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Bonjour à tous et à toutes.
Soyez le bienvenu, Dr Martin. C'est un plaisir de vous accueillir parmi les membres notre comité.
Je souhaite la bienvenue à nos témoins d'aujourd'hui. Nous sommes très heureux que vous puissiez venir nous donner un aperçu de l'état de préparation de la collectivité au virus H1N1. Comme nous étudions à fond cette question, nous sommes heureux d'avoir un nouveau point de vue aujourd'hui.
Je vais demander à un membre de chaque organisation de nous présenter un exposé de 10 minutes. Si vous voulez partager votre temps de parole, je n'y vois aucun inconvénient. C'est même ce que je vous suggère afin de pouvoir dire tout ce que vous voulez. Ensuite, il y aura deux séries de questions. Si deux personnes prennent la parole, elles auront chacune cinq minutes. Prévoyez donc votre temps de parole en conséquence.
Nous allons commencer immédiatement les exposés, après quoi nous entamerons un premier tour de sept minutes.
Commençons par le Dr Anand Kumar. Je vous souhaite la bienvenue. J'aimerais beaucoup que vous vous présentiez, docteur.
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Je vous remercie de m'avoir invité à venir témoigner aujourd'hui.
Je m'appelle Anand Kumar. À titre d'information, je possède des compétences assez particulières pour vous parler de la menace d'une pandémie de grippe H1N1. Je suis chercheur et spécialiste en soins intensifs à l'Université du Manitoba et l'un des quelque douze médecins au Canada à avoir reçu une formation en médecine de soins intensifs et en maladies infectieuses.
Comme vous le savez tous, le Canada est aux prises avec une épidémie importante de grippe H1N1, qui constitue le prélude à la première pandémie de grippe depuis plus de 40 ans. Durant la première vague d'éclosion, ce printemps, au Manitoba, plus de 50 patients ayant contracté la grippe H1N1, dont la plupart étaient jeunes et en santé, ont été admis aux services de soins intensifs de Winnipeg en raison d'une pneumonie virale grave accompagnée d'une proportion exceptionnelle de lésions pulmonaires, d'insuffisance rénale et parfois, d'un état de choc. Ils étaient tous en danger immédiat de mort; huit sont décédés, soit environ 20 p. 100.
Les ressources des services de soins intensifs et des hôpitaux ont été mises à rude épreuve durant l'épidémie. Je le sais parce que j'étais là et que j'ai traité, avec plusieurs de mes collègues, bon nombre des patients atteints durant la période la plus grave de leur maladie. On s'inquiète, à juste titre, du fait que l'épidémie au Manitoba n'était qu'un prélude à la pandémie qui commence à frapper cet automne.
Les cas enregistrés au printemps au Manitoba et ceux, moins nombreux, enregistrés dans l'ensemble du pays au cours de l'été pourraient nous aider à tirer des enseignements importants afin de répondre à la menace de la grippe H1N1 à l'avenir. Parmi les éléments clés observés, on constate que les adolescents et les adultes, surtout les femmes, qui se portent relativement bien sont les principaux groupes exposés au risque de développer une maladie grave et de mourir, un cas de figure très inhabituel.
De plus, les communautés des premières nations, les personnes souffrant d'obésité et les femmes enceintes présentent un risque particulièrement élevé. Selon ce que nous avons constaté jusqu'à maintenant, la maladie semble exceptionnellement grave et la propagation du virus H1N1, fulgurante. Les ressources nécessaires en soins intensifs pour soigner ces patients sont immenses. Mes collègues du groupe canadien d'essais cliniques dans le domaine des soins intensifs et moi-même avons publié ces observations la semaine dernière dans le Journal of the American Medical Association.
Ce sont les habitants du Manitoba qui ont payé le prix de ces premiers enseignements, qu'il s'agisse des cas graves et des morts enregistrés dans les premières nations et la population non autochtone du Manitoba ou du fardeau exceptionnel imposé à nos travailleurs de la santé durant l'épidémie. Leurs pertes et leurs sacrifices doivent être reconnus. De plus, je tiens à souligner le leadership dont ont fait preuve Brian Postl et Dan Roberts, de l'Office régional de la santé de Winnipeg; les efforts et la résilience extraordinaires du personnel infirmier et de soutien des services de soins intensifs et des salles d'urgence de tous les hôpitaux de l'ORSW, en particulier de Centre des sciences de la santé et de l'hôpital de Saint-Boniface; ainsi que le professionnalisme et le dévouement de nos médecins de soins intensifs et d'urgence. Je suis honoré d'avoir travaillé à leurs côtés.
Les efforts immenses déployés par mes collègues, en particulier Rob Fowler, du Groupe canadien d'essais cliniques dans le domaine des soins intensifs, doivent aussi être soulignés. La prévoyance du Dr Fowler et les efforts soutenus des membres du groupe ont permis de recueillir une quantité énorme de données essentielles sur la propagation nationale du virus durant l'éclosion printanière et estivale. Les données recueillies par le groupe, à ses frais et sans aucune aide financière externe immédiate, ont joué un rôle crucial dans l'élaboration de notre stratégie nationale de réponse au virus H1N1, de l'identification des groupes présentant le risque le plus élevé pour une intervention précoce jusqu'à la détermination des traitements médicaux optimaux pour le sous-ensemble des patients les plus gravement atteints.
