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Merci beaucoup, madame la présidente.
[Traduction]
Madame la présidente, chers membres du comité, je vous remercie de me donner l'occasion de m'adresser à vous ce matin en tant que témoin.
Je m'appelle Ryan Montpellier, et je suis directeur général du Conseil des ressources humaines de l'industrie minière — aussi appelé le RHiM —, organisation sans but lucratif axée sur l'industrie qui est le chef de file de l'élaboration de solutions aux problèmes en matière de RH auxquels se heurtent les intervenants du secteur.
Notre objectif consiste très simplement à constituer pour le secteur minier canadien une main-d'oeuvre diversifiée, durable, qualifiée et sûre qui est reconnue à l'échelle mondiale. À cette fin, nous devons travailler non pas en vase clos, mais plutôt en collaboration avec presque toutes les grandes sociétés minières du pays, les entrepreneurs, les fournisseurs de matériel, les organisations autochtones, les établissements d'éducation postsecondaire et un certain nombre d'autres intervenants.
Durant mon exposé de ce matin, je tenterai de vous donner un aperçu des problèmes liés à la main-d'oeuvre qui touchent l'industrie minière du Canada. Comme vous le savez tous, le secteur emploie un certain nombre de personnes exerçant une profession liée aux STGM. Plus particulièrement, je consacrerai la majeure partie de mon exposé à la question de la participation des femmes au sein de l'industrie minière. J'évoquerai quelques-uns des obstacles et des problèmes qui nuisent à la participation des femmes au sein de l'industrie, de même que certaines occasions qui s'offrent à elles.
Je vais d'abord vous fournir quelques renseignements contextuels en ce qui a trait aux difficultés auxquelles se heurte actuellement le secteur minier et son marché du travail. Pour l'essentiel, nous sommes aux prises avec une situation qu'on a qualifiée de véritable crise. Notre industrie est en croissance, mais notre main-d'oeuvre est vieillissante. D'après l'Association minière du Canada, de nouveaux projets miniers d'une valeur globale de quelque 100 milliards de dollars en sont présentement à la phase de l'évaluation environnementale et de la délivrance de permis. Même si une faible proportion de ces projets voit le jour, cela se traduira par une hausse de la croissance dans le secteur, ce qui exercera une pression considérable sur un marché du travail déjà restreint.
L'industrie minière n'est pas non plus épargnée par le phénomène du vieillissement de la main-d'oeuvre. En fait, une proportion d'environ 40 % des employés de l'industrie minière sont actuellement âgés de plus de 45 ans, et le tiers des employés du secteur seront admissibles à la retraite au cours des cinq prochaines années. À ce problème s'ajoute la question de savoir où nous trouverons la prochaine génération de mineurs et où nous recruterons ces personnes. Comme vous pouvez probablement le deviner, dans la plupart des cas, les principaux projets miniers sont menés à l'extérieur des grands centres urbains. De plus en plus, ils ont lieu dans des régions rurales et éloignées du pays, et bon nombre d'entre eux ne sont accessibles que par avion, ce qui constitue en soi un défi, non seulement pour les hommes, mais également pour les femmes et toutes les personnes concernées.
De nos jours, il est très rare qu'un enfant dise qu'il souhaite exercer plus tard le métier de mineur. Ce métier représente souvent un deuxième ou un troisième choix de carrière auquel les gens ont recours après que leurs premières options n'ont pas abouti. En outre, l'industrie minière n'a pas été aussi efficace qu'elle aurait pu l'être au moment d'attirer de nouveaux Canadiens et des femmes. Pris ensemble, tous ces éléments nous mettent en présence d'un énorme défi, à savoir celui d'embaucher plus de 100 000 travailleurs au cours de la prochaine décennie, prévision fondée sur un scénario de croissance très conservateur. Si les prévisions de la Banque mondiale se confirment et que les prix des produits de base remontent, le nombre de nouveaux travailleurs à embaucher au cours de la prochaine décennie s'élèvera à plus de 125 000. De toute évidence, il n'existe aucune solution miracle, et il n'y a pas de façon simple d'attirer la prochaine génération de travailleurs du secteur minier.
L'industrie est en train de mettre en oeuvre une stratégie très ingénieuse qui nous permettra de nous assurer que nous disposons au moment voulu des bonnes personnes possédant les compétences requises. L'un des piliers de cette stratégie tient à une meilleure utilisation de l'ensemble des sources potentielles d'approvisionnement, ce qui englobe la prise de mesures plus efficaces pour attirer, maintenir en poste et former un plus grand nombre de femmes, d'Autochtones et de nouveaux Canadiens, et une meilleure utilisation de ces ressources.
