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Merci de nous avoir invitées aujourd'hui.
Je travaille pour Statistique Canada et je suis ici avec ma collègue, Louise Marmen. Nous sommes très heureuses d'avoir la possibilité de vous donner un bref aperçu de l'approche des statistiques fondées sur le sexe de Statistique Canada et de la façon dont il est possible d'avoir accès à nos données.
Je commencerai par une brève introduction sur le contexte canadien des statistiques fondées sur le sexe. La mise en application de l'analyse comparative entre les sexes dans l'ensemble des ministères et organismes fédéraux a assuré une certaine demande de statistiques fondées sur le sexe à Statistique Canada. C'est là un élément important qui a découlé du plan fédéral pour l'égalité entre les sexes de 1995. La principale contribution de Statistique Canada est l'apport de statistiques fondées sur le sexe qui sont par la suite utilisées par les ministères chargés de l'établissement de politiques pour produire des analyses comparatives entre les sexes.
Voici les définitions avec lesquelles nous travaillons. Les statistiques fondées sur le sexe sont des données qui reflètent la situation des femmes et des hommes, compte tenu de leurs différentes réalités socioéconomiques. Les statistiques fondées sur le sexe sont donc utilisées dans les analyses comparatives entre les sexes pour évaluer les incidents différentes des politiques, des programmes et des lois sur les femmes et les hommes.
À titre d'organisme de la statistique, notre analyse comparative entre les sexes consiste à évaluer les sources de données actuelles et à remettre en question les hypothèses sous-jacentes aux méthodes de collecte et aux concepts statistiques de façon à fournir des données désagrégées selon le sexe ainsi que des données applicables aux expériences des femmes et des hommes.
Statistique Canada recueille et analyse une grande quantité de statistiques fondées sur le sexe. Les statistiques fondées sur le sexe sont offertes sous forme de tableaux, de microdonnées et de publications analytiques. Je vais parler brièvement de chacune de ces sources d'information et vous donner des exemples de chaque type.
Premièrement, permettez-moi de vous dire que vous trouverez un large éventail de statistiques fondées sur le sexe sur le site Web de Statistique Canada et tous les produits de l'organisme sont annoncés dans Le Quotidien, le bulletin officiel de diffusion des données de Statistique Canada.
Lorsque j'ai préparé la séance d'aujourd'hui, j'ai fait une courte recherche dans Le Quotidien avec le mot clé « sexe » et j'ai obtenu 82 occurrences pour cette journée. Je vous en donne quelques exemples. Ils comprennent de nombreux tableaux de données et des études. Parmi les tableaux de données, il y avait des tableaux ventilés selon le sexe concernant les effectifs et les diplômés des collèges et instituts publics. Il y avait également des tableaux de données concernant les refuges pour femmes violentées. Ce ne sont que quelques exemples. Il y avait de nombreuses études, des études analytiques, notamment des études récentes sur la scolarisation croissante des femmes et les disparités salariales entre les sexes, les différences entre les sexes relativement au départ involontaire et à l'absentéisme et sur la croissance de l'emploi chez les mères seules au Canada et aux États-Unis.
De plus, sur le site Web de Statistique Canada, vous trouverez des statistiques classées selon le sujet. Sous le sujet « Société et communauté », vous trouverez « Femmes et rapports entre les sexes », où il y a des liens menant aux derniers communiqués, aux tableaux de données, aux publications et aux études analytiques. On peut donc trouver là beaucoup d'information.
La publication intitulée À la recherche de données sur les femmes: Les principales sources à Statistique Canada est un projet conjoint entre Statistique Canada et Condition féminine Canada. J'ai amené avec moi plusieurs exemplaires que je peux vous laisser et ils sont dans les deux langues. Cette excellente ressource a récemment été mise à jour puis diffusée en mars 2007; elle présente des renseignements sommaires sur un large éventail d'enquêtes et de sources de données administratives qui peuvent servir aux analyses comparatives entre les sexes. Cette publication est disponible gratuitement sur le site Web de Condition féminine Canada.
Les tableaux de données désagrégées selon le sexe sont une de nos sources de statistiques fondées sur le sexe les plus importantes. Ces tableaux comprennent des statistiques et des indicateurs et vous les trouverez grâce aux liens indiqués au moment de leur diffusion ou par la suite, sur le site Web de Statistique Canada dans la section « Tableaux sommaires ». Par exemple, vous trouverez des tableaux sur les sujets comme les jours perdus par travailleur selon la branche d'activité et le sexe, notamment. Vous pouvez également les trouver à peu de frais dans CANSIM II, la base de données socioéconomiques de Statistique Canada. Dans CANSIM II, vous trouverez les tableaux comme le nombre de femmes et d'enfants hébergés dans des refuges selon la raison de l'admission et le type d'établissement, ainsi que le genre de fumeurs selon le groupe d'âge et le sexe. Ce sont là seulement quelques exemples de tableaux.
On prépare ces tableaux en pensant aux décideurs et aux milieux de la recherche en général, de sorte que l'information qu'ils contiennent est très facile à utiliser. Elle est habituellement, non seulement répartie selon le sexe, mais également, chaque fois que cela est possible, selon la géographie et l'âge. Ces tableaux constituent ainsi la base de la plupart des études comparatives entre les sexes menées au sein des gouvernements fédéral et provinciaux du Canada.
Après chaque recensement, de nombreuses séries de tableaux de données désagrégées selon le sexe sont produites en fonction des thèmes d'analyse des communiqués du recensement, y compris la main-d'oeuvre, la famille, le revenu, etc. Ces séries constituent donc une autre source de tableaux de données désagrégées selon le sexe.
Enfin, si les ministères ou les chercheurs ont des besoins particuliers qu'aucun de ces tableaux ne peut satisfaire, il est également possible d'acheter directement auprès de Statistique Canada des totalisations personnalisées. Il est également possible pour les ministères chargés de l'élaboration de politiques d'avoir accès aux microdonnées pour faire leur propre analyse et nombreux sont les ministères qui le font.
