C'est la quatrième réunion conjointe que nous tenons sur la question. Nous avons commencé par les commerçants; puis nous sommes passés aux compagnies de cartes de crédit; nous avons entendu mardi les traiteurs de paiements; et nous abordons à présent les émetteurs de cartes de crédit, quatrième pilier du modèle de cartes de crédit à quatre volets.
Comparaissent devant nous aujourd'hui toute une série de témoins. Je ne dirai que les noms des organisations, à titre d'information. Nous avons, tout d'abord, la Centrale des caisses de crédit du Canada; ensuite, l'Association des banquiers canadiens; puis, les banques individuelles, dont la Banque Canadienne Impériale de Commerce, BMO Groupe financier, TD Canada Trust, Banque Scotia, et enfin RBC Banque Royale.
À ce que je comprends, nous aurons une brève déclaration liminaire de la part de la Centrale des caisses de crédit du Canada, avant d'entendre l'Association des banquiers canadiens qui prendra la parole au nom de la majorité des banques, je crois. RBC Banque Royale fera un court exposé qui complétera la déclaration de l'Association des banquiers canadiens.
Nous allons donc commencer par la Centrale des caisses de crédit du Canada, qui devrait nous faire une déclaration de cinq à dix minutes, puis nous passerons à l'Association des banquiers canadiens.
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Monsieur le président, mesdames et messieurs membres des comités, merci de nous avoir donné l'occasion de prendre la parole devant vous aujourd'hui. Je m'appelle Brigitte Goulard, je suis la vice-présidente chargée de la Politique pour la Centrale des caisses de crédit du Canada. Je souhaite vous présenter mon collègue, M. Douglas Whalen, directeur, Politique des paiements.
Avant de prendre la parole sur la question, je souhaite dire quelques mots sur le rôle de la centrale et, plus généralement, sur le système des coopératives de crédit au Canada.
La centrale est une institution financière réglementée par le gouvernement fédéral qui agit à titre d'association commerciale nationale et de mécanisme de financement pour ses propriétaires, les centrales de caisses de crédit provinciales et, par leur intermédiaire, pour environ 440 coopératives de crédit affiliées d'un bout à l'autre du Canada. Avec plus de 1 700 succursales servant plus de cinq millions de membres, plus de 24 000 employés et des actifs de l'ordre de 114 milliards de dollars, les coopératives de crédit constituent un élément important de l'économie canadienne.
Bien que le repli économique mondial que nous avons connu au cours de la deuxième moitié de 2008 continue de présenter des défis pour les coopératives de crédit et pour leurs membres, nous avons le plaisir d'annoncer que sur le plan du rendement, 2008 comptera parmi les meilleures années pour le système canadien de coopératives de crédit. Notre situation financière demeure solide, et nous avons conservé notre part de marché, au diapason de la croissance de la population canadienne.
Les coopératives de crédit canadiennes sont très variées, sur les plans de la forme et de la taille, et il en existe dans presque toutes les collectivités. En fait, dans plus de 300 collectivités canadiennes, la seule institution financière disponible est une coopérative de crédit. Les coopératives de crédit sont le premier choix d'un pourcentage important de la population. En fait, un Canadien sur trois est membre d'une coopérative de crédit ou d'une caisse populaire. Nous estimons que ces chiffres reflètent les fortes valeurs de coopération du système et son engagement envers le développement économique des collectivités.
Les dons de bienfaisance, la participation des employés à de bonnes causes et les bourses d'étude octroyées par le système font tous partie des contributions des coopératives de crédit du Canada, jour après jour. En fait, en 2007, la participation dans la collectivité des coopératives de crédit a atteint les 35,8 millions de dollars.
Passons maintenant à la question qui nous amène devant vous aujourd'hui: les frais d'interchange des cartes de crédit et le système de paiement par cartes de débit au Canada.
Je vais maintenant demander à Douglas Whalen de prendre la parole concernant cette question.
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Les coopératives de crédit du Canada fournissent à leurs membres l'accès à une vaste gamme de services de cartes pour les consommateurs, y compris les cartes de débit et les cartes de crédit.
Les coopératives de crédit offrent l'un des plus importants réseaux de guichets automatiques au Canada, mais elles ne sont pas des fournisseurs importants de services aux commerçants qui cherchent à obtenir des transactions par carte de débit ou de crédit.
Certaines coopératives de crédit proposent des produits Visa, d'autres, des produits MasterCard. Environ 600 000 membres des coopératives de crédit se sont procurés une carte de crédit par l'intermédiaire de leur coopérative de crédit.
Les coopératives de crédit ont recours à différents modèles de gestion pour proposer des services de cartes de crédit à leurs membres, et chaque coopérative de crédit prend ses propres décisions concernant les produits et les services de crédit qu'elle offre, la façon dont elle les offre et les fournisseurs qu'elle utilise, selon ce qui correspond le mieux à sa situation commerciale et aux besoins de ses membres.
Par exemple, une coopérative de crédit émet des cartes de crédit directement à ses membres et garde le contrôle sur la relation de service avec ceux-ci, sur les modalités relatives à la carte, sur la conception de la carte, sur le marketing, sur la tarification, les frais et les taux d'intérêt, ainsi que sur la propriété du solde de la carte. Seul le traitement administratif est imparti à un tiers.
Cependant, la plupart des coopératives de crédit ont entièrement imparti leurs services de cartes de crédit à une institution financière tierce. Dans cette situation, c'est cette institution tierce qui émet la carte, qui gère la relation avec le client, qui établit les modalités relatives aux services, qui contrôle la conception de la carte, le marketing, la tarification, les frais et les taux d'intérêt, et qui est propriétaire du solde de la carte.
En ce qui concerne les services relatifs aux cartes de débit, les coopératives de crédit canadiennes ont émis environ 3,5 millions de cartes de débit exclusives et sont membres de plusieurs réseaux de guichets automatiques et de paiement par carte de débit. Les coopératives de crédit affiliées à la centrale ont accès à Acculink, le réseau national exclusif au système de coopératives de crédit comptant plus de 1 700 guichets automatiques sans frais supplémentaires d'un bout à l'autre du Canada.
