:
Merci, monsieur le président, et mes salutations à tous les membres du comité. Je vous suis reconnaissant de nous avoir invités à témoigner.
Comme l'a dit le président, je m'appelle Gordon Quaiattini et je suis le président de l'Association canadienne des carburants renouvelables. L'ACCR représente toute la chaîne de valeur des intervenants qui veulent bâtir une industrie des carburants renouvelables solide et dynamique au Canada.
J'ai le plaisir d'être accompagné de Jeff Passmore, président du conseil de l'ACCR. Jeff est aussi le vice-président exécutif de Iogen Corporation, un leader mondial du développement de l'éthanol cellulosique de la prochaine génération. J'ai également à mes côtés Tim Haig, chef de la direction de BIOX Corporation, le plus important producteur de biodiésel au Canada — Tim est également le prédécesseur de M. Passmore au conseil de l'ACCR.
Mesdames et messieurs, en cette période difficile, je suis venu vous transmettre un message d'espoir, de nouvelles perspectives d'avenir et de croissance renouvelée. Les carburants renouvelables offrent et continueront d'offrir de nouveaux débouchés économiques aux agriculteurs canadiens et au Canada rural. Les carburants renouvelables créent de nouveaux marchés pour les producteurs agricoles, revitalisent les communautés, réduisent les dangereux gaz à effet de serre et offrent un nouveau choix à la pompe aux consommateurs. Chaque année, de nouvelles percées technologiques dans la fabrication de carburants renouvelables comme l'éthanol et le biodiésel offrent encore plus de possibilités et plus d'avantages économiques et sociaux. Les carburants renouvelables de la prochaine génération arrivent rapidement sur le marché et, grâce au travail assidu de nombreux députés et partis à la Chambre des communes, le Canada en bénéficiera de façon optimale.
Permettez-moi de vous donner un aperçu de notre industrie et de l'accompagner de chiffres clés. Les carburants renouvelables mis au point actuellement au Canada, ce qui comprend les projets en cours et prévus, créeront environ 14 000 nouveaux emplois et attireront de nouveaux investissements de 1,5 milliard de dollars. Même si nous n'allons pas au-delà de ce qui est prévu actuellement — ce que nous allons faire —, les carburants renouvelables créeront 10 000 emplois permanents directs et indirects et une activité économique annuelle de quelque 600 millions de dollars, en grande partie dans le Canada rural, à proximité des matières premières requises pour fabriquer les biocarburants.
La demande créée par nos usines représentera un nouveau marché intérieur de 240 millions de boisseaux de céréales et d'oléagineux canadiens, ce qui aidera à maintenir le prix des produits à un juste niveau tout en réduisant les paiements de soutien du gouvernement et en aidant à rendre les exploitations agricoles canadiennes financièrement viables de nouveau.
Les nouveaux marchés et la transformation à valeur ajoutée ici au pays sont particulièrement importants pour les Prairies, où le prix du blé recule, en termes réels, depuis plus d'un siècle, alors que les producteurs dépendent toujours massivement des marchés d'exportation. Les biocarburants leur offre enfin un choix.
La bonne nouvelle, c'est que les Canadiens reconnaissent en très grande majorité que notre pays est sur la bonne voie. L'ACCR vient de mener un sondage national exhaustif et indépendant auprès des Canadiens, et les résultats sont clairs: 69 p. 100 des Canadiens sont en faveur du remplacement des combustibles fossiles par les biocarburants, en partie; 76 p. 100 des Canadiens appuient la nouvelle loi visant à établir une norme nationale relative aux carburants renouvelables — qui augmente la quantité d'éthanol et de biodiésel à la pompe et, par le fait même, garantit une part de marché à nos producteurs agricoles; 87 p. 100 des Canadiens appuient les politiques et les programmes des gouvernements fédéral et provinciaux visant à investir dans le développement des biocarburants de la prochaine génération (fabriqués avec des matières premières autres que des produits alimentaires comme la biomasse agricole, les déchets et des algues).
