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Bon après-midi. Je suis un peu nerveuse, alors je vais tâcher de suivre mes notes.
Je tiens d'abord à vous remercier de m'avoir invitée aujourd'hui pour discuter de cette importante question. Je suis fière de me trouver dans notre capitale nationale quelques jours seulement avant que nous ne rendions hommage à nos vétérans qui ont servi et qui continuent à servir notre pays. J'ai été émue de remonter l'allée aujourd'hui, sachant l'honneur qu'on leur réserve la semaine prochaine. Alors, je vous en remercie. Le moment était très bien choisi pour moi.
Comme je ne dispose que de 10 minutes pour vous raconter mon histoire, je serai heureuse de répondre à vos questions et de vous parler de solutions possibles lors de la ronde de questions.
Je m'appelle Leza Matheson-Wolters. Mon mari, Ilke, et moi possédons et exploitons une ferme porcine à l'Île-du-Prince-Édouard, et nous avons deux enfants. Mon mari a immigré des Pays-Bas, et il a été agriculteur toute sa vie. Il est arrivé au Canada avec sa famille à l'âge de 15 ans. Nous nous sommes mariés à 19 ans, c'est-à-dire il y a 23 ans. Nous avons travaillé extrêmement fort pendant toutes ces années, et nous sommes très fiers de ce que nous faisons.
Après nous être mariés, nous sommes allés travailler pour un éleveur de porcs. Le père de mon mari était un producteur laitier à qui on avait donné la chance de travailler dans une ferme porcine dans une région rurale de l'Île-du-Prince-Édouard, et nous avons décidé de profiter de cette chance à l'âge de 19 ans. Pendant sept ans, j'ai étudié à l'université et j'ai obtenu un baccalauréat ès arts en psychologie et en sciences politiques, et j'ai ensuite obtenu mon diplôme en travail social à Dalhousie. Lorsque j'ai terminé mes études universitaires en 1995, nous avons acheté la maison voisine de la ferme porcine où mon mari travaillait.
En 2002, nous avons acheté la ferme en question, un éleveur-multiplicateur de porcs (naissage-engraissage) de 500 têtes. L'entreprise était énorme. Nos années de travail acharné avaient porté fruit. Les jeunes de 19 ans sans le sous que nous étions avaient réussi à devenir des gens d'affaires instruits et prospères. Puis, en 2005, nous avons découvert que nos animaux avaient attrapé des maladies: le SDRP et la pneumonie. Nous avons été dévastés d'apprendre cette nouvelle. Nous n'arrivions pas à croire que la maladie était venue détruire tout ce que nous avions travaillé à bâtir. Nous avions perdu notre statut d'éleveurs-multiplicateurs, de même que le marché connexe. L'achat d'antibiotiques et d'autres médicaments, ainsi que les portées moins nombreuses et les jours supplémentaires requis pour aller sur le marché, ont également fait grimper nos coûts de production en flèche.
Nous savions que nous devions faire quelque chose pour faire diminuer nos coûts, produire une viande plus saine à la consommation, et nous tailler une place dans un marché spécialisé, car les prix n'étaient pas très avantageux à ce moment-là non plus. En 2007, nous avons établi un partenariat avec le Dr Daniel Hurnik de l'Université de l'Île-du-Prince-Édouard. C'est un vétérinaire de renom à la faculté de médecine de l'université. Ensemble, nous avons lancé un programme d'éradication de la maladie, un projet innovateur qui visait à éliminer les deux grandes maladies dont souffrait notre élevage, tout en préservant la valeur génétique de nos bêtes, qui avait fait notre renommée dans notre collectivité. Autrement dit, nous ne voulions pas vendre notre cheptel reproducteur ou nos truies, parce qu'ils nous permettaient de gagner notre vie et que nous étions très fiers de leur valeur génétique.
Il a fallu des mois et de longues heures de travail acharné pour faire les recherches nécessaires, prendre des notes et établir un horaire strict avec le Dr Hurnik. Nous étions très fiers de la collectivité agricole; elle nous a témoigné énormément d'appui. On nous a donné des granges, et nous avons déménagé nos bêtes. Nous avons été les premiers à appliquer ce modèle européen à l'Île-du-Prince-Édouard. En 2006, nous avons aussi été les premiers agriculteurs à mener à bien ce projet, et notre élevage est encore aujourd'hui en parfaite santé. Ce fut un véritable tour de force pour nous.
Nous avons une exploitation agricole extrêmement productive, et nous opérons de façon responsable sur le plan financier, social et environnemental. Nos produits sont tous de grande qualité et sécuritaires. Nous traitons notre personnel avec dignité, et nous offrons à nos employés un juste salaire pour leur travail. Nous utilisons une source d'énergie de remplacement afin de diminuer nos coûts en essence. Mon mari travaille 15 heures par jour chaque jour, et il le fait pour un salaire minime, voire nul.
Il y a deux étés, nous savions que les prix étaient très bas et que nous n'avions même pas les moyens de mettre de la nourriture sur notre table. Nous nourrissions la population grâce à des aliments de qualité et sécuritaires, mais notre propre famille ne profitait d'aucun revenu. Nous avons donc décidé d'aller à la banque et de faire réhypothéquer notre maison afin d'acheter un restaurant dans notre région. Nous nous sommes dit que nous pourrions fournir de bons produits de viande locaux dans le cadre d'une campagne d'achat de produits locaux, dans laquelle nous nous sommes engagés il y a deux étés. Nous avons donc acheté ce restaurant. Je dirige aujourd'hui 30 employés, et notre restaurant est ouvert quatre mois par année. Les affaires vont bien, et nous en sommes très fiers. Notre communauté est aussi très fière de nous, et elle nous témoigne tout son appui.
Cependant, tandis que je me tiens devant vous aujourd'hui, je suis en train de perdre tout ce que j'ai travaillé à bâtir. Nous n'obtenons pas un prix équitable pour nos produits; depuis des années, nous subissons les contrecoups de prix qui sont bien en-deçà de nos coûts de production, et nous n'y sommes pour rien. Pour nourrir nos concitoyens canadiens, nous devons faire concurrence à des pays qui n'ont pas à suivre les mêmes règles et les mêmes règlements que nous. C'est un domaine hautement réglementé. Avec les lois qui régissent le monde du travail, les normes en matière de sécurité, de santé et d'environnement, les normes sociales, les coûts énergétiques élevés, l'absence de subventions pour nous aider à nourrir notre bétail, la faiblesse des prix de vente, nous sommes désavantagés par rapport à la concurrence.
Il y a donc lieu de se demander aujourd'hui comment ma ferme pourra survivre. S'il m'en coûte 1,55 $ pour envoyer un porc sur le marché (c'est-à-dire le coût moyen de production), et qu'on m'en donne 95 cents le kilo, est-ce que je peux espérer réaliser des profits? Non, c'est impossible.
