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Merci. C'est un grand honneur de comparaître devant vous aujourd'hui.
Je me présente: John R. Bartle. Comme on l'a signalé, je suis professeur et directeur à l'École d'administration publique de l'Université du Nebraska à Omaha.
Mon exposé porte sur les considérations administratives dans l'application des budgets sexospécifiques.
Comment définir le budget sexospécifique? Pour mon propos, je le définirai comme un budget gouvernemental qui intègre explicitement les différences entre les sexes à une partie ou à la totalité de la prise de décisions sur la répartition des ressources et la production de revenus. Définition large, donc, et je crois que c'est une bonne façon d'aborder la question. Si on se tient à cette définition, on peut dire que plus d'une soixantaine de pays ont pris, aux niveaux national ou infranational de gouvernement, des initiatives budgétaires qui tiennent compte des différences entre les sexes.
Passons directement aux leçons tirées de l'expérience d'autres pays. Il y a cinq leçons. D'abord, il faut l'adhésion des acteurs de l'État et de la société civile. C'est essentiel à la réussite de la budgétisation sexospécifique: adhésion d'un côté comme de l'autre.
Deuxième leçon: les budgets sexospécifiques peuvent s'intégrer aux budgets de tous les ordres de gouvernement. Ils ne sont pas efficaces à un seul niveau, local, provincial, fédéral ou central.
Troisièmement, le contexte politique et les valeurs sociales en place influent beaucoup sur l'acceptation. Dans bien des pays où ces budgets ont bien marché, c'est selon moi en grande partie parce que le contexte politique et les valeurs sociales étaient propices.
Quatrièmement, et c'est peut-être le plus important — j'y reviendrai —, la budgétisation sexospécifique peut s'intégrer à toutes les étapes du cycle budgétaire: préparation, étude, exécution et vérification ou évaluation. Pour insister encore plus, je dirais qu'il faut vraiment l'intégrer à ces quatre étapes si on veut qu'elle donne vraiment des résultats.
Cinquièmement, il est essentiel de pouvoir compter sur des compétences techniques et des données. À défaut, l'effort est très difficile, voire voué à l'échec.
Voici maintenant des exemples de la façon dont la sexospécificité peut s'intégrer aux quatre étapes du cycle budgétaire. Dans la préparation du budget, pour commencer, le Trésor ou le ministère peuvent établir les objectifs en préparant la marche à suivre; comme toute série d'instructions de l'exécutif, cette marche à suivre peut faire partie du message transmis par le budget.
Au stade de l'approbation du budget, on peut utiliser des objectifs sexospécifiques dans la législation et les crédits. Il est possible d'établir des objectifs précis dans le cadre de la législation.
Troisièmement, au stade de l'exécution, il peut y avoir des lignes directrices sur les dépenses discrétionnaires de l'organisme. Autrement dit, l'assemblée législative peut encadrer l'utilisation des fonds discrétionnaires.
À l'étape de la vérification et de l'évaluation, vous savez sans doute que les vérifications sexospécifiques sont assez courantes. On peut alors s'assurer que les objectifs sexospécifiques ont été respectés.
Ce ne sont là que des exemples, et il y en a beaucoup d'autres. Dans le document que j'ai rédigé — je crois que l'attachée de recherche du comité, Mme Morgan, le connaît —, j'en donne d'autres, et je me ferai un plaisir de les expliquer davantage.
Pour analyser les dépenses, on a besoin de certains outils, et il existe des outils de budgétisation sexospécifique. Il faut concevoir et utiliser des moyens d'analyse pour établir les effets différents des décisions financières sur les deux sexes. Le cadre conceptuel nécessaire existe depuis longtemps. Ce n'est pas si difficile. Budlender et Sharp y ont travaillé. Ils ont distingué trois catégories de dépenses pour établir les effets différents que les dépenses publiques ont sur les deux sexes.
Ces trois catégories sont les suivantes: d'abord, les dépenses expressément désignées comme fondées sur les différences entre les sexes; deuxièmement, les dépenses axées sur des objectifs d'égalité des chances visant à modifier la composition de la population active selon le sexe; troisièmement, les dépenses que les auteurs qualifient de générales et qui sont, et de loin, les plus importantes.
Dans le cas des dépenses générales, on peut recourir à diverses techniques d'analyse. Je n'entrerai pas dans les détails pour l'instant. Je les énumère simplement. Je me ferai un plaisir d'y revenir plus tard.
