Chers collègues, nous allons entendre en vidéoconférence, comme vous pouvez le constater, nos témoins, Mme Marilyn Rubin, de la City University of New York, Mme Angela O'Hagan, du Scottish Women's Budget Group, Mme Janet Veitch, de la UK Women's Budget Group et Mme Ailsa McKay, de l'Université Glasgow Caledonian.
Je dois toutefois vous signaler que l'image de la personne qui parle apparaîtra sur le grand écran. Lorsqu'elle cessera de parler, son image passera progressivement à l'arrière-plan. Le Scottish Women's Group doit partir à 10 h. Ses représentants ont d'autres obligations. Nous allons commencer par Angela O'Hagan et Ailsa McKay. Elles vont se partager la présentation de l'exposé. Nous allons avoir une demi-heure d'exposés au total, parce que chaque groupe aura 10 minutes.
Il y a toujours un temps mort, alors essayez de ne pas parler trop vite. La présidente est la seule qui semble parler vite, mais je vous demande de ne pas le faire. Parlez lentement et attendez que les gens vous entendent avant de répondre. D'accord?
Bienvenue à toutes. M'entendez-vous?
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Bonjour, madame la présidente.
Je suis très heureuse de vous voir là-bas au Canada, à Londres et à New York.
Bonjour, distingués membres du comité. Au nom du Scottish Women's Budget Group, j'aimerais remercier le comité de nous donner cette occasion très spéciale de nous adresser à lui et de l'appréciation de notre travail que représente cette invitation. J'aimerais également féliciter le comité d'avoir pris l'initiative d'entreprendre cette étude des budgets de genre. J'espère que nos propres comités parlementaires suivront votre exemple et que l'on pourra procéder en Écosse à une étude semblable sur les budgets de genre.
Je pense également à un scénario où des témoins pourraient présenter des témoignages francs et ouverts aux comités du Parlement écossais au sujet de l'importance des analyses sexo-spécifiques de genre et des avantages qu'elles offrent, comme l'ont fait les témoins qui ont déjà comparu devant le comité.
J'ai hâte de prendre connaissance du reste de votre étude et de lire vos recommandations et décisions finales.
Madame la présidente, je vous remercie d'avoir tenu compte de nos contraintes de temps et du fait que nous devrons quitter la séance, comme vous l'avez mentionné, à la fin de la première heure. Je vous remercie beaucoup d'avoir tenu compte de nos autres obligations.
Je vais maintenant présenter quelques commentaires au sujet de l'histoire, de la nature et des activités du Scottish Women's Budget Groupe, que je désignerai par la suite par le sigle SWBG.
Le SWBG est un groupe de femmes qui ne reçoit aucun financement de l'extérieur et qui s'est engagé à apporter des changements positifs pour les femmes en procédant à l'analyse de la répartition des ressources et des politiques dans le processus budgétaire en Écosse. Le SWBG a été formé en 1999, à la suite de la création d'institutions gouvernementales nouvellement attribuées à l'Écosse, y compris l'assemblée législative principale du Parlement écossais, le Conseil exécutif écossais des ministres et la fonction publique, que l'on appelle maintenant le gouvernement écossais, après les élections de mai 2007.
Le SWBG compte relativement peu de membres, puisqu'il regroupe 25 femmes et que de 12 à 15 d'entre elles sont particulièrement actives. Depuis notre création, nos activités ont consisté à suivre le processus budgétaire en Écosse, à répondre aux projets gouvernementaux en matière de plans de dépenses, à participer aux consultations dans les domaines clés des politiques, à témoigner devant des comités parlementaires au sujet du processus budgétaire et de l'intégration, dans ce processus, de la sexo-spécificité, et à témoigner devant des comités dans des domaines clés comme les gardiens, la justice sociale, l'acquisition d'aptitudes et les stratégies de développement économique. Nos réponses sont élaborées collectivement, par l'ensemble de nos membres, ce qui nous permet d'utiliser toute la gamme des connaissances et les types d'expertise qu'ils possèdent.
Voici un bref résumé de la promotion de l'analyse budgétaire sexo-spécifique du processus budgétaire écossais. Peu après sa création, le SWBG a fait du lobbying auprès du premier ministre des finances au sujet de la première série d'avant-projets de plans de dépenses du Conseil exécutif écossais. Le ministre a répondu favorablement à cette initiative et nous a accordé son appui. Le SWBG a également fait du lobbying pour que la première stratégie en matière d'égalité du Conseil exécutif écossais contienne l'engagement d'intégrer l'analyse sexo-spécifique aux plans de dépenses du gouvernement et au processus budgétaire. Grâce à l'appui de la Equal Opportunities Commission (Commission de l'égalité des chances), un organisme créé par une loi pour lutter contre la discrimination sexuelle, qui a maintenant été absorbé par la nouvelle Equality and Human Rights Commission (Commission sur l'égalité et les droits de la personne), le SWBG a demandé la création d'un groupe consultatif ministériel chargé d'intégrer la notion d'égalité au processus budgétaire.
Il y a lieu de mentionner ici un certain nombre d'aspects importants du contexte écossais en matière de politiques. Le premier est que l'engagement envers l'égalité est garanti par la Scotland Act (Loi sur l'Écosse) et les principes fondamentaux du Parlement écossais. C'est un aspect très positif, mais cet engagement vise uniquement l'égalité des chances mais non pas précisément celle des sexes. Cela a entraîné l'élaboration d'une vaste stratégie en matière d'égalité qui couvre un certain nombre de types d'égalités, notamment la race, les déficiences physiques, l'orientation sexuelle, l'âge, les croyances religieuses ou la religion et le sexe.
Des politiques ont été adoptées qui visaient directement les hommes et les femmes et il s'est fait beaucoup de travail sur la question de la violence exercée contre les femmes, mais l'égalité entre les sexes et la sexo-spécificité ne constituent pas un secteur prioritaire pour les politiques gouvernementales ou les dépenses connexes.
Sur le plan des politiques, par exemple, pour ce qui est de la politique en matière de justice sociale, on a eu tendance à utiliser, de façon interchangeable, les termes justice sociale et égalité, et à ne pas effectuer d'analyse comparative entre les sexes, tant pour l'analyse des politiques que pour l'affectation des ressources.
L'engagement pris en matière d'intégration, qui est à la base de la stratégie d'égalité du gouvernement écossais, est un engagement qui vise l'intégration de la dimension de l'égalité mais pas de celle des sexes. Le groupe consultatif ministériel sur les budgets est le groupe consultatif en matière de politiques et de vérification du respect de l'égalité dans le budget, mais ce n'est pas un groupe axé sur les budgets de genre.
Je devrais noter ici également que la stratégie du gouvernement écossais en matière d'égalité doit être révisée cette année et que nous espérons qu'elle débouchera sur un engagement renouvelé et renforcé et en particulier, sur des actions découlant de cette stratégie en matière d'égalité.
Il y a un autre point important à noter, et c'est ce qui différencie l'expérience écossaise de l'expérience canadienne, c'est que le Parlement écossais a le pouvoir de lever des impôts selon des paramètres très restrictifs, mais il ne l'a pas fait. Le budget que préparent le Parlement écossais et le gouvernement écossais reflète donc uniquement les engagements de dépenses du gouvernement par rapport à ses priorités en matière de politiques, parce que le budget ne prévoit pas la perception de l'impôt ni d'autres activités fiscales. Le financement destiné à l'Écosse est versé au gouvernement écossais par le gouvernement du Royaume-Uni de Westminster, et c'est lui qui, actuellement, décide des aspects fiscaux, des prestations et des mécanismes de perception, et qui continuera à le faire.
