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Merci, monsieur le président. Merci de l'invitation à venir comparaître devant vous.
Comme vous l'avez entendu dire, je m'appelle Michael Geist. Je suis professeur de droit à l'Université d'Ottawa, où je suis titulaire de la Chaire de recherche du Canada en droit de l'Internet et du commerce électronique. Je suis également chroniqueur hebdomadaire affilié pour le Toronto Star et l'Ottawa Citizen, et j'ai été membre du groupe de travail national du Canada sur le pourriel, qui avait été créé en 2004 par le ministre de l'Industrie d'alors. J'ai siégé au conseil d'administration de l'Autorité canadienne pour les enregistrements Internet, l'ACEI, pendant six ans. Je suis présentement membre du Conseil consultatif d'experts du Commissariat à la protection de la vie privée du Canada. Je comparais cependant aujourd'hui à titre strictement personnel et les opinions que je vais vous livrer sont les miennes.
L'introduction du représente l'aboutissement d'années d'efforts face à des craintes que le Canada soit rapidement en train de devenir un paradis pour le pourriel. Je ne pense pas qu'il me faille vous convaincre que le pourriel est un problème, que l'on veuiile parler du coût subi par les consommateurs, les écoles, les entreprises et les hôpitaux aux prises avec des courriels non désirés, ou de la confiance ébranlée des clients bancaires en ligne qui reçoivent des pourriels avec hameçonnage. Il est importe de s'attaquer véritablement au problème.
Je pense que nous savons tous que le projet de loi C-27 ne va pas éliminer le problème, mais aucun pays ne pourra de toute manière y parvenir seul. J'estime néanmoins que ce projet de loi nous aidera enfin à faire le ménage dans notre cour.
Les membres du comité ont constaté qu'ils sont saisis d'un vaste projet de loi qui s'étend au-delà du pourriel. J'aimerais souligner qu'il s'agit là d'un élément, mais non pas d'un bogue. Compte tenu de tout ce qui a été dit au sujet de la nécessité d'une stratégie nationale numérique, j'estime que le projet de loi C-27 cadre bien dans une telle stratégie, offrant aux consommateurs du commerce électronique une protection dont ils ont beaucoup besoin. Il est juste de dire que les membres du groupe de travail sur le pourriel reconnaissent la nécessité d'aborder les questions plus vastes vers la fin de notre mandat et que les mesures prises avec le projet de loi cadrent avec nos recommandations.
Bien que le projet de loi soit large, il importe de souligner que les exceptions le sont elles aussi. Il y a trois exceptions sur lesquelles j'aimerais m'attarder plus particulièrement.
La première exception concerne le consentement. En vertu du projet de loi, le consentement l'emporte sur tout le reste. En effet, toute entreprise ou organisation peut faire comme bon lui semble en matière de commercialisation électronique ou d'installation de logiciels tant et aussi longtemps qu'il obtient le consentement. Certaines règles régissent ce consentement — exigences standard pour le commerce électronique, exigences de divulgation pour les logiciels —, mais je ne pense pas qu'il s'agisse d'une obligation onéreuse. D'ailleurs, lorsqu'est soulevé un problème potentiel, et je sais qu'il y en a eu, la première question à poser est la suivante: « Pourquoi l'obtention de consentement dans ces circonstances est-elle déraisonnable? » Est-il déraisonnable de demander à quelqu'un d'obtenir le consentement avant d'installer un logiciel dans mon ordinateur? Est-il déraisonnable d'obtenir le consentement avant de m'envoyer un courriel commercial au sujet de la vente d'une maison ou d'un produit ou service?Je pense que dans la quasi-totalité des cas, la réponse est non, le consentement est une exigence raisonnable.
D'autre part, il ne s'agit pas d'une exigence peu courante, étant donné que d'autres lois ont instauré le même modèle de consentement exprès. L'Australie et la Nouvelle-Zélande ont tous les deux adopté des modèles de consentement exprès, et le Japon a quant à lui abandonné son modèle de retrait en faveur d'un modèle d'adhésion lorsqu'il a constaté que son modèle de retrait ne fonctionnait pas.
Deuxièmement, il y a, comme vous le savez, une exception pour les relations d'affaires. J'ai entendu certaines déclarations selon lesquelles le projet de loi, s'il est adopté, serait une entrave pour les entreprises désireuses d'utiliser le courriel pour promouvoir leurs produits et services auprès d'autres entreprises. La réalité est que le projet de loi renferme, à l'alinéa 6(5)b), une exemption pour les relations d'affaires. Je pense que nombre de ces inquiétudes sont injustifiées.