On peut faire ce qu'on appelle une analyse de l'incidence des dépenses pour voir quels sont les effets réels des dépenses sur les personnes. Il est possible d'évaluer la politique sous l'angle de l'égalité des sexes; il s'agit de considérer une politique dans un contexte plus large que celui du budget. Il peut y avoir des énoncés budgétaires attentifs aux différences entre les sexes, des énoncés qui sont un peu en marge du processus budgétaire, mais qui analysent les dépenses dans un domaine particulier. Il peut y avoir des évaluations des bénéficiaires: comment les bénéficiaires sont-ils touchés, quel est l'impact sur les femmes, les hommes, les filles et les garçons? Il y a encore les études de l'emploi du temps: comment les gens utilisent-ils leur temps et quels sont les effets des changements des politiques sur cet emploi du temps?
Ce qui importe ici, c'est simplement de savoir qu'on peut utiliser divers moyens d'analyser les dépenses.
Aux États-Unis, je ne suis au courant que d'une seule initiative de budget sexospécifique, jusqu'à maintenant, et c'est à San Francisco. Il y a aussi une amorce en Géorgie, mais il ne s'y est pas encore fait grand-chose.
En avril 1998, la ville et le comté de San Francisco ont exigé des divers services une analyse sexospécifique. Aux travaux publics, on a remarqué que cela avait suscité une plus grande sensibilisation aux effets sexospécifiques de la prestation des services. Depuis l'analyse s'est appliquée à d'autres secteurs. Il y a eu un effet dans ce cas-là.
Votre dernière séance a porté plutôt sur les revenus. Je ne m'y attarde donc pas beaucoup, sinon pour dire que, dans la plupart des analyses sexospécifiques, on s'est intéressé un peu moins aux revenus.
La plupart des lois fiscales ne sont pas neutres à l'égard des deux sexes; elles ne tiennent pas compte, plutôt. Autrement dit, elles ont des effets, mais nous n'y faisons pas attention ou nous ne les connaissons pas. Et il est possible que, si on fait abstraction de ces différences, il y ait de graves injustices.
Je conclus. La budgétisation sexospécifique peut-elle donner des résultats? Oui. On n'a pas besoin d'une nouvelle formule. Il n'est pas nécessaire d'emprunter une approche unique, uniforme pour l'appliquer. Elle peut s'appliquer dans toutes les formules budgétaires. Inutile d'écarter celle qui est en place pour en adopter une nouvelle. On peut se servir de celle qui est en place, et c'est utile de le faire. La sexospécificité peut être intégrée aux formules en place: budget par objets, budget fondé sur le rendement, etc.
Les cinq leçons que j'ai énumérées tout à l'heure permettent aussi d'entrevoir les obstacles à lever. Ce sont des facteurs importants qu'il ne faut pas perdre de vue.
Comme dans toute réforme administrative, il y a, je suis sûr que vous le savez, de nombreuses difficultés à surmonter pour assurer la pleine mise en oeuvre. Pour que la budgétisation sexospécifique s'institutionnalise, il faut qu'elle s'intègre au processus budgétaire ordinaire. S'il s'agit d'un ajout à l'extérieur du processus budgétaire, il n'y a pas une pleine intégration au tissu du budget.
Le critère, au fond, est de voir si le budget sexospécifique peut survivre aux changements de gouvernement. Cela a toujours été le problème. Il faut justifier le travail nécessaire, mais nous avons constaté que cela fonctionne, et il me semble que, plus que toute autre chose, c'est une question d'engagement.
Je conclus là-dessus. Merci d'avoir pris le temps de m'écouter.
Le comité entreprend donc l'étude de la budgétisation spécifique. C'est dans cette optique qu'il faut entendre mes observations: vous envisagez toujours cette étude, mais vous n'êtes pas en train de la réaliser.
Je suis ici, je présume, en raison de mon expérience d'économiste principale au Centre canadien de politiques alternatives, où je me suis beaucoup occupée de la préparation du budget fédéral de rechange. J'enseigne maintenant à l'École d'administration et de politique publique de l'Université Carleton. Depuis un certain temps, je suis assez loin du CCPA. Si vous avez des questions d'actualité sur lui, je peux vous aiguiller.