C'est l'élément essentiel de ce que nous appelons le devolution settlement (accord de transfert de responsabilités) et c'est également un aspect qui sera revu dans le cadre de l'étude de la grande question du fonctionnement du gouvernement écossais.
Je vais passer rapidement en revue certaines initiatives auxquelles a participé le groupe budgétaire du gouvernement écossais. Comme je l'ai dit, nous présentons régulièrement des commentaires sur les plans de dépenses et les propositions budgétaires du gouvernement écossais que l'on peut trouver sur notre site Web à l'adresse swb.org.uk. Nous présentons des recommandations précises concernant des propositions individuelles ou des propositions de programme et des recommandations plus générales sur les éléments fondamentaux de l'analyse budgétaire sexo-spécifique.
Le gouvernement écossais a demandé plusieurs études pendant cette période en réponse aux analyses et au lobbying ciblé du SWBG. Cela comprend « Understanding the Scottish Budget » (Comprendre le budget écossais), un projet de recherche qui a été dirigé, au début de la mise en place du Parlement écossais, par Ailsa McKay, qui est assise à côté de moi, et par Rona Fitzgerald, et qui consistait à suivre le nouveau processus budgétaire. Il y a eu par la suite des études pilotes sur l'analyse sexo-spécifique en matière de lutte anti-tabac et de l'accès des femmes aux sports. Ces deux études peuvent être consultées sur le site Web du gouvernement écossais.
À la suite des pressions exercées par le SWBG et de son action sur le processus et la documentation budgétaires, le gouvernement a apporté plusieurs changements aux documents budgétaires, notamment l'ajout de déclarations en matière d'égalité dans les projets de plans de dépenses et dans le budget lui-même et la réitération par le gouvernement écossais, en 2003, de son engagement envers l'intégration du principe de l'égalité dans le processus budgétaire. Cela faisait partie de son seul et unique rapport annuel faisant état des progrès réalisés dans la mise en oeuvre de la stratégie en matière d'égalité. Comme cela est arrivé pour les nombreuses initiatives de budgétisation sexo-spécifiques et pour de nombreux groupes de défense des droits des femmes, il semble que nous réussissions à faire un pas en avant mais qu'on nous oblige à faire ensuite plusieurs pas en arrière.
Comme groupe de lobbying, le Scottish Women's Budget Group semble jouer dans une ligue un cran au-dessus de la sienne, c'est du moins ce qu'on dit. On nous considère comme une voix indépendante et très crédible. Nous avons fait preuve d'une grande régularité dans la qualité de nos analyses et dans nos méthodes; le fait que nous soyons indépendants du gouvernement ou des autres institutions nous a permis de préserver notre autonomie. Cependant, nous sommes une entité non constituée en société, qui ne reçoit pas de fonds publics, qui défend entièrement des contributions volontaires d'un petit nombre de nos membres; nous sommes donc vulnérables. Il n'est pas facile pour nous d'assumer une charge de travail de plus en plus lourde dans un contexte où l'engagement envers l'égalité des sexes tend à s'estomper.
Depuis que nous existons, nous avons réussi à avoir accès à certaines sources de financement et il nous est arrivé d'employer, à temps partiel et sur une base temporaire, des agents de liaison parlementaire et de développement. Nous avons également publié des études, par exemple.
Nous allons terminer en parlant de nos liens à l'échelle internationale. En fait, une des principales raisons qui a présidé à la mise sur pied du Scottish Women's Budget Group a été le souci d'apprendre des autres pays. En fait, il y avait à la première réunion publique du Scottish Women's Budget Groupe des représentants du gouvernement canadien — c'était, je crois, en 2000. Le SWBG a conservé ces liens internationaux et nos membres participent activement à la mise en place d'un réseau européen de budgétisation sexo-spécifique.
Je vais m'arrêter ici et passer la parole à Ailsa McKay, qui va vous parler des activités du comité sur l'égalité des chances du Parlement écossais et des défis auxquels font face le Scottish Women's Budget Group ainsi que de l'avenir de la budgétisation sexo-spécifique en Écosse.
Je vous remercie.
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Merci, Angela et merci madame la présidente et les membres du comité de nous avoir invitées à vous parler aujourd'hui.
J'aimerais vous en dire un peu plus au sujet d'autres activités qui touchent l'analyse budgétaire sexo-spécifique qui s'effectuent en Écosse et qui ne sont peut-être pas directement reliées à celles du Scottish Women's Budget Group, même si elles le sont, de façon indirecte.
Je vais commencer sur une note assez pessimiste et vous dire que oui, après neuf ans d'activités intenses, qu'Angela vous a décrites de façon assez éloquente, et malgré la présence en Écosse de la volonté politique de faire progresser l'initiative de budgétisation sexo-spécifique, il n'y a toujours pas de budget sexo-spécifique en Écosse. En fait, nous avons constaté que les activités que nous avons exercées pendant les neuf années n'ont entraîné aucun changement concret dans les politiques gouvernementales. Je vais toutefois mettre un terme maintenant à ce rapport pessimiste. J'aimerais maintenant faire preuve d'un peu d'optimisme.
En Écosse, nous avons effectivement une initiative de budgétisation sexo-spécifique et cette initiative est en route. Je vais consacrer les cinq ou 10 prochaines minutes à vous dire comment elle progresse. Angela vous a parlé du travail du Scottish Women's Budget Group et je me contenterai de dire que je pense que cette activité est intense et qu'elle se poursuit. Tout ce que je peux vous dire est de vous inviter à suivre ce qui va se passer ici.
Le deuxième aspect que j'aimerais aborder, qui intéresse peut-être particulièrement le comité et ses membres, est une action plus récente qui a été prise au niveau parlementaire en Écosse. Comme vous le savez peut-être, nous avons eu des élections en mai dernier, ce qui a sensiblement modifié le paysage politique en Écosse. Nous avons un nouveau gouvernement minoritaire. Nous avons toute une série de nouveaux comités et cette élection s'est traduite par l'arrivée d'un bon nombre de nouveaux députés au Parlement.
Le résultat direct du lobbying effectué par le Scottish Women's Budget Group, notre nouveau comité sur l'égalité des chances — nous avons déjà auparavant un comité sur l'égalité des chances — a décidé, après les élections, de nommer un conseiller-expert en budgétisation. Le comité avait déjà le pouvoir de nommer un tel conseiller, mais il ne l'avait jamais exercé. Cette année, les membres du comité ont décidé de nommer un conseiller, et je crois que cela découle directement des pressions exercées par le Scottish Women's Budget Group.
Cette année, le processus budgétaire a été écourté en Écosse. Il s'est déroulé sur une période de huit semaines. Cela vient de l'annonce retardée de l'examen des dépenses qui s'effectuait au R.-U., à cause des élections au R.-U. et du changement de premier ministre. Nous avons donc dû attendre de savoir quels seraient le montant des fonds qui seraient transférés par le R.-U. avant de pouvoir établir notre propre budget. Notre processus budgétaire s'est donc déroulé sur une période de huit à 10 semaines.
Compte tenu de ce que j'ai dit au sujet du fait qu'il y avait un nouveau gouvernement, un nouveau comité et de nouveaux députés, j'ai le sentiment que le comité a pensé qu'il serait souhaitable de nommer un conseiller pour l'aider pendant l'étape d'examen du budget, compte tenu de la situation nouvelle et du peu de temps dont il disposait.