Les coopératives de crédit de la Colombie-Britannique et des provinces de l'Atlantique, ainsi que de nombreuses coopératives de crédit de l'Ontario, sont également membres de The Exchange, un réseau national qui englobe des coopératives de crédit et d'autres institutions financières et qui procure un accès sans frais supplémentaires à plus de 2 000 guichets automatiques dans tout le Canada.
Les coopératives de crédit ont accès au réseau Interac et aux services de cette association grâce aux adhésions collectives fournies par la centrale ou Central 1, ou par l'entremise d'une adhésion directe à Interac. Les coopératives de crédit ont également accès à des réseaux internationaux de guichets automatiques et de services de débit par l'intermédiaire de MasterCard Cirrus, Maestro et Visa Plus.
Il est important de noter que chaque coopérative de crédit détermine individuellement les services de débit qu'elle proposera à ses membres et leurs tarifs, elle met en place les modèles de prestation de services et les relations appropriées avec les fournisseurs qui correspondent le mieux aux besoins de la coopérative de crédit et de ses membres. Cette individualité constitue à la fois un reflet et un rappel du fait que les coopératives de crédit sont des organismes locaux qui fournissent des services répondant aux besoins uniques et diversifiés des collectivités qu'elles desservent.
Pour continuer à répondre à ces besoins, les coopératives de crédit canadiennes doivent avoir accès à la plus vaste gamme possible de produits, de fournisseurs et de modèles de prestation de services de cartes de débit et de crédit. Ce genre de flexibilité correspond à un marché ouvert qui permet un choix concurrentiel, tant pour les coopératives de crédit que pour leurs membres. Cela comprend également un soutien qui assure la préservation d'un mécanisme de prestation de services de paiement solide et axé sur une portée nationale, tel que celui qui est fourni par Interac.
Il faudrait notamment permettre à Interac de restructurer son modèle de gouvernance de telle sorte que ce réseau puisse avoir accès aux outils de production de capitaux et de revenu qu'il faut à l'appui de la conception et de la mise en oeuvre de nouveaux produits et services, et il faudrait un examen du cadre réglementaire et du cadre de conformité pour garantir des règles du jeu équitables pour tous les services de paiement.
Parce qu'elles sont locales, les coopératives de crédit répondent aux besoins uniques des collectivités qu'elles desservent. À l'échelle nationale, le succès extraordinaire d'Interac démontre que ce réseau est également bien placé pour répondre aux besoins uniques des Canadiens.
Le marché des services de cartes est transformé par l'apparition des puces et autres technologies nouvelles, et la capacité d'Interac pour ce qui est de concevoir et de fournir de nouveaux services axés sur les besoins des Canadiens et sur les caractéristiques du marché canadien revêtira une valeur stratégique essentielle aux coopératives de crédit pour ce qui est de demeurer concurrentielles et de continuer de répondre aux besoins de leurs membres.
Merci encore de nous avoir donné l'occasion de prendre la parole aujourd'hui. Mme Goulard et moi nous ferons un plaisir de répondre à vos questions.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
[Français]
Je suis heureuse d'être ici.
Je suis accompagnée de mon collègue M. Terry Campbell, vice-président aux politiques de l'Association des banquiers canadiens.
[Traduction]
Je suis également ravi de voir des représentants de cinq banques, qui ont pu se libérer pour venir malgré un si court préavis, et ils se feront évidemment un plaisir de répondre à vos questions.
[Français]
Nous avons préparé un mémoire à votre intention — j'espère que vous l'avez devant vous. Il contient de l'information sur les questions que nous discuterons cet après-midi.
Nous avons rencontré de nombreux députés, dont bon nombre sont présents autour de cette table. De plus, nous avons comparu devant le Comité sénatorial des banques pour discuter des mêmes enjeux qui sont traités dans votre étude. J'ai aussi parlé avec les présidents du Conseil canadien du commerce de détail et de la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante. Nous avons entendu l'éventail des préoccupations qui ont été formulées.
[Traduction]
Bien qu'il nous fasse plaisir de partager avec vous nos réflexions et nos suggestions sur ces sujets du point de vue des institutions qui émettent des cartes de crédit, il y a tout un ensemble d'aspects — par exemple, la fixation des frais d'interchange et les modalités des contrats entre les marchands et les acquéreurs — que le secteur bancaire ne contrôle pas. Nous ne serons donc pas en mesure de faire des commentaires détaillés à leur sujet. Il est également important de garder à l'esprit que, dans un marché concurrentiel où chaque institution tente constamment d'attirer de nouveaux clients, l'information relative aux opérations et aux stratégies d'entreprise des banques est hautement confidentielle. Ce sont des renseignements que les banques ne transmettent pas à d'autres banques et à l'ABC, de manière à s'assurer de respecter la Loi sur la concurrence.
Ceci dit, nous sommes très heureux d'avoir l'occasion aujourd'hui de répondre le mieux possible à vos questions. Je vais maintenant vous présenter notre mémoire. Comme vous pouvez le voir, nous avons commencé par souligner les nombreux avantages des cartes de crédit pour les consommateurs et les détaillants, dont un marché fait de choix et de concurrence. Je crois qu'il est malheureux que nombre de ces avantages aient été oubliés lors des discussions récentes. Il faut également se rappeler quelques statistiques essentielles sur les cartes de crédit, comme le fait que 70 p. 100 des Canadiens remboursent la totalité de leur solde chaque mois, le fait que la dette sur les cartes de crédit ne représente que 3 p. 100 de la dette totale des ménages, et le fait qu'il existe plus de 60 cartes à faible taux sur le marché présentement.
Monsieur le président, parce que nous avons peu de temps, je vais parler très brièvement des quatre aspects qui intéressent votre comité.
D'abord à la page 4 de notre mémoire, j'aimerais clarifier certains points concernant les frais d'interchange. Comme votre comité le sait très bien, les taux d'interchange sont établis par les sociétés de cartes de crédit, et non par les émetteurs ou les acquéreurs. De plus, bien que Visa et MasterCard ne perçoivent pas directement les frais d'interchange, ces sociétés reçoivent des frais de transaction provenant des acquéreurs et des frais de transaction provenant des émetteurs de cartes, comme les banques et les coopératives de crédit. Ce qu'il est important de retenir, c'est que lors d'une transaction par carte de crédit, tous les participants en bénéficient et donc, tous se partagent les coûts.
