:
Bonjour à toutes et à tous. Mon BlackBerry indique qu'il est 8 h 45. Nous allons donc commencer la réunion. Nous avons un horaire bien rempli aujourd'hui et j'en suis bien heureuse.
[Traduction]
Bienvenue.
[Français]
C'est la 35e réunion du Comité permanent de la condition féminine.
C’est notre dernière rencontre sur le leadership économique et la prospérité des Canadiennes. Sans plus tarder, je vais vous présenter les témoins qui comparaîtront devant nous aujourd'hui. Je vais procéder selon l'ordre qui figure sur l'avis de convocation.
Nous recevons Mme Danièle Chouinard, qui est directrice générale de l'organisme Com'Femme; Mme Harriett McLachlan, qui est présidente du conseil d'administration de Canada sans pauvreté, et Mme Hodan Nalayeh, qui comparaît à titre personnel en tant que productrice exécutive à Integration TV. Je vous souhaite la bienvenue.
Par vidéoconférence, nous allons rejoindre Mme Jill Earthy, qui est directrice de Futurpreneur Canada pour la Colombie-Britannique et le Yukon, ainsi que Mme Fariba Pacheleh, qui est présidente de la Society for Canadian Women in Science and Technology. Je vous souhaite également la bienvenue.
Chacune d'entre vous va disposer de dix minutes pour livrer sa présentation. Ce sera suivi d'une période de questions.
Nous allons commencer par Mme Chouinard, de l'organisme Com'Femme.
:
Bonjour. Cela me fait plaisir d'être ici parmi vous ce matin.
J'aimerais d'abord décrire ce qu'est Com'Femme. Il s'agit d'un organisme à but non lucratif constitué d'un groupe de femmes. Il est basé au Québec, dans la région de la Montérégie, et ses bureaux principaux sont situés à Brossard. Il s'agit d'un organisme généraliste qui accueille les femmes de 18 ans et plus, peu importe leur situation de vie. Les questions abordées peuvent aussi bien être la participation citoyenne que l'agression sexuelle, la criminalisation ou l'allaitement. En fait, peu importe puisque toutes les sphères de la vie de la femme sont prises en compte. Évidemment, nous essayons de faire en sorte qu'il y ait des projets pour tous les beaux moments vécus à Com'Femme, en tant que centre de jour.
La Montérégie couvre un grand territoire. Nous avons plusieurs partenaires issus des contextes féminin et communautaire. On fait donc souvent appel à nous pour des questions de gouvernance, de parité et d'égalité. En me préparant pour la séance de ce matin, j'ai tenté de déterminer ce qu'il me semblait pertinent de vous dire et en quoi consistait les grands enjeux sur notre territoire. En Montérégie, il y a un enjeu urbain et un enjeu rural. Pour Com'Femme, le fait de traiter avec des femmes qui vivent dans ces deux milieux représente déjà un grand défi. Comment peut-on parler d'équité, d'égalité et de prospérité alors que les enjeux touchant le territoire sont d'une telle importance?
Je fais aussi partie du Réseau québécois d'action pour la santé des femmes. Par l'entremise d'un projet de loi, le Québec est présentement en train de réformer les service de santé et les services sociaux, ce qui soulève des questions assez particulières quant à la santé des femmes. Comme on le sait, les femmes sont à la fois la fille, la mère, la grand-mère ou l'épouse de quelqu'un. Elles sont des aidantes naturelles, se retrouvent aussi sur le marché du travail et font partie de la gouvernance. Elles sont vraiment partout.
Il faut voir ce que représente pour une femme le réseau de la santé. Si on tient compte de son implication, que ce soit pour elle-même ou pour les autres, on comprend qu'il est assez complexe de parler de prospérité. Il est vraiment important d'étudier les enjeux liés à l'équité. J'ai pensé à tout ce qui se passait sur le territoire, notamment aux dernières recherches. Deux jeunes chercheurs ont réalisé une étude intitulée « Pauvreté et précarité: Une approche inspirée de l'intersectionnalité ». Il s'agit ici de reconnaître tout le monde, de façon transversale, qu'il s'agisse d'hommes ou de femmes, à toutes les phases et dans toutes les situations de leur vie, et ce, avec tous les déterminants sociaux que l'on peut imaginer.
Dans cette étude, on dit que les femmes sont de plus en plus pauvres. Qui sont les plus pauvres parmi les pauvres? Ce sont les femmes âgées qui, dans bien des cas, ont immigré au Canada. Ce sont les plus démunies, les plus défavorisées et les plus isolées. Sur notre territoire, il y a un enjeu assez important en matière d'immigration. Au cas où vous voudriez la consulter, je précise que cette étude est disponible. On y parle notamment des femmes qui arrivent au Canada, qui sont surdiplômées par rapport à nous et qui, malgré cela, se retrouvent dans un état d'isolement. Elles font face à un manque de moyens pour ce qui est de l'insertion.
Pour notre part, nous leur ouvrons tout grand nos portes et tentons de travailler avec elles afin qu'elles se fassent une place dans notre société et y connaissent la prospérité. Nous travaillons toujours dans des contextes mixtes, ce qui inclut évidemment des Canadiennes. Cette situation implique une possibilité de jumelage et de parrainage. Avec le peu de moyens dont nous disposons, nous tentons de développer le sentiment de gouvernance et d'appartenance.
Cinquante et un pour cent de la population est composé de femmes.
Je me pose encore la question et nous nous la posons toutes: pourquoi sommes-nous si peu représentées dans les structures économiques et de gouvernance? Certainement pas parce que nous ne le voulons pas. Je suis ici ce matin et beaucoup d'autres femmes autour de la table sont ici pour dire que nous avons notre place. Pourquoi ne pouvons-nous pas la prendre?
Je vous laisse sur cette question. J'ai hâte d'entendre les autres témoins.
Je vous remercie.
Merci, madame la présidente.
[Traduction]
Je vous remercie de me donner l'occasion de m'adresser à vous aujourd'hui. Mon nom est Harriett McLachlan. Je suis la présidente du conseil d'administration de Canada sans pauvreté, un organisme de bienfaisance non partisan ayant été fondé en 1971 et réunissant des représentants de partout au pays qui ont connu la pauvreté.
Je suis ici aujourd'hui pour vous parler de mes expériences professionnelles et personnelles en matière de leadership au féminin et de prospérité économique.
Je possède une maîtrise en service social de l'Université Carleton. J'ai travaillé pendant plus de 20 ans dans le secteur du développement des collectivités sans but lucratif. J'ai été directrice d'un organisme local, et j'ai occupé d'autres postes de direction dans le secteur communautaire.
J'ai participé à bien des projets passionnants. J'ai notamment joué un rôle déterminant dans la transformation de Benny Farm, un projet ayant permis la transformation de vieux logements abandonnés et délabrés — qui avaient été construits à l'origine pour d'anciens combattants de la Seconde Guerre mondiale — en une combinaison de logements sociaux et privés rénovés et nouvellement construits, ce qui forme maintenant une communauté dynamique.