Vers quoi puis-je me tourner et à qui puis-je m'adresser à ce moment-ci? Nous devons établir des programmes fédéraux qui accordent la priorité, et j'ai bien dit la priorité, aux exploitations agricoles et qui répondent aux besoins des agriculteurs. Nous ne cherchons toutefois pas à obtenir des subventions au hasard. En ce moment, nous avons le PRPPIP, le Programme de réserve pour pertes sur prêt dans l'industrie du porc, ainsi que le PTEP, le programme de transition pour les exploitations porcines. Ni l'un ni l'autre de ces programmes ne pourra m'aider à sauver ma ferme. Le PRPPIP offre des prêts de 85 $ par tête de bétail. Mais je devrais d'abord trouver une banque qui acceptera de consolider mes prêts pour une période de 60 mois ou moins; mais ce serait à un taux d'intérêt plus élevé que celui que je paie maintenant, à supposer que j'aurai d'abord remboursé mes paiements anticipés. Mais vu la taille de notre entreprise, il faudrait d'abord que je trouve une banque qui accepterait de consolider mes prêts, puis je devrais assumer un taux d'intérêt plus élevé et rembourser mes paiements anticipés, mais après tout cela, il ne me resterait plus un sou. Ce programme ne m'est donc d'aucune utilité. Il aurait plutôt comme résultat d'empirer ma situation au lieu de l'améliorer.
Certains nous diront de présenter une nouvelle demande au Programme de paiements anticipés (PPA) si on veut profiter du PRPPIP. Eh bien, ce n'est pas une option pour moi non plus, parce que le PPA ne s'adresse pas à ceux qui éprouvent de sérieuses difficultés financières, et je devrais convaincre la banque de consentir à une entente de première priorité (la même banque qui a accepté de consolider mes prêts), et on sait que cela n'arrivera pas.
Parce que je ne peux participer à ces deux premiers programmes, il me reste le PTEP. Avec ce programme, je devrais faire assez d'argent pour vider mes étables et être en mesure de faire les paiements minimums, de rembourser mes prêts et d'assumer toutes les dépenses engendrées, puis il me faudrait repeupler mon cheptel en trois ans. En envoyant nos bêtes à l'abattoir, on viendrait anéantir tous les efforts que mon mari et moi avons déployés pour maintenir la valeur génétique de notre élevage en le protégeant de la maladie. Je comprends que ce programme vise à diminuer le nombre de porcs sur le marché d'environ 6,5 millions de têtes. Je comprends que c'est une question d'offre et de demande.
Pourtant, les provinces de l'Atlantique n'ont jamais contribué à l'offre excédentaire au Canada. Théoriquement, si c'était réellement le cas, nous avons de toute façon déjà diminué de beaucoup notre production. À l'île-du-Prince-Édouard, nous sommes passés de 203 producteurs à 30 producteurs à l'heure actuelle (plus de 200 producteurs à 30), et environ 15 p. 100 de ces producteurs représentent 90 p. 100 de la production. Notre production a diminué de 50 p. 100, alors nous ne contribuons pas à l'offre excédentaire au Canada.
Nous avons atteint les objectifs du PTEP sans même passer par celui-ci. Nous avons fait cette transition. Si on en juge par ses résultats, il serait peut-être plus approprié de parler d'un programme de fermeture des exploitations porcines. Il faut passer à une deuxième phase dans le Canada Atlantique. Si nous diminuons encore notre production dans les provinces de l'Atlantique, nous courons le risque de perdre notre usine la plus proche. En fait, l'usine de l'Île-du-Prince-Édouard est fermée et nous devons maintenant envoyer nos animaux à l'extérieur de l'île.
Cela viendra également mettre en péril le secteur agricole à l'Île-du-Prince-Édouard. L'agriculture représente environ 11,7 p. 100 du PIB de la province. Le Canada Atlantique est unique; il n'évolue pas dans les mêmes conditions que le reste du pays. Une approche universelle ne nous sera pas utile. Ces programmes ne m'aideront pas à sauver ma ferme. Je vais la perdre, et j'ai besoin d'aide.
Il est très difficile d'expliquer les implications émotionnelles de cette situation. Dans mon cas à moi, le PTEP n'est pas un programme de transition, mais bien un programme qui va me mener droit à la faillite. Tous nos animaux seront abattus, et tous les efforts que mon mari et moi avons déployés seront anéantis. Le processus d'enchères auquel nous avons pris part nous a donné l'impression de jouer à la roulette russe. Je tiens le canon sur ma tempe et je dois décider s'il faut que j'appuie ou non sur la gâchette, mais je n'ai aucune idée du nombre de balles dans le réservoir, ni combien elles valent. C'est un système d'enchères. C'est inhumain. Si j'appuie sur la gâchette, vais-je en sortir vivante? C'est de cette façon que le processus d'enchères m'a fait sentir.
Chers membres, chacun d'entre vous a gagné son pari lorsqu'il est allé de porte en porte pour obtenir l'aval de la population afin de gouverner notre pays dans le meilleur intérêt des Canadiens. Vous faites partie des quelques élus; vous avez été élus pour nous représenter, et vous avez maintenant le privilège de prendre des décisions qui auront des répercussions sur la santé et la prospérité des Canadiens. C'est en ma qualité de productrice de porcs prospère et travaillante que je vous demande votre soutien aujourd'hui. J'essaie de sauver mon gagne-pain, ma ferme, ma maison, ma communauté agricole, tout ce que j'ai travaillé à bâtir. Je suis fatiguée, fatiguée de me demander si ce sera la dernière année que mes enfants passeront dans cette maison.
Merci de m'avoir accordé de votre temps.
Canada Porc International, l'agence de développement des exportations de l'industrie porcine canadienne, a été créé en 1991, à l'initiative du Conseil canadien du porc et du Conseil des Viandes du Canada. Notre organisme s'occupe surtout de résoudre les problèmes d'accès aux marchés, de promouvoir le porc canadien à l'étranger, de fournir de l'information sur les marchés ainsi que d'oeuvrer à régler tout autre problème d'importance lié à l'exportation.
Pour les huit premiers mois de l'année 2009, les exportations totales de porc canadien se chiffraient à 690 593 tonnes, subissant une baisse de 4,7 p. 100 par rapport à la même période en 2008. Par contre, la valeur de ces mêmes exportations a atteint 1,75 milliard de dollars durant cette période, connaissant une hausse de 4 p. 100 par rapport à 2008.
Vous avez tous une copie, je crois, des exportations pour chacun des pays. Les deux marchés les plus touchés sont celui de la Chine, sur lequel les mesures liées au virus H1N1, prises dans ce pays à notre encontre, ont eu un gros impact, et celui de la Russie dont les autorités ont, pour leur part, rayé la plupart de nos usines de leur liste d'établissements admissibles à y faire de l'exportation, en raison d'une réglementation trop sévère et injustifiée. Il ne semble pas que le taux de change ait eu un impact significatif. À part pour la Chine, le virus H1N1 n'a pas eu, à ce jour, d'effet durable sur la consommation relative à nos marchés extérieurs.
Par contre, la crise économique qui est encore présente explique le recul ou la stagnation de certains de nos principaux marchés. Les exportations américaines de porc sont aussi en baisse de plus de 12 p. 100 par rapport à l'an dernier. De la combinaison des baisses d'exportations canadiennes et américaines résulte qu'il y a plus de porc à écouler en Amérique du Nord, aggravant davantage la crise actuelle. Il faut aussi savoir que la production canadienne de viande porcine est en hausse de près de 4 p. 100.
Les 17 millions de dollars qui viennent de nous être accordés pour quatre ans par le gouvernement fédéral du Canada, par l'intermédiaire du Fonds de commercialisation du porc à l’échelle internationale, arrivent à point pour nous aider à maintenir et à améliorer notre situation sur les marchés extérieurs. Les consultations que nous avons entreprises pour élaborer le plan stratégique qui s'y rattache et que nous soumettrons au ministre de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire et ministre de la Commission canadienne du blé au début de l'année 2010 nous permettent déjà d'entrevoir de bonnes opportunités sur les marchés extérieurs, à moyen et à long terme. Pour cela, il faut que nous puissions nous démarquer de nos principaux concurrents, en l'occurence les Américains, et surtout que nous puissions régler un bon nombre de problèmes d'accès qui nous désavantagent.
