:
Merci beaucoup, madame la présidente. Je suis ravie d'être parmi vous.
Je dois néanmoins apporter deux précisions pour les fins du compte rendu. À l'heure actuelle, je suis l'économiste principale du Centre canadien de politiques alternatives et je ne suis pas non plus docteure.
Le comité a maintenant l'occasion de dialoguer avec les citoyens et de les amener à réfléchir à ce qui compte par-dessus tout : notre qualité de vie. Et, il ne fait aucun doute que l'égalité des femmes est essentielle à notre qualité de vie.
Les femmes représentent la moitié de l'électorat et presque la moitié des contribuables canadiens, par rapport à seulement 30 p. 100 il y a une génération. Selon les dernières statistiques, nous avons versé 42 milliards de dollars, seulement sous forme d'impôts sur le revenu, et ce montant continue à grimper. Nous sommes un groupe très important et nous méritons que chaque budget préparé par chaque gouvernement au Canada nous réserve une place de respect et d'égalité. Malheureusement, dans ce budget on semble avoir pensé aux femmes après coup seulement.
J'ai lu le Budget de 2008, comme vous l'avez demandé, afin de voir quelles mesures pourraient éventuellement profiter aux femmes. J'ai rédigé un rapport exhaustif sur la question, que j'ai déjà soumis à la greffière du comité, mais pour ne pas vous faire perdre du temps, je vais passer directement à l'essentiel.
Les femmes sont mentionnées six fois en tout dans le budget — deux fois, en tant que pêcheurs, et deux fois en tant qu'anciennes combattantes. Mais ce sont les trois autres mentions qui constituent le véritable bijou du budget. Dans un passage de 52 mots — par rapport à un document budgétaire qui 416 pages — on nous dit que la grande nouvelle budgétaire pour les femmes est une promesse — la promesse de définir un plan d'action destiné aux femmes.
Mais, le fait est qu'il existe déjà un plan d'action qui a été élaboré par le Canada dans la foulée de la signature de la Plate-forme d'action de Beijing en 1995. Il faut croire que le ministre des Finances n'a pas reçu de note de service à ce sujet. Un plan d'action établi il y a une dizaine d'années dont personne n'a tenu compte est certainement un plan d'inaction, mais certainement pas parce que le plan original ne comportait pas les éléments appropriés.
D'ailleurs, il ne sera pas nécessaire de réinventer la roue afin d'en arriver à un nouveau plan d'action. Il suffira de vous concentrer sur les mesures qui enfin feront tourner la roue. C'est à des comités comme le vôtre de déterminer ce que le gouvernement doit faire et de définir des projets d'amélioration ayant des résultats concrets positifs pour les femmes, vous avez la possibilité d'agir. En fait, vous auriez dû agir depuis longtemps.
Nous savons très bien ce qui permettra de faire avancer la cause de l'égalité des femmes et d'améliorer la qualité de vie des Canadiens. Le Centre canadien de politiques alternatives est l'hôte d'un projet de coalition intitulé Alternative budgétaire fédérale. Cette dernière nous a permis d'établir le coût réel de bon nombre des objectifs dont vous allez parler dans les prochains mois. En plus de s'attaquer au problème des changements climatiques, de la remise en état de l'infrastructure communautaire, du régime d'assurance-médicaments et des besoins des membres des premières nations, ce premier budget compte en tout 17 milliards de dollars cette année.
Vous allez peut-être réagir avec scepticisme en vous disant : « Dix-sept milliards de dollars! Où est-ce qu'on pourra bien trouver une telle somme? » Mais, le Budget de 2008, établi en prévision d'un ralentissement économique et d'une faible marge de manoeuvre, prévoit en réalité 43 milliards de dollars de dépenses sur trois ans. C'est plus de 17 milliards de dollars par année. Donc, il serait tout à fait possible, financièrement parlant, de faire quelque chose qui bénéficierait aux femmes canadiennes tout en agissant sur les changements climatiques et en renforçant nos villes. Mais, cela suppose que le gouvernement fédéral fasse deux choses fondamentales : premièrement, qu'il trouve une certain marge budgétaire, afin de pouvoir investir dans de nouveaux programmes ciblés; et, deuxièmement, qu'il s'assure que ces programmes sont conçus de façon à avantager les femmes. Il s'agit d'un changement d'orientation massif mais, après 20 ans pendant lesquels on a cherché à réduire l'action gouvernementale, c'est un changement nécessaire qui se fait attendre depuis longtemps.
Le premier objectif du plan de 1995 consistait à intégrer l'analyse comparative entre les sexes dans chaque initiative d'orientation du gouvernement. Permettez-moi donc de vous expliquer les raisons pour lesquelles ce genre d'analyse est tout à fait essentiel pour ce budget, et pour tous les budgets. Quand on parle d'un budget sexospécifique, on ne parle pas uniquement du nombre de fois où l'on mentionne les femmes ou de mesures qui influent exclusivement sur les femmes. Une analyse comparative entre les sexes, effectuée à l'égard d'un budget, permet de lever le voile sur l'action gouvernementale et qui en bénéficie. Elle révèle le coût élevé des programmes politiques qui donnent la priorité aux réductions d'impôts depuis plus d'une décennie.
Depuis des années, les femmes demandent des mesures de soutien sous forme de services de garde d'enfants, de logements abordables, d'études postsecondaires abordables, de meilleurs programmes d'intégration des immigrants et de reconnaissance de leurs capacités et d'accès à l'aide juridique. Dans les années 1990, on nous a dit qu'il fallait attendre en raison de déficits budgétaires. Eh bien, le déficit est épongé depuis longtemps, nous avons connu beaucoup d'années consécutives d'excédents budgétaires et, malgré tout, aucun investissement n'a été fait dans ces programmes qu'attendent les femmes depuis si longtemps, à cause justement des réductions d'impôts.
Élu en janvier 2006, ce gouvernement minoritaire a réussi, en 25 mois seulement, à faire disparaître les excédents budgétaires d'autrefois, qui se montaient à plusieurs milliards de dollars, et qu'aucun autre pays industrialisé n'avait connus, si bien que nous avons à présent des budgets à peine équilibrés. Ce gouvernement a réussi à faire cela en utilisant l'excédent pour payer des réductions d'impôts et la réduction de la dette. En fait, le Budget de 2008 établit un nouveau record en ce qui concerne cette approche : il offre aux Canadiens 7 $ de réduction d'impôt et de réduction de la dette pour chaque dollar qu'il investit dans de nouveaux programmes.
D'ailleurs, dans son Budget de 2008, le gouvernement se targue d'avoir réussi, depuis qu'il a pris le pouvoir, à appliquer des réductions d'impôts de presque 200 milliards de dollars et de pouvoir réduire la dette de presque 50 milliards de dollars d'ici 2012-2013. Bon, je sais que la matinée n'est pas très avancée, mais je vous demande de prendre quelques instants pour réfléchir à cet état de choses : nous parlons de 250 milliards de dollars qui ne peuvent pas être investis dans des programmes qui permettraient de s'attaquer aux grandes questions de l'heure : nos villes qui sont en difficulté, les changements climatiques et la croissance toxique de l'inégalité des revenus.