Quand on parle du leadership des femmes et de la prospérité économique, je pense aux écarts sur le plan des salaires, des régimes de santé et des conditions de travail, surtout dans le secteur sans but lucratif. Lorsque j'étais directrice, je me souviens très bien avoir vérifié les écarts de salaire entre un travailleur social du secteur sans but lucratif et nos homologues des hôpitaux et des CLSC, qui sont les organismes de santé et de services sociaux du Québec relevant du ministère de la Santé. La différence annuelle était de 20 000 $ par rapport aux travailleurs des CLSC, et de 30 000 $ dans le cas des hôpitaux. Je parle bien des détenteurs d'un simple baccalauréat en travail social, et non pas de ceux comme moi qui occupaient un poste de direction.
Il m'est souvent arrivé de travailler 70 ou 80 heures par semaine — je suis certaine que vous pouvez en témoigner — pour accomplir les tâches de base, puisqu'il n'y avait pas suffisamment d'argent pour embaucher plus de ressources. C'était tout un contraste par rapport à mes confrères des hôpitaux et des CLSC, qui travaillaient 40 heures par semaine, sans compter l'assurance-emploi et les régimes de soins médicaux, de soins dentaires et de retraite, auxquels je n'avais pas droit. Ces différences laissent entendre que mon travail de directrice du secteur sans but lucratif était moins valorisé.
Comme bon nombre d'entre nous le savent déjà, j'ajouterais que la majeure partie des emplois du secteur sans but lucratif sont occupés par des femmes. Compte tenu de cette réalité, nous sommes en train de créer tout un groupe de femmes pauvres qui n'auront droit à aucune prestation de retraite en raison de leur environnement de travail. C'est la réalité du secteur.
J'ai travaillé avec d'autres femmes qui gagnaient moins que moi, qui n'avaient pas suffisamment d'argent pour manger, et qui vivaient dans leur voiture pendant cinq mois. Je prenais l'initiative de leur donner accès aux services mêmes que j'offrais à la collectivité. Ces cas n'ont rien d'exceptionnel. Ce qui l'est, c'est que nous vivions dans un pays riche, et qu'il arrive pourtant couramment que des femmes du secteur n'arrivent pas à joindre les deux bouts.
Je suis depuis 15 ans une conférencière régulière pour le programme technique de service social du Collège Dawson, à Montréal. Dans une partie de ma présentation aux étudiants, je décris l'organigramme du ministère et du réseau de services sociaux. Ce que je trouve intéressant et déplorable, c'est que les CLSC et les organismes communautaires sont présentés comme étant sur un pied d'égalité, alors que ce n'est pas le cas des salaires et des conditions de travail.
Je dois aussi dire que le fédéral finance bien peu les initiatives, les projets et le développement communautaires. Le gouvernement fédéral doit jouer un plus grand rôle au sein des collectivités.
Je me souviens qu'Industrie Canada ait pris l'initiative de mettre du matériel informatique à la disposition du public afin que des gens de partout au Canada aient accès à Internet, surtout ceux qui n'avaient pas les moyens d'acheter un ordinateur eux-mêmes. Ce n'est qu'un petit exemple.
Voilà donc ce que je voulais dire à propos de mon expérience professionnelle. Parlons maintenant de mon expérience personnelle.
Je veux que vous sachiez que j'ai vécu dans la pauvreté pendant 34 ans, même si j'étais directrice et que je détenais une maîtrise. Il y a eu bien des périodes difficiles pendant ces années où je ne mangeais pas. Je n'avais pas les moyens d'acheter de la nourriture, ou encore, je laissais mes enfants manger à ma place. Je devais faire un choix difficile entre la nourriture, le loyer ou le paiement de ma facture d'électricité ou de chauffage.
Pendant plus de 10 ans, j'ai vécu dans des conditions de vie déplorables, avec des rats d'égout dans mon espace, et même dans le lit de mes enfants.
Je n'ai jamais eu de chambre à coucher; je dormais plutôt sur le canapé, dans le salon. Je ne pouvais pas me permettre de payer un logement plus grand.
Je veux que vous sachiez que la pauvreté m'a coûté cher et a sérieusement ébranlé ma santé physique et mentale. L'effet de la pauvreté, des salaires misérables et des mauvaises conditions de travail a abrégé ma carrière. À l'âge de 50 ans, je n'arrivais plus à soutenir les exigences de la pauvreté en travaillant comme professionnelle sous-payée. J'avais pourtant imaginé travailler dans mon domaine jusqu'à la retraite, encore 15 bonnes années ou plus, mais sans régime de retraite. C'est une perte de capital humain. Je suis l'exemple même du leadership sans prospérité économique.
J'ai toujours trouvé étonnant de travailler comme professionnelle pour aider les autres à trouver un meilleur logement et à s'assurer une sécurité alimentaire, et de lancer d'autres projets et programmes dans le but de répondre à leurs besoins de base, alors que j'étais moi-même si désespérément dans le besoin. Qu'est-ce qui aurait pu changer la donne pour moi, et pour bien d'autres dans la même situation? Tout d'abord, peut-être que de meilleures normes du travail seraient utiles. Ç'aurait également pu être de meilleurs logements, qui soient abordables et accessibles. Avec ces deux éléments, et même un seul, j'aurais pu poursuivre ma carrière plutôt que de porter ma perte comme je le fais maintenant.
Ce qui fait cruellement défaut au Canada, c'est un plan national de lutte contre la pauvreté, qui comprendrait une stratégie nationale en matière d'habitation et des mesures relatives à la sécurité alimentaire. Il nous faut une stratégie qui impose des normes nationales et permette la collaboration entre les différentes instances gouvernementales et les secteurs de la société civile. Par exemple, une stratégie en matière d'habitation doit être complète et accompagnée d'objectifs quantifiables et d'échéanciers. Elle ne doit pas regrouper des mesures disparates et des projets ici et là, avec des responsables qui se croiseraient les bras en se vantant de leurs accomplissements. La stratégie doit aller beaucoup plus loin. Elle doit favoriser la collaboration et être exhaustive pour éviter que des gens comme moi et bien d'autres ne doivent vivre avec des rats.
Benny Farm est un excellent exemple à ce chapitre. On y retrouve un projet domiciliaire pour les personnes âgées qui leur permet de rester chez eux le plus longtemps possible. Il y a aussi un projet pour les jeunes mères seules qui sont laissées à elles-mêmes pour la première fois. On y retrouve des logements subventionnés pour les mères seules qui veulent obtenir un diplôme postsecondaire. Il s'agit du Projet Chance, qui réussit dans 99 % des cas à aider les femmes à se sortir de la pauvreté et à entreprendre une carrière professionnelle pouvant assurer une prospérité économique à leur famille et à elles.
