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Merci madame la présidente et membres du comité, de me donner l'occasion aujourd'hui de vous parler du leadership économique et de la prospérité des femmes au Canada.
Je m'appelle Janice McDonald et je suis entrepreneure en série dans l'industrie de la musique et du vêtement. Je suis ravie de contribuer à l'important examen que vous faites des barrières systémiques qui freinent l'avancée des femmes. Je m'intéresse à ce sujet depuis longtemps en tant qu'entrepreneure, bénévole, et à cause des recherches que j'ai faites.
Je suis entrepreneure au Canada depuis plus de deux décennies. Il y a eu un changement considérable dans le monde de la petite entreprise pendant cette période.
Lorsque ma partenaire et moi avons ouvert notre premier magasin de vente de musique au détail en 1991, nous étions prêtes à faire des affaires. Nous n'étions pas en démarrage; nous avons ouvert. Il n'y avait pas d'entreprise en démarrage, juste des entreprises qui se lançaient et se développaient.
En tant que jeunes entrepreneures, nous avions très peu de pairs qui avaient choisi la même carrière. La plupart de nos amis et collègues ne voyaient pas l'entreprenariat comme une option. Cela a changé.
En 1991, il n'y avait pas de programmes officiels de mentorat, ou à tout le moins, nous ne les connaissions pas. Maintenant, les entrepreneurs peuvent avoir accès aux carrefours d'innovations, au financement social, aux investisseurs providentiels et à toutes sortes d'appui. Des organisations comme Futurpreneur n'existaient pas.
Futurpreneur est une organisation nationale à but non lucratif qui se consacre à la croissance de notre économie en s'occupant d'un entrepreneur à la fois. On mise beaucoup plus sur la culture des entreprises en démarrage. Le changement a été progressif, mais on trouve maintenant de l'appui pour les entrepreneurs partout.
Mon entreprise en démarrage la plus récente s'appelle This Space Works. C'est comme Airbnb pour les entreprises. Nous faisons partie de l'économie du partage, et nous utilisons les excédents de locaux et les mettons à la disposition de professionnels mobiles et aux entreprises qui en ont besoin.
Malgré notre expérience, nous avons rassemblé des mentors qui nous aident à développer notre entreprise. Le MaRS Discovery District à Toronto, Communitech à Waterloo, l'Innovation Factory à Hamilton, chacune de ces organisations appuie le développement de notre entreprise.
En 1992, j'ai complété ma maîtrise en études canadiennes. Le sujet de ma thèse était les femmes et le processus de nomination dans les agences, conseils d'administration, conseils et commissions au Canada. C'était avant que les femmes fassent partie de la diversité. Les femmes étaient sous-représentées, mais c'était plutôt une question de sexe et de pouvoir, pas de diversité. Les chiffres n'étaient pas mirobolants en 1992, et comme nous le savons, le changement est lent.
Mon engagement envers l'avancée des femmes se poursuit. Je partage mon temps et mes talents avec de nombreuses organisations qui veulent apporter un changement dans ce domaine.
Les membres du Women's Leadership Board à la Kennedy School de Harvard, des leaders des plus hauts rangs des secteurs gouvernementaux, des affaires, académiques et à but non lucratif, agissent comme soutiens essentiels et ambassadeurs pour les femmes dans les programmes de politique publique.
Je suis membre du Women's Leadership Board et je m'en vais à Harvard demain pour trois jours de réunions.
Les membres de l'organisation se demandent ce qu'elles peuvent faire pour créer l'égalité entre les sexes et améliorer la vie des femmes et des hommes partout dans le monde. On se concentre sur la recherche rigoureuse aux effets importants afin de faire progresser l'égalité entre les sexes. Le portail à ce sujet est une ressource essentielle.
Je suis présidente du conseil d'administration national des femmes canadiennes en communications et en technologies. Le but est de permettre aux femmes de progresser dans les secteurs des communications et de la technologie au Canada. Cette organisation à but non lucratif se concentre sur la reconnaissance, l'avancement et le mentorat. Elle fait un travail incroyable pour les femmes depuis plus de 20 ans.
Nous croyons que nos membres peuvent faire décoller leur carrière grâce au mentorat. Dans le dernier numéro du magazine The Opinion du Réseau des femmes exécutives, mon article sur le mentorat parle de sa valeur pour le développement de carrière. Je suis depuis longtemps mentor, de façon officielle ou non, pour les femmes dans le secteur des affaires et de l'industrie des communications. J'ai vu directement l'effet que cela a sur la carrière des femmes. Un mentor peut vous aider à progresser plus vite.
L'an dernier, j'ai dirigé le programme mentorat de FCT, et j'ai jumelé avec succès plus de 20 femmes partout au Canada avec des femmes mentors d'expérience. FCT croit que le mentorat est essentiel au développement de la carrière. Son programme représente l'étalon or.