Dans le cas des enquêtes transversales, nous avons un processus d'évaluation du risque de divulgation qui nous permet de protéger le particulier, tout en diffusant la majorité des données au grand public sous forme de fichiers de microdonnées à grande diffusion. Ces fichiers sont disponibles pour l'Enquête sociale générale, l'Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes, le Recensement et d'autres fichiers sont également accessibles à la population.
Statistique Canada a établi à l'échelle du pays des Centres de données de recherche où les universitaires et les chercheurs du gouvernement peuvent avoir accès à des microdonnées longitudinales ainsi qu'à de nombreux fichiers de données transversales. L'accès à ces fichiers de microdonnées permet aux chercheurs d'utiliser des méthodes multivariées beaucoup plus complexes. Je vous cite, à titre d'exemple, l'Enquête longitudinale nationale sur les enfants et les jeunes ainsi que l'Enquête sur les peuples autochtones et l'Enquête nationale sur la santé de la population. Il est donc possible d'avoir accès à ces microdonnées grâce à ces enquêtes.
Statistique Canada produit également divers documents d'analyse en utilisant des statistiques fondées sur le sexe. Une des publications clés, que vous connaissez déjà probablement, est un recueil statistique intitulé Femmes au Canada, et là encore, j'en ai amené plusieurs exemplaires que je vais vous laisser, ils sont dans les deux langues. Ce recueil est publié tous les cinq ans depuis 1985. Il brosse un tableau d'ensemble fondé sur le sexe de la population canadienne et comprend des sections sur la population, la situation familiale, la santé, l'éducation, le travail rémunéré et non rémunéré, ainsi que des sections détaillées sur les sous-populations, comme les immigrants, les Autochtones, les personnes âgées et d'autres.
Les tableaux et communiqués analytiques du recensement comprennent une analyse comparative entre les sexes sur des sujets tels que la main-d'oeuvre, l'éducation et le lieu de travail, qui viennent compléter les tableaux dont j'ai parlé il y a un instant.
Les autres points saillants des statistiques canadiennes fondées sur le sexe incluent notamment la mesure et l'évaluation du travail non rémunéré et la mesure de la violence familiale.
Comme je l'ai mentionné, vous trouverez la liste complète des travaux d'analyse sur le site Web sous Le Quotidien ou sous le lien thématique « Femmes et rapports entre les sexes ».
J'aimerais juste mentionner un autre produit d'analyse.
Les ministres fédéraux, provinciaux et territoriaux responsables de la Condition féminine ont commandé, en 1997, un rapport de Statistique Canada intitulé Indicateurs économiques de l'égalité entre les sexes. Ces indicateurs ont été mis à jour en 2001 et publiés dans la revue vedette de Statistique Canada, Tendances sociales canadiennes.
Les programmes statistiques sont financés au moyen d'un financement de base ou d'un financement à frais recouvrables. Dans les deux cas, la norme à Statistique Canada est de recueillir les données selon le sexe à titre de variable. Le Canada est un chef de file dans le domaine des statistiques fondées sur le sexe, en grande partie en raison de sa longue tradition d'enquêtes-ménages où les données sont invariables désagrégées selon le sexe. Je vous citerai à titre d'exemples d'enquêtes financées à même un budget fixe qui traite particulièrement des questions relatives au sexe, l'Enquête sur l'emploi du temps, l'Enquête sur les victimes d'actes criminels ainsi que le Recensement, qui peut être considéré comme faisant partie de cette catégorie, parce qu'il contient de nombreuses variables touchant les familles et le revenu. L'Enquête sur la maternité, qui a été financée par l'Agence de la santé publique du Canada, et l'Enquête sur les maisons d'hébergement, financée par l'Initiative de lutte contre la violence familiale, sont des exemples, parmi d'autres, de projets à frais recouvrables sur les questions relatives au sexe.
Statistique Canada n'a pas de division spéciale consacrée à la promotion et à la production de statistiques fondées sur le sexe, mais l'organisme peut compter sur une grande expertise dans le domaine de l'analyse comparative entre les sexes. Par exemple, des représentants de Statistique Canada participent aux réunions des groupes d'experts interinstitutionnels dans le domaine des statistiques fondées sur le sexe, de la Commission économique des Nations Unies pour l'Europe — un nom un peu long. En outre, nous avons participé à des réunions du Programme global des Nations Unies relatif aux statistiques sur les hommes et les femmes. Nous affectons également des ressources à des projets spéciaux de partenariat comme la publication Femmes au Canada, comme je l'ai mentionné, avec Condition féminine Canada, et le projet de base de données fondées sur le sexe et l'emploi, réalisé en collaboration avec l'Université York. Ce ne sont là que quelques exemples. Tout cela est en train d'être mis à jour en 2006.
C'est grâce à la consultation et à la collaboration continues des intervenants et des utilisateurs de données et à notre volonté d'innover que nous avons fait d'importants progrès dans le domaine des statistiques fondées sur le sexe.
Premièrement, j'aimerais remercier le comité de m'avoir donné la possibilité de répondre à certaines questions que vous vous posez au sujet des statistiques et des données pour les budgets de genre, en particulier, en ce qui concerne trois publications, que Heather a déjà mentionnées: Femmes au Canada, et les Indicateurs économiques de l'égalité entre les sexes, et une version abrégée que nous appelons le mini-rapport sur les femmes et les hommes, une publication abrégée inspirée d'un modèle suédois.
Je sais également que le comité s'intéresse à la fois au contenu de ces initiatives et aux processus et mécanismes dont elles découlent. J'ai participé à ces trois initiatives, qui remontent au début des années 1980, ainsi qu'à une sorte de version internationale de Femmes au Canada, que constitue The World's Women, des Nations Unies. Je suis donc un peu un dinosaure dans ce contexte.
Je vais toutefois utiliser mon temps de parole, non pas tant pour aborder ces publications particulières que pour les replacer dans un contexte plus large. Mon poste actuel de directrice du Conseil national du bien-être social m'amène à concentrer mes efforts sur la pauvreté. Il existe toutefois des liens évidents entre ce travail et l'égalité entre les sexes et je suis sûre que le comité le sait fort bien. Il n'est pas nécessaire que je vous en parle.
