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Bonjour, tout le monde. Bienvenue à la 22
e réunion du Comité permanent de la condition féminine.
Aujourd'hui, le comité continue son étude sur le leadership économique et la prospérité des Canadiennes.
Conformément à une entente intervenue entre les partis, la réunion va se terminer à 16 h 45, ce qui nous laisse 1 heure 15 minutes en compagnie des deux groupes de témoins que nous recevons. Par la suite, il y aura une réunion du sous-comité.
Je souhaite la bienvenue aux témoins que nous recevons aujourd'hui. Je les remercie de venir partager leur expertise avec nous.
C'est avec plaisir que j'accueille Mme Victoria Lennox, que j'ai déjà rencontrée lors d'une réunion du Comité permanent de l'industrie, des sciences et de la technologie il y a environ un an, si je me souviens bien. Elle est cofondatrice et première dirigeante de Startup Canada.
Nous avons aussi le plaisir d'accueillir Mme Laura Cattari et Mme Brenda Thompson, membres du conseil d'administration de Canada sans pauvreté.
Bienvenue à vous toutes.
J'invite Mme Lennox à commencer sa présentation.
Vous disposez de 10 minutes.
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Bonjour à tous. Je tiens à remercier le comité de m'avoir invitée à parler de la prospérité des Canadiennes. Je vais surtout vous parler de l'importance d'encourager les femmes à se lancer en affaires et de soutenir les entrepreneures.
Je vais faire une brève allocution, puis je me ferai un plaisir de répondre à toutes les questions que vous désirez me poser.
Je suis cofondatrice et première dirigeante de l'organisme Startup Canada, un réseau communautaire qu'administrent des bénévoles et qui regroupe plus de 80 000 entrepreneurs dans tout le Canada. Le réseau Startup compte 400 partenaires et 20 centres communautaires situés partout au pays. Vendredi dernier, nous avons fêté le deuxième anniversaire de notre propre démarrage. Notre réseau comprend 40 % de femmes, et 15 % de nos organismes partenaires fournissent des services qui s'adressent spécialement aux femmes.
Je suis une entrepreneure en série. Quand j'étais à l'université, j'ai fondé un club pour les entrepreneures que nous avons appelé Oxford Women in Business. Aujourd'hui, j'aide plusieurs organismes axés sur les services aux femmes qui soutiennent et habilitent l'entrepreneuriat chez les femmes tels que Robogals en Australie, qui enseigne aux jeunes filles la robotique et l'innovation, et Astia Europe qui forme et prépare les femmes à faire de l'investissement providentiel. Au Canada, je soutiens l'organisme CanWIT, qui jumelle des jeunes femmes à des mentors dans le domaine de la technologie.
J'ai fondé Startup Canada dans le but d'aider le Canada à devenir le meilleur endroit au monde où les hommes et les femmes puissent lancer et développer une entreprise. En s'exprimant au nom des entrepreneurs canadiens, Startup Canada mène une initiative communautaire nationale qui vise à développer un écosystème entrepreneurial dynamique afin de générer de la prospérité.
En 2012, nous avons effectué une tournée dans tout le pays. Nous avons parlé à 20 000 Canadiens dans 40 collectivités pour exporter notre mission et notre mandat à grande échelle. Depuis, Startup Canada a concentré ses efforts sur l'unification et sur le renforcement de nos collectivités communautaires dans tout le Canada, de Fredericton à Winnipeg et de Smithers à Nanaimo afin de relier les entrepreneurs en ligne et en personne. Nous avons lancé des initiatives visant à enrichir une culture d'entrepreneuriat en présentant des réussites et en alimentant cette conversation dans les médias. Nous nous sommes placés en tête pour représenter tous les entrepreneurs du Canada.
Startup Canada est une plate-forme nationale de développement collectif de l'entrepreneuriat. C'est un outil de développement économique que nous pouvons exploiter.
Je sais que votre comité a entendu dire que 14 % des femmes seulement sont propriétaires d'une petite entreprise. Startup Canada favorise l'entrepreneuriat des femmes en leur offrant du mentorat et en les encourageant à se joindre à des réseaux de soutien ainsi qu'à des programmes accélérateurs et incubateurs et à d'autres initiatives qui favorisent l'entrepreneuriat chez les femmes.