La divulgation aux marchands des frais d'interchange par les sociétés de cartes de crédit et les acquéreurs est un enjeu clé qui a été soulevé dans le cadre des audiences du comité. Il nous faut admettre que c'est une situation très complexe. Nous avons noté que, lors de leur présentation devant vous, Visa et MasterCard ont entendu ces préoccupations, et nous croyons comprendre que ces sociétés collaborent de façon plus étroite avec les détaillants pour les résoudre. Les acquéreurs qui ont témoigné devant vous mardi ont adopté un point de vue semblable.
Même si les banques n'établissent pas ces frais, nos membres sont d'accord pour dire qu'elles peuvent en faire plus pour aider les consommateurs à mieux comprendre ce processus. Les banques, en tant qu'émettrices de cartes, sont à examiner comment mieux expliquer à leurs clients les coûts qu'assument les marchands en raison des frais d'interchange, lorsqu'une carte de crédit est utilisée. Bien sûr, les suggestions de votre comité à ce sujet seront les bienvenues.
Je parlerai maintenant des cartes à primes, que nous appelons cartes premières, à la page 5 de notre mémoire. Nous savons que votre comité a beaucoup discuté des cartes à primes, surtout en ce qui concerne l'introduction et l'émission de certaines de ces cartes. Nous convenons qu'il y a eu confusion chez certaines des personnes qui ont reçu ces cartes et que nous aurions pu mieux communiquer avec nos clients pour leur expliquer la raison de l'offre de ces cartes. Nous savons maintenant qu'il faudra faire plus attention pour veiller à ce que nos clients soient mieux informés dans de telles circonstances.
Vous avez également discuté des cartes de crédit à primes qui sont envoyées à des clients sans leur consentement. Je crois qu'il y a eu des discussions à ce sujet, mais les banques ont entendu ces préoccupations et sont en train d'examiner leurs pratiques à cet égard. De même, on s'inquiétait de ce que de vraies cartes à primes — celles qui exigent des frais d'interchange plus élevés — aient été envoyées à des gens qui n'auraient pas dû les recevoir. Les banques pourraient mieux renseigner leurs clients sur les critères et les exigences liés à ces vraies cartes à primes.
J'aimerais maintenant parler d'un troisième sujet, à la page 6 de notre mémoire en anglais, et à la page 7 en français, la nouvelle réglementation déposée récemment par le gouvernement. Bien que toutes les conséquences de ce règlement restent à déterminer, il nécessitera des changements importants aux produits, aux systèmes et aux processus. Ces changements seront très coûteux à mettre en oeuvre. Nous poursuivons notre examen des effets possibles. Les estimations s'élèvent jusqu'à des centaines de millions de dollars, surtout pour l'achat de matériel. Nous serions ravis de répondre à vos questions aujourd'hui à propos de ce règlement, et bien sûr nous offrirons notre rétroaction au gouvernement lorsqu'il y aura des consultations publiques.
Pour terminer, je voudrais parler des cartes de débit. Ce sujet débute à la page 6 de notre mémoire en anglais, et à la page 8 en français. Bien que le système actuel des cartes de débit au Canada serve bien les Canadiens, il doit croître et évoluer pour répondre aux besoins d'une économie mondiale plus intégrée. Les Canadiens sont parmi les plus grands utilisateurs de cartes de débit dans le monde et le mérite en revient à Interac. Cependant, Interac est une association qui fonctionne sur la base stricte du recouvrement des coûts, ce qui limite sa capacité de réunir des capitaux pour l'innovation. Pour que la concurrence soit un moteur efficace d'innovation, tous les compétiteurs doivent avoir la complète liberté de concurrence dans un marché ouvert, y compris Interac.
Nous savons qu'il y a d'autres acteurs dans ce marché. Ils ont témoigné devant vous. Visa et MasterCard ont récemment proposé des produits de cartes de débit au Canada. Ce que je veux souligner, c'est que le choix et la concurrence sur le marché des cartes de débit est une réalité internationale et que les Canadiens ne doivent pas être laissés pour compte.
J'aimerais terminer en disant que le système de cartes de paiement au Canada fonctionne bien pour les consommateurs et les entreprises. Cependant, il y a toujours place à l'amélioration. J'ai donné quelques exemples où les banques peuvent améliorer la clarté et la transparence pour les consommateurs. Je soulignerai cependant que c'est un système extrêmement complexe. Il est très important d'examiner attentivement toutes les conséquences possibles sur les divers aspects du système avant de mettre de nouvelles mesures en place.
Merci beaucoup. Je serais ravie de répondre à vos questions.
:
Merci. Nous vous sommes reconnaissants de nous donner l'occasion de comparaître devant votre comité aujourd'hui.
Je m'appelle Cathy Honor, et je m'occupe des solutions cartes et paiements de RBC dans plus de 20 pays.
En tant qu'émetteur, RBC offre partout dans le monde des produits de débit et de crédit, et des produits Visa, MasterCard et Amex partout dans le monde. Nous jouons aussi le rôle d'acquéreur dans de nombreux pays, mais au Canada et aux États-Unis, ces opérations ont été transférées à une coentreprise autonome, Moneris, qui a comparu en son nom devant vous. Jusqu'au début de cette année, je siégeais également au conseil d'administration d'Interac.
Parmi les émetteurs de cartes de crédit, RBC arrive au deuxième rang au Canada, et au neuvième rang en Amérique du Nord. D'après notre expérience internationale, le marché des cartes de crédit canadien fonctionne bien pour les consommateurs et les détaillants, qui profitent du choix, de la concurrence et de l'aspect pratique d'un système de paiement en santé.
Les marchands ont profité de taux d'interchange qui sont pratiquement restés les mêmes au cours de la dernière décennie, malgré la hausse des coûts liés à la fraude et au paiement. Je reconnais cependant qu'il y a eu beaucoup de changement au cours de la dernière année, pour que le Canada soit au diapason d'autres parties du monde. Malgré ces changements, le Canada continue de profiter de taux d'interchange beaucoup plus bas que d'autres pays industrialisés semblables.
