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Bonjour et bienvenue à la 25
e séance du Comité permanent de la condition féminine. Nous continuons notre étude sur le leadership économique et la prospérité des Canadiennes.
Je veux aviser les membres et les invités que, étant donné qu'il y aura un vote aujourd'hui et que les cloches sonneront à 17 h 15, le premier groupe d'invités sera présent de 15 h 30 à 16 h 15, et le deuxième, de 16 h 15 à 17 h 15. Lorsque les cloches sonneront, nous aurons donc eu la chance de bien entendre toutes les présentations et d'échanger avec les témoins.
Au cours de la première heure, nous recevons deux représentants de Statistique Canada, Mme Alison Hale, directrice, Division de la statistique du travail, et M. François Nault, directeur, Division de la statistique sociale et autochtone.
Vous disposerez, à vous deux, de 10 minutes pour votre présentation.
Je vous laisse la parole.
J'espère que tout le monde a une copie de ma présentation, car je vais la passer en revue.
Bonjour. Nous sommes très heureux d'être ici. À Statistique Canada, il n'y a rien que nous aimons plus que de parler des données.
Je vous remercie de nous donner l'occasion de discuter avec vous d'un sujet qui se rapporte à votre étude sur le leadership économique et la prospérité des Canadiennes.
Notre exposé mettra l'accent sur les Canadiennes actives au sein du marché du travail en donnant de l'information au sujet des indicateurs de base du marché du travail, y compris les salaires, la couverture syndicale et les caractéristiques des travailleuses autonomes. En général, à l'exception d'une diapositive qui contient une note à cet effet, tous les renseignements proviennent de l'Enquête sur la population active.
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Les femmes de 15 ans et plus. Donc, en général, quand il est question des personnes actives sur le marché du travail, nous parlons de celles qui sont âgées de 15 ans et plus, à moins que nous disions que ce n'est pas le cas.
Dans ce cas-ci, nous voulions examiner les données sur l'ensemble des femmes. Nous nous penchons encore une fois sur le taux d'activité. La ligne du haut représente les hommes, et celle du bas les femmes. Nous examinons donc le taux d'activité des hommes. En gros, nous mettons un petit cercle pour montrer ce qui s'est passé durant la plus récente récession. En général, pendant une récession, le taux d'emploi diminue et se rétablit ensuite.
Durant la dernière récession, le taux d'emploi des femmes a effectivement diminué, mais moins que celui des hommes. Dans le petit cercle, vous voyez une baisse de 3 % chez les hommes avec la ligne du haut, et une baisse de 1 % chez les femmes. Donc, même si la récession a eu des répercussions sur les deux groupes, les femmes ont été moins touchées que les hommes.
Je vais maintenant mettre davantage l'accent sur les caractéristiques des femmes et examiner le graphique numéro quatre, qui concerne toutes les femmes âgées de 15 ans et plus. La ligne du haut correspond à la proportion de femmes qui travaillent à temps plein, tandis que celle du bas représente celles qui travaillent à temps partiel. En regardant la ligne du haut, vous constaterez que la proportion de femmes qui travaillent à temps plein a augmenté d'une façon assez constante. Il y a eu quelques fluctuations liées au cycle économique, mais, en général, leur nombre a augmenté à peu près jusqu'en 2006, pour ensuite se stabiliser à environ 42, 43 %. Nous examinons le taux d'activité de la population de 15 ans et plus.
Pour ce qui est de celles qui travaillent à temps partiel, leur nombre a augmenté régulièrement depuis à peu près 1990. Au cours des quelque 20 dernières années, 15 % des femmes ont travaillé à temps partiel, c'est-à-dire moins de 30 heures par semaine. Environ 75 % de ces femmes le font par choix, et environ 25 % d'entre elles sont dans cette situation parce qu'elles n'arrivent pas à décrocher un emploi à temps plein compte tenu de la conjoncture économique ou parce qu'elles n'ont pas trouvé de poste qui leur permet de travailler plus de 30 heures par semaine.
Je ne pense pas que la prochaine diapositive, à la page cinq, apprendra quoi que ce soit aux membres du comité. Lorsqu'on examine les salaires en fonction de la profession exercée, on constate que les femmes ont un salaire moins élevé que les hommes dans toutes les catégories de professions. Ce sont les principales catégories de professions au Canada, en 2013. Beaucoup d'entre vous ne siégeaient probablement pas au comité en 2010 lorsque nous avons fait un exposé sur l'écart salarial entre les hommes et les femmes.