Nous nous attendons à ce que la visite du premier ministre Harper en Chine en décembre résulte en la levée des restrictions liées au virus H1N1, d'autant plus que les Chinois ont déjà annoncé qu'ils le feraient pour les États-Unis. De plus, nous comptons sur sa visite en Corée du Sud pour que se concrétise l'entente de libre-échange entre nos deux pays.
La Corée du Sud est un marché des plus importants, et elle dispose d'un très grand potentiel pour les produits à valeur ajoutée. L'absence d'une telle entente, alors que les Américains et les Européens viennent d'en conclure une, aura pour effet de complètement nous exclure de ce marché d'ici deux ans. Il faudra, cependant, ne pas conclure une entente à tout prix, car les offres coréennes qui sont présentement sur la table sont inacceptables en ce qui a trait au porc. Nous nous attendons donc à ce que nos négociateurs puissent obtenir de la Corée des conditions d'accès assez semblables à celles consenties à nos concurrents.
Nous souhaitons également que les deux Chambres entérinent rapidement l'entente de libre-échange avec la Colombie pour que nous puissions répondre à la demande pour nos produits, qui s'avère fort avantageuse et qui fait suite à une visite très réussie d'acheteurs colombiens au Canada.
Les négociations avec l'Union européenne nous intéressent au plus haut point. Une de nos usines vient d'obtenir l'homologation européenne, et les premières expéditions nous ont permis de constater que le potentiel de ce marché est beaucoup plus grand que ce que nous avions prévu. Un accès plus avantageux à cet énorme et lucratif marché nous permettrait d'y écouler une vaste gamme de découpes et de mieux valoriser l'ensemble de la carcasse, autant pour le bénéfice des abattoirs que pour celui des producteurs.
En conclusion, maintenir et améliorer notre accès aux marchés étrangers, surtout les plus importants, seront la clé pour la viabilité à long terme de l'industrie porcine canadienne, puisque nous devrions demeurer un exportateur majeur.
Merci.
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Merci beaucoup, Larry. Je suis heureux de pouvoir m'adresser à vous. En fait, j'ai pris le train, et il n'était pas en retard, mais mon horaire était très serré. Merci de nous avoir mis à la fin de l'ordre du jour de façon à ce que je puisse faire ma présentation.
Vous avez des diapositives PowerPoint devant vous. J'aimerais qu'on les regarde rapidement, surtout les premières pages, pour nous mettre en contexte. Ce n'est pas la première fois que je viens témoigner devant ce comité, alors vous savez déjà que notre industrie a essuyé de durs coups au cours des trois à cinq dernières années. Il y a eu par exemple le circovirus, les fluctuations du taux de change, le coût des moulées, la récession et la mention obligatoire du pays d'origine aux États-Unis, sans oublier la plus récente menace, le virus H1N1. Tout ceci a eu des répercussions absolument dévastatrices sur notre industrie.
Il suffit de jeter un coup d'oeil sur l'évolution de l'industrie porcine depuis les 20 dernières années pour se rendre compte qu'elle était un véritable modèle de réussite jusqu'à il y a environ trois ans. Au fil du temps, il y a eu un accroissement de la productivité des truies et les exportations ont connu une croissance spectaculaire, et on vient de vous le démontrer d'ailleurs; à un certain moment, le Canada était le plus grand exportateur au monde, et il occupe aujourd'hui le troisième ou le quatrième rang au chapitre des exportations. Les marchés d'exportation sont donc encore très présents au sein de notre industrie, et ils emploient probablement quelque 40 000 personnes au pays, et je parle uniquement du secteur de l'exportation.
Mais la conjoncture n'est plus du tout ce qu'elle était. L'industrie porcine n'a jamais affiché un rendement économique aussi décevant. Nous avons également dû composer avec des diminutions du marché. La consommation intérieure est à son paroxysme, mais elle a quelque peu chuté avec l'arrivée massive sur notre marché de porcs importés à bas prix des États-Unis. Cela affecte notre rendement. En fait, l'importation de porcs achetés à rabais des États-Unis compte pour 25 p. 100 de notre consommation en ce moment. Qui plus est, la mise en place du programme d'étiquetage indiquant le pays d'origine a sapé notre marché de porcs vivants aux États-Unis. C'est donc dire que les facteurs de difficulté ne cessent de s'accumuler.
Ceci étant dit, comme Edouard vous l'a mentionné, nos débouchés internationaux demeurent. Nos exportations sont restées stables, tandis que celles des États-Unis ont connu une baisse de 30 p. 100 d'année en année. Cette seule statistique illustre bien la qualité de nos produits et la réputation dont jouit notre industrie sur la scène internationale.
La prochaine diapositive montre la fluctuation des prix au cours des dernières années. La ligne bleue indique les prix actuels, qui sont extrêmement bas. Il s'agit des données de l'Ontario, mais les prix sont les mêmes à l'échelle du Canada. Comme Leza nous l'a signalé, recevoir 95 ou 100 $ pour quelque chose qui vous coûte 150 ou 160 $ à produire, ce n'est tout simplement pas suffisant.
Notre industrie est donc en pleine transition. Nous avons tenté de déterminer la position que devrait occuper notre industrie. Nous avons donc mis en place un plan quinquennal et établi des objectifs précis, que l'on devrait tâcher d'atteindre sans toutefois sabrer dans les emplois dont nous avons désespérément besoin en ce temps de récession, car ce n'est pas ce que l'on souhaite. Nous reconnaissons que les exportations de porcs vivants vont diminuer; nous prévoyons que le nombre de porcs exportés passera de dix à quatre millions environ. Nous prévoyons aussi que nos exportations vont demeurer à peu près au même niveau, c'est-à-dire approximativement un million de tonnes métriques. Pour ce qui est du déclin de la consommation intérieure, à l'heure actuelle, seulement 75 p. 100 de la consommation au Canada provient de notre propre production. Nous aimerions que ce pourcentage grimpe à quelque 88 ou 90 p. 100, ce qui signifie une hausse d'à peu près 150 000 tonnes de la consommation intérieure de porcs en provenance du Canada, plutôt que des États-Unis. On parlerait ainsi d'un abattage intérieur d'environ 21,5 millions d'animaux de plus que maintenant, et d'une production totale de quelque 25,5 millions de porcs.
Pour ce qui est du commerce international, et je tâcherai d'être bref, car vous venez d'entendre un témoignage très éloquent à ce sujet, l'exportation de la viande de porc continuera à être déterminante pour notre industrie, et le gouvernement peut certainement y contribuer de façon importante en nous donnant accès aux marchés d'exportation. Le Canada détient quelque 20 p. 100 du commerce mondial de la viande de porc, il occupe donc une place de choix dans ce marché. Il est ainsi vital de préserver l'accès aux marchés d'exportation, et nous avons certainement fait pression pour qu'un accord soit conclu dans le cadre du cycle de Doha de l'OMC, mais je crains que nous ne soyons forcés d'admettre que la situation ne semble pas très prometteuse en ce moment.
Nous sommes d'avis que notre gouvernement doit se concentrer sur les accords bilatéraux, compte tenu du fait que les négociations de l'OMC semblent piétiner. Le Chili, par exemple, un pays beaucoup plus petit que le nôtre, a conclu plus d'accords bilatéraux que tous les autres pays du monde. Pourquoi ne pouvons-nous faire de même? Il faut que nous le fassions. Le gouvernement a la responsabilité et le devoir de prendre les mesures nécessaires pour que nous ayons accès aux marchés en collaborant avec des pays comme le Chili, qui a réellement tout mis en œuvre pour se tailler une place sur les marchés internationaux, ce que nous n'avons pas fait.