Les efforts de l'Agence de la santé publique du Canada et des scientifiques du Laboratoire national de microbiologie du Canada, dirigé par Frank Plummer, sont à souligner. Lorsque l'ampleur de la menace régionale est devenue évidente, ils ont rapidement offert leurs ressources et leur appui sans condition préalable. Cela nous a permis de recueillir de nombreux prélèvements biologiques aux fins d'analyses dès le début de l'épidémie afin d'établir un diagnostic juste et des stratégies de prise en charge thérapeutique. Leur appui a également été essentiel pour créer des liens entre l'industrie, le milieu universitaire et le gouvernement. Ces liens ont mené à l'amélioration des thérapies traditionnelles et au développement de nouveaux traitements suffisamment tôt pour que les patients que nous traiterons dans les prochaines semaines et les prochains mois puissent en bénéficier. En outre, l'Agence de la santé publique et le LNM ont rapidement organisé une conférence nationale regroupant des spécialistes des soins intensifs, des professionnels de la santé publique et d'autres intervenants dans le but de partager de l'information à propos du risque de pandémie de grippe H1N1.
Même si nous avons acquis des connaissances et réalisé des progrès considérables, il existe encore des risques importants. Le premier est le scepticisme tenace de la population quant à l'utilité et à l'innocuité du vaccin. L'avantage potentiel de la vaccination contre la grippe ne sera jamais aussi grand que cette année. Habituellement, les personnes très âgées ou affaiblies par la maladie sont les principales victimes de la grippe. Cette année, les victimes ressembleront plutôt aux personnes dans cette pièce et à nos enfants. Il est impératif que nous trouvions une façon de convaincre la population de l'importance de se faire vacciner, car c'est la seule façon efficace de limiter les dommages potentiels que la pandémie de grippe pourrait causer. De plus, même si on a augmenté les effectifs des unités de soins intensifs, il nous faut rester vigilants à bien des égards, surtout dans l'embauche du personnel infirmier, là où les pressions exercées sur le système pourraient être très fortes dans les prochains mois.
On a aussi un besoin immédiat de financement accru pour la recherche appliquée sur cette épidémie. Des fonds ont récemment été affectés à la recherche sur l'influenza. C'est une bonne chose, mais si l'on examine la liste des projets financés, on se rend compte que la plupart ne vont donner des résultats que dans quelques années. Nous sommes dans une situation précaire et nous devrions envisager d'investir davantage pour répondre aux questions essentielles qui permettront la prise en charge immédiate des patients.
Je suis prêt à répondre à vos questions.
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Merci, madame la présidente.
[Traduction]
Je tiens à tous vous remercier de me donner l'occasion de m'adresser à vous.
Bien honnêtement, je ne suis pas certaine de pouvoir vous dire aujourd'hui quoi que ce soit que nous n'ayez déjà entendu. Cela dit, puisque j'en ai l'occasion, je vais vous parler de quelques enjeux importants. Mon exposé portera en grande partie sur les services de première ligne et les systèmes; ce sera donc pour vous un point de vue différent.
Je suppose que la plupart d'entre vous savent que l'Association canadienne des soins de santé est une fédération d'hôpitaux et d'organismes de santé provinciaux et territoriaux. Nos membres représentent toute la gamme des soins offerts au pays.
Je dois vous dire que les membres de l'ACS sont, en général, très satisfaits de la façon dont on traite la question jusqu'ici et qu'ils approuvent évidemment la façon dont l'Agence de la santé publique du Canada gère le dossier. Nous savons qu'il y a eu quelques problèmes et qu'il y a encore des choses à régler, mais je voulais vous transmettre ce message de la part de nos membres.
Cela dit, il y a sept points dont je voudrais vous parler aujourd'hui, ce que je vais faire assez rapidement afin de vous laisser suffisamment de temps pour poser des questions.
Le premier point est évident; il s'agit de l'importance d'adopter une approche fondée sur des données probantes dans tout ce que nous faisons. C'est d'ailleurs essentiel pour gagner la confiance de la population, dont nous venons de parler. Nous reconnaissons ne pas être en mesure de prévoir la gravité et l'impact d'une éclosion potentielle, mais il est très important que chacun de nous, y compris les membres des médias, soyons conscients des effets négatifs de la peur sur le grand public et les professionnels de la santé. Par conséquent, il est essentiel de nous assurer que les décisions prises et les stratégies mises en oeuvre sont fondées le plus possible sur des données probantes et de considérer comme crédibles et légitimes les directives scientifiques.
Le Dr Kumar a abordé l'un des points les plus importants: le rôle de la prévention. Nous savons que selon les données actuelles, environ seulement 35 p. 100 des Canadiens auront recours à la vaccination. Nous savons également que beaucoup de travailleurs de la santé n'ont pas reçu le vaccin contre la grippe saisonnière; de 40 à 60 p. 100 d'entre eux seulement l'ont reçu. Des programmes doivent donc être mis en place pour encourager tous les Canadiens, y compris le personnel de la santé, à se faire vacciner contre la grippe H1N1. Nous devons leur faire comprendre que les données probantes démontrent que la vaccination massive est une stratégie efficace et les encourager ensemble à opter pour cette solution.
Durant l'exposé du Dr Kumar, je me suis demandé si le fait de voir tous les membres du comité se faire vacciner à la télévision nationale susciterait la confiance de la population, puisque cela montrerait que tous les partis appuient cette initiative. Mais je vais vous laisser en discuter à huis clos.
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Je vais vous laisser en discuter à huis clos.
Le troisième point dont je voulais vous parler — encore une fois, je suis certaine qu'on vous en a déjà parlé —, c'est la communication et la nécessité de faire preuve de cohérence dans les messages. Nous avons la conviction qu'il doit y avoir une source unique de communications. Les messages proviennent des autorités fédérales, provinciales et municipales. Ils doivent être transmis plus rapidement et être cohérents.
