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Merci beaucoup. Je suis ravie de pouvoir m'adresser à vous.
J'ai choisi deux sujets. Je sais que je n'ai que 10 minutes, alors j'aimerais premièrement me concentrer sur ce que nous pouvons ou devons faire pour que le Canada devienne un lieu accueillant pour les professionnelles formées à l'étranger. C'est mon premier sujet de discussion. Deuxièmement, j'aimerais parler du rôle du secteur sans but lucratif et de ce qu'il peut faire pour aider les femmes à prospérer au Canada. Je pense qu'il y a un lien entre les deux.
Comme vous le savez, une grande partie de notre croissance nous vient de l'immigration. Nous attirons de très talentueuses personnes au Canada. Nous avons cependant constaté que les immigrantes qui arrivent avec de nombreux titres de compétence ne réussissent pas aussi bien que les Canadiennes nées ici, notamment sur le plan du salaire. Ce problème est très sérieux, parce que nous attirons de beaux talents, mais que nous ne donnons pas à ces femmes les occasions qu'elles méritent: elles peuvent aussi contribuer au Canada.
Quand vous m'avez présentée, vous avez mentionné mon rôle de directrice des études à l'école Business Edge. Permettez-moi de prendre quelques minutes pour vous expliquer ce que nous y faisons. Je ne cherche pas à vanter le programme, mais je pense que c'est un mécanisme qui pourrait être utilisé à l'échelle du Canada pour donner aux professionnelles formées à l'étranger le soutien qu'il leur faut.
Nous avons concentré notre programme entièrement sur les femmes, parce que la recherche de Reitz, Curtis, Elrick et d'autres a fait grande impression sur nous. Selon cette recherche, il est difficile pour les hommes professionnels formés à l'étranger de réussir ici, mais c'est encore plus difficile pour les femmes formées à l'étranger. Dans le sillage de cette recherche, nous avons déterminé qu'il fallait concevoir un programme visant à donner des conseils sur la façon de naviguer dans le milieu de travail au Canada. Je viens d'une famille établie au Canada depuis fort longtemps — nous sommes tous immigrants, mais mes origines ici remontent à un peu plus loin —, j'en suis venue à constater à quel point notre milieu de travail peut paraître différent et même étrange pour des gens d'autres pays. Il ne s'agit pas tant de leur dire comment les choses sont au Canada, mais plutôt de leur donner les règles non écrites, les règles tacites, ou tout simplement les outils qu'il leur faut pour naviguer.
Nous consacrons environ six mois à diverses activités, des cours à l'encadrement, tant sur le plan du milieu de travail que de la langue. C'est incroyable de voir comment nous pouvons prendre des personnes talentueuses dont les talents ne sont pas convenablement reconnus ici et, en une très courte période de six mois environ, faire de ces personnes découragées des membres confiants, capables de contribuer à la population active du Canada. Souvent, elles auront une promotion et, peut-être, un nouveau poste.
C'est le sous-emploi ou, en réalité, le non-emploi de personnes professionnelles talentueuses formées à l'étranger — des femmes, surtout — que nous cherchons à notre manière à résoudre. Nous avons du succès. Il serait très emballant, je crois...
Ce n'est pas un programme complexe à reproduire. Il se concentre, en fait, sur les problèmes, et sur les compétences et les talents que nous devons raffermir ou augmenter un peu. Je peux vous donner un exemple plutôt superficiel, il faut le dire, mais c'est un bon exemple.
Une de nos participantes nous a dit que personne ne répondait à ses courriels. Cela nous semblait étranger. Ses compétences linguistiques étaient excellentes. Elle avait obtenu une maîtrise en administration des affaires dans un autre pays. Nous lui avons très simplement demandé si elle voulait bien nous montrer ses courriels, car nous trouvions cela plutôt étrange. Bien entendu, au premier coup d'oeil, nous avons constaté qu'ils étaient rédigés en lettres majuscules. Complètement en majuscules — tous les mots. Elle ne savait pas qu'au Canada, cela signifie qu'on est fâché ou irrité. Dans son pays d'origine, tout est censé être écrit en majuscules. C'est un exemple très mineur, mais je pense qu'il démontre les erreurs très sérieuses qu'on peut faire sans le savoir, de manière non intentionnelle, et qui peuvent faire dérailler une carrière.
