:
Merci, monsieur le président.
Permettez-moi de faire quelques observations.
Comme vous le savez, Nortel est une entreprise mondiale intégrée qui évolue dans une industrie mondiale intégrée. Il importe de le dire pour laisser entrevoir les conséquences de la chose et les situer en contexte. Depuis janvier, nous avons déclaré faillite à plusieurs endroits. Les autorités qui se penchent sur nos actifs et notre propriété intellectuelle font valoir certaines considérations. Les administrations dont il est question — le Canada, les États-Unis, l'EMOA et les autres — doivent toutes participer à la vente de nos entreprises et de nos droits de propriété intellectuelle. De ce fait, l'affaire repose sur une équation complexe qu'il nous faut démêler. Par voie de conséquence, il n'y a vraiment pas de solution toute canadienne aux questions qui se posent à notre sujet, étant donné que chacune des autorités en question doit être consultée et prendre part à la démarche.
Comme vous le savez peut-être, l'actif canadien est financé en partie par les autres actifs. Voilà donc un élément de l'équation: nous essayons de maximiser la valeur ici. Préserver les emplois et maximiser la valeur, c'est à cela que nous aspirons ici. S'il fallait que quelque chose vienne contrecarrer le financement de l'actif canadien ou nuire à la transparence ou à l'intégrité du processus, ce serait remis en question. Notre intention, devant une équation compliquée, consiste donc à maximiser la valeur et à préserver le plus grand nombre possible d'emplois.
Permettez-moi de faire le lien avec l'industrie mondiale du sans-fil où nous évoluons. L'industrie mondiale du sans-fil représente quelque chose comme 50 milliards de dollars en investissements. L'entreprise dont nous parlons aujourd'hui compte des recettes de l'ordre de deux milliards de dollars. Nous nous situons donc au sixième ou septième rang de cette industrie-là, à l'échelle mondiale.
Le regroupement est de mise dans l'industrie. Les clients se sont déjà regroupés, eux. Il y a encore et toujours des pressions qui s'exercent sur les fournisseurs pour qu'ils génèrent des recettes supplémentaires. La notion d'échelle est très importante pour la concurrence — l'échelle pour la R-D, l'échelle pour la zone de couverture, l'échelle pour les bénéfices. Voilà donc la toile de fond des discussions que nous avons aujourd'hui à propos de la transaction.
Nous avons participé à un processus, processus qui a été approuvé par le tribunal au Canada et aux États-Unis à la fois. De même, nos créanciers ont veillé sur le processus de vente dont il est question. Le contrôleur du tribunal a participé au processus. Comme l'ont fait toute une série de conseillers. Les tribunaux ont déterminé que la preuve était concluante et que le processus avait été mené à bien correctement, ce que le contrôleur a confirmé, et ils ont autorisé la vente.
Comme je l'ai dit plus tôt, nous avons reçu hier un document du tribunal, ici, au Canada. Il vaut la peine de le noter: le tribunal a réaffirmé que toute partie souhaitant acquérir l'entreprise pouvait présenter une offre en respectant la procédure. C'est un fait important qu'il faut noter dans le compte rendu. Deuxièmement, selon le tribunal, la preuve incontestée fait voir clairement que le processus de vente s'est déroulé conformément à la procédure de soumission et aux consignes du tribunal.
Essentiellement, nous avons respecté une démarche. Le tribunal nous l'a dit très clairement: il souhaitait que les soumissions d'amorce permettent de comparer des pommes avec des pommes; il a donc pu déterminer quelle était la valeur optimale, la valeur maximale de l'actif. Il y a eu des objections tout au long de la démarche. Les questions soulevées ont été étudiées, puis réglées. Mais les tribunaux, de fait, nous ont encadrés pour ce qui est de la façon d'exécuter le processus dont il est question, et ils ont avalisé le processus.
Notre troisième point touche les propos de certaines personnes dans les médias et ailleurs, selon lesquelles nous avons utilisé des fonds fédéraux pour mettre au point la technologie en question. Il importe de souligner que, depuis dix ans, Nortel n'a pu recourir aux crédits d'impôts fédéraux en R-D pour financer la mise au point de l'une ou l'autre de ces technologies au Canada — l'AMRC et la LTE — et la génération de brevets y étant liés. Plus particulièrement, Nortel accuse des pertes fiscales depuis 2001 et n'a pas recouru à l'un quelconque des crédits d'impôt en R-D pour réduire l'impôt qu'il doit au gouvernement fédéral. Les technologies en question n'ont donc pas été mises au point grâce à des subventions fédérales directes au profit de l'entreprise.
