:
Je vais commencer en vous donnant un bref survol.
Le comité voulait en savoir davantage sur l'agencement du rôle des ministères et des organismes centraux en ce qui concerne la prise de décision au gouvernement.
Si vous regardez à gauche du document que vous avez sous les yeux, vous y verrez un organigramme bleu et vert qui dresse le cadre de l'élaboration des politiques. Ensuite, à droite, l'on peut voir la mise en oeuvre. À côté de la colonne de gauche, vous verrez que nous avons tenté de définir le travail du BCP, des Finances, du Secrétariat du Conseil du Trésor et des ministères.
Pour ce qui est de l'étape de l'élaboration des politiques, le rôle du BCP, comme je l'ai expliqué mardi, est d'appuyer le Premier ministre et le Cabinet. C'est le travail que nous faisons avec les comités d'orientation pour les nouvelles initiatives en matière de politique. Nous leur fournissons une perspective horizontale ou coordonnée, car il y a beaucoup de questions qui font intervenir plus d'un ministère. Nous les aidons à veiller à ce qu'on respecte le programme gouvernemental qui a été établi dans le discours du Trône.
Le ministère des Finances vous rencontrera la semaine prochaine et sera sans doute mieux en mesure de vous expliquer son rôle. Évidemment, il aide à établir le contexte fiscal et économique. C'est lui le spécialiste de l'analyse économique et fiscale. Bien entendu, la préparation du budget est l'une des responsabilités clés du ministère et du ministre des Finances.
Je céderai la parole à Joe quand j'aurai terminé. Le Conseil du Trésor est responsable de veiller à l'intégrité du système par le biais d'une surveillance des questions financières et de gestion et de l'utilisation des ressources.
Les ministères se trouvent en bas de colonne. Ils sont responsables de l'élaboration de politiques conformément aux programmes de politiques du gouvernement. Ils doivent s'assurer que leurs initiatives clés ainsi que celles sur lesquelles ils travaillent sont conformes à celles du gouvernement. Comme je l'ai mentionné l'autre jour, ils sont en fait responsables de l'élaboration des propositions de politiques qui pourraient être examinées par le Cabinet.
Les trois organismes centraux travaillent à l'élaboration des politiques en étroite collaboration. Nous avons des rôles complémentaires, si vous voulez. Nous aidons à l'élaboration des initiatives politiques qui seront présentées au Cabinet. Je vais vous montrer comment tout cela s'agence dans le prochain tableau.
Voilà en quoi consiste l'élaboration des politiques qui seront examinées par le Cabinet.
En ce qui concerne la phase de mise en oeuvre, le ministère des Finances a un rôle à jouer dans l'adoption de la Loi d'exécution du budget par le Parlement. Il a également un rôle à jouer en ce qui concerne les règles fiscales et d'autres mesures prévues par la loi.
Le Conseil du Trésor est responsable de l'approbation des autorisations de programme pour permettre aux ministères de mettre en oeuvre les programmes, de l'approbation des plans de dépenses et il doit s'assurer que les programmes sont conformes à la Loi sur la gestion des finances publiques. Le Conseil du Trésor assure également la gestion parlementaire du processus d'examen des prévisions budgétaires. On parle ici du Budget principal des dépenses et des Budgets supplémentaires des dépenses. Le Conseil établit également les politiques macroéconomiques du gouvernement du Canada pour les politiques sur les évaluations et les vérifications de programmes.
Les ministères sont responsables d'une initiative une fois qu'elle a été approuvée par le Conseil du Trésor. Ils sont ensuite responsables de sa mise en oeuvre, de sa gestion, d'en faire rapport au Parlement au moyen de leurs Rapports ministériels sur le rendement et doivent également évaluer les programmes et faire des vérifications fondées sur les risques.
J'espère que cela sera utile et vous permettra de mieux voir comment tous ces morceaux s'agencent entre eux.
Je vais céder la parole à Joe avant de vous expliquer le processus relatif aux mémoires au Cabinet.
Voulez-vous ajouter quelque chose sur le rôle du conseil?
Le premier des deux tableaux qui suivent tente d'expliquer le processus d'élaboration des mémoires au Cabinet.
La proposition de politique initiale est déterminée par le programme du gouvernement. On la trouve notamment dans la plate-forme du gouvernement, et ensuite, dans le discours du Trône, dans les lettres de mandat ou dans le budget. Les priorités sont conformes à celles qui ont été fixées par le gouvernement. Le ministère s'assure d'avoir reconnu une priorité qui est conforme au programme que l'on trouve dans le discours du Trône, dans le budget ou dans les lettres de mandat. Le ministère commencera à faire le travail d'élaboration des politiques à l'interne. Habituellement, lorsqu'il est question d'une initiative de politique, une direction générale des politiques stratégiques dans un ministère se charge du travail. Elle commencerait par effectuer l'analyse nécessaire à l'élaboration d'un mémoire au Cabinet.
Comme je l'ai mentionné l'autre jour, les gabarits liés au processus de mémoire au Cabinet se trouvent sur le site Web du BCP. Vous y verrez quelle devrait être la structure d'un mémoire au Cabinet pour décrire une proposition, une recommandation. On expose le problème, on explique pourquoi ce mémoire est présenté et on analyse les problèmes et les solutions possibles. Nous cherchons des solutions crédibles qui donneront un certain choix aux ministres. Ces derniers auront également une idée des risques et des avantages qu'il y a à donner suite aux solutions envisagées.
Le ministère entame ce travail et commence à élaborer une proposition de politique détaillée qui sera présentée au Cabinet. Il s'agit de la première étape. Après, le cheminement du dossier se poursuit.
Avant même d'arriver aux organismes centraux, le dossier passe par les groupes de travail interministériels. Comme vous le savez, les questions sont bien plus complexes qu'elles ne l'étaient il y a plusieurs années et concernent bon nombre de ministères en même temps. Parfois, il faut travailler de concert avec d'autres ministères. Les propositions sont parfois parrainées par plus d'un ministre à la fois.