Statistique Canada nous a appris que les petites et moyennes entreprises génèrent plus de la moitié du PIB du secteur des affaires au Canada. Statistique Canada affirme que 47 % des femmes sont prêtes à courir le risque de fonder une entreprise, soit une augmentation de 23 % au cours des 10 dernières années. Pendant cette même période, ce pourcentage n'a augmenté que de 10 % chez les hommes.
Je suis convaincue qu'encore plus de femmes se lanceraient en affaires si nous pouvions leur fournir les ressources, le réseau et la culture nécessaires pour atténuer un peu les risques. C'est le rôle que Startup Canada a décidé d'assumer.
Startup Canada a pris soin de nommer une directrice de l'engagement chargée d'améliorer l'entrepreneuriat chez les femmes. Nous veillons à engager, à refléter et à représenter les femmes dans tous nos programmes et dans notre structure de gouvernance.
Aujourd'hui, je désire présenter cinq recommandations à votre comité. Selon moi, nous pourrions améliorer cinq choses pour que les femmes participent mieux encore au domaine de l'entrepreneuriat.
Tout d'abord et avant toute chose, il faut que nous soutenions beaucoup mieux l'apprentissage des jeunes filles en science, en technologie, en génie et en maths et que nous les éduquions très tôt dans le domaine des affaires en organisant des jeux, des réseaux et de l'apprentissage.
Deuxièmement, il faut que nous nous efforcions de faire connaître des modèles exemplaires qui inspirent les jeunes filles et les femmes. Il faut que nous fassions plus d'efforts pour parler de ces modèles et pour les honorer dans notre milieu d'entrepreneuriat.
Troisièmement, il faut que nous favorisions le mentorat en aidant les femmes à trouver des mentors qui les aident à concrétiser leurs idées et à les mettre sur pied.
Quatrièmement, il faut que nous facilitions l'accès à du soutien et à des réseaux en aidant les femmes à communiquer entre elles électroniquement et en personne pour favoriser le développement de leurs entreprises.
Et enfin, il faut que nous leur donnions accès à des garderies. Les services de garderie sont chers, ce qui empêche les entrepreneures à engager plus d'un employé. Elles ne peuvent donc pas développer leurs entreprises et créer de l'emploi pour le Canada.
Il n'existe aucun organisme central qui relie les entrepreneures de tout le Canada pour soutenir les ressources et les réseaux et pour vraiment représenter et honorer les femmes de partout au pays. Notre organisme administré par des bénévoles s'efforce de remplir ce rôle, mais nous pourrions en faire beaucoup plus.
En conclusion, nous soutenons tous les investissements et toutes les mesures qui enrichissent la culture d'entrepreneuriat au Canada. Nous sommes convaincus qu'en enrichissant l'écosystème de l'entrepreneuriat, nous créerons de meilleurs emplois pour les femmes. Le Programme canadien des accélérateurs et des incubateurs et les initiatives visant les entrepreneures et le mentorat en sont d'excellents exemples. Nous soutenons les investissements qui visent à encourager les femmes — surtout les jeunes femmes — à devenir des entrepreneures prospères.
Startup Canada et ses 300 bénévoles travaillent très fort pour enrichir la culture entrepreneuriale du Canada et pour y accroître la participation des femmes.
Je vous remercie de votre attention. Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
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Madame la présidente et membres du comité, merci de m'avoir offert de venir vous parler.
Je suis Laura Cattari, et je suis secrétaire du conseil d'administration de l'organisme Canada sans pauvreté.
Canada sans pauvreté est un organisme de bienfaisance national non partisan qui, depuis plus de 40 ans, s'efforce à éliminer la pauvreté. Soulignons que tous les membres de notre conseil d'administration ont vécu dans la pauvreté à un moment ou un autre de leur vie, et leurs expériences orientent notre travail.
Le leadership économique et la prospérité sont des thèmes de conversation importants. Il est crucial de discuter de ce qui retient les femmes et de ce qui ouvrira un avenir à toutes les femmes. Mes expériences personnelles et la recherche que j'ai menée récemment me permettent d'affirmer que les femmes qui vivent dans la pauvreté sont incapables de participer pleinement à la vie économique. Elles sont aussi incapables de saisir les occasions qui s'offrent aux personnes qui ont un revenu plus élevé. Les obstacles auxquels ces femmes se heurtent ont un effet profondément négatif non seulement sur elles et sur leurs enfants, mais aussi sur l'économie en général, car leur contribution compte pour très peu ou pas du tout, et elles finissent par se trouver totalement exclues.