Les Canadiens sont satisfaits de leurs cartes de crédit, que ce soit les consommateurs ou les entreprises qui utilisent beaucoup les cartes de crédit pour faire la gestion de leurs paiements et de leur trésorerie. En février 2008, Forrester Research a publié un rapport sur l'expérience du consommateur canadien, évaluant l'expérience générale des consommateurs dans divers secteurs. Les émetteurs canadiens de cartes de crédit font partie de ceux qui ont reçu les meilleurs résultats.
Pour conclure, nous sommes chanceux de participer à l'un des marchés de paiement électronique les plus vastes au monde et ayant connu le plus de succès. Cependant, nous reconnaissons qu'il y a place à l'amélioration, et nous allons continuer de collaborer avec nos clients, l'industrie et le gouvernement pour faire en sorte que le système de paiement canadien demeure l'un des meilleurs dans le monde.
Merci.
:
On reprend à zéro, monsieur le président?
Le coprésident (M. James Rajotte): Oui, absolument, monsieur Laforest.
M. Jean-Yves Laforest: C'est parfait, merci.
Madame Hugues, vous avez dit, comme pour nous mettre en garde, que vous n'étiez pas responsables de tout, que vous n'aviez pas le contrôle des contrats entre les acquéreurs et les détaillants, les marchands, ni celui du taux d'interchange, etc.
D'une certaine façon, je trouve qu'en disant cela, vous mettez un peu le doigt sur ce qui nous préoccupe beaucoup, nous les membres du comité. Je l'ai appris au fil des rencontres que nous avons eues au cours des dernières semaines.
Effectivement, il n'y a pas d'interaction, ou très peu. Il y en a si on considère les transactions d'argent entre les émetteurs et les acquéreurs, entre Visa et les détaillants, etc. Cependant, il n'y a pas d'interaction, ou de contrôle de l'un sur l'autre. D'un côté, il y a les acquéreurs, les émetteurs; de l'autre, il y a les détaillants qui fournissent les consommateurs qui utilisent la carte de crédit.
Il n'y a pas de vision d'ensemble. Il y en a une, mais elle est complexe, tellement que les consommateurs ne se retrouvent pas vraiment dans tout ce système. Je suis convaincu que plusieurs ont l'impression d'être dépendants du système de cartes de crédit.
Je vous donne un exemple. Quelqu'un qui veut voyager au Canada doit absolument réserver avec une carte de crédit. Il y a des situations où même l'argent comptant a moins de valeur qu'une carte de crédit. C'est un système dans lequel on est tous pris, qu'on l'utilise ou non, ce qui cause beaucoup de mécontentement. Les comités se sont penchés sur ces questions dans le but de comprendre un peu plus ce qui se passe et, à tout le moins, de faire de la lumière là-dessus.
Quelqu'un a parlé de la libre concurrence et du libre marché. On comprend que les banques soient là pour faire des sous, et les autres aussi. Toutefois, quand le Comité permanent de l'industrie, des sciences et de la technologie et le Comité permanent des finances auront terminé leurs travaux, il se peut qu'on se rende compte qu'il y a des injustices, soit du côté des consommateurs ou du côté des détaillants — parce que je pense qu'il y en a, mais de toutes façons, je ne partirai pas avec cette hypothèse. Je vous dirai que jusqu'à maintenant, il est difficile de comprendre pourquoi les détaillants sont obligés d'accepter toutes les cartes de crédit et pourquoi les banques offrent des cartes à primes. Tout le monde embarque dans le système sans parfois trop savoir pourquoi.
Si les membres du comité se rendent compte qu'il y a des injustices, ne pensez-vous pas que le gouvernement devrait réglementer le système?
:
Merci, monsieur le président, et merci à vous, mesdames et messieurs, d'avoir accepté de comparaître aujourd'hui et de participer à une discussion fascinante.
J'ai une question sur laquelle j'aimerais avoir les commentaires de chaque organisme.
Je sais, madame Hughes Anthony, que vous représentez l'Association des banquiers canadiens, si bien que je vais faire allusion à une conversation que nous avons eue il y un certain temps quand je vous ai fait part de ce que nous disaient bon nombre de nos électeurs, qui sont aussi vos clients ou, plutôt, les clients des coopératives de crédit et des banques. Ils se préoccupaient des frais de cartes de crédit, ainsi que des problèmes se profilant à l'horizon pour les cartes de débit.
Je suis convaincu que vous faites bien votre travail et que vous rapportez à vos membres ce que vous entendez. J'avais donc suggéré qu'il serait sûrement utile que tous les intervenants en la matière, des émetteurs aux banques — tous ceux qu'une transaction par carte de crédit intéresse — se réunissent autour d'une table pour régler les problèmes. Je l'ai dit parce que nous entendions assez de plaintes de la part de nos électeurs pour être amenés à envisager une intervention. Je vous avais dit, à l'époque, que si on finissait par devoir réglementer le secteur, si tous les intervenants en la matière ne se réunissaient pas pour remédier au problème, vous risquiez de ne pas être heureux des règlements que nous mettrions en place.
Nous essayons encore d'éviter d'en arriver là. Nous avons établi des règlements que nous estimons raisonnables. L'Australie, d'après ce qu'on entend dire, semble préparée à cesser de réglementer directement les frais d'interchange, si le secteur montre qu'il peut prendre des mesures pour augmenter la concurrence.
Comment le message est-il passé, quand vous l'avez transmis à vos membres?
J'aimerais entendre ce que chacun d'entre vous a à dire sur la question. Pourquoi ne pouvons-nous pas régler cette question de concurrence à la satisfaction de tout le monde, pour qu'elle soit équitable pour le détaillant, pour le client et pour les fournisseurs qui interviennent tout au long du processus?
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Si vous me permettez d'intervenir en premier, monsieur le président — j'espère que M. McTeague ne quitte pas la pièce —, je pense que c'est une suggestion empreinte de logique. Mais elle va à l'encontre de ce que stipule la Loi sur la concurrence — je la mentionne parce que je sais que M. McTeague est un expert en la matière — qui interdit aux intervenants d'un secteur donné, quel que soit le secteur, y compris l'industrie bancaire, de se réunir et de s'entendre sur l'établissement des prix ou sur la qualité ou la quantité des produits et la répartition des parts de marché ou de la clientèle.
