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Merci beaucoup, madame la présidente.
Chers membres du Comité permanent de la condition féminine, bonjour. Il me fait grand plaisir de comparaître devant vous pour vous expliquer mon rôle. Avant de commencer mon exposé, je souhaite souligner que notre bureau est disponible aux parlementaires qui veulent plus de renseignements sur les langues officielles. Si vous souhaitez vous prévaloir de notre expertise technique, n'hésitez pas à le faire.
Je vous remercie de m'avoir invité pour vous parler du Commissariat aux langues officielles et pour vous expliquer mon mandat, en tant que haut fonctionnaire du Parlement.
Je suis accompagné aujourd'hui de Catherine Scott, directrice générale intérimaire à la Direction générale des politiques et des communications, et de Dominique Lemieux, directrice générale à la Direction de l'assurance et la conformité.
Depuis quelques décennies, on a assisté à l'établissement d'institutions spécialisées pour appuyer le Parlement dans son rôle de surveillance de l'administration publique. J'aimerais vous féliciter d'examiner le rôle des hauts fonctionnaires du Parlement — souvent aussi appelés agents du Parlement.
Dans son livre récent, The People's House of Commons, le politologue David D. Smith note qu'il n'existe que très peu d'études de notre rôle. « Les hauts fonctionnaires du Parlement, individuellement ou collectivement, demeurent un phénomène peu étudié [traduction] », écrit-il. Il souligne qu'il y a deux caractéristiques que nous partageons. Je le cite:
« premièrement, indépendance de l'exécutif et deuxièmement la reddition de comptes cette dernière se manifestant de différentes façons: les hauts fonctionnaires doivent répondre de leurs activités par le biais de leur rapports au Parlement, et la responsabilité du gouvernement envers le Parlement s'en trouve alors renforcée.
De plus, comme le souligne Smith, j'ai aussi le rôle « d'assurer que l'égalité linguistique demeure un principe déterminant de l'architecture constitutionnelle du Canada, de son Parlement et de son gouvernement ».
Aussi, on note que l'institution d'ombudsman a connu un essor depuis sa création. Les facteurs qui ont contribué à l'essor de l'institution d'ombudsman sont bien connus. Depuis une ou deux générations, la taille et la complexité du gouvernement ont augmenté considérablement, tant du point de vue qualitatif que quantitatif.
Le Parlement a donc désigné des hauts fonctionnaires du Parlement qui exerce des fonctions cruciales, afin d'assurer l'intégrité de notre système démocratique. Ces organismes parlementaires canadiens sont des gardiens de valeurs fondamentales dans notre société. Le Parlement a investi le commissaire aux langues officielles du rôle d'ombudsman, afin de lui permettre de remplir sa mission de protection des droits linguistiques et de la promotion de la dualité linguistique dans la société canadienne. Afin de lui permettre de s'acquitter pleinement de cette mission, le Parlement lui a attribué le statut de haut fonctionnaire du Parlement et a prévu certaines conditions nécessaires visant à assurer son indépendance vis-à-vis du gouvernement, notamment en ce qui concerne le processus de nomination et la rémunération.
[Français]
Tel qu’enchâssé dans la Loi sur les langues officielles, le commissaire aux langues officielles est nommé pour une période de sept ans par le gouverneur en conseil par commission sous le grand sceau, après approbation par résolution de la Chambre des communes et du Sénat. Sa nomination peut être révoquée par le gouverneur en conseil. Le commissaire a rang et pouvoirs d’administrateur général du ministère, et les modalités salariales du commissaire sont fixées de sorte à lui procurer les mêmes protections et avantages qu’un juge à la Cour fédérale.
Bien que le statut d’indépendance d’un haut fonctionnaire du Parlement devrait aussi se manifester dans le cadre du processus budgétaire, et aussi le processus de reddition de comptes, les hauts fonctionnaires du Parlement ne bénéficient pas en ce moment d’une telle indépendance. Le processus d’approbation des budgets a pour effet de placer le commissaire et les autres hauts fonctionnaires dans la situation où ils doivent demander des fonds à l’entité même dont ils sont censés examiner le rendement. Cette situation qui, selon nous, affaiblit le statut d’indépendance des hauts fonctionnaires du Parlement, a amené un certain nombre d’entre nous, tels que la vérificatrice générale, le directeur général des élections, le commissaire à l’information, la commissaire à la protection de la vie privée et moi-même, à proposer l’établissement d’un panel parlementaire. Ce groupe consultatif de travail composé de parlementaires, qui est un projet-pilote pour l’instant, serait responsable d’examiner nos demandes budgétaires et la façon dont nous nous acquittons de notre mandat et gérons les fonds publics.