Enfin, il y a les exceptions visant les consommateurs. Celles-ci sont plutôt larges — l'on pourrait même en fait prétendre qu'elles sont trop larges. Elles correspondent pour la plupart aux exceptions prévues pour la Liste nationale de numéros de télécommunication exclus. Je crois que les gens sont nombreux à prétendre que ces exemptions vont déjà trop loin.
Songez, par exemple, à l'exception en matière de relations entreprise-consommateur qui couvre 18 mois pour les clients existants et six mois pour les non-clients qui font tout simplement une demande. Songez à ce que cela signifie. Une personne se renseigne auprès d'un fournisseur de service interurbain au sujet de l'un de ses programmes ou contacte un hôtel pour savoir s'il a une chambre et subit ensuite des messages électroniques pendant six mois du fait que la situation s'inscrive sous la catégorie consentement implicite. Je pense qu'il est raisonnable de demander pourquoi une entreprise devrait être autorisée à contacter un consommateur pendant six mois sans autre consentement, du simple fait que la personne ait demandé un renseignement.
Mon propos ici est que le filet de la loi est peut-être large, mais le sont également les exceptions qui continueront d'autoriser l'activité commerciale. Certaines entreprises prétendront peut-être que la loi va trop loin, et certains consommateurs pensent peut-être qu'elle ne va pas assez loin. C'est peut-être là une indication que le bon équilibre a été trouvé.
Permettez-moi de traiter maintenant rapidement de la façon dont ces principes s'appliquent à certaines des critiques que j'ai entendues exprimer plus tôt cette semaine. Je sais que la question du champ d'application a été soulevée. Et le champ d'application, comme vous le savez, englobe les rapports avec le Canada, y compris le routage d'un message par l'intermédiaire du Canada. Cette approche vient simplement s'ajouter aux lois existantes en matière de compétence canadienne pour ce qui est d'un rapport réel et substantiel. Si un message entre au Canada de manière fugace, je devine qu'il ne correspondrait pas au critère de rapport réel et substantiel et que la question de la responsabilité n'interviendrait alors pas.
En ce qui concerne les mises à jour de logiciels, comme je l'ai indiqué plus tôt, il semble tout à fait raisonnable de s'attendre à ce qu'un vendeur de logiciels obtienne le consentement d'un usager final avant d'installer quoi que ce soit sur son ordinateur personnel et qu'il soit tenu de l'informer de ce qu'il compte installer. Prétendre le contraire reviendrait à céder le contrôle de son ordinateur personnel et à s'exposer au risque de brèche de sécurité, comme cela est arrivé dans la fameuse affaire des programmes malveillants furtifs de Sony.
Puis il y a la question des courriels d'agents immobiliers. Comme vous le savez, j'en suis certain, les escroqueries dans l'immobilier compte parmi les duperies les plus courantes, les marécages de la Floride étant presque devenus le symbole des manoeuvres immobilières frauduleuses. Souhaitons-nous réellement exempter tout un secteur dont les courriels suscitent déjà des inquiétudes considérables?
Quatrièmement, il y a la question de la lourdeur des sanctions, dont le droit privé d'action. Je considère qu'il s'agit là d'encore une autre caractéristique du projet de loi. Il prévoit des sanctions sévères. L'expérience de pays comme l'Australie montre que les lois anti-pourriel ne fonctionnent que si les sanctions sont suffisamment lourdes pour créer un risque économique pour les polluposteurs, sans quoi ils continuent tout simplement de faire ce qu'ils font. Des poursuites ont en fait été intentées contre des polluposteurs canadiens, mais elles l'ont été d'ailleurs, la loi canadienne n'étant pas à la hauteur. Je pense que nous devrions corriger cette situation.
Des changements sont-ils nécessaires? Je pense qu'il y a au moins deux amendements à envisager. Le premier — et il a été soulevé par le comité — est la perspective d'une disposition requérant un examen. Je pense qu'il s'agit d'un domaine qui évolue rapidement, et des examens obligatoires seraient logiques. Le deuxième amendement concerne la disposition relative au consentement pour ce qui est de l'installation de logiciels. Je considère que la disposition est dans l'ensemble satisfaisante. Il se pourrait cependant que la disposition pose problème dans un nombre limité de cas — je songe notamment à l'utilisation de Java script sur les pages Web. Il n'est pas facile d'élaborer une règle ciblant toutes les nuisances, les réseaux de zombies, les espiogiciels, les installations indétectables, les logiciels de surveillance des entrées au clavier de l'utilisateur, tout en laissant de côté les activités bénignes.