Le secteur des carburants renouvelables vient d'amorcer une transformation — une biorévolution — qui sera tout aussi marquante que la révolution de l'information des années 1980. Elle ne pourrait être plus apparente que dans notre industrie — par la création de carburants renouvelables tirés de ce que nous cultivons, plutôt que de ce que nous extrayons. Mais ce ne sont que les premiers pas — la pierre angulaire sur laquelle repose cette immense possibilité. Bientôt, le plein potentiel de la bioéconomie sera bien visible — alors que toutes les formes de biomasse exploitées et récoltées serviront de matières premières pour la fabrication de matières plastiques, de produits chimiques, de produits pharmaceutiques et de nombreux autres produits. De nouveaux emplois seront créés, la politique industrielle sera adaptée et l'agriculture redeviendra une industrie en pleine croissance.
Bien entendu, la bioéconomie n'éliminera pas le besoin d'autres ressources. Le bon précédent dont il faut tenir compte est le nôtre. Les biocarburants ne remplaceront pas le pétrole — à tout le moins pas de notre vivant, mais nous pouvons offrir des ressources additionnelles. Nous pouvons contribuer au panier d'énergies et, par le fait même, modérer les prix. Les carburants renouvelables comme l'éthanol et le biodiésel sont la seule alternative réelle, viable et accessible au pétrole pour le transport, aujourd'hui et dans l'avenir prévisible.
Ce sont là certains des avantages qui profitent à tous, mais il existe également des avantages spécifiques, principalement pour les producteurs agricoles et les communautés rurales du Canada. Les agriculteurs canadiens deviendront les fournisseurs non seulement des secteurs de l'alimentation et des carburants, mais aussi d'industries de toutes sortes. Ainsi, les communautés rurales bénéficieront de revenus accrus et d'investissements majeurs dans l'infrastructure. Tout cela mettra au premier plan la question de la durabilité — qui est l'une des questions clés liées à votre travail. En fait, la durabilité est fondamentale si nous voulons obtenir les résultats voulus en matière d'environnement et de productivité.
J'aimerais faire ici une pause et donner au comité un exemple concret tiré de notre propre expérience. Il y a un an, alors que le prix du pétrole brut atteignait un sommet de presque 150 $ le baril, il y a eu un débat intense — trompeur et profondément malheureux — sur les aliments par rapport aux carburants. On accusait les agriculteurs, en raison de la demande de biocarburant, de détourner leurs cultures — le maïs étant le principal exemple. En fait, mis à part l'effet hyperinflationniste évident du prix record du pétrole, on disait que les biocarburants entraînaient la hausse du prix des récoltes et qu'à cause de nous, les éleveurs devaient payer plus cher pour nourrir leur bétail et le prix des aliments augmentait.
Rien de tout cela n'était vrai. En dépit des exportations, l'Amérique du Nord a affiché un excédent de deux milliards de boisseaux de maïs — dépassant largement la demande de nourriture, d'aliments pour animaux et de biocarburants. En outre, l'effet inflationniste était dû au prix du pétrole, pas aux biocarburants. Lorsque le prix du pétrole a chuté, le prix de tous les produits a suivi. Il n'est peut-être pas revenu au niveau prévalant avant la hausse, mais certainement à des niveaux beaucoup plus durables. Bref, le prix du pétrole était le coupable.
S'il y a un élément positif qui a découlé de toute cette discussion, c'est bien la mise en lumière de la durabilité et de la performance exceptionnelle des agriculteurs canadiens. Il faut le souligner, car le bilan de notre industrie agricole est très mal compris — et par conséquent mal défendu.
Cela signifie que nous ne profitons pas pleinement d'un avantage concurrentiel mondial que le Canada devrait fièrement consolider et promouvoir dans le monde entier. Par exemple, la production agricole augmente considérablement et nécessite moins d'intrants. Dans les années 1980, les agriculteurs pouvaient produire environ 70 boisseaux par acre de maïs. Aujourd'hui, ils produisent jusqu'à 150 boisseaux par acre. Et selon de récentes prévisions, d'ici cinq à dix ans, la production atteindra 300 boisseaux par acre. Des percées sont faites dans tous les domaines de la phytotechnie.
