Chers membres du comité, nous accueillons ce matin la ministre Verner. Je viens de parler à la ministre, et je pense avoir déjà parlé à la plupart d'entre vous. La ministre a préparé des notes que nous avons tous eu l'occasion d'examiner. Je voudrais donc inviter la ministre à faire de brèves remarques liminaires.
Les membres du comité voudraient surtout profiter de l'occasion pour discuter avec vous. Si nous n'avons pas cette occasion, les membres seront forcément déçus.
Avec cette petite introduction, madame la ministre, je vous invite à faire quelques remarques liminaires. Nous avons déjà lu le texte de votre discours. Si vous voulez bien être brève, nous pourrons profiter de cette occasion pour entamer une discussion intéressante avec vous, et ce serait certainement très apprécié.
Bienvenue, madame la ministre, et merci de votre présence parmi nous aujourd'hui.
Vous avez la parole, madame la ministre.
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Si vous le permettez, je vais faire mon allocution, comme prévu. Je serai ensuite prête à répondre aux questions des membres du comité.
Madame la présidente, chers membres du comité, je suis heureuse d'être ici pour exprimer la volonté du gouvernement du Canada d'atteindre l'objectif de la pleine participation des femmes à la société canadienne, et pour présenter les réalisations récentes de Condition féminine Canada. Permettez-moi de commencer par féliciter la présidente de sa réélection et de féliciter Mmes Davidson et Mathyssen de leur réélection à la vice-présidence.
Je suis accompagnée de Clare Beckton, coordonnatrice de Condition féminine Canada, que vous avez déjà rencontrée deux fois. Je crois savoir que le comité a entrepris l'étude des budgets sexospécifiques. Ce domaine m'intéresse vivement à l'approche des délibérations de la Commission de la condition de la femme des Nations Unies autour du thème du financement de l'égalité entre les sexes.
Dans le discours du Trône, nous avons énoncé nos cinq priorités actuelles, soit: renforcer la souveraineté du Canada et sa place dans le monde; renforcer la fédération et nos institutions démocratiques; assurer la prospérité future par un leadership économique efficace; s'attaquer aux crimes et assurer la sécurité des Canadiens; améliorer l'environnement et la santé des Canadiens.
Le travail de Condition féminine Canada respecte ces priorités et se concentre sur les grands obstacles auxquels les femmes sont confrontées en intervenant dans plusieurs secteurs de politiques touchant la sécurité économique des femmes et la violence faite aux femmes. Les deux principaux instruments d'action de Condition féminine Canada — sa fonction de conception de politiques stratégiques et de création de partenariats, d'une part, et ses mécanismes de financement, d'autre part — sont interdépendants.
Cette approche place l'organisme en bonne position pour lever les obstacles qui nuisent à la pleine participation des femmes à la société, des obstacles qui sont souvent plus puissants pour les femmes appartenant à une minorité visible, pour les immigrantes, les aînées et les femmes autochtones.
[Traduction]
Pour exprimer notre ferme appui à la réussite de Condition féminine Canada, le budget de 2007 prévoyait le versement de 10 millions de dollars à l'organisme, ce qui portait le budget total à 29,9 millions de dollars, somme sans précédent pour Condition féminine Canada. Le Programme de promotion de la femme de Condition féminine Canada se compose du Fonds communautaire pour les femmes et du nouveau Fonds de partenariat pour les femmes.
[Français]
En octobre, j'ai annoncé le versement, dans le cadre du Fonds communautaire pour les femmes, de huit millions de dollars à 60 projets lancés à la grandeur du pays à la suite d'un premier appel de propositions, en juin dernier. Ces projets auront une incidence positive sur plus de 260 000 femmes et filles en s'attaquant aux obstacles auxquels elles sont confrontées, en les sensibilisant à la prévention de la violence, en les aidant à accroître leurs connaissances en matière de finance et en favorisant la création de réseaux d'entraide.
En novembre, j'ai annoncé le lancement d'un deuxième appel de propositions relativement au Fonds communautaire pour les femmes. Cet appel a pris fin le 21 décembre dernier et j'ai le plaisir de vous annoncer que nous avons reçu 342 demandes, ce qui constitue une augmentation appréciable par rapport au premier appel de propositions. Nous mettrons l'accent sur les projets qui favorisent la sécurité économique et la prospérité des femmes, leur santé et leur sécurité, ainsi que sur les projets qui visent à mettre fin à toutes les formes de discrimination et de violence à l'endroit des femmes. Ces projets doivent favoriser l'avancement de l'ensemble des femmes du Canada et doivent servir à stimuler les partenariats à l'échelle de la société pour répondre aux besoins des femmes.