Nous respectons le droit de chaque province d'élaborer son propre plan de communications pour toutes les questions de soins de santé, mais actuellement, nous estimons que le droit des Canadiens de recevoir de l'information claire et cohérente devrait prévaloir sur tout autre besoin. Nous pensons qu'il s'agit d'une situation où beaucoup d'intervenants trouvent nécessaire de communiquer des informations et ce, dans leur propre langue. Or, pour le Canadien moyen, ce n'est tout simplement pas acceptable à ce stade-ci.
Il y a également des lacunes sur le plan de la communication au niveau communautaire. Je vais combiner deux points: on met beaucoup l'accent, pour des raisons évidentes, sur les établissements de soins actifs, mais nous savons, d'après toutes les informations fournies par les spécialistes, que le problème est au niveau communautaire. L'information n'est pas transmise efficacement aux professionnels de la santé à ce niveau.
Un autre point à prendre en considération, parce que nous essayons de vous parler aussi des solutions et pas juste des problèmes, c'est que les associations de professionnels de la santé sont une source précieuse de partage d'information, mais qu'on ne les utilise pas. Nous essayons depuis des années d'avoir recours plus souvent aux ordres professionnels de la santé.
Par exemple, bon nombre d'entre vous connaissent le Groupe d'intervention action santé, ou HEAL. C'est une coalition de 38 associations nationales de santé qui existe depuis bien des années, une communauté qui s'est bâtie de façon naturelle, si vous voulez, pour donner de l'information directe à tous les intervenants en matière de santé, ce qui ne peut que consolider et corroborer l'information reçue d'autres sources. C'est l'une des solutions que je propose.
Bien sûr, la nécessité d'avoir suffisamment de personnel pour s'occuper de tous les patients soulève de grandes préoccupations. La coordination nous préoccupe. Je pourrais aussi mentionner la mobilité de la main-d'oeuvre, l'ACI et les permis, des questions que nous avons tenté de régler depuis la crise du SRAS, mais je ne sais pas vraiment si elles ont bien été résolues, même si toutes les provinces ont signé l'ACI. Y a-t-il des accords de mise en oeuvre pour que nous puissions mettre en commun nos ressources humaines si la crise n'éclate pas en même temps dans tout le pays, mais à différents endroits à différents moments, afin de faire face au manque de personnel que nous prévoyons?
Le dernier point dont je vais vous parler est la formation des professionnels de la santé. Je fais allusion aux gens qui vont procéder à la vaccination. Ils doivent recevoir de l'information précise sur l'innocuité et les risques du vaccin.
J'aimerais également souligner ce qui est, à première vue, une question mineure: les dates de péremption des divers médicaments et vaccins. Nous savons que les dates indiquées sont les meilleures possibles, mais aussi que bien des médicaments restent efficaces au-delà de cette date. Si la quantité de vaccins est insuffisante et que la demande est grande, comment pouvons-nous savoir lesquels peuvent être utilisés de façon sécuritaire et efficace après la date de péremption? C'est peut-être un problème mineur, mais il pourrait représenter une grande partie de la solution s'il y avait une grave pénurie.
Il y a de nombreuses autres questions que nous n'allons pas approfondir pour le moment. Elles vont peut-être ressortir durant la discussion. Il s'agit notamment des aspects psychologiques et éthiques qui surgissent dans les situations d'affectation des ressources ainsi que des décisions difficiles qui doivent être prises. Nous avons l'impression qu'elles ont été négligées dans la logistique de la vaccination.
Nous reconnaissons que de faire face à cette situation n'est pas une tâche facile pour nous tous. Nous profitons de cette occasion pour approfondir le dialogue et travailler à des solutions avec tous les membres du comité et nous avons hâte de participer à la discussion après les exposés.
Merci.
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Merci de nous donner l'occasion de témoigner devant vous. Nous espérions être accompagnés de notre président le Dr Cordell Neudorf, également médecin hygiéniste dans la région de Saskatoon. Il n'a toutefois pas pu se libérer. J'ai demandé l'avis de notre personnel de terrain, qui doit également affronter cette situation, à l'instar du Dr Kumar.
En général, l'association estime qu'on a tiré beaucoup de renseignements des urgences antérieures en matière de santé publique. Grâce à l'initiative de l'Agence de santé publique du Canada et de notre médecin en chef de la santé publique, nous estimons que, cette fois-ci, les améliorations ont été spectaculaires. Le niveau de coordination, de communication et de coopération entre les organismes fédéraux, les provinces et les territoires a été tout à fait exemplaire par rapport à ce qu'il a été contre le syndrome respiratoire aigu sévère ou SRAS. Nous constatons le même esprit d'initiative aux niveaux provincial et territorial ainsi qu'au niveau local.
Cela dit, nous savons que nous affrontons une situation unique et nous essayons de réagir à la propagation du virus en temps réel. Je crois que c'est ce qui rend la situation si exigeante. Dans le cas du SRAS et, maintenant, du virus H1N1, nous avons l'impression d'être aussi vulnérables qu'un canari dans une mine. On connaît les points faibles de notre système de santé publique et de notre système de soins de courte durée. Aujourd'hui, je veux vous communiquer les observations faites par le personnel de terrain, sur la santé publique, plus particulièrement sur les éléments que nous estimons fonctionnels et sur ceux dont nous prévoyons qu'ils feront problème.
En général, j'ai l'impression que les gens ont conscience de l'existence d'un plan général et que ce plan fonctionne bien et qu'il évolue. Je pense que tout le monde comprend qu'il doit évoluer, en raison de la complexité de la situation et parce que, de fait, en l'espace de six mois, nous sommes partis de l'identification d'un virus et avons mis sur pied des campagnes d'immunisation complète en passant par la mise au point d'un vaccin, ce qui est tout à fait remarquable.