Il existe depuis 14 ans. Nous venons de lancer un appel aux membres pour qu'elles s'inscrivent au programme. Il est gratuit pour les membres de FCT, et les femmes mentors d'expérience donnent leur temps et partagent leurs talents dans le cadre d'un engagement d'un an. Le programme est rendu possible grâce à l'appui financier de Shaw Media. Il s'agit de la pierre angulaire des activités de FCT.
L'engagement des FCT envers le mentorat est inébranlable. Nous savons également que les commandites sont cruciales. Conçu par FCT, le projet protégé a été créé avec Catalyst Canada et appuyé par Shaw Media. C'est un tout nouveau projet d'avant-garde. Les effets d'entraînement du programme seront importants. C'est une nouvelle initiative de collaboration qui vise à placer les femmes sur un pied d'égalité dans le secteur des TIC au Canada.
Nous voulons faire en sorte que les étoiles montantes de l'industrie se rendent jusqu'au rang les plus élevés de la direction. Plus de 10 cadres supérieurs de grandes organisations des communications, des médias, de la technologie ont décidé d'appuyer personnellement le programme. Un nombre équivalent de femmes cadres supérieurs seront choisies et jumelées pour travailler avec les commanditaires afin d'améliorer leur leadership et intelligence des affaires.
Nous croyons que l'effet d'entraînement du programme sera significatif. Personne d'autre n'a fait un programme de jumelage de commanditaires à travers les industries pour les femmes haut placées. Cela changera la donne. Mon engagement personnel envers le mentorat est également inébranlable. On m'a invitée à me joindre à la Fondation pour les femmes Cherie Blair en tant que mentor. La philosophie de la fondation est d'investir dans les femmes entrepreneures afin qu'elles puissent développer leurs entreprises. Les femmes, tout comme leur famille et leur communauté, profitent du programme lorsque leur entreprise croît.
La Fondation Cherie Blair croit que si vous donnez plus de pouvoir aux femmes, vous favorisez la croissance. Je le crois aussi. Son programme de mentorat de femmes d'affaires connaît du succès. Il y a plus de 800 mentors et apprentis inscrits au programme. Grâce à la technologie, il peut dépasser les frontières physiques et culturelles. Je suis fière d'offrir mes compétences et mes talents à une femme ailleurs dans le monde pour l'aider à faire croître son entreprise. Mon jumelage sera fait plus tard ce mois-ci et je collaborerai avec mon apprentie pendant un an.
Je suis également présidente du chapitre d'Ottawa d'International Women's Forum. Cette organisation mondiale pour les femmes me passionne. IWF favorise les progrès du leadership des femmes dans différentes carrières, cultures et continents. Les membres s'engagent à améliorer le leadership mondial d'aujourd'hui et à cultiver les femmes leaders de demain. Cinq mille cinq cents femmes leaders de partout dans le monde sont membres d'IWF. L'organisation a commencé en 1982 aux États-Unis et compte des membres sur six continents et dans 33 pays. Au Canada, IWF comprend environ 500 membres dans des chapitres partout au pays. L'organisation est très active et s'intéresse au leadership des femmes.
Les membres d'IWF Canada veulent faire augmenter le nombre de femmes dans les conseils d'administration des entreprises. IWF Canada voudrait qu'il y ait plus de femmes dans ces conseils d'administration et s'engage à y travailler. Le conseil d'administration national d'IWF a convenu d'investir du temps et des efforts pour créer les outils du changement pour ses membres. Le comité s'est concentré sur la récolte de tous les renseignements nécessaires pour que ses membres fassent partie de ces conseils. Les membres ont accès à une feuille de route exceptionnelle qui les aide. Ces documents couvrent l'écosystème pour les femmes dans les conseils d'administration, la recherche essentielle, les approches et les justifications utilisées dans d'autres pays. Il y a des renseignements supplémentaires sur les moyens à prendre pour réussir et se faire connaître, et sur la préparation aux entrevues. Il s'agit d'un outil stratégique, complet et utile pour tous les membres d'IWF. L'initiative des femmes au conseil d'administration d'IWF permet à tous ses membres qui veulent sérieusement faire partie d'un conseil d'administration d'avoir les renseignements et les outils nécessaires pour y arriver. Plusieurs membres de conseils d'administration attribuent leur récente nomination à ces conseils en partie aux renseignements d'IWF qui leur étaient disponibles.