L’autre aspect du fonctionnement des hauts fonctionnaires du Parlement qui, selon nous, devrait être examiné sous le prisme de l’indépendance est le processus et les mécanismes de dotation actuels qui sont régis et réglementés par la Commission de la fonction publique et qui prévoient que le Conseil du Trésor exerce un certain contrôle sur l’approbation des ressources.
Comme vous pouvez le constater, les conditions d’indépendance liées au statut de haut fonctionnaire du Parlement soulèvent des questions complexes et méritent d’être clarifiées et définies en fonction de l’objectif ultimement recherché, c’est-à-dire permettre aux fonctionnaires du Parlement de remplir la mission sociale dont ils ont été investis avec toute la crédibilité et l’autorité que le public canadien attend d’eux.
En tant que hauts fonctionnaires du Parlement, nous travaillons de concert avec le Secrétariat du Conseil du Trésor pour développer des principes directeurs qui définiront notre relation. J’envisage une relation productive et je souhaite que ce projet-pilote devienne un instrument permanent du Parlement.
Tel que défini dans la Loi sur les langues officielles, au paragraphe 56(1), il m’incombe de prendre, dans le cadre de ma compétence, toutes les mesures visant à assurer la reconnaissance du statut de chacune des langues officielles et à faire respecter l’esprit de la loi et l’intention du législateur en ce qui touche l’administration des affaires des institutions fédérales, notamment la promotion du français et de l’anglais dans la société canadienne. Notre organisme compte plus de 175 employés répartis entre quatre directions générales et cinq bureaux régionaux. Nous disposons d’un budget annuel d’environ 19 millions de dollars.
[Traduction]
En tant que commissaire aux langues officielles, je considère mon rôle comme celui de bâtisseur de ponts entre les divers acteurs. La dualité linguistique constitue une composante essentielle de notre identité nationale. J'aborde donc mon mandat avec l'objectif de favoriser les rapprochements. J'encourage le dialogue et la création d'une synergie entre les Canadiens et les Canadiennes francophones et anglophones, les citoyens de toutes les origines et les institutions fédérales.
Ayant comme mission de prendre toutes les mesures nécessaires en vue de la réalisation des objectifs de la loi, j'exerce des moyens d'action précis dans trois axes d'activités bien définis: la protection, la promotion et la prévention.
Ainsi, sous le volet protection, j'effectue des vérifications, je surveillance l'avancement du français et de l'anglais, je reçois des plaintes et, au besoin, je mène des enquêtes et j'interviens devant les tribunaux.
Sous le volet promotion, j'informe le public canadien de ses droits linguistiques, j'effectue des recherches et je publie des études. Je sensibilise la population aux avantages de la dualité linguistique, j'agis auprès des gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux, et j'entretiens des liens avec les communautés de langue officielle en situation minoritaire et je veille à ce que le gouvernement prenne des mesures pour soutenir leur développement.
Dans un esprit de prévention, je développe des approches stratégiques pour arriver à des solutions durables.
Nous devons veiller à la mise en oeuvre de la loi tout en considérant la dernière modification importante apportée en 2005. En effet, le Parlement a adopté à ce moment une modification à la partie VII de la loi. Toutes les institutions fédérales ont maintenant l'obligation de prendre des mesures positives pour appuyer le développement des communautés de langue officielle et promouvoir la dualité linguistique.
En tant qu'ombudsman, je reçois près de 1 000 plaintes par année. Je les examine et, s'il y a lieu, je fais enquête.
À titre d'exemple, les changements administratifs annoncés en 2006 à Condition féminine Canada, dans le cadre de l'examen des dépenses, ont donné comme résultat une augmentation importante des plaintes au Commissariat de citoyens préoccupés par l'impact des coupures sur les organismes qui soutiennent les femmes des communautés de langue officielle.
[Français]
Le commissariat adhère d’emblée depuis longtemps à des principes fondamentaux tels que la transparence et la reddition de comptes au Parlement. Un exemple éloquent de nos pratiques est le rapport annuel présenté au Parlement. Ce rapport traite de l’état de la mise en oeuvre de la loi ainsi que du respect de celle-ci par le gouvernement et les institutions qui y sont assujetties. Il contient aussi des recommandations à l’intention du gouvernement.
Au sujet de la vérification interne, nous avons développé notre propre politique et sommes désormais assujettis à la Loi sur l’accès à l’information.
