Je vais tâcher d'être concise avant de céder la parole à mon collègue du Conseil du Trésor, M. Wild.
Je m'appelle Anita Biguzs et je suis la secrétaire adjointe du Cabinet pour les opérations du Bureau du Conseil privé. Je suis également secrétaire adjointe par intérim du Cabinet pour la politique de développement social. À ce dernier titre, je joue le rôle de championne de l'analyse comparative entre les sexes au Bureau du Conseil privé. J'occupe par intérim le poste de secrétaire adjointe de la politique de développement social depuis deux mois, en attendant que ce poste soit comblé de façon permanente.
Je suis ravie d'être ici ce matin pour décrire et expliquer le processus d'élaboration des politiques et le rôle du Bureau du Conseil privé à cet égard, de même que l'analyse comparative entre les sexes qui en fait partie. Il est particulièrement pertinent de discuter de cette question puisque samedi, dans quelques jours, ce sera la Journée internationale de la femme.
[Français]
Il serait peut-être utile que je vous explique tout d'abord le rôle que joue le Bureau du Conseil privé dans le processus d'élaboration des politiques avant de parler du rôle du champion de l'analyse comparative entre les sexes.
La responsabilité première du Bureau du Conseil privé consiste à assurer l'appui de la fonction publique au et au Cabinet. Nous sommes chargés de faciliter le bon fonctionnement du processus décisionnel du Cabinet, où le gouvernement prend les décisions touchant les orientations.
Il est important de souligner que le Bureau du Conseil privé n'a pas la responsabilité directe de l'élaboration de nouvelles politiques ou de nouveaux programmes. Cette responsabilité relève des ministères. Le Bureau du Conseil privé contribue plutôt à façonner les politiques en soutenant les efforts des ministères pour mettre à exécution le programme d'action du gouvernement.
[Traduction]
Nous contribuons à l'élaboration des politiques en commentant de façon constructive les propositions des ministères et en faisant en sorte que ces propositions soient prêtes à être étudiées par le Cabinet. Autrement dit, nous veillons à ce que les démarches pertinentes soient faites pour que les propositions soient pratiques, responsables et viables. Nous nous assurons que les politiques proposées, de même que les programmes existants sont cohérents, clairs et conformes aux objectifs globaux du gouvernement.
Condition féminine Canada joue également un rôle très important dans l'élaboration des politiques et je sais que vous avez rencontré ses représentantes. Elles sont les spécialistes de l'analyse comparative entre les sexes et Condition féminine Canada aide les ministères et les organismes centraux à effectuer l'analyse comparative entre les sexes correctement, en leur offrant de la formation et de l'aide.
[Français]
Le discours du Trône énonce le programme d'action du gouvernement et ses principales priorités. Les ministres responsables sont chargés de présenter des propositions de politiques pour faire avancer les priorités énoncées dans le discours du Trône. La tradition veut que les ministères appuient la prise de décision par le Cabinet en préparant un mémoire au Cabinet.
[Traduction]
Le mémoire au Cabinet (MC) sert de fondement aux décisions du Cabinet. On en trouve un modèle type sur le site du BCP, à la disposition des analystes ministériels et de la population. Si vous ne l'avez pas vu, j'en ai une copie ici. Le modèle comprend une section à laquelle le ministère dont émane le MC doit présenter une analyse de tout un éventail d'aspects, et notamment des questions liées aux sexes.
L'analyse présentée à l'appui d'une nouvelle politique doit englober différents facteurs, et décrire, notamment, le problème ou l'enjeu sur lequel il faut agir, la justification d'une intervention gouvernementale, les objectifs visés, les éventuelles répercussions sur d'autres programmes ou politiques, et toute interdépendance horizontale ou les liens avec d'autres enjeux ou programmes du ministère ou avec d'autres ministères. Cette section doit décrire une gamme d'options plausibles afin d'offrir un choix au gouvernement. Elle doit également évaluer les répercussions de la mesure proposée, notamment ses coûts, ses avantages et son efficacité.