L'autre chose qui me plaît à propos de Benny Farm, c'est qu'on a créé une communauté mixte regroupant différents projets d'habitation. On y trouve des coopératives, des locations pour acheter et des condos traditionnels à acheter. Cet ensemble a donné lieu à une communauté mixte et dynamique. Il a fallu un effort de collaboration, et c'est pourquoi j'insiste sur ce point. Une stratégie nationale en matière d'habitation nécessite la collaboration de toutes les instances gouvernementales et de tous les secteurs de la société. Pour que Benny Farm soit possible, il a fallu une collaboration entre la Société canadienne d'hypothèques et de logement, la ville de Montréal, la Société d'habitation du Québec et des organismes communautaires. C'est une réussite, et c'est très faisable.
La Société immobilière du Canada, ou SIC, a organisé une table ronde afin de discuter de la façon d'y arriver — c'est simple — en réunissant ces intervenants et d'autres aussi dans le but de fixer ensemble des objectifs quantifiables et des échéanciers. Voilà un exemple. Il peut y en avoir bien d'autres s'il y a une collaboration au pays.
Comme vous le savez bien, le Canada est le seul pays du G8 n'ayant aucune stratégie nationale en matière d'habitation. Or, nous avons désespérément besoin d'une stratégie semblable pour les gens comme moi et pour les 4,4 millions d'autres Canadiens qui vivent dans la pauvreté. Le gouvernement fédéral a la responsabilité de créer des cadres réglementaires et des lois, et doit impérativement le faire puisque notre pays, nous nous en souvenons bien, a ratifié en 1976 le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels.
Ce qui me surprend aussi, c'est que nous vivons dans un pays riche, mais que ma situation personnelle et professionnelle soit plutôt digne d'un pays beaucoup plus pauvre et dysfonctionnel. Selon nos priorités, il semble que nous dépensons 5 à 6 % de notre PIB à lutter contre la pauvreté au pays. Un pays riche ferait en sorte que ses femmes aient ce qu'il faut pour réussir leur carrière, et qu'elles n'aient pas à se démener dans des conditions d'habitation déplorables et d'autres situations désespérées. Lorsque nous nous penchons sur le leadership des femmes et la prospérité économique, il est évident que nous devons nous fixer des priorités plus judicieuses.
Merci.
:
Bonjour. Je vous remercie de l'invitation.
Mon nom est Hodan Nalayeh, et je suis une femme entrepreneure, journaliste, productrice indépendante d'émissions de télévision et animatrice à la télévision. En fait, je suis la première femme somalienne au monde à posséder une entreprise médiatique.
J'ai créé et réalisé Integration TV, la toute première émission de télévision sur la communauté somalienne au Canada. Integration TV raconte des histoires positives sur notre belle communauté pour que les Canadiens puissent la découvrir.
Nous sommes arrivés au Canada il y a 30 ans après avoir quitté une Somalie déchirée par la guerre. Nous offrons la première émission de télévision de langue anglaise au monde qui s'adresse aux Somaliens. Les Nations Unies m'ont récemment invitée au Pays de Galles en compagnie de 25 autres journalistes somaliens de partout dans le monde afin de discuter de la façon de raconter les histoires du peuple somalien.
Ce que je veux vous dire ce matin, c'est que les femmes ont besoin de soutien, surtout celles qui viennent de milieux minoritaires. Même si nous savons, grâce aux données, que les femmes gagnent en moyenne 81 ¢ pour chaque dollar gagné par un homme, les femmes des milieux minoritaires font encore moins d'argent. Selon le Centre canadien de politiques alternatives, les travailleurs appartenant aux minorités visibles qui détiennent un diplôme universitaire gagnent 20 % de moins que leurs homologues non membres de ces communautés. Dans le secteur public, l'écart salarial est de 12 %. Cette information vient d'être publiée le mois dernier à la suite d'une étude.
Même si je suis née en Somalie, mon père, qui était diplomate, a emmené notre famille au Canada alors que j'avais six ans. On nous a appris dès le plus jeune âge que nous pouvions faire n'importe quoi, mais j'ai rencontré des obstacles, tout comme les membres de ma famille, mes amis et ma communauté — des barrières à l'intégration, un manque de compréhension à l'égard de notre culture et de notre religion, un manque d'acceptation, et une absence de soutien pour l'inscription à l'université et au collège.
Vous devez comprendre que l'arrivée de notre communauté au Canada est encore récente. Bon nombre de nos parents sont d'anciens diplomates. Ils sont des médecins et des chercheurs, mais ont dû accepter n'importe quel emploi pour faire vivre leur famille. Par conséquent, il ne reste souvent pas assez d'argent pour l'éducation. Il y a d'autres obstacles, comme le manque de soutien pour passer des études supérieures à un emploi valorisant, et pour accéder à des postes qui correspondent à notre formation.
À l'école, on ne m'a jamais appris qu'il était possible de devenir entrepreneur. On ne m'a jamais montré les compétences nécessaires pour y arriver. Il faudrait donc tendre la main aux étudiants tôt. Par conséquent, ma première recommandation serait d'intégrer l'entrepreneuriat et les compétences afférentes au programme d'enseignement. Pourquoi ne pas organiser des compétitions nationales?
Notre communauté possède un fort esprit d'entrepreneuriat. Après tout, nous avons survécu à deux décennies de guerre civile et fondé certaines des plus grandes sociétés d'Afrique. Mais ce qui a été difficile au Canada, c'est d'intégrer nos entreprises à l'ensemble de la société, à l'extérieur de notre milieu. Un des plus grands défis est le manque d'aide financière aux petites entreprises. Ma deuxième recommandation serait donc d'offrir plus de subventions adaptées aux besoins des communautés minoritaires.
Permettez-moi de vous expliquer une chose. Bien des Somaliens et membres de communautés musulmanes, de façon plus générale, hésitent à demander un prêt en raison des intérêts. Puisque le versement d'intérêts va à l'encontre de la foi islamique, pourrait-on trouver une autre façon novatrice de procéder? Ma troisième recommandation serait de tendre la main à la communauté dans le but d'aider les entreprises et d'informer les gens des exigences du Canada, du type de financement possible et de la façon de l'obtenir.
Les femmes des communautés somaliennes sont souvent propriétaires de salons de coiffure, de restaurants et de magasins de vêtements traditionnels. Bon nombre d'entre elles sont chefs de famille monoparentale. Comment pouvons-nous aider ces femmes fortes à prendre soin de leurs enfants, à gérer une entreprise et à réussir? Les femmes ont besoin d'une formation financière et d'information sur la façon de faire grandir leur entreprise. Ma quatrième recommandation serait donc d'inviter le gouvernement à écouter la communauté organisant des tables rondes pour apprendre directement quels sont ses besoins.
Je crois savoir que vous avez organisé des tables rondes d'un bout à l'autre du pays. Combien d'entre elles étaient axées sur les communautés minoritaires? Y a-t-il eu une table ronde pour la communauté somalienne?