Nous travaillons vraiment à donner de l'information fondamentale sur la manière de naviguer dans le milieu du travail. Et comme je l'ai dit, nous avons véritablement du succès.
La raison pour laquelle je souhaite passer, dans une minute ou deux, à la question du secteur sans but lucratif, c'est que c'est un secteur où les femmes sont remarquablement surreprésentées. Dans ce secteur, les trois quarts des employés environ sont des femmes, mais malheureusement, la plupart des personnes qui occupent des postes de cadres sont des hommes.
Je vois un lien particulier entre les formidables occasions qui s'offrent et les talents que nos femmes professionnelles formées à l'étranger apportent, et la possibilité de les utiliser dans le secteur sans but lucratif, là où nous avons absolument besoin de leaders. Nous avons besoin de personnes qui sont capables de percevoir et de comprendre les injustices sociales que nous connaissons ici. Ayant eu l'honneur de travailler avec des femmes professionnelles formées à l'étranger, je sais qu'elles apportent de très diverses perspectives, le genre de diversité des façons de penser qui conviendrait très bien au secteur sans but lucratif.
Cela ne signifie pas, bien sûr, que les problèmes sont absents du secteur sans but lucratif. Il n'est certainement pas aussi diversifié que nous l'aimerions, compte tenu des valeurs du secteur ou, du moins, les valeurs auxquelles on prétend. L'un des aspects où l'on constate une lacune particulière, c'est le degré de diversité des conseils d'administration des organismes sans but lucratif.
L'une de mes collègues, Pat Bradshaw, et ses collègues ont réalisé une étude qui leur a permis de constater — et c'est très étonnant — que les conseils d'administration d'organismes sans but lucratif ne sont pas aussi diversifiés qu'on s'y attendrait, vu la nature de leur travail.
J'y ai donc vu deux sujets auxquels votre comité et d'autres personnes pourraient vraiment s'attaquer, car nous avons des talents qui ne sont pas exploités à leur plein potentiel, et nous avons des femmes professionnelles formées à l'étranger qui ne peuvent contribuer au Canada dans toute la mesure qu'elles voudraient. Il y a aussi un manque de leaders dans le secteur sans but lucratif, et conjuguer les deux me semble possible.
Il demeure la question de la discrimination systémique, cependant, et celle des écarts salariaux pour les femmes dans les deux secteurs. Mais je pense fermement que votre comité devrait en particulier se pencher sur ces aspects, car nous avons des lacunes dans le secteur sans but lucratif, et nous avons une surabondance de nouvelles Canadiennes aux nombreux talents qui veulent contribuer à notre économie.
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La principale difficulté que nous avons constatée — et ce n'est pas étonnant —, c'est que les gens étaient plutôt nerveux à l'idée de là où l'encadrement les emmènerait. Il y avait aussi un malaise certain — encore là, ce n'est pas étonnant — concernant l'encadrement linguistique.
Nous n'avons jamais eu comme perspective de faire des choses que les gens faisaient auparavant, comme faire disparaître les accents, et ce genre de chose. Nous n'avons pas essayé de faire ce genre de choses, car nous estimions que ce n'était pas approprié. Mais nous voulons vraiment nous assurer que tout le monde est capable de converser et de fonctionner dans la langue du milieu de travail.
L'un des problèmes que nous avons remarqués, c'est la résistance des gens devant la mesure dans laquelle les formalités semblent absentes, chez nous. Dans leurs pays d'origine, les relations avec le patron sont beaucoup plus formelles et distantes.
L'autre problème que nous avons rencontré, je dirais — et j'en ai parlé dans mon exposé —, c'est que nos participantes se demandaient réellement si elles avaient fait la bonne chose en venant au Canada et qu'il fallait leur redonner confiance en elles et leur trouver des occasions d'utiliser leurs talents et de les montrer.
Ce sont vraiment les deux difficultés que nous avons rencontrées.
L'une de ces choses est plutôt ce que j'appellerais un processus. Ceux et celles qui sont intervenus dans le cadre du programme ont clairement constaté certains des changements et des luttes vécus par les personnes qui sont venues, de même que le choix positif et la confiance, concernant leur venue au Canada.