Ma propre expérience illustre parfaitement cela. Au sommet de ma carrière, j'établissais des réseaux câblés numériques, je dirigeais des équipes de recherche et développement et je rédigeais des livres blancs pour l'industrie. Je fournissais mes conseils d'expert à de grandes sociétés de câblodistribution. Autrement dit, je figurais parmi les leaders de mon industrie. J'étais aussi la seule femme parmi tous mes collègues. En janvier 2003, on m'a déclarée officiellement handicapée par des maladies dues au stress. Est-il possible que ces maladies découlent de la discrimination contre laquelle j'ai lutté pendant des années et des autres difficultés que j'ai dû affronter dans un milieu dominé par des hommes? Ou alors elles proviennent d'une accumulation de stress causé par les mauvais traitements, même sexuels, que j'ai subis pendant toute mon enfance et que subissent 20 % des Canadiennes avant l'âge de 18 ans? Les facteurs qui causent les maladies liées au stress sont bien documentés, et le sexe des personnes atteintes y joue un rôle important.
Mon handicap m'a jeté dans la pauvreté et je me suis retrouvée économiquement exclue. Mais malgré ce handicap apparent, je m'exprime encore bien, je suis intelligente et capable de participer à la vie et à l'économie de ma collectivité. Mes collègues me portent candidate chaque année pour un prix d'excellence. Ce qui m'empêche de sortir de la pauvreté et d'aller de l'avant n'est pas ma maladie, mais l'incapacité des personnes et des systèmes gouvernementaux. Ce sont des obstacles auxquels de nombreuses femmes dans ma situation se heurtent. Au Canada, 75 % des femmes handicapées sont sans emploi.
Ce qu'il me faudrait pour réussir est très simple: une quantité adéquate d'aliments nutritifs et un logement abordable dans un quartier sécuritaire où la rue n'appartient pas à ceux qui abusent des femmes vulnérables. J'ai aussi besoin que la violence de la société contre les femmes, qui inspire le langage, l'attitude et les comportements, cesse de nuire psychologiquement à l'estime et au respect de soi pour que je n'entende plus de jeunes femmes à des sommets de dirigeants me dire qu'elles ne se sentent pas à la hauteur.
Dans le domaine de l'emploi, j'ai besoin d'un système qui rémunère les fournisseurs qui me soutiennent et grâce auxquels je suis devenue le leader que je suis aujourd'hui, non pas en leur payant le salaire minimum à temps partiel et en comblant la majorité des postes avec des femmes.
J'ai besoin de pouvoir établir un plan pour ma vie avec ma maladie chronique afin d'obtenir le revenu dont j'ai besoin. Je célèbre les programmes actuels comme le Fonds d'intégration pour les personnes handicapées qui me permet de suivre des cours postsecondaires à temps partiel à cause de ma maladie. Mais ce programme ne soutient pas l'emploi à temps partiel. Je ne peux donc pas saisir les occasions de travailler à temps partiel, ce qui me permettrait de sortir de la pauvreté, et le fait que je ne puisse pas affirmer que je désire un emploi à plein temps m'exclut de ce programme.
Je sais qu'il existe divers programmes du gouvernement fédéral qui soutiennent les personnes vulnérables, mais tous ne sont pas nécessairement accessibles. Comme je ne peux pas suivre de cours postsecondaires, je ne peux pas soutenir la concurrence dans un nouveau domaine d'emploi. Je suis littéralement exclue de l'économie et je ne peux pas atteindre une vie prospère même si je suis désireuse et capable d'apporter une contribution importante.
Je conclurai en présentant deux recommandations bien précises. D'abord, modifiez les qualités requises qui restreignent l'accès au Fonds d'intégration pour les personnes handicapées et à d'autres programmes postsecondaires pour que les personnes qui ne peuvent pas travailler à temps plein puissent y accéder. Ensuite, lancez un programme fédéral de supplément au loyer qui ouvre l'accès à des logements sécuritaires et aménagés pour la mobilité des personnes handicapées.
Imaginez un instant un mandat national qui s'occupe avant tout des femmes les moins privilégiées afin de développer le potentiel, la prospérité et l'égalité de toutes les Canadiennes.
Merci.
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Bonjour, madame la présidente, membres du comité et autres personnes présentes.