Le conseiller a été nommé à la suite cadre d'un concours ouvert. On a mis quelques noms dans un chapeau et j'ai été par la suite nommée conseillère pendant pour cette période, soit novembre, décembre et début janvier. J'ai ensuite été appelée à fournir des conseils au sujet des témoins que le comité pourrait souhaiter entendre sur le contenu du budget écossais, à donner aux membres du comité des conseils sur les questions qu'il conviendrait de poser à ces témoins, à informer les membres du comité au sujet du contenu du budget, en insistant particulièrement sur les aspects touchant plus nettement les questions d'égalité ou, très souvent également, des aspects où ces questions n'étaient pas évidentes; et à enfin, participer à l'élaboration de la réponse écrite du comité sur l'égalité des chances au comité des finances du Parlement écossais, ce qui fait partie du processus formel d'examen.
Nous avons eu ensuite deux séances d'audition de témoins. Un des témoins a été le ministre qui a parlé des questions d'égalité et nous avons également rencontré tous les conseillers de tous les comités du Parlement écossais. Je crois que c'était bien la première fois que les différents comités parlementaires du Parlement écossais avaient tous nommé un conseiller budgétaire. Auparavant, il n'y avait que quelques comités qui en avaient nommés et le comité des finances a été le seul comité à avoir eu, depuis la création du Parlement écossais, un conseiller régulier.
Mes activités en tant que conseillère auprès du comité ont consisté à donner une séance d'information sur le budget en insistant sur la question de l'égalité et à élaborer un rapport final qui a été présenté au comité des finances. Je pense que ces activités ont contribué de façon très positive au processus d'examen budgétaire en faisant ressortir les préoccupations sexo-spécifiques et plus largement, les préoccupations liées à l'égalité des chances, même si je dois nuancer cette affirmation en disant que ce dernier aspect était marginal. Je ne pense pas que tout cela ait entraîné des changements importants. Je pense toutefois que les membres du comité ont été grandement sensibilisés aux liens existants entre la notion d'égalité et le budget.
Pour moi, l'expérience que j'ai acquise en travaillant avec le comité m'a montré l'utilité d'avoir un conseiller spécial. C'était peut-être une première en Écosse, mais je suis profondément convaincue que ce ne sera pas la dernière. Je pense que tous les membres du comité, et le comité lui-même, ont reconnu l'intérêt qu'il y avait à nommer un conseiller budgétaire spécialisé et qu'ils continueront à le faire à l'avenir. En fait, nous avons prévu de tenir une réunion le 18 avril à laquelle participeront tous les conseillers spéciaux de tous les comités pour parler de l'efficacité réelle de ce processus.
La deuxième grande question que j'aimerais aborder au sujet des activités qui ne sont pas directement associées au Scottish Women's Budget Group est celle où je mets mon chapeau d'universitaire et qui concerne plus précisément la façon de relier les initiatives de budgets de genre aux travaux universitaires qui se font dans le domaine de l'économie féministe. En Écosse, nous avons constaté qu'il y avait un grave manque de compréhension à l'égard de l'analyse sexo-spécifique, en fait à l'égard de la sexo-spécificité en tant que notion faisant partie intégrante du processus de l'allocation des ressources, ou plutôt de l'importance limitée qui lui est accordée au sein du processus d'attribution des ressources. C'est pourquoi nous avons lancé en 2004, avec un financement provenant de la Commission sur l'égalité des chances, moi et un certain nombre de collègues, une étude pilote que nous avons intitulée Economics For Equality (L'économie comme moyen de parvenir à l'égalité) — et non pas une économie de l'égalité. Nous nous sommes attachées dans cette étude à comprendre les aspects économiques de l'écart de salaire entre les sexes et nous avons invité un certain nombre d'activistes communautaires à assister à plusieurs sessions consacrées à l'exploration de la compréhension qu'ont les économistes de l'écart de salaire entre les sexes et des réponses que cet écart a entraîné.
Cette étude pilote a donné d'assez bons résultats et nous avons depuis obtenu des fonds d'Oxfam pour faire une autre étude qui porterait sur le processus budgétaire national. Cette deuxième étape du programme a un double but. Le premier est de faire participer les activistes communautaires locaux au budget mais, également, deuxièmement, d'inviter les décideurs à tenir compte des aspects sexo-spécifiques et reliés à l'égalité dans le cadre du budget. Nous essayons ainsi avec cette étude pilote de mettre en application l'analyse économique féministe et de combler l'écart qui sépare la théorie de la pratique.
Je dois mentionner ici que le Scottish Women's Budget Group a participé activement à ces études pilotes, pour ce qui est de la recherche et en participant également aux travaux à effectuer.
Enfin, j'aimerais dire que cet ensemble d'activités représente pour nous une réponse réfléchie aux problèmes que nous avions identifiés dès 1999, à savoir comment introduire une analyse budgétaire sexo-spécifique en Écosse. Neuf ans plus tard, ces problèmes n'ont pas disparu et j'aimerais brièvement vous les décrire.
Le premier est le changement politique. Je pense que nous sommes tous conscients de l'importance des changements politiques et de la dynamique que cela impose au processus budgétaire et à la façon d'en tenir compte. Je pense que nous y sommes parvenus en Écosse grâce aux activités du Scottish Women's Budget Group et au travail effectué dans le cadre du Parlement. Notre relation avec le comité parlementaire de l'égalité des chances a joué un rôle crucial dans ce domaine.
Deuxièmement, notre plus gros défi a été, je pense, le manque de compréhension de ce qu'est la sexo-spécificité et de son rôle dans le processus d'élaboration des politiques. Je pense que nos activités les plus récentes, c'est-à-dire le travail que j'ai effectué auprès du comité parlementaire, a joué un rôle essentiel pour sensibiliser les intervenants à cet aspect.
Troisièmement, un autre défi important a été de veiller à ce que l'ensemble de la communauté adopte la notion de budget sexo-spécifique. Je crois que nous progressons dans ce domaine en Écosse, grâce à ce programme d'économie considérée comme un moyen d'obtenir l'égalité.
J'aimerais m'arrêter là et vous permettre de poser des questions à Angela et moi.
Merci.
La meilleure façon de vous l'expliquer — et Angela voudra peut-être ajouter quelque chose — est de vous donner un exemple pratique qui montre, d'après moi, que nous comprenons mal la sexo-spécificité dans le cadre du processus décisionnel.
Il semble qu'on ait tendance, en Écosse, à considérer la sexo-spécificité comme synonyme de femmes et à considérer les questions de genre, ou à les aborder, comme s'il s'agissait de questions touchant les femmes. Il est vrai, qu'effectivement, nous devons étudier de nombreuses questions qui touchent particulièrement les femmes, mais ce n'est pas ce que nous entendons par une analyse sexo-spécifique.
L'exemple que j'aimerais vous donner concerne une étude que nous avons faite au sujet de nos programmes d'acquisition d'aptitudes destinés aux jeunes en Écosse. Nous l'appelons le programme d'apprentissage modernisé. Je ne sais pas si vous avez un programme de ce genre au Canada, mais c'est un programme de formation financé par le gouvernement qui vise à faciliter l'entrée des jeunes sur le marché du travail en leur faisant acquérir des aptitudes et des connaissances qui leur donnent un métier.
Nous avons constaté très rapidement, grâce au travail du Scottish Women's Budget Group, que ce programme semblait principalement intéresser les jeunes hommes. Il y a peut-être des explications à cette situation, et ce sont peut-être d'excellentes explications, mais nous sommes intervenues et avons fait savoir au gouvernement que les fonds destinés à ce programme étaient en fait principalement attribués aux jeunes hommes, ou que ces derniers en profitaient davantage, et que cela constituait peut-être un problème.