Bon nombre des personnes qui participent à notre programme sont des personnes âgées dans la vingtaine, la trentaine et la quarantaine qui sont venues d'elles-mêmes. Elles recommencent à zéro après avoir eu une belle carrière ailleurs.
Je pense aussi que l'encadrement approfondi et fréquent fait partie des facteurs de succès. Chaque participante avait des rencontres fréquentes avec des personnes formées pour offrir de l'encadrement professionnel. Il y avait aussi l'encadrement linguistique, et je précise encore une fois que ce n'était pas pour les corriger, mais pour les aider à comprendre comment écrire un courriel correspondant au contexte canadien.
Ce sont les deux aspects: le processus de légitimation de leur expérience, et l'encadrement individuel, dans une très grande mesure.
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Je vous remercie, madame la présidente.
Je vous remercie, madame Armstrong. J'avais certaines choses refoulées en moi depuis très longtemps, et là, vous venez de chatouiller les expériences que j'ai vécues avant d'arriver ici et de parler au nom de ces femmes.
Je suis médecin de formation. J'ai choisi le Québec parce que j'avais des affinités linguistiques et culturelles avec cette province. J'étais heureuse d'arriver dans un pays où l'égalité, la démocratie et la justice sont de mise. En arrivant ici, j'ai choisi le Québec. Je ne parle pas en général pour le Canada. J'étais consciente que le système était très différent de celui de mon pays d'origine. Je peux vous dire entre parenthèses que j'avais 10 ans d'expérience et que j'avais fait la guerre du Golfe comme médecin volontaire.
Veuillez m'excuser, il y a des émotions qui remontent.
Je suis très heureuse d'être ici, au Canada, et d'être arrivée là où je suis.
Dans ma bataille au niveau provincial, j'ai toujours dit que l'immigrant a 50 % du travail à faire et que c'est la même chose pour le pays d'accueil. On est d'accord pour passer par un processus parce que les valeurs culturelles des médecins étrangers — sauf les médecins des États-Unis — ne sont pas les mêmes que celles de leur pays d'accueil. Tout le monde est d'accord sur cela. Le problème, c'est qu'on se heurte non pas à des organismes gouvernementaux, mais à des corporations professionnelles. Ces corporations, malheureusement, n'ont pas les outils pour offrir un milieu favorable à l'intégration de ces médecins. J'ai toujours dit que c'est la crainte des gens qui immigrent ici et qui ne demandent qu'à être intégrés. Comme je l'ai toujours répété, ces médecins n'avaient coûté aucun cent à la nation québécoise ou au Canada.
Je me battais pour cela parce qu'il y avait une pénurie criante, qui perdure depuis des décennies au Québec. Or j'ai remarqué qu'il n'y avait pas de réelle volonté politique d'intégrer et de profiter de cette manne d'immigrants détenant des diplômes internationaux qui arrivent ici avec tous leurs acquis.
Que recommandez-vous au comité quant à la manière dont le gouvernement fédéral pourrait contribuer à améliorer le leadership et la prospérité économique de ces femmes ici, au Canada?
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Je vous remercie beaucoup, aussi bien pour votre entrée en matière réfléchie que pour votre question stimulante.
Je vous écoutais, et je pensais à certaines de nos participantes qui ont eu des débats émotifs semblables et qui nous ont aussi beaucoup aidées.
Avant de répondre à votre question, j'aimerais dire une chose. Une personne d'Afrique du Sud connue internationalement, du moins en Afrique, a raconté qu'elle était arrivée à l'aéroport Pearson et qu'elle ne pouvait comprendre pourquoi personne n'était là pour l'accueillir avec des affiches « Bienvenue au Canada ». C'était une vedette de la télévision, et elle a trouvé très dur de passer du statut de vedette de la télé à celui de personne dont les talents n'étaient pas reconnus. Je pense que nous avons tous, dans une certaine mesure, cette même expérience, dans mon cas indirectement.