Il est très important que les ministères déterminent les incidences s'ils ont besoin que d'autres ministères chargés de programmes les aident dans la prestation d'une initiative particulière qu'ils veulent présenter. Le groupe de travail interministériel permet à un ministère de réunir d'autres spécialistes des politiques qui viennent de plusieurs ministères afin qu'ils puissent, ensemble, pousser plus loin l'élaboration de la proposition qui sera présentée au Cabinet, afin de s'assurer que la proposition reflétera un contexte plus large et qu'elle tiendra compte des incidences potentielles ou de la participation d'autres ministères. Cela permet de raffiner le mémoire au Cabinet qui sera présenté à un comité d'orientation du Cabinet.
Une fois ce travail terminé, vous avez une ébauche de mémoire. Il y aura ensuite des consultations avec les organismes centraux. C'est très important. Nous encourageons toujours les ministères à traiter rapidement avec le Bureau du Conseil privé. Le Conseil du Trésor et le ministère des Finances en font partie et il ne s'agit pas seulement d'un organisme central. Chaque organisme amène une perspective différente mais complémentaire. Le BCP met l'accent sur l'intention générale de la politique et sur le travail nécessaire pour y parvenir. Les finances amènent une perspective économique. Le Conseil du Trésor a déjà amorcé une réflexion et offre des observations et de l'aide sur ce dont on aura besoin pour appliquer ce programme et tente de voir si l'initiative est crédible, si elle pourra être mise en oeuvre, et si cela comportera des défis. Il mettra également l'accent sur les résultats à atteindre. En effet, il est important de déterminer les résultats dès le départ, de sorte que par la suite, lorsqu'on met en oeuvre le programme, les objectifs généraux sont bien clairs.
Les organismes centraux rencontrent ensuite le ministère. Cela peut prendre plusieurs réunions. Il s'agit d'un processus dynamique : les organismes centraux rencontrent le ministère et ils examinent ensemble la proposition et les documents qu'ils veulent soumettre. Les organismes donnent une rétroaction au ministère. Ils expliquent comment on pourrait rendre le mémoire plus solide et signalent la présence de lacunes.
Ce processus peut être très dynamique et peut prendre un certain temps puisqu'il y a un dialogue continu entre les fonctionnaires.
Comme je l'ai mentionné mardi, il y a ensuite une rencontre interministérielle. Elle est fort importante. Elle est obligatoire pour toute initiative émanant d'un comité d'orientation du Cabinet et non seulement pour les ministères touchés par une initiative ou qui y prennent part. Cela permet à toute la communauté interministérielle de se rassembler et d'examiner une proposition. L'ébauche est distribuée à toute cette communauté.
Habituellement, une seule réunion suffit, mais il peut y en avoir plus. Cela dépend des problèmes décelés par la communauté interministérielle. Parfois, un ministère estime que le mémoire n'a pas répondu à certaines préoccupations ou encore qu'un ministère n'a pas tenu compte de certains risques ou de certaines répercussions. Parfois, c'est quelque chose qui a échappé au ministère.
Ce processus interministériel est dynamique. Il est censé fournir une rétroaction constructive. Les organismes centraux prennent part à ce forum, ainsi que la Condition féminine Canada. Cela permet à Condition féminine Canada d'examiner les mémoires et d'avoir voix au chapitre.
Habituellement, à cette étape, le document doit être révisé. Il doit refléter les perspectives et les difficultés qui ont été soulevées au cours du processus interministériel. Une fois que l'on est satisfait du document, on se retrouve avec une ébauche finale qui sera présentée aux ministres.
Puis, le document doit être déposé et signé par les ministres. Au bout du compte, c'est le ministre ou les ministres qui le déposent qui en sont responsables. Les ministres ont donc un rôle clé à jouer, car ils doivent être satisfaits du mémoire. En effet, ils devront le présenter à leurs collègues au Cabinet.
Lorsque les ministres approuvent le mémoire, il est renvoyé au comité d'orientation approprié du Cabinet, qu'il s'agisse des affaires sociales, de l'économie ou encore, de l'environnement. Le comité d'orientation du Cabinet aura donc l'occasion d'en discuter. Les membres du comité liront le mémoire, poseront des question et en discuteront.
Même si le comité est heureux du document, il n'a pas le pouvoir de rendre une décision finale à son sujet. Le comité d'orientation fera une recommandation au Comité du Cabinet chargé des priorités et de la planification. Il s'agit du comité du Cabinet responsable de l'approbation des décisions du Cabinet. Il aura l'occasion de contester le mémoire. Il s'agit d'un système de freins et de contrepoids. Il pourra donc contester les recommandations émanant des comités d'orientation du Cabinet.
Puis, si le Comité du Cabinet chargé des priorités et de la planification est satisfait du document, une décision finale sera rendue. À ce moment-là, on aura terminé l'étape de l'élaboration de la politique.
On passe alors à l'étape de la mise en oeuvre. Cette étape exige d'habitude — cela dépend des questions — l'approbation du Conseil du Trésor.
Je cède maintenant la parole à Joe, qui vous expliquera le rôle du Conseil du Trésor, qui est de fournir l'occasion de donner des détails sur la mise en oeuvre d'une initiative de politique. Cela comprendra notamment sa mise en oeuvre, les ressources nécessaires, quel organisme administrera le programme et quels seront les mécanismes de reddition de comptes. C'est ici qu'on passe à l'étape de la mise en oeuvre.
Avant de céder la parole à Joe, j'aimerais savoir si vous avez des questions à poser.
:
Je pense qu'il s'agit d'une combinaison de facteurs. Au gouvernement, c'est toujours un défi de travailler horizontalement. C'est un problème que nous essayons de régler depuis de nombreuses années. Bien sûr, la reddition de comptes est on ne peut plus verticale, par exemple, les ministères doivent rendre des compte au Parlement, alors le défi est d'essayer de travailler avec ce système et de mettre en place des structures de reddition de comptes qui font en sorte qu'il y ait une synergie et une coordination.