Manifestement, parce que toutes les banques membres de l'ABC prennent ces exigences vraiment au sérieux, nous serions bien en peine de nous réunir autour d'une table pour parler de la façon de remédier au problème du marché. Si nous le faisions, le commissaire à la concurrence nous demanderait des comptes.
Je suppose qu'il peut être possible pour le gouvernement de nous réunir, monsieur Menzies, avec une exemption ministérielle quant à la Loi sur la concurrence. Ce serait possible. Pour le moment, ce que nous constaterions, vous et moi — et qui serait frustrant, nul doute, pour tous autant que vous êtes autour de la table, parce que vous entendriez d'abord ce que les banques ont à dire, puis ce que les particuliers veulent —, c'est qu'il est très difficile pour nous, et foncièrement contraire à la Loi sur la concurrence, de nous réunir dans une grande salle et de concocter une solution.
Si le comité a des suggestions sur une meilleure façon de résoudre certains des problèmes, une façon conforme à la loi, nous ne demanderions pas mieux que de les entendre.
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D'abord, monsieur Menzies, j'aimerais vous rappeler que nous en sommes toujours à l'étape de nous familiariser avec ces règlements. Une période est prévue pour les commentaires du public, et toutes les parties commenteront avant le 13 juin.
De toute évidence, je crois qu'il y a d'importantes améliorations pour les consommateurs dans le cadre de cette réglementation. Contrairement à d'autres pays du monde, le Canada est doté d'une réglementation assez robuste en matière de divulgation et de coût d'emprunt, et la nouvelle réglementation mise là-dessus et améliore certainement le système davantage.
La normalisation, si je peux l'appeler ainsi, des périodes de grâce fera probablement en sorte qu'il sera beaucoup plus facile pour les consommateurs de comprendre leurs relevés. Le défi et le fardeau pour l'industrie, selon moi, seront de donner des explications et d'apporter les changements, ce qui très certainement sera coûteux pour l'industrie. Nous sommes en train d'évaluer les coûts avec exactitude.
Une bonne idée a été lancée, soit celle d'inclure un calculateur personnalisé au relevé de chacun des consommateurs. Il y a 68 millions de détenteurs de cartes. Je vous dirais simplement que la mise en oeuvre est en partie très difficile.
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Merci, monsieur le président. Je remercie tous les témoins de leur présence aujourd'hui. C'est très intéressant d'avoir une vue d'ensemble et de tenir cette conversation avec vous.
Je vais commencer par des questions précises concernant les consommateurs et les cartes de crédit. Évidemment, les marchands paient des frais, et ces frais de même que les frais d'échange reviennent au bout du compte au consommateur.
Je croyais que le nombre de cartes était de 50 millions, mais vous dites qu'il est plutôt de 68 millions. Vous dites qu'environ 70 p. 100 des gens paient leur carte à temps et n'ont jamais vraiment à s'inquiéter des taux d'intérêt.
Vous êtes les banquiers, et je suis certain que vous pouvez calculer mentalement beaucoup plus rapidement que moi, mais 30 p. 100 de 68 millions, c'est quand même un nombre considérable de gens au pays qui sont touchés par le ralentissement économique.
Nous comprenons que vous avez des risques sans garantie, que vous devez faire vos frais et que vous devez quand même faire des profits. Je comprends.
Lorsque j'ai commencé à poser des questions en Chambre il y a six mois, nous avons commencé à être inondés d'appels de gens qui nous montraient des exemples sur leurs factures et qui disaient: « J'ai toujours fait mes paiements. Malheureusement, actuellement, je dois faire attention à mes sous, alors je fais le paiement minimum cette fois. Mais j'ai fait le paiement minimum avec deux jours de retard, et en raison de ce retard, mon taux d'intérêt est passé de 18 à 24 p. 100. »
J'ai des exemples comme celui-ci: un jeune de 17 ans qui a une carte de crédit et dont les parents sont forcés de payer. En réponse à un envoi non sollicité, le jeune a envoyé la demande et a obtenu la carte de crédit.
Nos préoccupations découlent des taux d'intérêt exigés. Vous dites qu'il existe actuellement 60 cartes à faible taux d'intérêt. Eh bien, s'il y a 60 cartes à faible taux d'intérêt, pourquoi vous, les émetteurs de carte, ne donnez-vous pas automatiquement les cartes à faible taux au début, et ensuite, si les gens le désirent, ils peuvent passer à une carte à primes avec un taux d'intérêt plus élevé s'ils démontrent qu'ils ont de bons antécédents?
Je sais que je parle beaucoup et que j'ai posé quelques questions. Alors je vous laisse là-dessus et je poursuivrai à partir de là. Est-ce que quelqu'un aimerait répondre?
:
Je vais commencer par les faibles taux d'intérêt. Je crois que vous soulevez un très bon argument. Les consommateurs ne devraient-ils pas commencer par une carte à faible taux d'intérêt?
L'une des choses que nous avons faites pendant de nombreuses années, et c'est quelque chose dont nous sommes fiers, c'est que nous laissons les consommateurs choisir, dans notre cas, les récompenses d'abord, puis déterminer s'ils veulent le taux d'intérêt standard — autrement dit, ils n'auront probablement pas un solde de façon régulière — ou un taux d'intérêt faible, pour lequel ils doivent payer des frais, sans devoir renoncer aux récompenses pour obtenir ce taux d'intérêt.
Nous savons que les consommateurs adorent avoir des récompenses, mais qu'ils veulent aussi avoir un taux concurrentiel. Alors nous disons immédiatement à nos consommateurs, dès l'étape de la demande sur notre site Web, qu'ils peuvent avoir un taux de 11,9 p. 100 sur leur carte. Sur Internet et dans les succursales, nous leur donnons même un calculateur qui démontre par exemple, qu'avec un solde reporté de tel montant chaque mois, il est préférable d'avoir le taux d'intérêt faible plutôt que le taux d'intérêt élevé, et de payer des frais de 35 $.
Le marché réagit, et je crois que parfois nous regardons seulement ce qui fait l'objet de publicité, mais il y a des programmes qui existent pour aider les consommateurs à réduire leur coût d'emprunt.