Je recommanderais un petit ajout. Je ne suis pas rédacteur de lois, mais je proposerais l'ajout d'un paragraphe 10(3) qui permettrait un consentement implicite pour certains types de logiciels lorsque la personne a consenti à l'installation de ce type de programme dans le cadre des préférences inscrites dans son fureteur Web. En d'autres mots, si la personne a, dans son fureteur, coché des préférences autorisant ce genre de programme, alors cela devrait pouvoir être considéré comme constituant un consentement tacite. Cela couvrirait des programmes comme Java et Java script, qui sont typiquement visés par les préférences inscrites aux fins du navigateur.
Permettez-moi de conclure avec une mise en garde contre ce que je considère comme étant des efforts de lobbying visant à diluer dans le projet de loi ce que sont selon moi des normes raisonnables. Je soulignerai ici que nous avons déjà vu la même chose par le passé; c'est ce qui s'est passé dans le cas de la Liste nationale de numéros de télécommunication exclus. Le projet de loi a démarré avec des bons principes, a fait l'objet de lobbying intense et, je pense, de certaines tactiques d'effarouchement, et à l'issue du processus, les Canadiens se sont retrouvés avec un système qui est, je pense, aujourd'hui largement considéré comme un échec, certaines des estimations indiquant que plus de 80 p. 100 des appels que les gens recevaient autrefois continuent de venir et des atteintes à la sécurité venant menacer la liste elle-même.
Je pense qu'il nous faut éviter une récidive avec la loi anti-pourriel. Des changements dans certaines pratiques d'affaires peuvent peut-être en effrayer certains, mais nous ne pouvons pas laisser des tactiques d'effarouchement vous dissuader d'aller de l'avant avec ce projet de loi dont nous avons sérieusement besoin.
J'envisage avec plaisir de répondre à vos questions.
Bonjour, mesdames et messieurs.
[Français]
Je m'appelle Dennis Dayman.
[Traduction]
Je suis secrétaire-trésorier du groupe Coalition Against Unsolicited Commercial E-Mail, ou CAUCE. Je suis accompagné de Matthew Vernhout, l'un des directeurs de CAUCE, et qui siège lui aussi au groupe de travail anti-pourriel.
CAUCE est un groupe qui représente les utilisateurs de l'informatique au Canada et ailleurs en Amérique du Nord. CAUCE vous remercie de lui donner l'occasion de discuter du , Loi sur la protection du commerce électronique.
Vous aurez sans doute déjà deviné à mon accent que
[Français]
je ne suis pas canadien; je suis américain.
[Traduction]
Et je ne parle malheureusement pas français.
Que vient donc faire un Américain ici aujourd'hui devant un comité si important? Eh bien, le courriel électronique non sollicité étant un problème universel, il y a quelques années, CAUCE Canada a rejoint son pendant américain, pour le bien des personnes que nous représentons. Le pourriel ne connaissant pas de frontières, c'est pour mieux défendre les intérêts des usagers informatiques de nos deux pays que nous avons jugé opportun de faire front commun contre la menace du pourriel 2.0.
Spam 2.0. L'expression peut être nouvelle pour vous. Au début du millénaire, les générateurs de virus, les pirates informatiques, les producteurs de logiciels espions, les hameçonneurs et les arroseurs ont engendré un mal à facettes multiples. Le courriel non sollicité est pour eux un instrument de propagation de leur « rage », non seulement un mode de transmission de leur marketing illicite, mais aussi de programmes malveillants de toutes sortes et de toute ampleur. L'hameçonnage, les logiciels espions, les virus et le pourriel sont donc aujourd'hui le fait des mêmes criminels. Le pourriel n'est donc plus que du courriel: il nous atteint par la messagerie électronique, la messagerie vocale, les sites de réseautage social et la messagerie instantanée.
Le projet de loi reflète l'évolution des choses. Aussi, nous tenons, en tant que défenseurs des intérêts des consommateurs et porte-parole de la communauté du marketing, à remercier les auteurs du projet de loi, qui ont su adopter une approche éclairée et ouverte à l'égard des menaces actuelles et futures.