Mon travail a beaucoup porté sur les budgets en soi plutôt que sur la budgétisation sexospécifique. Je n'ai pas abordé mon travail sur le budget fédéral de rechange que nous préparons avec une connaissance particulière de la budgétisation sexospécifique ni avec un certain engagement à cet égard. Je cherchais à améliorer l'élaboration des budgets en général et à préconiser des mesures fiscales et des dépenses à la fois efficaces et justes.
J'ai constaté, en fouillant les questions budgétaires fédérales, qu'il y avait des omissions et des lacunes graves, voire débilitantes, dans la façon dont nous élaborons généralement le budget fédéral. Ces omissions sont coûteuses. Nous prenons des décisions financières de qualité inférieure et nous gâchons des idées prometteuses parce que nous n'employons pas tous les outils à notre disposition pour concevoir une politique d'intérêt public sensée. Le plus troublant, c'est qu'il est possible d'éviter ces erreurs.
Je me suis intéressée à la budgétisation sexospécifique parce que j'y vois un excellent moyen d'améliorer la politique d'intérêt public. Il est tout à fait possible d'améliorer notablement la politique d'intérêt public au Canada au moyen d'une initiative de budgétisation sexospécifique plutôt modeste et tout à fait réalisable.
Je vais aborder avec vous aujourd'hui trois sujets. D'abord, pourquoi vous devriez préconiser la budgétisation sexospécifique. Deuxièmement, pourquoi vous ne devez pas vous laisser dissuader par ceux qui s'y opposent. Enfin, à quelle première étape modeste et réalisable pouvez-vous songer dès maintenant?
Premièrement, la budgétisation sexospécifique fera-t-elle une différence?
Chaque fois que l'État perçoit des impôts ou fait des dépenses, il y a des conséquences pour tous les Canadiens, et divers groupes de Canadiens sont touchés différemment par les diverses mesures fiscales et dépenses.
Vous le savez mieux que quiconque au Canada. Vous êtes députés. On peut bien dire que telle mesure est excellente pour les Canadiens, mais votre première réaction de députés est sans doute, il me semble, de vous demander comment elle touche votre circonscription. Chaque circonscription à ses attributs propres. Est-elle rurale? Urbaine? Quelle est la base de son économie? Est-elle très riche ou pas tellement? Tout cela compte, quand on examine les effets d'une mesure donnée.
Pour analyser un budget du point de vue de votre circonscription, vous devez comprendre la réalité sur le terrain pour saisir les effets que la politique pourra avoir. La politique, quel que soit son objectif, sera fructueuse ou non selon la réalité qui existe sur le terrain. Or, les différences entre les sexes sont une réalité qui compte énormément sur le terrain. Les politiques peuvent couler ou fort bien réussir selon leur interaction avec la dynamique sexospécifique.
Autrement dit, la politique peut reposer sur les meilleures intentions du monde et échouer parce quelle ne tient pas compte des différences entre les sexes. Ou une politique qui semble acceptable ou, en tout cas, pas ouvertement négative pour un sexe, peut accentuer l'inégalité et même contrecarrer d'autres objectifs politiques parce qu'on n'a pas suffisamment essayé de comprendre l'analyse sexospécifique de cette politique.
Au Canada, toute politique visant les familles, la pauvreté, l'inégalité ou la plupart des problèmes de la population active ou encore une multitude d'autres questions importantes risque fort de rater, parfois de façon coûteuse, s'il n'est pas tenu compte des différences entre les deux sexes.
Je me préoccupe tout à fait de l'inégalité entre les sexes. Mais même ceux qui ne sont pas convaincus de la nécessité de l'égalité au point de reconnaître l'importance de la budgétisation sexospécifique devraient tout de même être en faveur, car c'est un excellent moyen de s'assurer que toutes les politiques sont bien conçues, rentables et responsables.
Je passe au deuxième point: pourquoi ne pas vous laisser décourager par les opposants. Au cours de votre étude, vous entendrez probablement des objections. Nous n'avons pas les bonnes données, cela va coûter trop cher, ce sera trop lourd, etc. Que votre engagement à l'égard de la budgétisation sexospécifique ne fléchisse pour aucune de ces raisons. Elles ne me semblent pas convaincantes.