Pour répondre à votre question, l'une des difficultés que je signalerais — et encore là, je ne sais pas précisément quelle administration aurait compétence —, c'est manifestement que nos divers paliers administratifs doivent veiller à ce que le cheminement des professionnels formés à l'étranger soit facilité par un processus accéléré pour qu'ils puissent pratiquer leur profession.
Nous avons eu un étudiant qui était dentiste au Liban. Il travaillait comme gardien de sécurité. Il a été l'un des deux étudiants, je pense, à réussir aux examens requis pour pouvoir retourner faire des études en dentisterie. Ce qu'il a vécu n'a évidemment rien d'exceptionnel. Il est essentiel que nous fassions tout ce que nous pouvons pour évaluer les talents et les compétences des professionnels formés à l'étranger, qu'ils soient médecins, dentistes, avocats, etc., et pour accélérer le processus. Il faut que nous ayons les systèmes de base en place pour éviter que chaque demande soit traitée comme un cas unique.
Il est clair que nous pouvons raisonnablement établir les normes précisant ce que tel type de médecin doit être capable de faire. Nous devons être capables de dire: « Voici la liste de vérification, qui comporte les compétences et les aptitudes que tel ou tel type de médecin doit posséder. » Peu importe d'où vous venez, vous avez ces compétences ou vous ne les avez pas. Je pense que cette capacité d'accélérer les choses grâce à des processus et à la collaboration avec les universités, de manière à créer des occasions... Notre programme se concentre essentiellement sur ce que les gens du système appellent les compétences non techniques, que j'appelle les compétences dures, parce qu'elles sont dures à acquérir.
En ce qui concerne les facultés professionnelles, je pense que nous avons une très belle occasion de dire: « Nous avons ici des personnes talentueuses qui veulent travailler, et nous avons besoin de médecins en particulier. »
C'est ce que je recommanderais: concevoir un processus normalisé qui se fonde sur la recherche de talents et de compétences que des professionnels d'ailleurs ont déjà.
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Merci, madame la présidente. Merci, madame Armstrong. Je tiens vraiment à vous remercier pour votre travail qui a transformé des vies, car c'est effectivement ce qu'il fait.
Ma circonscription est l'une des plus diversifiées du pays. C'est Etobicoke-Nord, et, souvent, mes meilleures conversations, je les ai avec des chauffeurs de taxi qui peuvent être cardiologues, neurochirurgiens ou physiciens nucléaires. J'ai personnellement rencontré plus de 100 médecins formés à l'étranger. Je tiens à remercier la Dre Sellah, pour son courageux témoignage. Comme vous l'avez fait remarquer, il s'agit de médecins, d'avocats, d'ingénieurs, d'enseignants et ainsi de suite.
J'aimerais savoir comment le programme fonctionne, combien de gens sont formés; à quelle fréquence; pendant combien d'heures. Quels sont les sujets traités? Comment faites-vous le suivi?
Vous parliez d'une éventuelle recommandation pour le comité, pour l'appliquer à l'ensemble du pays. Alors, faites-nous connaître votre recommandation.
Nous offrons actuellement la septième ou huitième édition de ce programme et, comme vous pouvez l'imaginer, il s'est bonifié au fil des années.
Chose plutôt curieuse, les partenaires masculins des femmes nous ont notamment demandé de créer pour eux un programme, parce qu'ils étaient un peu déconcertés, je dirais dans un sens positif, par le fait que leurs partenaires, qui saisissaient une occasion fabuleuse d'apprentissage, apprenaient des choses qu'eux aussi auraient voulu savoir. Nos programmes pour les hommes et les femmes sont donc quelque peu intégrés, mais pas entièrement. Par exemple, les cours en communication sont séparés, en raison des styles différents de communication et ainsi de suite.
Le programme, en bref, dure environ six mois. Il comporte des travaux en classe et beaucoup de cours particuliers sur la carrière et la langue, comme je l'ai dit. Mais, aussi, nous favorisons beaucoup l'encadrement mutuel. Nous constatons que les petits groupes de huit ou dix personnes qui s'encadrent mutuellement se révèlent extrêmement efficaces.