Trois ans plus tard, lorsque nous avons examiné à nouveau ce programme, nous avons constaté qu'on avait fait beaucoup de chose pour encourager les jeunes femmes à y participer. Nous avons examiné les chiffres et oui, le taux de participation des jeunes femmes avait augmenté de 211 p. 100 au cours de ces trois années, à la suite des mesures concrètes prises par le gouvernement pour encourager les jeunes femmes à y participer.
Le gouvernement s'est servi de cet exemple pour dire qu'il avait fait une analyse sexo-spécifique ou qu'il avait tenu compte de cet aspect. Cependant, lorsque nous avons comparé la participation des jeunes hommes et des jeunes femmes à ce programme, nous avons constaté que les jeunes hommes participaient au programme de formation de quatre ans — plomberie, construction, etc. — et bénéficiaient ainsi à la plus grande partie des fonds consacrés à ce programme et avaient ainsi accès, une fois terminé ce programme, à de bons métiers. Les jeunes femmes de leur côté participaient à des programmes de formation de six mois en soins des cheveux, garderie d'enfant, vente au détail, et n'avaient pas accès à des emplois bien rémunérés ou à de bons emplois d'avenir après avoir suivi le programme.
Il y avait donc une différence importante sur le plan de la participation. Le gouvernement écossais s'était limité à l'aspect quantitatif de la sexo-spécificité — c'est-à-dire qu'il avait augmenté le nombre des femmes et qu'il avait donc ainsi remédié à l'inégalité entre les sexes.
Pour moi, cela reflète un manque de compréhension des questions sexo-spécifiques. Le seul fait d'assurer la participation des femmes à ce programme et d'en augmenter le nombre ne veut pas dire que l'on traite des inégalités entre les sexes.
Je pense que c'est un exemple qui illustre très bien la façon dont la sexo-spécificité est bien souvent mal comprise par les décideurs.
Je vais commencer par répondre à votre question sur la représentation des femmes. En 1999, nous nous sommes beaucoup réjouis du fait que 37 p. 100 des députés au Parlement écossais étaient des femmes, aspect qui faisait partie de la nouvelle situation politique en Écosse et qui avait constitué un élément essentiel de la campagne en faveur du transfert de responsabilités. La campagne qui demandait une répartition 50-50 des députés était le fait des syndicats et de certains partis politiques qui privilégiaient de nouvelles politiques. Nous espérions vraiment que non pas la seule présence physique de femmes mais une attitude apparemment plus ouverte à l'égard des politiques sexo-spécifiques inspirerait le Parlement.
Sur le plan structurel, on peut dire effectivement qu'il y a eu des changements. Les zones de travail du Parlement tiennent compte des horaires et des congés scolaires; il y a aussi une crèche et un service de garderie au Parlement, services que l'on menace régulièrement de fermer, ce qui n'est guère surprenant, parce qu'on ne considère pas qu'il s'agit là d'un service essentiel.
Cependant, neuf années après le transfert de responsabilités, le nombre des femmes au Parlement écossais a diminué à chaque élection. Elles ne représentent plus maintenant que 35 p. 100. L'engagement qu'avaient pris les différents partis politiques de respecter le principe d'un nombre égal de députés hommes et femmes, ou les listes des partis qui devaient contenir uniquement des candidates ainsi que les divers mécanismes favorisant la promotion des femmes se sont quelque peu affaiblis. Aujourd'hui, le parti au pouvoir qui est minoritaire, le Scottish National Party, compte un certain nombre de femmes parmi ses rangs et un certain nombre d'entre elles font partie du conseil des ministres, situation dont on ne peut que se féliciter ne serait-ce qu'à un niveau superficiel, puisqu'il s'agit de la reconnaissance populaire des femmes au gouvernement. Le Scottish National Party obtiendrait certainement d'excellentes notes sur ce point, mais ces notes seraient certainement meilleures que celles qu'il obtiendrait pour ses processus de sélection et de promotion des femmes au sein du parti. Mais c'est un autre aspect.
Quant à savoir si la présence de femmes fait bouger les choses, je dirais que la réponse est évidente comme le montre l'expérience du Parlement écossais. Les députées du Parlement écossais ont apporté une contribution importante, c'est évident. Je pense personnellement que certaines questions ne se seraient pas vu accorder autant de place si ce n'était des femmes qui siègent au Parlement — ou la violence familiale et les garderies. Un certain nombre de femmes et d'hommes ont eu une action déterminante dans la promotion d'une politique en matière de violence familiale et de stratégies de prévention en Écosse.
Pour ce qui est de faire adopter des mesures en matière d'analyse budgétaire sexo-spécifique, et de faire la promotion des femmes et de prendre des mesures structurelles et contraignantes, nous disposons d'un certain nombre de leviers que nous continuons à utiliser. Les principes fondateurs du Parlement écossais jouent un rôle extrêmement important. Ils reconnaissent l'égalité des chances et l'égalité d'accès au Parlement — la participation, l'ouverture et la responsabilisation sont des principes du Parlement — ces principes viennent renforcer les pouvoirs des personnes qui, de l'extérieur, souhaitent utiliser le Parlement dans ce but. Ce sont là des mesures très efficaces qui obligent le Parlement à rendre des comptes. Le mandat du comité sur l'égalité des chances du Parlement est fixé par une loi, ce qui nous donne des leviers structurels.
Le Scottish Women's Budget Group a constaté que les mesures que nous souhaitions intégrer au processus budgétaire ont vu leur portée réduite à mesure que le processus budgétaire a évolué, tant sur le plan de sa forme que de son déroulement. Les déclarations en matière d'égalité que nous avions obtenues ont disparu. Les nouvelles mesures législatives qui traitent de la budgétisation sexo-spécifique, l'obligation gouvernementale de promouvoir l'égalité des sexes, obligent toutes les autorités publiques à élaborer une stratégie de l'égalité des sexes et à évaluer toutes leurs politiques par rapport à leur effet sur cette égalité.
Cette approche est très nouvelle et pour le moment, elle donne des résultats ambigus, tant sur le plan de la portée des mesures que sur la mise en oeuvre concrète de ces obligations, mais aussi pour ce qui est de la qualité des stratégies élaborées et celles des évaluations d'impact. Une des principales critiques que nous faisons au nouveau gouvernement est qu'en plus de la terminologie très étrange qu'il utilise en matière d'égalité et de l'érosion que subissent les engagements vers l'égalité est l'absence d'un examen de l'impact sur l'égalité du budget de cette année et l'absence de toute étude de l'impact sur l'égalité dans le processus d'élaboration du budget. Mais comme Ailsa l'a mentionné, le processus budgétaire a été quelque peu écouté cette année, puisque le gouvernement n'a disposé que de huit semaines pour préparer le budget.
Les fonctionnaires ont fait beaucoup de bruit, mais je ne pense pas que cela soit suffisant. La loi exige que l'on procède à une évaluation de l'impact sur l'égalité et que le gouvernement s'engage officiellement dans une stratégie d'égalité pour élaborer des plans de dépenses qui respectent ce principe.
J'ai mentionné plus tôt que la stratégie en matière d'égalité devait être révisée cette année. Le Scottish Women's Budget Group souhaite que le gouvernement prenne l'engagement dynamique et réaliste de mettre sur pied pour l'avenir un processus efficace d'examen de l'égalité des sexes. Les mesures visant à établir des cibles, à choisir des secteurs précis de politique et de programme, à appliquer une analyse budgétaire sexo-spécifique à ces secteurs, à aller de l'avant dans les domaines qui relèvent des comités parlementaires, à demander aux fonctionnaires de rendre des comptes et à incorporer ces mécanismes — ce sont là des aspects clés de la mise sur pied d'une analyse budgétaire sexo-spécifique.