Comme de nombreux membres d'IWF, j'ai reçu mon titre de l'Institut des administrateurs de sociétés du programme d'éducation des administrateurs. Ce programme est offert au Canada dans les plus grandes écoles d'affaires. Depuis le lancement du programme d'éducation des administrateurs, plus de 3 000 administrateurs l'ont complété et 1 900 ont obtenu leur titre d'IAS.A. Ce titre reflète l'engagement de l'administrateur envers l'apprentissage et le développement continu. Le programme est conçu pour aider les administrateurs à surmonter les défis auxquels ils font face dans leurs rôles. Cette formation constitue également une riche source de possibilités de réseautage avec les autres étudiants qui sont haut placés dans des organisations de partout au Canada. Ne serait-ce que pour cette raison, plus de femmes doivent y participer.
Étant donné la complexité des affaires d'aujourd'hui, nous pouvons nous attendre à ce que plus de conseils d'administration cherchent des administrateurs qui ont de la formation en gouvernance. Si la formation en gouvernance et le titre d'IAS.A est apprécié par les conseils d'administration, alors espérons que plus de femmes présenteront une demande et seront choisies pour recevoir cette formation inestimable. Dans ma cohorte, la DEP-46, il n'y avait pas un nombre égal d'hommes et de femmes. Si la formation à la gouvernance est la voie des administrateurs de l'avenir, nous devons faire en sorte que plus de femmes reçoivent cette formation. L'Institut des administrateurs de sociétés offre des bourses pour son programme d'éducation des administrateurs et, idéalement, il faudrait que plus de bourses soient offertes expressément aux femmes.
Je pense que nous avons de nombreuses femmes compétentes prêtes à faire partie d'un conseil d'administration au Canada. Je ne pense pas qu'il manque une voie pour y arriver et nous savons quelles sont les raisons pour lesquelles les femmes doivent faire partie des conseils d'administration. Donner aux femmes plus de formation sur la gouvernance est une façon d'éliminer les obstacles à la réussite des femmes qui font partie de conseils d'administration.
Le mentorat est un aspect crucial du succès des femmes, tout comme le parrainage. Des organisations comme IWF et FCT relèvent le défi. Bien que le changement prenne du temps et soit difficile à concrétiser, il est possible. Nous gagnons tous quand les femmes ont plus de pouvoir.
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Bonjour. Je remercie le comité de m'avoir invitée à comparaître aujourd'hui pour parler des barrières à l'égalité économique des femmes au Canada.
Je m'appelle Anne-Marie Roy. Je suis la présidente de la Fédération étudiante de l'Université d'Ottawa, représentant tous les étudiants de premier cycle. Je siège également au conseil d'administration nationale de la Fédération canadienne des étudiants, l'association étudiante la plus importante et la plus ancienne au Canada, qui comprend des membres de Terre-Neuve-et-Labrador jusqu'à la Colombie-Britannique. La Fédération canadienne des étudiants représente plus de 600 000 étudiants provenant de 80 associations étudiantes. Elle préconise une éducation postsecondaire abordable et accessible.
Depuis des années, les étudiants sont à l'avant-garde du combat contre l'inégalité entre les sexes et contre la violence envers les femmes. Je suis ravie d'être ici aujourd'hui pour vous parler de nos luttes. En tant que femme qui, grâce à mes propres efforts et l'aide de ma communauté, a pu atteindre un poste de leadership, je sais à quel point il est important de célébrer ces victoires, mais aussi de regarder autour de soi pour demander qui n'est pas autour de la table et pourquoi.
Au cours des 20 dernières années, la participation des femmes à l'éducation postsecondaire a augmenté de façon spectaculaire. Nous savons qu'afin d'avoir la possibilité d'obtenir un salaire suffisant, les femmes doivent étudier plus que les hommes. Entre 2010 et 2012, le salaire réel moyen pour les femmes détentrices d'un baccalauréat était plus près des revenus d'un homme qui n'avait qu'un diplôme d'études secondaires que des hommes qui avaient un baccalauréat. Malheureusement, pendant la même période, dans presque chaque province, les frais de scolarité et la dette étudiante ont considérablement augmenté, ce qui a rendu encore plus difficile pour les femmes d'avoir accès à l'éducation dont elles avaient besoin pour atteindre la stabilité économique.
En 1991, les frais de scolarité au Canada étaient en moyenne de 1 706 $. En 2014, ce chiffre est passé à 5 959 $. Pour de nombreuses femmes, ce seul coût élimine l'option d'obtenir une éducation postsecondaire. Des frais élevés au départ ont plus de risques de constituer un obstacle pour les femmes des communautés marginalisées, y compris les femmes autochtones ou des minorités raciales, les femmes provenant de ménages à faible revenu, les handicapées, les homosexuelles ou les transgenres.