De plus, les agriculteurs canadiens sont des leaders mondiaux du faible taux d'émissions directes dans le sol. Notre performance dépasse celle de près de tous nos principaux concurrents européens et eurasiens — de pas moins de 500 p. 100 dans certains cas. L'agriculture canadienne est un chef de file de l'efficacité énergétique et de l'utilisation de nouvelles technologies agricoles comme la culture sans labour. Il faut certainement faire plus, mais nous sommes en position de force.
Sur le plan environnemental, l'Agence internationale de l'énergie a récemment publié un rapport qui indique clairement que l'éthanol à base de céréales bénéficie d'un avantage de 55 p. 100 par rapport à l'essence traditionnelle en ce qui a trait aux émissions de GES. Parallèlement, le bilan énergétique de l'éthanol dépasse largement celui des combustibles fossiles.
Aussi, quand il est question de l'avenir et de politiques qui soutiennent ce secteur, nous pressons le comité de traiter la durabilité en priorité. C'est ainsi qu'on obtient plus avec moins, qu'on le fait d'une façon qui nourrit notre relation avec les terres cultivables et qu'on respecte et améliore la performance environnementale.
J'aimerais, avant de terminer, vous présenter quelques recommandations générales à cet égard.
D'abord, que l'on maintienne et, au fil du temps, augmente le soutien aux biocarburants. J'ai l'air de prêcher pour ma paroisse, mais l'intérêt public justifie ce soutien. La bioéconomie est une réalité imminente, mais jusqu'à présent, elle est largement axée sur les biocarburants. C'est là que les choses se passent. Les outils, l'expérience et l'expertise sont développés en fonction des biocarburants. Aussi, la mise en lumière de notre avantage dans ce domaine ne fait que renforcer le leadership des agriculteurs canadiens dans la bioéconomie.
Deuxièmement, qu'on aide les agriculteurs à supporter les coûts de la transition vers des pratiques durables. Souvent, l'adoption d'une pratique agricole durable entraîne une baisse de revenu à court terme, un dur prix à payer pour les familles qui essaient de boucler les fins de mois. Le gouvernement peut aider en augmentant son soutien à la transition.
Troisièmement, qu'on ne freine pas l'élan vers la durabilité en demandant à nos agriculteurs de satisfaire à une série de coûteuses exigences bureaucratiques qui ne feront qu'augmenter le coût de la transformation. Le gouvernement devrait supporter le fardeau de la cueillette de données, de la mesure du changement et de l'annonce des résultats.
Quatrièmement, que le gouvernement joigne ses forces à celles de ses homologues provinciaux et d'autres organismes pertinents pour concevoir une campagne de promotion internationale vantant le succès de nos producteurs agricoles sur le plan de la durabilité. Il est grand temps que nous sortions au grand jour et fassions connaître notre succès.
Enfin, que le comité et le gouvernement fédéral soutiennent un processus accéléré d'adoption de la réglementation requise pour appliquer la norme nationale sur les carburants renouvelables. Le Parlement canadien a adopté le en juin 2008. Les possibilités de développement environnemental et économique que nous avons soulignées ne seront possibles que si la norme est mise en place en 2010. L'industrie des carburants renouvelables est prête à collaborer avec tous les intervenants dans le cadre d'un processus de consultation transparent et accéléré pour que les objectifs voulus soient atteints.
En guise de conclusion, permettez-moi de remercier la Chambre des communes pour son leadership et de rappeler que le Canada, et le Canada rural en particulier, est dans une position unique pour croître et prospérer grâce au développement des carburants renouvelables et des carburants renouvelables de la prochaine génération. Nous commençons à peine à réaliser la vraie valeur de cette industrie nouvelle et prometteuse.
Je vous remercie.
Monsieur le président, voilà qui met fin à ma déclaration.
:
Merci, monsieur le président et membres du comité.
Bien le bonjour. Je m'appelle Peter Boag et je suis président de l'Institut canadien des produits pétroliers. Je suis accompagné ce matin de M. Tony Macerollo, notre vice-président des relations publiques et gouvernementales.