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Merci beaucoup, madame Mathyssen.
Je n'aurais sûrement pas la hardiesse de donner des conseils au Canada. Je peux toutefois vous donner mon avis personnel.
Je pense que les opinions au sein de notre groupe, le Scottish Women's Budget Group, et l'évaluation indépendante à laquelle nous nous livrons en tant que groupe de lobbying, attestent, comme je le disais, que nous sommes devenus une voix crédible qui fait autorité. Je crois que tout cela est confirmé par le fait qu'on sollicite régulièrement notre opinion. Les comités parlementaires nous invitent à témoigner et on nous demande de participer aux initiatives gouvernementales.
Cela ne va pas sans entraîner son lot de frustrations. Nous nous demandons si nous ne sommes pas instrumentalisés par le gouvernement. Dès qu'une approche de politique que nous avions recommandée n'est pas suivie, nous en éprouvons une certaine frustration, mais il y a toujours quelque chose de positif dans le fait d'avoir pu participer au processus. Nous sommes, je pense, constamment partagés entre l'apaisement que nous procure la participation au processus et la frustration que nous ressentons à cause des progrès très lents que nous constatons en matière de budgets de genre.
Dans le passé, nous avons été financés par des organismes bénévoles, comme Oxfam Royaume-Uni qui administre un programme sur la pauvreté. Nous avons aussi reçu des fonds de la commission statutaire sur l'égalité entre les sexes, soit la Commission d'égalité des chances. Celle-ci a été remplacée par la nouvelle Commission sur l'égalité et les droits de la personne qui est un organisme subventionnaire. Le Scottish Women's Budget Group pourrait, s'il le voulait, faire une demande de subvention auprès de cette nouvelle commission.
Cela soulève une autre question, celle de notre robustesse. Sommes-nous en mesure de recevoir et d'administrer des fonds publics? Dans le passé, nous avons carrément décidé de ne pas réclamer d'argent provenant directement des services d'égalité du gouvernement de l'Écosse, parce que nous voulions conserver notre indépendance et que nous craignions que notre autonomie ne soit remise en question, pour ne pas dire compromise par un financement d'État.
Je trouve personnellement très malheureux que Condition féminine Canada ait réduit son niveau de financement aux activités sexospécifiques et axées sur les femmes. J'aurais éprouvé exactement le même sentiment si, en Écosse, les services d'égalité ou EHRC devaient faire l'objet d'une réorientation au point que l'on perdrait de vue le dossier des femmes, que ce soit directement ou indirectement, en omettant de soumettre tous les aspects du travail sur l'égalité à des analyses sexospécifiques.
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Je vous répondrai très brièvement en vous disant ceci : personne ne le sait.
S'agissant de l'adhésion, j'ajouterai simplement que ça varie. C'est ce que je voulais dire en parlant de défis auxquels nous sommes confrontés afin de répondre aux changements d'ordre politique. Certains de nos champions politiques, comme notre ancien premier ministre, avaient adhéré à ce principe. Comme nous le savons, les premiers ministres et les ministres de la Justice, de même que les ministres responsables du dossier de l'égalité changent, tout comme la composition des comités. Toutefois, comme Angela vous le disait, grâce aux activités du Scottish Women's Budget Group, nous continuons à veiller à ce que le milieu des décideurs continue d'adhérer à nos positions. Si, pour cela, nous devons nous répéter sans cesse, nous le faisons avec plaisir, quoique je ne devrais peut-être pas parler de « plaisir », car le mot est un peu fort.
Pour ce qui est des données sexospécifiques non regroupées, il se trouve que nous n'en avons pas encore suffisamment. Ce n'est pas une raison de conclure que nous n'y parviendrons pas. C'est ce qu'on nous dit régulièrement, quand on nous affirme qu'on ne peut faire d'analyse de budget de genre parce qu'on ne dispose pas des données nécessaires pour cela. Pourtant, dès qu'on fait ce genre de constat, c'est-à-dire qu'on ne dispose pas des données nécessaires, que les données disponibles présentent des lacunes et qu'il faut en recueillir pour le prochain budget, on fait déjà de l'analyse de budget de genre. On commence par constater l'absence de données, la nécessité d'en recueillir et la nécessité de combler les lacunes constatées.
Tout d'abord, le UK Women's Budget Group fonctionne depuis 20 ans maintenant. Comme vous le savez, puisque vous avez recueilli les témoignages de nos organisations soeurs écossaises, il existe des organismes semblables ailleurs au Royaume-Uni, surtout en Écosse et au pays de Galles. D'ailleurs, l'Écosse est en avance sur nous sur le plan de l'établissement des budgets de genre.
Nous nous sommes baptisés UK Women's Budget Group, parce que nous oeuvrons principalement dans le domaine des politiques économiques et financières qui sont mises en oeuvre par le gouvernement du Royaume-Uni. Nous sommes une association mutuelliste — dont les membres appartiennent à des organisations de femmes, au milieu de la recherche et au milieu universitaire — et nous nous appuyons sur la compétence de nos membres pour analyser les politiques gouvernementales.
Nous bénéficions du soutien d'une agente de projets rémunérée de même que de bénévoles et de stagiaires, et nous sommes financés par le truchement de fondations caritatives indépendantes Nous ne recevons pas d'argent du gouvernement.
Je me propose de vous parler plus principalement des relations entre Women's Budget Group et le gouvernement. C'est d'ailleurs mon domaine de compétence. Je ne suis pas économiste de formation, mais au gouvernement, j'ai travaillé sur les questions d'intégration au courant dominant des rapports sociaux entre les sexes.
Women's Budget Group s'est donné pour mission d'essayer d'influencer le gouvernement dans la préparation et la détermination du budget, qu'il s'agisse de l'exercice annuel ou des politiques économiques et financières générales. Nous estimons que ce travail est un pan à part entière de l'intégration des questions relatives aux femmes, dans la foulée des engagements pris par le Royaume-Uni en vertu du Programme d'action de Beijing, parce que nous estimons qu'il faut disposer de ressources suffisantes pour mettre en oeuvre les politiques favorisant l'égalité entre les sexes.
Nous sommes d'avis que la budgétisation de genre permet de s'assurer que la politique est fondée sur des preuves et qu'elle permet donc d'atteindre plus efficacement les objectifs visés par le gouvernement. Toutefois, cet argument de l'efficacité part aussi du principe voulant que l'égalité des sexes est un objectif politique désirable en soi.
Cela nous amène bien sûr à la question de savoir si la budgétisation de genre est une activité politique. Personnellement, je pense qu'elle est une meilleure façon, beaucoup plus éclairée, de formuler des politiques fondées sur des preuves. D'autre part, cette forme de budgétisation est également politique en ce sens que Women's Budget Group et d'autres groupes s'intéressant aux budgets consacrés aux femmes, partout dans le monde, appliquent un point de vue féministe. Comme nous remettons en question la sexospécificité traditionnelle des rôles de même que les divisions traditionnelles du travail, nous pourrions dire qu'il s'agit d'une activité éminemment politique.
Au Royaume-Uni, nous avons récemment été aux prises avec d'importantes difficultés sur le plan juridique, de même que dans nos politiques et procédures et dans une partie de l'appareil d'État. Je tiens à vous en parler un peu, parce que ce genre de situation constitue la toile de fond sur laquelle s'inscrit la budgétisation de genre ainsi que notre travail de promotion de cette forme de budgétisation.