Je tiens à préciser que nous sommes satisfaits des accords conclus, comme l'entente commerciale signée avec la Colombie et les négociations qui devraient mener à un accord commercial Canada-États-Unis — qui revêt une énorme importance —, et il faut aussi accélérer le processus pour conclure l'entente avec la Corée, mais il y a aussi beaucoup d'autres débouchés à explorer. Les accords comme celui conclu avec la Jordanie ne feront pas une grande différence, alors nous devons voir à établir des partenariats qui auront de la valeur pour nous.
Ceci étant dit, comme vous le savez, nous nous sommes adressés au gouvernement au printemps dernier afin de discuter de mesures de transition. En 2008, on a lancé le Programme de paiements anticipés et le Programme de réforme des porcs reproducteurs. Ces deux programmes ont été utiles, mais avec les difficultés qui continuent de s'abattre sur l'industrie, ils n'ont pas réussi à résoudre tous les problèmes. Puis, en 2009, sont arrivés le Programme de réserve pour pertes sur prêts relatifs à l'industrie du porc, le Programme de transition pour les exploitations porcines, et le Fonds de commercialisation du porc à l'échelle internationale. Ce sont des choses que nous avions réclamées, même si nos demandes étaient un peu différentes, mais ce sont les mesures que le gouvernement a décidé de prendre, en négociation avec nous. Nous croyons que chacun de ces programmes a quelque chose à offrir.
J'aimerais donc survoler rapidement les principaux éléments du Programme de transition pour les exploitations porcines.
Il ne s'agit pas d'une entente de rachat, mais d'un programme pour aider les producteurs à se retirer du secteur de la production porcine. Le programme s'appuie sur un processus d'appel de soumissions. En fait, le premier appel de soumissions a eu lieu hier, et les choses se sont très bien déroulées, et le prochain est prévu pour le 18. Nous reconnaissons que ce n'est pas une bonne solution pour tout le monde, mais ce programme peut certainement aider les producteurs qui envisagent de se retirer de l'industrie.
Pour ce qui est du Programme de réserve pour pertes sur prêts relatifs à l'industrie du porc, malheureusement, il a fallu trois mois avant de finalement obtenir l'accord des banques. Nous n'avons pas encore obtenu toutes les signatures nécessaires, mais si je ne m'abuse, certaines banques ont déjà donné leur aval. Financement agricole Canada a confirmé sa participation jeudi, certaines banques l'ont fait cette semaine, et d'autres le feront aujourd'hui et la semaine prochaine. Bien que ce soit un signe de bon augure, la rétroaction que je reçois laisse poindre certaines inquiétudes, alors nous devons suivre le dossier de près et nous assurer que les producteurs ont accès à ces fonds. Il se peut que nous fassions appel à vous encore une fois si les choses ne vont pas comme elles le devraient, car il est primordial pour nos producteurs, vu leur situation financière précaire, de pouvoir accéder à ces fonds afin de se renflouer.
En résumé, nous avons un rôle à jouer dans cette situation. L'association de l'industrie et le gouvernement doivent travailler ensemble et faire preuve d'un peu de flexibilité pour que ces programmes atteignent les objectifs visés. Nous sommes conscients que le sort des producteurs est tout d'abord entre leurs mains. Avec votre aide, nous devons élaborer un plan durable pour que notre industrie reprenne de la vigueur.
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Merci, monsieur le président.
Bon après-midi, mesdames et messieurs.
L'Association de nutrition animale du Canada, l'ANAC, est l'association commerciale nationale qui représente l'industrie de l'alimentation destinée au bétail et à la volaille. Nous comptons environ 170 membres à l'échelle du pays, notamment des producteurs et des distributeurs de céréales fourragères, des fournisseurs des ingrédients entrant dans la composition des aliments pour animaux, de même que des prestataires d'une vaste gamme de services à l'industrie. Ensemble, nos membres représentent 90 p. 100 de la production d'aliments industriels au Canada.
Je ne veux pas vous écraser sous une tonne de statistiques, mais j'aimerais vous donner quelques chiffres clés pour vous donner une idée de l'ampleur de notre industrie.
La production canadienne totale d'aliments se chiffre à tout près de 30 millions de tonnes par année. La production varie d'une année à l'autre, mais elle oscille généralement entre 25 et 30 millions de tonnes. La production commerciale, c'est-à-dire celle des membres que nous représentons, constitue environ deux-tiers de la production totale; le reste de la production, soit quelque 10 millions de tonnes, provient des installations agricoles.
Les aliments destinés aux porcs représentent une grande partie de la production totale, c'est-à-dire approximativement 40 p. 100 à l'échelle nationale. Toutefois, le ratio national ne brosse pas un tableau très précis des répercussions que pourrait avoir le repli continu du marché du porc. En Alberta et au Manitoba, les aliments pour porc représentent plus de 60 p. 100 de la production alimentaire totale, tandis qu'en Ontario et au Québec, on s'approche des 50 p. 100.
Pour ce qui est des meuneries agricoles, l'impact de la crise qui secoue l'industrie du porc pourrait s'avérer beaucoup plus désastreux. Selon la composition et la taille des troupeaux de bétail locaux, il n'est pas rare que les producteurs doivent compter sur les aliments pour porc pour constituer les deux-tiers ou plus de leur production totale — il a parfois été question de 80 p. 100 de la production totale. Évidemment, à l'opposé, les volumes relatifs de production d'aliments pour porc seront beaucoup moins élevés pour les installations agricoles, selon de la demande locale.
L'achat d'aliments pour animaux s'avère le plus important coût de production pour les éleveurs de porcs. En effet, jusqu'à 75 p. 100 des coûts associés à l'élevage d'un animal sont consacrés à son alimentation. On a beaucoup parlé des prix payés par les producteurs de bétail pour leurs stocks fourragers. Mais c'est en fait le coût des ingrédients (les coûts de production des producteurs de céréales fourragères) qui déterminent principalement le prix de vente des aliments. Le maïs, le blé, l'orge, le soya et les co-produits entrant dans le traitement de ces grains sont les principaux ingrédients utilisés pour produire les aliments pour porc, en plus d'un certain nombre de micro-ingrédients (vitamines et oligoéléments) qui ajoutent de la valeur nutritive au produit.
Si on pourrait être portés à croire que le prix des produits agricoles de base est généralement fluctuant à court terme, les moyennes annuelles enregistrées récemment par Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC) montrent pourtant une tendance généralement stable. Par exemple, le prix du maïs a grimpé d'environ 7 p. 100 entre 2007 et 2008, mais AAC prévoit qu'il connaîtra une diminution semblable entre 2009 et 2010. Le prix du soya a quant à lui connu une baisse constante, et c'est aussi le cas pour le prix du blé et de l'orge.
L'élément à retenir, par contre, c'est que peu importe la fluctuation du prix des produits de base, l'industrie de l'alimentation continue à fonctionner avec très peu de marges bénéficiaires, généralement inférieures à 15 p. 100. Bien sûr, on ne tient compte que des coûts de production ici. Ainsi, les producteurs n'ont d'autre choix que de refiler à leurs clients les hausses de coûts lorsqu'elles se présentent. Cependant, les producteurs vont aussi tirer profit de la baisse des prix des produits de base. On ne tient tout simplement pas compte de l'analyse des coûts des intrants agricoles effectuée par AAC, qui estime que le prix des aliments va diminuer d'environ 1 p. 100 par année entre 2008 et 2017.