Je pourrais vous parler d'un certain nombre d'initiatives en cours en ce qui a trait à l'embauche d'Autochtones et de nouveaux Canadiens, mais je consacrerai plutôt le reste de mon exposé d'aujourd'hui aux mesures visant à attirer, à maintenir en poste et à former les femmes au sein de notre secteur.
J'aimerais dire d'abord que le nombre de femmes qui travaillent dans l'industrie minière est plus élevé qu'il ne l'a jamais été dans le passé. En fait, une proportion de 17 % de la main-d'oeuvre de l'industrie — soit près de 38 000 personnes — est constituée de femmes. Il ne s'agit pas nécessairement d'un chiffre dont nous sommes fiers, mais il représente une augmentation de plus de 40 % par rapport à la décennie précédente. Ainsi, nous avançons dans la bonne direction.
Nous sommes pleinement conscients du fait que les femmes représentent la moitié — environ 48 % — de l'ensemble de la population active, et nous reconnaissons que notre secteur a beaucoup de travail à faire pour attirer et maintenir en poste un plus grand nombre de femmes.
Si nous creusons un peu et que nous nous penchons sur les emplois que les femmes occupent au sein de l'industrie minière, nous constatons que plus de 50 % d'entre elles occupent des postes dans les domaines des RH, des finances et des services administratifs et de soutien. Toutefois, en ce qui concerne plus précisément les professions liées aux STGM et les professions liées aux métiers spécialisés ou à la production — à savoir les mineurs et les conducteurs de matériel — cette proportion chute à moins de 10 %. Dans bien des cas, elle est de 5 %, et dans certains autres, elle chute à 2 %. Dans le secteur des professions libérales et des professions liées aux sciences physiques et à la technique — il s'agit ici des emplois liés aux domaines de la géologie, du génie minier, des sciences de la Terre et de la métallurgie —, les femmes comptent pour 20 % de la main-d'oeuvre, ce qui correspond à ce qu'on observe dans d'autres secteurs de l'économie.
De toute évidence, le fait d'attirer, de recruter et de maintenir en poste des femmes représente une priorité pour notre secteur. Afin de réaliser nos objectifs à ce chapitre, nous devons supprimer quelques-uns des obstacles existants. J'aimerais maintenant vous donner quelques exemples d'obstacles que quelques-unes de nos recherches ont mis en évidence.
Le premier obstacle tient à l'absence d'information dont disposent les femmes à propos des carrières s'offrant à elles dans le secteur et à l'absence d'intérêt des femmes envers notre industrie. Le RHiM a récemment mené un sondage auprès de 2 000 personnes — 1 000 hommes et 1 000 femmes e âgés de 18 à 24 ans qui étaient, à ce moment-là, à la recherche d'une carrière. Hélas, une proportion d'à peine 7,5 % des femmes sondées ont indiqué qu'elles étaient d'accord ou très d'accord pour dire qu'elles envisageraient d'occuper un emploi dans l'industrie minière et seulement 8,5 % des répondantes ont mentionné qu'elles étaient d'accord ou très d'accord pour dire que l'industrie offrait des emplois qu'elles jugeaient intéressants.
Notre industrie doit changer ces perceptions. Elle doit améliorer ses communications en ce qui concerne les carrières modernes et gratifiantes qu'elle a à offrir.
Le deuxième obstacle que nous avons relevé est lié à l'environnement de travail. Selon des études menées par le RHiM, par Women in Mining Canada et par le groupe de travail sur la pénurie de main-d'oeuvre en Colombie-Britannique, l'environnement de travail du secteur minier est souvent vu comme un milieu à prédominance masculine et comme un frein au maintien en poste des femmes.
Nous avons récemment mené un sondage d'envergure nationale auprès des travailleurs du secteur minier. Nous avons constaté que les femmes étaient plus susceptibles que les hommes de trouver difficile l'adaptation à l'environnement de travail. Une majorité d'hommes et de femmes ont répondu qu'il était plus difficile pour une femme que pour un homme d'obtenir du succès au sein de leur milieu de travail, et pourtant, une proportion de 70 % des répondants ont indiqué que les sociétés minières disposaient de programmes visant à encourager la constitution d'un milieu de travail respectueux et accueillant. De toute évidence, nous souhaitons accroître cette proportion, et nous voulons que l'ensemble des sociétés et des fournisseurs du secteur instaurent des milieux de travail respectueux et caractérisés par l'ouverture.
Le troisième obstacle que je veux mettre en évidence a trait à l'avancement professionnel. Il s'agit là d'un sujet complexe. Nos recherches ont révélé que les femmes considéraient que l'absence de possibilités d'avancement professionnel représentait un obstacle.