Les systèmes de surveillance de la santé publique fonctionnent bien et ils permettent de suivre l'évolution de la maladie. Comme l'a mentionné le Dr Kumar, les laboratoires de santé publique fonctionnent de manière exceptionnelle. La création de réseaux provinciaux, et, en particulier, les nouvelles agences de santé publique... Celle de la Colombie-Britannique n'est pas de création si récente, mais la Colombie-Britannique, le Québec et l'Ontario ont réellement contribué à notre capacité actuelle de réponse. Le nouveau réseau canadien de santé publique nous a vraiment donné l'occasion d'instaurer le dialogue et la coordination actuels et il nous a permis des réponses plus standardisées, ce qui est très important.
Enfin, la plupart d'entre vous ont probablement appris la publication récente du guide d'autosoins. Nous sommes très heureux de l'exactitude et de l'accessibilité de l'information distribuée au public.
Nous craignons des difficultés, et l'une d'elles est probablement déjà connue du comité. Au Canada, la santé publique continue d'être sous-financée et de manquer de ressources de manière chronique. Dans la confusion des chiffres, je tiens pour avéré qu'elle représente entre 4 et 6 p. 100 de toute l'enveloppe de la santé. C'est peu, quand il s'agit d'organiser une réponse. Aujourd'hui, la plupart des unités de santé publique n'ont pas les ressources qui leur permettraient, en général, de mettre en œuvre des pratiques exemplaires, de sorte qu'il est très difficile de faire entrer une pandémie dans l'équation. Dans moins de deux semaines, nous entreprendrons la plus grande campagne d'immunisation depuis des décennies. Elle utilisera de deux à trois fois plus de doses qu'on en utiliserait dans une campagne normale. Tout ce branle-bas survient dans un système qui, soyons francs, est sollicité à son maximum sans bénéficier de ressources supplémentaires.
Cette situation a des conséquences et un coût. Au niveau local, les services de santé publique doivent retarder, annuler ou diminuer la plupart des autres services, pendant un à deux mois, pour organiser cette campagne. Qu'est-ce que cela signifie pour les Canadiens? Le passé nous enseigne qu'une cohorte d'enfants risque de ne jamais combler le retard qu'elle aura subi dans ses immunisations régulières, des mères ne seront pas visitées et, disons-le, des inspections n'auront pas lieu. Les services de santé publique n'ont tout simplement pas la capacité de répondre aux situations exceptionnelles. Comme me l'a dit un collègue qui travaille sur le terrain, nous ne pouvons pas affronter deux crises de santé publique à la fois; nous ne saurions pas y répondre.
Nous prévoyons qu'il y aura des problèmes d'information pour les praticiens généralistes, principalement des médecins et des praticiens dans le secteur des soins de courte durée, parce que nous avons des réseaux de santé publique bien connectés, des réseaux de soins de courte durée bien connectés, mais ils ne sont pas nécessairement connectés les uns avec les autres.
Un autre défi sera de nous assurer que nous disposons des meilleurs renseignements sur le vaccin, parce que les praticiens doivent traduire cette information scientifique en conseils clairs, à la portée de leurs patients.
Plus important encore, je pense, étant donné ce que Mme Fralick vient de dire, que la santé publique ne peut pas se réduire à de petites phrases toutes faites, comme celles que l'on a essayé de formuler dernièrement, il ne suffit pas de les imaginer et de les passer dans les médias. Ça ne fonctionne pas. La situation est trop complexe. Comme on me l'a dit, la santé publique est autant un art qu'une science.
Nous savons que les autorités des provinces et des territoires utiliseront des méthodes différentes, et le public est de plus en plus confus. Nous avons donc tous la responsabilité de publier les meilleures recommandations factuelles et d'en faire la promotion constante.
En terminant, je veux simplement dire que je sais que le comité veut être informé de la situation et de nos solutions pour aujourd'hui. Cependant, notre regard doit également se tourner vers l'avenir. Il nous faut une vision à long terme pour la santé publique. Pendant vos délibérations sur la situation actuelle, je vous presse vivement de regarder également vers l'avenir.
L'ACSP et la Coalition canadienne pour la santé publique au XXIe siècle — Pamela Fralick et moi-même présidons ce groupe — ont formulé une série de recommandations, la plus récente dans une fiche d'information que nous avons fait parvenir à tous les députés, mais aussi dans des mémoires de consultation prébudgétaire. Sur ce point, je n'en dirai pas davantage. Ces documents sont disponibles. Christine, nous pouvons vous les faire parvenir aussitôt que possible.
Il importe de se rappeler que la santé publique travaille toujours de façon très discrète. On me connaît pour cette phrase que je répète souvent: « Je veux que ma famille comprenne ce que je fais, parce que personne ne comprend ce qu'est la santé publique ». Nous tenons toutes ses réussites comme allant de soi. Nous avons l'eau potable sans nous émerveiller des moyens mis en oeuvre pour l'obtenir. La ceinture de sécurité et les lois promulguées sur la sécurité au travail nous permettent d'éviter des blessures, et nous n'y pensons même pas. Nous y pensons uniquement lorsqu'il y a crise, et Walkerton, le SRAS, le virus H1N1 en sont de parfaits exemples. Nous devons donc nous servir de la situation actuelle pour changer l'avenir. Si nous nous contentons uniquement de réagir à la situation actuelle, nous invitons une autre crise pour plus tard.
Pour nous ramener au présent, je vous rappelle les paroles de Mme Fralick. Vos deux réalisations les plus importantes, cher comité, ce sera d'appuyer la réponse nationale contre le virus H1N1 et de vous faire vacciner, publiquement, ainsi que d'encourager vos amis, vos familles et vos collègues à faire de même.