Les femmes qui peuvent aller à l'école sont souvent forcées de s'endetter de façon importante afin de payer ces frais de départ élevés. Au total, les étudiants canadiens ont 16 milliards de dollars de dettes envers le gouvernement fédéral, et d'autres milliards envers les gouvernements provinciaux et les prêteurs privés. L'augmentation des frais de scolarité a plus de conséquences sur les femmes, qui représente 60 % des participantes au programme de prêts étudiants du Canada. En moyenne, pour un diplôme de quatre ans, un étudiant au Canada aura 26 000 $ de dettes à la fin de son programme. Quand on fait une ventilation par province, la situation est encore plus alarmante, car la dette étudiante moyenne n'est que de 14 400 $ au Québec et peut atteindre 39 600 $ au Nouveau-Brunswick et en Nouvelle-Écosse.
Une fois sur le marché du travail, les femmes continuent à gagner moins que les hommes. Une étude récente de Statistique Canada sur les revenus cumulatifs de 1991 à 2010 indique que les femmes qui travaillent ont gagné 500 000 $ de moins que les hommes pendant cette période. Pour chaque niveau d'éducation et dans tous les métiers, les femmes gagnaient moins. En ingénierie, les femmes gagnaient en moyenne 47 % de moins que les hommes sur une période de 20 ans. Même dans l'enseignement, la profession où les salaires des femmes se rapprochaient le plus de ceux des hommes, les femmes gagnaient 19 % de moins que les hommes. Ces différences de revenu signifient que cela prend plus de temps pour les femmes pour rembourser leurs dettes étudiantes après la diplomation, et donc, qu'elles paieront plus d'intérêts. Au bout du compte, les femmes paient plus pour l'éducation postsecondaire que les hommes, dont le revenu leur permet de rembourser leurs dettes étudiantes plus rapidement. Le gouvernement fédéral devrait faire des efforts envers l'équité salariale au Canada, mais en réduisant le coût de l'éducation postsecondaire et en investissant dans le programme de bourses étudiantes canadiennes, le gouvernement fédéral pourrait, au moins, empêcher les femmes d'être doublement pénalisées par leurs revenus plus faibles.
Les campus sont également un milieu de travail pour de nombreux étudiants. Les tendances récentes en matière d'emplois précaires ont un effet négatif sur les conditions de travail et de vie des étudiants. Pour de nombreux étudiants de cycle supérieur, travailler en tant qu'assistants de professeur ou assistants de recherche pendant qu'ils étudient est nécessaire pour compléter leur programme; cependant, de nombreuses universités embauchent maintenant du personnel par des contrats à court terme qui laisse les étudiants de cycle supérieur sans avantages sociaux ou sécurité d'emploi. Investir dans l'éducation postsecondaire en augmentant les paiements de transfert vers les provinces et en remplaçant le programme de prêts étudiants du Canada avec des bourses serait une bonne façon de rendre l'éducation postsecondaire plus abordable et accessible aux femmes.
Pour les femmes des Premières Nations, inuites et métisses, il y a des obstacles supplémentaires pour obtenir une éducation postsecondaire. Le niveau de scolarisation des Autochtones canadiens demeure significativement plus bas que celui des non-Autochtones. Seulement 8 % des Autochtones ont un diplôme universitaire, comparativement à 23 % de la population totale.
Actuellement, le gouvernement fédéral finance l'éducation des Autochtones grâce au programme d'aide aux étudiants de niveau postsecondaire. Malheureusement, les augmentations annuelles de financement pour ce programme sont limitées à 2 %, malgré le nombre croissant d'étudiants autochtones qui veulent avoir une éducation postsecondaire et l'augmentation des frais de scolarité, qui a été de plus de 3 % cette année.
Avant 1992, le financement était basé selon le nombre d'étudiants admissibles et leurs dépenses estimées. À cause du plafond de financement, plus de 18 500 étudiants autochtones admissibles n'ont pas pu recevoir de financement entre 2006 et 2011. Les communautés autochtones se voient souvent forcées de choisir entre le financement entier de quelques étudiants ou la répartition du financement sur un plus grand nombre d'étudiants. Cela est une violation claire des responsabilités du Canada en matière de traité en ce qui a trait au financement de l'éducation des Autochtones. Éliminer le plafond des augmentations pour le financement du programme d'aide ferait en sorte qu'aucune femme autochtone admissible ne se voit refuser le financement dont elle a besoin pour son éducation postsecondaire.
Pour les étudiantes qui ont des enfants, il faut un accès à des services de garde d'enfants abordables pour débuter ou compléter un diplôme. Le coût moyen des services de garde après taxes au Canada est maintenant de 15 000 $ par année. Les garderies dans les campus ont les mêmes prix trop élevés, et débordent souvent, avec des listes d'attente de plusieurs années. Dans certains cas, comme ici à Ottawa, on a essayé d'empêcher que certains étudiants aient accès aux subventions pour la garde des enfants. Même aujourd'hui, c'est plus souvent les femmes qui sont les principales responsables des enfants et des autres personnes à charge. Sans un programme universel de garde d'enfants au Canada, les femmes n'obtiendront jamais l'égalité avec les hommes.