Autrement dit, le mémoire au Cabinet doit montrer qu'une proposition va dans le sens des grandes orientations du gouvernement sur le plan de la gestion, des finances et des politiques.
Chaque ministre et son ministère doivent veiller à ce que tous les aspects de la proposition soient évalués et pris en considération. Le BCP assure une coordination horizontale en veillant à ce que les autres ministères soient consultés pendant l'élaboration du MC et à ce que les considérations soulevées par d'autres ministères soient prises en compte par le ministère qui est l'auteur du MC. Parallèlement, les organismes centraux — soit le BCP, le ministère des Finances et le Secrétariat du Conseil du Trésor — commentant le MC en scrutent divers aspects, dont l'analyse comparative entre les sexes, pour que le Cabinet ait tous les renseignements nécessaires pour prendre une décision en connaissance de cause.
Voilà, en gros, comment nous facilitons le processus décisionnel du Cabinet en lui offrant des conseils impartiaux et neutres. Après, il appartient au Cabinet d'étudier les propositions, d'en débattre et de prendre ensemble des décisions sur les suites qu'on lui donnera. Il faut rappeler que l'élaboration des politiques s'inscrit dans un vaste contexte et exige qu'on tienne compte de nombreux facteurs et des effets de différentes priorités et pressions.
J'en viens maintenant au fonctionnement interne du Bureau du Conseil privé. Par suite des recommandations de votre comité, le BCP a établi le rôle de champion de l'analyse comparative entre les sexes, qui a été confié au secrétaire adjoint de la politique du développement social. Le champion ou la championne doit veiller à ce que cette analyse fasse partie du processus d'élaboration des politiques et du rôle de chien de garde du BCP. Il ou elle encourage et facilite la formation de tous les fonctionnaires du BCP en matière d'analyse comparative entre les sexes. Pour assurer la coordination horizontale des efforts, le BCP fait partie d'un comité interministériel chargé de concevoir, de coordonner, de faciliter et d'appuyer des activités d'analyse comparative entre les sexes dans tous les ministères et organismes fédéraux.
Ainsi, nous avons travaillé avec Condition féminine Canada pour offrir à chaque année de la formation aux agents du BCP afin de les familiariser avec ce genre d'analyse qui doit faire partie du contrôle qu'ils exercent. Cette formation aide les analystes à voir si l'on a tenu compte des questions sexospécifiques dans les politiques et programmes proposés par les ministères. Un cours formel en analyses sexospécifiques a été donné à titre d'essai pour la première fois à l'été 2006. Le deuxième cours a été offert au début de 2007 et, à la lumière des évaluations des participants, nous avons incorporé cette formation dans notre répertoire annuel de cours à la disposition des analystes. Nous travaillons actuellement avec Condition féminine à la mise en oeuvre de la formation 2008, en tenant compte des évaluations et des commentaires reçus l'an dernier.
Permettez-moi de signaler en terminant que nous avons fait des progrès au cours des deux dernières années, entre autres grâce aux recommandations et au travail de votre comité, pour que l'analyse comparative entre les sexes ait sa place au Bureau du Conseil privé et qu'elle fasse partie du programme de formation de nos agents puisqu'ils sont chargés de veiller à ce que les politiques soient élaborées correctement. Nous avons pu compter sur l'expertise et l'aide de nos collègues de Condition féminine Canada pour offrir cette formation qui a permis de renforcer la fonction de contrôle du BCP.
Merci de votre attention. J'espère ne pas avoir dépassé mon temps.
Je cède maintenant la parole à mon collègue, Joe Wild.
[Français]
Je vous remercie de m'avoir invité à comparaître devant le Comité permanent de la condition féminine de la Chambre des communes pour lui faire part des progrès que le Secrétariat du Conseil du Trésor a réalisés au chapitre de l'analyse comparative entre les sexes (ACS).