Mais dans ce poste, je m'occupe également de questions de processus et de mécanismes, tout comme de contenu. En fait, le conseil a conclu que le fait que les inégalités entre les sexes et la pauvreté perdurent au Canada, touchait en fait principalement des questions de gouvernance et de valeurs. Je ne vais pas vous parler beaucoup de données. Les autres témoins peuvent le faire.
Nous en sommes arrivés à cette conclusion après avoir étudié 25 ans de statistiques sur la pauvreté et d'innombrables recommandations qui se sont retrouvées sur les tablettes. Le conseil a tout récemment donné au gouvernement un avis fondé sur le travail que nous avons effectué et je vais vous citer une phrase qui est souvent reprise dans les journaux et ailleurs.
S'il n'y a pas de vision à long terme ni de plan, si personne n'est chargé de mettre en oeuvre le plan, si l'on n'y affecte pas des ressources et si l'on ne se donne pas des outils pour mesurer les résultats, nous allons subir les conséquences de la pauvreté pendant encore des générations.
Et j'ajouterai que cette affirmation est tout aussi vraie dans le cas de l'inégalité entre les sexes.
Notre recommandation visant à élaborer un plan national de lutte contre la pauvreté est en fait le sujet d'audiences devant un autre comité de la Chambre qui viennent de commencer. Et j'aimerais tirer un certain nombre de parallèles entre les deux études. Le comité n'a encore tenu que deux séances, mais la question du genre a déjà pris une grande importance dans ce comité.
J'aimerais donc faire ressortir trois points qui me paraissent importants pour votre comité. Premièrement, tous les indicateurs traditionnels de la pauvreté — et nous avons eu de longues discussions à ce sujet au cours des 15 dernières années — décrivent mal la situation des femmes. Cela est très important pour vous, à mon avis, parce que le projet relatif aux indicateurs économiques de l'égalité entre les sexes qu'a mentionné Heather comble une partie de ces lacunes.
Deuxièmement, les indicateurs agrégés sont importants mais la recherche d'indicateurs parfaits ne devrait jamais être une excuse pour ne rien faire. Ce qui importe, c'est l'impact qu'ont les programmes et les politiques sur les gens et comment il est possible de les améliorer.
Troisièmement, les indicateurs sont fondés sur des valeurs. De plus, les chiffres ne veulent rien dire à eux seuls, ce sont les êtres humains qui les font parler.
Je vais donc vous raconter une histoire très courte mais très instructive qui m'a été relatée dans un contexte tout à fait différent, mais elle fait ressortir tellement d'aspects que je dois en parler à quelqu'un, et ce sera vous mes victimes.
Elle concerne un projet sur une réserve autochtone. Le gouvernement fédéral, soucieux de ses responsabilités financières, a remarqué que ce projet mentionnait 10 employés mais qu'un seul était rémunéré et que cette personne recevait un chèque énorme. Pour Ottawa, cela montrait qu'il y avait un problème, même peut-être de la corruption. Cela pouvait être très grave. C'était un indice et c'est toute l'information dont disposait Ottawa. Les fonctionnaires ont dû se déplacer pour savoir ce qui se passait et ils ont donc parlé aux gens.
Ils ont appris que la banque la plus proche de cette collectivité se trouvait à trois heures de route et que ce groupe de personnes avait décidé qu'ils avaient autre chose à faire que d'aller tous les 10 prendre une journée pour aller encaisser leur chèque de paie. Ils ont donc demandé à une personne de recevoir le chèque et de le distribuer ensuite aux autres; je signalerai en passant que cette somme comprenait également des pensions alimentaires judiciaires destinées à des ex-épouses, qui étaient payées en priorité.
Ils avaient tout calculé, mais ce n'était pas la façon traditionnelle de faire les choses. Ils avaient trouvé une solution qui était très simple. Mais ce n'est pas l'essentiel. L'essentiel est que cette histoire contient de nombreuses leçons — par exemple, que le temps est une ressource comme l'argent et qu'il faut parler aux gens.
Dans la brève section suivante, j'aimerais parler plus précisément des budgets de genre et des données relatives aux programmes. À mon avis, c'est là que se situe l'écart essentiel.
Si vous vous donnez l'objectif de faire progresser l'égalité entre les sexes ou de réduire la pauvreté, il faut alors savoir si les programmes mis en oeuvre vous permettent de vous rapprocher de cet objectif et s'il est possible de les améliorer. L'assurance-emploi est un exemple. Je ne vais pas en parler en détail, mais je crois qu'il y a beaucoup de gens qui pensent que ce programme a pris récemment une mauvaise orientation. Les femmes à faible revenu qui en ont besoin cotisent à ce programme mais elles ont très peu de chances de pouvoir récupérer quoi que ce soit. Personne n'achèterait une police d'assurance automobile de cette façon.
De la même façon, les mères de nouveau-nés, qui ont le plus besoin d'un revenu, éprouvent de grandes difficultés à obtenir des prestations de maternité et en profitent très peu. Le programme donne de meilleurs résultats pour les gens qui font partie des élites comme moi, qui ont conçu ce programme.
L'AE est toutefois un programme qui donne d'assez bons résultats pour ce qui est de la collecte d'information, ce qui est loin d'être le cas du système d'impôt sur le revenu personnel, que le gouvernement utilise de plus en plus pour mettre en oeuvre des politiques sociales. Il existe d'excellentes raisons de procéder de cette façon, mais nous ne savons pas grand-chose au sujet des répercussions de ce système et les chiffres à ce sujet ne sont pas publiés régulièrement.
Je pense que la banque de données des contribuables contient probablement de nombreux renseignements utiles que les Canadiens devraient connaître, et elle est, je crois, vraiment sous-utilisée. Je pense que le ministère des Finances, en particulier, occupe une place unique, parce qu'il a la capacité d'effectuer une analyse comparative entre les sexes extrêmement sophistiquée et approfondie pour savoir quelles sont les répercussions de ces mesures sociales.
J'aimerais très brièvement attirer l'attention du comité sur une publication du Conseil national du bien-être social, qui est un rapport sur le régime de l'impôt sur le revenu. Il remonte à 1976, et il est donc très ancien. Personne n'a vraiment fait quoi que ce soit dans ce domaine depuis.