Tout d'abord, nous avons une ministre des questions féminines et de l'égalité qui s'occupe de tout le programme d'égalité. Jusqu'à récemment, elle était simplement ministre de la Femme, mais on lui a confié la responsabilité de tout ce qui concerne l'égalité — tout ce qui concerne l'égalité est relativement nouveau. Désormais, cette ministre est appuyée par le Bureau des questions d'égalité, qui lui aussi est une création récente et qui est un ministère en soi. Auparavant, elle bénéficiait de l'appui d'un petit service logé au sein de son ministère principal.
Ainsi, par le passé, les ministres chargés des questions de la femme occupaient toujours d'autres postes ministériels et même notre ministre actuelle n'a pas échappé à cette règle. Mais j'y reviendrai. Quoi qu'il en soit, elle dispose maintenant de son propre petit ministère, qui vient juste d'être créé. Nous pensons que celui-ci pourrait constituer un point de focalisation naturel pour toutes les questions de budget de genre.
Le Service des questions féminines et d'égalité nous a coparrainés, avec le ministère du Trésor, pour nous permettre d'administrer un projet d'analyse de dépenses sexospécifiques sur lequel je reviendrai tout à l'heure. Au sein du Trésor, on retrouve un champion en matière d'égalité; il s'agit d'un cadre supérieur qui pilote l'ensemble des activités dans ce dossier. Je pense que c'est une initiative porteuse.
Le Bureau d'égalité du gouvernement parraine un autre organisme nouveau, la Commission pour l'égalité et les droits de la personne dont mes homologues écossaises vous ont parlé. Cette commission a pour mission de dispenser des conseils indépendants et d'examiner ce que fait le gouvernement dans les questions d'égalité.
Au début, nous avions trois commissions sur l'égalité : une chargée des questions raciales, une autre chargée des questions de handicap et la troisième qui était responsable des dossiers d'égalité des femmes. Ces trois commissions ont, depuis, été regroupées en une seule qui a aussi assumé la responsabilité des droits de la personne et de la protection de certains groupes spécifiques : les groupes LGBT, les groupes fondés sur l'âge et les groupes fondés sur l'orientation religieuse. L'administration du programme d'égalité est partagée entre ces trois groupes.
Les organisations de femmes étaient plutôt ambivalentes à propos de ce changement. D'un côté, nous nous disions que le fait de regrouper sous un seul et même parapluie toutes les questions d'égalité permettrait de mieux faire progresser le dossier d'égalité des sexes, parce que nous pourrions avoir l'oreille du gouvernement. D'un autre côté, nous redoutions de perdre un certain effet de loupe sur les questions sexospécifiques, parce que nous estimons que l'inégalité entre les sexes est très différente des autres formes de discrimination.
Et puis, comme vous le savez sans doute, nous avons une nouvelle loi qui impose l'égalité entre les sexes. Celle-ci a été adoptée il y a environ un an. Cette obligation imposée à tous les organismes publics vise à promouvoir l'égalité entre les sexes. Autrement dit, les organismes publics doivent réaliser des évaluations d'impact sexospécifique de toutes les politiques, nouvelles et existantes. Ils doivent aussi publier un plan triennal en matière d'égalité entre les sexes énonçant les objectifs prioritaires en la matière.
Nous y voyons un levier déterminant pour améliorer le processus de budgétisation de genre de même que l'intégration au courant dominant des rapports sociaux entre les sexes. C'est d'ailleurs sur ce facteur fondamental que se fondera la commission d'égalité et des droits de la personne pour déterminer si le gouvernement respecte ou non ses objectifs qualitatifs.
L'autre mécanisme dont je voulais vous parler est le suivant. Tous les ministères centraux sont tenus de publier des ententes de service public ou ESP. Celles-ci précisent des cibles de haut niveau. Il existe plusieurs ESP interministérielles, certaines concernant un seul ministère et d'autres qui en intéressent plus d'un à la fois. Il y a une ESP en matière d'égalité qui fixe certains objectifs à cet égard.
Toutes ces ESP précisent des objectifs mesurables pour chaque ministère dans le contexte d'un examen exhaustif des dépenses, c'est-à-dire un examen triennal associé à l'affectation des dépenses gouvernementales. Elles stipulent aussi les affectations budgétaires de chaque ministère.
L'une de ces ESP fixe notamment comme priorité de combler l'écart salarial entre les sexes, car il existe un écart très important sur ce plan au Royaume-Uni. Dans les emplois à temps plein, l'écart est d'environ 18 p. 100. Dans les emplois à temps partiel, l'écart salarial entre les sexes frise davantage des 44 p. 100, ce qui est très élevé. Je pense d'ailleurs que c'est l'un des plus élevés en Europe et que le Royaume-Uni arrive à la première ou à la deuxième place en Europe pour ce qui est de l'écart salarial entre les sexes. Le gouvernement a décidé de combler cet écart par le truchement des ESP.
Le rapport que je viens juste de vous décrire entre les objectifs et les ressources budgétaires n'est pas encore aussi bien établi que nous le souhaiterions au Women's Budget Group.
Mais c'est la machinerie à laquelle nous avons affaire et c'est le contexte dans lequel nous devons évoluer.
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Eh bien, je vais alors me concentrer sur ce qui, selon nous, doit être fait.
Je vous ai parlé de l'obligation d'assurer l'égalité entre les sexes. Je me dois de préciser que, selon nous, les fonctionnaires manquent encore de moyens pour réaliser des analyses sexospécifiques dans le cas des politiques qu'ils élaborent. La plupart d'entre eux reçoivent certes une formation en matière d'égalité, mais c'elle-ci n'est pas suffisante. Nous estimons qu'il y a lieu d'améliorer les choses.
Nous croyons par ailleurs que les ministères ne sont pas vraiment soumis à des pressions politiques les obligeant à mettre en oeuvre une budgétisation de genre. Celle-ci est principalement réalisée grâce à des ministres femmes qui se sont engagée sur ce plan il y a déjà longtemps. Plus nous avons eu de femmes ministres au Cabinet et plus nous avons réalisé de progrès sur le plan de la budgétisation de genre. Nous aimerions que cette question fasse l'objet d'une plus grande priorité.
Nous estimons que les services responsables d'assurer l'égalité au sein de l'appareil gouvernemental que je viens de décrire ne sont pas suffisamment dotés. La ministre de la Femme, par exemple, chapeaute d'autres portefeuilles. Elle leader en Chambre et chef adjointe du Parti travailliste. Elle porte donc de nombreuses casquettes qui l'empêchent de se concentrer sur les questions concernant les femmes.
En outre, les fonctionnaires n'ont pas accès à des données sexospécifiques dégroupées. Nous avons un groupe d'utilisateurs de statistiques en matière de sexospécificité qui est en fait une ONG financée par le Bureau de la statistique nationale et par la Société royale de statistique qui fait beaucoup pour améliorer la situation, mais il y a encore place à l'amélioration.
Enfin, nous estimons que la budgétisation de genre devrait inclure la politique macroéconomique et la politique microéconomique. Selon nous, les principes de comptabilité d'État sont sexistes, puisqu'ils mesurent essentiellement l'activité économique des hommes plutôt que d'évaluer, par exemple, les activités de soins non rémunérées essentiellement assurées par les femmes. Si vous vous lancez dans cette entreprise, nous vous invitons très fortement à l'aborder sous l'angle macroéconomique et microéconomique.
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Ma présentation s'intitule donc « Établissement de budgets favorisant l'égalité entre les sexes aux États-Unis: l'expérience de San Francisco », et il concerne l'expérience menée dans mon pays à cet égard. Mon exposé sera quelque peu différent de ceux des témoins précédents, parce que je vais essentiellement vous parler d'une administration locale. L'une des grandes leçons que nous devons retenir ici, c'est qu'il est possible de mettre en oeuvre des budgets favorisant l'égalité entre les sexes à tous les paliers de gouvernement.