Nous vous sommes certes reconnaissants de nous avoir invités à prendre la parole devant vous aujourd'hui au sujet de la compétitivité de l'industrie agricole canadienne.
Parlons d'abord de l'Institut canadien des produits pétroliers comme tel. Il représente le secteur du raffinage et de la distribution des produits pétroliers, autrement dit le secteur aval de l'industrie. Il vise à promouvoir les pratiques exemplaires en matière d'environnement, de santé et de sécurité et à fournir de l'information sur l'industrie de manière à faciliter l'élaboration de solides politiques gouvernementales.
Nos membres accordent de l'importance au secteur agricole pour trois grandes raisons: tout d'abord, il représente un de nos importants clients; ensuite, l'arrivée des carburants renouvelables est en train de créer de nouveaux liens de collaboration avec nos membres; enfin, les membres de l'Institut sont également les voisins d'une grande partie du milieu agricole, allant des raffineries et des terminaux jusqu'aux pipelines.
Je vous demanderais de vous arrêter pour un instant aux faits suivants qui viennent de Statistique Canada, plus précisément de son recensement agricole de 2006. On compte au Canada 250 000 exploitations agricoles presque, y compris quelque 750 000 tracteurs valant 13 milliards de dollars, 500 000 camions valant plus de 5 milliards de dollars, 300 000 caisses d'emballage amovibles et de fourgonnettes valant 3,5 milliards de dollars, 100 000 moissonneuses-batteuses d'une valeur de 4 milliards de dollars et 750 000 pièces de matériel aratoire et d'équipement de culture, d'andaineurs, de faucheuses-conditionneuses et de véhicules passagers représentant quelque 6,5 milliards de dollars.
C'est là beaucoup de matériel coûteux qui exige du carburant de grande qualité. La principale préoccupation des membres de l'institut est d'offrir aux agriculteurs et à d'autres consommateurs un choix en matière de carburants de qualité. Dans le secteur agricole canadien, carburant de qualité égale productivité et compétitivité. Même les choses les plus simples peuvent avoir de l'importance, par exemple d'offrir tout au long de l'année une livraison fiable de carburant à la ferme.
Que faisons-nous pour tenir notre promesse d'offrir des carburants de choix? Nous nous sommes surtout efforcés au cours de la dernière décennie de réduire la teneur en soufre des carburants. Ce programme d'investissement de plusieurs milliards de dollars était au départ un programme visant à réduire, de 500 parties par million à 15 parties par million, la teneur en soufre du diésel utilisé dans les camions de gros tonnage et les véhicules routiers. Cette phase a pris fin en 2006.
Les membres de l'institut cherchent actuellement à réduire la teneur en soufre du diésel consommé par les véhicules non routiers, surtout sur les fermes, de manière à la faire passer de 500 à 15 parties par million. Le processus entamé en 2007 prendra fin en juin 2010.
La réduction du soufre dans le diésel protège l'environnement et la santé des êtres humains en abaissant la quantité de gaz nocifs s'échappant des moteurs et du matériel qui en consomment. L'approche graduelle que nous avons adoptée fait en sorte que la teneur en soufre du carburant diésel utilisé dans des véhicules non routiers — des véhicules de ferme, par exemple — n'entravera pas le fonctionnement efficace des technologies anti-émissions avancées.
Notre plus importante contribution à la compétitivité du secteur agricole canadien est de faire en sorte que le secteur du raffinage canadien est très productif. Nos membres travaillent d'arrache-pied pour offrir à tous les consommateurs, y compris aux agriculteurs, l'accès à des carburants de grande qualité, à prix concurrentiel.
Heureusement, les consommateurs canadiens, y compris les agriculteurs, sont parmi ceux qui paient leur carburant le moins cher dans le monde occidental, devancés uniquement par ceux des États-Unis. J'en veux pour preuve les données de sources impartiales et indépendantes, et je crois qu'on vous distribuera tout à l'heure un tableau de certaines de ces données qui montrent que les coûts canadiens se comparent à ceux des concurrents ailleurs dans le monde.