Je suis heureux de prendre la parole au nom du secrétariat. D'habitude, c'est au champion de l'ACS qu'il revient de faire cet exposé, mais le vient tout juste de nommer Jeanne Flemming à la tête du CANAFE. Je puis vous assurer que notre secrétaire, Wayne Wouters, est fermement résolu à faire progresser nos efforts en vue de respecter nos engagements en matière d'ACS.
[Traduction]
L'an dernier, à la même époque, notre secrétaire déléguée, Linda Lizotte-MacPherson, a comparu devant votre comité pour faire le point sur les mesures que le secrétariat avait prises pour donner suite aux engagements que nous avions pris après la publication du rapport du comité intitulé « L'analyse comparative entre les sexes: les fondements de la réussite ». Je suis heureux de pouvoir vous dire que, depuis, nous avons continué à progresser en intégrant les enjeux, les outils et les pratiques de l'analyse comparative entre les sexes (ACS) à nos activités quotidiennes.
L'an dernier, notre secrétaire déléguée vous a expliqué les rôles que les ministères et organismes centraux sont appelés à jouer en matière d'application de l'ACS. Aujourd'hui, j'aimerais surtout me concentrer sur le rôle du Secrétariat en matière d'élaboration de programmes et de politiques ainsi que de mise en oeuvre de l'ACS. Je décrirai ensuite nos réalisations au cours de l'année écoulée, et je vous indiquerai ce que nous espérons accomplir dans l'avenir.
D'abord, il incombe aux ministères et organismes d'élaborer des programmes conformes aux politiques, dont celle sur l'ACS. Nos analystes de programmes doivent s'acquitter d'une importante fonction de remise en question auprès des ministères lorsqu'ils les aident à rédiger des propositions qui seront soumises à l'examen des ministres du Conseil du Trésor. Cette remise en question porte notamment sur l'assurance que le ministère a effectué une analyse comparative entre les sexes lorsqu'il a rédigé sa présentation au Conseil du Trésor et que la proposition n'a pas de répercussions sexistes. Cette dernière année, nous avons continué à favoriser l'ACS, en prenant appui sur les engagements que nous avions pris, à savoir: former le personnel quant à l'ACS dans les limites de notre mandat; examiner les politiques de gestion du Conseil du Trésor pour s'assurer qu'elles n'ont pas de répercussions sexistes; avoir recours à la structure de gestion des ressources et des résultats (SGRR) pour exiger des ministères qu'ils utilisent l'information sur le rendement dans la gestion de leurs programmes, notamment ceux concernant les objectifs propres à chacun des sexes; veiller à ce que le cadre de responsabilisation de gestion (CRG) fasse mention de l'évaluation des pratiques et de la capacité d'analyse dans les ministères.
Nous prenons les mesures qui s'imposent pour intégrer l'ACS à titre de pratique à l'échelle de notre organisation. Par exemple, elle fait partie intégrante des programmes de formation des employés et elle est exécutée systématiquement dans le cadre de nos fonctions d'élaboration des politiques et de surveillance. Avec le temps, nous serons en mesure de commencer à présenter des rapports sur les résultats et à établir des liens entre les défenses de programmes et les enjeux horizontaux, comme l'égalité des sexes.
Pour aller de l'avant, le Secrétariat a mis au point un plan d'action qui précise comment nous veillerons à ce que l'ACS soit incluse en permanence dans nos activités. Ce plan d'action clarifie les rôles du champion de l'ACS au Secrétariat, des cadres supérieurs et des analystes de programmes et de politiques en matière d'application de l'ACS. C'est une mesure importante prise par le Secrétariat pour intégrer l'ACS dans ses activités courantes. En fin de compte, notre objectif est que tous les analystes de programmes et de politiques de notre organisation acquièrent des « réflexes » en matière d'ACS et que, dans leurs relations avec les ministères dans la prestation de conseils et de directives, ils intègrent délibérément les notions à considérer de l'ACS à leurs activités quotidiennes. Cette approche va dans le même sens que le témoignage de M. David Good. Nous essayons d'intégrer l'ACS dans tous les secteurs de l'organisation pour qu'elle fasse partie de nos activités quotidiennes.