Merci beaucoup.
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Les prévisions actuelles concernant le taux potentiel d'attaque ont vraiment beaucoup varié. D'après nos modélisations mathématiques, le taux final d'attaque dans la présente vague de l'épidémie toucherait entre 25 et 30 p. 100 de la population; cette tranche de population sera atteinte cet automne, essentiellement, dans l'hypothèse que le vaccin n'est pas accessible. C'est un faible taux d'attaque pour une pandémie. Par le passé, les taux d'attaque des pandémies se sont situés entre 25 et 40 p. 100. On peut donc s'imaginer qu'une bonne proportion de la population sera touchée.
Maintenant, la question, je crois est la suivante: quel pourcentage de la population sera gravement malade ou suffisamment malade pour être hospitalisé? Les chiffres et les prévisions, disons-le, varient énormément. Personne, je crois, ne le sait vraiment. Au début, on parlait d'une personne sur 250, chiffre qui a été utilisé pour la grippe saisonnière. D'après mes estimations, cette proportion a sensiblement diminué. Je pense qu'elle est de l'ordre d'une personne pour 1 000, ou moins.
Encore une fois, nous disposons de certaines données récemment communiquées au Journal de l'Association médicale canadienne. À propos, les données que je vous ai communiquées, il y a un instant, sur le délai pour être traité aux antiviraux ont été calculées par mon collègue Ryan Zarychanski.
Nous avons obtenu des données d'un modèle dynamique du nombre de cas que l'on pourrait constater, dans l'hypothèse d'un déploiement timide du vaccin. Nous avons pensé que nous pourrions compter jusqu'à 1 500 à 2 500 cas simultanément dans tout le pays. Ce sont des estimations très approximatives. Il s'agit plus ou moins du scénario le plus pessimiste, parce que nous ne disposons que d'environ 3 000 lits en unités de soins intensifs — autre estimation très approximative — dans tout le pays.
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Je m'excuse, j'aimerais répondre en français, mais je suis un peu rouillée. Si cela ne vous dérange pas, je vais continuer en anglais.
[Traduction]
Je ne crois pas qu'elles soient bien documentées. Nos membres commencent à peine à en parler.
Cela dit, il y a plusieurs mesures qui peuvent être prises. D'abord, pour ce qui est de l'éthique, des décisions entourant la répartition des ressources, le Dr Kumar vient de dire... D'après vos chiffres, vous prévoyez qu'entre 1 500 et 2 000 personnes gravement malades auront besoin de soins intensifs. Or, il n'y a que 3 000 lits de soins intensifs au Canada. Qu'allons-nous faire si le nombre de personnes devant être soignées atteint 3 500 ? Qui va recevoir des soins si nous manquons de vaccins ou de masques N-95, par exemple? Des décisions devront être prises, sauf qu'il n'existe aucune ligne directrice à ce sujet. Il y a bien sûr des comités de révision déontologique, mais ils n'ont pas les ressources voulues pour réagir rapidement. Il s'agit là d'un problème de taille.
Il faut également tenir compte des questions d'ordre psychologique qui entourent... quel est le nom déjà? Les TSPT, les troubles de stress post-traumatique. La situation va évoluer, le nombre de malades va augmenter, ce qui risque d'entraîner des conséquences importantes pour les fournisseurs de soins de santé et les familles. Mais il s'agit là d'un point de départ. Les signes sont encourageants.
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Merci, madame la présidente, et merci à tous nos témoins.
D'abord, vous avez raison de dire que nous avons un rôle à jouer pour ce qui est de reconnaître l'importance de la vaccination. Certains, ici, se sont sentis un peu vexés quand le premier ministre a hésité à répondre à la question. J'espère que tout a été clarifié.
Il est vrai qu'il y a une certaine confusion qui entoure le vaccin. Le milieu médical en est en partie responsable. Certaines études laissent entendre que le vaccin n'a pas fait l'objet de recherches suffisamment approfondies, et c'est pourquoi les gens doutent de sa sécurité. Certains avancent qu'il y a des problèmes d'interaction entre le vaccin antigrippal et le vaccin contre la grippe H1N1, ce qui complique les choses.
Quels gestes pouvons-nous poser dès maintenant pour dissiper la confusion qui règne, communiquer rapidement un seul et unique message à la population? Nous ne pouvons pas simplement nous contenter de dire, publiquement, « Je vais me faire vacciner. » Que pouvons-nous faire pour encourager un plus grand nombre de Canadiens à se faire vacciner?
Ce qui me préoccupe le plus, ce n'est pas la vaccination, la prévention, mais plutôt l'état du système de soins de courte durée. Je me demande s'il sera en mesure de réagir à une propagation importante du virus de la grippe H1N1. J'ai lu un article rédigé par Mark Humphries, du Collège Mount Royal, à Calgary. À son avis, la leçon à tirer de la pandémie de 1918 est la suivante: il faut se concentrer sur le traitement, et non sur la prévention. Il soutient que notre système de soins de santé n'a pas les ressources voulues pour faire face au défi que pourrait entraîner toute propagation grave du virus. Vous en avez parlé brièvement, docteur Kumar.
D'après une des études dévoilées lors du colloque qui a eu lieu au début de septembre, les établissements de soins actifs fonctionnent présentement à pleine capacité. Qu'allons-nous faire si une crise se manifeste? L'étude ajoute que l'on ne compte, à l'heure actuelle, que 8,7 lits avec ventilateur pour 100 000 patients. Si nous sommes frappés de plein fouet par la pandémie, nous aurons besoin d'environ 3 000 lits avec ventilateur pour 100 000 patients. Et si entre 30 et 35 p. 100 de la population est malade et que bon nombre de patients nécessitent des soins intensifs pendant six à huit semaines, il sera impossible de réagir à la situation.