En outre, les recherches indiquent que, dans l'industrie minière, les femmes ne parviennent pas à faire progresser leur carrière en dépit de l'intérêt qu'elles manifestent à l'égard de l'avancement professionnel. D'après nos recherches, cela peut s'expliquer notamment par l'absence de modèles de comportement et par l'absence d'encadrement direct. En l'absence de modèles et de mentors visibles, il est plus difficile pour les femmes de s'orienter et de progresser dans leur carrière au sein d'un milieu à prédominance masculine. En outre — et cela ne surprendra personne —, les femmes sont plus susceptibles de prendre un congé parental. Selon nos recherches, on considère que les congés parentaux ont une incidence négative sur le déroulement de la carrière d'une personne.
Que pouvons-nous faire pour accroître le nombre de femmes qui occupent un emploi dans le secteur, plus particulièrement un emploi lié aux STGM? Eh bien, à mon avis, la première mesure à prendre consiste à adopter une vision à long terme et à créer un bassin de travailleurs en investissant dans des campagnes d'information et de promotion visant les professions les plus en demande, à savoir celles dans les domaines liés aux STGM.
Afin de soutenir ces initiatives de sensibilisation, il est également essentiel de présenter sous un jour positif et exact l'industrie minière et les carrières qu'elle offre. Les employeurs prennent déjà une foule de mesures en ce sens au moment de soutenir le placement professionnel des jeunes femmes, de leur faire visiter les mines et de les amener sur les lieux de travail. Nous avons exécuté un certain nombre de programmes, notamment en matière d'initiation à la vie professionnelle, afin d'aider les femmes à effectuer la transition vers le secteur.
Le second élément consisterait à offrir des conditions de travail plus souples. On a constaté que les conditions de travail représentaient un obstacle important dans la mesure où, au sein de l'industrie minière, les horaires de travail sont très rigides et peu attirants pour des personnes qui, dans certains cas, voulaient aussi fonder une famille.
Si l'on souhaite favoriser la progression professionnelle, on doit aussi mieux comprendre l'environnement de travail. Le RHiM mène actuellement une recherche sur les obstacles en milieu de travail, et il publiera une étude à ce sujet l'automne prochain.
Au cours des trois prochaines années, le RHiM mettra en oeuvre un nouveau projet visant à supprimer les obstacles systémiques à l'égalité hommes-femmes dans l'industrie minière, plus précisément les obstacles invisibles présents au sein des politiques et des procédures en vigueur dans l'industrie et qui entravent l'intégration des femmes. Au bout du compte, le projet accélérera l'instauration du changement institutionnel requis pour renforcer l'égalité entre les hommes et les femmes au sein du secteur minier canadien.
Enfin, bon nombre d'employeurs du secteur sont en train de réaliser des progrès remarquables au chapitre de la mixité, et nous les encourageons à communiquer leurs stratégies et leurs résultats. Cette transparence est déjà mise en pratique par les conseils d'administration des organismes de réglementation des valeurs mobilières du Canada, de l'Ontario et du Québec, lesquelles exigent dorénavant des sociétés cotées en bourse qu'elles divulguent leurs indicateurs et leurs pratiques en matière de mixité. La mise en oeuvre d'un semblable mécanisme de divulgation ou de reddition de comptes à tous les échelons d'une organisation — et non pas seulement à celui du conseil d'administration — encouragerait un plus grand nombre d'entreprises à adopter des politiques et des pratiques en matière de diversité dans l'ensemble de leur structure.
Je vais m'arrêter ici. Je pense que j'ai dépassé les 10 minutes qui m'étaient allouées.
Merci beaucoup.
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Chers membres du comité, je vous remercie de m'avoir invitée à me présenter ici aujourd'hui.
D'entrée de jeu, j'aimerais raconter une anecdote qui illustre l'importance que revêt pour les particuliers et notre pays le fait de défendre la cause des femmes dans les métiers. Il s'agit de l'histoire d'une femme qui a participé à notre programme. Elle s'appelle Kaitlin. Elle habite la région du Collège Okanagan, et elle vient d'une famille pour laquelle les bénéfices de prestations d'aide au revenu représentent un problème générationnel. Sa mère et sa grand-mère ont touché des prestations de ce genre pendant d'innombrables années. Afin d'être en mesure de suivre un programme de formation professionnelle de base du Collège Okanagan, elle devait renoncer à ce soutien, ce qui constituait pour elle un véritable défi, vu ses antécédents familiaux. Ainsi, Kaitlin a tellement été soutenue et encouragée qu'elle a décidé de présenter une demande de prêt étudiant et de s'inscrire au programme de soudage. Elle a mené à bien ce programme et, quelque 60 jours plus tard, elle a décroché un emploi en Alberta. Environ huit ou dix mois plus tard, elle est retournée sur le campus pour s'informer des incitatifs destinés aux apprentis et pour présenter son feuillet T4 au président du département de soudage: elle avait touché cette année-là un revenu de 120 000 $. Elle était véritablement emballée de produire sa toute première déclaration de revenus. Je crois que cela représentait une victoire pour toute sa famille.