Nous savons tous qu'il est possible de changer une communauté en aidant ses femmes à réussir.
Permettez-moi de vous raconter brièvement une partie de mon histoire. J'ai travaillé dans le secteur bancaire pendant sept ans. Après avoir eu affaire à bien des petits entrepreneurs, je savais que la seule façon d'améliorer le sort de ma famille était de créer ma propre entreprise. Je suis donc retournée sur les bancs d'école à l'âge de 37 ans pour apprendre un nouveau métier: les arts télévisuels. C'était vraiment effrayant. J'étais nouvellement mère de deux enfants de moins de quatre ans, et je retournais à l'école.
Les frais de scolarité étaient importants, et j'avais une hypothèque à payer. Je n'avais personne pour veiller sur mes enfants ni aucune subvention ou prêt, et je devais pourtant passer de longues heures à travailler. Après avoir obtenu mon diplôme, il m'était impossible de trouver un emploi dans le domaine télévisuel. J'ai donc créé mon propre travail plutôt que de chercher une personne pour m'embaucher.
Mais c'était loin d'être facile. Démarrer une entreprise coûte cher, et il n'y avait aucun financement possible. Mais puisque j'avais les compétences nécessaires en affaires, j'ai entrepris d'amasser les fonds dont j'avais besoin pour payer les frais de démarrage. J'ai donc financé 26 épisodes d'Integration TV, qui ont été diffusés sur City TV, à Toronto, et dans le reste du Canada aussi. Les épisodes se trouvent maintenant sur YouTube et comptent plus de 400 000 visionnements.
Mais j'ai encore des difficultés. J'ai fait mes recherches sur le financement, et il semble que je ne sois pas admissible parce que les réseaux veulent des programmes dont le contenu est assez général pour toucher tous les Canadiens. Et pour avoir droit aux fonds pour le multiculturalisme, l'émission doit être réalisée dans la langue de la culture en question, soit le somali dans notre cas.
Nous sommes de fiers Canadiens. La deuxième génération de Somaliens ne parle que l'anglais ou comprend à peine la langue somalienne. Même si nous sommes plus de 200 000 au Canada, 80 % d'entre nous ont moins de 30 ans. En outre, mon objectif a toujours été de célébrer la diversité du Canada; l'émission devait être réalisée en anglais pour que les Canadiens apprennent à connaître leurs concitoyens d'origine somalienne.
Ma cinquième recommandation serait donc de revoir les subventions accordées aux médias. Il faut s'assurer qu'elles répondent bel et bien aux besoins de tous les Canadiens, y compris ceux qui appartiennent aux différentes communautés. J'ai utilisé la télévision pour sensibiliser le public et lui faire connaître la communauté somalienne au Canada. J'aimerais que les médias aient un meilleur accès, que la diversité des voix soit encouragée au Canada, et qu'on soutienne mieux les entreprises en démarrage et en croissance au sein des différentes communautés.
Le peuple somalien est fort et résilient; nous réussissons au Canada, et continuerons à réussir.
Ma dernière recommandation au comité, c'est que le gouvernement ouvre non seulement un dialogue sur l'entrepreneuriat avec la communauté canadienne d'origine somalienne, mais aussi un véritable dialogue visant à faire tomber les barrières. Les Canadiens d'origine somalienne ne souhaitent pas discuter seulement de criminalité et d'immigration. Nous sommes de fiers Canadiens et, tout comme vous, nous voulons que nos enfants réussissent à l'école, sur le marché du travail, en affaires et au sein de la société canadienne.
Merci.
:
Merci, madame la présidente.
Bonjour. Mon nom est Jill Earthy, et je suis la directrice régionale de Futurpreneur Canada
pour la Colombie-Britannique et le Yukon, le seul organisme national sans but lucratif qui aide les jeunes entrepreneurs canadiens à lancer des
entreprises prospères. Je suis également coprésidente et cofondatrice de
WEB Alliance, un regroupement de plus de 25 réseaux pour femmes d'affaires en
Colombie-Britannique, et l'ancienne directrice générale du Forum for Women Entrepreneurs.
Je siège aussi au conseil d'administration du Women's Enterprise Centre ici même, en Colombie-Britannique,
et à l'Université Simon Fraser. J'ai à coeur de soutenir l'entrepreneuriat et les femmes en affaires, compte tenu des retombées économiques qui
en découlent.
Je vous remercie de me donner l'occasion de comparaître devant vous.
Avant de parler de la collaboration qu'on observe en Colombie-Britannique visant à mieux soutenir les femmes en affaires, et plus particulièrement des résultats de l'événement récent organisé par le forum économique de la Colombie-Britannique qui portait sur le rôle des femmes en tant que catalyseurs de croissance, j'aimerais dire quelques mots sur Futurpreneur
Canada et sur le travail important que nous réalisons pour venir en aide aux jeunes entrepreneurs et aux femmes entrepreneures, puisque les deux sujets sont étroitement liés.
Pour ceux d'entre vous qui ne connaissent pas Futurpreneur Canada, nous aidons les entrepreneurs de 18 à
39 ans n'ayant ni sécurité d'emploi et ni expérience à lancer leur entreprise et à la faire croître. Nous y parvenons à l'aide de prêts d'un maximum de 45 000 $ qui sont accordés par
Futurpreneur Canada et la Banque de développement du Canada, ou BDC. Nous attribuons ces prêts en fonction de la cause, et non pas d'une garantie, et en fonction de la rigueur de
l'analyse de rentabilisation du jeune. Nous jumelons également les jeunes avec des mentors bénévoles, qui sont plus de 2 800 partout au Canada.
En outre, nous offrons un programme de mentorat indépendant du nom de
MoMENTum pour aider les jeunes qui n'auraient pas besoin de financement. Et bien sûr, nous leur offrons des ressources en affaires, des services de consultation et des réseaux pour les aider à s'y retrouver au cours des premières années suivant le lancement. Nous aidons également les nouveaux immigrants et les anciens militaires. Toutes ces mesures donnent aux jeunes entrepreneurs la confiance,
les compétences, les fonds et les contacts dont ils ont besoin pour réussir en affaires.
Depuis notre création en 1996, nous avons investi dans 6 740 entrepreneurs canadiens; l'année dernière seulement, nous avons contribué au lancement de 800 nouvelles entreprises, soit près de 40 % de plus que l'année précédente. Ces entreprises ont créé 26 000 emplois et entraîné des recettes fiscales de 191 millions de dollars.
En plus, nous avons constaté une augmentation importante du nombre des femmes
entrepreneures ayant profité des services de Futurpreneur Canada au cours des cinq dernières années.