Un lien nouveau qui s'est créé entre le secteur du raffinage et de la distribution et le secteur agricole canadien est l'évolution et l'utilisation de mélanges de biocarburants à base d'éthanol et de diésel renouvelable. L'Institut reconnaît qu'il s'agit là de nouveaux débouchés économiques pour le secteur agricole, si les conditions sont bonnes. En fait, plusieurs membres de l'institut sont eux-mêmes très actifs sur le marché des biocarburants.
Shell est l'un de plus grands distributeurs de biocarburants de transport de première génération. Shell et mes collègues d'Iogen Corporation envisagent d'investir en Saskatchewan dans une usine commerciale de production d'éthanol cellulosique qui pourrait offrir aux agriculteurs la possibilité de trouver de nouveaux marchés pour leur paille de blé.
L'usine d'éthanol de Minnedosa de Husky Energy est l'une des plus grandes en son genre dans l'Ouest du Canada. Elle produit quelque 130 millions de litres d'éthanol par année. Une seconde usine située à Lloydminster, en Saskatchewan, en produit autant. Ensemble, les deux usines font de Husky le plus important producteur et distributeur d'éthanol de l'Ouest du Canada.
En Ontario, Suncor Energy a ses propres liens avec le secteur agricole, y compris une relation d'investissement avec un groupe d'agriculteurs. Son usine d'éthanol de St. Clair a actuellement une capacité de production de 200 millions de litres par année. Un projet d'expansion de 120 millions de dollars est en cours, ce qui devrait lui permettre de doubler sa capacité.
L'usine utilise actuellement 20 millions de boisseaux de maïs par année, soit l'équivalent de 10 p. 100 environ de la culture de maïs annuelle de l'Ontario. Naturellement, la consommation doublera une fois l'expansion terminée.
Bon nombre d'entre vous savent qu'en 2006, l'institut a manifesté son appui à la volonté du gouvernement fédéral de mettre en oeuvre une stratégie nationale en matière de carburants renouvelables. En partenariat avec mon collègue de l'Association canadienne des carburants renouvelables, nous avons contribué un programme et des éléments clés pour sa mise en oeuvre réussie.
Nous sommes venus témoigner, l'an dernier, devant votre comité dans le cadre de son examen du projet de loi . Nous avons appuyé son adoption, mais avons prévenu qu'il était pressant de le faire si l'on voulait que la stratégie soit mise en oeuvre en 2010.
Un an s'est écoulé presque, et à mon grand dam, je dois vous annoncer qu'il y a eu plus de simples pépins dans la mise en oeuvre, de sorte que le lancement de la stratégie sera, à notre avis, beaucoup moins optimal qu'il l'aurait pu l'être.
Quand l'avis d'intention d'exiger une teneur minimale en énergie renouvelable dans le carburant de transport a été publié en décembre 2006, il y avait très peu de stratégies provinciales en place. Ce n'est plus le cas. La dure réalité, c'est que la prolifération des stratégies provinciales a créé un tel fouillis de normes différentes qu'à la fin, elles pourraient bien créer d'autres entraves à la circulation libre et efficace de produits entre les provinces.
L'avis d'intention évaluait avec raison qu'il faudrait deux ans environ pour élaborer un règlement. Cette tâche s'avère compliquée pour le gouvernement fédéral et les fournisseurs de carburant. Ce n'est pas simple à faire.
Si tout s'était déroulé comme prévu, selon les plans exposés dans l'avis d'intention de décembre 2006, je ne serais pas ici en train de vous exprimer ces préoccupations. Malheureusement, le gouvernement n'a suivi ni le programme dont il s'était doté dans l'avis d'intention ni l'échéancier.
En l'absence de certitude sur le plan de la réglementation, les membres de l'Institut ont été limités dans leur capacité d'aller de l'avant pour achever la planification de la mise en oeuvre et l'investissement dans l'infrastructure ainsi que pour obtenir les approbations voulues des autorités provinciales et locales.
En raison des retards accumulés depuis la publication de l'avis d'intention en décembre 2006, la majorité des membres de l'institut seront incapables d'atteindre l'objectif de 5 p. 100 d'énergie renouvelable dans l'essence dès janvier 2010.