Je vais sauter le court passage qui suit et le laisserai pour les questions. J'allais dire quelques mots sur la situation des femmes au Canada et je serai heureuse de répondre à vos questions sur ce sujet.
Ce que je voudrais dire au sujet de cette publication, c'est que son principal intérêt est qu'elle fournit les données détaillées sur lesquelles reposent les indicateurs clés, ce qui permet d'analyser la situation. Il y a des grands indicateurs, mais il faut également des données détaillées. Pendant des années, le seul indicateur en matière d'égalité entre les sexes qui était régulièrement publié était l'écart entre le salaire annuel des hommes et des femmes travaillant à temps plein. C'est un chiffre tout à fait insuffisant si l'on veut comprendre la situation. Il faut regrouper plusieurs aspects et tenir compte du taux de fertilité des femmes, des tendances en matière de main-d'oeuvre, de la violence, du travail non rémunéré — de toutes ces choses.
Pour ce qui est de la mini-publication « Un coup d'oeil sur les hommes et les femmes », je ne sais pas si vous la connaissez ou l'avez vue, mais Condition féminine Canada a voulu, avec cette publication, faire en sorte qu'entre la grande publication qui est publiée tous les cinq ans, soit publié une série d'indicateurs clés qui serait mise à jour bien plus fréquemment et qui serait facilement accessible à la population.
Pour ce qui est des indicateurs économiques de l'égalité entre les sexes, je me contenterai là encore de l'aborder à un niveau très superficiel, mais le point essentiel à retenir pour le comité est que dans ce projet des ministres FPT, la mise au point du cadre conceptuel de ce document a pris beaucoup plus de temps que le travail concernant les données techniques. C'est tout à fait normal, parce que le choix d'une série d'indicateurs reflète des valeurs et, dans ce cas, les différents gouvernements ont éprouvé quelques difficultés à s'entendre sur un cadre commun. Je pourrais vous donner quelques exemples tout à l'heure, si vous voulez me poser des questions à ce sujet.
J'aimerais aborder pour terminer la question des indicateurs du travail non rémunéré — même si je n'aime pas utiliser cette expression et préfère celle de travail non lucratif. Ils constituent une partie essentielle du système de valeur qui va vraiment favoriser l'égalité entre les sexes parce qu'ils reconnaissent le fait que les femmes effectuent un travail ayant une valeur économique qui profite à d'autres et pour lequel elles reçoivent à l'heure actuelle une compensation financière faible ou nulle.
Si les Canadiens et les politiciens canadiens décident de cesser d'utiliser un indicateur de ce genre ou de ne pas le rendre plus formel et régulier, alors cela revient en fin de compte à dire que nous, les Canadiens, savons que tout le monde a besoin d'argent pour vivre mais que certaines femmes n'auront pas suffisamment d'argent pour vivre et que c'est très bien comme cela. Je ne pense pas qu'il y ait beaucoup de gens dans cette salle ni même ailleurs au Canada qui seraient prêts à dire que cela est très bien, lorsque la question est formulée de cette façon, mais c'est pourtant l'effet tragique qu'ont nos politiques.
Merci.
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J'aimerais remercier le comité de m'avoir invitée aujourd'hui.
Je suis analyste de recherche pour Condition féminine Canada et je suis responsable du projet des indicateurs d'égalité entre les sexes et je vais donc vous donner un bref aperçu du projet comme l'a demandé le comité. Je pense que vous avez tous un document qui vous permettra de suivre mon exposé.
Le gouvernement du Canada possède, comme nous l'ont indiqué les intervenantes précédentes, toute une série de statistiques désagrégées selon le sexe; nous avons toutefois constaté qu'il est nécessaire d'établir un lien entre ces sources de statistiques et l'élaboration d'un ensemble clair d'indicateurs. L'élaboration d'un ensemble clair d'indicateurs s'appuie sur les travaux précédents, qui ont été décrits par Sheila et Heather, sur les indicateurs économiques de l'égalité entre les sexes et les indicateurs relatifs à la violence préparés par le forum FPT des ministres responsables de la Condition féminine.
Nous constatons qu'il est de plus en plus admis que les indicateurs de l'égalité entre les sexes constituent un important outil pour mesurer l'égalité entre les hommes et les femmes, tant à l'échelle nationale qu'internationale. Nous commençons également à voir les composantes de ces indicateurs dans d'autres pays. Par exemple, la Grande-Bretagne et l'Irlande ont effectué des travaux préliminaires sur la création d'un ensemble d'indicateurs d'égalité entre les sexes et des organismes multinationaux, comme les Nations Unies et le Commonwealth, ont également commencé à travailler sur cette question.
Les indicateurs de l'égalité entre les sexes peuvent être très utiles aux décideurs. Ils fournissent des éléments pour l'établissement d'orientations, pour suivre les progrès de l'égalité entre les femmes et les hommes, pour prendre des mesures correctives, pour diffuser les progrès réalisés à divers types d'audiences, comme les décideurs et la population, et ils permettent d'appuyer la politique fédérale en matière d'analyse comparative entre les sexes.
Le projet actuel d'élaboration d'indicateurs de l'égalité entre les sexes vise en fait à créer un outil d'établissement de politiques qui permette de décrire la situation des hommes et des femmes dans le temps dans certains domaines clés — que je passerai en revue dans un instant — sur une base annuelle, de suivre la progression des écarts clés entre les hommes et les femmes et bien sûr, entre divers groupes d'hommes et de femmes, ainsi que de fournir les données nécessaires à l'analyse comparative entre les sexes. Les autres ministères disent souvent qu'ils n'ont pas accès à des données désagrégées concernent les sexes, et ce projet répondra donc en partie à leurs préoccupations.
À l'heure actuelle, nous n'en sommes encore qu'aux étapes préliminaires du projet des indicateurs de l'égalité entre les sexes. Condition féminine Canada, la responsable du projet, coordonne un groupe de travail composé de représentants d'un certain nombre de ministères. J'en donne la liste ici: Agriculture Canada, Citoyenneté et Immigration, Santé, RHDC, Affaires indiennes et du Nord canadien, Conseil de recherche en sciences naturelles et en génie du Canada, Statistique Canada et Secrétariat du Conseil du Trésor.