Quatrièmement, à propos de la valeur des actifs sous le régime de la Loi sur Investissement Canada, nous avons analysé les actifs dont Ericsson fait l'acquisition. La valeur comptable des actifs en question s'élève à 149 millions de dollars US. C'est 111 millions de dollars en actifs à court terme et 38 millions de dollars en immobilisations. Le total obtenu, 149 millions de dollars, est donc bel et bien inférieur au seuil de 312 millions de dollars prévus pour ce qui est de la valeur comptable.
Il importe de noter la distinction à faire entre valeur comptable et valeur marchande. Le prix d'achat établi à l'encan était supérieur à cette valeur comptable-là. Les valeurs marchandes tendent à être supérieures aux valeurs comptables, car elles prennent en considération toute une série d'avantages impondérables — les relations avec la clientèle, l'image de marque, la propriété intellectuelle, les possibilités de croissance et ainsi de suite. Cela explique la distinction entre le prix d'achat accepté à l'encan et la valeur comptable.
L'autre point que je ferai valoir, c'est que la dissection du bilan s'est faite de concert avec PricewaterhouseCoopers. Nous sommes donc très satisfaits de l'évaluation faite quand on dit que c'est bel et bien inférieur au seuil de 312 millions de dollars.
Le cinquième point dont il importe de prendre note, c'est que les procédés AMRC et LTE relèvent tous les deux de normes ouvertes. Ce sont des technologies qui ont été mises au point mondialement, et qui sont adoptées par plusieurs fournisseurs et qui prennent forme par référence à des normes et au travail de comités de l'industrie. Pour ce qui est d'une quelconque question de sécurité nationale, dans notre esprit à nous, cela ne paraît pas poser de problèmes vraiment importants. Ce sont des normes ouvertes; ce sont des technologies internationales. Nous sommes conscients d'aucun problème à ce chapitre, mais, évidemment, nous serons heureux de travailler de concert avec le gouvernement à confirmer que la vente, de fait, ne soulève pas de problèmes liés à la sécurité nationale.
En outre, il a été question de la vente, de la situation des brevets qu'il nous reste. Le portefeuille de propriété intellectuelle de Nortel est très bien garni. Certains des brevets qui s'y trouvent sont en train d'être attribués à certaines entreprises, d'autres encore doivent être évalués plus à fond. Aucune démarche n'a encore été proposée pour ce qui touche la vente des brevets restants de Nortel. Si nous décidions d'en proposer une, il nous faudrait en discuter avec le contrôleur judiciaire, les créanciers aussi, et demander l'approbation des tribunaux; à ce moment-là, toute partie intéressée pourrait participer à la démarche en question.
En résumé, nous sommes d'avis qu'il s'agit d'une transaction qui est bonne pour le Canada, étant donné que l'achat par Ericsson des actifs ARMC/LTE de Nortel préserve des emplois, crée de la croissance et présente un élément de certitude pour les clients, les partenaires et les employés.
Voilà qui clôt mes observations, monsieur le président. Merci.
:
Merci, monsieur le président.
J'aimerais commencer par quelques remarques. Le Parti libéral reconnaît très clairement l'importance de l'économie du savoir pour l'avenir de notre pays, et notre chef l'a très clairement exprimé à maintes occasions. Comme nous le savons tous, Nortel possède au-delà de 5 000 brevets et a un personnel talentueux composé de chercheurs, de scientifiques, d'ingénieurs et de technologues dont l'emploi est en jeu. Il ne faut pas non plus oublier les retraités, dont la pension est à risque. C'est la plus grande société au Canada en termes de dépenses de recherche et de développement. Quand une telle société est en train d'être démantelée et risque de disparaître, nous avons certainement tous, en tant que parlementaires, le devoir de nous pencher sur cette situation extrêmement importante pour l'avenir du Canada.
Le Parti libéral mise très clairement sur le secteur de la haute technologie pour assurer la prospérité de notre pays à l'avenir. C'est pour cette raison que notre chef Michael Ignatieff a envoyé une lettre au premier ministre la semaine dernière afin de l'encourager très fortement à se pencher sur ce dossier, compte tenu de l'importance de cette question pour le Canada et les contribuables canadiens.