Enfin, comme nous l'avons vu cette année, les femmes continuent de faire face à la menace de la violence sexuelle et fondée sur le sexe dans les campus. Le massacre de Montréal a eu lieu il y a plus de 25 ans, et les femmes ne sont toujours pas en sécurité dans les collèges et universités canadiens. Les jeunes femmes de 15 à 24 ans sont victimes de violence sexuelle beaucoup plus que tout autre groupe d'âge au Canada. Une grande partie de cette violence sexuelle a lieu dans les campus, au travail, et dans nos collectivités. Plus que jamais, il faut que nos institutions, les collèges, les universités et les gouvernements fassent preuve de leadership pour combattre les attitudes qui perpétuent la violence sexuelle et normalisent la culture du viol.
Notre pays est resté honteusement les bras croisés pendant que 1 200 femmes autochtones se faisaient assassiner ou sont disparues. Nous continuons de faire preuve de complaisance devant les exemples flagrants de violence envers les femmes autochtones, qui sont huit fois plus à risque d'être assassinées que les femmes non autochtones comme moi.
Partout en Amérique du Nord, les femmes transgenres sont considérablement plus victimes de violence, et souvent les campus des collèges et des universités intensifient la violence quotidienne déjà présente avec des politiques strictes sur le nom légal, les salles de bain différenciées selon le sexe, et le manque grave de politiques pour combattre la violence.
La Fédération canadienne des étudiants a été à l'avant-garde du mouvement pour combattre la violence sexuelle et fondée sur le sexe dans nos campus et nos collectivités, mais souvent nos efforts sont minés par le manque de financement et d'appui des gouvernements et des institutions pour s'attaquer aux racines de ces problèmes. L'égalité sociale et économique des femmes ne s'obtiendra pas en un jour. Les étudiants savent que nous avons besoin de grands changements sociaux pour que les femmes obtiennent l'égalité des sexes de notre vivant. J'espère que votre comité recommandera la mise en oeuvre de changements de fond qui peuvent nous faire progresser vers cet objectif ultime.
Merci.
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Merci de me donner l'occasion de me joindre aujourd'hui à votre conversation.
J'aimerais parler des femmes dans la construction. Comme nous le savons tous, le Canada a besoin de tout le monde pour appuyer les investissements industriels qui soutiennent notre économie. Cela signifie que nous devons faire en sorte que le Canada ait la main-d'oeuvre nécessaire pour construire les grands projets, de les faire fonctionner, les entretenir et les diriger. Il y a un défi: notre industrie perdra 24 % de sa main-d'oeuvre, et surtout ceux qui ont gravi les échelons et sont dans des postes de leadership. Nous allons perdre ces gens à cause de la retraite et de la concurrence mondiale.
Les femmes sous-employées au Canada représentent le plus grand bassin de main-d'oeuvre sous-utilisée du pays. Il s'agit d'emplois pour lesquels on n'a pas besoin de dettes étudiantes, soit pour l'obtenir ou y réussir. Le Canada doit appuyer toutes les initiatives qui ont démontré qu'elle pouvait attirer et préparer ceux qui veulent entrer dans cette industrie, en particulier les femmes.
Les femmes qui sortent des programmes de Women Building Futures connaissent en moyenne une augmentation de leur revenu annuel de 127 % le jour de leur embauche. Ce qui manque, c'est le financement pour aider ces femmes à entrer dans ce domaine.
L'appel récent de propositions de Condition féminine Canada force les répondants à créer des projets qui répéteront le travail qui se fait déjà. L'appel fait mention de la recherche et de l'identification des pratiques exemplaires et des lacunes dans le domaine. Il ne permet pas la formation, la sensibilisation, le mentorat ou tout service direct aux femmes dans le cadre des projets. Nous croyons qu'il existe déjà une foule de recherches qui soulignent les lacunes, les stratégies qui réussissent et les pratiques exemplaires concernant ce problème. Le financement pourrait être utilisé directement afin d'offrir aux femmes ce dont le Canada a vraiment besoin, des programmes qui les attirent, les préparent pour les emplois dans la construction, y compris les emplois qui offrent des possibilités de leadership à meilleur salaire, j'ajouterais.
Cette année, 5 000 femmes sont venues à Women Building Futures pour trouver une façon d'entrer dans cette industrie. Notre financement nous permet de former 120 de ces 5 000 femmes. Notre taux de réussite pour trouver du travail à ces femmes est de 90 %, ce qui fait augmenter leur revenu annuel moyen de 127 % au jour de l'embauche, et pourtant, des organisations comme la nôtre ne peuvent pas obtenir de financement de Condition féminine Canada. Cela est insensé.