L'approche du SCT met aussi l'accent sur les travaux menés en partenariat avec le BCP, le ministère des Finances et Condition féminine Canada pour faire progresser l'ACS. Nous comptons bien poursuivre nos relations solides et productives avec Condition féminine Canada et continuer de nous tourner vers ce ministère pour obtenir ses précieux conseils et son expertise.
Permettez-moi maintenant d'aborder les progrès que le Secrétariat a accomplis face à ses quatre engagements. Depuis notre dernière comparution devant votre comité, le Secrétariat a intégré l'ACS à ses programmes de formation à l'intention des analystes de programmes. Ainsi, tous les nouveaux analystes sont tenus d'assister au camp d'entraînement du SCT qui constitue une activité d'apprentissage complète renfermant une formation particulière sur l'ACS. De plus, nous avons fourni une formation supplémentaire afin de préciser l'ACS et de donner de plus amples directives sur l'application de cette analyse dans le cadre des présentations au Conseil du Trésor. Ces activités d'apprentissage, mises au point en étroite collaboration avec Condition féminine Canada, visent à enseigner aux analystes comment ils peuvent appliquer l'ACS à leurs tâches quotidiennes, en particulier lorsqu'ils examinent des politiques dans l'optique de l'ACS. Elles tentent également de les sensibiliser davantage aux aides, ressources et outils dont ils peuvent se servir pour appliquer l'ACS dans leur travail. Jusqu'à présent, plus de 100 analystes ont assisté à des séances d'apprentissage, et d'autres activités de formation sont déjà prévues.
Pour assurer l'intégration de l'ACS, nous avons également ajouté cet enjeu dans le Guide des présentations au Conseil du Trésor. La version renouvelée du guide rappelle clairement aux ministères et organismes qu'ils doivent veiller à ce que leurs propositions de programmes soient conformes aux principes de l'ACS et qu'ils devront présenter leurs constations sur le sujet dans leurs présentations au Conseil du Trésor. Nos analystes de programmes sont alors en mesure de mettre en pratique la formation qu'ils ont reçue lorsqu'ils examinent les présentations, remettent en question les propositions des ministères et fournissent des conseils aux ministres du Conseil du Trésor.
En 2006, nous nous sommes également engagés à nous assurer que les politiques de gestion du Conseil du Trésor ne comportent aucune discrimination fondée sur le sexe, et nos efforts à ce chapitre s'inscrivent dans le renouvellement des politiques du Conseil du Trésor, une initiative menée conjointement par le Secrétariat du Conseil du Trésor et l'Agence de la fonction publique du Canada, visant à réduire le nombre de règles tout en renforçant la gestion et la responsabilité.
Nous nous sommes également engagés à examiner les politiques de gestion du Conseil du Trésor pour veiller à ce qu'elles ne causent aucune discrimination fondée sur le sexe. Les progrès du Secrétariat à ce chapitre sont considérables. Nous avons mis à jour les directives d'élaboration des instruments stratégiques du Conseil du Trésor pour qu'ils soient conformes au Guide d'élaboration de politiques de Condition féminine Canada. Il incombe à ma direction de déterminer si les rédacteurs des politiques ont tenu compte des incidences éventuelles sur l'égalité des sexes au stade de l'élaboration des politiques tout autant qu'au stade de leur mise en oeuvre. Enfin, les nouvelles politiques font également l'objet d'une révision approfondie pour s'assurer que la terminologie est non sexiste.
En ce qui concerne le rendement de nos programmes, la Politique sur la structure de gestion, des ressources et des résultats, ou SGRR, veille entre autres à ce que les ministères et organismes effectuent un suivi structuré des programmes. Les ministères définissent les résultats qu'ils comptent obtenir pour tous leurs programmes, créent des indicateurs et présentent des rapports sur les résultats.