Avec ce préambule,
[Traduction]
Premièrement, je tiens à remercier M. Riedel, M. Lowe et M. Tay d'être venus ce matin. Nous vous sommes très reconnaissants du fait d'être venus faire quelque peu la lumière sur ce qui s'est passé, comme vous l'avez fait remarquer, dans une certaine mesure, dans les médias ou derrière les portes closes. Nous voulons certainement faire la lumière sur un grand nombre de questions qui demeurent sans réponse, et j'apprécie quant à la moi les précisions que vous êtes venu apporter.
Je voudrais d'abord poser une question sur toute réunion qu'il y aurait eu entre Nortel et le gouvernement fédéral depuis un an, plus ou moins.
Lorsqu'il est devenu évident chez Nortel que vous n'alliez pas renverser la situation et que vous avez commencé à envisager certaines options, votre direction a-t-elle rencontré les responsables fédéraux? Si la réponse est « oui », j'aimerais que vous me disiez comment ces réunions-là se sont passées.
:
Permettez-moi de répondre à cela une question à la fois.
En 2003, la SEE est intervenue et a établi une facilité de cautionnement qui nous a permis de consigner un cautionnement sur nos engagements face à la clientèle et non pas nos engagements en matière de R-D. Elle a donc été très serviable en nous donnant accès à cette facilité de cautionnement, pour que nous puissions assurer la vente d'un réseau ou d'un élément d'une technologie sur différents marchés. À ce moment-là, la facilité valait entre 250 et un maximum de 750 millions de dollars; cela a donc été très utile.
Si on remonte moins loin dans le temps, la SEE nous a fourni après la faillite un soutien de 30 millions de dollars pour que nous puissions continuer à exercer nos activités, après janvier. Le financement de la SEE se résume à cela, à ma connaissance.
Quant aux questions fiscales entourant la RS et le DE, à ma connaissance, cela remonte seulement à 2001. Pour la période antérieure, vous m'excuserez, je ne suis tout simplement pas au courant. Par contre, je peux trouver cela. Comme je l'ai déjà dit, à partir de 2001, nous n'avons pas été en mesure de nous prévaloir de ces crédits d'impôt-là, étant donné les pertes que nous subissions.
:
Merci, monsieur le président.
Merci également à vous de venir témoigner devant le Comité de l'industrie.
Je dois vous dire que nous, au Bloc québécois, sommes ouverts à l'idée d'étudier en comité cette transaction Ericsson-Nortel. Nous voulons connaître les impacts de cette transaction afin de vérifier si elle est bénéfique pour le Québec et si les engagements d'Ericsson sont bel et bien respectés. Je présume que dans le cadre de cette transaction, vous avez dû parler de projets et de développement, et nous souhaitons que le Québec reçoive sa part.
Je dois vous dire également qu'à première vue, nous sommes favorables à cette transaction, mais nous voulons en connaître les conditions.
Nous nous réjouissons d'avoir appris que les procédures judiciaires ont été suivies dans un cadre régulier. J'ai même lu le témoignage d'un juge qui manifestait un certain enthousiasme à l'égard de la manière dont cela s'était déroulé. Nous participons au comité dans le but d'examiner attentivement les garanties données par Ericsson relativement au nombre d'emplois conservés au Québec et au fonds pour les retraités. On veut vérifier également les règles qui ont été suivies.
Je vous donne un exemple d'une situation que nous avons vécue chez nous — je viens de la région du Saguenay-Lac-St-Jean, au Québec. Rio Tinto, une compagnie étrangère, a acquis Alcan, une compagnie canadienne qui avait son siège social à Montréal. Notre parti avait établi certaines conditions, mais malheureusement, le ministre s'est empressé d'accepter la transaction. Même si nous avions fait connaître ces conditions, le ministre s'est empressé de nous court-circuiter et n'a imposé aucune condition à Rio Tinto. Je crois donc qu'il est normal d'avoir une discussion là-dessus pour s'assurer que le Québec ait sa juste part.
Mon collègue a parlé plus tôt de calendrier, de date de fin des négociations. Ce calendrier comporte sans doute des étapes. Quand avez-vous commencé les négociations? Y a-t-il eu une étape importante qui s'est produite à une date donnée? Quand avez-vous terminé les négociations? Je connais la date car vous avez parlé du 6 octobre, mais j'aimerais quand même que vous nous donniez un portrait d'ensemble.
:
Merci, monsieur le président.
Merci de vous être rendus ici ce matin.