Je tiens à vous remercier de m'avoir offert cette occasion de vous faire part de mes expériences et de m'adresser au comité, et je vous remercie de poursuivre vos travaux sur ce thème très important qu'est le leadership et la prospérité des Canadiennes.
Je me présente à vous à titre de vice-présidente de Canada sans pauvreté, de travailleuse sans but lucratif dans un centre de ressources pour les femmes, d'ancienne mère monoparentale à bas revenu et d'auteure du manuel de survie pour mères monoparentales pour la Nouvelle-Écosse, le Single Mothers' Survival Guide.
J'ai grandi dans une famille de région rurale qui était très pauvre. Mes parents étaient très jeunes quand ils se sont mariés et ils ont travaillé très fort pour que notre famille passe dans la classe moyenne de la Nouvelle-Écosse. À 20 ans, j'avais fini mon secondaire et je travaillais comme serveuse quand je suis tombée enceinte de ma première fille. Son père m'a quittée pendant le troisième mois de grossesse et n'a jamais participé à notre vie. De plus, il ne m'a pas payé d'allocations pour enfant à charge, et personne ne l'a forcé à le faire.
Quand ma première fille a eu neuf mois, je me suis inscrite au collège communautaire et au bout de deux ans, j'ai obtenu mon diplôme en gestion de l'accueil. Le prêt étudiant que j'ai reçu pendant ces deux ans m'a servi à payer la garderie pour ma fille. J'ai terminé ce cours deuxième d'une classe de 55 étudiants, mais tout ce que j'ai pu trouver était un emploi de serveuse — de nouveau.
Pendant deux ans, j'ai travaillé comme serveuse et ma famille gardait ma fille. Puis deux choses sont arrivées: on m'a offert un espace dans une garderie subventionnée de ma localité, et on m'a offert un logement dans une coopérative de logement financée par la SCHL. J'ai décidé de prendre le risque de retourner aux études pour essayer de trouver un meilleur emploi. J'ai obtenu un baccalauréat en études féminines de l'Université Mount Saint Vincent, puis une maîtrise en sociologie à l'Université Acadia avec une moyenne de 4,3.
Grâce à ces deux programmes, à la garderie subventionnée et au logement social abordable, j'ai réussi à atteindre mes objectifs aux études. Sans cette garderie qui ne coûtait que 35 $ par mois, je n'aurais pas pu aller à l'université. Cela a aussi permis à ma famille de prendre un repos bien mérité après s'être occupée de ma fille pendant tant d'années.
La coopérative de logement subventionné nous a permis de vivre, ma fille et moi, dans un logement chauffé et sécuritaire. Elle a aussi enrichi ma vie sociale avec les réunions des membres et les événements sociaux qu'on organisait, comme des pique-niques. Les membres de la coop étaient comme moi, ils travaillaient fort pour améliorer la vie de leur famille et de la collectivité.
Une fois diplômée, j'ai obtenu un emploi qui payait beaucoup mieux dans mon domaine d'études. Des années plus tard, je me suis retrouvée au chômage et j'étais une mère monoparentale qui vivait dans une région rurale de la Nouvelle-Écosse, mais cette fois-ci j'avais un bagage universitaire et je recevais des allocations pour enfants à charge. Mais dans les régions rurales de la Nouvelle-Écosse, il est très difficile de trouver un emploi assez bien rémunéré dans quelque domaine que ce soit. J'étais obligée de rester dans la région pour garantir l'accès parental et à cause d'un problème de garde d'enfants avec l'autre parent, donc ma situation était difficile. J'ai pris tous les emplois qui me permettaient de travailler chez moi tout en prenant soin de mon enfant. Pendant plus d'un an, ma deuxième fille et moi avons vécu avec 800 $ par mois parce que les seuls emplois que j'aurais pu décrocher hors de chez moi n'auraient même pas payé la garderie, qui coûtait 500 $ par mois, et le loyer qui coûtait lui aussi 500 $ par mois, plus toutes les autres dépenses reliées à mon domicile et à l'éducation d'un enfant.
Ma fille avait déjà quatre ans quand les garderies subventionnées sont arrivées dans notre ville. J'ai sauté sur l'occasion, ce qui m'a permis de prendre un emploi peu rémunéré, mais au moins je participais à l'économie et je pouvais travailler à temps plein. Ces deux programmes précieux nous ont permis, à mes deux filles et à moi, de participer pleinement à l'économie, à la culture et au processus démocratique. Sans ces deux programmes, je suis convaincue que nous serions encore figées dans une situation de pauvreté en essayant avec difficulté de joindre les deux bouts.