Nous acceptons environ 45 personnes par session. Nous sommes en mesure de donner le programme deux fois par année. Nous avons eu le bonheur d'être généreusement financés par la province. Les participants paient essentiellement ce qu'ils peuvent. Les frais d'inscription sont minimes, mais nous accordons aussi un certain nombre de bourses. Nous faisons notre possible pour que les coûts ne soient pas prohibitifs. Nous tenons à accueillir le plus de clientèles possible. Nous ne tenons certainement pas à avoir l'impression que nous sommes les seuls, comme cela a été, à nous adresser aux professionnels formés à l'étranger qui sont en mesure de payer. Nous nous adressons à tous les professionnels formés à l'étranger qui, quelle que soit la raison, sont sous-employés ou, peut-être, se trouvent dans un cul-de-sac.
Pour nous, les promotions sont aussi un signe de réussite. Très souvent, pendant les six mois qu'ils sont avec nous, les participants quitteront un emploi qui n'est pas mal pour un emploi même meilleur que celui qu'ils avaient dans leur pays d'origine. Nous mesurons donc notre réussite en fonction des promotions.
Nous restons en contact avec tous nos participants, en employant les outils ordinaires qu'utilisent des entreprises, comme LinkedIn et ainsi de suite. Notre réseau d'anciens est dynamique, et nous faisons souvent appel à eux, pour en faire les ambassadeurs du programme. Par exemple, l'un de nos participants est maintenant encadreur dans le programme. Comme vous pouvez l'imaginer, c'est un professionnel formé à l'étranger qui a pu passer d'un excellent emploi à un emploi encore meilleur. C'est donc un modèle et un ambassadeur, qui est aussi capable d'établir un lien direct et immédiat avec nos participants. La réussite s'exprime aussi, à nos yeux, par le perfectionnement personnel.
Un paramètre un peu plus difficile à mesurer est la progression de la confiance en soi. Je ne multiplierai certainement pas les anecdotes à ce sujet, mais qu'il suffise de dire que, au fil des années que j'ai passées dans le programme, j'ai constaté une augmentation de la confiance en soi dès la première journée, qui, six mois plus tard, atteignait un niveau absolument stupéfiant. C'est vraiment utile et stimulant, parce que ces gens vont occuper un emploi dans lequel ils changeront les choses.
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Merci pour cette question.
Ce n’est pas un problème que nous explorons habituellement, quoique, comme vous pouvez l’imaginer, on nous en parle régulièrement, car les participantes au programme éprouvent les mêmes difficultés que les autres femmes du pays en matière de services de garde d’enfants. Nous ne tentons pas de trouver des solutions, car ce n’est pas vraiment de notre ressort. Mais, ce que nous faisons, c’est que nous leur parlons franchement et ouvertement de la nature de la discrimination systémique qui s’exerce au pays. Pour elles, cela constitue un fardeau supplémentaire. Je fais peut-être l’objet de discrimination, mais je ne suis pas une nouvelle Canadienne. Nous abordons cette question dans le cadre de nos conversations. Selon moi, il est essentiel qu’elles sachent ce qui les attend. Je ne veux pas que l’histoire se répète... un homme a déjà dit: « Puisque je n’ai pas connu de succès au Canada, j’ai le sentiment d’avoir laissé tomber les immigrants canadiens. » Il est extraordinaire de constater qu’il se voyait en quelque sorte comme le représentant d’un groupe. Mais, comme vous le savez, ce n’est pas une expérience atypique pour les femmes. Les femmes ont souvent l’impression d’être seules ou d’être les représentantes d’un groupe quelconque. Elles s’inquiètent alors si elles ne satisfont pas les standards externes qui leur sont imposés.
J’essaie d’être très franche avec les participants au sujet de la discrimination systémique, mais sans les décourager. Il est clair qu’elles doivent savoir à quoi s'attendre, mais elles doivent aussi apprendre à ne pas se sentir coupables, car elles devront combattre deux — voire même trois — stéréotypes: elles sont des femmes, elles sont définies par leur race et elles sont de nouvelles Canadiennes.
Bref, malgré le fait que nous ne leur en parlons pas directement, nous tentons de leur souligner les défis qui se dressent devant elles et de leur faire comprendre qu’elles risquent de devoir combattre trois stéréotypes. J’essaie de leur parler de ces obstacles sans miner leur confiance, sinon nous manquons notre objectif.