Il y a moyen de régler le problème, mais il faudra que chacun accepte de faire des compromis et fasse preuve de créativité. Ainsi, il faudrait réviser l'échéancier de sorte que les objectifs de 5 p. 100 de teneur en énergie renouvelable de l'essence et de 2 p. 100 de biodiésel soient atteints en 2012. Il faudra à tout le moins adopter une approche souple et graduelle.
C'est vraiment dommage. Quoi qu'il en soit, il y a des limites au travail qui peut être accompli en si peu de temps. L'élément de certitude qu'aurait ajouté la réglementation n'est pas encore au rendez-vous, de sorte qu'il est impossible de faire une grande partie de ce travail sans attirer d'éventuelles conséquences non voulues sur les consommateurs et les agriculteurs.
Je précise toutefois que nous ne sommes pas demeurés inactifs durant cette période. Nous avons plus particulièrement travaillé fort à mieux comprendre comment les solutions du biodiésel pourraient s'appliquer plus particulièrement au contexte canadien. Il est très important pour les agriculteurs de le savoir puisqu'ils sont d'importants consommateurs de carburant diésel, que ce soit pour le tracteur ou pour la chaufferie.
Nous avons été des partenaires actifs de projets liés au diésel renouvelable. L'institut a appuyé le projet albertain de démonstration du diésel renouvelable mené par Shell et Climate Change Central et il travaille actuellement de concert avec Ressources naturelles Canada à un projet de recherche sur le biodiésel mené à Sarnia, sous la commandite d'Imperial Oil.
Dans le cadre du projet albertain de démonstration, il a été établi que des mélanges B2 de canola, d'ester méthylique et des mélanges à 2 p. 100 de diésel renouvelable produits par hydrogénation sont parfaitement utilisables l'hiver dans la région étudiée lorsque les points de trouble sont ajustés en fonction des exigences de l'ONGC. La projet a également permis d'établir que des mélanges B5 peuvent être produits et utilisés avec succès durant l'intersaison et l'été.
Nous avons acquis un savoir critique sur les infrastructures requises pour assurer la qualité du produit essentielle si l'on veut que les propriétés des mélanges de biodiésel aient un bon fluage à froid l'hiver.
La phase suivante consistera à passer d'un milieu contrôlé à l'essai en temps réel sur le terrain. Les raffineurs et distributeurs de produits pétroliers doivent maintenant faire en sorte que nous puissions alimenter de manière fiable les clients, comme les agriculteurs, au moyen d'un réseau de distribution nationale complexe qui inclut des milliers de points de détail partout au pays, dont bon nombre appartiennent à des indépendants et sont exploités par eux.
Pour pouvoir mettre avec succès sur le marché le biodiésel à une pareille échelle, les fournisseurs de carburant devront beaucoup travailler et faire de grands frais. Des questions au sujet des normes sont demeurées sans réponse, l'infrastructure de distribution est embryonnaire, et il reste encore plusieurs points à régler concernant le stockage, le mélange et le transport du biodiésel.
La principale constatation à laquelle a abouti le projet de démonstration albertain, c'est qu'il faut ajouter beaucoup plus de carburéacteur à kérosène aux mélanges d'hydrocarbures contenant entre 2 et 5 p. 100 de biodiésel pour qu'ils puissent être utilisés durant les hivers canadiens. Le Canada est actuellement un importateur net de ce genre de carburant, ce qui accroîtrait sa dépendance à l'égard d'importations.
Les membres de l'Institut prennent l'engagement de respecter des normes de qualité et les attentes des consommateurs. Il faut que les gouvernements prennent soin de concevoir des stratégies qui ne créent pas des problèmes opérationnels — par exemple, la perte de viscosité du carburant par temps froid. Un projet de recherche sur le biodiésel en cours à Sarnia étudie certains de ces problèmes, particulièrement ceux qui ont trait à la stabilité des mélanges de biodiésel par temps froid.