Nous recommandons que le financement de Condition féminine Canada appuie les programmes dont on a démontré qu'ils pouvaient aider directement les femmes à obtenir des emplois dans des domaines qui assureront leur prospérité économique.
Maintenant, je vais parler un peu de l'égalité. Les femmes, les garçons, les hommes et les filles ne sont pas tous pareils, mais souvent les politiques du gouvernement qui soutiennent les programmes les considèrent tous comme égaux. Cette approche a des effets négatifs sur la moitié de la population du Canada. Je vais vous présenter un bref exemple à ce sujet.
Je vais vous parler de Susan. Susan est une mère monoparentale de deux enfants qui travaille à temps plein et gagne 30 000 $ par année. Elle aimerait une carrière qui fera augmenter de façon importante son revenu et lui offrira des possibilités de leadership. Elle veut travailler dans l'industrie de la construction. Susan se porte candidate à un programme de formation dans le domaine de la construction qui a fait ses preuves en matière de réussite. Le programme est financé entièrement par un employeur. Le problème, c'est que Susan n'a pas suffisamment d'économies pour couvrir ses frais de subsistance pendant le programme de formation de huit semaines. Elle s'adresse donc au gouvernement de l'Alberta pour obtenir la permission de quitter son emploi, qui est un processus qui lui permettrait de quitter son emploi faiblement rémunéré et d'avoir l'argent pour payer ses factures et nourrir ses enfants pendant cette formation de huit semaines. Le coût pour le gouvernement serait d'environ 3 000 $ ou 1 % de ce qu'investit l'entreprise dans cette personne. Le gouvernement a dit non. Les frais de subsistance pour les personnes dans ce genre de programme de formation ne constituent pas une dépense admissible.
Voici où le bât blesse: chaque jour, on embauche des hommes dans l'industrie de la construction au Canada sans qu'ils aient à suivre ce genre de formation. La réalité est très différente pour les femmes, qui doivent être encore meilleures que les hommes simplement pour être perçues aussi bonnes qu'eux. Voilà la réalité. Les possibilités dans cette industrie sont importantes pour les femmes, mais elles sont loin d'être équitables. Une femme ne sera pas embauchée sans formation. Les obstacles à la formation sont renforcés par des politiques gouvernementales qui traitent tout le monde comme des égaux même s'ils ne le sont pas.
Cet exemple est réel. Susan n'a pas obtenu d'appui financier pour son logement et donc n'a pas pu participer au programme de formation. Elle demeure sous-employée, incapable de faire augmenter sa contribution fiscale et sa consommation de biens. Le gouvernement continuera de la subventionner, elle et ses enfants, et l'industrie aura perdu un autre travailleur local et une future dirigeante.
Nous demandons à ce que l'analyse sexospécifique soit utilisée lors de la création de politiques et de programmes, pour tous les ministères et programmes. Nous demandons également à ce que les gouvernements collaborent entre eux afin de combler les lacunes qui ont tous les jours des conséquences négatives sur les femmes.
Voilà ce que je voulais dire aujourd'hui, et je vous remercie de l'occasion que vous m'avez donnée.
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Merci pour cette question.
L'hiver dernier, j'ai vécu une expérience traumatisante. Cela a été très difficile. Je crois que cette violence, cette culture du viol qui apparaît dans nos campus, est révélatrice de notre société au sens large. Je ne crois pas que de jeunes étudiants scolarisés apprennent ce qu'est la culture du viol dans nos universités et collèges. Ils savent ce que c'est avant d'y arriver. D'emblée, il est essentiel de reconnaître que la culture du viol s'étend au-delà de nos campus.
Nos institutions et le gouvernement pourraient appuyer certaines stratégies pour s'attaquer à ce problème. Je crois qu'il serait utile d'adopter une approche éducative préventive pour dénoncer la culture du viol.
À l'Université d'Ottawa, j'encourage l'administration à rendre obligatoire pour tous les étudiants au moins un cours sur la condition féminine. Il est important que tous les sexes soient sensibilisés aux divers obstacles et difficultés liés à son identité sexuelle.
Ces cours devraient conscientiser et sensibiliser les hommes à la violence systémique qui existe dans notre société. On devrait également y remettre en question notre conception de la masculinité.
Le problème, c'est que nos établissements postsecondaires sont sous-financés depuis des années et continuent de l'être. Les facultés subissent des compressions budgétaires et des cours sont supprimés dans nos campus. Dans ce contexte, il est très difficile d'exiger que notre université rende obligatoire ce cours sur la condition féminine. Ce n'est pas facile.