La raison qui nous motive, c'est que c'est certainement une exigence pour le BCP. Nous devons faire des consultations interministérielles avant de mettre un projet de l'avant. Il est très important que les connexions soient faites. Bien sûr, il est essentiel de demander que le travail interministériel soit fait avant qu'une initiative soit présentée, pour s'assurer qu'un point de vue intégré soit vraiment pris en compte et pour que nous ayons l'occasion de déterminer les problèmes.
Ce n'est peut-être pas un système parfait, mais je crois que les mécanismes sont certainement en place pour s'assurer que ce type de problèmes soit soulevé par les hauts fonctionnaires; ensuite, bien sûr, il incombe aux hauts fonctionnaires d'informer leurs ministres qui sont membres des comités d'orientation du Cabinet et du Cabinet. Les hauts fonctionnaires informent leurs ministres, et s'il y a des problèmes non résolus, ils ont l'occasion de s'assurer que les ministres le savent. Les ministres peuvent bien sûr discuter dans les comités du Cabinet. C'est leur rôle : débattre, discuter, poser des questions, et s'assurer que les propositions présentées les satisfassent.
Un certain nombre de mécanismes ont été mis en place pour s'assurer que cela se fasse. Je pense que dans une certaine mesure, c'est la responsabilité de tous. Comme je l'ai déjà dit, ce sont les Finances qui ont la responsabilité du processus de préparation du budget. Votre comité a déjà fait des recommandations, auxquelles, je pense, les Finances ont donné suite; je pense que vous aurez l'occasion la semaine prochaine de discuter avec les gens de ce ministère pour savoir quelle est l'étendue du travail qu'ils font sur l'analyse comparative entre les sexes, et je sais qu'ils collaborent également avec Condition féminine.
Je pense qu'il est utile de désigner un champion, mais je pense que c'est aussi une question de système, c'est-à-dire qu'il incombe aux différentes étapes, que nous avons essayé de mettre en place, de créer toutes les occasions possibles de discussion sur les problèmes clés.
:
Je voulais ajouter quelque chose.
Je pense que votre question touche à l'essence du système de Westminster, et du rôle du Cabinet. Pour ceux qui sont des partisans du système de Westminster, la magie réside dans le fait qu'il y a des discussions fermes parmi tous les membres du Cabinet, parmi les différents ministres, qui ont chacun un point de vue différent, des expériences différentes, et des acquis différents. Tout cela est utilisé pour examiner une question afin d'en arriver à la meilleure décision possible. Tous les membres du Cabinet ensuite appuient la décision prise.
D'une certaine façon, oui, il y aura un ministre qui sera le ministre responsable devant le Parlement de la décision prise, c'est-à-dire qu'il y aura un ministre principal, mais en fin de compte, tous les ministres du Cabinet appuient la décision qui a été prise et, fondamentalement, ils sont tous des champions de toute décision qui se prend au Cabinet.
Pour moi, voilà la magie du système de Westminster. Il permet qu'il y ait une approche très unifiée afin d'inclure tous les points de vue dans une discussion ferme, pour en arriver ensuite à une décision que tout le monde appui.
:
Je suis certainement d'accord, car je ne vois pas la situation comme étant une situation finale. C'est plutôt un marathon qui n'a pas de ligne d'arrivée. Nous cherchons toujours à améliorer notre capacité de travail horizontal, pour qu'il ait une coordination entre les ministères pour profiter de toutes les synergies possibles en rassemblant les différents ministères qui ont différents leviers politiques et différentes expertises politiques et que tout cela soit mis de l'avant pour trouver une solution à un problème donné. Je crois qu'il est évident que si l'on regardait la période depuis le début de la Confédération jusqu'à maintenant, on verrait cette évolution.
Il n'y a pas que nos connaissances scientifiques qui soient de plus en plus raffinées, mais aussi notre connaissance des effets des initiatives politiques. Notre capacité à mesurer les résultats des programmes a fait des grands bons en avant au cours de la décennie, notre compréhension des leviers politiques, notre compréhension des résultats qu'ils génèrent, et des conséquences qu'ils génèrent parfois également, s'est améliorée. Avec toutes ces améliorations, notre travail consiste à trouver des façons de mieux travailler ensemble afin d'en arriver à la meilleure solution possible pour les Canadiens.
Il n'y aura jamais d'état final, où nous pourrons dire, bien, nous l'avons fait, et nous avons atteint l'horizontalité parfaite. Je ne pense que cela soit possible. Je pense que c'est une quête continue, et je pense que nous sommes probablement assez avancés, si l'on se compare à d'autres gouvernements dans le monde, surtout que nous avons un système de gouvernent fédéral, ce qui rend la situation encore plus compliquée. Il y a trois paliers de gouvernement que nous devons prendre en compte lorsque nous prenons des décisions de politique, en plus de penser au niveau international. Nous vivons dans une situation beaucoup plus mondialisée qu'auparavant.
Je pense que nous faisons des progrès, et je pense que c'est quelque chose de continu. Nous pouvons certainement encore nous améliorer. Comme Mme Biguzs l'a mentionné, de nombreuses nouvelles choses ont été mises en place qui, je crois, nous aideront à mieux comprendre les effets horizontaux.
:
Est-ce que vous me permettez d'ajouter quelque chose? Je n'ai peut-être pas été assez claire ou explicite.
Lorsque nous parlons des initiatives présentées au Cabinet, il y a parfois des initiatives qui seront parrainées par plus d'un ministre. Ce n'est pas inhabituel qu'il y ait une initiative qui nécessite deux, parfois trois, parfois quatre, parfois cinq ministres participant à l'initiative. Je pense que voilà un exemple de la nature intégrée. Il faut tenir compte du fait qu'un certain nombre de ministères ont un rôle à jouer et interviennent. Les ministres doivent ensuite signer et parrainer ensemble une proposition qui sera présentée au Cabinet.