:
J'aimerais répondre à cette question.
Un peu comme M. Kitchen l'a dit, nous offrons des cartes à faible taux également, des taux qui peuvent même être de moins de 10 p. 100. Il est important pour les consommateurs d'avoir un choix. Les émetteurs offrent des cartes avec des taux pouvant aller de moins de 10 p. 100 à 19,5 p. 100. Nous avons des cartes à faible taux sur le marché depuis une douzaine d'années, et la plupart de nos nouveaux clients choisissent des cartes à faible taux.
Nous tentons toujours de répondre aux besoins de nos clients. Vous avez parlé des consommateurs qui vivent peut-être un peu au jour le jour, et nous leur conseillons d'opter pour des cartes à faible taux, c'est-à-dire notre carte à 11,5 p. 100. Nous cherchons activement à aider nos consommateurs. Nous leur offrons de faire des paiements préautorisés pour veiller à ce qu'ils puissent payer leurs factures à partir de leur compte à chaque mois et ainsi avoir un bon dossier au bureau de crédit, et nous aidons les consommateurs et les défendons à cet égard.
Dans le cas de la CIBC également, que vous ayez une carte à taux d'intérêt faible ou élevé, nous offrons des caractéristiques de crédit intelligent, par lesquelles vous pouvez fixer votre budget, et nous vous envoyons des alertes. Ainsi, vous pouvez être votre propre gestionnaire de budget et gérer votre argent de façon intelligente. Si vous dites: « je ne veux pas dépenser plus que X par mois », nous allons vous envoyer une alerte lorsque vous atteignez ce montant. Mais les consommateurs ont un choix et ils doivent être responsables par rapport à leurs choix.
:
Je vais devoir m'exprimer en anglais.
[Traduction]
Le taux de la Banque du Canada est un taux à un jour qui ne s'applique qu'aux règlements au jour le jour. C'est tout ce que c'est et, comme l'a dit Mme Hughes Anthony, c'est moins de 1 p. 100.
En ce qui concerne les taux d'intérêt des cartes de crédit, beaucoup de gens évoquent le chiffre de 19 p. 100, mais il y a toute une gamme de cartes dont le taux d'intérêt est peu élevé. Il faut donc tenir compte de tous les taux d'intérêt. C'est le premier élément.
Le deuxième élément, c'est qu'à l'examen de la façon dont les cartes sont utilisées, on constate que 70 p. 100 des gens règlent chaque mois le solde intégral. En fait, le taux d'intérêt est de 0 p. 100. Ce que cela signifie pour les banques, c'est qu'il y a une période sans intérêt pouvant atteindre 51 jours, et qu'elles doivent gérer cette période de crédit non garanti.
Il faut aussi tenir compte de tous les coûts associés à l'émission et à l'exploitation de cartes de crédit. Nous venons de parler de fraude. L'an dernier, les fraudes ont totalisé un demi-milliard de dollars, une augmentation de 34 p. 100 par rapport à l'année précédente. Tout cela doit être pris en compte quand on offre une carte.
Il a aussi été fait mention de la puce et de la sécurité. Encore une fois, nous faisons l'impossible pour avoir une longueur d'avance par rapport aux fraudeurs, et tout cela doit être inclus dans le coût d'une carte de crédit.
Tout cela doit être pris en compte, et les risques ne cessent de croître. Comme il s'agit de crédit non garanti et relativement risqué, son prix doit être fixé en conséquence.
:
Merci, monsieur le président.
Je remercie tous les témoins d'être venus aujourd'hui.
Pour commencer, je tiens à remercier les gens de l'Association des banquiers canadiens. Ils m'ont transmis l'information que j'ai pu utiliser pour expliquer à mes électeurs la situation qui prévaut actuellement au Canada dans le secteur bancaire, y compris en ce qui concerne les cartes de crédit. Ils ont fait de l'excellent travail et je les remercie de ces renseignements très utiles.
Je tiens aussi à dire que les Canadiens sont très fiers de leur secteur bancaire quand ils voient ce qui se passe au sud de la frontière et ailleurs dans le monde. J'apprécie aussi le travail des banques. Toutefois, il y a des problèmes et c'est pourquoi vous êtes ici.
Nancy, je m'adresserai d'abord à vous. Vous avez parlé de divulgation et de transparence, et vous estimez avoir un assez bon rendement à ce chapitre. Moi, je suis un client et je peux me permettre de dire ceci. À mes amis de la banque TD qui sont ici — monsieur Sallas —, j'ai ici un accord de quatre ou cinq pages, recto-verso, imprimé en très petits caractères. J'ai aussi l'entente que j'ai signée et qui est imprimée en très, très petits caractères. Je vous en lis un extrait. Vous avez évoqué les taux d'intérêt et la transparence à ce sujet, alors je vous lis ceci:
Le taux d'intérêt annuel variable privilégié est l'un des suivants: taux préférentiel TD + 1.9 p. 100, taux préférentiel TD + 3,9 p. 100 (...)
On entend par taux préférentiel TD le taux d'intérêt annuel que nous fixons et déclarons à la Banque du Canada, de temps à autre, à titre de taux de référence pour la fixation des taux d'intérêt que nous demandons aux clients de différents degrés de solvabilité au Canada pour des prêts en dollars canadiens.
Ce n'est pas très transparent. Selon moi, ce n'est pas très clair. Ne croyez-vous pas qu'il faut prendre des mesures, comme on vient de l'annoncer, pour que les consommateurs sachent à tout le moins ce à quoi ils s'engagent?
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je vous remercie d'être des nôtres cet après-midi.
Je vais vous poser une question et vous donner des devoirs à faire. Je n'attends pas une réponse immédiate.
Il est question de clients privilégiés et de ceux qui demandent des cartes premières. Est-ce que chacun d'entre vous pourrait nous dire par écrit ce qu'est une carte première ou un client privilégié? Je suis sûr qu'oralement, vous en aurez chacun pour cinq minutes et plus. Si vous nous répondez par écrit, nous pourrons considérer toute l'information et l'étudier. Il s'agit simplement de préciser comment le système fonctionne.