Pourquoi avons-nous sacrifié l'occasion rêvée que nous avions d'agir? Eh bien, c'était pour pouvoir offrir des réductions d'impôt. Soyons clairs : un programme politique qui privilégie les réductions d'impôt n'est pas un programme neutre; il favorise les plus riches et il favorise les hommes.
Le Budget de 2008 nous a appris que 3 milliards de dollars par année de réduction de l'impôt sur le revenu des particuliers favoriseront les personnes se trouvant dans la tranche de revenu la plus faible. On voudrait nous faire croire que c'est une somme très importante — et ce n'est pas faux — et que cette somme favorisera les Canadiens à faible revenu.
Mais, examinons de plus près les statistiques sur les impôts. Le fait est que 58 p. 100 des Canadiens assujettis à l'impôt ne dépassent pas cette première tranche de revenu, pour lequel le maximum est de 37 884 $. Environ 68 p. 100 des femmes, et 50 p. 100 des hommes, se trouvent dans cette catégorie. Cela veut donc dire que ces 3 milliards de dollars par année bénéficieront à la majorité des hommes et femmes canadiens qui sont assujettis à l'impôt. Mais, attendez une seconde : le budget nous apprend que les réductions d'impôt se montent à presque 200 milliards de dollars. Cela veut donc dire que, pour chaque dollar de réduction d'impôt bénéficiant à la majorité — surtout les femmes — 12 $ de réduction d'impôt bénéficieront à la minorité des Canadiens, dont les revenus sont plus élevés, et aux sociétés.
D'ailleurs, le revenu de certains Canadiens est à ce point faible qu'ils n'ont pas à payer des impôts. Les trois quarts de tous les hommes canadiens profitent des réductions d'impôt, mais presque quatre femmes sur dix ne sont pas du tout touchées par le régime fiscal. Pourquoi? Eh bien, parce qu'elles ne gagnent même pas assez d'argent pour avoir à payer des impôts. Donc, pour quatre femmes sur dix, les réductions d'impôt sont sans intérêt.
Cette dépendance à l'égard des réductions d'impôt, observée chez des gouvernements successifs, a changé la façon dont le gouvernement prélève ses recettes et à qui il les prélève. Au cours des 15 dernières années, le taux d'imposition du 1 p. 100 des contribuables les plus riches a baissé de quatre points de pourcentage, alors que les 20 p. 100 des contribuables les plus pauvres sont visés à présent par un taux d'imposition qui est plus élevé de trois à cinq points de pourcentage. Et, pour couronner le tout, le taux d'imposition d'une famille à revenu moyen est plus élevé maintenant de six points de pourcentage, par rapport à celui d'une famille se situant dans cette tranche de 1 p. 100 des Canadiens les plus riches.
Lorsqu'on analyse ce programme politique axé sur les réductions d'impôt dans cette optique, on se rend compte que, chaque année, il devient de plus en plus difficile de le défendre.
Vous savez, 200 milliards de dollars de réduction d'impôt représentent une somme très considérable. Voilà ce que cet argent n'a pas permis de faire, alors que ce sont les priorités des femmes du Canada : des villes vivables, des mesures de soutien destinées aux familles, des nouveaux débouchés, la réduction de la pauvreté, une vie exempte de violence et l'accès à la justice fondamentale. Et, toutes ces mesures ne profiteraient pas uniquement aux femmes, mesdames et messieurs; elles profiteraient à tous. Le Budget de 2008 et les deux budgets fédéraux précédents ne cherchent aucunement à répondre à aucune de ces préoccupations. Ce sont des budgets conçus pour aider les riches, mais pas nous.
Les réductions d'impôt coûtent très cher. Elles limitent les ressources dont nous disposons. Elles nous empêchent d'agir. Elles dilapident les investissements réalisés par la génération de nos parents et compromettent l'héritage que nous souhaitons laisser à la prochaine génération.
Promettre des réductions d'impôt, ce n'est pas une preuve de leadership; les réductions d'impôt sont faciles. Le leadership — le leadership responsable — consiste, lorsqu'on occupe un poste d'influence, à s'assurer d'exercer son pouvoir pour aider les personnes les plus vulnérables. Les vrais chefs de file exercent leur pouvoir pour construire des villes qui sont saines et dynamiques pour tout le monde — des villes qui offrent à tous la possibilité de réussir, de s'instruire et de trouver un juste équilibre entre les exigences professionnelles et les obligations familiales.
Voilà en qui consiste les préoccupations des femmes du Canada. Ce sont des préoccupations qui sont négligées depuis trop longtemps dans l'exercice budgétaire du gouvernement fédéral. Donc, je vous exhorte à réfléchir longuement à la question que voici : quel genre de budget proposeriez-vous si votre plus grande priorité était le bien-être des femmes, des enfants et des familles?
Le gouvernement actuel a justement promis de proposer un tel plan. Or nous savons ce qu'il faut faire. Il s'agit d'avoir la marge de manoeuvre nécessaire pour le faire. Mais, cela suppose que l'on réfléchisse sérieusement au rôle des gouvernements et à ce à quoi doivent servir les impôts.
Les prochaines mesures que vous allez prendre sont les plus faciles. En voici quatre que le comité peut prendre dès demain.
Premièrement, engagez-vous à incorporer dans tous les travaux du comité l'analyse comparative entre les sexes relativement à toute question budgétaire. Demandez au ministère des Finances de faire une analyse comparative entre les sexes des grandes initiatives budgétaires relatives aux impôts et aux dépenses. Demandez qu'une étude soit effectuée de façon à déterminer qui bénéficie des mesures prévues. Demandez-leur aussi de vous donner une vue d'ensemble : c'est-à-dire, les conséquences macroéconomiques, et les coûts et les avantages d'un programme axé en priorité sur les réductions d'impôt et la réduction de la dette, par opposition à de nouvelles dépenses permettant d'exécuter le genre de programmes que revendiquent les femmes.
Deuxièmement, choisissez exactement les catégories de revenu que vous voulez cibler comme principal bénéficiaire de votre plan. Je vous encourage vivement à cibler les contribuables faisant partie de la dernière tranche de revenu, c'est-à-dire ceux dont le revenu imposable est inférieur à 38 000 $. Pourquoi? Parce que cela correspond à deux tiers des femmes et à la moitié des hommes.
Troisièmement, choisissez cette année trois mesures prioritaires, de même que trois plans d'action dans chacun de ces secteurs, et discutez-en en comité. Choisissez-en trois autres l'année prochaine, et discutez entre membres du comité de ce que vous allez faire. Quelles sont mes suggestions pour cette année? D'abord, des logements abordables pour les 68 p. 100 des femmes qui se trouvent dans la dernière tranche de revenu; des services de garde d'enfants pour les 74 p. 100 des femmes qui travaillent et qui ont de jeunes enfants; et, des études postsecondaires pour les 57 p. 100 des diplômées féminines accablées par un niveau d'endettement sans précédent lié à leurs études. Il y a toutes sortes de façon d'opérer des changements significatifs dans chacun de ces domaines. Je recommande que vous reteniez l'une ou l'autre de ces options et que vous examiniez l'Alternative budgétaire fédérale, pour avoir une évaluation du coût de ces mesures et d'autres objectifs. J'ai remis une copie du document en question à la greffière du comité.