Voilà un autre rôle que nous essayons de jouer. Nous essayons d'être vigilants pour les bons ministères et les bons ministres soient inclus, parce qu'encore une fois, nous ne voulons pas oublier quelqu'un qui sera touché, en bout de ligne, par une initiative.
Comme je l'ai dit, il n'est pas inhabituel de voir des initiatives qui soit parrainées par plus d'un ministre, ce qui garantit l'intégration et l'horizontalité de plusieurs ministères qui travaillent ensemble pour qu'une initiative progresse.
:
Je suis plutôt néophyte, bien entendu, et je suis heureux d'être ici pour poser quelques questions.
Peut-être vous a-t-on déjà posé la question, mais à la lecture des documents, il me semble que dans le cas des programmes, l'accent est mis sur les MC, les mémoires au cabinet. J'ai cru comprendre que dans la plupart des cas, il s'agissait sans doute de nouveaux programmes ou de nouvelles versions d'anciens programmes, comme nous l'avons vu ces deux dernières années, avec de nouveaux noms.
Qu'en est-il des programmes existants. Ces textes juridiques sont reliés à un certain nombre de lois et de pouvoirs de dépenser. L'assurance-chômage et la sécurité de la vieillesse sont de bons exemples. S'il s'agit de programmes existants qui ont déjà été approuvés par le Cabinet et, dans certains cas, à l'époque de Louis St. Laurent —, comment l'ACS pourrait-elle être intégrée dans l'examen des dépenses permanentes?
Je peux comprendre s'il s'agit de nouveaux aspects ou de nouvelles facettes ajoutés à des programmes existants, mais comment peut-on être certains que l'ACS est réalisée au tout début de chaque décision du Cabinet au sujet des programmes existants?
Il s'agit peut-être d'une question idiote, je ne sais pas.
:
Je dois décortiquer votre question quelque peu; un processus a été lancé cette année et dirigé par le Secrétariat du Conseil du Trésor. Il s'agit des examens stratégiques. Nous avons commencé cette année à réaliser ces examens stratégiques pour déterminer ou examiner, selon un cycle de quatre ans, toutes les dépenses réalisées dans les ministères. Les examens stratégiques visent à examiner les dépenses existantes du point de vue de l'efficacité, de l'efficience et de l'alignement des dépenses de façon adéquate par rapport aux priorités du gouvernement. Les programmes atteignent-ils réellement les objectifs pour lesquels ils ont été créés? L'idée, c'est de déceler les programmes peu prioritaires ou les programmes qui ne sont tout simplement pas tellement efficaces et de déterminer les domaines où on pourrait diminuer les dépenses pour réaffecter ou réinvestir l'argent ainsi récupéré dans des programmes prioritaires et efficaces.
Lorsqu'on réalise ces examens stratégiques, si la conception du programme comporte des problèmes concernant l'égalité entre les sexes, on pourrait les détecter. Par exemple, d'un point de vue hypothétique, si Santé Canada crée un programme pour faire de la sensibilisation au sujet du cancer du sein, une mesure serait associée au programme pour savoir s'il fonctionne ou non. Ainsi, on aurait un cadre de travail fondé sur les résultats, que l'on évaluerait par la suite en se demandant si le programme atteint les objectifs pour lesquels il a été conçu. Lorsque viendra le tour de Santé Canada, dans le cadre de l'examen stratégique, il faudra examiner toutes les dépenses existantes, y compris celles liées à ce programme et déterminer si nous obtenons les résultats souhaités. Le programme est-il efficace ou non? Ainsi, on touche à cette question.
Si, par exemple, le programme ne fonctionne pas particulièrement bien, si les indicateurs nous disent que les renseignements ne se rendent pas jusqu'à ceux qui en ont besoin, que ça n'a aucune incidence sur la sensibilisation des femmes à l'égard des problèmes liés au cancer du sein, alors peut-être qu'il faut revoir le programme afin de déterminer s'il y a un problème de conception ou s'il ne s'agit tout simplement pas d'un programme efficace; par la suite, il faut trouver des façons plus efficaces d'atteindre nos objectifs.
Ainsi, dans le cadre de l'examen stratégique, on examine les dépenses et on décide si on souhaite réinvestir l'argent dans un programme qui serait potentiellement plus efficace.
En outre, les ministères font bien entendu l'analyse comparative entre les sexes de leurs propositions depuis 1995. Ainsi, depuis près de 13 ans, l'ACS fait partie de la création de tous les programmes. C'est pourquoi une ACS a sans doute été réalisée au sujet de toutes les dépenses existantes qui sont réalisées depuis les 13 dernières années par le ministère qui formule la proposition.
Je ne suis pas certain si j'ai bien répondu à votre question, mais c'est ce que l'on fait à l'heure actuelle.
:
C'est essentiellement ce que j'allais dire. On s'attend à ce que les ministères effectuent des évaluations régulières, et dans le cas des examens stratégiques, il s'agit d'une période quadriennale. Nous voulons évaluer toutes les dépenses discrétionnaires sur une période de quatre ans.
En ce qui concerne l'évaluation de l'efficacité des programmes, un domaine qui continue d'évoluer, on s'attend à ce que les ministères prévoient des structures axées sur les résultats pour tous leurs programmes. Des structures axées sur les résultats permettent d'évaluer le rendement d'un programme, et il me semble qu'une partie de ce processus d'évaluation consiste à déterminer s'il y a eu des conséquences imprévues.