À partir des expériences que j'ai vécues, je voudrais vous présenter deux recommandations: la première, une stratégie nationale sur les garderies qui rendrait les garderies abordables et accessibles aux unités familiales traditionnelles et non traditionnelles, où qu'elles résident. Et la deuxième, une stratégie nationale sur le logement qui permette aux femmes d'obtenir du logement sécuritaire, adéquat et abordable.
Je remercie le comité d'avoir consacré un peu de son temps pour m'écouter. Je serai heureuse de répondre à vos questions, si vous en avez.
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Merci, madame la présidente.
Je vous souhaite la bienvenue et vous remercie de nous faire part de vos expériences.
Merci de nous avoir donné de l'information sur Startup Canada. Je connais un peu votre organisme, parce que j'ai rencontré Joel Adams et Amanda Stratton, de Startup London, et j'ai eu l'occasion de leur parler. Ils font beaucoup de choses fantastiques. Vous faites un excellent travail avec vos 800 000 membres, je crois que c'est le chiffre que vous nous avez donné; c'est vraiment merveilleux.
Madame Lennox, je ne sais plus si vous l'avez dit ou si je l'ai lu quelque part, mais je crois que vous nous avez dit que vous avez aidé à jumeler 20 000 entrepreneurs avec des mentors tout en dirigeant les activités et les événements quotidiens. Comment réussissez-vous à faciliter le mentorat de 20 000 membres — ou n'importe quel autre chiffre, en fait? Le faites-vous en ligne, par téléphone, en personne, ou organisez-vous des réunions dans différentes villes?
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Merci, madame la présidente.
Tout d'abord, j'aimerais remercier tous les témoins de leurs témoignages et de nous avoir exposé leurs points de vue. Comme femme, cela me touche énormément.
Ma première question s'adresse à Mme Victoria Lennox.
Nous savons que l'entrepreneuriat est une voie centrale pour la création d'emplois, la croissance économique et la prospérité. L'appariement que fait Startup Canada entre les entreprises qui en sont aux premières étapes de leur création et des investisseurs est extrêmement important. D'ailleurs, vous venez de mentionner qu'en 2012, vous avez parcouru tout le Canada, soit 40 collectivités, pour recueillir du financement participatif.
On a remarqué que les dirigeantes d'entreprises en démarrage avaient de la difficulté à trouver du financement. Pourquoi les femmes ont-elles plus de difficulté que leurs pairs masculins à cet égard? Pourriez-vous nous expliquer cela, s'il vous plaît?
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Barbara Orser, de l'Université d'Ottawa, a mené des études dont les résultats documentent bien l'écart financier des entrepreneures, surtout en ce qui concerne l'investissement providentiel et le financement du capital de risque quand elles s'adressent à d'autres institutions que des banques pour demander du financement par actions.
Je n'ai pas les chiffres devant moi, mais les statistiques indiquent que les hommes investissent dans les entreprises d'autres hommes, alors il est très important que les investisseurs comprennent les entrepreneures et investissent dans leurs entreprises. L'organisme National Angel Capital Organization, dont le siège social est à Toronto, s'efforce beaucoup plus d'éduquer les investisseurs pour qu'ils placent leur argent dans des entreprises dirigées par des femmes. Ils s'efforcent aussi de développer chez les entrepreneures l'idée d'investir chez des femmes, mais il y a encore énormément de travail à accomplir dans ce domaine.
Je crois que nous avons maintenant des développements extraordinaires, comme le financement collectif avec Kickstarter et Indiegogo, qui offrent d'autres sources de financement aux entrepreneurs. C'est excellent mais, selon moi, le financement par actions du démarrage d'entreprises dirigées par des femmes est encore inférieur à celui que les hommes reçoivent.
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En ce qui concerne les provinces, je crois que celle qui facilite le mieux l'entrepreneuriat chez les femmes est la Colombie-Britannique. Je trouve que le Québec fait également un excellent travail dans ce domaine. Selon moi, on voit un effort mieux consolidé dans les Prairies pour faciliter ce genre de choses, mais ce n'est qu'un tout petit début. Ces programmes datent à peine de cinq ans, et l'on n'a pas mesuré leurs effets, alors il y a encore beaucoup à faire dans ce domaine.