J'entends constamment dire que la concurrence est bonne dans tous les systèmes. En réalité, nous avons quatre entités essentielles en présence: la société émettrice de carte de crédit, les banques, les commerçants et les titulaires de carte. Chacun d'entre eux constitue un élément du système, mais la société émettrice de carte de crédit essaie d'attirer les banques dans sa clientèle, et elle s'efforce aussi d'y attirer des détenteurs de carte. Les commerçants sont eux aussi des clients, en ce sens qu'ils utilisent le système.
La concurrence consiste donc à attirer des banques et des détenteurs de carte. Ce qui se produit finalement, c'est que les coûts des commerçants augmentent, ce qui va dans l'intérêt des banquiers. Le système augmente les coûts des commerçants qui, en définitive, sont acheminés jusqu'aux détenteurs de carte. À première vue, c'est un assez bon système: lorsque vous augmentez vos prix, l'organisme émetteur de carte de crédit gagne de l'argent, les banques en gagnent aussi et les perdants sont les deux autres, qui en payent le prix.
J'ai deux questions à vous poser. Vous pourrez ensuite répondre chacun à votre tour, pour qu'il n'y ait pas d'interruption. J'espère qu'on va pouvoir tricher un peu et obtenir quelques minutes supplémentaires pour vos réponses.
Quels moyens de contrôle a-t-on mis en place pour empêcher les banques et les sociétés émettrices de carte de crédit — je les mets toutes les deux du même bord, et je sais que vous allez me dire qu'elles sont différentes — d'augmenter les taux qu'elles imposent aux commerçants? À mesure que la concurrence se resserre, qu'est-ce qui empêche le taux d'interchange d'augmenter continuellement, ce qui impose des frais plus lourds aux clients, c'est-à-dire aux banques affiliées à la société émettrice de carte de crédit?
Je vais maintenant citer le document intitulé « Envoi collectif d'information aux électeurs » que vous avez distribué. C'est un excellent document. Je vais en lire un extrait, que je vous inviterai à commenter. Je cite:
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Les différences entre notre système et celui des autres pays (notamment des États-Unis) se résument à quelques caractéristiques essentielles — nous avons un système national qui est bien réglementé, bien géré et bien capitalisé...
Par la suite, on lit ceci:
Les banques du Canada sont bien réglementées par le Bureau du surintendant des institutions financières et par l'Agence de la consommation en matière financière du Canada.
Voici ma question: Quel type de réglementation proposez-vous pour les sociétés émettrices de carte de crédit et les banques, de façon qu'on ait un système raisonnable pour les Canadiens, pour les commerçants, pour les banques et pour les sociétés émettrices de carte de crédit, et que tout le monde collabore harmonieusement?
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Je vais commencer par la première question, et mes collègues du secteur bancaire souhaiteront peut-être intervenir ensuite.
Votre première question, monsieur, portait sur le taux d'interchange, la façon dont il est fixé et tout le reste. Encore une fois, vous avez tout à fait raison: vous vous attendiez à nous entendre dire que ce ne sont pas les banques qui fixent ce taux. Ce sont les sociétés émettrices de carte de crédit.
Je pense qu'il est de notoriété publique... Quel est leur produit? Le produit des sociétés émettrices de carte de crédit, c'est le réseau. Elles souhaitent obtenir la plus forte intensité possible de transactions sur leur réseau. Leur outil pour y parvenir, c'est l'interchange. À notre connaissance, elles s'efforcent de fixer le taux d'interchange de façon à assurer l'équilibre. Il doit être suffisamment attractif pour que les émetteurs de carte de crédit acceptent d'opter pour telle ou telle carte, mais le taux doit aussi être suffisamment attractif pour les commerçants, de façon qu'ils disent: « Oui, nous allons accepté cette carte ». Il faut trouver l'équilibre entre les deux.
La question est de savoir si elles fixent correctement ce taux. C'est aux sociétés émettrices de carte de crédit de s'en occuper, mais elles s'efforcent de parvenir à un équilibre permettant un grand nombre de transactions sur leur réseau.
Est-ce que l'un de mes collègues a des précisions à apporter, ou est-ce qu'on passe à la deuxième question?
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Merci, monsieur le président et merci à vous tous d'être venus. J'ai plusieurs questions à poser et si vous ne pouvez pas y répondre maintenant, peut-être pourriez-vous me les faire parvenir plus tard. Par contre, si nous voulons boucler la boucle, bien comprendre l'usage des cartes de crédit aujourd'hui, il nous faut des réponses à ces questions.
Quelle est la valeur actuelle du numéraire au Canada? Est-ce que quelqu'un le sait? Pouvez-vous m'obtenir l'information? Combien faudrait-il de numéraires en circulation si les cartes de crédit étaient éliminées?
Je veux aussi connaître le nombre de cartes de crédit au cours des dernières années. Au cours des 20 dernières années, mettons, combien de cartes de crédit sont entrées en circulation? Combien de plus en utilise-t-on? Si vous connaissez la réponse, madame Hughes Anthony, peut-être pourriez-vous nous la donner.
Avez-vous des chiffres sur les recettes provenant des ventes sur le marché? J'ai déjà posé la question au sujet de l'augmentation du recours aux cartes de crédit sans obtenir de réponse. Autrement dit, a-t-on une idée de l'effet de la multiplication des cartes de crédit sur le marché?
Il y a aussi l'endettement personnel. À combien s'élève-t-il? Vous en avez parlé; à combien s'élève l'endettement personnel aujourd'hui au Canada? Connaissez-vous le chiffre? Vous avez dit que c'était un pourcentage mais quelle proportion est rattachée aux cartes de crédit? Quel est l'endettement personnel aujourd'hui? Le savez-vous?
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Merci, monsieur le président.
Je suis heureux d'avoir eu cette possibilité et je vous remercie de cette magnifique introduction.
Madame Hughes Anthony, merci encore. Il y a 15 ou 16 ans plus tard que je fais toujours la même chose. Je n'ai pas réussi à changer de vitesse et je vais donc m'en tenir à quelque chose qui marche: la concurrence.