Et, la dernière chose que vous pouvez faire, à compter de demain, serait de commencer à préparer les arguments que vous ferez valoir auprès des membres de vos propres caucus concernant les mesures qu'il faudrait inclure dans le prochain budget, mesures qui amélioreront la vie des femmes et de leurs être chers.
Nous savons tous très bien qu'une bonne partie du véritable travail du gouvernement s'accomplit en comité. Je vous transmets donc mes sincères remerciements pour l'occasion qui m'a été donnée de témoigner de nouveau devant le comité. J'attends avec impatience vos recommandations sur le contenu de ce plan d'action et l'approche adoptée à l'égard du budget de l'année prochaine.
Merci beaucoup.
Moi, aussi, je voudrais apporter un éclaircissement pour les fins du compte rendu. Je ne suis pas docteure. Je suis professeure à la Faculté de droit de l'Université Queen's, et j'enseigne également au Département des études féminines.
Madame la présidente et honorables membres du comité, je suis ravie d'avoir aujourd'hui l'occasion d'explorer avec vous cette question très importante. J'espérais qu'on aurait un semblant de budget sexospécifique cette année, au moment où le budget a été déposé, mais comme nous n'en avons pas eu, je vois cette réunion comme présentant l'occasion examiner certains éléments d'information qu'on aurait pu retrouver dans un véritable budget sexospécifique et qui intéressent les personnes préoccupées par l'incidence sur les deux sexes des activités du gouvernement fédéral.
Je voudrais surtout aborder trois aspects fondamentaux du processus budgétaire. Je vais commenter brièvement le côté dépenses du budget, en m'attardant tout particulièrement aux conséquences fiscales des mesures proposées dans le dernier budget, de même que dans d'autres énoncés économiques du gouvernement actuel. Ce budget prévoit des changements fiscaux structurels pour ce qui est de la structure fondamentale des taux d'imposition, de même que quelques dépenses fiscales nouvelles et inhabituelles qu'il convient, d'après moi, d'éclairer le plus possible.
S'agissant des dépenses prévues au budget, je voudrais vous raconter quelque chose qui, selon moi, correspond à la réaction que nous devrions tous avoir face à ce budget.
Le lendemain du dépôt du budget, j'étais dans une réunion à côté d'une jeune femme qui venait de commencer ses études universitaires. Elle s'appelle Jessica Notwell, et elle est membre du Conseil pancanadien du développement économique communautaire des femmes.
Lorsqu'elle a vu la somme affectée à Condition féminine Canada — et, il convient de préciser qu'il s'agit de 4 millions de dollars de moins par rapport aux crédits dont disposait ce ministère précédemment, et qu'on lui accordait cet argent pour faire un travail qui a déjà été plus ou moins réalisé au niveau ministériel — sa réaction initiale était de se dire que, s'il y a 16,6 millions de femmes au Canada, cela représentait 1,21 $ par femme. Elle m'a dit qu'elle ne comprenait pas ce budget et qu'elle ne comprenait pas ce gouvernement.
Elle m'a dit : « Ce gouvernement donne 50 millions de dollars aux éleveurs de porcs. J'ai trouvé ce chiffre dans les documents budgétaires. Il y a 14,1 millions de porcs au Canada; cela veut donc dire que le gouvernement fédéral dépense 3,67 $ pour chaque porc au Canada, afin d'aider les éleveurs de porcs à s'adapter aux nouvelles réalités du marché porcin, mais seulement 1,21 $ pour chaque femme canadienne. »
À l'époque, c'était une sorte de moment de découverte mais, rétrospectivement, je ressens très profondément le désarroi de toutes les femmes du Canada qui ont cherché à s'expliquer, dans un budget qui compte plusieurs centaines de pages, cette infime somme d'argent qui est donnée aux femmes. Je dirais qu'il est beaucoup plus urgent et important de prévoir des mesures qui tiennent compte des nouvelles réalités de la vie des femmes, quelles que soient les difficultés que connaissent actuellement les éleveurs de porcs en raison de changements qui s'opèrent dans les pratiques de commercialisation.
En novembre dernier, je vous ai donné des chiffres qui correspondaient à une sorte de cliché ou aperçu général de la distribution des revenus entre les femmes et les hommes durant le cycle de vie dans son ensemble mais, depuis que je vous ai fourni ces renseignements, d'autres données ont été publiées qui montrent bien que la situation des femmes canadiennes est de plus en plus grave.
N'oublions pas que le Canada a l'une des plus grandes économies de la planète. Le Canada est l'un des principaux pays membres de l'OCDE, qui représente les 30 pays les plus industrialisés. Le Canada est extrêmement riche à tous les points de vue, comparativement à d'autres pays. Au milieu des années 1990, le revenu des femmes qui travaillaient à plein temps avait déjà atteint 72 p. 100 de celui des hommes, et les femmes ayant un diplôme universitaire avaient déjà des gains correspondant à 75 p. 100 des hommes à cette même époque.
Mais, comme le démontrent les indicateurs de l'ONU, du Forum économique mondial et Social Watch, le Canada se place à présent bien après d'autres pour ce qui est faire rétrécir l'écart entre les deux sexes, par rapport à l'époque où il se situait au premier rang.
En 2005, d'après les chiffres comparables les plus récents, les femmes qui travaillaient à plein temps avaient des gains correspondant à seulement 70,5 p. 100 que les hommes, en moyenne. Donc, l'écart entre les deux sexes se creusent de nouveau, et de façon importante. Les femmes ayant fait des études universitaires — qui ont un niveau d'endettement très élevé à la suite de leurs études, comme ma collègue vient de le mentionner — ont en moyenne des gains ne correspondant qu'à 68 p. 100 de ceux des hommes.
L'écart entre les deux sexes est encore plus grand chez les femmes qui ont fait des études universitaires. On disait autrement qu'une femme devait avoir un grade universitaire pour obtenir autant qu'un homme n'ayant terminé que le 12e année du secondaire; mais, on dirait maintenant que des études supérieures sont également susceptibles de l'aider.
Donc, la situation est grave et elle ne cesse de s'aggraver, et c'est la raison pour laquelle je voudrais me concentrer sur, d'une part, l'incidence d'une absence totale de dépenses prévoyant une aide directe pour les femmes et, d'autre part, les changements apportés à la structure du régime fiscal. De plus en plus, le gouvernement actuel met ce pays très riche et cette économie très prospère dans une situation où nous risquons de retomber dans une position déficitaire et, dans ce contexte, même l'octroi de moins de 1 milliard de dollars à l'enveloppe budgétaire pour le système d'éducation risquerait de faire retomber le pays en situation déficitaire.
Permettez-moi donc de vous expliquer brièvement l'incidence négative, sur les femmes tout particulièrement, de l'actuel programme de réduction d'impôt. À cette fin, je me propose de vous présenter un document reproduisant une série de tableaux en espérant que vous l'avez reçu.
Premièrement, j'aimerais parler des conséquences négatives pour les femmes des réductions structurelles qui ont touché les trois principales sources de revenu du gouvernement fédéral — la TPS, l'impôt sur le revenu des particuliers.
