En outre, pour des questions de temps, nous subissons de fortes pressions afin de corriger cette partie de la loi. Certains électeurs considèrent qu'il faudrait adopter une solution rapide provisoire. J'aimerais que vous nous indiquiez si c'est possible et faisable.
Une fois que la mesure législative aura été adoptée et que les crédits budgétaires auront été accordés pour résoudre ce problème, que faudrait-il faire pour établir ce système? Je pense qu'on saisit encore mal l'ampleur et la complexité des démarches nécessaires pour établir un système de recours efficace.
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Merci beaucoup, monsieur le président. Je vous remercie de me poser cette question.
Je la renverrai à Monik pour qu'elle vous fournisse des détails, puisqu'elle travaille à ce dossier.
Selon moi, toutefois, le ministre a clairement indiqué que l'établissement d'un système de recours constitue une priorité pour le gouvernement. Nous avons déjà commencé à réaliser des progrès en ce sens dans le projet de loi. Pour ce qui est d'une solution rapide, je ne pense pas que nous puissions en trouver une facilement. Comme vous le dites, avec le temps, nous chercherons une solution plus exhaustive.
Pour ce qui est du recours, il faut commencer, à mon avis, par instaurer un système de contrôle centralisé pour que ce soit le gouvernement qui se charge du contrôle. À l'heure actuelle, cette tâche relève de la responsabilité de la compagnie aérienne. Nous la confierons de nouveau au gouvernement pour qu'il applique un processus de contrôle plus rigoureux et plus cohérent à l'échelle du pays. Le projet de loi lui-même fait également référence à un numéro d'identification permettant à ceux qui demandent ce numéro de se soumettre au contrôle à l'avance. Si on croit par erreur qu'ils figurent sur la liste, le problème peut être résolu avant que les gens ne se présentent à l'aéroport.
Nous avons également indiqué clairement que quand un enfant ne figure pas sur la liste, par exemple, le gouvernement en informera les parents. Nous considérons qu'il s'agit d'une disposition importante, car les parents appréhendent beaucoup de recevoir une réponse positive quand ils demandent si leur enfant est sur la liste, que ce soit par accident ou en raison d'une autre disposition. Si nous pouvons aviser les parents que l'enfant ne figure pas sur la liste, cela atténue grandement leur appréhension.
Avec le temps, nous adopterons une approche très exhaustive. Pour avoir un processus de contrôle centralisé, nous devrons concevoir un système à partir de zéro. Cette entreprise exigera une modernisation considérable de la technologie et donc un financement substantiel au fil du temps pour y parvenir.
Nous sommes d'avis que le projet de loi nous oriente certainement dans la bonne direction.
Monik, vouliez-vous ajouter quelque chose?
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Je peux répondre à cette question, monsieur le président.
Je ne crois pas qu'il s'agit simplement d'un changement cosmétique. Je pense que c'est en fait un changement très important. Comme le ministre l'a laissé entendre, en remplaçant le terme « sharing » par « disclosure », on perd la notion de collecte de renseignements. Il est question de divulguer l'information, et parfois, je crois que lorsqu'on utilise le terme « sharing », cela implique qu'il y a collecte de renseignements également. Ce changement vise donc à clarifier les choses.
En outre, lorsqu'on parle de « disclosure », il est clair que l'information est transmise d'une entité, d'un organisme, à un autre. Par conséquent, l'organisme qui divulgue l'information doit respecter certaines exigences en ce qui concerne l'information qu'elle transmet à une autre organisation.
Je suis d'accord avec vous, la communication de l'information est extrêmement importante. En fait, je crois que les modifications proposées dans le projet de loi visent — tout en assurant la protection de la vie privée, des droits, etc. — à faire en sorte que les organismes obtiennent l'information dont ils ont besoin pour réagir aux menaces.
:
Je vous remercie pour votre question.
Madame Gallant, je présume que vous faites référence aux cyberopérations dont il est question dans le projet de loi. Il y a deux types de cyberopérations. Il y a premièrement les cyberopérations défensives, dont le ministre des Affaires étrangères doit être mis au courant. Il ne participerait pas à la décision concernant l'approbation, mais il serait mis au courant.
Dans le cas des cyberopérations actives, le ministre des Affaires étrangères, comme vous l'avez dit, doit les approuver, alors, si je puis dire, il s'agirait d'une approbation à deux niveaux.
Il est important de souligner que ces opérations, qu'il s'agisse des cyberopérations défensives ou actives, visent des cibles étrangères, à l'extérieur du Canada. Bien entendu, le ministre des Affaires étrangères s'y intéresserait puisqu'il a la responsabilité des affaires internationales et étrangères du Canada, et, comme ces activités visent des cibles étrangères ou des menaces à l'endroit du Canada, nous incluons par conséquent le ministre des Affaires étrangères.
La fin de votre réponse est peut-être liée à la question que je vais poser.
Je vais retourner à l'article 24 proposé, dont nous discutions plus tôt, et à la question de l'information sur l'infrastructure. On peut lire à l'alinéa 24(1)b) proposé:
24(1)b) acquérir, utiliser, analyser, conserver et divulguer de l'information sur l'infrastructure à des fins de recherche et de développement [...]
.
Je vais laisser le soin à mes collègues de le lire au complet.
Plus loin, dans les définitions, il est dit:
24(5) [...] Information liée :
a) soit à un élément fonctionnel, physique ou logique, de l'infrastructure mondiale de l'information;
b) soit aux évènements qui se produisent lors de l'interaction entre deux dispositifs fournissant des services sur un réseau [...]
J'aimerais être certain de bien comprendre. Dans le contexte de ce qui vous est offert comme pouvoir dans le projet de loi, quelle sorte d'exercice serait fait sur le plan de l'infrastructure pour que vous puissiez mener ce genre d'étude ou d'analyse de la pérennité et de la sécurité du réseau? Je comprends que votre mandat concerne les menaces étrangères, comme vous me l'avez dit plus tôt, mais vous allez inévitablement faire un travail lié au réseau canadien.
Pouvez-vous me donner un exemple de ce qui serait fait dans le contexte de ce pouvoir qui est donné à l'article 24 proposé?