Est-ce que je pense que nous en faisons assez? Pas du tout. Vous voyez vous-même l'écart. Est-ce que je sais exactement comment régler ce problème? Ma réponse est non. Je crois qu'il faudrait étudier la question un peu plus en profondeur, mais je pense aussi que nous devrions essayer différentes choses, voir ce qui réussit, modifier les solutions et appliquer celles qui s'avèrent efficaces.
Je pense que ce que nous voyons ici, surtout avec cette prochaine génération... Nous l'appelons la génération du démarrage, ces jeunes gens qui veulent lancer leurs propres entreprises, alors je pense qu'ils n'ont pas besoin d'énormément de soutien financier de la part du gouvernement. Mais ce qu'il leur faut, c'est de l'encouragement, des mesures incitatives. Il faut aussi leur montrer des modèles exemplaires qui inspirent les jeunes filles à se fixer des objectifs.
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Merci, madame la présidente.
Je tiens à remercier toutes les personnes qui présentent un exposé ici cet après-midi afin d'enrichir nos connaissances et notre réflexion.
Comme vous le savez, notre comité se concentre continuellement sur ce qui est le mieux pour les femmes dans la société et sur ce que nous pouvons faire pour les aider à participer à notre économie locale.
Ma première question s'adresse à Victoria Lennox. Vous avez parlé des centres Startup dans différentes régions, dont Fredericton au Nouveau-Brunswick. Comme je viens du Nouveau-Brunswick, je voudrais savoir combien de ces centres nous avons au Nouveau-Brunswick? Je suppose que celui de Fredericton est le principal, puisqu'il s'agit de la capitale de la province. Auriez-vous une idée du nombre de centres qu'il y a au Nouveau-Brunswick?
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Merci, madame la présidente.
Normalement, je ne siège pas à ce comité, mais ça me fait plaisir de remplacer ma collègue Niki Ashton. Je trouve cette étude très importante. Je vous remercie des témoignages que vous avez livrés aujourd'hui.
Je vais poursuivre sur la lancée de Mme Ambler. J'aimerais savoir quelle influence peut avoir le niveau d'instruction des parents. En fait, j'aimerais savoir si des parents qui sont dans le domaine de l'entrepreneuriat peuvent avoir une influence sur leurs jeunes. Ma question s'adresse aux représentantes de Canada sans pauvreté.
Pourriez-vous nous donner des précisions sur les liens qui existent entre le revenu familial et la tendance des jeunes à poursuivre des études plus poussées, à évoluer dans un milieu d'entrepreneuriat et à avoir davantage confiance en eux? Avez-vous des chiffres à nous présenter à ce sujet?
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Merci d'avoir posé cette question.
Il est très important de comprendre le lien entre le succès et les occasions qui se présentent, et je crois que Mme Lennox en a un peu parlé. Sans être exposés, et surtout dans la vie des jeunes enfants — une exposition à des occasions, à des idées, à la croissance — nous n'avons aucune chance d'atteindre le leadership, la propriété, l'entrepreneuriat. Ces choses ne pointent pas à notre horizon. Quand des adolescents vivent dans un milieu de privations, ils ne pensent malheureusement pas à un bel avenir brillant. Ils pensent à gagner de l'argent pour se nourrir, à gagner assez d'argent pour se loger, peut-être même pour se vêtir adéquatement, et pour avoir un téléphone. Ils ne pensent vraiment pas à leur vie entière et au long terme.
Je peux envoyer à votre comité quelques chiffres précis sur l'entrepreneuriat, ou au moins sur les études postsecondaires.
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Je vous en serais très reconnaissante. Merci beaucoup.
Je vais poursuivre sur le même sujet. Le modèle familial y est pour quelque chose, mais aussi le modèle dans la collectivité. Vous avez parlé des mentors. C'est très important à l'échelle plus réduite de la collectivité.
Madame Thompson, vous venez de parler du logement. Je crois que c'est ce qui se passe à plusieurs endroits au Canada. Dans ma circonscription, par exemple, il y a une concentration de personnes défavorisées. Le NPD a justement proposé une stratégie nationale du logement pour aider les gens dans cette situation.
Dans le quartier Saint-Pierre, situé dans mon comté, il y avait un désert alimentaire. On en a beaucoup parlé. Une coopérative a été formée pour établir le Marché Saint-Pierre. Je félicite cette coopérative pour tout son travail. Il faut dire que les gens n'ont pas toujours accès à des fruits et des légumes frais. Dans notre société, cela coûte beaucoup moins cher d'acheter des chips et du Coke que du lait et des oranges. C'est vraiment frustrant.