Et là j'essaie de démontrer la fausseté des proclamations de politiciens qui passent bien lorsque ces derniers prononcent leurs petites phrases devant les journalistes — proclamation que des comités comme celui-ci, qui participent à la définition des politiques, doivent absolument examiner d'un oeil critique.
Le gouvernement prétend que son programme de réduction d'impôt vise à stimuler l'économie, mais il est incapable de prouver que ce programme a réellement eu un tel effet.
Le gouvernement affirme que ses réductions d'impôt sont proportionnellement plus importantes pour les personnes à plus faible revenu et présentent même des statistiques à la page 38 ou 90 — je ne me rappelle plus laquelle — du budget qui sont censées faire cette démonstration.
Or ces statistiques présentent le montant global des réductions d'impôt en tant que proportion des impôts actuellement payés selon les différentes tranches de revenu. D'après ce tableau, la plus forte proportion des réductions d'impôt bénéficie aux tranches de revenu les plus faibles. Mais, c'est un peu comme si l'on disait à quelqu'un qui touche une allocation d'un dollar chaque semaine que vous allez réduire son allocation de 25 ¢. Cela correspond bien à une réduction de 25 p. 100 de l'allocation de cette personne. C'est un plus gros pourcentage que si l'on décidait de réduire de 100 $ l'allocation d'une personne qui touche 1 000 $ par semaine, ce qui correspondrait à une réduction de 10 p. 100; mais, quand vous prenez même un peu d'argent dans la poche de ceux qui en ont le moins, en réalité, vous en laissez davantage entre les mains des personnes les plus privilégiées.
C'est une conception des avantages fiscaux des réductions d'impôt qui est tout à fait à l'envers, et pour moi, le premier tableau nous le démontre. Ici j'ai reproduit les plus récentes statistiques sur les tendances en matière de dépenses au Canada, indiquant combien d'argent les personnes faisant partie des cinq premières tranches de revenu au Canada consacrent aux biens et services auxquels s'applique la TPS. Ce que j'ai démontré ici, c'est qu'une réduction de 1 p. 100 de la TPS donne aux plus pauvres du Canada un avantage fiscal inférentiel : en moyenne, cet avantage se monte à 140 $ par année, cette somme correspondant au 1 p. 100 de moins qu'ils paient sous forme de TPS au moment d'acheter des biens et services.
Mais si vous regardez la colonne du quintile le plus élevé — les personnes qui dépensent, en moyenne, 62 000 $ ou plus pour des biens de consommation — vous allez voir que cette réduction de 1 p. 100 de la TPS leur met 622 $ de plus dans la poche.
Maintenant, il faut doubler ces chiffres, étant donné qu'il y a eu deux réductions de 1 p. 100 l'une après l'autre. Les personnes qui font partie du quintile le moins élevé et ceux qui ont les revenus les plus faibles ont droit maintenant à un avantage fiscal global de 280 $ par année. Par contraste, les personnes les plus riches obtiennent un avantage fiscal global de 1 244 $. Ce que nous montrent ces chiffres, c'est que l'avantage fiscal associé à une réduction d'impôt ou de taxe qui s'applique à tout le monde va toujours bénéficier aux personnes les mieux nanties. C'est donc un avantage à l'envers. C'est le contraire de l'assistance sociale, dont le principe consiste à donner le maximum aux personnes qui en ont le plus besoin et qui en ont le moins.
Or dans cet univers des réductions d'impôt, nous accordons les plus importants avantages financiers qui découlent des réductions d'impôt aux personnes qui en ont le moins besoin. Nous sommes en présence de cette notion tout à fait dépassée qui veut que si l'on permet aux riches de garder plus d'argent dans leur poche, les pauvres vont finir par en bénéficier par effet de ruissellement.
Il s'agit donc d'une réduction d'impôt globale qui, d'après le gouvernement, coûte 12 milliards de dollars par année, et ce à compter de maintenant. C'est une somme plus importante que celle qu'il a fallu engager pour réduire le déficit. Et ce n'est qu'une réduction d'impôt générale et importante parmi d'autres que prévoit ce budget.
Je passe maintenant au deuxième tableau, qui illustre le même principe par rapport à l'impôt sur le revenu des particuliers. Au deuxième tableau, je démontre que les personnes — et surtout les femmes dont les gains sont inférieurs à 10 000 $ — ne sont aucunement avantagées par une réduction de 1 p. 100 de l'impôt sur le revenue des particuliers. Il n'y a que les personnes dont le revenu imposable dépasse 47 000 $ par an qui en profitent pleinement; ces dernières vont toucher 378 $ par année. Encore une fois, ce n'est pas beaucoup plus que pour les personnes à faible revenu. Et il n'y a rien, ou presque rien, pour les Canadiens ayant le revenu le moins élevé.
Le troisième tableau sur lequel j'attire votre attention vous présente les résultats pour l'impôt sur les sociétés. Parallèlement à la réduction du fardeau fiscal des plus riches et des contribuables canadiens à revenu moyen, l'impôt sur les sociétés diminue également très rapidement, plus rapidement que jamais auparavant dans toute l'histoire du Canada. En réduisant le fardeau fiscal des contribuables ayant les revenus les plus élevés et des sociétés, nous créons une situation où les Canadiens à faible revenu et à revenu modique deviennent des membres de la société canadienne qui paient des impôts.
Le tableau 3 vous indique — à la dernière ligne — le montant global de tous les impôts et taxes: l'impôt fédéral sur le revenu; l'impôt provincial sur le revenu; la TPS; la TVP; l'assurance-emploi; et, les cotisations versées au Régime de pensions du Canada par les Canadiens à faible revenu, par opposition aux sociétés à faible revenu. La charge fiscale en 2008 pour les Canadiens à faible revenu correspond à 38,255 p. 100. La charge fiscale — tous les impôts et taxes compris — pour les sociétés à faible revenu — ce qu'on appelle les PME — correspond à 18,6 p. 100. C'est donc moins de la moitié pour les sociétés, auxquelles s'applique ce taux d'imposition jusqu'à concurrence de 400 000 $ de revenu chaque année. Je vais vous laisser ce tableau également.
J'espère qu'il me sera possible dans le cadre de nos discussions de vous parler brièvement aussi de l'application du principe du fractionnement du revenu aux comptes d'épargne libres d'impôt. Je m'en tiens donc à ces quelques observations en attendant.
:
Tout à fait. Nous avons hâte de pouvoir répondre à vos questions.
Je suis ravie d'être parmi vous aujourd'hui et d'avoir cette occasion de réfléchir à l'incidence du budget fédéral et à ce qu'il convient de faire à compter de maintenant.
Comme vous le savez, l'AFAI, un regroupement d'organismes féminins et de défense des droits de la personne, préconise depuis longtemps que l'on adopte la budgétisation sexospécifique. En fait, nous arrivons d'une assemblée de la Commission de la condition de la femme des Nations Unies, à laquelle ont participé activement un certain nombre de délégués de l'AFAI représentant les différentes régions du pays. Le thème de l'assemblée de cette année, pour ceux et celles d'entre vous qui ne le savez pas, était le financement de l'égalité entre les sexes et l'émancipation des femmes. L'une des raisons pour lesquelles nous avons voulu être présentes est notre vif intérêt aux questions de financement d'initiatives visant l'égalité des femmes, des mécanismes qui permettent de le faire et comment il faut procéder concrètement.