Je vais maintenant vous présenter un bref historique. Le Collège Okanagan dispense le programme Femmes en formation dans les métiers dans quatre régions de l'Intérieur-Sud de la Colombie-Britannique. Nous avons eu la chance de recevoir de 2008 à 2014 du financement dans le cadre de l'entente sur le marché du travail, et nous recevons actuellement du financement découlant de l'entente sur le Fonds canadien pour l'emploi. Au cours de cette période, nous avons dispensé une formation à plus de 650 femmes qui ont participé à plus de 800 activités de formation.
Aujourd'hui, j'ai le plaisir de vous dire que ces investissements en cours et cet engagement à l'égard de la formation professionnelle des femmes donnent de bons résultats en Colombie-Britannique. Avant le lancement de l'initiative Femmes en formation dans les métiers, les femmes représentaient seulement 7 % des étudiants inscrits aux programmes de formation dans les métiers et aux programmes d'apprentissage du Collège Okanagan. Six ans plus tard, les femmes représentent plus de 13 % des étudiants, ce qui signifie que le taux de participation des femmes a doublé. Il y a encore beaucoup de travail à accomplir, mais nous sommes sur la bonne voie, d'autant plus que nous en sommes à un point où les données démographiques indiquent qu'il y aura bientôt un écart entre les emplois disponibles et le nombre de personnes qui pourraient les occuper.
Nous nous considérons comme un centre de service et de soutien puisque le financement que nous recevons vise à assumer les coûts des activités de formation à l'intention des femmes, mais aussi les coûts liés à une foule d'activités de soutien. Nous offrons deux types de programme de formation. Le premier est un programme exploratoire d'une durée de 12 semaines auquel peuvent s'inscrire toutes les femmes qui remplissent les critères d'admissibilité et qui sont intéressées à entreprendre une carrière dans les métiers. Il s'agit d'un programme d'initiation entièrement féminin qui vise à permettre aux femmes d'acquérir une expérience pratique dans cinq ou six métiers différents. Une formation sur les compétences essentielles et un cours de préparation à l'emploi sont intégrés à ce programme. Nous estimons qu'il s'agit là de quelques-uns des éléments qui permettront aux femmes de surmonter les obstacles qui entravent leur accès aux emplois dans les métiers — ils les aideront à accroître leur confiance et à prendre une décision éclairée quant au métier au sein duquel faire carrière.
Le deuxième type de formation tient aux programmes de formation professionnelle de base, par exemple le programme de soudage que j'ai mentionné plus tôt. Les femmes qui y participent sont prêtes à être intégrées aux programmes réguliers de formation professionnelle de base et à travailler aux côtés de leurs homologues masculins pour se préparer à occuper un emploi. Dans le cadre de ce type de programme, elles suivent une formation technique de niveau 1. La plupart des programmes d'apprentissage sont d'une durée de quatre ans, et cette formation en constitue la première année, en plus d'être un tremplin vers un emploi.
En règle générale, le collège forme entre 100 et 110 femmes chaque année. Environ 75 % des femmes qui terminent les programmes de formation professionnelle de base et obtiennent une homologation dans une discipline donnée trouvent un emploi dans les six mois suivant la fin de leur formation. À peu près 50 % des femmes qui participent aux programmes exploratoires visant à faciliter l'accès des femmes aux métiers du bâtiment passeront à l'étape suivante qui consiste à poursuivre leur formation afin d'accroître leur employabilité. Seulement 1 % des participantes du programme exploratoire entrent directement sur le marché du travail et deviennent des apprenties; la plupart des femmes ont besoin d'une plus ample formation afin d'occuper convenablement un emploi dans un métier spécialisé.
Notre façon de fonctionner est unique en son genre. La collaboration et la conception sont des éléments clés de notre programme, tout comme la collaboration étroite avec les collectivités où nous dispensons des programmes. Des employeurs ont eu la générosité de nous permettre d'accéder à des femmes mentors de l'industrie, lesquelles jouent un rôle crucial dans le cadre de notre programme. Bien souvent, il s'agit de femmes qui ont commencé à occuper un emploi dans les métiers il y a de cela 25 ou 30 ans, c'est-à-dire avant que le secteur ne devienne accueillant pour les femmes. Elles ont acquis des compétences très précieuses dont elles peuvent faire profiter les nouvelles venues dans le domaine des métiers. Ainsi, nous comptons énormément sur le soutien qu'offrent nos mentors de l'industrie à notre programme.