En général, ce ne sont que des chiffres bruts utilisés pour faire des comparaisons, mais si on effectue le contrôle des réalités du marché du travail et de ce genre d'emplois, on constate que le salaire des femmes correspond environ à 90 % de celui des hommes, même lorsqu'on tient compte de tout ce qui est pris en considération, y compris les années passées sur le marché du travail, l'expérience professionnelle et les différents niveaux d'éducation.
La prochaine diapositive porte sur le taux de couverture syndicale. Dans ce cas-ci, la situation des hommes et celle des femmes se sont inversées. Les lignes se chevauchent vers 2005. Celle qui commence en bas du côté gauche représente les femmes, tandis que celle qui commence en haut, mais qui descend, correspond au taux de couverture syndicale des hommes. En général, le taux de couverture syndicale des hommes a diminué de façon plutôt constante avec le temps, tandis que celui des femmes a augmenté un peu plus à partir du milieu des 10 dernières années, car elles ont tendance à travailler dans des milieux plus syndiqués, notamment le secteur public. Plus de 70 % des employés du secteur public sont syndiqués, par rapport à 20 % de ceux du secteur privé. Par conséquent, le fait que les femmes ont tendance à être nombreuses dans le domaine de l'éducation, dans le système de santé ainsi que dans l'administration publique... elles ont un taux de couverture syndicale plus élevé.
Passons maintenant au graphique de la diapositive 7. La ligne du haut représente les hommes, et celle du bas les femmes. Nous regardons le taux de travail autonome. En 2013, une femme sur huit était travailleuse autonome par rapport à un homme sur cinq, ce qui veut dire qu'il y a plus de travailleurs autonomes que de travailleuses autonomes.
Pendant un certain temps, le taux de travail autonome des femmes a augmenté de façon plutôt constante. Il a souvent tendance à chuter pendant un cycle économique, pour ensuite augmenter de nouveau, selon la conjoncture. Il y a eu une hausse pendant les années 1990. Quand l'économie va bien, certaines personnes délaissent le travail autonome pour un emploi rémunéré. Depuis la fin des années 1990, le taux de travail autonome des femmes s'est maintenu autour de 13 %.
Nous nous sommes attardés à la question du travail autonome parce que nous pensions que ce serait intéressant pour le comité. Nous avons constaté qu'en 2013, un peu plus des trois quarts des femmes entrepreneures travaillaient à leur compte sans aide rémunérée. On parle de celles dont les entreprises ne sont pas constituées en société. En gros, nous pouvons classer les travailleuses autonomes dans diverses catégories. Il y a celles qui ont une entreprise constituée en société, avec et sans aide rémunérée, et celles dont l'entreprise n'est pas constituée en société, avec et sans aide rémunérée.
En général, nous constatons que 60 % des travailleuses autonomes se retrouvent dans la catégorie de l'entreprise constituée en société sans aide rémunérée. Pour ce qui est de l'ensemble des travailleuses autonomes sans aide rémunérée, on parle d'environ 76 %, alors qu'il s'agit d'environ 64 % dans le cas des hommes. Il y a donc une différence entre les deux.
À la diapositive 9, nous mettons l'accent sur les quelque un million de femmes qui travaillaient à leur compte en 2013. Quand on regarde les 10 professions qui arrivent en tête, on constate que ces femmes avaient tendance à travailler dans le secteur des services, dans presque 90 % des cas. Le groupe le plus important était celui des éducatrices de la petite enfance. Si vous y ajoutez les gardiennes d'enfants, environ 10 % des femmes travaillaient dans les domaines de la garde et de l'éducation des enfants et de la petite enfance.
La diapositive 10 porte sur les travailleuses autonomes avec des employés. Ce sont des femmes qui travaillent à leur compte, qui sont propriétaires d'une entreprise et qui ont leurs propres employés. Le type de professions est différent pour ce groupe. Environ 15 % d'entre elles sont directrices dans le secteur du commerce de détail. En gros, elles ont leur propre entreprise dans ce secteur et des employés. C'est de loin de groupe le plus important dans cette catégorie.
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Merci, madame la présidente.
Je remercie les témoins d'être ici cet après-midi. Merci pour votre excellent exposé. Vous nous avez déjà donné beaucoup d'information.