Ce que nous retenons, entre autres, de cette conférence, c'est qu'il y a beaucoup d'activités en ce moment, activités qui sont très sophistiquées, très précises et très bien planifiées touchant le financement de l'égalité entre les sexes.
Dans ce contexte, bon nombre des discussions, conversations et groupes de réflexion de haut niveau faisaient ressortir la budgétisation sexospécifique comme mécanisme clé permettant de financer de façon concrète l'égalité entre les sexes, de façon à obtenir des résultats significatifs et valables qui profitent à tous les habitants d'un pays, aux familles, etc.
Juste pour vous donner une petite idée, le Centre de recherches pour le développement international établi ici au Canada a financé une réunion d'experts sur la budgétisation sexospécifique où l'on a présenté le travail réalisé par les organismes établis dans divers pays ou des gouvernements qui utilisent l'analyse comparative des sexes. Ces pays comprenaient les Philippines, la Malaisie et le Kenya. Il y a donc des discussions très sophistiquées qui se déroulent actuellement sur l'impact de la politique fiscale et la façon de concevoir des régimes fiscaux pour que les femmes soient traitées équitablement. Comme Kathleen l'a mentionné tout à l'heure, me semble-t-il, nous constatons actuellement — et d'autres pays du monde font le même constat — que si l'on ne fait pas attention à la façon d'utiliser les deniers publics et de percevoir les recettes, ce sont bien souvent les femmes qui portent le fardeau le plus lourd pour ce qui est de leur contribution au régime fiscal. Donc, il faut vraiment être très bien renseigné lorsqu'on conçoit un régime fiscal de façon à offrir des dégrèvements aux membres de certains groupes, et bien comprendre, même si l'on pense que les mesures prévues auront un impact sur d'autres, ce n'est pas nécessairement le cas.
L'autre chose qui nous a vraiment frappées était le nombre de pays — et là je parle d'organisations à la fois non gouvernementales et gouvernementales — qui font de la budgétisation sexospécifique, en dehors des projets soutenus par le CRDI; le CRDI est un organisme canadien. Il s'agit d'Israël, du Royaume-Uni, de l'Afrique du Sud, de l'Inde, de l'Ouganda et du Nigeria. Ce que nous trouvons très utile, en réfléchissant à cette question, c'est que ce phénomène ne se manifeste pas uniquement dans les pays du sud du monde; il est présent dans les pays du monde entier. Ce n'est pas uniquement pour améliorer la qualité ou l'efficacité de l'aide au développement que l'on adopte la budgétisation sexospécifique; c'est quelque chose qu'on fait lorsqu'on a à coeur la responsabilisation, la transparence, un gouvernement réceptif et sensible, et la bonne gouvernance, et voilà justement l'un des messages que j'ai retenus de cette conférence et sur lequel j'insiste aujourd'hui.
Dans le temps qui m'est imparti aujourd'hui avant la période des questions, je voudrais dire que nous avons pris acte de l'inclusion d'un plan d'action dans le budget fédéral et de l'engagement pris par le gouvernement à ce chapitre. Nous sommes très heureuses de voir cet engagement vis-à-vis d'un plan d'action. Comme mes autres collègues vous l'ont déjà fait remarquer aujourd'hui, nous estimons qu'il est très important que ce plan d'action s'appuie sur le programme d'action de Beijing qu'il fasse fond sur le plan d'action qui existe déjà, soit le plan d'action fédéral pour l'égalité des femmes, un exercice très méthodique et exhaustif auquel ont pris part tous les gouvernements au Canada concernant la façon d'effectuer une analyse comparative entre les sexes et d'élaborer de bonnes politiques d'intérêt public qui tiennent compte des besoins des femmes.
Le plan d'action fédéral pour l'égalité des femmes est encore disponible sur le site Web de Condition féminine Canada. C'est un document tout à fait accessible. Il explique en détail les conditions dans lesquelles l'analyse comparative entre les sexes est indiquée.
Je voudrais donc vous rappeler brièvement la définition de l'analyse comparative entre les sexes retenue par le gouvernement fédéral. Voilà, et je cite :
L'analyse comparative entre les sexes repose sur l'hypothèse selon laquelle certains arrangements sociaux, économiques, culturels et politiques sont indissociables des politiques gouvernementales. Telle complexité exige un ensemble de réponses stratégiques et celles-ci ne peuvent manifestement négliger la nécessité d'évaluer les répercussions différentes que les politiques peuvent avoir sur les femmes et les hommes.
Une démarche fondée sur les différences entre les sexes assure que, dans l'élaboration, l'analyse et l'application des politiques, on tienne compte de la différence entre les sexes, soit de la nature des relations entre les hommes et les femmes, ainsi que des réalités sociales, de leurs attentes et des circonstances financières différentes des femmes et des hommes.
S'agissant maintenant du budget fédéral de 2008, je crois savoir que le ministère des Finances et d'autres ministères déploient certains efforts en vue d'adopter l'analyse comparative entre les sexes. Malheureusement, je ne vois rien qui me permettrait de conclure que leur conception de l'ACS repose sur ce cadre-là.
Je m'inquiète de ce que la méthode employée pour effectuer une analyse comparative entre les sexes ne tienne pas compte en premier lieu de l'impératif de l'égalité des femmes. S'il est nécessaire d'assujettir le budget fédéral à une analyse comparative entre les sexes, c'est uniquement parce que nous craignons que la situation des femmes par rapport à l'économie, à la société et à leur famille soit différente et que, par conséquent, les mesures budgétaires — tant du côté des recettes que du côté des dépenses — aient une incidence différente sur elles. C'est un élément qu'il faut absolument garder à l'esprit dans le contexte de l'analyse comparative entre les sexes.
On nous a dit, et un de nos groupes membres qui a participé à une table ronde ministérielle a reçu ce même message, que tous les aspects du budget fédéral étaient assujettis à une analyse comparative entre les sexes durant la période d'élaboration, avant que le budget ne soit déposé. Malheureusement, nous ne sommes pas convaincues pour le moment que cette analyse soit suffisamment approfondie, significative ou axée sur l'égalité pour déboucher sur des résultats positifs.
Je voudrais donc vous présenter quelques recommandations avant de m'arrêter pour répondre à vos questions avec mes collègues Armine et Kathleen.
À l'heure actuelle, l'AFAI préconise la création d'un poste de commissaire à l'égalité des sexes au sein du Bureau du vérificateur général. C'est d'ailleurs un élément de l'Alternative budgétaire pour le gouvernement fédéral qui, comme vous le savez, représente un processus budgétaire parallèle s'appuyant sur les mêmes chiffres et les mêmes réalités économiques.
À notre avis, il faut un mécanisme de responsabilisation fondamentale, et le Bureau du vérificateur général est bien placé pour assurer cette responsabilisation. Nous avons déjà un Commissaire à l'environnement et, à notre avis, il est tout à fait approprié de songer maintenant à la création d'un poste de commissaire à l'égalité des sexes.
L'autre chose que je voudrais dire au sujet du budget fédéral de 2008 est que, encore une fois, l'un des principes clés de la budgétisation sexospécifique — et tous les pays qui l'ont adopté l'ont compris — est que ce mécanisme par lequel on élabore des budgets doit être plus transparent et plus participatif.