À moyen terme, le commissariat devra relever de nouveaux défis qui nous amèneront à reconsidérer nos besoins opérationnels habituels. Je revois présentement la manière dont le commissaire exerce le rôle d’ombudsman et examine l’efficacité du commissariat à favoriser la réalisation des objectifs de la loi.
Afin de veiller au respect du paragraphe 41(2) de la Loi sur les langues officielles, nous devrons également surveiller l’engagement du gouvernement à l’égard de la dualité linguistique et de la participation des communautés à l’élaboration des politiques gouvernementales. Il sera donc important d’interpeller les communautés majoritaires de langue officielle.
[Traduction]
À titre de haut fonctionnaire du Parlement, à l'instar des six commissaires précédents, je respecte pleinement les principes des politiques gouvernementales visant à assurer de bonnes pratiques de gestion des fonds publics. Je suis aussi déterminé à faire en sorte que le commissariat conserve son indépendance vis-à-vis du gouvernement et continue de rendre des comptes au Parlement.
C'est avec plaisir que je répondrai à vos questions.
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C'est un défi, en effet. J'ai parfois moi-même du mal à concilier ces deux réalités.
On fêtera l'année prochaine le 40e anniversaire de la loi et je me suis moi-même posé la même question: comment avons-nous évolué depuis la création du commissariat? J'ai donc demandé la réalisation d'une étude interne sur notre évolution. Nous connaissons en ce moment un renouvellement de nos effectifs parce que plusieurs personnes, dont certaines haut placées, prennent leur retraite cette année. Comme j'occupe ce poste depuis à peine un an et demi et que les nouvelles recrues vont bientôt arriver, j'ai pensé qu'il nous serait très utile de connaître tous les étapes de l'évolution du commissariat au cours du mandat des cinq commissaires précédents.
Je me suis entretenu avec Keith Spicer qui m'a expliqué qu'il comptait une demi-douzaine d'employés au départ. Comme il le raconte dans ses mémoires, il a dû inventer bien des choses au fur et à mesure, choses qui se sont formalisées avec les années. Par exemple, il a créé les bureaux régionaux chargés de la promotion et de la réception des plaintes. Nous avons cinq bureaux régionaux en plus de plus petits bureaux d'un seule personne. Il y en a un à Sudbury qui relève de Toronto. Il y en a un à Regina qui relève de Winnipeg, et un à Vancouver qui relève d'Edmonton.
Pour ce qui est des rapports au Parlement, nous suivons le même cycle budgétaire que tout le monde. Nous présentons un rapport sur nos plans et priorités, comme tous les autres organismes. Quand le Conseil du Trésor impose différentes exigences, nous les respectons. Lorsque le gouvernement a décidé que chaque ministère devait suivre un processus de vérification interne, nous avons été le premier des mandataires du Parlement à instaurer la procédure correspondante. Notre bureau a fait l'objet de cinq examens de la part du vérificateur général, dont aucun n'a révélé la moindre irrégularité. Nous avons à l'occasion des discussions assez rigoureuses au sujet de la répartition des fonds qui nous sont alloués. Quand il devient évident que les obligations imposées par les gouvernements allaient entraîner une augmentation de nos coûts, nous nous sommes adressés au panel parlementaire pour faire valoir nos arguments, notamment que nous avions besoin de cet argent pour remplir ces nouvelles obligations.
Je suis d'avis que l'indépendance entraîne des responsabilités et que plus nous serons indépendants des institutions financières du gouvernement, institutions dont nous surveillons par ailleurs les activités, plus nous devrons être transparents et responsables dans notre gestion de l'argent des contribuables. Nous essayons d'être aussi rigoureux et transparents que possible. Mes frais de déplacement d'hébergement sont affichés sur Internet. Nos méthodes d'établissement des budgets sont décrites très clairement dans nos rapports sur les plans et les priorités. Et, comme je l'ai déjà indiqué, le Bureau du vérificateur général nous a donné un satisfecit à cinq reprises consécutives.
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Merci. J'ai quelques observations, puis quelques questions pour la motionnaire, si vous permettez.
Après que vous nous avez présenté oralement cette motion, à la dernière séance, j'ai fait des recherches. Il ne s'agit pas d'une conférence ministérielle, et le gouvernement du Canada n'envoie pas de délégation. Cette motion parle de la participation à une délégation gouvernementale, mais il n'y a pas de délégation. Claire Beckton est la seule haute gestionnaire qui y représentera le gouvernement. Étant donné la nature de la conférence, il y aura là sans doute des femmes d'affaires indépendantes, c'est le sujet de la conférence, mais elles ne font pas partie non plus d'une délégation.