Le processus de mise en oeuvre de cette politique comporte cinq étapes. La première étape consiste à dresser l'inventaire des programmes du gouvernement du Canada et nous savons maintenant qu'il en existe près de 3 000. La deuxième étape, qui est en voie d'être achevée, consiste à élaborer des cadres de mesure du rendement pour chacun de ces programmes. Une fois les cadres élaborés, tant les ministères que les organismes centraux pourront utiliser ces renseignements sur le rendement pour améliorer leur prise de décisions en matière de gestion. La troisième étape sera de créer une base de données centralisée dans laquelle ces renseignements seront versés. Lorsque cette base sera entièrement fonctionnelle, elle permettra de s'assurer que les ressources sont compatibles avec les résultats attendus, et ce, à l'échelle du gouvernement. De plus, elle permettra de normaliser ces renseignements dans toute l'administration publique afin de pouvoir faire des comparaisons.
Nous disposerons alors d'une base de données complète. Les renseignements qu'elle contiendra nous permettront de mieux comprendre les initiatives horizontales. Ils pourraient notamment servir à suivre les programmes gouvernementaux qui visent particulièrement des groupes cibles, dont les programmes sur l'égalité des sexes. La collecte et la saisie des données exigeront beaucoup de temps. En effet, vu la grande quantité de données en cause, il nous faudra plusieurs années pour mettre au point une telle fonctionnalité. Nous sommes cependant déterminés à faire progresser la mise en place de la SGRR et à mettre à profit les vastes possibilités qu'offre cet outil, qui nous aidera à comprendre le rendement des programmes, notamment en matière d'égalité des sexes.
Notre dernier engagement était de veiller à ce que le Cadre de responsabilisation de gestion, ou CRG, fasse mention de l'évaluation de la capacité et les pratiques analytiques dans les ministères. Le Cadre énonce les attentes en matière de saine gestion des services publics. Depuis sa création, notre évaluation du CRG n'a cessé d'être perfectionnée et d'évoluer. Les ministères et organismes se servent des évaluations du CRG pour déterminer les domaines de gestion devant faire l'objet de mesures.
L'un des aspects évalués selon le CRG est la qualité de l'analyse contenue dans les présentations au Conseil du Trésor, ce qui inclut l'utilisation appropriée de l'analyse comparative entre les sexes. Comme je l'ai déjà mentionné, l'ACS est une des optiques en matière de politique dont doivent tenir compte les ministères pour leurs présentations au Conseil du Trésor. Ainsi, le ministère indique clairement qu'on s'attend à ce que les présentations au Conseil du Trésor contiennent des analyses solides, adéquates et de bonne qualité des incidences sur l'égalité des sexes que pourraient avoir les programmes proposés. Les évaluations du CRG de cette année ne sont pas encore terminées, mais dès qu'elles le seront, il incombera aux ministères de corriger leurs éventuelles lacunes au plan du rendement.
Nous déployons des efforts pour nous assurer que l'ACS fait partie intégrante de nos processus opérationnels. Nous continuerons d'offrir de la formation aux analystes du Secrétariat du Conseil du Trésor et d'améliorer cette formation à la lumière des commentaires qu'ils nous fourniront. De plus, nous ne cesserons de faire comprendre aux ministères toute l'importance que revêt l'ACS lorsqu'ils rédigent des présentations au Conseil du Trésor. Et enfin, grâce à la SGRR et au CRG, nous sensibilisons les ministères à l'importance de tenir compte de l'égalité entre les sexes lorsqu'ils prennent des décisions. Ces efforts sont permanents. Le changement culturel, comme chacun le sait, exige une attention soutenue et des efforts constants. Notre propre plan d'action, l'évaluation du CRG, la rétroaction de Condition féminine Canada et les commentaires de votre comité orienteront nos efforts pour intégrer l'ACS à nos activités quotidiennes.
[Français]
Madame la présidente, cela met fin à mes observations. Il me fera plaisir de répondre aux questions des membres du comité.
:
Merci beaucoup, madame la présidente.
Merci beaucoup à tous les deux d'être ici.