Vous m'avez bien entendu, mesdames et messieurs. Autrefois tribune exclusive des mordus d'informatique menant leur combat contre le pourriel, CAUCE s'est étendu au monde du marketing depuis une dizaine d'années, comptant parmi ses membres et ses dirigeants bon nombre de personnes et d'entreprises en mesure d'apprécier exactement l'avantage pour nous tous d'une législation anti-pourriel.
Mon collègue, Matthew Vernhout, et moi travaillons pour de grands fournisseurs mondiaux de service courriel électronique, moi pour Eloqua, et Matthew pour ThinData, le plus gros fournisseur de service courriel au Canada. Nos entreprises rendent disponible l'infrastructure de transmission du courriel de marketing, se faisant expéditeurs pour Fidelity, Air Canada, American Express et des centaines d'autres entreprises, moyennes ou petites, et nous sommes tout à fait favorables à la loi envisagée.
Vous aurez déjà reçu de nombreuses lettres d'appui à l'égard du projet de loi d'autres membres de notre communauté, dont Matthew Blumberg, PDG de Return Path Inc. Return Path voit à la certification du courriel de marketing commercial à divers endroits, notamment dans Hotmail, Yahoo!, avec Telus, et Sympatico de Bell Canada, et des centaines d'autres emplacements de fournisseurs de service Internet de taille grande et moyenne.
À notre avis, quelqu'un s'est appliqué à propager une dose de peur, d'incertitude et de doute, ce que nous autres informaticiens appelons, en anglais, le FUD — fear-uncertainty-doubt — à propos du projet de loi. Nous ne comprenons pas clairement pourquoi on agit ainsi; peut-être pour faire obstacle à des organismes ou agences d'application réglementaire du Canada; peut-être pour susciter des conflits parmi les compétiteurs. Peut-être que quelqu'un a intérêt, financièrement, à aider des intervenants mal intentionnés à s'assurer les accès servant leurs fins douteuses.
Nous savons cependant que le projet de loi a une grande portée, qu'il touche directement les gens du marketing et les citoyens des États-Unis et du Canada. Et nous sommes ici pour vous garantir que, du point de vue des entreprises internationales ou canadiennes qui se conforment aux lois et aux règles, le projet de loi est bon. Nous ne craignons aucunement pour ce qui est du courrier électronique de nos clients, ni de nos activités professionnelles.
Le projet de loi est largement endossé, tant par les expéditeurs que par les récepteurs.
Le projet de loi est riche de l'expérience et fort de la réussite de lois adoptées ailleurs, faisant siens les éléments clés des lois, notamment de Nouvelle-Zélande, des États-Unis et de l'Australie. Dans le dernier cas, par exemple, le droit d'action privé présente un intérêt particulier. Les entreprises conformes maintiennent leurs activités et les expéditeurs fautifs subissent les conséquences de leurs fautes, ce qui profite aux acteurs en règle.
Certains pourront dire que la loi envisagée est complexe. CAUCE ne dit pas le contraire. Mais les éléments visant le problème du courriel massif non sollicité sont simples et directs. On y renvoie aux meilleures pratiques de l'industrie, celles déjà en vigueur à bien des endroits. Là où c'est complexe mais pour les bonnes raisons, c'est dans la description du nouveau régime d'application canadien. Il serait peu logique que le seul membre du G-8 dépourvu de loi anti-pourriel, c'est-à-dire le Canada, reporte après une réforme organisationnelle l'adoption d'une loi dont l'absence pèse lourd depuis longtemps. Voilà pourquoi nous souscrivons à l'optique du projet de loi, soit d'attribuer des pouvoirs additionnels aux agences d'application existantes.
Le Canada doit faire sa part pour contrer les arroseurs basés ici. Malgré ce que vous avez pu entendre, le Canada, qui dispose d'une infrastructure à large bande solide et peu coûteuse, est le terreau de réseaux d'arroseurs en progression.