À savoir quel sera l'impact de la crise qui secoue l'industrie du porc sur l'industrie alimentaire, il convient de signaler que l'industrie de l'alimentation animale subit actuellement un processus de rationalisation, dû à la diminution de la clientèle, à la réduction des stocks de bétail et à la surproduction d'aliments pour animaux à l'échelle du pays. Évidemment, cela ne s'applique pas qu'à l'industrie du porc, mais aussi à l'ensemble du secteur de l'élevage. Certaines provenderies non viables économiquement ont déjà fermé leurs portes, et d'autres sont sur le point de faire. Les acquisitions et les fusions, ainsi que la fermeture d'installations excédentaires ou sous-productives, sont monnaie courante dans l'industrie de l'alimentation.
Comme je l'ai indiqué plus tôt, la production d'aliments pour porc représente une grande partie des activités de notre industrie. Dans les meuneries agricoles, pour qui les aliments pour porc représentent souvent les deux-tiers ou plus de la production totale, les conséquences des réductions massives dans les troupeaux se feront cruellement sentir à court ou à moyen terme. Toutefois, notre industrie est pleinement consciente que les effets de la récession, la hausse de la valeur du dollar canadien, l'imposition de la mention obligatoire du pays d'origine pour les producteurs de porcs, et l'éclosion de la grippe H1N1 (souvent appelée à tort « grippe porcine »), ont tous contribué à créer des conditions atrocement difficiles pour l'industrie du porc.
Puisque les perspectives de l'industrie de l'alimentation animale varient en fonction de la santé de sa clientèle, les producteurs de céréales fourragères collaborent avec les éleveurs de porcs afin de leur venir en aide pendant que le marché se rétablit graduellement et que l'industrie porcine met en place son plan de transition. Une grande partie de l'aide accordée par les provenderies consiste en un financement prolongé pour les éleveurs de porcs.
Bien qu'elles soient souvent nécessaires pour que les clients puissent rester en affaire, les pratiques de crédit d'aujourd'hui exposent certains producteurs de céréales fourragères à d'importantes pertes. L'ANAC estime que selon les conditions actuelles du marché, l'industrie canadienne des aliments du commerce assume entre 550 et 730 millions de dollars en créances dues par les producteurs de porcs. Comme tous les producteurs d'aliments pour porcs n'affichent pas les mêmes volumes de production, le risque de crédit n'est pas réparti uniformément dans l'ensemble du pays; le risque de perte ou même de faillite suscite donc beaucoup d'inquiétudes au sein des provenderies qui ont des taux supérieurs de production.
On peut se demander si l'aide financière accordée aux producteurs de porcs admissibles dans le cadre du programme gouvernemental de réserve pour pertes sur prêts dans l'industrie du porc, dont on nous a parlé plus tôt, de même que du programme de transition des exploitations porcines, sera suffisante pour protéger les fabricants d'aliments pour animaux qui, dans une large mesure, partagent avec leurs clients les risques que court le secteur porcin.
Le programme de réserve pour pertes sur prêts semble viser à résoudre le genre de situation décrite ici. Dans son communiqué de presse du 15 août 2009, AAC a déclaré que les producteurs disposant de solides plans d'affaires pourront obtenir du crédit à court terme pour supporter les coûts d'opération comme ceux qui sont liés aux aliments pour animaux et aux salaires.
Au moment où le gouvernement et les institutions financières qui offrent le programme entament le processus d'évaluation des demandes, l'ANAC leur recommande de tenir compte de l'impact de leurs décisions non seulement sur l'industrie porcine, mais également sur les fabricants d'aliments pour animaux, qui seront, dans la plupart des cas, les plus importants créanciers non garantis.
Ce sont les points dont je voulais parler, monsieur le président. Je serai heureux de répondre à vos questions.
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Permettez-moi de me répéter: nous n'avons jamais eu de gouvernement aussi inactif. Je vais vous expliquer pourquoi.
Je m'inquiète également, Jurgen, du silence des dirigeants agricoles. Vous avez demandé 800 millions de dollars, ce qui aurait été bien plus que les programmes actuels, lesquels auraient pu s'ajouter à cela, mais vous semblez avoir fait marche arrière à propos de cette demande.
Quant aux deux programmes dont vous avez parlé, voici mes préoccupations. Le deuxième, qui a recours à un système d'enchères pour permettre aux producteurs d'effectuer une transition ou de se retirer de l'industrie pour trois ans, est un processus dans lequel les gens soumissionnent contre leur voisin en espérant avoir l'offre la moins élevée pour pouvoir se retirer de l'industrie. C'est une situation presque inhumaine.
J'aimerais parler plus en détail de l'autre programme, celui sur les prêts, ou vous poser quelques questions à ce sujet. Ce que je crains — et c'est pourquoi je critique le gouvernement —, c'est que le seul gagnant dans cette proposition ne soit le gouvernement, qui reçoit les paiements du PPA, alors que les producteurs s'endettent. On me dit maintenant que les banques n'accorderont pas un taux préférentiel majoré de 1 p. 100, mais un taux préférentiel auquel s'ajouteront des taux d'intérêts élevés, et elles exigeront une garantie du gouvernement. C'est inacceptable.
Dans notre rapport de décembre 2007, je pense que nous avons fait, en tant que comité, de bonnes recommandations. Nous avons demandé à ce que le calcul de la marge de référence soit modifié, que l'on abolisse le critère de viabilité afin que l'industrie puisse utiliser des marges positives, que l'on augmente la limite de contribution annuelle au programme Agri-investissement et que le gouvernement examine toutes les mesures réglementaires. C'est le régime réglementaire qui fait grimper la structure de coûts au Canada.
Le gouvernement a-t-il donné suite à ces recommandations pour ce qui est des marges de référence, des critères de viabilité ou des contributions annuelles au programme Agri-investissement? S'est-il occupé du cadre réglementaire, ce qui ferait toute une différence?
Au départ, lorsque nous avons demandé les 30 $, soit au total 800 millions de dollars, comme vous le savez très bien, nous avons sollicité l'appui du gouvernement et des membres de l'opposition, mais il est très vite apparu évident que nous n'allions obtenir aucun soutien, ni des députés de l'opposition ni de ceux du gouvernement. De plus, dans nos discussions avec les Américains, il était très clair qu'ils allaient prendre immédiatement des mesures compensatoires, ce qui en fin de compte aurait signifié que les 30 $ par animal auraient été tout simplement transférés directement des coffres du gouvernement canadien à ceux du gouvernement américain. Pour nous tous, ce n'était pas acceptable; ni pour l'opposition, ni pour le gouvernement. Nous avons également compris que de simplement transférer des fonds aux États-Unis n'était peut-être pas non plus dans notre meilleur intérêt.
Nous avons donc réexaminé la question et, vu l'urgence de la situation, nous avons élaboré un système au moyen duquel nous pourrions au moins rembourser le prêt du PPA et en obtenir un nouveau. C'est ce que nous avions demandé. Le gouvernement nous a proposé autre chose. Au départ, un montant d'un milliard de dollars devait être disponible pour les producteurs de porcs. Malheureusement — et je vais me montrer un peu critique, certainement envers les banques et peut-être aussi, dans une certaine mesure, envers notre gouvernement —, le montant a tellement diminué qu'il ne reste peut-être plus que 620 millions de dollars pour nos producteurs. Nous trouvons cela très inquiétant. Et le PPA est aussi financé à même ce montant. Alors, dans les faits, si le gouvernement n'alloue que 620 millions de dollars au total, et que les 312 millions de dollars du PPA sont des fonds qui seront remboursés, vous avez raison, c'est nettement insuffisant, et cela ne permettra pas d'atteindre le but visé. Mais les banques ont négocié à la baisse. Elles ont mis beaucoup de pression et elles ont obtenu ce qu'elles souhaitaient.