Avez-vous des solutions à ce problème? Qu'est-ce que le gouvernement fédéral devrait faire? Comme parlementaires, avons-nous un rôle à jouer? Selon vous, pourrions-nous aider à régler ce genre de problème?
Victoria Lennox, je voudrais vous accorder du temps pour nous décrire la situation et nous expliquer comment améliorer le mentorat des femmes, et leur permettre d'avoir un meilleur accès aux réseaux et aux services de garde des enfants. Ce sont les points trois, quatre et cinq de votre liste. Je n'ai pas noté les deux premiers, j'en suis désolé, mais j'ai les trois autres.
Je vous en prie, prenez un peu de temps et expliquez-nous comment faire cela parce que notre rapport constituera un guide pour les provinces, pour les femmes et pour toutes sortes de gens partout au Canada, afin d'aider les femmes à devenir des entrepreneures.
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Je suis en mesure de soumettre au comité quelque chose de plus substantiel, qui soit étayé par des statistiques et ce genre de choses.
On ne part pas de rien. Il existe des organisations dans tout le pays qui viennent en aide aux femmes entrepreneures, mais il n'y a qu'un nombre limité de mentors, de femmes expérimentées, qui ont réussi, qui ont tout vu et tout connu. Elles n'ont que peu de temps, car elles continuent de faire grandir leurs entreprises. Nous devons tirer parti au mieux du temps et de l'aide qu'elles offrent à la génération suivante. Un réseau national de femmes mentors rassemblerait les femmes entrepreneures qui sont au plus haut niveau et exploiterait au mieux leur temps par des conférences, du mentorat numérique en ligne, qui seraient accessibles aux entrepreneurs du Canada tout entier.
Dans tout le pays les organisateurs de conférences ont du mal à trouver des femmes entrepreneures pour participer à des tables rondes parce qu'elles sont si occupées par leurs enfants et par leurs entreprises qu'elles n'ont pas de temps à consacrer à des choses superflues. Si l'on pouvait exploiter leur temps de façon efficace, que cela ait du sens parce qu'elles touchent beaucoup de monde à la fois, ce serait formidable. Je crois que, si l'on rassemblait toute l'aide existante au niveau d'une initiative nationale dans laquelle chacun aurait un sceau national et si l'on associait les femmes entrepreneures au sein d'une sorte de conseil consultatif et si, enfin, on utilisait une plateforme numérique pour mettre en oeuvre le mentorat, cela serait très utile.
Merci à nos témoins. Je crois que nous commençons à avoir une bonne idée de ce qui va fonctionner. Je voudrais tous vous remercier d'avoir adopté une attitude positive, de voir le verre à moitié plein, parce que je crois que c'est l'une des réussites qu'on nous doit à nous, les femmes, et dont nous ne sommes peut-être même pas conscientes.
À cet égard, Victoria, je voudrais examiner votre modèle de jeune entreprise, et voir ce qui, selon vous, fait son succès. Tout de même, 80 000 membres...?
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Je crois que c'est venu du terrain. Je crois que si j'étais restée assise dans mon bureau à Industrie Canada et que j'avais dit, « je veux une initiative pour les femmes, et je vais le faire d'ici ”, ça n'aurait pas marché.
C'est basé sur la communauté. À Startup London, la codirigeante est une femme. Elle embauche d'autres femmes. Elles s'engagent l'une l'autre. À Toronto, c'est une femme de couleur qui dirige. Cette communauté est pleine de femmes de couleur parce qu'elle fait venir toutes ses amies. L'engagement par les pairs est vraiment très puissant. À Charlottetown nous avons des entrepreneures dans l'industrie des biotechnologies, alors nous avons maintenant un important groupe de personnes travaillant dans les biotechnologies qui font partie de Startup Canada là-bas.
C'est du travail de terrain mené par les pairs. Nous travaillons véritablement du bas vers le haut dans le sens où nous encourageons vraiment le développement local. Jamais vous ne verrez Startup Canada développer une politique nationale et l'imposer à nos communautés. Ça fonctionne vraiment du bas vers le haut. Lorsque le gouvernement nous donne l'occasion, comme aujourd'hui, de nous asseoir à une table — merci beaucoup de m'accueillir — nous impliquons nos communautés et demandons: Que voulez-vous que nous disions? Nous avons cette superbe occasion à saisir. Nous posons aussi la question sur Twitter.