Le gouvernement fédéral s'est montré plutôt discret à ce chapitre. Il soutient que cette responsabilité relève des provinces. Ce qui m'inquiète, c'est notre attitude passive face à l'inconnu, le fait que l'on espère que la situation ne sera pas grave, sauf que si elle le devient, nous allons nous retrouver en bien mauvaise posture.
J'aimerais savoir ce que vous pensez de notre système de soins actifs. Il est vrai que nous devons nous pencher sur les enjeux de santé publique à long terme, mais je me demande si nous allons être prêts à réagir si quelque chose de grave se produit.
Je ne sais pas si je suis en mesure de répondre, mais comme je m'exprime également au nom des établissements de soins actifs, je peux vous dire que nos membres attachent beaucoup d'importance à la prévention. Voilà pourquoi nous insistons là-dessus. Nous ne voulons pas nous retrouver dans une situation où nous sommes incapables de répondre aux besoins, car vous avez tout à fait raison: il existe de sérieux problèmes du côté des effectifs et de la capacité d'intervention. Nous en avons d'ailleurs déjà discuté avec le comité. Plusieurs d'entre vous en font partie depuis longtemps. Déjà, avant l'apparition du H1N1, vous meniez des consultations sur l'état des ressources humaines en santé. Nous sommes confrontés à une crise qui risque de s'aggraver, puisque les États-Unis risquent de se doter d'un système différent qui s'appuiera sur un plus grand nombre de fournisseurs de soins de santé pour desservir un plus grand nombre de citoyens. D'où vont provenir ces fournisseurs de soins de santé? Dans bon nombre des cas, du Canada. Donc, nous devrons composer et avec la crise et avec le manque d'effectifs. Voilà pourquoi nous accordons tellement d'importance à la prévention.
Les messages que l'on diffuse présentement sont cohérents. Nous avons mis du temps à nous organiser, mais la teneur de ceux-ci s'est nettement améliorée au cours des trois ou quatre dernières semaines.
J'ai fait allusion, dans mon exposé, à la mobilité de la main-d'oeuvre et aux questions relatives aux permis, que nous avons tenté de régler depuis la crise du SRAS. L'ACI est maintenant en place. Nous croyons comprendre que toutes les provinces l'ont signé, mais peut-il vraiment être mis en oeuvre? Je ne sais pas comment tout cela fonctionne — peut-être que le Dr Kumar le sait —, mais si le virus frappe à différents endroits et à différents moments, est-ce que les fournisseurs de soins de santé vont pouvoir se déplacer? Est-ce là une des solutions envisagées?
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Je remercie les témoins d'être venus nous rencontrer. Je tiens à dire que le gouvernement fédéral prend ses responsabilités très au sérieux. Nous avons déjà investi plus de 300 millions de dollars dans l'achat de vaccins, et plus de un milliard de dollars dans le plan de lutte contre la pandémie. Quand nous comparons cela à la situation qui existait au moment de la crise du SRAS, nous constatons que de grands progrès ont été réalisés. Il est vrai qu'il y a toujours place à l'amélioration, comme vous l'avez si bien dit.
Je voudrais parler des travailleurs de première ligne. Je suis chiropraticien de formation. J'ai travaillé dans une clinique multidisciplinaire. Pendant la crise du SRAS, nous avons vu défiler beaucoup de personnes. J'ai rencontré des médecins de famille qui avaient de sérieuses inquiétudes au sujet des divers messages qui étaient transmis.
Vous avez, dans les sept points que vous avez soulevés, insisté sur le fait que nous devons nous appuyer sur des renseignements qui sont fondés sur des preuves. Nous sommes tous du même avis. Toutefois, nous avons entendu au cours de nos délibérations, qui nous permettent de nous tenir à jour, des preuves et des opinions contradictoires.
Mon collègue du NPD a parlé du vaccin saisonnier. D'après une étude non publiée, la personne qui reçoit le vaccin contre la grippe saisonnière est plus susceptible d'attraper le virus H1N1. Les provinces ont adopté des protocoles différents. Comment faire pour n'avoir qu'un seul messager? Comment s'y prendre? Vous avez parlé de directives qui sont publiées sur Internet et qui contiennent des renseignements à jour. Le ministre a dit à la Chambre que les renseignements que nous possédons sont à jour, qu'ils sont fondés sur des preuves. Nous semblons encore avoir de la difficulté à transmettre le message. Je me demande si vous avez des suggestions à formuler à ce sujet.
D'abord, j'ai effectivement parlé des preuves, mais des preuves « disponibles », parce qu'elles ne le sont pas toujours. Il ne faut surtout pas oublier que nous suivons l'évolution de cette crise en temps réel. Nous apprenons sur le tas. Il y a toute une série de facteurs à prendre en considération. Les preuves ne sont pas nécessairement rigoureusement scientifiques. Nous nous fondons sur les meilleures pratiques qui existent. Nous devons nous assurer que tous les intéressés partagent les nouvelles données qu'ils récoltent au jour le jour.
Vous avez dit que vous avez travaillé dans une clinique multidisciplinaire. Ce que j'ai oublié de mentionner, mais il en est question dans la lettre que nous vous avons transmise il y a une ou deux semaines de cela, ce sont les préoccupations des travailleurs à temps partiel ou des travailleurs affectés à diverses cliniques, qu'il s'agisse d'infirmières, de physiothérapeutes, de médecins qui se déplacent d'une clinique à l'autre et qui doivent composer avec des politiques différentes.