C'est au Canada que le taux d'adhésion au site de réseautage social Facebook est le plus élevé. Voilà pourquoi un résident de Lachine, au Québec, a su tirer profit de leurs systèmes. Cet individu a fait l'objet, avec succès, de poursuites en vertu de la législation américaine CAN-SPAM, pour trois quarts de milliard de dollars. Le fautif affirme ne détenir aucun actif, mais son blogue permet de voir qu'il fréquente les meilleurs restaurants de Montréal. Il n'est pas sans le sou, cela est certain. Nous comprenons que Facebook cherche vivement des moyens de le faire déclarer coupable ici afin de saisir ses biens.
Autre exemple de polluposteur, un homme vivant près de Montréal. Son entreprise cherche sans cesse à vendre le répertoire des subventions du gouvernement du Canada, depuis 10 ans, sans coup férir. En dépit de nombreuses plaintes au Bureau du Commissaire à la protection de la vie privée, le courriel non sollicité continue de prendre d'assaut la boîte de réception de la quasi-totalité des directeurs de CAUCE, de même que les vôtres, j'imagine.
La côte Ouest n'est pas en reste. On y trouve une entreprise dont le plan est davantage insidieux. Elle produit des mélanges d'herbes dans le but de contourner les lois du pays. Son huile de serpent promet de vous aider à cesser de fumer, à perdre du poids ou, selon vos désirs, à améliorer votre anatomie aux endroits voulus. Aux États-Unis, cette entreprise a été poursuivie avec succès. Le recours collectif a porté fruit car le produit n'a pas les vertus annoncées. Pas de surprise! L'entreprise, que dirige deux frères, produit ses potions dans les Caraïbes, puis les livre par l'entremise d'un centre de distribution de la Colombie-Britannique, et le courriel de mise en marché provient du même endroit. Mais le courriel de masse ne l'identifie pas, apparemment. Elle a plutôt recours à ce que l'on appelle des « programmes affiliés » où des personnes, réelles ou fictives, se prêtent au jeu en échange d'une commission, puis envoient des courriels promotionnels, du pourriel, pour pousser la vente. Les messages proviennent de partout dans le monde. Pendant ce temps, l'entreprise se montre légitime, évitant de se salir les mains.
Heureusement, le projet de loi C-27 apporte une solution ici aussi. Ceux qui tirent profit d'activités illicites seront pris en défaut. L'entreprise de tantôt fermerait ses portes advenant l'adoption du projet de loi. La fameuse bande de pourriel de masse Canadian Pharmacy a débuté à Montréal et a une présence en Europe de l'Est, où elle a des liens avec le crime organisé.
Pour ces raisons, mesdames et messieurs, c'est au nom de dizaines de milliers d'internautes et d'entreprises en règle concernées que CAUCE s'adresse à vous, vous encourageant à adopter la loi le plus tôt possible, afin d'aider à assainir Internet pour le mieux-être de tout le monde. Le Canada doit faire sa part, et le projet de loi C-27 est une solution concrète au problème du pourriel.
Merci. Nous nous ferons maintenant un plaisir de répondre à toutes les questions que vous voudrez nous poser. Merci.
En ce qui concerne l'Australie, sauf tout le respect que je vous dois, mon interprétation est différente. J'ai devant moi le texte de loi australien, et il traite de manière très semblable des messages électroniques commerciaux. Je n'y vois pas de grosse différence sur le plan des définitions.
Le paragraphe 16(1), Partie 2, de la loi australienne, dit ceci:
Personne ne peut envoyer ni provoquer l'envoi d'un message électronique commercial qui... a un lien australien... et... n'est pas un message électronique commercial désigné.
Puis, l'on passe aux définitions.
Ce texte de loi reflète en grande partie ce que nous avons fait. Je pense qu'il a été souligné par mon collègue ici qu'il a été assez clairement établi que le Canada s'est largement inspiré des lois en place dans d'autres pays. Je n'adhère donc pas en fait à votre première prémisse; je n'y vois pas, comme vous, une concentration sur le marketing direct. Je vois des textes de loi qui traitent de messages électroniques commerciaux de manière semblable à la nôtre.
Puis, il y a cet autre panier. Comme je l'ai mentionné au début, tout est permis; il n'y a rien que vous ne puissiez pas faire. La seule question est de savoir s'il vous faut ou non obtenir le consentement de l'intéressé pour aller de l'avant. Les exceptions dont nous parlons — la notion d'une entreprise, du fait d'avoir une relation depuis 18 mois, ou d'attendre six mois après une enquête, ou le cas de partis politiques, d'organismes caritatifs et toutes ces autres exceptions — sont des exceptions à la notion de ne serait-ce que parvenir à ce stade-là.