Je ne crois pas qu'on devrait uniquement effectuer une analyse comparative entre les sexes. Je crois qu'il faut effectuer tout le spectre des analyses. En d'autres termes, on pourrait analyser les conséquences imprévues sur les langues officielles, l'équité en matière d'emploi, sur les sexes, sur le développement durable, sur toutes sortes de facteurs. Cette analyse complète des politiques sert à déterminer si le programme fonctionne comme prévu, s'il produit les résultats escomptés, et dans quelle mesure les résultats correspondent aux objectifs fixés au départ. Il faut donc tenir compte des conséquences imprévues, et pour ce faire, il faut tenir compte de toute la gamme des facteurs, et non seulement d'un seul facteur.
:
Merci, madame la présidente.
Veuillez excuser notre retard.
Je vous remercie d'être de nouveau parmi nous ce matin. Dans le document que vous nous avez fait parvenir, monsieur Wild, on parle souvent d'un camp de formation pour les analystes. Il s'en est d'ailleurs tenu un les 8 et 9 janvier derniers, d'après ce qu'on peut lire dans votre document. Dans le cadre de ce camp, fait-on aussi de la formation concernant l'analyse comparative entre les sexes?
Je voudrais aussi savoir pourquoi, à la question 4.5.5 de votre guide de questions proposées pour l'élaboration des politiques, on dit que si la politique a des répercussions sur les genres, des évaluations de répercussion peuvent être nécessaires. Ne devraient-elles pas être d'office nécessaires?
Enfin, au point 2 de votre guide de l'analyse de qualité pour les présentations au Conseil du Trésor, on dit que les considérations appropriées sont apportées aux séries de questions portant sur l'analyse selon les sexes. C'est très large. Qu'entend-on par « considérations appropriées »? Sont-elles appropriées à une vraie analyse selon les sexes, ou appropriées à la volonté du gouvernement?
:
Je ne peux pas parler d'un cas particulier parce qu'il faut respecter le secret du Cabinet; je ne peux pas vous parler d'une présentation et des discussions qui ont entouré cette présentation.
Ce que je peux faire, cependant, et cela vous sera peut-être utile, parce que nous n'avons pas encore pu en parler, c'est d'expliquer notre rôle dans le processus. Cela pourrait aider. Je peux également laisser ici des exemplaires en anglais et en français de l'outil qui contient toutes les questions que j'ai mentionnées tantôt, ce qui vous aidera à comprendre les balises que nous fournissons à nos analystes pour l'évaluation des présentations.
Essentiellement, le processus est le suivant.
Nous avons comme point de départ les priorités du gouvernement énoncées dans le discours du Trône et dans le budget. Il y a ensuite l'étape du mémoire au Cabinet, lorsque les ministères et les agences demandent l'approbation du Cabinet quant à leur politique. Comme l'a expliqué Mme Biguzs, l'analyse comparative entre les sexes se fait tout au long de cette étape. Il existe toute une structure visant à s'assurer que l'on tienne compte des divers points de vue lors de l'élaboration de la politique, y compris les points de vue des ministères qui pourraient s'intéresser à la présentation, comme Condition féminine Canada.
Une fois que le programme a été approuvé, et que les fonds ont été trouvés, que ce soit dans le budget principal ou dans un budget supplémentaire, il y a ensuite...
:
Si vous le permettez, le travail d'un analyste du Conseil du Trésor consiste à donner un conseil complet sur les propositions qui arrivent. Dans le cadre de ce travail, si l'analyste croit qu'il y a un problème lié à l'analyse comparative entre les sexes effectuée par le ministère, il le signalerait dans le conseil qu'il donne aux ministres.
En bout de ligne, les ministres doivent tenir compte d'un ensemble de facteurs, d'un ensemble d'intérêts, et prendre une décision. Cette décision ressemble à toute décision de politique, c'est-à-dire qu'il faut choisir entre les gagnants et les perdants. Les ministres doivent tenir compte d'un ensemble compliqué de facteurs.
Nous ne prenons pas les décisions. Ce n'est pas notre responsabilité. Nous n'avons pas été élus et nous ne sommes pas redevables auprès du public. L'objectif du système, c'est que nous fournissions des conseils impartiaux sur ce que nous considérons comme des facteurs et des problèmes de politique dont les ministres devraient être conscients et dont ils devraient tenir compte lorsqu'ils prennent leur décision.
Les ministres finissent par tenir compte de tous ces facteurs. Ils tiennent compte d'un facteur additionnel, c'est-à-dire le contexte politique, sur lequel nous ne fournissons pas de conseil, et ils prennent une décision. En bout de ligne, les ministres doivent rendre des comptes au Parlement et aux institutions parlementaires ainsi qu'à l'électorat. C'est le système.
À mon avis, c'est un très bon système gouvernemental. Fonctionne-t-il toujours à la perfection? Absolument pas. Aucun système n'est parfait. Pourrait-on l'améliorer? Bien sûr. Il y a toujours des possibilités. Je crois que nous nous efforçons toujours d'améliorer notre travail, c'est-à-dire fournir les meilleurs conseils possibles en matière de politique afin que les ministres disposent de tous les renseignements nécessaires.
Depuis 1995, nous devons effectuer des analyses comparatives entre les sexes dans le cadre de nos examens des politiques afin de pouvoir indiquer aux ministres s'il y a d'éventuelles conséquences sexospécifiques. En bout de ligne, cependant, ce sont les ministres qui décident si les conséquences leur sont acceptables ou non.
:
Nous ne gardons pas de liste précise là-dessus. Le processus du Conseil du Trésor prévoit que le ministère élabore la présentation à soumettre. En fin de compte, c'est le ministre qui est chargé de cette initiative.
Le document est envoyé aux analystes du Conseil du Trésor qui l'étudient et discutent avec les fonctionnaires du ministère qui l'ont rédigé des anomalies ou problèmes relevés dans ce document. Il y a donc eu des échanges, un dialogue. Cela peut parfois mener à des modifications apportées par le ministère.