Il y a lieu de se demander, comme je l'ai indiqué dans mon exposé initial, si nous serons au moins admissibles à recevoir ces fonds. Nous avons entendu dire que les banques ne sont pas très enthousiastes à l'idée de prêter cet argent aux producteurs. FAC a été la première institution à confirmer sa participation jeudi dernier. J'ai présenté ma demande lundi, parce que je voulais voir par moi-même si cela fonctionnait. On m'a dit certaines choses. J'ai parlé à d'autres producteurs, à qui on a dit autre chose. C'est inquiétant. Nous devons nous assurer que ce programme fonctionne adéquatement. Si ce n'est pas le cas, il doit être amélioré.
En ce qui a trait au taux d'intérêt, le ministre nous a promis que le fait d'être des producteurs de porcs ne nous pénaliserait pas. Si nous sommes pénalisés, nous allons revenir pour régler cette question.
Vous avez tout à fait raison de dire que nous ne pouvons pas nous permettre d'être pénalisés de 3, 4 ou 5 p. 100 parce que nous sommes des éleveurs de porcs en difficulté.
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Merci, monsieur le président.
Vous n'avez pas à être nerveuse de comparaître devant nous, madame Matheson-Wolters. Vous n'avez pas à être gênée. Au contraire, les meilleurs témoignages reçus par les membres du Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire proviennent souvent de gens qui travaillent sur le terrain, de gens qui connaissent bien la situation réelle de la crise vécue dans leur secteur. Les personnes les mieux placées pour nous en parler et pour faire des témoignages véridiques sont des gens comme vous. J'ai beaucoup apprécié votre témoignage.
Je veux maintenant partager avec vous un autre témoignage, qui vient d'un producteur agricole du Québec. Il parle justement de la crise dans le secteur porcin. Il dit ce qui suit:
Qu'on n'aille pas croire que c'est le nouveau plan fédéral annoncé il y a quelques semaines qui va les sortir de ce mauvais pas en leur offrant de s'endetter à plus long terme ou de quitter la production avec des primes de sortie qui totalisent 75 millions de dollars pour l'ensemble du pays! Désolant comme vision d'avenir...
L'UPA n'a cessé, au fil des ans, de dénoncer le PCSRA, [le Programme canadien de stabilisation du revenu agricole] maintenant Agri-stabilité et son inefficacité à intervenir adéquatement après trois années de déprime des prix comme le démontre éloquemment la situation actuelle dans le secteur porcin.
Il termine en disant:
On n'en serait pas là si le fédéral avait écouté nos représentations. Combien de fois l'UPA a-t-elle réclamé un programme Agri-flexibilité digne de ce nom et suffisamment pourvu qui permettrait d'affecter les fonds à nos programmes de sécurité du revenu lorsque besoin est?
Ce producteur agricole est M. Christian Lacasse, président de l'Union des producteurs agricoles du Québec.
Oui, des mesures ont été annoncées par le gouvernement fédéral. Vous entendrez sans doute des gens du gouvernement dire qu'ils ont versé des millions de dollars pour aider à solutionner la crise dans le secteur porcin.
Toutefois, ce que je retiens du témoignage de M. Lacasse, c'est le fait que depuis longtemps, on demande — « on » inclut les partis de l'opposition — un véritable programme Agri-flexibilité qui inclurait le soutien au revenu. Ce qui a été annoncé par le ministre lors du dernier budget, c'est un programme qu'il appelle AgriFlex, mais qui exclut le soutien au revenu.
J'aimerais avoir vos commentaires au sujet des propos tenus par M. Lacasse et au sujet de l'utilité que pourrait avoir un véritable programme Agri-flexibilité pour vous, les producteurs.
Je vous remercie de vos bons commentaires. Il est difficile d'être ici, parce que personne ne veut laver son linge sale en public. Le problème n'est pas caché derrière une politique, il est réel, et nous en sommes témoins tous les jours. Alors merci beaucoup. Cela fait chaud au coeur.
Je ne dis pas que le gouvernement n'élabore pas de programmes ni que le Parti conservateur ne travaille pas très fort sur cette question. Je ne dis pas non plus que l'initiative AgriFlex de 5 millions de dollars est inutile. Le problème, c'est qu'au Canada atlantique, notre production n'est pas assez élevée pour que ce programme ait les effets escomptés. Il pourrait être avantageux pour les exploitations qui ont un élevage de truies plus important — j'ignore le nombre —, mais le nôtre est trop petit. Voilà le problème.
Nous avions un élevage de 500 truies et nous étions l'une des plus importantes exploitations de l'Île-du-Prince-Édouard. Nous n'en avons plus que 350. J'en ai diminué le nombre; mon entreprise produit suffisamment. Ce dont j'ai besoin, c'est que le PPA soit rétabli pour ceux qui connaissent de grandes difficultés économiques, et non pour les cas ordinaires. Si j'obtiens un prêt avec le PPA, je n'aurai pas à conclure d'entente prioritaire avec la banque, même si je participe au Programme de réserve pour pertes sur prêts dans l'industrie du porc. En ce qui concerne ce programme, 85 $ par porc, pour un petit producteur, ce n'est pas suffisant. Si j'étais un producteur plus important et qu'on m'accordait un million de dollars, je pourrais rembourser les 400 000 $ de prêts que j'ai obtenu du PPA et il me resterait 600 000 $ sur trois ans pour payer mon hypothèque, mes dépenses et que sais-je encore. Mais c'est impossible. Je devrais renoncer à tout ce que j'ai travaillé à bâtir et à la lignée génétique de mon élevage. Je crois que ce serait une grande perte pour les Canadiens et pour l'industrie porcine d'en arriver là.
En ce qui concerne le point soulevé par Jurgen, j'en ai assez que les Américains nous tapent sur la tête. Devinez quoi? Ils frappent aujourd'hui avec beaucoup plus de force. Ils sont en guerre. Ils nous intimident. Nous en avons assez d'être intimidés. Ils ne veulent jamais compenser, et j'en ai assez de me cacher derrière ce que j'ai entendu toute ma vie — que nous ne pouvons pas injecter des fonds dans le programme d'alimentation des animaux parce que nous avons peur qu'on nous impose un droit compensateur. Nous devons diminuer nos coûts.
Alors, pour diminuer les coûts de production, comme l'a dit M. Cooper, nous avons besoin de subventions pour nourrir nos animaux, ce qui aide les gens à conserver leur emploi et toutes les choses dont M. Cooper a parlé, et si nous n'en avons pas, alors nous devons recevoir de l'argent — l'argent des contribuables — pour nous subventionner afin que nous puissions faire nos frais.
C'est exaspérant, car je vois la qualité de notre viande, tous les efforts que nous faisons, notre production, et pourtant, on nous demande de couper cette production pour trois ans. Si vous perdiez votre emploi aujourd'hui, pourriez-vous rembourser votre hypothèque pendant trois ans? Pourriez-vous nourrir votre famille? Moi, je ne peux pas le faire.