Je vous écoute avec intérêt. Je dois dire qu'il a été un peu difficile de suivre vos exposés lorsque vous nous avez expliqués toutes les étapes au gouvernement. Alors que je vous écoutais, j'ai été frappée par le fait qu'il y avait des processus en place, mais je ne peux m'empêcher de penser que même si les processus sont en place, l'analyse comparative entre les sexes est toujours en périphérie de tout ce que vous faites.
Nous avons entendu l'observation selon laquelle l'ACS avait de la visibilité. Nous savons que lorsqu'on le juge approprié, on fait une analyse comparative entre les sexes dans un mémoire au Cabinet. On a fait allusion à plusieurs reprises à Condition féminine Canada. Je sais que Condition féminine Canada a des problèmes de dotation et ne peut répondre à toutes les demandes. J'ai tout simplement l'impression que l'analyse comparative entre les sexes est en train de devenir un sujet d'actualité car il y a un comité qui examine la question et il y a une collectivité qui l'exige, mais que ce n'est pas réel, qu'on ne fait qu'effleurer la surface.
J'attends que les Finances viennent nous parler de certains des crédits fiscaux. On nous a parlé du comité interministériel; vous en avez parlé. Nous avons par ailleurs entendu dire qu'il se réunissait rarement. Je serais intéressée à savoir ce que vous pensez du rôle du comité.
Les mémoires au Cabinet laissent entendre que les questions sexospécifiques doivent être prises en compte lorsque cela est approprié. Qui décide ce qui est approprié? Convient-il d'en parler dans un mémoire au Cabinet de la Défense et dans un mémoire au Cabinet sur les services sociaux?
On nous a dit que les programmes correspondent aux priorités gouvernementales. Les priorités gouvernementales sont-elles expliquées aux membres du personnel du Conseil du Trésor et du Conseil privé de façon à ce que... ? L'analyse comparative entre les sexes est-elle faite indépendamment des priorités gouvernementales ou est-ce qu'elles tiennent compte de ces priorités? Comment ces priorités sont-elles élaborées?
Je vais vous laisser répondre à ces questions, avant de vous en poser d'autres.
:
Si je peux répondre pour ce qui est du point de vue de la politique, notre rôle consiste à nous assurer que les conséquences sont évaluées pour toute initiative qui est présentée, et cela inclut l'analyse comparative entre les sexes. Cela inclut des questions au sujet des conséquences. S'il y a un impact différentiel, quel est-il? Voilà vraiment en quoi consiste notre travail au BPC pour ce qui est de poser ces questions.
Le processus de rencontres interministérielles pour une initiative stratégique est très important. Pour ce qui est de savoir qui décide ce qui est approprié, c'est le ministère qui est ultimement responsable du travail d'élaboration des politiques. Il incombe donc aux organismes centraux — et je veux parler du BCP et j'inclurais ici Condition féminine Canada — lors d'une rencontre interministérielle sur une proposition stratégique de poser les questions difficiles, de demander quelles sont les conséquences pour les femmes, quelles sont les conséquences pour les hommes, si les résultats sont les mêmes dans les deux cas.
En tant qu'agent de la politique, en tant qu'analyste de la politique, notre rôle consiste à nous assurer que les questions sont posées et que l'information qui est fournie est transmise dans les documents qui sont présentés aux ministres.
Au bout du compte, encore une fois, nous ne sommes pas les décisionnaires, mais notre rôle consiste à nous assurer que les ministres disposent de l'information nécessaire, qu'ils comprennent les risques, qu'ils comprennent les conséquences et qu'ils comprennent les avantages. Et au bout du compte, ils doivent prendre une décision se fondant sur leur jugement, après avoir examiné un certain nombre de facteurs.
En ce qui concerne les priorités, comme je l'ai mentionné dans mes observations, les priorités du gouvernement dépendent de l'information contenue dans le discours du Trône, naturellement, et d'éléments comme les lettres de mandat aux ministres. Mais dans tous les cas, une optique d'analyse fondée sur les sexes — dans le cadre du processus d'élaboration des politiques — comprendrait en fait des questions concernant l'analyse comparative entre les sexes et les conséquences pour les hommes et les femmes.