En fin de compte, les analystes fournissent aux ministres concernés un avis impartial relativement aux risques et aux enjeux du document présenté. Cet avis est toutefois soumis aux seuls ministres et non au ministère. Il sera ensuite pris en compte par lesdits ministres lors de la prise de décision.
Nous ne pouvons cependant pas parler de cas précis, ces questions faisant partie du secret du cabinet. Cela dit, j'ai entendu parlé de cas où l'on s'est demandé si l'analyse comparative entre les sexes était suffisante et d'autres où les ministères ont retiré leur mémoire afin de le modifier et d'y ajouter les propositions tirées de ces analyses.
Pour ce qui est de vous donner une idée des montants ou de l'ampleur des propositions, je ne suis pas en mesure de le faire. Nous ne suivons pas cet aspect-là des choses. Aussi, je le répète, les présentations et leur élaboration donnent lieu à des échanges continus, or il est impossible de suivre ce genre de chose. J'ai tout de même entendu parler de cas à problème qu'on a fini par régler d'une manière ou d'une autre.
:
Cela n'a pas été mis en oeuvre.
Au sujet du processus d'examen des mémoires au cabinet, n'oublions pas que le cabinet reçoit de nombreux documents, ni que les sous-ministres sont très occupés par leurs multiples responsabilités dans leur ministère respectif et par leur obligation de piloter les initiatives présentées par leur ministère au cabinet. Certes, un sous-ministre doit être persuadé que l'initiative en question a fait l'objet de la diligence appropriée. En ce sens, les sous-ministres sont donc tenus de rendre des comptes au sujet de leur travail, c'est-à-dire de montrer qu'ils ont réussi à faire avancer leurs dossiers.
Cela dit, je le répète, aucun comité de sous-ministres n'a été mis sur pied. Les sous-ministres se réunissent selon les besoins. Ils ont beaucoup de travail. Pour ce qui est du processus interministériel créé afin qu'on se penche sur les initiatives politiques à mettre de l'avant, il a été lancé pour qu'on tienne compte des intérêts des divers ministères, y compris Condition féminine Canada. Cela signifie donc qu'à un moment ou l'autre dans la filière, toute initiative fera l'objet d'un rapport, si je peux m'exprimer ainsi. Si une question les concerne directement et nécessite leur intervention, les sous-ministres auront donc ainsi la possibilité de le faire. On a estimé que le mécanisme devait tenir compte de l'analyse comparative entre les sexes, et nous nous efforçons de répondre à cela à travers les diverses étapes de l'élaboration des politiques.
:
L'un des témoins de la semaine dernière, qui venait de l'Université de Victoria, avait fait partie du BCP et disait que, selon lui, ce qui manquait vraiment dans le processus était des champions. Il estimait que, si un ministre haut placé acceptait d'être le champion de cette question, ce serait une bonne chose; mais qu'il serait également possible que les sous-ministres s'unissent, se soutiennent les uns les autres et mènent les choses à bien... C'est pourquoi j'encouragerais le système à se pencher sur cette option une fois de plus. Je pense que cette recommandation du comité précédent était bonne.
J'ai une question d'ordre général. Il me semble que, avant que quoi que ce soit vous parvienne, les dépenses sont déjà décidées au ministère des Finances. Le ministère a décidé comment il va procéder. Ceci étant dit, quand cela vous parvient et que vous effectuez l'ACS... Et je suis d'accord avec ce qu'a dit M. Wild la semaine dernière; j'apprécie son encouragement. Je ne pense pas qu'il s'agisse de cocher les choses; j'estime que vous vous efforcez de faire un travail approfondi. Mais, le temps que les choses vous parviennent, avez-vous le sentiment d'avoir une quelconque influence, vu qu'une bonne part des décisions en matière de dépenses ont déjà été prises?
Monsieur Wild, vous avez dit que vous signaliez certains points quand vous faisiez suivre des dossiers. Or, vous avez beau signaler, pour une raison ou pour une autre, cela ne donne pas de résultat, du moins à en croire ce qu'en disent les témoins. J'aimerais donc que vous vous efforciez de remédier à cet état de fait. Il semblerait qu'il soit nécessaire de faire quelque chose longtemps avant que vous ne le signaliez ou le recommandiez. Le ministère des Finances doit aller beaucoup plus loin pour prendre en compte l'ACS. Qu'en dites-vous?
:
Merci, madame la présidente.
Merci à nos témoins d'être revenus aujourd'hui. Je trouve que, manifestement, plus ça va, plus nous en apprenons. J'apprécie le fait que vous ayez apporté les renseignements que nous avions demandés mardi. Cela nous est d'un grand secours.
Je serais d'accord avec Mme Demers: si nous pouvions suivre un projet du début à la fin, ce serait merveilleux; mais je comprends aussi qu'il existe des règles de confidentialité qui nous interdisent de le faire. Nous essaierons donc de contourner le problème et de voir comment nous pouvons éclaircir les choses nous-mêmes, en les examinant tour à tour.
Je pense qu'il est vraiment très encourageant de constater que nous tous autour de la table sommes d'accord pour dire que c'est une chose qui reste à faire. Nous savons que le problème existe depuis de nombreuses années; il y a des gens qui y travaillent depuis 13 ans. Comme vous l'avez dit, cela a commencé par ce processus en 1995. Je pense que l'approche fait boule de neige. M. Good l'a dit: nous faisons des progrès.
Je pense que notre comité veut voir comment nous pouvons continuer à faire des progrès, comment nous pouvons renforcer le processus et nous assurer qu'il puisse être mesurable, que nous faisons ce qu'il convient de faire. Je pense que c'est là que j'ai du mal à bien saisir les choses. Nous avons entendu parler des champions, de la formation. Comme l'a dit la présidente, je pense qu'il est essentiel que nous cessions, autant que possible, de compartimenter les choses et que nous nous efforcions d'établir un débat et une participation horizontaux. Je pense que c'est par le biais de la coopération qu'on arrive à ses fins, de nos jours. Je pense donc que c'est une bonne chose.