Commençons par quelques mots au sujet de San Francisco qui fait partie des 20 plus grandes villes des États-Unis avec quelque 750 000 habitants et un budget d'environ 6 milliards de dollars. C'est donc un palier de gouvernement très important.
Rappelons d'abord brièvement le contexte. Vous savez évidemment que les États-Unis sont le seul pays industrialisé à ne pas avoir ratifié la CEDAW, ce qui a poussé San Francisco à agir.
Ainsi, en 1998, frustrée par la non-ratification de la CEDAW par le gouvernement fédéral américain, San Francisco est devenue la première ville du pays à adopter son propre règlement CEDAW. Cela n'est pas dénué d'importance, car l'initiative de budget de genre à San Francisco se place dans le contexte des droits de la personne et ce sont les droits de la personne qui sont à la base de ce nouveau type d'exercice budgétaire dans cette ville. Le règlement exige que, lors de la révision de leurs politiques en matière d'emploi, d'affectations budgétaires et d'octroi des services et des ressources, les services de l'administration municipale s'appuient sur une analyse comparative entre les sexes et les droits de la personne.
La résolution CEDAW de San Francisco revêt une grande importance en raison du traitement explicite des questions d'ordre budgétaire. Contrairement au traité international CEDAW, adopté il y a près de 20 ans, qui ne faisait pas spécifiquement référence aux dépenses et aux recettes publiques, le règlement CEDAW de San Francisco demande expressément que les organismes intègrent dans leurs politiques, leurs programmes et leurs décisions budgétaires locales, les principes en matière de droits de la personne stipulés au règlement.
L'adoption du règlement CEDAW de San Francisco est le fruit des efforts d'une coalition publique et privée dont faisaient partie le Women's Institute for Leadership Development, ou WILD, et la San Francisco Commission on the Status of Women. Parmi les autres membres de la coalition, mentionnons Amnistie Internationale et la Women's Foundation of California. Je vais rapidement vous parler de ces groupes.
WILD est un organisme sans but lucratif qui se charge principalement de la représentation et de l'adoption du règlement CEDAW de San Francisco. Celui-ci constituait, aux yeux des fondateurs de WILD, une solution pour instaurer le programme d'action adopté lors de la quatrième Conférence mondiale des femmes qui s'est tenue à Beijing en 1995. WILD a consacré 18 mois à obtenir du soutien pour ce règlement auprès de groupes d'intervention, de politiciens et de la population en général. L'oeuvre accomplie par WILD à cet égard a été décisive.
WILD avait une organisation partenaire, la San Francisco Commission on the Status of Women, mise sur pied en 1975 par voie de résolution du Conseil des superviseurs de San Francisco. En 1994, celle-ci avait obtenu le statut d'organe permanent en vertu de la charte de la Ville. Je dois préciser que San Francisco est à la fois une ville et un État, en sorte que San Francisco est chapeautée par un conseil municipal et un Conseil des superviseurs.
La Commission, dont les sept membres sont nommés par le maire, élabore des politiques prioritaires qui sont instaurées par le Department on the Status of Women. La participation de la Commission à la coalition CEDAW a fourni un « associé précieux du gouvernement ayant des contacts clés à l'hôtel de ville ». Ce sont donc des groupes de femmes, des groupes de droits de la personne et un palier de gouvernement qui ont mis en oeuvre CEDAW.
Parlons des autres participants. La Women's Foundation of California est un organisme présent à l'échelle de l'État qui est axé sur l'investissement dans les jeunes femmes et les jeunes filles. Les relations solides que la Fondation a établies avec de nombreux groupes de défense des droits des femmes a constitué un élément déterminant dans les efforts déployés par la coalition pour instaurer le règlement CEDAW à San Francisco.
Amnistie Internationale est un organisme voué à la promotion des droits de la personne à l'échelle de la planète; il est constitué de nombreuses sections aux États-Unis. La section de la région de l'Ouest américain d'Amnistie a offert à la coalition CEDAW des membres et un solide réseau des droits de la personne.
Voilà donc la toile de fond contre laquelle s'inscrit l'exercice de budgétisation de genre à San Francisco. De plus, le Conseil des superviseurs, composé de 11 membres, est dirigé par une présidente et il est chargé d'adopter des lois et des budgets.
À l'époque de l'entrée en vigueur du règlement CEDAW, c'est Barbara Kaufman qui était présidente du conseil. Elle était une grande partisane de CEDAW et elle a grandement participé à l'élaboration de ce règlement.
Elle a pu compter sur un autre allié en la personne de Willie Brown, premier maire noir-américain de San Francisco, réputé pour son appui aux droits de la personne et à CEDAW. Il a signé ce règlement à la fin du premier « Mayor's Summit for Women », tenu à San Francisco.
Le règlement CEDAW prévoyait la création d'un groupe de travail, composé de 11 membres, qui devait informer le maire, le Conseil des superviseurs et d'autres de l'instauration de la CEDAW dans la région. Les membres de ce groupe de travail étaient des élus, des représentants de syndicats, des employés du gouvernement et des avocats populaires. Il s'agissait donc d'un groupe multipartite.
L'essentiel du règlement CEDAW de San Francisco exige de la Ville qu'elle intègre dans les politiques, les programmes et les décisions budgétaires de la région, les principes des droits de la personne stipulés au traité. Pour cela, le règlement exige que les services de l'administration municipale procèdent à une analyse comparative entre les sexes dans trois secteurs: les affectations budgétaires, l'octroi de services et les pratiques en matière d'emploi.
En mars 1999, des experts-conseils ont été embauchés en vue d'élaborer des lignes directrices destinées à guider les services de l'administration municipale dans ses analyses de sexospécificité.
Une procédure en cinq étapes a été élaborée à cette fin. Très rapidement, il s'agissait, premièrement de procéder à la collecte des données, deuxièmement, d'analyser ces données, troisièmement, de formuler des recommandations précises, quatrièmement, d'instaurer un plan d'action et, cinquièmement, d'évaluer les résultats.
Les lignes directrices de la CEDAW fournissent aux services de l'administration municipale des renseignements sur le corps de l'analyse comparative entre les sexes, pour les cinq étapes. Sept services de San Francisco ont été sélectionnés pour prendre part à la première analyse sexospécifique.
J'ai retenu quelques extraits des analyses sexospécifiques de deux de ces services pour illustrer les défis auxquels ils disent être confrontés dans la préparation de leur analyse, surtout en ce qui a trait au volet budgétaire. Les deux services en question sont très différents. L'un est celui des travaux publics qui, quand il a entendu parler pour la première fois de budget de genre, a déclaré: « De quoi s'agit-il? Nous sommes les travaux publics ». Ce faisant, après avoir examiné les différentes facettes des travaux publics, le service a constaté que son fonctionnement n'était pas exempt de sexisme et qu'il y avait des effets sur les hommes et sur les femmes. Puis, le service des travaux publics de la Ville a affirmé ne pas pouvoir réaliser d'analyse sexospécifique à cause d'un manque de données. L'intervenante précédente vous a dit que cela n'aurait pas dû l'empêcher d'agir — et ça ne l'a effectivement pas arrêté — mais il a soutenu que cela lui rendait la tâche difficile. J'espère que, durant la période des questions, nous aurons l'occasion de revenir davantage sur ce que ces gens-là ont fait.
L'autre service digne de mention est celui de la probation pour les adultes. Selon lui, ses priorités budgétaires ne tenaient pas compte du sexe des personnes, mais plutôt des besoins de l'ensemble de la population, même si le service responsable de la situation de la femme et d'autres ont constaté, à l'analyse, qu'il y avait une importante différence entre hommes et femmes en matière de probation.