:
Merci, madame la présidente.
Monsieur Wild, madame Biguzs, merci d'être ici.
Je dois vous avouer que vos déclarations m'ont rendue un peu confuse. D'un côté, vous faites valoir l'importance des champions dans les différents ministères, et de l'autre, vous dites que les personnes qui jouent ce rôle stratégique chez vous, monsieur Wild, et chez vous, madame Biguzs, ont quitté leur poste au cours des jours ou des mois précédents. Je trouve un peu bizarre qu'on n'ait pas songé à dresser une courte liste de personnes habilitées à jouer ce rôle afin qu'il n'y ait pas de vide quand ces champions sont affectés à d'autres postes. Si leur rôle est si important, pourquoi ne s'est-on pas soucié de s'assurer, au moment du dépôt du budget, que les deux personnes les plus concernées par les mesures qui y sont inscrites soient remplacées lorsqu'elles quittent leur poste?
Madame Biguzs, je veux bien croire que vous occupez cette fonction temporairement, mais vous devez également vous acquitter de vos tâches habituelles. Je suis certaine que malgré toute votre bonne volonté, vous ne pouvez pas jouer le rôle de champion, à moins d'y être affectée de façon permanente. Je trouve cela un peu bizarre et paradoxal.
Monsieur Wild, vous avez dit que depuis un an, on procédait à l'examen des différents programmes, et que cet examen prendra cinq ans. Jusqu'à maintenant, on découvre que ce sont surtout des programmes qui ont des impacts sociaux sur les femmes qui ont fait l'objet de coupes. Pourquoi en est-il ainsi, puisque ces programmes sont censés être évalués au moyen de l'analyse sexospécifique?
Madame Biguzs, pouvez-vous nous nommer un programme en particulier pour lequel vous prévoyiez qu'il aurait des impacts négatifs sur les femmes? Malheureusement, le ministre responsable en a été informé et a quand même appliqué la mesure proposée. Cela a passé par plusieurs étapes avant d'arriver à vous et avant que cela ne retourne au ministre. Les différents ministères et conseillers ont fait des études, qui sont arrivées jusqu'à vous. Vous donnez votre impression. Pourtant, on adopte quand même les mesures, malgré le fait que vous ayez déterminé qu'il y avait des impacts négatifs.
J'aimerais obtenir des réponses à ces questions.
:
Je commencerai par répondre à la première partie de votre question, au sujet des champions et des champions qui quittent leur poste.
Il existe deux modèles d'intégration de l'ACS dans une organisation. L'un d'entre eux consiste essentiellement à l'intégrer dans les tâches quotidiennes de tout le monde. L'autre consiste à créer une unité spéciale dirigée par quelqu'un qui s'occupe de cette fonction dans toute l'organisation. Le processus ou la méthode choisie par le Secrétariat du Conseil du Trésor consiste à l'intégrer dans toute l'organisation. Ainsi, chaque analyste, peu importe s'il crée des politiques ou s'il est responsable des mémoires déposés par les ministères, doit jouer un rôle dans l'analyse comparative entre les sexes.
Comme je l'ai déjà dit, le rôle du champion consiste à diriger. Ce n'est pas à lui de réaliser les analyses. Les champions ne sont pas nécessairement partie intégrante de notre capacité de réaliser les analyses et de procéder aux examens. À la haute direction, tous connaissent l'ACS. Le personnel les informe de tous les aspects liés à l'ACS qui figurent dans le mémoire. Ils répondent aux questions des ministres du Conseil du Trésor lorsque le mémoire est déposé. Cette fonction est intégrée dans toute l'organisation.
S'il est vrai que le rôle du champion est de veiller à ce que l'on mette continuellement l'accent sur le renforcement de cette capacité dans toute l'organisation, je ne pense pas que le fait de ne pas avoir de champion pendant une, deux ou trois semaines compromette notre capacité d'examiner les mémoires des ministères ni de remettre en question le fait de savoir s'il réalise cette analyse dans le cadre du processus des dépôts des mémoires.