Malheureusement, je n'ai guère de preuves que ni l'élaboration du budget, ni l'analyse comparative entre les sexes qui a pu être exécutée dans le cadre du processus budgétaire ont été effectuées après consultation avec des groupes appartenant à la société civile, qu'ils soient de gauche, de droite, ou centristes. Nous croyons savoir qu'un ou deux organismes féminins auraient été consultés dans le cadre de tables rondes ministérielles, mais ce niveau de consultation et les conditions dans lesquelles des consultations de ce genre se déroulent sont tout simplement insuffisants pour permettre d'en arriver à un budget qui tienne réellement compte des besoins des deux sexes et qui reconnaisse les réalités économiques des femmes en essayant d'y réagir de façon positive.
Nous sommes donc d'avis que, pour tout budget fédéral futur — et il incombe au comité d'expliquer cela en termes très clairs — il faut prévoir un processus de consultation en bonne et due forme qui comprend les organismes féminins et qui s'appuie sur une stratégie cadre pour l'égalité.
Et, la dernière chose que je voudrais vous dire avant que vous n'ouvriez la période des questions est que l'une des autres raisons pour laquelle il convient d'adopter la budgétisation sexospécifique est d'aider les pays à concilier leurs engagements internationaux et les réalités intérieures.
Pour le Canada, l'une des meilleures façons d'y arriver consisterait à examiner les recommandations qui ont été faites par le Comité des Nations Unies sur l'élimination de la discrimination contre les femmes en 2003. Il y a toute une série de recommandations qui tiennent compte des réalités féminines, qui englobent, entre autres, les logements abordables, la pauvreté, l'emploi, les services de garde d'enfants et la discrimination contre les femmes autochtones.
Je peux fournir au comité un exemplaire des recommandations. Il s'agit d'un document public.
De plus, l'adoption de la budgétisation sexospécifique au Canada signifie qu'il faut examiner notre bilan en matière de défense des droits de la personne, à l'égard des femmes surtout — et, quand je parle des « droits de la personne », je fais allusion à l'égalité, non pas strictement civile ou politique, mais plutôt sociale et économique — et évaluer les budgets en essayant de déterminer comment on peut donner suite à ces recommandations. En l'absence de ce genre d'exercice, je ne suis pas convaincue que la budgétisation sexospécifique sera une activité valable et utile pour les personnes qui la revendiquent et qui seraient susceptibles d'en bénéficier.
On nous a dit aujourd'hui que les femmes, du fait qu'elles prédominent dans les dernières tranches de revenu, ont besoin de mesures bien spécifiques. Mais, si ces dernières ne s'appuient pas sur une stratégie cadre pour l'égalité qui donne la priorité aux réalités économiques des femmes et qui n'a pas peur de les nommer, elles ne réussiront pas.
Enfin, je vous fais savoir que j'ai préparé des questions qui devraient faire partie d'une analyse comparative entre les sexes. Les voici : quels sont les effets des récentes réformes du régime fiscal sur les deux sexes; quels sont les effets sur les deux sexes de la décentralisation budgétaire; la politique budgétaire est-elle sensible aux besoins des citoyens; les protections sociales et les systèmes d'assurance sociale sont-ils suffisants; et quels sont les effets de différentes stratégies de réduction de la dette?
Voilà quelques-unes des questions que vous, en tant que comité, devez poser au ministère des Finances et à d'autres ministères, et qui doivent faire partie intégrante d'un exercice de budgétisation sexospécifique rigoureux et valable.
J'attends donc avec impatience vos commentaires et vos questions, et je vous remercie de m'avoir invitée à témoigner aujourd'hui.
:
Merci, madame Demers, pour votre question.
Je pense que c'est vraiment difficile. Le système est assez faible. Il est vraiment important d'améliorer les outils, bien sûr, mais c'est aussi une question de volonté politique. En ce moment, on ne sait pas s'il y a une volonté assez forte d'assurer l'égalité des femmes. À mon avis, il est vraiment important de nommer un commissaire.
[Traduction]
Il faudrait que l'on puisse suivre de très près l'excellent travail accompli par ce comité, de même que par le groupe d'experts sur l'égalité des sexes et les mécanismes de responsabilisation. Ce comité a examiné différents aspects de l'activité fédérale par rapport à l'analyse comparative entre les deux sexes et la façon d'améliorer cet exercice.
L'une des meilleures façons d'obliger
[Français]
les politiciens, les personnes qui prennent les décisions,
[Traduction]
à suivre les conseils qui découlent d'une analyse comparative entre les sexes consiste à établir un cadre législatif. Nous avons fait cela dans le contexte de la Loi sur le bilinguisme. Nous y avons prévu un cadre juridique pour la prise de décisions dans ce domaine.
Si vous voulez que ce soit une activité obligatoire,
[Français]
si l'analyse qu'on fait comme gouvernement est vraiment cruciale pour les décisions,
[Traduction]
à mon avis, il importe de tout définir dans un cadre législatif, pour que cette activité ne soit pas facultative ou pour qu'elles ne dépendent pas de la bonne volonté d'un sous-ministre. Pour ma part, je ne suis pas convaincue que ces questions soient examinées au niveau ministériel, alors parlons plutôt des sous-ministres. Selon moi, il faut un cadre qui ferait en sorte que l'analyse doive obligatoirement être prise en compte.
Si je me fonde sur mon expérience — sur ce que j'ai lu, ce que j'ai entendu et ce que d'autres personnes, groupes d'experts, comités et organes des Nations Unies ont examiné — un cadre juridique me paraît extrêmement important. Ce serait très utile d'avoir quelqu'un au sein du Bureau du vérificateur général qui serait chargé de surveiller ce travail.
Enfin, l'une des recommandations du groupe d'experts faisait état du fait que l'une des meilleures indications de l'engagement d'un gouvernement vis-à-vis de l'égalité des sexes et de l'égalité des femmes est justement la mention de cet engagement dans le discours du Trône. D'après le groupe d'experts, il convient de se servir du discours du Trône pour définir nos objectifs plus généraux et notre vision en ce qui concerne l'égalité des femmes. Or depuis plusieurs années, le discours du Trône de différents gouvernements ne saisit pas cette occasion. Pour moi, le moment est venu de le faire.
Je crains seulement qu'un plan d'action ne devienne un exercice bureaucratique, qu'il ne soit pas musclé, qu'il donne l'impression d'être parfait d'après la description, et ressembler à toutes sortes d'autres plans d'action exécutés dans le monde entier, mais que Condition féminine Canada soit chargé de le mettre en oeuvre sans pouvoir obliger les décideurs aux niveaux supérieurs du gouvernement à le mettre en oeuvre.
Merci de m'avoir posé cette question. C'est effectivement un problème très réel.
:
Merci beaucoup d'avoir posé cette question très importante.
Il est vrai que le Budget de 2008 prévoit la somme de 350 millions de dollars, ce qui correspond au montant affecté au Programme des bourses d'études du millénaire, qui a pris fin cette année. Donc, en réalité, le montant net du nouvel investissement sur cinq ans — car, c'est seulement en 2012-2013 qu'on atteint les 423 millions de dollars — et de 123 millions de dollars.