À la fin de l'année dernière, j'ai annoncé un premier projet dans le cadre du nouveau Fonds de partenariat pour les femmes avec mon homologue provinciale à Québec, Mme Christine St-Pierre, et l'École nationale d'administration publique.
Grâce à un financement de 1,05 million de dollars sur trois ans du gouvernement du Canada et de 600 000 $ du gouvernement du Québec, le Groupe Femmes, Politique et Démocratie fournira de la formation au leadership à des femmes qui font office de mentors auprès d'autres femmes québécoises intéressées à participer au processus démocratique.
Un pays solide est un pays où les femmes peuvent participer à la vie collective, apporter leur contribution à la société et réaliser leurs rêves.
La violence faite aux femmes et aux filles est une source d'inquiétude majeure pour la population canadienne. En conséquence, la réduction de la violence faite aux femmes constitue une priorité de tous les instants pour Condition féminine Canada. En particulier, les femmes autochtones du Nord connaissent des taux de violence et de chômage plus élevés que la moyenne nationale. Elles ont des conditions de vie de qualité inférieure et un accès moindre aux soins de santé, aux services sociaux et à d'autres formes de soutien. Une attention renouvelée accordée aux régions nordiques du Canada favorisera le développement économique et social, y compris de meilleures conditions de vie, qui bénéficiera directement aux femmes qui vivent dans ces régions.
[Traduction]
Le partenariat actuel entre Condition féminine Canada et l'Association des femmes autochtones du Canada améliore la vie des femmes autochtones grâce à la campagne Soeurs d'esprit, qui lutte contre la violence à caractère raciste et sexiste à l'endroit des femmes autochtones.
Lors du premier Sommet national des femmes autochtones, qui a eu lieu en juin 2007 à Terre-Neuve-et-Labrador, le gouvernement du Canada a annoncé un financement de près 56 millions de dollars sur cinq ans pour les programmes de prévention de la violence familiale et les services dans les réserves.
[Français]
L'engagement du gouvernement à introduire de nouveau un projet de loi visant à abroger l'article 67 de la Loi canadienne sur les droits de la personne est une bonne nouvelle pour les femmes autochtones qui vivent dans les réserves, puisqu'elles auront accès aux mêmes droits que les autres Canadiennes. Condition féminine Canada a effectué un travail soutenu sur cet enjeu en montrant les effets de l'article 67 sur les femmes.
La traite des personnes demeure une préoccupation grave et un problème croissant pour les femmes et les filles, au Canada et au-delà de nos frontières, une situation que le comité connaît bien, comme en témoignent ses travaux dans ce domaine. Je suis ravie que vous ayez l'intention de poursuivre ces travaux.
Le budget de 2007 affectait six millions de dollars à la lutte contre le problème de plus en plus grave de l'exploitation et de la traite des enfants. À l'approche des Jeux olympiques de 2010 à Vancouver, notre gouvernement prend des mesures pour lutter contre la traite des jeunes femmes et des filles.
La GRC dirige une équipe de partenaires fédéraux et d'autres acteurs clés, dont Condition féminine Canada, qui améliore les connaissances, les compétences et l'application des lois sur la traite des personnes et les services requis par les victimes de cette pratique déplorable.
Mes collègues ministres auront la chance de vous en parler davantage lors de leur comparution prochaine devant le comité.
Atteindre la sécurité économique reste un défi pour de nombreuses femmes au Canada. C'est pourquoi l'une des priorités de Condition féminine Canada est la promotion de la sécurité économique et de la sécurité des femmes.
[Traduction]
Je suis heureuse de travailler de concert avec le Forum des ministres fédérale, provinciaux et territoriaux responsables de la Condition féminine pour promouvoir l'autonomie et la sécurité des femmes, et pour améliorer la situation des femmes autochtones au Canada.
La croissance de la participation des femmes à la population active, y compris celle des travailleuses plus âgées, servira de force motrice à la croissance économique et à une productivité durable qui profiteront à toutes les Canadiennes et à tous les Canadiens.
Toutefois, bien que la participation des femmes à la population active ait augmenté, il reste encore beaucoup de travail à faire. Le ministère des Finances a réalisé une analyse comparative entre les sexes qui portait sur les mesures fiscales des budgets de 2006 et de 2007, et il continuera de le faire à l'avenir. Cette action est essentielle pour que les femmes participent pleinement à la vie économique du pays.
[Français]
Pour atteindre des résultats concrets, il faut avoir la capacité de surveiller et de mesurer les progrès en se fondant sur des objectifs de politique et des programmes qui soient liés à la responsabilisation et aux résultats mesurables. C'est pourquoi Condition féminine Canada collabore avec des organismes et des ministères clés pour intégrer les rapports sur l'égalité entre les sexes au mécanisme de responsabilisation du gouvernement, créer un ensemble d'indicateurs visant à mesurer la situation des femmes au fil des années.