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Merci beaucoup. Je ne croyais pas avoir l’occasion d’intervenir.
Merci, madame Armstrong.
Je remplace un collègue qui voyage avec le . Je suis ravie d’être ici.
Je suis une entrepreneuse. J’ai de l’expérience dans le milieu des affaires. Je suis toujours enchantée d’apprendre qu’il existe des occasions pour les femmes de se lancer en affaires.
Je discute souvent avec les jeunes dans les écoles. Lorsque je leur demande ce qu’ils veulent faire après leurs études et qu’ils me disent qu’ils envisagent d’aller à l’université et de se trouver un emploi, je leur demande pourquoi ils ne veulent pas créer leur propre emploi. Lorsqu’on a un emploi, c’est quelqu’un d’autre qui décide de notre lieu de travail, de notre horaire et de notre salaire. Il n'y a rien de plus merveilleux que de travailler pour soi, de façonner son avenir et de poursuivre ses rêves.
Les cérémonies d’inauguration auxquelles je participe dans ma circonscription figurent parmi les activités les plus spectaculaires et prometteuses auxquelles je pourrais participer. Outre la naissance d’un enfant, la naissance d’une entreprise, c’est la réalisation d’un rêve.
J’ai coupé le ruban lors d'une telle cérémonie à Newmarket pour l’ouverture d’un spa. Il s’agit de l’entreprise d’une immigrante arrivée au pays il y a sept ans. Elle a pris les compétences qu’elle a acquises et s’est investie dans ce projet. Elle vit un rêve rare.
Je félicite tous ceux qui se lancent en affaires, notamment les femmes qui prennent cette décision pour vivre leur rêve. C’est très stimulant.
J’aimerais revenir à votre commentaire sur la façon de faire avancer cette idée des professions. Vous savez mieux que quiconque qu’il s’agit d’une compétence provinciale. Le gouvernement fédéral a la responsabilité d’accueillir les nouveaux arrivants au pays, mais selon la Constitution, les certificats professionnels sont de compétence provinciale. Personne ne souhaite rouvrir la Constitution pour en débattre.
Souvent, les associations professionnelles adoptent des critères encore plus restrictifs pour l’attribution de certificats. En Ontario, le programme de médecins formés à l’étranger, par exemple, accueille environ 200 participants par année. Mais, on ne parle ici que de compétences académiques.
Il faudrait un peu plus de souplesse. Je conviens que ça doit se négocier. Je n'hésiterais pas à me faire opérer en Allemagne, en France ou en Angleterre, par exemple.
Pourrions-nous amorcer les discussions avec ces associations professionnelles à l’échelle du pays pour leur faire comprendre qu’un certificat délivré en Ontario devrait être accepté à Terre-Neuve ou vice versa?
Il existe 450 agences responsables de la délivrance de titres de compétences au pays. Que peut-on faire pour commencer à faire tomber ces barrières et ensuite amorcer les négociations avec d’autres pays?
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C’est une question très difficile à répondre.
Une des recommandations du comité, du point de vue des femmes, pourrait être d’analyser les processus possibles et de déterminer quelles négociations amorcer pour s’assurer que la question des titres de compétences étrangers est traitée équitablement, tant pour les hommes que pour les femmes.
J’imagine que les professionnelles formées à l’étranger craignent un peu de se frotter aux agences responsables de la délivrance des titres de compétences. Ça vous est sûrement déjà arrivé d'aller dans un laboratoire pour une prise de sang et d'apprendre en discutant avec la technicienne qu’elle était médecin dans son pays.
Selon moi, un des moyens serait de se concentrer d’abord sur les femmes. Encore une fois, je suis consciente que cela pourrait être délicat, car les autres groupes demanderont: « Pourquoi pas nous? »
Je crois qu’il serait justifié de s’assurer d’abord que les agences responsables de la délivrance des titres de compétences traitent les femmes équitablement et qu’elles analysent correctement leurs dossiers.
J’ai remarqué que certaines professionnelles formées à l’étranger n’ont peut-être pas suffisamment confiance en elles pour faire valoir les raisons pour lesquelles elles devraient être reconnues et traitées comme des médecins, profession qu’elles occupaient dans leur pays.