S'il y a une chose que cette affaire a fait porter à mon attention, c'est le nombre de pensionnés de Nortel qui habitent dans ma circonscription. Il y en a tout un lot, et je suis étonné du nombre qui ont téléphoné et qui s'inquiètent de la situation. Quand j'ai entendu parler de la situation, j'ai essayé de me renseigner et j'ai appelé un de mes collègues, David McGuinty, qui est député ici dans le secteur. S'il y a quelqu'un qui pourrait comprendre cette affaire, ce serait lui, étant donné qu'il compte bon nombre de pensionnés dans sa circonscription lui aussi.
Certaines questions ont été soulevées, par exemple celle de l'invalidité de longue durée dont souffrent certaines des personnes en question. Il y a 400 personnes qui vivent une situation incertaine, encore une fois, et j'imagine que cela m'amènera à la question que je veux poser. À regarder ce qui se passe, je ne sais pas très bien vers quoi nous nous dirigeons ni quel sera le résultat. Je crois comprendre que Nortel vend une bonne part de ses brevets: 2 000. Cela en laisse 3 000, et je ne sais pas où ils vont aboutir ni ce que l'on en fera. Est-ce que Nortel va encore exister à la fin de cet exercice? Demeurera-t-elle en tant qu'entreprise de recherche qui ne fait que vendre que sa technologie? Va-t-elle faire breveter cette technologie pour vendre ensuite les droits d'utilisation? Est-ce une coquille vide? L'entreprise va-t-elle demeurer au Canada?
Ce sont toutes là des questions qui me sont posées par des gens qui ne savent vraiment pas ce qui va se passer. Nortel va-t-elle demeurer simplement une entreprise de R-D qui préservera ses acquis et préservera son excellence? Les questions que j'ai à poser sont donc très simples. Au terme de l'exercice, Nortel va-t-elle continuer d'exister sous une forme ou une autre?
Il y a des revenus qui proviennent des redevances, qu'il s'agisse de ventes ou de locations. Qu'est-ce qu'il en adviendra? Qui les recevra? Qui en profitera? Les actionnaires? Les pensionnés? Une tierce partie qui mettra la main sur une coquille vide? Est-ce que ce sera un paiement unique, voilà, c'est terminé, c'est fini, Nortel disparaît?
Si vous pouviez apporter des précisions en réponse à ces questions-là, je crois qu'il y a beaucoup de gens qui l'apprécieraient.
:
Permettez-moi de répondre en trois étapes.
Les principales entreprises qui composent Nortel seront vendues. Nous allons organiser l'appel de soummissions d'amorce pour les principales entreprises qui demeurent d'ici la fin du troisième trimestre; selon le moment où la transaction sera conclue, ce serait donc au quatrième trimestre de 2009 ou au premier de 2010 que ça se passera, mais les entreprises principales seront vendues.
Quant aux brevets restants, aucun processus n'a été mis de l'avant pour régler la situation. Essentiellement, nous devions vendre les actifs d'abord, car chaque fois que vous vendez ces actifs, vous créez une équation compliquée qui fait qu'on se demande où les brevets vont aboutir, quelle licence d'utilisation dans un champ d'exploitation donné doit exister et ainsi de suite; il s'agit de vendre les actifs d'abord puis, ensuite, d'essayer de maximiser la valeur des brevets qui restent. À l'étape où nous en sommes, nous examinons plusieurs options, mais aucun processus n'a encore été mis de l'avant en ce qui concerne les brevets restants.
D'après la loi, nous allons devoir faire approuver le processus, quel qu'il soit, par le contrôleur, les tribunaux et les créanciers. Je comprends la question que l'on pose à propos de l'incertitude et je sais pourquoi on la pose à ce moment-ci, mais je ne peux vous donner de réponse plus complète quant à savoir ce qu'il adviendra de ces brevets-là.
:
Je vais faire de mon mieux.
La transaction porte notamment sur l'entreprise CDMA Business. CDMA — AMRC en français —, c'est un type de technologie conçue pour les téléphones cellulaires. C'est une technologie qui s'utilise d'abord et avant tout en Amérique du Nord. Elle avait été conçue à l'origine par Qualcomm, aux États-Unis, puis a été adoptée par plusieurs des grands exploitants en Amérique du Nord — au Canada, cela comprend Bell Canada et Telus, aux États-Unis, ce sont Verizon, Sprint, U.S. Cellular et plusieurs autres entreprises. C'est une technologie qui vous permet d'utiliser votre téléphone cellulaire. L'entreprise que nous vendons combine les actifs, les employés — 2 500 personnes environ — et les contrats avec les clients que nous avons d'abord et surtout en Amérique du Nord. Cette entreprise-là représente plus ou moins l'essentiel de la transaction en question.