Avons-nous les bonnes données? Demandez à des spécialistes qui passent leur vie à étudier des données s'ils en ont suffisamment. Ils diront toujours non, qu'il leur en faut d'autres sur ceci ou cela. En réalité, on se débrouille toujours, même si les données ne sont pas toujours idéales. Bien sûr, il vaudrait mieux en avoir plus, mais ce n'est pas gratuit.
Vu ce que nous savons, cela ne veut pas dire qu'il faut renoncer à la budgétisation sexospécifique. Nous pourrions apporter bien des contributions importantes à la compréhension des effets de distribution de beaucoup de politiques existantes à partir des seules données que nous avons. Les problèmes de données ne sont pas une raison de ne pas se mettre à l'oeuvre.
Cela est aussi lié à la question des coûts. Nous pourrions avoir un impact très important en acceptant des coûts supplémentaires minimes. Nous ne pourrons peut-être pas faire tout ce que nous voudrions, idéalement, ni répondre à toutes les questions, mais nous serions plus avancés qu'aujourd'hui.
Nous pourrions concevoir des filtres sexospécifiques assez courants, faciles et assez bon marché et les appliquer aux politiques. Ils auraient l'avantage de surcroît que nous pourrions arrêter de consacrer de l'argent à des politiques qui entravent la marche vers l'égalité entre les sexes. L'élaboration du budget pourrait être plus précise et efficace, même si nous ne pouvons obtenir tout de suite tous les avantages que peut donner la budgétisation sexospécifique.
Voici une première étape qui est possible tout de suite, et à un prix imbattable. L'impact sur l'équité entre les sexes serait très significatif. Voici ce que je propose. Au prochain budget fédéral, demandez au ministre des Finances d'ajouter au budget une page qui résumerait toutes les nouvelles mesures fiscales contenues dans le budget. Oublions les problèmes qui existent déjà dans le régime fiscal. Je m'en tiens aux nouvelles politiques fiscales qui sont adoptées. Dans cette page du budget, le ministère inscrirait le coût de chaque nouvelle réduction d'impôt et les prévisions de répartition de ses avantages selon le niveau de revenu et le sexe.
Ce n'est pas bien compliqué. Il existe des logiciels qui facilitent l'analyse de la répartition des effets d'une réduction d'impôt. Si vous allez crier dans les couloirs de Finances Canada: « Quelqu'un connaît les logiciels dont je veux parler? », vous aurez plus de gens qu'il n'en faut pour faire cette étude en fort peu de temps.
Les outils que nous avons aujourd'hui ne sont pas parfaits, mais nous devrions nous en servir parce qu'ils sont là et que nous pouvons faire mieux qu'actuellement. C'est une première mesure qu'il est possible de prendre dès maintenant.
Le ministère des Finances prépare déjà des graphiques du même genre. On les trouve souvent à la fin des documents budgétaires. Tout ce que je demande, c'est qu'on ajoute le facteur d'égalité entre le sexe et l'information sur le revenu qui est facilement disponible. Ce serait un grand progrès. Il suffit d'avoir la volonté politique.
Bien sûr, nous pourrions viser plus haut, demander davantage — il y a beaucoup plus à gagner si nous adoptons intégralement la budgétisation sexospécifique. Mais assurément, ce serait une première étape facile, et elle serait très importante.
Je suis d'accord avec Mme Russell. Vous pourriez emprunter des approches diverses, en utilisant d'abord les données et les informations que vous avez déjà. Il me semble que c'est la démarche la plus logique.
Si vous vous adressez au Trésor ou à un autre service responsable et leur demandez de faire des analyses, le plus facile est d'utiliser les logiciels existants, les méthodes et données existantes pour amorcer le travail. C'est ce que je préconise, d'abord, pour que ce soit pratique et le plus simple possible.
Je préconise une deuxième chose: utiliser différents types d'analyses ou approches adaptées aux divers secteurs de dépenses. Selon moi, c'est normal. Il y aura toujours des moyens d'améliorer le travail déjà fait. Je le répète, le point de vue de Mme Russell me semble excellent et je le reprendrais à mon compte: vous devriez commencer parce que vous avez déjà, en faisant ce que vous pouvez, quitte à apporter des améliorations au fur et à mesure.
Quant aux analyses effectuées, certains les critiqueront peut-être, disant qu'elles auraient pu être mieux faites. C'est très bien, puisque d'autres essaieront d'apporter des améliorations.
Voilà comment je m'y prendrais, à dire vrai.