Le montant global du budget fédéral est d'environ 250 milliards de dollars. Cette année, le gouvernement a enregistré un excédent de presque 18 milliards de dollars. Le programme de prêts aux étudiants qui bénéficiera, comme vous le disiez, de cet argent frais pour les subventions et prêts dessert 425 000 étudiants. À l'heure actuelle, 1,3 million d'étudiants font des études postsecondaires à plein temps. Les frais de scolarité ont triplé au cours des 20 dernières années. Le nombre de prêts aux étudiants a augmenté de façon exponentielle.
Cette somme est insuffisante. La plupart de ces étudiants sont des femmes. Je comprends qu'il s'agit d'une augmentation mineure — 123 millions de dollars sur cinq ans constituent bien une augmentation — mais, il ne faut pas oublier que, par rapport à la somme globale, 350 millions de dollars étaient déjà octroyés. On a aussi prévu 50 millions de dollars pour les étudiants qui font des études supérieures. Si ma mémoire est bonne, environ 200 étudiants profiteront de cette mesure.
Je vous rappelle, encore une fois, qu'il y a 1,3 million d'étudiants. Il est vrai que certains d'entre eux vont en profiter, mais cette somme est nettement insuffisante, madame Grewal, étant donné que les étudiants sortent de l'école aujourd'hui en ayant une dette absolument faramineuse qu'il leur faut 10 ou 15 ans pour rembourser. Ils attendent pour fonder une famille; ils sont incapables d'obtenir un logement. Nous pouvons certainement faire davantage en vue de limiter l'augmentation des frais de scolarité ou d'accorder plus de subventions aux étudiants.
Je me permets également de vous faire remarquer que, au cours de la prochaine décennie, la situation va changer du tout au tout sur le marché du travail. Nous ne sommes pas du tout préparés pour ce qui va se produire au Canada.
Le fait est que, même maintenant, nous n'avons pas assez de médecins et d'infirmières. Qu'arrivera-t-il dans cinq ou dix ans, étant donné qu'un tiers des médecins et la moitié des infirmiers et infirmières vont prendre leur retraite au cours des cinq prochaines années? Nous n'avons établi aucun plan en vue de les remplacer.
En réalité, nous devrions élargir considérablement le programme des subventions afin d'aider les gens à faire des études leur permettant de devenir médecins, infirmières ou professionnels de la santé, pour être en mesure d'agir le problème très grave auquel nous serons bientôt confrontés et pour nous assurer de ne pas manquer de personnel, il faut également que nous cessions de les importer d'ailleurs, de prendre le personnel d'autres administrations qui se servent de rares ressources publiques pour former du personnel — pour ensuite perdre leurs employés en faveur de l'Alberta, par exemple, qui organise des foires de l'emploi dans les lobbys d'hôtels d'un bout à l'autre de l'Afrique.
À mon avis, il y a des considérations liées à la déontologie et à la justice, et tout simplement un désir de bonne gouvernance, de bonne planification et de programmes prospectifs qui devraient vous inciter à élargir ce programme de subventions en investissant davantage.
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Je reviens sur ce que Nancy vous a dit. Regardez le « Budget en bref 2008 » où le gouvernement lui-même parle des grandes priorités qui sous-tendent les mesures importantes de ce budget.
Pour y arriver, madame Mathyssen, il s'agit de rappeler la question posée par Mme Grewal, par exemple. Nous avons parlé de deux programmes — celui qui concerne les études postsecondaires et l'autre prévoyant des services aux anciens combattants — qui, ensemble, coûteront environ 400 millions de dollars au cours des deux ou trois prochaines années. Quant au compte d'épargne libre d'impôt, la valeur de ce programme au cours des cinq prochaines années est de 900 millions de dollars et, d'après les estimations, il coûtera 3 milliards de dollars au Trésor public.
Il y a une section dans le rapport que je vous ai remis qui est intitulé « Budget 2008 : What's In It For Women? », qui démontre que le compte d'épargne libre d'impôt profitera surtout aux personnes dont les gains dépassent 100 000 $, à cause de la structure de ce programme. À la fin de la période de mise en oeuvre, il coûtera 3 milliards de dollars. C'est une dépense très considérable, mais qui profitera surtout aux personnes qui gagnent plus de 100 000 $.
Et, selon vous, quelle proportion des contribuables canadiens gagnent plus de 100 000 $? Eh bien, je vais vous le dire : 7,5 p. 100 des hommes et 2,5 p. 100 des femmes. Donc, 5 p. 100 de tous les contribuables profiteront d'environ 70 p. 100 de cette somme de 3 milliards de dollars chaque année. C'est donc un programme très coûteux pour un petit nombre de bénéficiaires… Encore une fois, comme Mme Lahey l'a déjà expliqué, c'est le contraire du concept de l'assistance sociale, puisqu'on donne le plus aux personnes qui en ont le moins besoin.
Pourtant ce budget prévoit l'engagement de sommes très considérables. Quand vous faites une analyse comparative entre les sexes, elle vous permet de savoir dans quels domaines l'argent est dépensé et qui en bénéficie. Vous pouvez tout de suite voir ce qui se passe, ce que font les gouvernements et pour qui, et y rattacher un chiffre. Vous constatez qu'il y a des mesures destinées aux étudiants, sauf que 57 p. 100 des diplômés sont des femmes et qu'elles ne vont toucher que telle somme; ensuite, vous avez une mesure qui profite aux personnes qui gagnent plus de 100 000 $ par année : vous pouvez voir combien on leur donne et quelle proportion de ces personnes sont des femmes.
À ce moment-là, vous pouvez leur dire : « Si ces initiatives-là correspondent à vos grandes priorités » — et c'est bien ça que j'ai dit; je n'ai pas parlé de toutes les mesures budgétaires — « dites-nous donc quelles mesures importantes vous pourrez financer grâce à l'excédent », parce que l'excédent est faramineux, « et qui va en profiter. »
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Madame la présidente, il y a d'autres problèmes en ce qui concerne Condition féminine Canada. Par exemple, ce n'est que récemment qu'une ministre de premier plan a été nommée à ce poste. Mais cette ministre de premier plan a d'autres responsabilités aussi. Mme Verner — et ce n'est pas inhabituel — doit répartir son temps entre ses tâches à titre de ministre du Patrimoine canadien et à titre de ministre responsable de la Condition féminine… Vous vous doutez bien quel ministère a la priorité.
L'une des choses que revendiquent les organismes féminins, entre autres, est la nomination d'une ministre qui n'aurait pas d'autres tâches. Cette stratégie a ses avantages et ses inconvénients, étant donné que cette ministre peut se trouver marginalisée. D'une part, on veut qu'une ministre influente soit à la table et, d'autre part, si cette dernière est chargée de portefeuilles différents, il est évident que les questions liées à la Condition féminine vont le plus souvent être reléguées au second plan.
Je vous rappelle également que, malheureusement, le budget de fonctionnement de Condition féminine Canada a été réduit de 40 p. 100, même si une partie des crédits ont peut-être été rétablis. Mais cette réduction de son financement a véhiculé un message très clair en ce qui concerne l'importance que l'on accorde au travail de ce ministère.