Ce serait une mesure positive que pourraient prendre les universités et collèges.
Les écoles primaires et secondaires devraient également donner des cours sur la violence fondée sur le sexe et les moyens de la contrer. Les élèves y apprendraient à reconnaître la culture du viol et la violence fondée sur le sexe. Ces cours feraient valoir auprès des élèves l'importance d'intervenir quand ils sont témoins de comportements problématiques, plutôt que d'observer en simples spectateurs.
Le gouvernement peut en faire beaucoup pour faire face à ce problème.
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Je vous remercie, madame la présidente.
[Traduction]
C'est pour moi un grand plaisir d'être ici. J'aimerais commencer en remerciant nos trois invités pour leurs absorbants témoignages provenant de sphères aussi variées dans la vie des femmes. Je crois qu'il est important de prendre le temps de réfléchir à l'importance de notre conversation aujourd'hui. D'ailleurs, cela m'estomaque qu'on en soit encore à ces conversations.
Ma mère a obtenu son diplôme en droit de l'Université de l'Alberta en 1970. Je me rappelle à quel point j'étais fière d'elle, une féministe et une pionnière professionnelle canadienne, mais j'étais surtout convaincue que ce genre de conversations, qui étaient courantes dans la cuisine de ma mère, n'auraient plus cours aujourd'hui. Notre génération, les femmes autour de cette table, doivent s'assurer que nos propres filles n'auront pas à avoir ces mêmes conversations d'ici 20 à 30 ans.
Mme McDonald a expliqué comment des progrès peuvent être réalisés, mais nous a aussi parlé de la lenteur avec laquelle ces derniers ont lieu. Il nous revient, ensemble, de décider d'accélérer le tempo.
J'aurais quelques questions.
Madame McDonald, vos commentaires au sujet des femmes dans les conseils d'administration m'ont rejointe. J'aimerais savoir à quel point la situation doit être améliorée par des lois. Que pensez-vous des quotas imposés au conseil, et d'une politique « se conformer ou s'expliquer »? Y a-t-il un pays qui a réussi le pari?
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Je vous remercie, madame la présidente.
Tout d'abord, j'aimerais m'excuser de mon léger retard.
Je vous remercie, mesdames, de nous nourrir de vos témoignages et de votre expérience personnelle. Nous sommes conscientes et conscients que l'égalité des sexes n'est pas respectée et appliquée dans tous les domaines. L'égalité salariale ne l'est pas encore, et encore moins l'égalité sexospécifique. Nous savons qu'il va toujours falloir rester vigilantes pour tenter de préserver nos acquis.
Ma question s'adresse à Mme Roy.
J'aimerais vous dire que je suis très impressionnée. Je vous félicite de votre parcours. Je vais vous poser une question simple.
Vous a-t-il été difficile de faire entendre votre voix, en tant que femme? Avez-vous senti une quelconque discrimination? Avez-vous eu le sentiment qu'il aurait été plus facile de réaliser certaines choses si vous aviez été un homme?
Par ailleurs, vous avez dit que les garderies pourraient être très utiles quant à la prospérité des femmes. Vous n'êtes pas la seule à en parler devant ce comité. En effet, des femmes entrepreneures sont venues nous parler des difficultés liées à la garde des enfants. Certaines ont même mentionné qu'elles avaient démarré leur entreprise à domicile pour assurer la garde de leurs enfants.
Notre parti propose aux électeurs un accès universel aux garderies. J'aimerais entendre vos commentaires à ce sujet.
Enfin, j'aimerais savoir si les deux sexes sont bien représentés à l'Université d'Ottawa et, le cas échéant, si c'est fait de façon à promouvoir la participation égale.
En ce qui concerne le défi de faire entendre ma voix, je dirai qu'en tant que femme, on fait assurément face à certains préjugés, même si le sexisme est parfois subtil. En effet, j'ai fait face à certains obstacles.
Dans le contexte des réunions, par exemple, on se fait interrompre régulièrement par des hommes. Il faut toujours se battre un peu plus, crier un peu plus fort pour se faire entendre. Des attaques et des commentaires de nature sexuelle visant à dégrader ou à me retirer le crédit que j'ai réussi à acquérir sur mon campus font aussi partie de mon expérience. Bref, il y a vraiment des défis à cet égard.
Pour ce qui est de la représentation à l'Université d'Ottawa, je pense qu'il y a un lien à établir avec le sujet suivant. Je vais donc passer à la question des garderies immédiatement après. Je crois que l'Université d'Ottawa fait des efforts, mais j'ai remarqué que lorsqu'elles devaient se pencher sur la question du sexisme et de l'égalité des genres, les institutions postsecondaires se préoccupaient souvent beaucoup plus de leur image et des relations publiques plutôt que de se donner la peine d'investir dans des programmes ou des approches pouvant vraiment permettre aux étudiantes d'atteindre le même statut que leurs camarades masculins dans la salle de classe. Les gens de l'Université d'Ottawa vont vous dire qu'ils font des efforts en ce sens, mais je pense que leur manière d'aborder ces efforts vise surtout à préserver l'image de l'université et à conserver un certain statut au sein de la société.