Il est essentiel de mobiliser les femmes rapidement pour accroître leur participation à long terme, alors nous travaillons parfois auprès des arrondissements scolaires et tentons aussi de mobiliser le personnel enseignant, de la maternelle au secondaire, et, en fait, plus précisément de la maternelle au premier cycle du secondaire, afin de les aider à comprendre le rôle et l'importance des métiers, parce que, sans leur aide pour joindre les jeunes femmes, nous n'arriverons pas à susciter l'intérêt de ces dernières. Nous savons qu'elles définissent leur plan de carrière en première et en deuxième année du secondaire, alors nous savons que nous devons leur parler avant. Et vous savez, la plupart des enseignantes au primaire sont des femmes. Nous devons donc travailler avec elles afin que les filles n'aient pas peur des outils.
Nous organisons un événement qui s'appelle Maker Days. C'est un rejeton du mouvement des Makers et une excellente façon de mobiliser les jeunes femmes. Nous organisons ce genre d'événement pour des groupes du primaire, habituellement pour de 80 à 100 enfants. Nous leur soumettons un problème mal défini et nous les laissons tenter de trouver une solution et construire un prototype. C'est une très bonne façon de présenter aux femmes les métiers et les activités liées aux STGM. Nous organisons aussi des Maker Days en tant qu'activités de perfectionnement professionnel à l'intention des enseignants pour les aider à comprendre le processus. On dissipe ainsi une bonne partie de leurs craintes afin qu'ils puissent réaliser ces types d'activités avec leurs élèves.
Au niveau collégial, nous réalisons aussi d'autres activités visant à mobiliser les jeunes. Nous organisons un concours de construction de ponts en spaghetti. Nous avons aussi notre programme RoboCup et des simulateurs de métiers que nous apportons dans les écoles. Nous laissons tout le monde s'initier au soudage à la perle. Nous réalisons aussi des programmes de sensibilisation.
Nous offrons aussi un soutien aux femmes qui participent à nos programmes. Il s'agit de mesures de soutien propres aux programmes et adaptées aux besoins de chaque femme. Différentes femmes sont confrontées à différents obstacles. Nous les parrainons pour qu'elles puissent payer les frais de scolarité, les livres, les outils et ce que nous appelons l'équipement de protection individuel, l'EPI, qui est propre à chaque métier. Parmi les autres mesures de soutien, mentionnons l'accès à des mentors au sein de l'industrie, ce que j'ai déjà mentionné, le tutorat par les pairs ainsi que le recyclage, les conseils et l'encadrement au travail. L'équipe de Women in Trades est là pour écouter les femmes qui ont eu une journée difficile ou qui ont besoin de soutien moral et d'encouragements. De plus, il y a un centre d'aiguillage pour obtenir d'autres types de soutien. Les participantes ont accès à de l'équipement de conditionnement physique ou peuvent assister à des cours de groupe pour accroître leur force et leur souplesse afin d'éviter des blessures au travail.
Je vais vous donner l'exemple d'une autre personne, Alyssa, afin que vous compreniez bien de quelle façon ces mesures de soutien sont utilisées.
Alyssa a entendu parler de notre programme par l'intermédiaire d'une coéquipière durant une partie de soccer. Elle était intéressée, et elle s'est inscrite au programme Gateway. Elle est l'une des rares participantes à s'être trouvé un emploi tout de suite après avoir terminé le programme Gateway, et elle est donc devenue apprentie dans une petite entreprise familiale de construction. Elle faisait partie de l'équipe responsable des charpentes. Après un an au travail, elle est retournée au collège suivre une formation technique de niveau 1, mais elle a eu beaucoup de difficulté en mathématique. Elle a obtenu les services d'une tutrice affectée par notre équipe, et, en travaillant avec elle pendant trois semaines, elle a pu réussir le cours, passer son niveau 1 et conserver son emploi. Après environ une autre année, elle s'est blessée au travail et elle a dû s'absenter pendant deux ou trois mois. À ce moment-là, elle a envisagé de quitter le domaine de la charpenterie en raison de la gravité de sa blessure. Nous lui avons affecté une mentore de l'industrie qui a travaillé avec elle pendant plusieurs semaines. Alyssa est retournée au travail et, à ce jour, elle est encore charpentière. Faisons un saut dans le temps et revenons au présent. Elle est en voie d'obtenir sa certification Sceau rouge d'ici la fin de l'année, et nous l'avons réembauchée en tant que mentore de l'industrie pour soutenir les femmes qui commencent leur formation cette année.