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Je vous remercie, cher collègue, de votre question.
Une soixantaine de projets ont été annoncés l'automne dernier. En voici quelques exemples.
Au Nouveau-Brunswick, le financement appuiera un projet qui vise à lever les obstacles uniques auxquels sont confrontées les femmes des régions rurales victimes de violence dans un milieu non urbain.
Au Québec, le financement appuiera un projet visant à sensibiliser les jeunes femmes âgées de 9 à 17 ans au danger de la violence faite aux femmes.
En Ontario, le financement appuiera un projet qui fera le jumelage de femmes immigrantes et réfugiées avec des mentors afin de les aider à faire la transition vers un emploi à temps plein ou pour devenir propriétaires d'entreprise.
En Colombie-Britannique, le financement appuiera un projet qui traitera de la marginalisation et de l'exclusion sociale auxquelles sont confrontées les femmes appartenant à une minorité visible, de même que les femmes et les filles autochtones.
À l'échelle nationale, le financement appuiera, entre autres, un projet pour approfondir les connaissances en matière de finances des femmes autochtones afin de les préparer à retourner dans leur collectivité après avoir eu accès au service d'hébergement.
En Alberta, le financement appuiera un projet qui aidera les femmes autochtones des milieux urbains à améliorer leur vie grâce à des activités de soutien et de mentorat dans un effort d'améliorer leur situation économique.
Comme vous pouvez le constater, il s'agit d'un ensemble de projets qui aident les femmes directement non seulement à assurer leur sécurité économique, mais à assurer qu'elles pourront prendre part à la vie démocratique du pays.
Madame la ministre, merci beaucoup de votre présence ce matin.
Je dois avouer que j'ai du mal à suivre vos explications au sujet de ce qui me semble être un simple changement de terminologie en ce qui concerne le mot « égalité ». J'ai donc besoin d'obtenir des éclaircissements. Il y a deux sujets que je voudrais aborder avec vous, et j'ai besoin d'éclaircissements.
Le programme de Condition féminine Canada — c'est-à-dire, le programme global — vise-t-il à présent à promouvoir l'égalité pour les femmes au Canada? Et cela veut-il dire que des organismes tels que l'association nationale Femmes et Droit pourra maintenant bénéficier de financement? Cela veut-il dire que des organismes dont le financement a été réduit, étant donné qu'ils défendent l'égalité des femmes dans toutes sortes de domaines, vont maintenant bénéficier de financement? Voilà donc pour le premier sujet.
Nous avons regardé votre site Web. Quelqu'un a soulevé une objection parce que nous regardions nos Blackberrys, mais le fait est que nous étions en train de consulter votre site Web. Et le fait est que nous avons trouvé un ajout, mais un seul. Donc, j'ai peur que nous, de même que les groupes qui demandent du financement, nous fassions jouer des tours en raison de simples changements de terminologie. D'ailleurs, les représentantes de ces mêmes groupes me parlent de la façon dont elles doivent formuler les choses afin d'obtenir du financement. Pour moi, tout ce processus est malhonnête et trompeur.
L'autre sujet que je voudrais aborder — et je tiens à soulever cette question publiquement avant que mon temps de parole ne soit écoulé — concerne le fait que vous parlez fréquemment d'organismes internationaux, comme l'ONU, et du travail que vous effectuez sur la scène internationale. Au moment d'examiner l'incidence du Programme de contestation judiciaire, nous avons justement soulevé la question de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes. Or les représentantes de REAL Women nous ont dit que cette convention ne doit pas être prise au sérieux et qu'il ne faut tenir aucun compte de ce qu'elle prévoit. J'aimerais savoir si vous pensez ou non que le Canada a certaines obligations en vertu de cette convention.
Pendant la campagne électorale, le premier ministre — comme vous le savez certainement — a signé un engagement à l'égard de cette convention, engagement qui, d'après nous, n'a pas été respecté. J'aimerais donc savoir si vous êtes d'accord avec REAL Women, et si c'est pour cette raison que vous n'avez pas respecté votre engagement.
Parallèlement, je voudrais savoir si REAL Women a bénéficié de financement en vertu de votre programme.
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Merci, madame la présidente.
Madame la ministre et madame Beckton, merci de votre présence ce matin.
Madame la ministre, à la suite de votre énoncé, j'ai quatre questions à vous poser. Je vais vous les poser en rafale, et vous y pourrez répondre de la même façon.
Premièrement, par rapport au budget sexospécifique, il y avait auparavant dans les ministères une personne formée par Condition féminine Canada qui était chargée de faire l'analyse différenciée selon les sexes. Il semble que ces personnes ne reçoivent plus de formation de Condition féminine Canada. Pourriez-vous infirmer ou confirmer cette information?