Vous avez parlé de concurrence dans le secteur du débit et des avances, plus tard, la possibilité d'une plus grande concurrence pour les consommateurs. Je pense que la plupart des collègues ici venant des banques ont choisi Visa pour émetteur de carte de crédit. Je pense que c'est le cas de chacun d'entre vous. Eh bien, il y en a peut-être un qui a MasterCard. Mais, supposons que la majorité ici a Visa.
Les représentants de Visa nous ont dit qu'ils s'intéressent à des frais fixes ou peut-être qu'ils veulent passer à un pourcentage, ce qui rendrait plus cher cette carte, évidemment, pour les commerçants. Si le modèle est le même que celui en usage aux États-Unis, où nous savons que les frais de débit sont beaucoup plus élevés qu'ils le sont actuellement pour l'interchange, de la façon dont vous voyez les choses, et sachant combien cette idée est commode et comment elle est mise en pratique aux États-Unis, comment est-ce que des prix plus élevés constituent une meilleure concurrence? Comment en convaincre le consommateur?
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Je peux peut-être donner un début de réponse puis quelques-uns de nos membres pourront intervenir.
Tout d'abord, j'aimerais dire deux choses. Premièrement, dans tout le système il existe une combinaison de coûts et d'avantages. Comme Mme Hughes Anthony l'a dit dans sa déclaration, les banques, les clients et les commerçants ont chacun des coûts et des avantages. Oui, ce sont les commerçants qui acquittent l'interchange, mais en contrepartie ils jouissent de tout un éventail d'avantages. Ils n'ont pas à transporter d'espèces, obtiennent une garantie de paiement sur-le-champ et n'ont pas à créer leur propre système d'évaluation du crédit. Tout ça, c'est fait pour eux. Ils reçoivent les paiements en ligne et voient leurs ventes augmenter. Il y a là une combinaison d'éléments.
Quant à affirmer que tous les coûts sont d'un côté et tous les avantages de l'autre, si vous considérez tout ce que les banques doivent faire, vous verrez qu'elles sont obligées de financer tous les coûts d'émission des cartes. Elles doivent assumer les coûts des systèmes et d'interface avec le réseau. Elles assument tous les coûts reliés à la fraude; l'an dernier, ils se sont chiffrés à un demi-milliard de dollars et ils sont à la hausse. Ils assument le coût du système de sécurité pour se protéger. Ils assument le coût des pertes reliées au prêt; les résultats des banques commencent à être publiés et dans certains cas...
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Merci, monsieur le président.
Je suis en faveur de la concurrence. Selon moi, le gouvernement a pour rôle de réglementer le marché de telle sorte qu'il y existe la concurrence nécessaire pour que la main invisible fixe le prix qui convient.
Vous, les établissements émetteurs, que diriez-vous de ma proposition en deux volets? Dans un premier temps, le gouvernement ne plafonnerait pas les frais d'interchange. On permettrait plutôt aux établissements émetteurs — vous — de fixer leur propre taux d'interchange mais Visa et MasterCard ne seraient pas autorisés à le faire. Autrement dit, le taux pourrait être de 1,2 p. 100, 1,5 p. 100, 2 p. 100, 10 p. 100 ce que vous choisiriez.
Deuxièmement, le gouvernement exigerait que ces frais d'interchange soient ajoutés au total de la facture présentée au consommateur au point de vente si bien que ce dernier pourrait choisir entre payer en liquide ou par carte de crédit. Par exemple, si le consommateur choisissait la carte de crédit, ces frais d'interchange viendraient s'ajouter à la facture, au point de vente, et figureraient comme tel si bien que le consommateur pourrait voir quel est le taux et ce qu'il a à payer en frais d'interchange, tout comme c'est le cas pour la TPS.
Cela me semble un moyen de permettre au consommateur de choisir la carte de crédit et le taux d'interchange correspondant le mieux à ses besoins.
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La question se pose surtout pour les acquéreurs. Je sais qu'ils ont comparu devant votre comité récemment. Ce sont eux qui choisissent d'utiliser ces appareils.
L'avantage essentiel, c'est que le système est plus sûr et sert mieux les intérêts du consommateur, car il est traumatisant que sa carte de crédit soit utilisée de façon frauduleuse par quelqu'un d'autre. Cela préviendra de telles fraudes.
Le processus est amorcé depuis longtemps et il prendra fin à une date donnée. Le passage au nouveau système des cartes à puce n'entraînera aucun transfert de responsabilité. Les banques demeureront responsables des pertes. Toutefois, la carte à puce permettra d'améliorer tous les aspects du système.
M. Anthony Rota: Mis à part...
Désolé, monsieur le président.
M. Terry Campbell: Comme vous l'avez dit, il n'y aura aucun coût pour les commerçants qui vont louer l'équipement.
Premièrement, l'élément essentiel est justement celui que vous avez soulevé. Pour 70 p. 100 des Canadiens, le taux d'intérêt réel est de zéro. Mais chez les Américains, la proportion est beaucoup moins importante.
Si on veut comparer vraiment les taux de chaque carte de crédit, il faut tenir compte d'un vaste éventail de facteurs. Naturellement, les taux d'intérêt sont influencés par la conjoncture économique locale, les taux d'inflation, la vigueur de l'économie, et ainsi de suite. Il faut comparer les cartes de crédit à faible taux, les cartes premières et les cartes standard.
Je pense que le Canada fait très bonne figure. Comparativement aux États-Unis, notre plus proche concurrent, nous avons moins de frais et ils sont plus faibles.
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Cela diminue le rendement.
Si l'on se fie aux données relatives à l'industrie du dernier trimestre, le coefficient de perte des cartes de crédit au Canada s'établit à 4,5 p. 100, mais seulement par rapport à l'ensemble de la population. En effet, on ne peut attribuer la moindre perte aux 70 p. 100 des détenteurs de cartes qui règlent intégralement leur solde tous les mois, mais aux 30 p. 100 restants qui ne le font pas.
Par conséquent, si l'on divise 4,5 p. 100 par 0,03 p. 100, le coefficient de perte correspondant aux 30 p. 100 oscille autour de 14 p. 100. Ensuite si l'on soustrait ce 14 p. 100 du coût des fonds et quatre autres points de pourcentage du 19 p. 100, cela donne une marge de 1 p. 100 ou de 2 p. 100 plus les frais d'interchange.