Ça fonctionne vraiment du bas vers le haut. Ce qui a marché pour nous — c'est comme cela que nous avons engagé des entrepreneures autochtones — c'est le fonctionnement par les pairs, c'est de nous assurer que les femmes font partie de notre réseau et qu'elles viennent avec leurs réseaux. Alors elles voient cela comme une plateforme pour elles.
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Peut-être que je peux approfondir un peu, parce que j'ai l'impression que nous commençons à voir comment cela fonctionne.
Une chose que j'ai remarquée aussi, au cours de ma carrière de femme d'affaires, c'est que j'aurais aimé savoir à 25 ans ce que j'ai su à 35 — savoir que j'avais toutes les compétences à 25 ans pour faire la même chose — et j'aurais aimé savoir à 35 ans ce que j'ai su à 45.
Je crois que le mentorat peut nous aider, mais là encore, les femmes tendent à être — vous ne serez peut-être pas d'accord — quelque peu méfiantes, je pense, face à l'autorité et elles craignent de rejoindre ce qu'elles perçoivent comme étant une grosse organisation monolithique. Elles aiment les petites organisations.
Nous discutions de la possibilité d'un genre de registre national du mentorat, et je crois que nous avons entendu une suggestion semblable. Pensez-vous que cela soit une voie à suivre, ou s'agit-il plutôt de faciliter la mise en place d'une sorte de forum de discussion local qui permettrait aux femmes de se rencontrer, de permettre à une femme de rencontrer une autre femme qui réussit son entreprise, et d'aller boire un café à la petite galerie d'art locale ou, vous savez, au café des entrepreneures?
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Je suis vraiment navrée de n'avoir que cinq minutes parce que ce sujet est si important et si vaste. Je veux vous remercier de vous être déplacées pour nous faire part de vos expériences personnelles qui sont même très intimes.
Pour ma part, je suis aussi entrepreneure. Cela fait 18 ans que je possède ma propre firme de conseil. J'ai aussi créé et développé le plus ancien programme de petits déjeuners du Canada. Cela se passe dans le Downtown Eastside de Vancouver, d'où je viens, en Colombie-Britannique.
Je suis également sociologue. C'est mon parcours. J'ai passé 25 ou 30 ans à faire des politiques sociales à tous les niveaux de gouvernement, des municipalités aux provinces en passant par le fédéral, avant d'être élue députée. Je voulais juste dire que la garderie, comme vous le savez tous, est une responsabilité provinciale.
Ce qui a été intéressant dans ce débat, ayant été mère, ayant défendu les droits de mes prochains, ayant travaillé à l'échelon communautaire, ayant élaboré des programmes basistes dans le Downtown Eastside, ayant été mère d'accueil de sept enfants — je suis aussi grand-mère d'accueil dans le Downtown Eastside. J'ai aussi fait de la macropolitique au niveau sociologique par le biais d'un programme de cinq milliard de dollars dans tout le Canada.
Il semble y avoir un jeu intéressant dans lequel, Victoria — si cela ne vous dérange pas que je vous appelle ainsi, madame Lennox — dit que nous devons construire les choses à la base, que nous devons travailler de bas en haut parce c'est comme cela que les gens vont se mobiliser. C'est clairement l'expérience que j'ai eu en développant non seulement des programmes de petits déjeuners, mais aussi des programmes destinés aux jeunes à risque, toutes sortes de programmes pour les localités au Canada.
Deuxièmement, vous dites que le gouvernement fédéral doit forcément jouer un rôle. Nous avons un solide réseau de femmes que la est en train de bâtir et de diriger. Nous faisons des choses à l'échelon international dans le domaine de la santé de la mère et de l'enfant, ainsi qu'au travers de la journée internationale de la femme organisée par l'ONU, et même au travers de cette étude.
J'aimerais savoir où se situe l'entre-deux? Qu'avons-nous à notre portée? Nous voulons vraiment avancer là-dessus. Nous sommes ravis qu'il y ait autant d'activité, à l'évidence, dans le domaine des femmes en ce qui concerne le développement des affaires, etc. Vous avez raison Victoria. Nous sommes un très grand pays du point de vue géographique avec une très petite population éparpillée sur tout le territoire. Qu'est-ce qui est à notre portée?