Ce me semble être un texte qui assure une assez grande marge de manoeuvre. Tout ce que les entreprises doivent faire dans chacune de ces situations est d'obtenir le consentement du client, auquel cas tout est très bien.
Puis,il y a le deuxième panier, là où vous dites « Je ne veux pas obtenir le consentement du client », et nous leur assurons toujours une assez grande marge de manoeuvre pour continuer de faire du marketing auprès des consommateurs.
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Merci, monsieur le président.
Merci de votre présence aujourd'hui.
Je m'intéresse aux ressources et à l'application de la loi. En 2002, l'Assemblée législative de l'Utah a adopté une loi anti-pourriel pour tenter d'enrayer le flux des pourriels dans les boîtes de réception de ses habitants. La loi définissait le pourriel comme un courriel non sollicité envoyé à une personne n'ayant pas de relation d'affaire préalable avec l'expéditeur, soit une définition très similaire à celle figurant dans le , si je comprends bien. Dans sa loi, l'Utah a instauré un droit de poursuite civile pour violation, à l'instar de ce que font les articles 47 et 51 du projet de loi C-27. Tout pourriel envoyé à une personne donne à celle-ci le droit d'intenter une poursuite civile contre la société fautive.
Bien que les dommages-intérêts étaient limités à 10 $ par courriel, la loi permettait également d'imposer le paiement des honoraires d'avocat si la cause était gagnée. La loi anti-spam de l'Utah a donné lieu à un flot de recours en justice. À la fin de 2003, deux avocats de Salt Lake City avaient ouvert chacun plus de 1 000 poursuites en justice en vertu de la loi anti-pourriel de l'Utah contre des sociétés telles que Verizon, eBay et Columbia House. Ce sont évidemment là de grosses sociétés.
En décembre 2003, le Congrès américain a adopté la loi anti-pourriel fédérale, la CAN-SPAM Act, qui a préséance sur la loi d'État, si bien qu'en 2004 la loi anti-spam de l'Utah a été abrogée, mais non avant que les tribunaux de l'Utah soient littéralement submergés de recours anti-pourriel. De nombreux experts disent que c'est à cause des poursuites civiles pour violation que cette loi a été abrogée.
Cela m'inquiète lorsque je considère notre système judiciaire déjà surencombré. Lorsque je vois cela, j'imagine cette nuée folle de recours civils contre des sociétés qui ne seraient normalement pas poursuivies et qui semblaient faire les choses comme il fallait. Sachant que le projet de loi C-27 comprend ce droit privé d'action, comment voyez-vous les répercussions sur notre système judiciaire?
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Merci encore, monsieur le président.
Je vais simplement revenir sur le volet affaires et le coût du pourriel pour les entreprises.
Avant d'être élu en 2006, je travaillais pour le club de hockey Edmonton Oilers. À un moment donné, à la fin des années 1990, j'étais le directeur des ventes de billets. À ce titre, j'ai pensé que ce serait une bonne idée d'afficher mon adresse courriel sur le site Internet. Ainsi, les gens pourraient me demander par courriel des billets de saison et je n'aurais qu'à les transmettre au service de vente.
Il s'est avéré que l'idée n'était pas si bonne. J'ai reçu un volume énorme de ce type de courriels dont vous avez parlé. Évidemment, c'était avant que les filtres de pourriels soient très répandus.
J'ai dû finir par changer mon adresse de courriel et, bien sûr, changer toutes mes cartes d'affaires. Tous ceux qui avaient mon adresse courriel ne pouvaient plus s'en servir. Ils ne pouvaient plus me contacter, car il n'y a pas de remède au problème. Je ne pouvais pas simplement faire suivre mes courriels, car tout le pourriel aurait suivi aussi, n'est-ce pas?
Nous avons dû embaucher un employé de plus pour nettoyer le pourriel. Je me souviens avoir dû investir des montants assez conséquents dans des logiciels de filtrage du pourriel. Si vous multipliez ce coût par le nombre d'entreprises du pays, vous arrivez à des sommes de coût économique assez considérables.
J'en ai assez dit à ce sujet. C'était un petit discours, je suppose.
Avez-vous une idée du montant du coût pour les entreprises?
Peut-être vais-je donner aux témoins à droite de la table la possibilité de répondre à cela. J'ai l'impression que vous possédez quelques chiffres à sujet.