Il importe aussi de reconnaître que beaucoup de doutes ont été émis mondialement depuis la publication de l'avis d'intention au sujet de l'utilité des biocarburants. Ces questions recouvrent toute une gamme de problèmes, du cycle de la performance sur le plan environnemental durant le cycle de vie des biocarburants à des questions concernant la production de carburant au détriment de la production alimentaire, jusqu'à la subvention massive à l'échelle mondiale de biocarburants. Ce plus grand débat au sujet du rôle et de l'utilité des biocarburants appartient à d'autres tribunes; cependant, je souligne l'important besoin de faire une analyse robuste et crédible du cycle de vie afin d'appuyer un programme de biocarburants axé sur une politique stratégique de performance sur le plan environnemental. En l'absence d'une pareille analyse, je vous prie d'examiner avec soin le recours à la Loi canadienne sur la protection environnementale pour prescrire des normes relatives aux carburants de transport renouvelables. J'ajoute que le Canada ne pourra jamais égaler le généreux programme de subvention des biocarburants mis en place aux États-Unis.
Je tiens toutefois à conclure sur une note positive et j'insiste sur le fait que l'Institut appuie une économie agricole canadienne prospère. Nous sommes des partenaires et, bien que nous ayons parfois des différends et que nous nous retrouvions coincés dans des situations qui peuvent paraître insolubles, il y a toujours une solution. Les raffineurs canadiens tiennent leur engagement de trouver des solutions adaptées aux problèmes actuels, particulièrement en ce qui concerne la stratégie fédérale relative aux carburants renouvelables.
:
Je vous remercie, monsieur Allen, de poser la question.
On a tenté d'examiner ce qui se fait au Brésil. Ce pays utilise simplement la canne à sucre comme matière première. Selon mes collègues en poste là-bas, avec qui nous travaillons très étroitement, le Brésil n'est pas plus avancé dans le développement des biocarburants de deuxième génération. Il utilise tout simplement les produits qui y sont naturellement cultivés comme matière première.
Au Canada, bien franchement, nous employons ce que nous produisons de meilleur, c'est-à-dire le maïs et le blé pour l'éthanol et du canola et du soya pour le biodiésel. J'ignore si certains ont une meilleure capacité de développement que d'autres.
Nous avons certainement réalisé des progrès, même concernant les carburants de première génération. Toujours selon le rapport de l'Agence internationale de l'énergie auquel j'ai fait référence, nous avons fait preuve d'énormément d'innovation, même pour la technologie de première génération servant à la production d'éthanol. Le processus n'est pas complexe, il s'agit de fermentation. Nous fabriquons de l'alcool depuis un siècle et même davantage.
À l'échelle commerciale, nous pouvons améliorer le rendement de ces usines: nous pouvons recycler l'eau, ce que nous faisons très bien dans la production d'éthanol, et développer un marché secondaire pour les céréales de distillerie servant à la production d'éthanol, qui est une ressource précieuse dans le secteur de l'alimentation au Canada et ailleurs. Nous avons certainement fait beaucoup évoluer le modèle d'éthanol de première génération au cours des 20 ou 25 dernières années. Mais nous devons faire encore plus.
Comme je l'ai dit, en nous appuyant sur ce rapport, nous nous attendons à ce que l'éthanol de première génération permette une réduction de 55 p. 100 des émissions de gaz à effet de serre au cours des deux ou trois prochaines années, en raison de l'innovation de cette seule génération. Lorsque nous effectuerons la transition, comme Jeff l'a indiqué, nous développerons la deuxième génération, ce qui offrira à nos agriculteurs la possibilité de produire des matières à valeur ajoutée.
Je ne puis envisager un monde où nous remplacerions totalement la production l'éthanol de première génération par celle de deuxième génération. Je crois que les progrès se poursuivront et que les agriculteurs canadiens continueront de pouvoir choisir les matières qu'ils fournissent, que ce soit pour l'alimentation humaine, assurément, pour l'alimentation animale destinée au secteur de l'élevage, certainement, ou, enfin, pour les carburants renouvelables. Nous croyons pouvoir adopter cette approche équilibrée et adéquate et ainsi permettre aux agriculteurs de profiter de ces occasions.