Mais je vois mal encore comment nous pouvons renforcer l'approche. Il y a aussi la question des politiques passées, des politiques qui existent depuis des années, comme l'a souligné M. Murphy. Je vois encore mal comment nous pouvons veiller à ce que les politiques passées soient de bonnes politiques, auxquelles l'analyse comparative entre les sexes peut s'appliquer comme il le faut.
J'ai encore une question. Jusqu'à présent, nous avons essentiellement traité du processus normal, du cheminement normal dans le système, pour ainsi dire. Selon certaines personnes, cela reste à voir. Il y a des propositions faites, des politiques et des processus esquissés dans des discours du Trône, puis des budgets projetés, auxquels s'applique l'analyse comparative entre les sexes.
Que se passe-t-il quand un projet de loi d'initiative parlementaire a des retombées? Nous avons entendu beaucoup de critiques à l'encontre de certaines mesures et politiques fiscales mises en place qui, selon certaines personnes, si elles avaient véritablement fait l'objet d'une analyse comparative entre les sexes, n'auraient jamais été approuvées. Qu'en est-il des initiatives parlementaires? L'analyse comparative entre les sexes s'y applique-t-elle? Et si non, comment pouvons-nous veiller à ce que, à l'avenir, on remédie à cet état de fait?
C'était juste quelques questions sur la façon dont nous pouvons renforcer le processus à l'avenir dans divers domaines.
:
Merci, madame la présidente.
Ce qui m'inquiète particulièrement, monsieur Wild et madame Biguzs, c'est qu'au cours des dernières années, plusieurs mesures adoptées ont été très néfastes pour les femmes, les enfants et les chefs de famille monoparentale. Étant donné que les mesures ont été adoptées, on a les outils nécessaires pour pallier les difficultés de ces personnes.
C'est vrai que c'est une question de responsabilité gouvernementale, mais ça doit être plus que ça au niveau du comité. Le comité devrait jouer un plus grand rôle pour s'assurer que de telles mesures ne sont pas adoptées avant d'avoir considéré toutes les répercussions qui peuvent en découler. Vous avez beau faire votre travail dans chaque ministère de façon très compétente, mais il n'y a pas de résultats. Même si vous avez des outils, que vous avez posé des questions et fait part de vos considérations, les mesures ont quand même été mises de l'avant.
Je reviens toujours à la question du leadership, comme vous l'avez mentionné dans vos présentations précédentes. Vous avez dit qu'il fallait un leadership très fort, mais où le trouver? Qui devrait démontrer ce leadership? Il faut outiller cette personne et lui donner le courage nécessaire pour faire face à la musique, s'il y a lieu.
Les mesures qui ont été mises de l'avant s'avèrent très néfastes pour une grande partie de la population, et on ne sait pas comment réagir à cela.
:
Ce que je comprends, c'est que même si le problème existe depuis longtemps, nous faisons des progrès, et il faut peut-être attendre un peu plus pour pouvoir mesurer ces progrès. Je ne suis pas certaine de bien comprendre.
Vous semblez dire qu'un grand nombre de mesures sont déjà en place, et ni l'un ni l'autre de vos services n'a beaucoup d'autres propositions à faire, si ce n'est de continuer ce que nous faisons déjà et peut-être renforcer certaines recommandations présentées à certains ministères afin qu'ils puissent produire des preuves plus concluantes de leurs réalisations.
Faudra-t-il beaucoup de temps? Sommes-nous trop impatients? Ne s'est-il pas déjà écoulé suffisamment de temps pour que nous puissions constater les résultats que nous, dans notre comité, nous voulons constater? Vous comprenez j'en suis sûre notre frustration à ne pas pouvoir voir réellement ce qui s'est produit et quels progrès ont été faits.
C'est peut-être en partie parce que certains renseignements sont confidentiels, comme nous l'avons déjà dit. Mais il existe une frustration. Je sais que nous n'avons pas encore parlé aux représentants du ministère des Finances, mais je suis sûre que nous aurons réponses à certaines de nos questions lorsque nous aurons cette occasion la semaine prochaine. Mais, pourriez-vous me dire combien de temps pourrait être nécessaire pour mieux comprendre ce qui se fait et constater des résultats plus concrets? Jusqu'à présent, tout semble dire que c'est un domaine dans lequel on ne peut se contenter de légiférer et imposer des obligations; il faut que cela devienne...
:
Il y a plusieurs éléments à cela.
Premièrement, c'est ainsi que le système fonctionne en fin de compte. Il est difficile de mesurer si les conseils qui sont fournis aux ministres en matière de politique sont suffisants. En gros, c'est notre rôle. Notre rôle, dans ce système, consiste à fournir aux ministres les meilleurs conseils non partisans possibles.
C'est un domaine qui continue d'évoluer. Nous nous améliorons chaque année. Notre trousse d'outils s'améliore chaque année. Je ne crois pas que nous pourrons atteindre la perfection un jour. Je ne crois que la perfection existe. Ce qu'il faut viser, c'est l'amélioration constante —nous essayons d'améliorer notre compréhension quant à la façon de fournir aux ministres des conseils qui les aident à prendre des décisions.
Le problème, c'est qu'aussi bons que soient les conseils que nous offrons aux ministres, l'analyse comparative entre les sexes n'est que l'un des nombreux angles sous lesquels les politiques sont examinées, et les ministres se fondent sur d'autres facteurs qui n'ont absolument rien à voir avec les conseils que nous leur donnons. C'est normal, puisqu'ils sont des représentants élus. C'est à eux de rendre compte au Parlement, par l'entremise de comités comme le vôtre, des décisions qu'ils prennent.