Nous avons eu certains problèmes. Nous avons des problèmes de capacité. Notre collège est trop petit. Nous n'avons pas suffisamment d'espace pour former assez de femmes, alors nous avons entrepris un projet d'expansion et de rénovation de notre école des métiers de 33 millions de dollars. Cela nous permettra d'accroître l'accès pour plein de personnes. Nous allons construire un nouveau centre des métiers, et on pourra ainsi bénéficier d'une capacité accrue pour les femmes et, bien sûr, pour y arriver, nous avons besoin de plus de fonds. Notre problème, c'est que nous pouvons seulement présenter des demandes et obtenir un certain montant à l'appui des femmes, et cela limite ce que nous pouvons faire.
Le maintien en poste est un nouveau problème pour les femmes qui font carrière dans les métiers. Nous savons qu'il y a un problème lié au fait que les femmes ont de la difficulté à continuer à travailler dans le domaine après la première année. En fait, elles sont assez nombreuses à délaisser le domaine après la première année. Nous savons aussi que le processus d'apprentissage de quatre ans n'est pas facile pour bon nombre de femmes. Il leur faut parfois jusqu'à sept ans pour terminer le processus d'apprentissage traditionnel de quatre ans, et ce, principalement parce qu'elles doivent arrêter pour leurs enfants et ce genre de choses. Le quotidien leur met des bâtons dans les roues.
Sans mentorat, les femmes ont de la difficulté au travail, et certains milieux de travail ne sont pas très attirants, ce qui les rend mal à l'aise. Par conséquent, nous constatons que les femmes qui ne bénéficient pas d'un soutien adéquat au travail partent et choisissent une autre carrière. Nous avons produit un guide des pratiques exemplaires pour l'emploi des femmes dans les métiers. On peut le consulter gratuitement en cliquant sur le lien que j'ai inclus dans ma présentation.
J'aimerais terminer et dire qu'il faut absolument continuer à investir dans la formation professionnelle des femmes et d'autres groupes d'apprenants non traditionnels. En outre, il faut examiner les défis auxquels ils sont confrontés en cours d'emploi après leur formation et travailler en collaboration avec les employeurs pour les appuyer. J'ai remarqué un changement pour le mieux dans la culture et le milieu de la formation des métiers spécialisés, qui sont maintenant plus accueillants envers les participants non traditionnels. En outre, à mesure qu'augmente le nombre de femmes inscrites à la formation aux métiers spécialisés, et, en conséquence, celui des travailleuses qui font carrière dans ces métiers, on constate l'émergence d'une nouvelle culture.
Kaitlin et Alyssa ne sont que deux des 650 histoires de réussite que nous pouvons vous raconter au sujet des programmes Women in Trades du Collège Okanagan. Grâce à des investissements continus des gouvernements fédéral et provincial, il pourrait y en avoir des milliers, voire des centaines de milliers.
Merci beaucoup.
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Il n'y a pas beaucoup de paroles.
[Présentation vidéo]
L'enregistrement date d'il y a deux ou trois semaines. Il a été enregistré à Iqaluit, au Nunavut. Dans l'extrait, vous avez vu des filles inuites et du Nord qui font partie d'un groupe de chant guttural acquérir des compétences de codage qu'elles ont ensuite utilisées pour enregistrer les sons de leurs chants gutturaux grâce à un logiciel pour enfin coder ces sons en fichiers sonores qu'elles peuvent transmettre à leurs amis, aux membres de leur famille et à d'autres personnes. Elles ont acquis des compétences en STGM, elles les ont appliquées à leur culture traditionnelle et elles ont appris des choses sur les occasions qui s'offraient à elles à l'avenir dans les domaines des STGM.
Actua est une organisation nationale qui offre depuis 20 ans des programmes visant à éliminer les obstacles à la participation des jeunes dans les STGM. Actua représente un réseau national d'universités et de collèges membres qui mobilisent chaque année 225 000 jeunes âgés de 6 à 26 ans dans 500 collectivités partout au pays.
Nous travaillons en collaboration avec des partenaires du secteur des affaires comme GE, Suncor, GlaxoSmithKline et Google pour présenter à ces jeunes du contenu et des carrières à la fine pointe des STGM.
Dans le cadre de notre mandat national général, au cours des 20 dernières années, nous avons mené une initiative pour assurer une représentation égale des femmes et des filles dans les métiers spécialisés des domaines des STGM.