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Merci, madame la présidente.
Madame Russell, merci d'être là.
Le comité a beaucoup réfléchi aux coûts de l'implantation de la budgétisation sexospécifique. Nous savons que c'est coûteux. Par ailleurs, mes collaborateurs et moi avons considéré le point de vue d'organisations comme l'ONU, le FMI et la Banque mondiale. Toutes, elles voient dans ce type de budgétisation un moyen d'accroître la productivité des économies. Le PIB serait supérieur et augmenterait plus vite si les hommes et les femmes pouvaient exploiter pleinement leur potentiel économique et productif dans la société.
Vous parlez de l'information nécessaire. Je conviens que plus il y en a, mieux c'est. Nous amorçons ici une démarche. Si nous adoptons ce processus et l'intégrons au budget, croyez-vous que les avantages l'emporteront sur les coûts? Il est difficile de le dire, vu le chemin à parcourir, mais quels indicateurs utiliseriez-vous pendant ce parcours?
Si le comité décide de s'engager dans cette voie et veut pouvoir convaincre, il doit être en mesure de dire aux gens que les résultats seront tels ou tels. Nous sommes conscients de la valeur inhérente du principe, mais nous sommes en politique, et il faut montrer que cette proposition peut faire une différence.
Avez-vous des réflexions à nous livrer à ce propos?
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C'est le plus grand défi de toute réforme budgétaire, et pas seulement du point de vue de l'égalité entre les sexes. Un certain nombre de présidents américains sont arrivés en disant: « J'ai un nouveau système budgétaire. Nous allons nous en servir, et les choses vont s'améliorer. » Jimmy Carter a proposé les budgets base zéro. Lyndon Johnson et John Kennedy ont proposé la rationalisation des choix budgétaires, etc. Le budget de programme est lié surtout à Clinton.
Il existe une tendance politique inhérente à rejeter l'approche du prédécesseur et à proposer quelque chose de neuf qui vous plaît et sera efficace, surtout, pour parler bien franchement, lorsqu'il s'agit d'escamoter le délicat problème politique d'offrir plus de programmes sans augmenter les impôts.
Par ailleurs, quand nous nous arrêtons à y penser, dans n'importe quelle méthode financière, nous ne cessons pas de faire des vérifications et des affectations; nous n'arrêtons pas de les analyser. En un certain sens, si on considère les innovations qui ont réussi, qui sont simplement des choses comme les budgets par objet de dépense et la vérification et tous les éléments du système normal, on voit qu'elles s'intègrent aux normes professionnelles.
Par exemple, les comptables savent ce qu'est une bonne base comptable pour analyser un budget gouvernemental. C'est peut-être ce que vous visez, en fin de compte, c'est peut-être votre objectif.
La question la plus difficile est celle de la pérennité. Là encore, j'essaierai d'intégrer cette innovation au tissu même de l'organisation, et de le faire à toutes les étapes du processus budgétaire. Mais il est vrai que c'est une tâche difficile.
Merci, monsieur Stanton. Je vous ai donné deux minutes de plus.
La présidence voudrait s'octroyer un privilège avant de donner la parole au prochain député.
Je n'essaie pas de conclure. J'ai demandé aux témoins s'ils avaient des contraintes de temps, et ils ont dit non.
Les questions que j'ai entendues sont excellentes, mais je voudrais vous demander ceci.
Mme Russell a fait des recherches sur le budget fédéral, les prévisions, l'analyse, etc., et M. Bartle est le directeur d'une école d'administration publique. Ils nous ont tous deux proposé une analyse de ce dont nous avons besoin — le gouvernement, la société civile. Je suis convaincue que, dans le monde occidental, le gouvernement, la société civile et le milieu politique sont prêts pour cette initiative, mais que devons-nous faire ensuite?
Madame Russell, vous avez parlé d'une page à ajouter au budget, mais lorsque nous menons des consultations budgétaires — tous les gouvernements le font —, quels groupes devrions-nous inviter?
Si vous pouviez tous les deux répondre à la question, ce serait terminé pour le privilège de la présidence. Nous passerons ensuite à Mme Minna.
Je vous proposerais de réaliser des projets pilotes. À bien des égards, c'est une innovation que vous envisagez et, comme toujours, on se demande comment s'y prendre. Comment faire le travail?