Le groupe de travail a pour rôle de finaliser les projets de domaine et d'indicateurs et de les présenter pour approbation à notre comité interministériel sur l'égalité entre les sexes, qui a mis sur pied le groupe de travail, à fournir un soutien permanent au projet et à travailler avec les intéressés à déceler les lacunes, à faire la liaison avec les ministères hiérarchiques pour rechercher l'expertise, les commentaires et l'appui nécessaires — et bien sûr, cela comprend faire la liaison avec nos propres unités de recherche et d'évaluation pour avoir accès à cette expertise et nous aider à identifier les types de ressources et de données existantes. En outre, les membres du groupe de travail formulent des observations sur la conception, le suivi et la planification générale du projet.
Le groupe de travail s'inspire d'un certain nombre de principes dans son travail. Par exemple, les indicateurs doivent être compatibles avec ceux des rapports internationaux et bien sûr avec les priorités nationales. Il était essentiel pour nous de faire ressortir le rapport qui existe entre les sexes et les facteurs de diversité que sont la race, les incapacités, l'âge, ce genre de choses, ainsi que les lacunes en matière de données — il est possible qu'apparaisse la nécessité, par exemple, de rassembler de nouvelles données concernant des groupes particuliers. Les indicateurs doivent être accessibles aux utilisateurs — les décideurs, la population en général, par exemple. Ils doivent être fondés sur la fréquence et la publication des données et fournir, bien sûr, des données permettant d'établir des tendances dans le temps — nous ne cherchons pas à obtenir une photographie précise d'un certain moment mais des tendances — ainsi que d'être choisis dans des domaines clés. Cela revient en fait à l'idée que qu'il ne faut pas se disperser. Il n'est pas possible de tout mesurer et nous devons donc axer nos efforts sur les domaines où les femmes accusent un retard particulièrement important.
Je vais maintenant vous présenter très rapidement les domaines que nous avons identifiés. Ce sont des projets de domaine. Si vous voulez poser des questions à leur sujet tout à l'heure, je pourrai vous en parler.
Le premier est la sécurité personnelle, qui concerne, pour l'essentiel, l'amélioration de l'état physique et mental des personnes, la réduction du nombre des incidents de violence, et l'amélioration de la perception de la sécurité. Les éléments susceptibles d'être mesurés dans ce domaine pourraient être des choses comme la santé et le bien-être — et par conséquent l'état de santé, y compris la santé mentale et physique — le nombre des cas de violence entre les hommes et les femmes — les agressions sexuelles, la maltraitance, ce genre de choses — les accès à la justice en matière de trafic. Les autres éléments que l'on peut mesurer sur le plan de la sécurité personnelle sont des choses comme le logement, le nombre des sans-logis, l'accès à un logement non seulement abordable, mais l'accès à un logement et aux refuges.
Un autre domaine est la sécurité et la prospérité économiques. Il consiste pour l'essentiel à examiner les différences entre les sexes sur le plan de la prospérité économique. Les éléments à mesurer seraient ici la sécurité financière, et donc le revenu et les gains, l'écart éventuel entre les salaires, les faibles revenus, notamment, comme Sheila l'a mentionné, cette liste n'est pas limitative: il convient également d'examiner le travail lucratif et donc, la participation au marché du travail, la ségrégation occupationnelle, la ségrégation des femmes dans ce qu'on appelle les emplois de col rose, comme l'enseignement et les soins infirmiers, le chômage ainsi que le sous-emploi; il faut également mesurer des aspects reliés à l'apprentissage, non seulement les diplômes obtenus dans la jeunesse, mais l'apprentissage permanent.
Le troisième domaine — et je regrette que Sheila n'aime pas cette expression — est le travail non rémunéré. C'est l'égalité des hommes et des femmes pour ce qui est du travail non rémunéré. Le travail ménager non rémunéré n'est certainement pas un indicateur de l'égalité économique, mais il a évidemment un impact sur les variables économiques. C'est la raison pour laquelle il a été décidé d'en faire un domaine indépendant. Bien évidemment, les éléments à mesurer dans ce cas-ci sont le travail domestique, comme les travaux ménagers, les soins — non seulement les soins donnés aux enfants mais aussi aux personnes âgées, ainsi qu'aux personnes ayant une invalidité à long terme — pour illustrer comment cela touche la régénération du sandwich, en particulier les femmes, et examiner l'effet du travail non rémunéré sur la main-d'oeuvre et le revenu. Quelles sont les conséquences économiques négatives pour les hommes et pour les femmes de la prestation de soins?
Le dernier domaine est l'engagement sociopolitique. Quelle est la nature et le niveau de participation des hommes et des femmes aux activités civiques et aux décisions? Certains des éléments à mesurer ici, dans le domaine de la participation sociale et civique, sont la participation aux élections — combien d'hommes et de femmes ont voté aux dernières élections municipales, provinciales et fédérales, par exemple — il faut également examiner les réseaux sociaux: dans quel genre de groupes sont-elles actives? De quels genres de clubs sociaux sont-elles membres? Quelles sont la taille et la composition de ces groupes, par exemple?
Enfin, il faut examiner le pouvoir et la prise de décisions: quelle est la représentation des hommes et des femmes parmi les représentants élus, parmi les hauts fonctionnaires de la fonction publique, comme les SMA et les SM dans les postes de PDG du secteur privé, dans les institutions d'enseignement, non seulement parmi les présidents et les vice-présidents, mais également parmi les professeurs permanents et non permanents?
Voici donc en quelques mots quels sont les projets de domaines et d'indicateurs. Ils sont sans doute plus importants que ceux que je vous ai présentés ici.
Je voudrais souligner les questions transversales et le fait que ce projet accorde une grande importance à l'inclusion de données désagrégées, ventilées selon les facteurs de diversité, en particulier parce que nous savons que certains groupes de femmes sont particulièrement vulnérables aux conséquences de l'inégalité.