Les données probantes sur la sous-représentation des femmes dans les métiers spécialisés des domaines des STGM sont incontestables. Il est aussi bien connu que l'engagement précoce des filles dans ces domaines est crucial. De façon générale, ce sur quoi il faut mettre davantage l'accent et faire porter davantage notre attention relativement à cette question — et c'est là-dessus que porteront mes commentaires aujourd'hui —, c'est l'importante et croissante sous-représentation des femmes dans le milieu des sciences informatiques et l'absolue nécessité de susciter l'intérêt des filles afin de renforcer leurs compétences dans ces domaines dès maintenant. J'aimerais faire valoir qu'il s'agit d'une condition préalable à leur participation aux métiers spécialisés et au domaine des STGM.
Il ne faut pas encourager les filles à s'intéresser aux sciences informatiques seulement pour accroître le nombre d'informaticiennes. Vous savez, nous vivons dans un monde numérique où tous les aspects de notre vie sont contrôlés par les sciences informatiques. Les ordinateurs provoquent des révolutions dans tous les domaines, des métiers de la construction aux soins de santé en passant par la durabilité environnementale, les politiques et l'art. Si les filles n'apprennent pas à coder — c'est-à-dire si elles n'apprennent pas le langage informatique —, elles seront laissées derrière, point à la ligne. Le Canada risque de perdre le point de vue crucial des femmes au sein de l'économie numérique.
Au cours des 20 dernières années, Actua a mis au point des modèles efficaces pour mobiliser les filles relativement aux STGM. Nous misons sur le renforcement de la confiance en soi et de l'auto-efficacité. Nous exposons les filles à des modèles féminins inspirants et leur permettons de s'imaginer elles-mêmes dans ces domaines à l'avenir.
Chaque année, Actua mobilise 100 000 filles dans le cadre de ces expériences, qui n'approvisionnent pas seulement les métiers spécialisés dans le domaine des STGM, mais aident aussi ces filles à acquérir des compétences personnelles et professionnelles cruciales, comme la collaboration, la résolution de problèmes, la réflexion critique et les compétences financières et techniques.
Nous appliquons notre modèle de façon à joindre toutes les filles, mais nous mettons un accent particulier sur la mobilisation des filles autochtones grâce à notre programme national d'extension autochtone, qui, chaque année, permet de mobiliser 30 000 filles autochtones partout au pays.
Comme vous l'avez vu dans la vidéo, nous interagissons avec des collectivités pour créer de solides liens culturels de façon à inspirer les filles autochtones et à les pousser à prendre la place qui leur revient dans le monde numérique. En octobre 2014, Actua et Google ont lancé un projet sur trois ans qui s'intitule Codemakers pour transformer la relation des jeunes avec les sciences informatiques.
Durant la première phase de l'établissement d'une stratégie nationale, nous avons cerné trois défis principaux. Le premier, c'est la quasi-absence de contenu officiel sur les sciences informatiques dans les écoles canadiennes. Le deuxième, c'est le mythe récurrent chez les parents et les enseignants selon lequel, puisque les jeunes consomment beaucoup de technologies, ils savent comment ces technologies fonctionnent. Le troisième, c'est le fait que les gens ne comprennent pas pourquoi ces domaines sont extrêmement importants, et pas seulement en tant que pépinière à futurs informaticiens. En outre, comme je l'ai déjà dit, c'est particulièrement crucial dans le cas des filles.
Le nouveau partenariat d'Actua avec Google contribue à l'établissement d'une stratégie nationale pour surmonter ces défis. Nous intégrons dans notre programme national à l'intention des filles et notre programme national d'extension autochtone des expériences qui transforment la façon dont elles voient les sciences informatiques. Au départ, nous décrivons de quelle façon les sciences informatiques ont un impact dans leur vie. Nous travaillons avec les filles pour leur permettre d'acquérir des compétences en matière de technologie afin qu'elles puissent les appliquer concrètement et qu'elles puissent concevoir et construire leur propre technologie. Nous aborderons aussi les sujets critiques comme la sécurité en ligne, la citoyenneté numérique et la cyberintimidation, mais d'une façon différente, plus habilitante.
Plutôt que de dire aux filles de quelle façon elles doivent se comporter en ligne, nous leur expliquons les notions informatiques derrière ces messages. Tandis que nous travaillons directement avec ces filles, nous élaborons aussi des outils et des ressources pour former les gens qui ont une influence sur elles, et plus particulièrement les parents, les enseignants et les chefs communautaires. Compte tenu de nos 20 années d'expérience et de recherche, nous savons que ce sont les personnes qui ont le plus d'influence continue quant à savoir si les filles étudieront et resteront dans les domaines des STGM. Cette influence est particulièrement cruciale dans le cas des métiers spécialisés.