Je veux seulement préciser, étant moi-même issue du milieu de l'enseignement, qu'il est vrai que plus de femmes travaillaient dans le secteur public et que le milieu était hautement syndiqué. Mais au Nouveau-Brunswick, je peux vous assurer que les hommes et les femmes gagnaient le même salaire et qu'il était établi en fonction des qualifications et des années d'enseignement de chacun. Il n'y avait donc pas d'écart entre les hommes et les femmes enseignants. On évaluait nos qualifications et nous avions un salaire équivalent. J'imagine que c'était la même chose pour les travailleurs de la santé. J'ai pensé à cela quand nous en parlions.
Selon toute attente, beaucoup de renseignements sont recueillis par différents ministères, et vous le voyez sans doute dans votre domaine. J'aimerais savoir de quelle façon les ministres du Travail de tous les ordres de gouvernement utilisent les renseignements sur le travail qui sont recueillis.
J'ai trois questions concernant la page 12 de votre mémoire.
Vous avez choisi le revenu médian d'emploi plutôt que le revenu moyen d'emploi. Voici ma première question: y a-t-il une grande différence entre les deux? Pourquoi avez-vous opté pour le revenu médian plutôt que pour le revenu moyen? À quoi peut-on attribuer l'écart entre les deux, selon vous?
Ma deuxième question porte sur le graphique sur les traitements et les salaires, où on dénote un écart majeur, de l'ordre de 10 000 $, entre les hommes et les femmes. Cependant, chez les travailleurs autonomes, l'écart est beaucoup moins important. J'aimerais savoir comment vous expliquez la différence entre le revenu médian et le revenu moyen, et aussi ce que signifie cet écart disproportionné.
On aurait pu penser instinctivement qu'il y avait un écart, alors pourquoi n'est-il pas aussi important du côté des travailleurs autonomes qu'il ne l'est pour les traitements et les salaires? Pourquoi l'écart n'est-il pas équivalent des deux côtés, qu'il soit grand ou pas?
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Bonjour. Je remercie le comité d'avoir invité à comparaître l'Alliance de la fonction publique du Canada. Je parlerai brièvement de plusieurs grands enjeux qui touchent les femmes dans la fonction publique et les femmes en général.
Dans la fonction publique fédérale, les femmes ont accompli des progrès, mais elles restent sous-représentées en certains endroits. L'une des causes de leurs progrès est la Loi fédérale sur l'équité en matière d'emploi. Les ministères et organismes fédéraux sont tenus de se doter d'un plan d'équité en matière d'emploi qui vise non seulement les déficits de représentation, mais, aussi, les obstacles qui s'opposent à la présence des femmes en milieu de travail. Ces employeurs sont également assujettis aux vérifications de l'équité en matière d'emploi de la Commission canadienne des droits de la personne. Le problème est que le Secrétariat du Conseil du Trésor abandonne son rôle d'organisme central de surveillance pour confier cette tâche à chaque ministère et organisme. La surveillance est donc rendue plus difficile. Son rapport annuel renferme le strict minimum de renseignements plutôt qu'une analyse approfondie.
Il existe aussi des lacunes notables dans les données disponibles sur la ventilation des femmes racialisées, autochtones, handicapées et celles de la collectivité des gais, lesbiennes, bisexuels et transgenres. Ces femmes affrontent des obstacles et des défis supplémentaires au travail. Nous craignons que ces groupes ne soient touchées, de manière disproportionnée, par la suppression de 20 000 emplois fédéraux. Cependant, l'absence de données rend difficile l'analyse des répercussions de ces suppressions.
En 2009, le Conseil du Trésor a entrepris l'examen de toutes ses politiques existantes sur les ressources humaines qui touchaient les employés de la fonction publique fédérale. Ce n'est pas un progrès. Actuellement, ces politiques énoncent en détail les obligations de l'employeur, et les administrateurs généraux et les gestionnaires doivent s'y conformer. Certaines politiques touchent les garderies en milieu de travail, l'obligation de prendre des mesures d'adaptation, l'équité en matière d'emploi et le télétravail. Leur examen permettra de remplacer 60 politiques particulières par une ou deux politiques générales. Il entraînera la suppression de beaucoup d'obligations actuelles.
Les politiques sur l'adaptation, l'équité en matière d'emploi et la garde des enfants touchent des droits fondamentaux de la personne. Si on les réduit à quelques lignes cachées dans une politique générale, nous croyons qu'elles seront inefficaces. Même maintenant, il existe des contradictions dans la pratique.
Il est manifeste que, pour le gouvernement, l'examen des politiques sert de prétexte pour se dégager des obligations qui ont permis de soutenir les femmes dans leur travail et leur carrière. Cela aura des répercussions directes sur la prospérité des femmes.