D'autres exemples d'innovation en matière de politique nous renseignent sur ce qui fonctionne généralement. Je proposerais un projet pilote avec un organisme ou un ministère en particulier, peut-être, pour voir comment les choses se passent, ce qu'on peut apprendre, où sont les préoccupations et comment on peut en tenir compte.
Deuxièmement, je réfléchirais aux mesures incitatives. La plupart des administrateurs hiérarchiques sont agacés lorsqu'on leur demande de faire quelque chose de plus sans que rien les y incite. S'ils peuvent y voir une façon de se perfectionner, de participer à une innovation, cela devient intéressant pour eux sur le plan professionnel.
Comme je l'ai dit dès le départ, on a besoin de l'adhésion à la fois de la société civile et du gouvernement. Les groupes susceptibles de se servir de cette analyse sont ceux qu'il faut consulter. Pour qu'elle s'intègre au processus budgétaire, il faut qu'on s'en serve, et pour qu'on s'en serve, il faut tenir compte des préoccupations des éventuels utilisateurs. Quelle information veulent-ils avoir? Comment veulent-ils qu'elle soit présentée? J'étudierais la question avec eux.
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Merci, madame la présidente.
Professeur Bartle, professeur Russell, plus j'écoute et plus je suis confondue. Nous provenons toutes et tous de milieux différents. Certains d'entre nous sont de la gauche, certains sont de la droite et certains sont du centre. Certains et certaines d'entre nous ont de l'expérience en finances, certains et certaines d'entre nous n'en ont aucune.
Par contre, j'ai compris ce que vous avez dit plus tôt, madame Russell.
[Traduction]
Vous avez dit que, pour être efficace, il fallait qu'une réduction d'impôt atteigne l'objectif visé mieux que des dépenses ne le feraient.
[Français]
Je l'ai compris facilement. Les gens de mon comté le comprendraient aussi facilement. Ce n'est pas tout de vouloir développer un programme pour s'assurer d'une budgétisation sexospécifique, il faut aussi s'assurer que les gens comprennent ce que cela représente. Autrement, je ne suis pas convaincue qu'ils voteraient pour ça, tellement c'est compliqué.
Dans les analyses de budgets que vous avez faites, y a-t-il des exemples concrets que vous pourriez nous soumettre par écrit? On pourrait les étudier avant de soumettre cette idée aux fonctionnaires qui préparent les budgets. Avant de leur demander d'insérer des feuilles, nous aurions déjà quelque chose qui nous permettrait de leur dire que nous avons devant nous une preuve évidente que si l'analyse avait été faite correctement, telle mesure n'aurait pas été instaurée à cause de telle et telle répercussion. C'est ce que vous avez fait plus tôt en parlant d'un crédit d'impôt pour services de garde.
Avez-vous fait des analyses, à la suite de mesures mises sur pied dans le passé, que vous pourriez nous donner comme exemples?
Voilà qui est intéressant. Dans cette diapositive, que vous n'avez pas parce qu'elle était en anglais seulement, on trouve les éléments suivants: adhésion du gouvernement et de la société civile; intégration aux budgets à tous les niveaux; contexte politique; intégration au cycle budgétaire; compétences techniques.
Je vous remercie, monsieur Bartle et madame Russell, de votre participation, de vos aperçus et votre apport. Vous nous avez donné matière à réflexion, au sujet de la définition des paramètres.
Dans vos exposés, vous avez présenté les choses simplement. L'idée d'ajouter une page relève d'une bonne analyse. Et quand Mme Demers vous a posé sa question, je me suis demandé si on avait fait une analyse sexospécifique avant de réduire la TPS.
Le comité doit aller de l'avant. Nous n'essayons pas de nous substituer au ministère des Finances. Tout ce que nous essayons de faire, au Comité permanent de la condition féminine, c'est tenter de voir si... Nous avons fait l'étude sur la dimension économique, sur la sécurité économique des femmes, et l'une des grandes questions qui ont surgi est celle du manque d'équité. Pour rétablir l'équilibre, il nous faut mettre en évidence la budgétisation sexospécifique ou l'analyse sexospécifique du budget, pour que tous en soient conscients, peut-on espérer.
Merci de nous avoir fait part de votre point de vue. Merci de votre présence et merci de nous avoir communiqué vos connaissances.
Je vais suspendre brièvement la séance. Nous devons discuter du budget.