Je pourrais vous donner d'autres exemples, mais pour ce qui est des messages qui sont diffusés, j'aimerais bien vous fournir une réponse satisfaisante. Tout ce que je peux dire à l'heure actuelle, c'est que nous avons l'Agence de la santé publique du Canada et l'administrateur en chef de la santé publique, vers qui les gens se tournent de plus en plus et qui est considéré comme l'unique source d'information. Nous pourrions faire mieux à ce chapitre, insister sur le fait qu'il constitue l'autorité en la matière. Les renseignements changent au jour le jour mais c'est à lui que nous nous adressons.
Les provinces et les territoires collaborent bien ensemble, mais comme je l'ai déjà mentionné, je crois qu'il est essentiel de transmettre le même message aux Canadiens. Il faut s'en remettre à l'administrateur en chef de la santé publique pour les renseignements.
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Merci beaucoup, madame la présidente. Je tiens à remercier tous les témoins de leurs éclaircissements.
Nous étudions le dossier de la grippe H1N1 depuis plusieurs semaines. On a rencontré énormément de témoins, et je pense qu'on a déjà un très bon aperçu de la chose.
Un élément m'a toujours frappé, et on en a parlé aujourd'hui. Ça revient, et j'aimerais faire un lien avec ce qu'a dit mon collègue, M. Carrie. On remarque que beaucoup de spécialistes et de gens sur la ligne de front ne veulent pas se faire vacciner. Pourtant, ils ont accès à beaucoup d'informations sur les bienfaits du vaccin.
M. Kumar va pouvoir, peut-être, nous donner un coup de pouce pour déboulonner ces mythes. Il n'y a pas de solution miracle, mais connaissez-vous une approche ou une manière permettant d'augmenter substantiellement le taux d'employés qui se font vacciner? On comprend qu'on ne peut pas les forcer à se faire vacciner, mais y aurait-il une stratégie ou une manière de faire augmenter ce taux?
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Je vais dire quelques mots à ce sujet.
Il est vrai que nous sommes confrontés à un défi bien réel. Comme nous l'avons déjà mentionné, l'Agence de la santé publique peut vigoureusement encourager les travailleurs de la santé à se faire vacciner, mais elle ne peut pas les forcer.
C'est un problème de taille, car les travailleurs de la santé lisent eux aussi, comme les autres Canadiens, les journaux. Ils sont aussi touchés que les autres citoyens, et ce, même s'ils ont accès à plus d'informations que nous, les non-spécialistes. Nous devons, à mon avis, revoir la vaste stratégie de communication qui a été mise en place, puisqu'elle vise également les travailleurs de la santé, et encourager ceux-ci à se faire vacciner. J'espère que, cette année, les pourcentages vont augmenter, étant donné que les gens sont beaucoup plus sensibilisés au virus de la grippe H1N1.
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Vous avez raison. Certains de mes collègues ont affirmé, indirectement, qu'ils entretiennent des doutes au sujet du vaccin. Franchement, je trouve cela ahurissant.
Les gens hésitent à se faire vacciner pour plusieurs raisons. Le problème, c'est qu'il y a beaucoup de faux renseignements qui circulent à l'heure actuelle. La meilleure façon de corriger cette situation, c'est de transmettre des informations claires et précises. Il faut pour cela approfondir les recherches, avancer des chiffres.
Permettez-moi de vous donner un exemple. On estime que durant la pandémie de la grippe porcine, en 1976, une personne sur 100 000 a été atteinte du syndrome Guillain-Barré — ce qui est grave, surtout que la pandémie n'a jamais eu lieu. Or, si elle avait effectivement eu lieu, comme ce sera clairement le cas ici, le taux de mortalité aurait été de un pour 2 500. Soit dit en passant, la grippe provoque le syndrome Guillain-Barré chez une personne sur 100 000.
Donc, la grippe peut provoquer le syndrome Guillain-Barré dans une proportion égale, sauf que le taux de mortalité est de un pour 2 500.
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Merci, madame la présidente, et merci à nos témoins de cet après-midi.
Nous étudions ce dossier depuis pas mal de temps, et à juste titre. Chaque personne que nous rencontrons nous fait part d'un point de vue différent. Nous apprenons sans cesse, et c'est une bonne chose. Ce qu'on nous dit est encourageant. Je pense que nous allons dans la bonne direction.
Il est également encourageant d'entendre des gens comme le Dr Kumar mentionner que nous faisons du progrès. Mais je crois que personne n'ira jusqu'à dire que nous sommes prêts, et c'est judicieux. C'est une bonne attitude à prendre. Nous ne saurons peut-être jamais si nous allons être prêts un jour ou l'autre. Nous avons besoin d'un plan fluide qui évoluera sans cesse au gré des événements et qui nous permettra de réagir en conséquence. Le plan d'intervention immédiate vise à mettre en place le plus de stratégies différentes pour que nous puissions réagir de bien des façons. C'est ce que nous avons essayé de faire et, d'après les personnes à qui nous avons parlé, nous allons dans la bonne direction. Nous ne sommes pas encore rendus au but, comme tout le monde en conviendrait, mais nous sommes sur la bonne voie.
Nous avons travaillé en très étroite collaboration avec les provinces et les territoires. La planification en cas de pandémie repose sur une hiérarchie, si on veut s'exprimer ainsi, de façon à ce que les différents paliers de gouvernement s'occupent de différentes choses. C'est un point extrêmement important dont on doit être conscient. Aucun pallier de gouvernement ne peut, à lui seul, répondre aux besoins de tout le monde.
Nous veillons à ce que des stratégies soient mises en place dans les provinces et les territoires. Nous avons publié certaines directives provisoires sur des mesures de prévention et de contrôle de l'infection à l'intention des travailleurs de la santé et des services d'urgence. Pouvez-vous nous en dire davantage là-dessus, madame Lynkowski? Vous occupez-vous de cet aspect?