Ces données correspondent aux résultats des recherches que Global Entrepreneurship Monitor a menées récemment, qui démontrent que le ratio entre les femmes et les hommes entrepreneurs au Canada s'est amélioré depuis 2002, passant de deux hommes pour une femme à trois hommes pour deux femmes. L'année dernière, nous avons aidé 353 jeunes femmes, ce qui représente plus de 40 % de notre clientèle. En Colombie-Britannique, 44 % des clients que nous avons servis étaient des femmes. Nous les avons aidées à démarrer des
entreprises dans toutes sortes de secteurs, y compris des domaines non traditionnels tels que les métiers spécialisés. Nous avons pu poursuivre cette lancée et offrir à un nombre grandissant de
jeunes aspirant à devenir entrepreneurs les investissements et les programmes
dont ils ont besoin pour lancer leur entreprise.
Afin que le gouvernement du Canada nous aide à répondre à la demande croissante pour les services de Futurpreneur Canada
et à augmenter chaque année de 10 % le nombre d'entreprises lancées par des jeunes, nous lui avons respectueusement demandé, par l'intermédiaire d'Industrie Canada, une contribution de 37,5 millions de dollars sur cinq ans dans le but d'appuyer notre programme de démarrage complet, et 2 millions de dollars de plus visant à élargir la portée de notre programme de mentorat indépendant, de façon à cibler plus particulièrement les femmes entrepreneures. Il s'agit d'une contribution annuelle réduite,
mais Futurpreneur propose de faire mieux avec moins.
Nous aidons actuellement 2 à 3 % du marché potentiel de jeunes entrepreneurs, un résultat que nous avons pour objectif de doubler au cours des cinq prochaines années. Grâce à l'aide demandée au gouvernement, 5 600 jeunes profiteront de notre programme de démarrage complet, et 2 000 autres personnes, de MoMENTum, notre programme de mentorat indépendant dont la portée est étendue.
Le programme de mentorat de renommée internationale de Futurpreneur Canada est vraiment unique en son genre. D'après un rapport de l'Université Ryerson publié en 2014, des recherches ont démontré qu'une nouvelle entreprise a 77 % de chance de survivre à sa première année au Canada, seulement 36 % de chance de survivre aux cinq premières, et moins de 20 % de chance de survivre à la première décennie. Or, le taux de survie sur cinq ans des entrepreneurs de Futurpreneur se situe entre 50 et 60 %, alors que son taux de remboursement est de 80 à 90 %. Nous croyons que ces résultats sont attribuables à la force de notre programme de mentorat et à nos ressources exhaustives à l'intention des entreprises. Nous avons déjà prouvé que nous stimulons la croissance économique en appuyant les nouveaux entrepreneurs et leur entreprise en expansion.
Grâce à mon rôle, je suis également en mesure de prendre part au travail de collaboration avant-gardiste qui se poursuit en Colombie-Britannique, qui vise à formuler des solutions et des recommandations pour mieux aider les femmes en affaires et stimuler la croissance économique. Au cours des six dernières années, les représentantes de plus de 25 réseaux pour femmes d'affaires — y compris des groupes déterminés à aider les femmes de professions libérales, les femmes entrepreneures, les femmes des secteurs de la finance, du droit et des mines, les femmes comme ma consoeur Fariba ici présente, de la Société des Canadiennes dans la science et la technologie, et j'en passe — se sont réunies afin de mettre en commun leurs idées et d'examiner des façons de tirer parti des ressources de façon à rejoindre et à appuyer un plus grand nombre de femmes, et afin de collaborer dans le cadre d'événements et de projets axés sur les avantages économiques du soutien des femmes.
Ce regroupement porte le nom de WEB Alliance et représente aujourd'hui plus de 10 000 femmes de la vallée du bas Fraser. Il est en train de prendre de l'ampleur vers d'autres régions de la province. Je suis fière d'avoir cofondé l'alliance et de la coprésider aux côtés de Laurel Douglas, directrice générale du Women's Enterprise Centre de la Colombie-Britannique. En février 2013, les représentantes de la WEB Alliance ont eu la chance de rencontrer notre première ministre, l'honorable Christy Clark, et de lui proposer la création d'un conseil économique pour les femmes sous sa gouverne. Ce devait être un lieu d'échange au sein du gouvernement provincial visant à influencer les politiques et à trouver des façons de stimuler la croissance économique en aidant les femmes en affaires. Nous étions ravies lorsque la première ministre a annoncé en février dernier la création d'un tel conseil, qui regroupe 16 femmes d'un peu partout dans la province appartenant à différents secteurs et occupant divers rôles.
Compte tenu de la création de ce conseil, la WEB Alliance a saisi l'occasion pour réunir un grand nombre de dirigeants communautaires et de personnes d'influence de partout dans la province dans le cadre d'un forum de travail. L'objectif était de formuler des solutions et des recommandations réalistes — un plan d'action, autrement dit — qui seront présentées à toutes les instances gouvernementales, aux entreprises et aux organisations, et d'assigner des tâches claires aux participants.
Les enjeux sont clairs et sont justifiés, mais nous trouvions que nous n'avions pas l'occasion de mettre en commun nos pratiques exemplaires, de lancer de nouvelles idées et d'accroître la sensibilisation et la reddition de comptes sur le sujet. Un document préparatoire sur les recherches capitales a été distribué à l'avance à tous les participants pour nous assurer de baser nos travaux sur ces recherches plutôt que de simplement passer en revue ce qui a déjà été fait. Je vous le ferai parvenir avec plaisir.
On nous a dit que c'était la première fois au Canada qu'un groupe de personnes aussi diversifié se réunissait à un endroit pour traiter de ces trois sujets: comment préparer les femmes à des postes de cadres supérieurs, plus particulièrement au sein de conseils d'administration et de la direction; comment former des femmes chefs d'entreprise, tout en inspirant les femmes à devenir entrepreneures et en s'attardant à la façon de faire prospérer une entreprise; et comment stimuler la carrière des femmes dans les secteurs non traditionnels et émergents, y compris des domaines tels que les métiers, la science, la technologie de pointe et le gaz naturel liquéfié. Quelque 450 participantes ont consacré la journée à un de ces trois volets, suivant un modèle dirigé, afin de trouver des solutions. Nous avons été honorées que la participe aux activités et prononce quelques observations liminaires aux côtés de la première ministre Clark, de la ministre Bond et de la ministre Yamamoto, et d'Alex Johnston, directeur exécutif de Catalyst Canada.
Nous sommes en train de préparer un rapport exhaustif sous forme de plan d'action que nous divulguerons au cours des prochains mois. C'est avec plaisir que nous vous le présenterons en 2015. Les recommandations préliminaires portent notamment sur le besoin de mobiliser les hommes. Le fait que la totalité des billets du forum économique a été vendue longtemps à l'avance témoigne de l'intérêt marqué pour le sujet, mais il manquait la voix des hommes dans la salle. Mobiliser les hommes pour qu'ils participent et contribuent à la discussion est essentiel au changement.
Nous allons sous peu vous faire part d'un certain nombre de recommandations pour la suite des choses.