Pour ce qui est des prochaines étapes du projet — comme je l'ai indiqué, il est encore très préliminaire puisque le groupe de travail a tenu sa première réunion en septembre — nous allons finaliser les projets de domaine et d'indicateurs en 2008. Ces domaines et indicateurs seront ensuite soumis aux principaux intéressés et bien sûr cela comprend également votre comité. Nous allons nous servir des commentaires pour préciser les données destinées à étoffer les indicateurs une fois finalisés et définir le forum et le format des indicateurs. Vont-ils être contenus dans une seule publication? Vont-ils être présentés dans des documents théoriques? Vont-ils être basés sur Internet? J'espère que certains indicateurs seront disponibles en 2008-2009.
Voilà donc un bref aperçu. Je vais m'arrêter ici et je serai heureuse de répondre aux questions des membres du comité.
Merci.
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Nous n'utilisons pas de liste de vérifications. Il y a certains pays qui le font. Nous avons estimé qu'elles n'étaient pas efficaces. Une liste de vérifications ne vous dit jamais si vous avez vraiment rejoint les personnes que vous vouliez rejoindre et si vous avez modifié leur comportement.
Je sais que vous avez eu des discussions au sujet de la formation. La formation n'est qu'un aspect. Sur le plan international — et le Canada suit également ce modèle — cela comprend toute une série d'éléments. Je suppose que c'est ce dont vous voulez parler, les modèles et les processus. Nous commençons tout juste à travailler avec les ministères, et non avec des personnes particulières. Lorsqu'on s'adresse à des individus, on ne sait jamais si l'on va obtenir les résultats souhaités. Il y a une masse critique et il faudrait énormément de temps pour former tout le monde. Nous visons plutôt la capacité organisationnelle.
Cela veut dire qu'il faut des choses comme la volonté politique, des structures à l'intérieur des ministères, une structure de gouvernance. Je pense que Sheila Regehr a parlé de structures de gouvernance. Ce sont les choses dont nous parlons avec les ministères. Ces techniques semblent donner de bons résultats ailleurs.
À l'heure actuelle, quel est le meilleur modèle? Je ne sais pas si l'on peut dire qu'il y a un bon modèle et un mauvais modèle. Je pense que nous parlons du modèle le mieux adapté. Ce qui est bon pour un organisme comme le ministère des Finances n'est peut-être pas bon pour un autre organisme comme Santé Canada. Ce sont les questions que nous nous posons en ce moment.
Je pense qu'on a essayé de faire quelque chose dans le passé. Je me souviens, par exemple, qu'en 2005 le gouvernement a pensé que ce serait une bonne chose d'avoir un expert en ACS dans tous les ministères. Est-ce un bon modèle? Est-ce le modèle le mieux adapté? Je n'en suis pas sûre. Certains soutiennent qu'il est bien préférable — et je pense que c'est dans cette direction que nous nous engageons — de faire comprendre certaines choses à l'ensemble du ministère et de modifier certains comportements plutôt de confier cette tâche à une personne ou à une seule unité.
Voilà les choses que nous examinons. Elles font partie de l'approche de responsabilisation que nous recherchons. Je pense que c'est ce que nous faisons en ce moment. Nous pensons que nous pourrions continuer éternellement à faire de la formation mais il faut veiller à ce que les hauts fonctionnaires soient obligés de rendre des comptes au sujet des changements de comportement que doit opérer leur ministère.
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C'est une question vraiment facile.
C'est très difficile. Lorsque je parlais de recommandations, je pensais plus précisément aux recommandations formulées par le Conseil national du bien-être social à l'égard de la pauvreté. Bien évidemment, la lutte contre la pauvreté et le travail que nous effectuons comportent un élément important d'égalité entre les sexes. Il en va de même de la plupart des recommandations, plus particulièrement celles qui traitent d'égalité entre les sexes, qui ont été mises sur les tablettes.
Il n'est pas facile de tout expliquer. Sur la question de la pauvreté, nous trouvons encourageant que, depuis environ deux ans, tout le monde semble admettre qu'il faut prendre des mesures pour lutter contre ce problème. Il est parfois gênant de faire des comparaisons avec d'autres pays.
Ce matin, Alain Noël a présenté un exposé très intéressant sur la pauvreté, dans le cadre des séries Déjeuner sur la Colline. Il a parlé de la situation en Europe. Nous savons tous que les pays scandinaves sont beaucoup plus avancés que nous dans de nombreux domaines. Il a parlé du groupe anglophone traditionnel qui comprend la Grande-Bretagne, l'Irlande et le Canada, et il a mentionné que ce groupe avait choisi une orientation différente. Le Royaume-Uni, l'Irlande et l'Écosse se sont donnés, eux aussi, une autre orientation, qui vise différents modèles de gouvernance.
Nous avons parlé en fait, comme Mme Minna l'a dit, d'outils. Pour pouvoir utiliser les outils, il faut plusieurs autres choses. C'est ce que le Conseil national du bien-être social a essayé de faire lorsqu'il a analysé ce qui se faisait dans notre pays et dans le monde au sujet de la pauvreté. Cela s'applique à n'importe quel problème. Il faut une vision; il faut pouvoir rechercher des objectifs mesurables; il faut des indicateurs pour savoir si l'on atteint ces objectifs, il faut un plan global pour être sûr que ce que donne un programme n'est pas retiré, que ce soit par le même gouvernement ou par un autre, par un autre programme. Ce sont les choses que nous faisons.
Il a une convergence de vue à l'heure actuelle. Je pense qu'il y a de l'espoir et que nous pouvons apprendre des autres pays et de leurs initiatives et constater que les solutions existent. Il a également déclaré ce matin que de plus en plus de gens affirmaient qu'ils avaient vu certains changements. J'espère que cela comprend également l'égalité entre les sexes.
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Oui, je vais faire du point de vue de l'analyse comparative entre les sexes et Suzanne souhaitera peut-être l'aborder du point de vue des indicateurs, si elle le souhaite.