Un sujet immédiat d'inquiétude est la politique de garderies en milieu de travail, mise en oeuvre pour la première fois en 1991. Elle a conduit à la création d'une douzaine de ces garderies d'un bout à l'autre du pays. On les a dotées de budgets de démarrage; on leur a accordé des subventions pour leur loyer et on a mis en place des services bilingues pour répondre aux besoins d'accessibilité. La garderie sur place rend service aux parents et aux employeurs et elle contribue au recrutement et à la conservation des employés, particulièrement des femmes. Le Conseil du Trésor a maintenant mis fin à sa subvention locative de deux garderies locales. La garderie Les Tout-Petits de Tupper a été obligée de déménager, opération qui a touché 50 enfants. Les négociations se poursuivent pour la garderie Tunney's Day Care.
Quand on rend les services de garderie plus coûteux et moins pratiques, on neutralise ainsi directement les initiatives visant à accroître la prospérité des femmes et leur participation à des rôles de direction. Dans un contexte plus général, plus de 70 % des mères du Canada occupent un emploi rémunéré. Malgré la réduction sensible de l'écart entre les sexes dans les postes de direction, ce n'est pas le cas des femmes ayant de jeunes enfants. Les femmes privées de services de garderie abordables prennent congé de leur travail, ce qui est susceptible de retarder leur promotion, y compris à des postes de haute direction.
En cessant de travailler, elles sont aussi pénalisées sur le plan financier, y compris pour leur régime de retraite, en étant privées d'augmentations de salaire et des avantages que procure l'ancienneté. Les frais élevés de garderie peuvent leur coûter cher. Par contre, les frais abordables de garderie ont permis, à la grandeur du Québec, de rétablir l'équilibre et ils ont eu un effet notable sur les femmes. Ils ont contribué à une augmentation marquée de la participation des femmes au marché du travail.
Beaucoup de services de garderie ont des heures ouvrables régulières, ce qui crée un obstacle supplémentaire. Comme le montre une plainte récente relative aux droits de la personne et déposée par l'alliance, il n'existe tout simplement pas de services de garderie aux heures irrégulières au Canada. Cela rend difficile aux mères la tâche de se consacrer à leur rôle de dirigeantes. Les femmes qui ne peuvent pas travailler pendant des heures irrégulières en raison des contraintes imposées par la garderie sont beaucoup moins susceptibles d'occuper des postes de direction et des postes bien rémunérés. En fin de compte, l'absence de services de garderie et l'absence de services abordables de garderie entravent les progrès des femmes.
Nous croyons que c'est la syndicalisation qui améliore le sort des femmes. Les conventions collectives réduisent les écarts de salaire entre les hommes et les femmes. Elles procurent aux femmes des avantages comme des heures de travail flexibles; des congés payés pour obligations familiales ou pour raisons médicales ou personnelles; des congés de maladie et des vacances; des congés de maternité et des congés parentaux payés; elles comportent l'obligation, pour l'employeur, de prendre des mesures d'adaptation et des clauses qui aident à concilier travail et famille. Ces avantages ont été conquis de haute lutte, par d'âpres négociations, à coup de grèves et de décisions judiciaires. Toutes ces clauses contribuent à faire du milieu de travail un endroit qui répond aux besoins des femmes et de la famille et qui aide les femmes à devenir des chefs, grâce à la conciliation entre le travail et la vie personnelle.
L'une de ces clauses, sur la parité salariale, s'attaque proactivement aux écarts salariaux entre les sexes et a un effet direct sur la prospérité des femmes. Ce n'est pas par hasard que les fonctionnaires fédérales, particulièrement celles qui occupent des postes administratifs, gagnent de meilleurs salaires que beaucoup de leurs homologues d'autres secteurs. L'alliance a trimé dur pendant des décennies pour faire des dispositions de la Loi canadienne sur les droits de la personne concernant la parité salariale une réalité pour ses membres.
Mais, comme vous le savez, un autre recul a suivi. En 2009, le projet de loi a été adopté sous le nom de Loi sur l'équité dans la rémunération du secteur public. Malgré son nom, cette loi s'attaque à la parité salariale. La parité salariale a été conçue pour corriger les effets du marché sur la rémunération des femmes. La nouvelle loi fait le contraire et elle limite la capacité des femmes de demander et d'obtenir la parité salariale. Les syndicats ne sont pas autorisés à encourager leurs membres à chercher à obtenir la protection contre les entorses à la parité salariale ni à travailler avec eux à cette fin. De lourdes amendes sont prévues pour les en dissuader. La parité salariale est une façon de surmonter les obstacles qui s'opposent à la prospérité des femmes. La nouvelle loi n'est qu'un obstacle de plus que les femmes devront surmonter.