Je crois fermement que si c'est une question d'importance, si c'est une conférence où il y aura des parlementaires, nous devons y être. Mais ce n'est pas le cas. On me dit que les pays qui y enverront une représentation politique sont de très petits pays, et qu'il n'y aura pas de participation politique de pays comparables au nôtre, comme le Royaume-Uni, les États-Unis ou l'Australie. Je crois toutefois fermement que nous devons envoyer des représentants politiques quand une conférence de ce genre se tient.
J'ai quelques observations à formuler à l'intention de la motionnaire, puis quelques questions à poser.
Étant donné l'appui que j'ai cru constater de l'autre côté, je m'attends à ce que cette motion soit adoptée. S'agirait-il alors d'un voyage officiel du comité? C'est peut-être ce que vous entendez, en ajoutant quelques mots à la motion. Est-ce que tous les membres du comité y seraient ou simplement quelques représentants? Pour quelle raison? Pourquoi le ferions-nous?
Comme je l'ai déjà dit, saviez-vous en présentant cette motion qu'il ne s'agissait pas d'une conférence ni parlementaire, ni ministérielle?
J'aimerais que la motionnaire réponde à mes questions.
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Je n'ai certainement pas été consultée.
Je crois, madame la présidente, que les réunions de février à l'ONU, pour la première fois depuis que je suis au Parlement, n'ont accueilli aucun représentant politique. L'année dernière, je faisais partie d'une délégation. Il y avait un représentant de chaque parti politique. La sénatrice Nancy Ruth, du Parti conservateur, était chef de délégation. Il y avait une représentation politique, et Mme Demers en faisait également partie. Qu'il n'y ait aucune représentation politique cette année, à mon avis, créerait un précédent dangereux. Nous avons une coordinatrice fort compétente — je ne connais pas vraiment le titre du poste qu'occupe Mme Beckton. Elle est fort compétente, et je ne veux pas que l'on pense que je n'ai pas confiance dans le travail qu'elle peut faire, mais après tout, elle est fonctionnaire. Elle ne fait pas partie des rouages politiques du Canada.
C'est pourquoi je crois qu'il importe qu'il y ait des représentants politiques. Je ne sais pas si 12 délégués devraient être envoyés ou s'il faudrait qu'il y ait simplement des représentants des groupes touchés, mais à mon avis, il doit certainement y avoir représentation politique du Canada.
Pour ce qui est de la réunion d'octobre ou de novembre, j'allais présenter une motion — mais je ne l'ai pas encore rédigée. La situation canadienne sera passée en revue à Genève, et j'ai à portée de main le texte de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes. La documentation pertinente a déjà été remise. Cependant, nombre des questions qui seront abordées sont des questions sur lesquelles s'est déjà penché le comité, qu'il s'agisse du trafic, des femmes autochtones, de la violence contre les femmes ou de la pauvreté. Ainsi, à mon avis, notre présence est fort importante.
Je ne sais pas ce que le comité veut faire. Si vous le désirez, je peux présenter un avis de motion. Je ne serai pas ici la semaine prochaine, mais je voulais signaler qu'il s'agit là d'une question fort importante, car il faut absolument une représentation politique.
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Merci, madame la présidente.
Certaines de nos collègues se sont rendues à Cape Town, il y a quelques semaines, dans le cadre d'une mission parlementaire. Lors de cette rencontre, elles ont rencontré certaines des parlementaires afghanes qui étaient venues ici nous visiter — vous vous en souviendrez, madame la présidente — pour faire état des progrès des femmes afghanes.
Lors de cette rencontre, les femmes parlementaires ont dit à nos collègues, très clairement, qu'elles avaient été forcées de dire ce qu'elles nous avaient dit, qu'elles avaient été obligées de faire ces témoignages, que ce n'était pas la vérité, que ce n'était pas la réalité et que ce n'était pas ce qui se passait en Afghanistan présentement, tant pour les femmes parlementaires que pour les femmes du pays en Afghanistan.
Je ne sais pas ce que nous pouvons faire, mais nous ne pouvons pas servir de sounding board à des gens qui viennent ici pour utiliser le Comité de la condition féminine et transmettre des informations qui sont fausses. Ces femmes étaient très fâchées, et on les a menacées de conséquences lourdes si elles parlaient.
Personnellement, j'ai l'intention de communiquer avec Amnistie internationale et d'autres organisations pour leur faire part de cela. Cette situation est très malsaine. Il faudrait être prudents, à l'avenir, lorsqu'on recevra des délégations, et s'assurer que les personnes ont le loisir de dire la vérité sur ce qui se passe dans leur pays, qu'elles ont la liberté de parole.