Je veux aussi souligner l'importance du partenariat avec Google, non seulement parce qu'il s'agit d'une des entreprises de technologie les plus importantes et les plus connues du monde, mais aussi parce qu'il s'agit d'un excellent exemple du genre d'approche multisectorielle qui crée de vrais changements systémiques dans le domaine. La réussite du modèle d'Actua, au-delà des expériences fascinantes que nous offrons aux filles, est liée au fait que nous tirons beaucoup profit de nos partenariats avec les universités et les collèges, les gouvernements et l'industrie.
J'adore l'extrait vidéo que je vous ai montré en début de présentation, parce qu'il montre bien toutes les choses dont je parle aujourd'hui. Si on expose suffisamment les filles, elles comprendront l'importance des sciences informatiques de façons qui, sinon, n'auraient pas été possibles. Si on leur présente des modèles positifs, elles commenceront elles-mêmes à s'imaginer dans ces domaines à l'avenir, et, avec le bon soutien, elles acquerront les compétences essentielles dans ces domaines et elles transmettront ce qu'elles ont appris à leur famille.
À la lumière de notre expérience de travail auprès de centaines de milliers de filles partout au pays et de la nouvelle initiative que nous réalisons concernant les sciences informatiques, j'aimerais formuler trois recommandations à votre intention.
Premièrement, nous devons reconnaître et promouvoir le fait que les sciences informatiques et les compétences numériques sont un genre de littératie de base. Ce sont des conditions préalables à une participation couronnée de succès des filles dans les métiers spécialisés et les domaines des STGM. Elles sont aussi essentielles à la résilience et à l'indépendance économique future des filles bien au-delà des simples champs des sciences informatiques.
Deuxièmement, le Canada doit être prêt à faire un grand saut ici. Il faut établir des objectifs majeurs et ambitieux, alors je vous encourage à fournir une aide financière à l'intention de modèles multisectoriels fondés sur des données probantes pouvant être développés à grande échelle et de permettre aux filles de créer elles-mêmes du contenu qui les inspirera à devenir les innovatrices et les productrices de technologie de demain.
Troisièmement, il faut outiller les gens qui ont une influence sur elles. Il faut investir dans des programmes et du contenu à l'appui des enseignants, des parents et des autres personnes qui ont une influence pour s'assurer que leurs filles deviennent des leaders dans l'économie numérique de demain.
Merci beaucoup.
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Il est clair que certains de ces obstacles sont assez évidents. Je peux vous donner quelques exemples.
Si on jette un coup d'oeil sur les installations souterraines qui existent dans certaines des mines, où il y a des toilettes à divers endroits... auparavant, il n'y avait pas de toilettes pour femmes, mais aujourd'hui, il y en a. Je ne dis pas que c'est le cas partout, mais, aujourd'hui, il y a des toilettes pour hommes et pour femmes dans les installations souterraines à certains endroits.
Cela tient même au fait d'avoir le bon EPI, le bon équipement de protection personnelle. Cette année, à l'émission Dragons' Den de CBC, quelqu'un a conclu un contrat concernant des salopettes qui sont maintenant adaptées pour les femmes. C'est dans notre industrie que cela se passe, et Women in Mining Canada, en particulier, a entièrement appuyé les initiatives de ce genre.
C'étaient des obstacles qui existaient. Comment pouvons-nous nous attendre à garder nos employés dans le secteur si nous ne leur fournissons pas le bon équipement pour bien faire leur travail? Il faut déployer tant d'efforts pour attirer quelqu'un dans l'industrie, mais, une fois que nous avons réussi, si nous ne lui donnons pas l'équipement adéquat, il va partir.
Voilà des exemples très évidents de pratiques ou de politiques en place que nous essayons de changer. Il y en a de moins évidents, et je vais vous donner un exemple touchant la façon dont l'horaire de travail est établi. Beaucoup de mines offrent actuellement du travail par quarts et exigent de leurs employés qu'ils fassent des quarts de 12 heures, ce qui fait qu'ils ne travaillent que quatre jours par semaine. Cela peut fonctionner pour certaines personnes, mais nous avons constaté que ce n'est certainement pas le cas de la majorité des femmes ou des jeunes hommes qui ont une famille.
Le projet consiste donc en partie à essayer de permettre l'adoption de diverses politiques et procédures ou de cerner les politiques et les procédures qui peuvent être en place. Il se peut qu'une société minière ne se rende pas compte qu'elle a des politiques discriminatoires envers les femmes, mais le résultat de la politique est que moins de gens ont envie de travailler pour cette société minière. Une chose que nous essayons de faire, c'est de cerner ces obstacles et d'aider les entreprises à les surmonter de façon systématique.