Après avoir recueilli toute cette information, la Ville a reconnu qu'elle devait fournir de l'aide aux services de l'administration municipale pour qu'ils travaillent dans le sens du projet de budget de genre. Elle a d'ailleurs apporté une aide à ces services, surtout dans le domaine de la collecte de données sexospécifiques non regroupées. La Ville a alors produit un plan stratégique quinquennal qui avait été prévu dans le règlement CEDAW, pour fournir une structure aux services de l'administration municipale en vue d'intégrer les différences entre les deux sexes dans l'ensemble de ses systèmes et de ses structures, y compris les budgets. Son plan d'action a été préparé par le groupe de travail de la CEDAW dont j'ai parlé tout à l'heure, qui a collaboré avec le service chargé de la situation de la femme, et qui était censé être une feuille de route en vue d'instaurer aussi rapidement que possible la CEDAW.
À présent que je vous ai dressé le contexte, je vais vous dire ce qui s'est passé.
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Il y a beaucoup à dire dans le peu de temps dont nous disposons ici.
Permettez-moi de commencer avec le devoir d'assurer l'égalité entre les sexes. La nouvelle loi, j'en conviens, est peut-être la plus importante. Le but de cette nouvelle loi est d'obliger tous les organismes publics, non seulement pour les ministères du gouvernement, mais aussi pour les gouvernements locaux, les organismes publics et quiconque offre un service public, à promouvoir l'égalité entre les sexes dans la prestation des services et dans la conception et l'élaboration de politiques. Cela fait suite à une loi similaire sur l'égalité entre les races adoptée en 2000. Le même type de principe que le devoir public de promouvoir l'égalité entre les races a été étendu à l'égalité entre les sexes.
Je crois que cela en dit long sur la question de volonté politique que vous soulevez, parce qu'il a fallu tellement longtemps pour passer de l'obligation en matière de race et l'obligation en matière d'égalité des sexes. Il nous a fallu près de 10 ans pour y parvenir. C'est donc la première chose à dire. Bien qu'il soit illégal au Royaume-Uni de faire de la discrimination à l'endroit des femmes en matière de politiques et de services depuis environ 1970 à 1975, époque à laquelle différentes lois ont été adoptées, la loi actuelle va un peu plus loin et exige que les ministères examinent les répercussions de leurs politiques et se demandent si elles favorisent la promotion de l'égalité entre les sexes. Il s'agit donc d'un changement considérable et, selon moi, d'une perspective très intéressante.
Vous avez également posé une deuxième question concernant le bureau de l'égalité des chances du gouvernement. Les sources gouvernementales usuelles fournissent beaucoup de renseignements sur cette question. Permettez-moi de vous dire brièvement que ce bureau a été établi en tant que ministère distinct et a part entière. Cela est aussi une innovation pour nous. Nos unités traditionnelles d'égalité font partie des ministères, du Cabinet et d'autres entités. Il s'agit maintenant d'un ministère distinct. Toutefois, il s'agit d'un ministère plutôt petit qui ne dispose d'un gros budget de dépenses comme c'est le cas pour les autres ministères. Son secrétaire permanent a été nommé à un niveau légèrement inférieur à celui des autres secrétaires permanents. Je suppose donc que l'une de nos questions au sein du Women's Budget Group serait de savoir quel niveau d'autorité ce secrétaire aura pour influencer les autres ministères. Nous comptons bien que cela se produise.
Vous avez posé une question au sujet du projet d'analyse des dépenses de genre. J'ai apporté le rapport mais vous le trouverez également sur notre site Web, le wgb.org.uk. Ce projet est essentiellement un projet que nous avons lancé en partenariat avec le ministère des Finances de Sa Majesté. Notre gestionnaire de projet, qui travaille à plein temps pour le Women's Budget Group, est en détachement auprès du ministère des Finances à raison de deux jours par semaine pour entreprendre ce projet. Mme McKay, que vous avez entendue plus tôt, et Mme Diane Elson, une de nos membres qui ne peut malheureusement être des nôtres aujourd'hui pour témoigner, ont participé au projet. Ces gens ont fourni une expertise théorique et technique pour former les fonctionnaires du ministère des Finances de même que les fonctionnaires des ministères qui ont participé au projet. Nous avons analysé deux programmes différents du gouvernement, deux programmes de dépenses différents pour déterminer les répercussions sexospécifiques. Nous avons pu en conclure que nous n'avons pas suffisamment de données déségrationnées sur le genre pour entreprendre une bonne analyse. Je crois que c'est là l'enseignement principal.
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Je tiens à dire que même si les États-Unis n'ont pas ratifié la CEDAW, environ 20 États et plus de 50 villes ont adopté des résolutions pour encourager le pays à le faire.
En septembre 2007, des municipalités ont, à titre individuel, adopté une résolution pour faire en sorte que l'égalité des genres soit au coeur du fonctionnement du gouvernement du comté de Fulton, en Géorgie, là où se trouve la ville d'Atlanta. Une composante de la résolution comprend l'affectation de ressources et un budget comme éléments clés. Il est particulièrement intéressant de noter que cela n'a pas été explicitement situé dans un contexte de droits de la personne comme ce fut le cas à San Francisco. Tout est abordé carrément dans le cadre de l'égalité entre les sexes. Un des éléments essentiel, comme dans le cas de San Francisco, est que le chef du Conseil des superviseurs, qui était un ardent défenseur des droits et qui a insisté pour faire adopter cette mesure, fait partie de la Commission du comté de Fulton. Il s'agit de Mme Barbara Boxer. C'est elle qui a fait la proposition. Par la suite, le comté de Fulton s'est engagé en ce sens.
Hier, j'ai reçu un courriel d'une femme qui travaille là-bas et qui me dit que les choses vont bien. Nous avons donné de la formation là-bas en décembre, et un certain nombre de personnes de divers services du comté de Fulton y assistaient pour apprendre à faire une analyse de genre et à réfléchir en termes de budgétisation de genre. Par contre, les personnes qui travaillent au bureau des finances n'ont pu y assister. Elles sont bien conscientes que pour qu'il y ait progrès, l'initiative doit aller de l'avant.
La Ville de Los Angeles a adopté une ordonnance visant la mise en oeuvre locale de CEDAW, mais les choses ne bougent pas très rapidement. Voilà où en est la situation en ce qui a trait aux villes des É.-U.
Quant à San Francisco, loin de moi l'idée de dire que rien ne s'y est passé. D'importantes mesures ont été prises dans un certain nombre de secteurs, particulièrement en ce qui a trait à la violence envers les femmes et aussi en matière de probation des jeunes. Le service qui s'occupe de la probation des jeunes examine actuellement l'approche prise pour loger les jeunes femmes par rapport aux jeunes hommes, lorsqu'il y a nécessité d'offrir de l'hébergement. Il y a donc eu des initiatives, mais en termes d'établissement de budget, les choses avancent très lentement. Une des raisons, selon moi, est que plusieurs de ces organismes n'accordent pas une très grande priorité à la budgétisation. Les organismes savent que cela est important, mais ils s'intéressent davantage aux questions de violence envers les femmes et à d'autres questions plus pressantes. C'est là un des défis qui se posent, savoir faire en sorte que cette coalition retrouve son entrain et qu'elle commence à prendre conscience de l'importance de l'établissement de budgets par rapport à tout ce qui doit être fait.
Il y a d'autres défis comme par exemple d'amener les gens du service des finances à dire « C'est ce que nous ferons ».