Ce tiraillement, ce décalage — j'essaie de trouver le mot qui convient — est traditionnel et existe depuis de nombreuses années. Je pense qu'il reflète l'idée, adoptée par de nombreux organismes non gouvernementaux, je dirais — des gens qui ne font pas partie du gouvernement — qui pensent que l'analyse comparative entre les sexes n'est pas un outil valide parce qu'elle consiste à établir une comparaison entre les hommes et les femmes... Je pense que ces groupes préféreraient voir utiliser en pratique un outil spécialement adapté aux femmes, qui permettrait d'examiner uniquement la situation des femmes sans faire aucune comparaison.
Nous partons du principe — et c'est ce que font de nombreux autres pays — et vous avez raison, il y a pratiquement toutes les semaines des pays qui s'adressent à Condition féminine Canada pour demander de l'aide en matière de structure de gouvernance — qu'il faut adopter une méthode axée sur l'intégration au processus d'élaboration des politiques, de sorte que la responsabilité de tenir compte de la sexo-spécificité dans l'élaboration des politiques et leur mise en oeuvre ne repose pas uniquement sur une unité particulière du gouvernement ou sur une unité d'un ministère, mais sur tous les décideurs et que cette intégration doit toucher tous les domaines d'action du gouvernement, y compris la prise de décisions.
Je pense que certains groupes préféreraient que cette action s'inspire davantage d'un cadre féministe intégré, dans lequel on part du principe... Je vais prendre un exemple. J'ai déjà entendu dire que si les femmes représentent 52 p. 100 de la population, elles devraient donc avoir droit à 52 p. 100 des ressources budgétaires. Cette approche consiste à partir d'hypothèses et à mettre ensuite en place des processus pour les réaliser. Ce n'est pas une méthode qui favorise la gestion gouvernementale.
Peut-être que je changerai d'idée lorsque je prendrai ma retraite, mais je ne le pense pas. Ma longue carrière que j'ai eue au sein de la fonction publique m'a appris que, lorsque l'analyste des politiques moyen, qui n'a peut-être jamais entendu parler de sexo-spécificité, qui n'a jamais su ou compris que ce qu'il allait élaborer pouvait avoir un effet négatif sur les femmes, modifie son comportement, nous pouvons dire que nous avons fait des progrès. C'est pour cela que le Canada fait l'envie du monde entier.
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Bonjour, tout le monde. Merci d'être venues aujourd'hui.
Il est très intéressant de voir jusqu'à quel point cela devient un peu plus clair et, en même temps, un peu plus compliqué. On a entendu plusieurs témoins et reçu beaucoup d'information, mais on n'a guère parlé d'éducation. Il y encore une éducation à faire dans les ministères et auprès des politiciens.
Comme femmes, nous avons dû nous battre pour faire notre place, mais pour les femmes de la génération qui nous suit, c'est déjà acquis. Elles n'ont pas à travailler fort, parce qu'elles pensent être égales, même si elles ne le sont pas. Cela concerne l'éducation et n'a jamais été dit vraiment.
On a parlé beaucoup de pauvreté, de politique sociale, de gouvernements qui se succèdent et qui laissent passer le train. Comment peut-on faire pour avoir quelque chose de durable? Quelqu'un autour de la table a prononcé les mots « à long terme ». En effet, si on a une optique à court terme, cela ne fonctionnera pas. Dans quel autre domaine peut-on trouver de l'information? On a l'appareil gouvernemental, on a entendu des femmes de certains groupes. Cependant, pour atteindre un certain équilibre, où le gouvernement devrait-il regarder? Que peut-on faire, comme comité, pour avoir un cadre permanent — peu importe le gouvernement en place— et pour dire que c'est ainsi que ça fonctionne pour les femmes dorénavant? Est-ce possible, d'après vous?
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Puis-je répondre à la question?
Pour ce qui est des modèles et de la façon dont le Canada fait les choses en général, comparé à ce que font d'autres pays, et pour répondre à la première partie de votre question au sujet d'une vision, je pense qu'il n'y en a pas vraiment au niveau fédéral mais cela se fait dans d'autres régions du Canada. Bien entendu, sur la question de la pauvreté, cela se fait au Québec et à Terre-Neuve-et-Labrador. Il y a maintenant l'Ontario et la Nouvelle-Écosse qui ont choisi la même orientation. Tout cela reflète un modèle de gouvernance qui ressemble davantage à ce que fait l'Union européenne et qui comporte plusieurs éléments qui me paraissent importants. Ils ont été décrits dans les documents que nous avons produits. L'un d'entre eux s'intitule Résoudre la pauvreté. Il ne traite pas uniquement de la pauvreté, il traite de tout. Il propose un plan social et économique pour le Canada. Il examine l'égalité entre les sexes. Il parle de pauvreté et d'exclusion. Il parle de toutes ces choses, de sorte qu'il ne s'agit pas d'efforts isolés.
Il y avait des objectifs communs. Il y a des indicateurs que les intéressés ont convenu de mesurer. Tout le monde connaît donc l'objectif final. Tout le monde sait dans quelle direction aller. Tout le monde sait qu'il faut élaborer un plan. Ils doivent tous présenter régulièrement des rapports. Ils doivent tous procéder à des consultations. Il y a de la transparence et une coordination des actions.
Il est toutefois intéressant de noter, comme l'a mentionné le conférencier sur la colline ce matin, que l'Angleterre et l'Irlande ont progressé en fait plus rapidement que le prévoient les mesures qui ont été mises en place dans l'Accord de Lisbonne parce que ces pays ont reconnu combien la pauvreté, en particulier, ralentissait leur développement économique.
Aujourd'hui, tous les plans de lutte contre la pauvreté qui donnent de bons résultats ont intégré la question de l'égalité des sexes. Il s'agit en fait de la même chose. Il ne s'agit pas de faire des actions ponctuelles. C'est en fait un modèle commun de gouvernance auquel est combinée une méthode ouverte de coordination. Il y a un autre aspect intéressant: le fait qu'il s'agisse d'une structure intergouvernementale. En Europe, ce sont des pays différents. Au Canada, nous avons les provinces et les territoires. Par exemple, ils ont adopté une série commune d'indicateurs sur lesquels tout le monde s'est entendu et ensuite, chaque pays choisit la façon de la mettre en pratique. Mais tous ces pays travaillent dans le même but et ils partagent l'information pour pouvoir profiter de l'expérience des autres pays.