Avec le programme actuel pour le Canada atlantique, et en particulier pour mon exploitation, je ne peux pas y arriver. Si je participe à ce programme, c'est terminé. Je vais perdre mon restaurant, parce que je l'ai donné en garantie personnelle. Je vais perdre la maison que je possède depuis que j'ai 23 ans. Nous avons travaillé si fort. J'ai poursuivi des études. Je vais tout perdre — tout. Ce programme, je vous le dis, ne fonctionne pas pour les éleveurs de porcs du Canada atlantique. Il ne fonctionne pas pour moi. Je ne dis pas que c'est un mauvais programme ni qu'il n'est pas bien conçu, mais il n'est tout simplement pas adéquat pour mon entreprise.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie nos invités de témoigner aujourd'hui.
Je crois comprendre que c'est à Chicago que s'établit principalement le prix du porc en Amérique du Nord et que tout le reste suit, puisque les États-Unis sont un très gros producteur. On aura beau parler de tous les marchés du monde, il n'en demeure pas moins que les États-Unis sont également un très gros exportateur; donc, le prix auquel nous allons vendre le porc à l'échelle mondiale sera probablement établi en fonction du prix fixé à Chicago.
Je connais des éleveurs de porcs de l'Indiana, d'assez gros producteurs, qui disposent de champs de maïs, d'une fabrique d'aliments et d'installations d'engraissement. Ils n'ont qu'à déclarer combien de tonnes ou d'acres de maïs ils produisent pour recevoir un chèque par la poste. Ensuite, ils vendent leur maïs à bas prix aux fabriques d'aliments, qui le donnent à leurs porcs à moindre coût. On peut voir assez rapidement où tout cela s'en va. Je crois que notre comité de l'agriculture a découvert que les États-Unis accordent une subvention d'environ 1 $ par boisseau de maïs. Selon les chiffres, je crois que le coût des aliments représente environ les trois quarts des frais d'exploitation d'une ferme porcine. Si l'on tient compte de l'incidence de la subvention de 1 $ le boisseau pour comparer le prix de la production du porc aux États-Unis et au Canada, la différence est stupéfiante, peu importe comment on fait le calcul.
Voilà ce qui me préoccupe. Nous hésitons à offrir une subvention de 30 $ par tête, alors qu'aux États-Unis, on subventionne le maïs, ce qui, techniquement, revient à subventionner le porc. Pourquoi ne pas procéder autrement et subventionner directement les aliments? Dans le Canada Atlantique, on appuyait autrefois le transport gratuit des céréales. Cette mesure a aidé les producteur pour un temps, car elle encourageait l'exploitation de fabriques d'aliments et de diverses installations.
Je ne crois donc pas qu'il nous soit impossible de subventionner les aliments afin d'aider nos producteurs.
J'aimerais que M. Cooper me donne quelques éclaircissements supplémentaires, car les chiffres dont je dispose ne donnent peut-être pas une bonne idée des répercussions.
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Certainement, monsieur Eyking. Je crois que les volumes que vous avez mentionnés, les tonnages, sont assez justes. Le chiffre de 75 p. 100 semble exact et correspond bien au pourcentage des aliments dans le coût de l'élevage d'un animal. Il varie évidemment selon la région du pays, le type d'animal et son alimentation, qu'elle soit principalement constituée de maïs, d'orge ou d'autres céréales. Mais s'il est question de l'industrie porcine, le maïs est le principal problème récurrent.
Vous avez soulevé une bonne question, qui est indissociable de celle des biocarburants et de l'éthanol, lesquels, vous le savez, font également l'objet d'importantes subventions. Ainsi, des compagnies, des producteurs, des sociétés intégrées membres de notre organisation font notamment concurrence aux usines d'éthanol subventionnées pour l'approvisionnement en maïs. Il ne fait aucun doute que notre industrie serait disposée à envisager une forme d'aide, que l'on peut appeler « subvention » si vous le voulez.
Il est toutefois intéressant de noter, comme je l'ai indiqué dans mon allocution en y ajoutant une foule de chiffres, que lorsqu'il est question des céréales, qu'il s'agisse de maïs, de blé, d'orge ou de sources de protéines comme le soya, les prix tendent à être très bas actuellement. Mais comme les producteurs doivent vendre à petit prix, la stabilité du coût des intrants importe peu s'ils ne vendent pas leurs porcs au prix du marché.
Notre industrie serait plus qu'heureuse d'examiner ces approches novatrices, monsieur Eyking. Nous travaillons en partenariat avec nos clients, des producteurs de toutes les espèces d'animaux, et si c'est le genre d'intervention qui pourrait aider l'industrie du porc, alors elle mérite qu'on s'y attarde.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Permettez-moi de commencer en soulignant que c'est une période extrêmement difficile pour l'industrie porcine, mais également pour les éleveurs de porcs, dont nous entendons les témoignages aujourd'hui. Il y a l'industrie, puis les producteurs eux-mêmes. Je peux certainement affirmer que l'un des défis que doit relever le gouvernement, peu importe celui qui est au pouvoir, c'est de tenter de trouver des solutions qui régleront le problème sans pour autant entraîner une dépendance à long terme, car personne ne souhaite une telle dépendance. Bien sûr, le gouvernement pourrait, par inadvertance, favoriser un modèle d'affaires lacunaire et ainsi empirer la situation, mais cela passera inaperçu en raison de la dépendance à long terme au financement gouvernemental.
J'aborde cette question parce que je veux répondre à un commentaire selon lequel il n'existe pas de solution universelle. Je crois que c'est effectivement vrai, mais je veux également dire que la solution que nous avons essayé de mettre en oeuvre comprend plusieurs facettes. Il y a d'abord un investissement de 76 millions de dollars pour renforcer la stabilité du secteur porcin, ainsi qu'un investissement de 50 millions de dollars pour un programme de réforme des truies. En outre, on a annoncé tout récemment un investissement de 17 millions de dollars pour élargir les marchés extérieurs. On a de plus investi 75 millions de dollars dans le programme de transition. Je crois donc qu'il s'agit d'un programme à multiples facettes visant à améliorer la situation dans les différents segments du secteur porcin.
Je crois que l'autre défi vient du fait que l'industrie sait, par exemple, qu'elle doit réduire ses activités. Le secteur n'a, en quelque sorte, ni nom ni visage. Il est largement reconnu que l'industrie porcine a connu une croissance rapide et qu'elle doit maintenant réduire la portée de ses activités en raison des défis qui se posent sur le marché. C'est bien que l'industrie en soit consciente, mais c'est à l'échelle des exploitations et des agriculteurs que les répercussions se font sentir et que les décisions s'avèrent difficiles — et vous nous avez fort bien expliqué les conséquences de la situation dans votre ferme —, même si dans les faits, l'industrie sait qu'il faut réduire le nombre de porcs.
Nous avons discuté du commerce international et des marchés étrangers, un aspect que je considère comme très important. J'aimerais aborder la question de l'accord avec la Colombie, car je crois que c'est une des pièces du casse-tête qui nous permettra d'ouvrir des marchés et qu'il vaut mieux que les éleveurs de porcs bénéficient d'un plus grand marché, que ce soit à l'échelle locale ou internationale. Particulièrement, comme vous l'avez souligné, Jurgen, c'est une bonne chose de ne pas dépendre des États-Unis. J'encouragerais donc mes collègues du NPD à nous aider à conclure l'accord de libre-échange avec la Colombie, car le processus ne progresse plus. On argumente ad vitam aeternam, ce qui n'aide en rien nos éleveurs de porcs et notre secteur agricole. L'accord est actuellement devant le Parlement, et nous aurions dû l'adopter il y a bien longtemps pour pouvoir le mettre en oeuvre.