À propos de la nécessité d'accroître le dialogue et la reddition de comptes pour que nous fassions tous notre contribution, en tant que personnes et responsables, le projet de loi à l'étude en Ontario, qui porte sur les explications et la conformité des conseils d'administration, constitue un bon exemple. Le simple fait d'explorer cette avenue sensibilise davantage la population à la question partout au pays...
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Merci. Madame la présidente, mesdames et monsieur les membres du comité, bonjour.
Je m'appelle Fariba Pacheleh, et je suis ingénieure et présidente actuelle de la Société des Canadiennes dans la science et la technologie, ou SCST.
Au cours des 30 dernières années, la SCST a soutenu les femmes et leur a donné des moyens d'agir dans les domaines des sciences, de la technologie, des mathématiques et de l'ingénierie, ou STIM. Nous savons qu'un changement est nécessaire pour les femmes, puisqu'elles portent la moitié du ciel, comme le dit un vieux proverbe chinois.
De nombreux articles expliquent bien les questions d'inégalité et leurs origines, notamment: le rapport Why So Few? publié en 2010, qui énonce les barrières systémiques que les femmes rencontrent dans le milieu scientifique; l'article du Women in Engineering and Geoscience Task Force de la Colombie-Britannique, qui porte sur l'inégalité constante entre les sexes dans les professions d'ingénierie et de géoscience; le Harvard Business Review de septembre 2013, qui portait sur les femmes en général et s'intitulait « Women Rising: The Unseen Barriers »; et bien d'autres.
Ces études et articles expliquent ce qu'il faut changer. Certaines études laissent même entendre que résoudre ces problèmes pourrait être souhaitable plutôt que d'être un simple exercice de création d'emplois. D'après une étude réalisée par Dell, les entreprises dont le conseil d'administration compte un plus grand nombre de femmes ont un rendement supérieur à celles qui ont moins de femmes — jusqu'à 66 %. Selon le document « Global perspective » de Deloitte, il semble que la diversité est une question commerciale. Spencer Stuart a constaté que la diversité au sein du conseil d'administration se traduit par une valeur accrue pour les actionnaires.
Nous pouvons donc difficilement ignorer les faits. Nous savons que la diversité revêt une importance économique considérable, surtout l'égalité des sexes. Ce n'est plus qu'une question d'équité. Il est prouvé que la présence de femmes au sein du conseil d'administration est logique sur le plan économique. De plus, n'oubliez pas que les femmes représentent la moitié de votre électorat. Comme Danièle l'a mentionné au début de la séance, ce sont vos mères, vos sœurs, vos filles et vos conjointes. Voilà pourquoi il faut changer les choses.
Les femmes veulent participer à l'économie. Elles sont instruites et en sont parfaitement capables. Bon nombre d'entre elles sont prêtes à relever le défi, mais elles sont pourtant peu nombreuses à avoir surmonté les obstacles pratiques et culturels qui les empêchent d'atteindre leur plein potentiel. Ce n'est pas une question de minorité, puisqu'elles ne sont pas minoritaires. C'est un problème d'histoire et de culture. Les femmes n'ont pas toutes le même discours; elles sont aussi diversifiées que le Canada lui-même peut l'être.
Je pense que la question est la suivante: comment fait-on pour changer? La première étape consiste habituellement à cerner le problème, et c'est ce que nous faisons depuis les 30 dernières années. Je ne vais pas énumérer l'ensemble des problèmes qui se posent, car nous les connaissons. J'aimerais plutôt vous présenter des solutions et des plans d'action, ou du moins des idées avec lesquelles jongler sur un certain nombre de plans, soit à l'échelle gouvernementale, commerciale, communautaire et individuelle.
Commençons par les plans d'action et mesures à prendre à l'échelle gouvernementale. Nous avons besoin qu'un groupe de travail passe en revue les politiques afin d'y déceler tout préjugé, puis détermine leur incidence sur les Canadiennes — je remercie la très honorable Kim Campbell. Le groupe de travail tiendrait compte des solutions et plans d'action issus de l'événement qui portait sur le rôle des femmes en tant que catalyseurs de croissance, dans le cadre du Forum économique de la Colombie-Britannique, et dont mon amie Jill a parlé tout à l'heure. Les résultats seront présentés en 2015.
Il faut davantage financer les sciences, la recherche scientifique et la formation dans le domaine des STIM — comme je l'ai dit, il s'agit des sciences, de la technologie, de l'ingénierie et des mathématiques —, puisque c'est de là que viennent les idées de demain dans une économie fondée sur le savoir. Il faut aussi financer une formation à l'intention des nouveaux immigrants qui transformerait les idées préconçues découlant de leur culture et de leur histoire et renforcerait les valeurs canadiennes.
Nous avons besoin, comme l'Europe, d'une politique publique s'appliquant aux entreprises pour qu'elles se conforment ou s'expliquent concernant la répartition par sexe des membres de leur conseil d'administration et dans les postes de haute direction. De plus, nous devrions établir des récompenses et des conséquences appropriées. Il nous faut tenir des tables rondes parrainées par le gouvernement auxquelles participeraient des dirigeants masculins de l'industrie et du milieu universitaire et une majorité d'hommes pour déterminer les priorités quant aux stratégies de mise en oeuvre.
Nous avons besoin de politiques pour encadrer les médias, et surtout la publicité, qui présentent les femmes comme des objets. Malgré les campagnes médiatiques américaines, nous assurons un contenu canadien et bilingue. Nous pouvons obtenir le respect et le soutien des médias sur ce plan et sur celui de la diversité. Là encore, l'approche « se conformer ou s'expliquer » s'impose.
Enfin, il faut vraiment régler la question des services publics de garde d'enfants pour que les familles puissent contribuer au renforcement de l'économie.
Voilà pour ce qui est du secteur public. Je vais maintenant parler du secteur privé.
L'approche « se conformer ou s'expliquer » est nécessaire également pour les actionnaires, si les politiques en milieu de travail et de la haute direction ne présentent pas une grande diversité. Les gens qui participent au processus d'embauche devraient être obligés d'utiliser le test de Harvard sur le parti pris implicite pour cerner leurs partis pris et les limiter. Nous avons besoin de nouvelles politiques et pratiques d'embauche, de sorte que les candidats à un emploi sont choisis en fonction de leurs compétences à partir de demandes neutres sur le plan de la diversité.
Les sociétés doivent collaborer avec les syndicats pour aider les employés en faisant preuve de souplesse et en fournissant un service de garde d'enfants. La forte présence de femmes aux postes de haute direction est importante pour que les femmes aient des modèles les incitant à gravir les échelons. Les sociétés doivent planifier la relève et parrainer activement les femmes, ce qui accroîtra la diversité.
Mon dernier point sur les sociétés, c'est qu'il est nécessaire de créer un climat de travail qui non seulement se traduit par l'embauche de femmes, mais les garde à l'emploi grâce à des politiques sur le milieu de travail favorisant l'inclusion et la collaboration, la flexibilité, le parrainage, et l'accès à des modèles et aux mentors.