Dans ces trois domaines, nous formulons les recommandations suivantes: d'abord, sauvegarder les politiques d'équité en matière d'emploi et les autres politiques qui aident les femmes; ensuite, financer entièrement un programme national de garderies; enfin, abroger la Loi sur l'équité dans la rémunération du secteur public et la remplacer par une véritable loi proactive sur la parité salariale. Nous devons faire cesser les tentatives de destruction de ce que les femmes ont accompli et prendre ensuite ces mesures nécessaires.
Je vous remercie de votre invitation et nous serons sûrement très heureuses de répondre à vos questions. Sachez que nous ferons très bientôt parvenir au comité un mémoire plus détaillé, dès que sa traduction sera terminée.
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Je voudrais d'abord remercier nos deux témoins de participer à l'étude que nous faisons sur la prospérité économique et le leadership des femmes au Canada.
L'indice de développement humain de 2012 des Nations Unies a révélé que les inégalités avaient augmenté au Canada. En effet, le Canada s'est retrouvé au 15e rang, derrière des pays comme l'Islande, le Danemark et la Slovénie. Concernant les écarts entre les hommes et les femmes, le rapport annuel du Forum économique mondial de 2012 a révélé que le Canada était passé du 18e au 21e rang en une année, se retrouvant ainsi derrière les Philippines, la Lettonie, Cuba et le Nicaragua. Ce rapport classe les pays selon des données portant sur les inégalités entre les sexes pour ce qui est de la situation économique, de l'accès à l'éducation, des soins de santé et de la participation des femmes à la politique.
J'aimerais que vous nous expliquiez comment il se fait qu'à cet égard, le Canada recule depuis quelques années à l'échelle internationale.
Est-ce à cause des politiques, des compressions budgétaires, des programmes qui n'ont pas été reconduits? J'aimerais connaître votre avis sur cette question.
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En effet, nous croyons que la situation est attribuable aux compressions budgétaires.
Même en modifiant l'âge d'admissibilité, par exemple, à la Sécurité de la vieillesse ou au Régime de pensions du Canada, on sait que les femmes sont souvent parmi les plus pauvres de la population lorsqu'elles quittent le marché du travail. Puisqu'elles n'ont parfois pas accès à un régime de retraite offert par l'employeur, elles comptent en grande partie sur ces prestations pour vivre. Maintenant, si on recule l'âge de l'admissibilité de 65 à 67 ans, cela ne fera qu'accroître la pauvreté.
Les modifications à l'assurance-emploi, par exemple, touchent également les femmes de manière disproportionnée, puisqu'il y a davantage de femmes qui travaillent à temps partiel. Je regardais justement les statistiques concernant le nombre de femmes admissibles aux prestations d'assurance-emploi, et il s'agit d'une très faible proportion. Je crois que cela se situe autour de 30 %.
À cause des changements apportés au régime d'assurance-emploi, il sera plus difficile pour les femmes d'avoir accès au programme parce qu'elle doivent désormais parcourir de plus longues distances pour aller travailler et accepter des emplois moins bien rémunérés. Si elles ont des enfants à la garderie, elles ne peuvent pas se permettre de perdre du temps dans les déplacements. Ces changements ne prennent pas en considération la différence entre les sexes. Ce sont quelques exemples.
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Non, merci. Cela ne répond pas à ma question.
Je veux faire une comparaison avec les autres organisations, les autres gouvernements ou les autres entreprises du secteur privé. Nous avons entendu des représentants du secteur privé, par exemple, la chef de la direction de l'entreprise Lululemon, qui a fait beaucoup de compromis pour ses employés. Par exemple, les réunions se tenaient uniquement entre 9 heures et 16 heures. Tous les employés qui touchaient un revenu modéré avaient droit à une prime de 16 %, ce qui est, à notre avis, une excellente mesure qui contribue à la prospérité des femmes, ce qui est d'ailleurs le sujet de notre étude.
Vous nous dites ce qui vous déplaît au sein de la fonction publique. J'ai travaillé à Bell Canada, où on a aboli 10 000 emplois en trois ans, alors je sais de quoi il s'agit.
Toutefois, dans l'ensemble, du point de vue de la structure, des règles, des processus, des droits des travailleurs, de tout ce que vous avez négocié, le gouvernement fédéral n'est-il pas un bon endroit où travailler pour les femmes, si ce n'est pas le meilleur?