Le problème est qu'on ne peut pas se servir de la décision d'un ministre pour déterminer la qualité des conseils qui lui ont été donnés. Je ne crois pas qu'il soit souhaitable que les conseils fournis par les fonctionnaires au sujet des politiques constituent le dernier mot quant à ce qu'un ministre devrait faire. Pas du tout. Nous de voudrions pas que les fonctionnaires deviennent des décideurs. Ce n'est pas l'objectif du système. Ce sont les élus qui sont supposés prendre les décisions.
La difficulté, pour votre comité, comme pour tout autre comité qui essaie de voir si les analyses sont bien appliquées, consiste à voir comment on peut demander des comptes aux ministres, si leurs décisions vous posent un problème. C'est une question qu'il faudrait peut-être examiner.
Il nous est bien difficile de devoir parler des conseils que nous donnons aux ministres. Cela met vraiment en cause le caractère confidentiel de l'information, et ce caractère, à mon avis, est tout à fait justifié. C'est sur cela que repose le système de Westminster.
:
Merci, madame la présidente. Je vais revenir à la charge.
Monsieur Wild, vous n'avez pas eu le temps de répondre à ma question. Permettez-moi de la remettre dans le contexte de nos efforts.
Je pense que vous avez assez bien réussi à nous prouver les efforts que vous déployez pour signaler ces questions, faire en sorte que la préparation soit bien faite, la recherche aussi, et leur transmission aux ministères et aux personnes responsables. Je le comprends.
Il reste que des témoins nous disent constamment que ces programmes comptent de graves lacunes, notamment au sujet du partage de la rente, des REER, du RPC et de l'assurance-emploi. Comme vous le disiez, il semble y avoir une rupture. Je pourrais de nouveau vous poser toutes ces questions, les raisons de cet état de fait, les raisons de l'inaction dénoncée par tous ces témoins, alors que vous faites un assez bon travail de présentation des problèmes. Je pense que vous me répondrez que vous faites de votre mieux et que le reste est entre les mains des politiques. Je ne veux pas traiter de cela puisque je connais d'avance votre réponse.
Je veux que vous nous disiez ce que peut faire notre comité. Pour mieux signaler ces questions, vous faut-il davantage de ressources? Quand nous proposons que les sous-ministres se réunissent en comité, nous voulons que cela soit pris au sérieux. Ça l'a peut-être été, ou non, mais rien n'a été fait. C'est une question pratique et non partisane, puisque notre comité travaille dans la collégialité. Que pouvons-nous faire, comme comité? J'ai l'impression qu'on ne vous écoute pas, en certains endroits, et nous voudrions vous aider à fournir du matériel encore meilleur.
J'aimerais que vous répondiez tous les deux. Le comité peut-il faire quelque chose pour vous aider à obtenir les ressources dont vous avez besoin?
:
Madame Demers, en votre absence, ils nous ont décrit le processus et quand nous en sommes venus au mémoire au Cabinet, Mme Biguzs a donné des explications. J'ai demandé précisément comment nous pourrions avoir accès à des documents et si vous regardez le tableau 2... Nous ne pouvons pas avoir accès aux documents de Cabinet, mais nous pourrions obtenir l'analyse, grâce à une demande d'accès à l'information.
Nous recevrons des gens des Finances, puis d'autres témoins qui nous parleront de leur analyse du budget. Ensuite, nous verrons.
Nous devons tous comprendre ce que nous avons à faire. Nos témoins sont là pour nous aider à comprendre le processus. Ils ne peuvent faire que cela. C'est le processus britannique. Nous suivons le processus. Ce sont des bureaucrates. Il y a des incidences politiques. C'est la réalité, et nous devons composer avec cette réalité.
J'ai une question très pratique à l'intention de M. Wild.
Vous êtes chargé de l'aperçu stratégique. Vous n'avez pas le budget en main, mais à la page 252 en anglais, vous parlez de l'examen stratégique. J'ai une question à poser. Quand vous faites cet examen pour un ministère, le faites-vous avec le ministère, ou est-ce que le ministère s'en charge, puis vous déterminez ce qui est efficient?
:
En fait, permettez-moi de me rétracter. Vous me fournissez l'occasion de le faire. C'est un pourcentage approximatif. Une année donnée, ce sera environ 25 p. 100, mais cette année, c'était 15 p. 100. C'était notre première année d'activité de sorte que nous avons choisi une portion moindre, mais toutefois en quatre ans, nous atteindrons les 100 p. 100. Nous examinons environ 13,6 milliards de dollars de dépenses.
Quant aux ministères qui ont été examinés cette année, il s'agit de l'Agence du revenu du Canada, de l'Agence canadienne d'inspection des aliments, de Patrimoine canadien, de l'Agence canadienne du développement international, du Musée canadien des civilisations, du Musée canadien de la nature, de Finances Canada, du Tribunal canadien du commerce international, du Centre d'analyse des opérations et déclarations financières du Canada ou CANAFE, d'Affaires étrangères et Commerce international Canada, du Centre de recherche et de développement international, de Bibliothèque et Archives Canada, du Musée national des beaux-arts du Canada, du Musée canadien des sciences et de la technologie, de Parcs Canada, de Statistique Canada et de Transports Canada. Il s'agit de 17 ministères au total.
Je tiens à vous remercier, madame Biguzs et monsieur Wild de nous avoir fourni ces renseignements. Je suis sûr que nous sommes un peu plus savants grâce à vous. Nous aurons sans doute mille autres questions à poser, mais nous les poserons aux représentants du ministère des Finances.
Il faudrait que je signale aux membres du comité certaines questions d'intendance.
Une délégation parlementaire de députées allemandes va venir le 15 avril. Nous leur avons demandé de venir assister à la séance de notre comité afin qu'elles voient comment nous fonctionnons. Nous allons probablement nous entretenir avec elles.
Vous recevrez le plan de travail en version électronique. Nous l'avons modifié pour inclure le budget des dépenses. Nous demandons à la ministre de comparaître le 15 avril. Si elle est libre, le plan sera modifié en conséquence.
Sur ce, merci beaucoup. La séance est levée.