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II y a quelques mois, je vous aurais dit être très préoccupé par la question des respirateurs. D’après notre modèle, nous avons maintenant probablement un nombre suffisant ou quasi-suffisant d’appareils. Si on tient compte des stocks supplémentaires dans différents lieux — les réserves fédérales, etc. —, je crois que nous sommes en bonne posture. Mais cela risque quand même d’être serré.
Et je dois vous dire qu’une des choses qui me déçoivent dans la situation actuelle, c’est que nous n’avons pas trouvé une bonne stratégie pour redéployer des ressources d’un endroit à l’autre. Comme c’est le cas pour toute pandémie, celle-ci tombera comme des gouttes de pluie sur le pays. On ne sait pas qui en seront touchés, ni à quel moment ou à quelle intensité. On peut toutefois dire que, dans l’ensemble, nos modèles laissent entendre que nous sommes presque prêts, mais certaines régions risquent d’être dépassées parce qu’elles seront durement frappées. Quant à savoir comment redéployer des ressources d’un endroit à l’autre, la réponse ne me paraît pas claire. Oui, nous avons conclu des ententes pour accorder des permis aux infirmières et aux médecins, mais sur le plan opérationnel, comment s’y prendre? C’est donc un sujet d’inquiétude.
L’autre préoccupation, comme vous l’avez mentionné, ce sont les problèmes subtils liés à la chaîne d’approvisionnement qui, selon moi, n’ont pas été réglés adéquatement. Par exemple, quand nous avons été touchés au Manitoba, nous nous sommes rendu compte que les patients avaient absolument besoin de doses massives de sédation pour faire en sorte qu’ils restent sous oxygénation. Comme il n’est pas naturel d’être branchés à un respirateur, les patients ont besoin d’un certain niveau de sédation. Mais ils en ont besoin en quantité massive. Nous avons épuisé nos stocks de sédatifs à deux reprises. Comme nous étions la seule région au Canada à être touchée, nous avons réussi à importer des sédatifs. Mais si de nombreuses régions sont frappées en même temps, la situation risque de poser problème.
Juste pour vous donner une idée, Keith, nous avons terminé en deux mois une quantité de sédatifs qui étaient censés nous durer pendant 18 mois.
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Merci, madame la présidente, et merci aux témoins de comparaître.
Nous étudions ce dossier depuis pas mal de temps, et c’est une bonne chose. J’ai visité l’une des principales localités dans ma circonscription, Fort Saskatchewan, où je me suis entretenu avec notre chef adjoint de service d’incendie et notre conseiller principal en santé et sécurité pour connaître leur expérience sur le terrain. À vrai dire, j’ai été très rassuré. Ils disposent d’un plan qui existe depuis longtemps. Selon le chef adjoint de service d’incendie, une partie du plan sert également aux mesures d’urgence en cas de catastrophe pour d’autres problèmes. Dans notre circonscription, on trouve des usines de valorisation du pétrole et d’autres usines de produits chimiques; voilà pourquoi il y a un plan de mesures d’urgence en cas de catastrophe, et on l'a modifié pour une éclosion éventuelle du virus H1N1.
Le plan de continuité des activités est donc en place. Les représentants municipaux ont déterminé les postes prioritaires à l’intérieur même de leur structure. Ils ont trouvé des stratégies pour éventuellement déplacer le personnel d’une division à l’autre; ils ont également songé à la possibilité du télétravail. C’est très rassurant de voir qu’ils ont déjà trouvé des solutions à toutes ces questions.
Quand je leur ai demandé s’ils avaient des améliorations à suggérer, ils m’ont dit qu’ils reçoivent beaucoup d’informations utiles mais qu’il y en a beaucoup trop; ils ont du mal à rester à l’affût de toutes les informations qui entrent. Un des médecins ici présents vient de nous dire la même chose, et c’est ce que nous ont également signalé d’autres témoins par le passé; il est difficile pour certaines de ces personnes, qui sont déjà très occupées par leur travail et par d’autres priorités quotidiennes, de consacrer beaucoup de temps à ce genre de lecture. La suggestion serait de simplifier l’information.
Pouvez-vous nous dire si cela correspond à votre expérience aussi?
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Je ne sais pas comment faire pour simplifier le message. Je pense que vous avez raison au sujet du nombre écrasant d’informations qui circulent. Pour être parfaitement honnête avec vous, il y a beaucoup de mauvaises informations. Je crois que les militants contre la vaccination ont vraiment sauté sur cette occasion.
Je ne sais pas comment on pourrait remédier à la situation, sauf en restant fidèle au message. Il faut amener toutes les parties prenantes à transmettre le même message, peut-être même à faire une campagne publicitaire à la télévision. C’est ce que nous avons fait pour la lutte contre tabac, alors pourquoi pas la même chose pour la vaccination? À part cela, je ne sais pas.
En passant, pour ce qui est de la préparation, je pense que le travail est, dans l’ensemble, très efficace au niveau local. Ce qui me préoccupe relativement à la préparation, c’est surtout la coopération entre les sites. Autrement dit, la santé publique se porte bien sur ce plan, mais sachez que les unités de soins intensifs gravitent depuis toujours à l’extérieur du domaine de la santé publique. La santé publique ne va pas plus loin que l’hôpital — c’est-à-dire la disponibilité de lits — mais le service des soins de santé est une boîte noire; donc, si on se trouvait dans une situation où il fallait absolument collaborer, on s’aventurerait sur un terrain inconnu. À mon avis, c’est l’un des gros défauts: la coopération des unités de soins intensifs à la grandeur du pays, si jamais cela devenait nécessaire.