Voilà pour les secteurs public et privé. Je vais maintenant parler de la collectivité. Voici les plans d'action que nous recommandons à l'échelle communautaire.
Les collectivités ont besoin de programmes qui créent des réseaux, fournit des modèles et des occasions de mentorat, comme celui de la SCST, un programme en ligne de mentorat fondé sur les compétences qui est destiné aux femmes et qui est financé par Condition féminine Canada. Je vous remercie beaucoup de cette occasion. Nous sommes fiers de ce programme et nous vous invitons à y participer.
Il nous faut créer toutes sortes de programmes d'aide à l'éducation des enfants et favoriser la compréhension de l'importance d'un milieu de travail diversifié et des domaines qui leur garantissent un avenir.
À l'échelle individuelle, il nous faut comprendre nos propres partis pris. Encore une fois, je recommande le test de Harvard sur le parti pris implicite, car étonnamment, savoir, c'est la première étape. Il nous faut examiner minutieusement les valeurs personnelles et le contexte culturel qui font obstacle aux progrès et déterminer comment se caractérisent les relations sociales des filles et comment les attentes culturelles ont pour effet d'imposer des limites à elles et à leur avenir.
Les femmes le savent. Condition féminine Canada intervient de bien des façons, mais nous nous retrouvons à tenter de convaincre ceux qui sont déjà convaincus. Dès qu'on prononce le mot « femme », dès qu'il apparaît dans un titre ou qu'il fait l'objet de discussions, nos collègues masculins se déconnectent.
Je veux maintenant savoir si les hommes ici présents se sont déconnectés. Le message ne s'adressait pas aux femmes, mais bien aux hommes.
Comme le dit le titre d'un film, nous avons besoin d'hommes d'honneur qui ont l'intelligence qu'il faut pour savoir reconnaître ce qui est bon, agir en fonction d'un impératif économique et par conséquent, créer des occasions pour tous les Canadiens, car nous prospérons ensemble.
Merci, madame la présidente.
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Je ne me sens pas vraiment en autorité pour en parler beaucoup, mais je vous dirai quelque chose d'important. En ce moment, notre grande bataille porte sur le nombre de places dans les garderies. Puisqu'il s'agit d'un programme universel, on peut penser que le mot « universel » veut dire que c'est accessible à n'importe qui, sans égard à son revenu. Il s'agit d'un programme où le coût pour les garderies dites publiques est de 7 dollars la journée. On ne parle pas ici de garderies ouvertes 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. On parle de garderies dont les heures d'ouverture peuvent varier entre six heures le matin et 18 heures.
Pour avoir une place en garderie, il faut prévoir à l'avance avoir un enfant. En ce moment, une femme qui envisage un retour progressif sur le marché du travail ou dont la situation financière est moins aisée doit demander une place en garderie un an ou deux ans et demi à l'avance. Elle doit faire une demande avant même d'être enceinte. Et même là, elle n'aura pas la certitude d'obtenir une place en garderie pour son enfant. C'est le premier empêchement.
Le manque de places en garderie et l'universalité du programme font en sorte que l'accès au programme n'est pas toujours accordé en fonction du revenu. Cela devient donc difficile pour les femmes qui vivent dans une situation de précarité. On sait que, peu importe les programmes mis en place ou les avenues empruntées, ce sont surtout les femmes qui vivent dans la plus grande précarité. Certes, elles peuvent devenir entrepreneures. On sait qu'elles en ont la capacité, mais ce qui les arrête, c'est leur statut, leur rôle social. Alors, avant même de penser faire quelque chose, il faut penser aux garderies. Pour une femme, il faut qu'elle pense à ses enfants, il faut qu'elle les inscrive dans une garderie, il faut qu'elle les amène à cet endroit à six heures du matin et ainsi de suite.
Il y a toutes sortes de contraintes qui démontrent une fois de plus la persévérance, le courage et l'intelligence des femmes. Notre intelligence collective nous permettra, j'en suis certaine, de trouver des moyens. Pour l'instant, on peut dire que ce programme constitue une avancée, mais il y a encore beaucoup de correctifs à apporter pour qu'il puisse vraiment bénéficier à l'ensemble des femmes, comme cela aurait dû être le cas.
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C'est une excellente question. Je suis contente de vous revoir.
Je dois dire que je ne suis pas une experte dans le domaine. Toutefois, à Futurpreneur Canada, nous sommes tout à fait conscients de ces nouveaux débouchés, et il est certain que nous aidons à diriger les entrepreneurs vers les ressources dont ils ont besoin. Certaines initiatives ont été lancées en Colombie-Britannique par le gouvernement provincial, Small Business BC et Exportation et développement Canada, et un certain nombre d’ateliers ont aussi été créés. Nous sommes conscients du fait que toutes ces activités sont organisées dans le but de montrer aux entrepreneurs comment avoir accès à ces possibilités et faire croître leurs entreprises afin de soutenir la croissance économique.
Je ne suis pas certaine de pouvoir répondre avec suffisamment de détails à votre question, mais il est certain que ces marchés sont dans notre mire et qu’ils offrent de nombreuses possibilités exceptionnelles. Mon rôle consiste essentiellement à orienter nos efforts afin que nous soyons au courant des ressources disponibles et capables d’orienter les entrepreneurs de la bonne manière.
Je sais que certains de ces éléments ont été mentionnés récemment au cours du forum économique de la Colombie-Britannique, dans la filière de l’entrepreneuriat des femmes. Il a tout particulièrement été question des façons d’aider les femmes à profiter de ces débouchés importants. Par conséquent, je sais que nous allons suivre de près ce dossier pour être en mesure d’appuyer les femmes entrepreneures dans ces démarches.
D’ailleurs, cela pourrait faire partie des recommandations que nous formulons au comité, soit de trouver une façon de continuer à appuyer des activités comme le Forum économique de la Colombie-Britannique et de veiller à ce que nous partagions les résultats, les recommandations et les solutions qui en découlent.
Merci.
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Voilà une autre excellente question.
Ce que nous essayons de faire, encore une fois, c’est de leur servir de guide, de faire part des possibilités aux entrepreneurs, surtout aux jeunes femmes.
Nous avons aussi trouvé qu’il est utile d’organiser de petites rencontres plus informelles. Par exemple, hier matin, nous avons organisé un petit-déjeuner dans nos bureaux pour 20 jeunes entrepreneurs. La plupart d’entre eux étaient des femmes parce que, à mon avis, de petits groupes conviennent particulièrement bien aux femmes étant donné que cela leur permet d’échanger et d’établir des relations.
À mon avis, l’important, c’est de leur offrir différents types d’occasions de réseautage, mais aussi de leur donner les compétences et la confiance nécessaires pour créer des liens et des réseaux avec les gens.