Je souhaite également préciser que les examens stratégiques font partie d'un nouveau processus réalisé cette année pour la première fois, dans le cadre du budget 2008. C'est donc la première année que nous le faisons et nous allons continuer de constater les résultats.
Je dois souligner, du point de vue des budgets 2007 et 2008 au moins, que je ne peux pas formuler d'opinion au sujet des décisions individuelles qui sont prises par les ministres. Notre travail consiste à fournir, de façon non partisane, les meilleurs conseils stratégiques possibles tout en tenant compte de tous les points de vue et intérêts et en donnant notre meilleure opinion possible au sujet des plans à adopter. Mais au bout du compte, les ministres doivent tenir compte de tout cela, en plus des considérations politiques, avant de prendre une décision. Ensuite, nous nous conformons loyalement à ces décisions; voilà, essentiellement, le processus.
Il est donc difficile pour moi de vous parler des décisions individuelles prises par le gouvernement dans le cadre d'un budget ou d'un discours du Trône. Ce sont, évidemment, les décisions prises par les ministres. Nous fournissons des conseils. Nos conseils tiennent compte de l'analyse comparative entre les sexes, ce qui n'est pas nécessairement le seul aspect qu'il faille prendre en considération, du moins du point de vue d'un ministre. Je pense que cela fait partie de leur tâche à titre d'élus; par la suite, ils sont tenus responsables des décisions qu'ils ont prises.
:
Pour ce qui est de ma direction, nos examens rigoureux portent en réalité sur les politiques de gestion publiées par le Conseil du Trésor afin d'établir la norme, parmi tous les ministères, sur la façon dont nous nous attendons à ce que le ministère gère une question en particulier, par exemple les ressources humaines, la technologie de l'information, la gestion de l'information et la sécurité, ce genre de choses. C'est le type de politique dont je parle. On nous donne un petit guide de gestion traditionnelle qui indique comment les choses doivent fonctionner dans une organisation.
La meilleure réussite dont je pourrais vous parler réside dans le fait que la nouvelle suite de politiques que l'on renouvelle actuellement est généralement applicable tant aux hommes qu'aux femmes. Nous n'avons pas de problèmes majeurs pour ce qui est de conséquences imprévues liées au sexe.
Ainsi, je ne peux pas souligner une réussite qui me permette de dire « Wow, il y avait cette chose vraiment grosse et intéressante ». Je peux vous souligner quelques éléments qui peuvent paraître banaux. Dans le cadre de notre processus, les analystes qui travaillent pour moi dans ce domaine en particulier ont reçu une formation en analyse comparative entre les sexes et, dans le cadre de leur travail régulier, ils examinent rigoureusement le centre de politique au sein du Secrétariat. Ainsi, à mes yeux, il s'agit d'une réussite; cela fait partie des outils dont ils disposent, de leurs réflexes, et ils le font. De plus, nous ne sommes confrontés à aucun problème majeur, ce qui me permet de constater que ceux qui rédigent les politiques portent attention à cela. Ils en tiennent compte. Je pense qu'il s'agit en soi, si l'on veut, d'un symbole de notre réussite.
Lorsqu'on agit comme nous le faisons, l'une des difficultés réside dans le fait que lorsqu'on intègre quelque chose dans toute une organisation et qu'on le fait à tous les niveaux à la phase d'élaboration et de mise en oeuvre, il est plus difficile de faire ressortir un résultat en particulier, parce qu'en réalité, les problèmes sont réglés aussitôt qu'ils surviennent. Selon moi, le fait qu'aucun problème majeur n'ait été porté à l'attention de la haute direction à ce sujet constitue un facteur de réussite.
Je comprends que le problème, c'est que cela donne lieu à un certain scepticisme; on peut se demander si l'analyse est réelle. Je pense que oui, et je pense que l'on peut en juger principalement par le fait que nous n'avons pas de critique majeure formulée par Condition féminine Canada ou ceux qui déterminent si nos politiques de gestion permettent réellement d'éviter les conséquences inattendues liées au sexe.