Nous avons remporté un succès énorme. Je m'émerveille de l'énergie que déploie le , qui voyage partout à l'étranger pour ouvrir de nouveaux marchés. J'aimerais donc que cette question soit réglée, et je crois que vous aimeriez que l'accord avec la Colombie soit mis en oeuvre pour que nos agriculteurs puissent en profiter.
J'aurais, enfin, une question à poser, que ce soit à Jurgen ou à Stephen. Le gouvernement et le CPC ont collaboré étroitement afin de concevoir ce programme. Je sais que les deux parties se demandent toujours comment elles pourraient l'améliorer, mais j'aimerais savoir quelle sorte de résultat positif vous croyez que ce programme pourra avoir pour les éleveurs de porcs et le secteur porcin. À quels effets positifs vous attendez-vous?
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Je vous remercie de la question.
En ce qui concerne l'accord avec la Colombie, il est essentiel de le faire approuver rapidement avant que les Américains n'approuvent le leur, pour que nous puissions les battre à l'arrivée. Nous avons là une occasion en or, et nous devrions approuver l'accord.
Pour répondre à la question, nous avons besoin d'argent, et le Programme de réserve pour pertes sur prêts pourrait nous en fournir. Nous devons donc nous assurer que la plupart de nos producteurs peuvent accéder à ces fonds à des taux d'intérêt raisonnables plutôt qu'exorbitants. C'est absolument essentiel. Les banques doivent être relativement généreuses en évaluant la viabilité d'une exploitation. Honnêtement, actuellement, pas une seule ferme porcine du Canada peut prétendre être viable. Voilà pourquoi il est si important de résoudre la question des marges négatives du programme d'Agri-stabilité pour que nos producteurs puissent y être admissibles. Certains d'entre eux sont déjà inadmissibles en raison de la marge négative.
Ce sont là les deux aspects vraiment cruciaux du programme qu'il faut régler rapidement. Trois mois se sont déjà écoulés depuis l'annonce. Wayne a parlé du caractère inhumain de la situation. Il est inhumain que nos producteurs aient dû supporter toute la souffrance qu'ils ont endurée ces trois derniers mois.
La question du Programme de transition pour les exploitations porcines est difficile, car pour les producteurs, la décision de quitter l'industrie soulève beaucoup d'émotion. C'est extrêmement difficile. Leza a tout à fait raison à ce sujet: c'est une question d'émotion. Nous aimons nos fermes et nos animaux, et nous sommes fiers de ce que nous avons accompli en tant qu'agriculteurs. C'est une situation difficile, mais nous espérons que ce programme aidera les producteurs à ne pas perdre entièrement leurs exploitations et leurs fermes. C'est ce que nous espérons que ce programme accomplira.
Voulez-vous ajouter quelque chose?
Je remercie les témoins de comparaître aujourd'hui.
Leza, je veux également vous remercier de votre excellent exposé. La plupart des personnes présentes aujourd'hui travaillent dans le domaine de l'agriculture. Je me rappelle qu'au début des années 1980, les taux d'intérêt ont atteint 24 p. 100; je connais donc exactement certaines des situations que vous traversez. Certaines décisions sont extrêmement difficiles à prendre.
Jurgen, plus tôt au cours de la discussion, vous avez parlé des inégalités et de certaines des mesures que nous pourrions prendre pour contribuer à égaliser un peu les chances. On peut, de toute évidence, imposer des droits, et ce, dans un sens comme dans l'autre. Mais au chapitre de la disponibilité des produits, vous avez indiqué qu'aux États-Unis, on pouvait administrer des antibiotiques et d'autres produits aux porcs, qui finissent par se retrouver sur nos tablettes à côté de nos produits dans l'industrie ou les supermarchés. Pour diverses raisons, nos producteurs ont été frappés d'interdiction, n'ont pas reçu de permis ou ne pourront en obtenir parce qu'il n'y en a pas suffisamment. C'est une préoccupation qui revient encore et encore, qu'il s'agisse de l'industrie de l'élevage, de l'agriculture ou de l'horticulture. Si nous disposions de recherches en matière de réglementation et de sciences à l'appui de ces démarches, ou collaborions avec ceux qui approuvent les permis dans d'autres pays, particulièrement aux États-Unis, puisque c'est notre principal concurrent...
Avez-vous une idée des répercussions que le fait de ne pas avoir ces mesures réglementaires en place pour les producteurs canadiens a sur notre industrie?
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C'est surprenant, l'effet que peut avoir une petite expérience pour corriger la situation.
Je tente de comprendre un peu comment nous pouvons améliorer la situation, Jurgen, et j'ai d'autres questions à vous poser.
Dans ma région, au début des années 2000, les regroupements de producteurs se sont multipliés. Le dollar valait 65 ¢, et on construisait des porcheries plus rapidement qu'on ne trouvait des entrepreneurs pour les bâtir. Des gens qui n'avaient jamais vu un cochon de leur vie devenaient éleveurs de porcs. Puis, soudainement, les choses ont commencé à se gâter aux frontières. Il ne semblait pas y avoir de plan B, et on ne paraissait pas s'en préoccuper.
Alors que je discutais avec l'un de ces éleveurs, je lui ai demandé: « Que ferez-vous le jour où il y aura un problème à la frontière? » Il m'a répondu qu'il n'arriverait rien, et que nous avions des mesures de biosécurité, la génétique et autres choses du genre. Mais voilà; nous y sommes.
Il ne s'agit pas d'une critique, mais c'est une question qu'on m'a déjà posée. Je sais que l'industrie elle-même nous a confrontés, car elle est formée de personnes telles que vous et Leza — en fait, vous êtes tous des producteurs. Donc, que pourriez-vous faire pour nous aider à aller de l'avant, afin d'éviter que nous ne revivions une telle situation? Ces chiffres ont augmenté vertigineusement. En 10 ans, ils ont plus que doublé. Donc, comment ferons-nous face à la musique, dorénavant?
Maintenant, jusqu'à un certain point, nous sommes confrontés à une difficulté. Ce comité est quelque peu impuissant, je crois, car en ce moment, nous sommes engagés dans une étude à long terme. Pierre, vous avez cité certaines bonnes idées, comme l'établissement de liens commerciaux avec d'autres pays, et ce genre de mesures à long terme. Mais d'après ce que j'entends, il y a un besoin à combler à brève échéance, ou cette industrie s'effondrera complètement.
Je vais lancer à ce comité le défi de se réunir dans un très proche avenir pour formuler des recommandations à court terme, que nous pourrons présenter au ministre en disant: « Voyez, il y a un besoin flagrant ». Je mets au défi n'importe lequel d'entre nous qui siégeons ici de nier ce besoin immédiat. Nous pouvons bien exprimer toute la compassion que nous voulons à notre invitée, mais à moins de nous attaquer au problème sur-le-champ, toutes ces déclarations, en toute franchise, resteront vaines.
Jurgen, voici ma question. Quelles autres mesures à court terme pourrait-on prendre, selon vous, mis à part la correction des anomalies du PPA et du PRPPIP et de tous les autres programmes existants qui présentent des anomalies, et exception faite, peut-être, de cette autre proposition concernant la mise en vigueur de l'étiquetage bilingue pour tout produit qui entre dans notre pays? Voyez-vous d'autres solutions que nous devrions présenter au ministre?