Heureusement, la nomination de Clare Beckton, qui en est maintenant l'administratrice générale, est un progrès. Mais, malgré l'excellent leadership de Clare, je ne suis pas convaincue que le ministère ait des assises solides et qu'il possède les ressources nécessaires pour faire cette analyse.
D'après ce que j'ai observé en ce qui concerne Condition féminine Canada, ce ministère ne fait pas du tout partie de la Realpolitik du gouvernement fédéral; ce ministère n'est pas considéré comme un acteur important, contrairement à ce qui devrait être le cas. En l'absence d'autres impératifs et d'autres mécanismes de contrôle, on se contente bien souvent de voeux pieux en ce qui concerne le travail effectué par Condition féminine Canada. On en tient compte de temps à autre mais, en fin de compte, il reste à savoir, pour vous et pour nous, si son travail peut réellement déboucher sur des politiques valables.
Relever le budget de Condition féminine Canada serait, selon moi, une mesure très constructive, mais il faut également examiner d'autres mécanismes qui permettraient de faire reposer le travail du ministère sur de solides assises. C'est pour cette raison que, quelle que soit la forme qu'elle va prendre, l'analyse comparative entre les sexes doit absolument être bien intégrée à l'ensemble des activités et, au lieu d'être une fin en soi, s'appuyer sur une démarche quelconque, que ce soit le cadre juridique, la création d'un poste de commissaire au Bureau du vérificateur général — qui attire l'attention des gens — ou le leadership inspiré d'une ministre de premier plan qui est bien équipée pour relever les défis. En l'absence de ces éléments, je dois dire que je ne suis pas optimiste.
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Je partage votre frustration, madame Boucher. Au fond, je pense que nous sommes frustrées par les mêmes choses, même si notre optique n'est pas la même.
Pour répondre à votre question — à savoir, suis-je apolitique — je dois l'être, car je n'aurais jamais voté en faveur du budget, alors que tout le monde l'a fait. Ce budget a été adopté. Mais, sérieusement, s'agissant de politique, madame Boucher, j'aurais dit exactement la même chose à un gouvernement libéral, et j'ai justement dit exactement la même chose à un gouvernement libéral qui donnait la priorité aux réductions d'impôt.
Entre 1997-1998 jusqu'à la fin de l'horizon actuel — soit 2012-2013, selon les projections du budget — nous aurons eu 340 milliards de dollars de réduction d'impôt. Il n'y a pas que les conservateurs qui aient introduit de telles mesures, mais les conservateurs les ont accélérées. Pour ma part, je suis contre cet usage déséquilibré de l'excédent budgétaire.
Je ne suis pas contre l'idée de réduire les impôts si les déficits sociaux ont été éliminés. Mais, bon-an, mal-an, on demande aux femmes d'attendre. Ce sont surtout les femmes qui ont subi les contrecoups des réductions proposées par les libéraux en 1995. C'est en 1995 que le gouvernement libéral a réduit le financement de programmes qui sont essentiels aux femmes. J'ai dénoncé ces réductions et maintenant je dénonce les réductions d'impôt proposées par le gouvernement actuel. À mon avis, les femmes attendent depuis trop longtemps qu'on réponde aux besoins, non pas des femmes seulement, mais des familles et des collectivités d'un bout à l'autre du pays.
Donc, étant donné que je ne suis pas favorable à ce budget, je peux comprendre que vous y voyez une orientation apolitique. Mais, en réalité, quand nous parlons d'analyse comparative entre les sexes et de budgétisation sexospécifique, nous visons tous les gouvernements, quels qu'ils soient, et c'est justement ce que j'ai dit dans mon exposé liminaire. Tous les budgets doivent être examinés du point de vue de l'incidence des mesures proposées sur les hommes et les femmes. Si cela avait pu s'effectuer en 1995, le gouvernement n'aurait pas pu équilibrer son budget sur le dos des femmes. Le gouvernement aurait facilement compris que les mesures qu'il proposait avaient une incidence négative disproportionnée sur les femmes.
Il faut que l'analyse d'un budget, dans l'optique de l'égalité des sexes, soit apolitique et qu'on s'assure que ni les coûts, ni les avantages ne touchent de façon disproportionnée un groupe ou un autre. Donc, dans ce sens-là, je suis apolitique et mon engagement est aussi ferme que celui de Kathleen. Je fais ce travail depuis 25 ans.
Enfin, je voulais dire que je ne sais pas par quel miracle vous avez réussi à faire incorporer dans le budget un engagement vis-à-vis de l'égalité des sexes. Si vous avez lu ce passage, vous saurez qu'il compte 52 mots dans un document de 416 pages. Je ne sais pas ce que vous avez dû faire pour que cet engagement soit inscrit. Je vous félicite, vous et vos collègues qui ont réussi à l'obtenir, et j'espère vivement que le gouvernement saisira l'occasion de le respecter. Donc, merci infiniment d'avoir fait cela.
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Merci, madame la présidente. Je pensais que vous passiez mon tour.
Je n'ai pas de question. Je voudrais plutôt évaluer ce que j'ai compris de tous les intervenants, que ce soit des fonctionnaires ou des experts de l'extérieur, qui sont venus nous donner leur vision de l'analyse comparative entre les sexes, qu'on appelle aussi budget sexospécifique ou analyse comparative entre les sexes des revenus et des dépenses.
J'ai fait une sorte de survol, que j'appellerais politique fiscale ou politique sociale 101. Je veux que vous m'évaluiez à la fin.
Le gouvernement fédéral dispose de voies d'intervention limitées dans les dépenses en matière de programmes qui sont surtout de compétence provinciale. Jusqu'en 1994, le gouvernement fédéral exerçait un certain contrôle sur les dépenses des provinces au moyen de transferts en santé, en éducation et en programmes sociaux. En 1995, les transferts aux provinces ont subi de fortes compressions. Le gouvernement a cessé ces transferts.
À partir de ce moment, le gouvernement fédéral s'est de plus en plus appuyé sur ses compétences fiscales inscrites dans la Constitution pour faire indirectement ce qu'il ne pouvait pas faire directement. Il en est résulté un nombre croissant de dépenses fiscales conçues pour appuyer certaines catégories ou pour favoriser certaines activités bonnes pour l'économie ou la société.
Aujourd'hui, la politique sociale est souvent exécutée dans le cadre de réformes fiscales plutôt que dans le contexte d'initiatives de programmes élaborés par des ministères engageant des dépenses du gouvernement. Cette tendance semble beaucoup s'accentuer dans le dernier budget, entre autres. On utilise le régime fiscal comme un instrument central de politique sociale, ce qui a pour conséquence de placer un lourd fardeau sur le ministère des Finances, qui est celui d'effectuer une analyse plus minutieuse des répercussions sur les hommes et les femmes des dépenses fiscales actuelles.
Toutefois, une analyse comparative entre les sexes — qu'on pourrait appeler une politique sociale — financée à même les fonds des contribuables révèle au moins trois inconvénients pour les femmes: ces mesures fiscales ne sont généralement pas profitables aux femmes à faible revenu, les déductions et les exemptions fiscales ne sont pas d'égale valeur pour les contribuables de sexe féminin et les dépenses fiscales peuvent favoriser des revenus et des dépenses de type masculin.
Que peut-on faire pour remédier à cette iniquité?
Voilà, c'était mon analyse.