Je pense qu'il y a de plus en plus de personnes qui examinent ce genre de modèle. Nous savons que Terre-Neuve-et-Labrador a mis sur pied une structure, dans laquelle l'égalité entre les sexes joue un rôle central, et qui s'inspire directement du modèle irlandais. Je le sais personnellement. Ils ont adopté une méthode de coordination qui est brillante. Cette idée d'avoir un plan, d'amener l'ensemble du gouvernement à prendre l'engagement de le mettre en oeuvre, d'adopter des éléments communs, ce sont là les choses qui semblent donner de bons résultats, quel que soit le problème à régler. Ce sont là les modèles qui semblent donner de bons résultats.
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Pour répondre à la première question, je dirais que l'on peut toujours faire davantage. Ce que vous ont dit, il y a un instant, les représentantes de Condition féminine Canada est vrai. Je m'occupe de l'enquête sociale générale qui porte sur 25 000 répondants. Si l'on veut examiner la situation des femmes dans un secteur géographique particulier, et répartir ces données selon l'âge et le statut minoritaire ou non, par exemple, on arrive assez rapidement à des catégories dans lesquelles les chiffres sont tellement faibles que les résultats ne sont pas publiables. On peut donc toujours faire plus. Il y a toujours un grand nombre de données que l'on n'utilise probablement pas autant qu'on le pourrait, mais il n'est pas facile de tracer la ligne ici.
Quant à savoir comment nous obtenons les données, nous recevons des données administratives des provinces, par exemple, des données en matière de santé concernant les visites chez les médecins, et des données relatives à l'éducation, comme le nombre des inscriptions. Nous avons également des données tirées d'enquêtes, habituellement en collaboration et en consultation avec tous les intéressés clés, notamment les universitaires et les spécialistes du domaine examiné. Nous relevons également d'un comité consultatif qui fournit des conseils spécialisés pour toutes nos enquêtes, habituellement, les comités directeurs, qui comprennent des représentants des ministères chargés d'élaborer des politiques, participent directement à ces enquêtes. Les comités consultatifs ont une composition plus large; ils comprennent habituellement des chercheurs universitaires, parfois des ONG, ou diverses personnes qui s'intéressent à la question examinée. C'est ainsi que nous définissions le contenu de nos enquêtes.
Il me paraît important que le comité sache que nos consultations visent, en partie, à amener les principaux intéressés, une fois qu'ils ont effectué leur analyse sexo-spécifique, à nous signaler les problèmes dont nous devons avoir connaissance pour pouvoir préparer un bon questionnaire. Je vais vous donner un bref exemple. Nous venons de faire une enquête sur les Canadiens âgés de plus de 45 ans et un des sujets sur lesquels nous posions des questions était la retraite. Lorsque nous avons consulté nos partenaires de RHDC, ils nous ont dit que les femmes et les hommes ne considéraient pas de la même façon la décision de prendre leur retraite, parce que les femmes ont parfois été obligées d'interrompre leur carrière pour prendre soin de leurs enfants, par exemple. Par conséquent, si les données ne nous indiquent pas clairement si c'est bien ce qui est arrivé aux femmes que nous sommes en train d'examiner, nous ne serons vraiment pas en mesure d'apporter des réponses à des questions de politique essentielles.
Compte tenu de tout cela, nous élaborerons ensuite un questionnaire qui leur permettra d'effectuer ce genre d'analyse. C'est donc grâce à ce processus de consultation que nous sommes en mesure de fournir de meilleures données pour ce qui est des comparaisons entre les sexes.
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Je vais essayer de vous répondre très brièvement.
Les commentaires auxquels je faisais référence étaient ceux de Glenn Drover, qui représentait l'Association canadienne des travailleuses et travailleurs sociaux, et qui a fait beaucoup de recherches récemment sur les femmes dans l'économie. Il parlait des mesures types que Statistique Canada et RHDC produisaient pour étudier la pauvreté. Il y a les SFR, les mesures de faible revenu, avant et après impôt — les mesures habituelles — et le panier de consommation. Toutes ces normes concernent les ménages, et elles ne reflètent donc pas le déséquilibre qui existe dans les ménages sur le plan du pouvoir. Il peut arriver que des femmes vivent des situations très difficiles, voire désespérées, dans des ménages où il y a en fait de l'argent et dont le revenu total serait supérieur au seuil correspondant à ces divers indicateurs.
Il est évident qu'on ne peut pas faire tout avec un seul indicateur. Là encore, il semble se dégager un consensus chez les personnes qui travaillent sur les indicateurs; elles admettent que nous ne trouverons jamais la ligne de démarcation de la pauvreté. Il faut avoir recours à plusieurs mesures, à une série de mesures, pas à des millions, mais à un petit nombre de mesures essentielles, plus d'une en tout cas, qui nous permettrons de mieux comprendre la réalité.
Si nous prenions, par exemple, les mesures essentielles de la pauvreté, si nous en choisissions trois — la plupart des pays ont fait quelque chose du genre — et si nous les complétions avec des éléments comme les indicateurs économiques de l'égalité entre les sexes qui montrent ce qui se passe sur le marché du travail, la façon dont le régime fiscal influence l'égalité entre les sexes, les types d'emploi du temps, il serait alors beaucoup plus facile de comprendre pourquoi les femmes sont toujours plus nombreuses dans les données relatives à la pauvreté.
Dans cet ensemble global de données, il n'y a pas une mesure unique qui va vous donner une réponse mais il y a quelques aspects essentiels, le travail non rémunéré, Suzanne a mentionné la violence comme étant un autre indicateur... Il ne s'agit pas simplement de désagréger les données. Il faut essayer délibérément d'obtenir des données au sujet d'éléments dont nous ne sommes pas occupés depuis longtemps. Ce sont là deux domaines clés — le travail non lucratif ou non rémunéré — et avec ce genre d'indicateurs clés, je pense que l'on peut obtenir de bons résultats.