Ensuite, les refuges pour femmes autochtones ont reçu des fonds particuliers cette année pour pouvoir répondre aux besoins des communautés autochtones. Or, on sait que ce n'est pas suffisant. Avez-vous l'intention d'augmenter de façon permanente les fonds destinés aux refuges pour femmes autochtones violentées?
Troisièmement, vous avez dit avoir rencontré en Afghanistan le ministre de la Condition féminine de ce pays. Le Parlement afghan ne comptait qu'une seule femme, Mme Malalai Joya. Elle a été expulsée du gouvernement pour s'être prononcée contre les seigneurs de la guerre. Avez-vous fait des pressions auprès du gouvernement afghan pour demander la réintégration de Mme Joya?
Voici ma dernière question. Vous dites vouloir améliorer la sécurité économique des femmes. Croyez-vous qu'il serait important de présenter une nouvelle loi proactive pour atteindre l'équité salariale?
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Merci, madame la ministre.
J'ai une question à poser, et je voudrais également que vous répondiez à ma question concernant les raisons pour lesquelles l'ancienne ministre n'a pas accepté les conseils de la bureaucratie en ce qui concerne les changements à apporter au programme. De plus, s'agissant de vos déclarations au sujet du changement de mandat, nous avons regardé le site Web, et il est vrai que vous avez changé le texte à la première page; il reste qu'il n'y a eu aucun changement en ce qui concerne le financement, et c'est cela qui m'inquiète.
Vous avez annoncé au comité toutes sortes de changements positifs, mais je vous rappelle ce qui est arrivé en juin dernier. Je suis allée à Kampala avec la ministre d'État afin d'assister au Huitième sommet des femmes du Commonwealth. La brochure qui a été présentée aux membres du Commonwealth décrivait l'ancien mandat. Elle indiquait que le Canada, ou plutôt CFC, finançait des activités de défense et de promotion, de recherche, et de lobbying alors que cela faisait des mois et des mois qu'un changement avait été opéré sur ce plan-là. Je crains, madame la ministre, que CFC, le gouvernement du Canada et la ministre d'État aient induit en erreur les membres du Commonwealth. Je crains que cette description retravaillée du mandat de Condition féminine Canada que vous nous présentez maintenant ne corresponde pas à la réalité.
J'aimerais donc vous entendre sur le refus du gouvernement de suivre les conseils des bureaucrates, qui vous recommandaient de ne pas changer le mandat, sur le fait que les conditions de financement n'ont pas changé et qu'à la réunion des membres du Commonwealth, vous avez présenté des renseignements trompeurs aux membres du Commonwealth.
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Madame la ministre, voilà qui termine notre réunion. Je voudrais simplement faire quelques remarques de clôture. Ce n'est pas quelque chose qu'un président fait régulièrement, mais vous ayant écoutée, je dois vous dire qu'il y a deux choses qui m'inquiètent beaucoup. Et, si je suis aussi inquiète, c'est parce que vous parlez de la sécurité économique des femmes. Nous avons justement reçu un certain nombre de femmes vivant en milieu rural qui nous expliquaient qu'elles avaient autrefois accès à des bureaux régionaux pour les aider à améliorer la situation économique des femmes. Nous sommes donc assez inquiètes quant à la fermeture de ces bureaux-là, puisque ce sont les femmes en milieu rural — les femmes les plus vulnérables — que vous ne pourrez plus aider.
En présentant vos dernières conclusions, pourriez-vous nous dire ce que vous comptez faire en ce qui concerne les 12 bureaux régionaux qui ont fermé? Cette décision nuit gravement à l'amélioration de la situation économique des femmes.
Deuxièmement, vous dites — j'ai lu votre document très attentivement — que le gouvernement a augmenté le budget de 40 p. 100 par rapport à 2006. En 2007, vous avez majoré le budget de 40 p. 100, mais en 2006, vous avez réduit le budget de fonctionnement de 100 p. 100. Donc, si vous l'avez majoré de 40 p. 100, on doit en conclure qu'il reste un manque à gagner correspondant à 60 p. 100 du budget de fonctionnement du ministère.
Si vous n'êtes pas en mesure de répondre à cette question parce qu'elle touche le fonctionnement du ministère, peut-être pourriez-vous nous envoyer des renseignements à ce sujet, parce qu'un changement de nuances dans vos textes ne m'aidera pas. Le fait est que si vous réduisez le budget de 100 p. 100 — oui, on sait que vous l'avez augmenté de 40 p. 100 par rapport à l'année précédente — cela ne permet vraiment pas de faire avancer la situation économique des femmes.
Donc, je vous invite maintenant à faire quelques dernières remarques.
Merci.