Enfin, je pense qu'un programme universel de garderies est vraiment nécessaire. Comme je l'ai mentionné dans mon allocution, ce sont souvent les femmes qui sont responsables des dépendants, des enfants. Un programme de ce genre favoriserait certainement la condition féminine au sens plus large du terme. Comme on l'a constaté dans certaines villes — et cela a été le cas à Ottawa —, la municipalité a décidé de mettre en plus des barrières relatives à l'accès au financement des étudiantes pour les garderies. À mon avis, une approche universelle préviendrait ces problèmes ainsi que tous les défis auxquels on fait face quand on veut obtenir du financement pour les garderies.
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J'abonde dans le même sens que mes collègues et je vous remercie pour vos exposés si intéressants et éclairants. J'aimerais passer une journée avec chacune d'entre vous, mais ce n'est malheureusement pas possible.
Je serai très précise dans mes questions parce que j'en ai pour chacune d'entre vous. Je vous saurais donc gré d'être claires et concises dans vos réponses. Vous pouvez également envoyer des renseignements supplémentaires à ce comité si vous croyez devoir ajouter quelque chose qui pourrait contribuer à cette étude.
J'aimerais commencer par Mme Roy, car c'est souvent à l'université que les jeunes commencent à s'orienter.
Comme vous le savez peut-être, j'ai été famille d'accueil pour sept enfants. J'ai une belle-fille et des jumeaux alors j'estime que je suis probablement ici le parent qui a envoyé le plus de jeunes à l'université. De plus j'ai fait du mentorat pendant des décennies. Ma collègue d'en face a raison lorsqu'elle dit que nous discutons de cette question depuis au moins 20 ou 30 ans.
Ceci m'amène à des questions très précises.
Madame Roy, votre exposé était fascinant. Cependant, il ne portait pas spécifiquement sur notre sujet, soit la prospérité économique et le leadership. À titre d'organisation étudiante, je me demande si vous abordez d'autres aspects. Les universités sont grandes. On y trouve toutes sortes de secteurs et de spécialités, etc. J'ignore si l'université d'Ottawa a une école de commerce. Je ne sais pas par exemple si elle est rattachée à la Fondation canadienne de la jeunesse qui reçoit de notre gouvernement 20 millions de dollars pour aider les jeunes à se lancer en affaires. Dites-moi comment une université, une organisation étudiante et ma fille qui entre à l'université l'année prochaine peuvent obtenir des renseignements, du soutien, des renseignements sur le programme, etc. dans le but de pouvoir se lancer en affaires?
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Merci à tous nos témoins aujourd'hui.
C'est une période fascinante. Je suis ravie d'être ici aujourd'hui, car je suis mentor de deux jeunes femmes qui sont ici avec nous aujourd'hui du Club garçons et filles. Elles ont la chance d'entendre des femmes qui ont de très bonnes idées.
Je crois beaucoup à l'éducation. Je crois que je fais concurrence à Wai car j'élevais mes deux enfants pendant que je poursuivais mes études universitaires. De plus j'ai eu trois nièces et deux neveux qui ont habité avec mon mari et moi pendant leurs études.
Madame McDonald, j'aimerais d'abord m'adresser à vous et puis à Mme Archer à Edmonton.
Je me demande si nous en sommes à notre dernière guerre. Nous voulons tous que nos enfants, nos filles, aillent à l'université. Or, nous constations aujourd'hui que, dans bien des cas, il y a plus de filles que de garçons qui obtiennent leur diplôme.
Le Financial Post a publié un article intéressant l'été dernier. On y lisait que les gens qui vont à l'université gagnent moins qu'auparavant, surtout pour ceux qui étudient en arts. Ces diplômés gagnent 12 % de moins que les diplômés du secondaire une fois que l'on tient compte des coûts d'éducation. Cela illustre ce que disait Mme Roy.
Je me demande s'il n'y a pas surreprésentation aujourd'hui des gens qui vont à l'université, surtout en arts. Mme Archer nous a dit que les femmes gagnent 60 000, 80 000 ou 100 000 $ dans les métiers spécialisés. Il faut peut-être songer à réorienter nos filles, surtout lorsqu'on sait que les diplômés des collèges se dirigent vers des emplois à salaire plus élevé que les diplômés des universités.
Je souhaite donc vous poser la question à vous madame McDonald, puis à Mme Archer.