L’autre élément important consiste à faire des démarches auprès de personnes qu’elles admirent. Je fais beaucoup d’encadrement et de mentorat de ce genre, surtout avec des femmes, il semblerait, qui savent ce dont elles ont besoin et ce qu’elles veulent, mais qui ne savent pas comment le demander. Par conséquent, ce que nous faisons, c’est de les aider à faire des démarches qui feront avancer leur carrière, notamment d’inviter quelqu’un à prendre un café pour échanger et établir un lien ou de participer à une activité ou à une réunion.
C’est une excellente question parce que cela arrive souvent.
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Merci, madame la présidente.
Je vous remercie toutes de vos témoignages.
Au cours de cette étude, nous avons rencontré beaucoup de femmes entrepreneures ayant réussi mais, malheureusement, ce sont des exceptions.
Comme l'a dit le témoin de la Colombie-Britannique, on prêche aux converties. Pourtant, il y a beaucoup de femmes qui n'ont pas un statut d'entrepreneur, voire qui n'ont pas de travail. J'ai l'impression qu'en accordant des subventions, le gouvernement pousserait certains organismes à travailler plutôt dans le sens de ses priorités que dans celui des priorités des femmes.
Mme Nalayeh a parlé de l'accessibilité des immigrantes aux tables de concertation. Il y a aussi l'accès au logement. Lorsqu'il est question de sortir les femmes de la pauvreté, on ne voit rien de concret. La question est ouverte.
Madame Chouinard, je vous remercie de votre présence. Pouvez-vous me dire ce que le gouvernement fédéral pourrait faire pour des organismes comme le vôtre, qui essaient de répondre d'abord aux besoins élémentaires des femmes?
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J'aimerais revenir à la dernière étude qui a été faite.
Certaines recommandations ont été formulées à la fin de l'étude pour démontrer que s'il y avait de plus grandes alliances, si on mettait en place des tables de concertation qui étaient soutenues par un financement adéquat, s'il y avait un financement continu et récurrent, ce serait une amélioration On parle de précarité des individus, mais on peut aussi parler de précarité des organismes communautaires autonomes.
Quand on parle de précarité de financement, cela veut dire ne jamais savoir si les subventions vont être renouvelées. Cela entraîne la précarité de toutes les femmes qui peuvent travailler dans ces milieux. Cela fait en sorte qu'il est très difficile pour les organismes communautaires de pouvoir entreprendre en ce moment des projets à long terme. Et pourtant, le besoin de reconnaissance et de pérennité est criant. Il faut nous donner les moyens d'avoir une action communautaire autonome en éducation populaire, c'est-à-dire aller chercher les gens et les femmes là où ils sont.
Depuis tantôt, j'écoute ce qui se dit. Si je peux me le permettre, j'aimerais parler d'une coopérative péruvienne. Des femmes péruviennes cultivent du café dans une petite communauté et nous les encourageons. On a donc cet échange avec ces femmes et aussi un peu avec des femmes qui sont proches. Pourquoi ce projet fonctionne-t-il? Ces femmes cultivent le café et la richesse de la communauté se trouve là grâce à cette coopérative.
Les enfants y vivent. On s'occupe de la famille parce qu'il y a une intégration. On parle d'insertion et de la reconnaissance du rôle de chacun à l'intérieur de cette microsociété. Mon rêve est que cette microsociété soit planétaire, que l'on reconnaisse qu'on peut répondre aux besoins à partir du moment où on parle des besoins de base. On ne peut pas dire à quelqu'un de sortir de sa cuisine et de devenir entrepreneur quand il y a des rats dans sa cuisine. De plus, n'oublions pas qu'une femme sur quatre est victime d'agression sexuelle au Canada.
Toute la question des facteurs sociaux qui favorisent la santé, la paix et la tranquillité ou ceux qui provoquent la violence conjugale, tous ces éléments dont on parle depuis le début, retombent aussi sur le dos des organismes communautaires dont la plupart des employés sont des femmes. La plupart d'entre elles sont sous-payées et surdiplômées, comme si cela est possible d'avoir un tel état de chose. Il faut savoir que l'on peut exercer un travail. En fait, on est plus que présentes et prêtes à le faire, mais il faut avoir les moyens de le faire.
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Absolument. Oui et oui.
À mon avis, la confiance en soi est une pièce maîtresse dans tous les aspects de notre vie. Beaucoup de recherches montrent que les femmes manquent de confiance en elles-mêmes. Nous le voyons certainement dans le milieu des entrepreneurs, comme je l’ai mentionné brièvement plus tôt: les femmes n’ont pas accès à autant de capital parce qu’elles ont tendance à ne pas aimer prendre de risques. Par conséquent, la confiance est un facteur qui entre en ligne de compte sur ce plan, et cela les empêche peut-être de profiter d’occasions de développer leur entreprise.
Tous les jours, nous voyons que la confiance est un facteur déterminant. Nous voyons les femmes éviter de lever la main pour faire partie des conseils d’administration ou pour profiter d’occasions d’avancement professionnel. Absolument, à mon avis, la confiance en soi est un élément essentiel.
La capacité de parler en public est aussi un élément extrêmement important. Je sais que, aujourd’hui, en m’adressant à vous, je suis très nerveuse — je l’avoue — même si je parle souvent en public. Il faut s’exercer beaucoup et, à mon avis, il y a beaucoup de choses que nous pourrions faire pour appuyer les jeunes femmes et les aider tout particulièrement à développer ces compétences. Si vous avez confiance en vous-même, à mon avis, il sera plus facile de parler en public.
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Je remercie tous nos témoins. Nous devons conclure notre réunion puisque la sonnerie se fera bientôt entendre pour que nous allions voter.
Madame Pacheleh, s'il y a des informations que vous aimeriez ajouter, vous pouvez toujours les envoyer à la greffière. À ce moment-là, on pourra les partager avec tous les membres du comité. S'il y a autre chose que vous auriez aimé nous dire pour enrichir davantage notre étude, cela sera grandement apprécié que vous le fassiez.
J'aimerais avoir l'attention de tous les membres du comité, car j'ai des informations à transmettre.
C'était notre dernière réunion sur l'étude du leadership économique et la prospérité des Canadiennes. Notre analyste nous préparera un résumé des témoignages et une liste des recommandations qui ont été faites par les différents témoins. Ce sera la première étape. Cela nous aidera dans la rédaction du rapport.
Notre prochaine rencontre aura lieu jeudi prochain, soit le 20 novembre, à la même heure, mais dans la pièce 268. On s'efforcera d'augmenter le chauffage étant donné que l'hiver semble avoir commencé. Nous étudierons alors la prévention de la violence envers les femmes et nous entendrons quatre organismes à cet sujet.
J'aimerais que vous notiez que le Budget supplémentaire des dépenses a été renvoyé au comité le 5 novembre dernier. Les informations à ce sujet vous ont été envoyées par courriel. Pour votre information, la date limite pour en faire rapport à la Chambre est le 5 décembre 2014.
Je remercie encore une fois nos témoins d'avoir comparu devant le comité.
La séance est levée.