Quand nous parlons de LTE, ce n'est pas vraiment une entreprise: il n'y a pas de contrats compris dans la transaction. Il s'agit d'actifs associés à la mise au point de la technologie de la prochaine génération. L'une quelconque des technologies comme la technologie AMRC... si vous avez un BlackBerry, vous vous en servez pour transmettre des signaux vocaux et des données, mais la technologie de la prochaine génération, baptisée LTE, permettra d'accroître sensiblement la bande passante avec les mêmes appareils et, avec le temps, elle l'emportera sur l'AMRC. Les gens remplaceront un par l'autre.
En termes simples, c'est de ça qu'il s'agit.
:
Eh bien, j'ai plusieurs questions à poser, si j'ai le temps de le faire.
J'aimerais aborder un peu la question des pensions avant de passer à d'autres choses. C'est regrettable, notre gouvernement provincial, qui assume la responsabilité en matière de pensions, est sous-financé. Je crois que nous l'admettons tous. En tant que gouvernement, nous allons devoir examiner de façon très, très sérieuse, la possibilité d'adopter une loi en ce sens. Par le passé, nous avons eu l'impression que certaines entreprises étaient trop grosses pour s'effondrer, qu'il s'agisse des aciéries américaines, des fabricants d'automobiles ou de Nortel. Eh bien, cette réalité-là, cette bulle-là, a éclaté. Nous allons certainement devoir nous pencher non seulement sur la situation qui existe en ce moment, mais aussi sur les mesures qu'il faudra prendre à l'avenir.
J'ai un intérêt personnel pour la question en disant cela: dans ma circonscription, il y a plus de 3 000 retraités chez qui l'impact se fait très, très, très sévère.
Tout de même, ce qui me préoccupe vraiment en ce moment, étant donné que nous allons accueillir d'autres témoins aujourd'hui — et, évidemment, RIM y compris —, c'est que certaines des déclarations des deux autres parties prêtent à confusion, selon moi. À la suite de l'offre première présentée par Siemens, combien de soumissionnaires canadiens cherchaient, à ce moment-là, à acquérir les actifs de Nortel?
Monsieur le président, mesdames et messieurs les députés, monsieur le sous-ministre, collègues et amis, merci de m'avoir invité aujourd'hui. Je suis président et co-chef de la direction de Research in Motion Limited, que j'ai fondé avec mon ami Doug Fregin au moment où nous étions encore étudiants. Cette année marque le 25e anniversaire de RIM et le 10e anniversaire de notre produit fort, le BlackBerry.
Après avoir consacré 25 années au développement d'une société d'envergure mondiale, je connais très bien l'industrie des télécommunications sans fil, de même que les fournisseurs d'infrastructure réseau sans fil. Peu de gens le savent, mais, en plus de concevoir des téléphones intelligents de qualité, RIM détient et exploite l'un des plus gros réseaux IP au monde, qui rejoint plus de 400 réseaux à l'échelle internationale. De ce fait, je connais bien Nortel, qui a déjà été un investisseur stratégique de RIM, et il va sans dire que je suis attristé par sa déroute, d'autant plus qu'elle a déjà été fleuron canadien dans le secteur de la technologie et qu'elle est aujourd'hui traitée comme une simple voiture mise à la casse et vendue pièce par pièce.
Comme c'est souvent le cas pour les grandes sociétés qui subissent un échec, les erreurs qui ont mené à l'insolvabilité de Nortel ont été commises il y a bon nombre d'années, et ce n'est que récemment que la société n'a plus été en mesure de poursuivre ses activités. La crise financière mondiale et sa lourde dette ont porté les derniers coups.
Cela ne veut pas dire pour autant que Nortel n'a plus aucune valeur ou qu'elle n'en avait pas à l'époque. Certaines de ses divisions présentent de bonnes occasions d'affaires et, ce qui est plus important encore pour le Canada, c'est qu'il lui reste sa propriété intellectuelle et les chercheurs qui l'ont développée. Il a fallu de nombreuses années pour bâtir cette propriété intellectuelle et pour réunir cette équipe de chercheurs chevronnés, et c'est principalement ici, dans la région d'Ottawa, que tout cela a été accompli.
Une partie de cette propriété intellectuelle est associée aux entreprises traditionnelles de Nortel et aura peu de valeur dans l'avenir. Cependant, la propriété intellectuelle de Nortel associée à sa technologie sans fil de prochaine génération, connue dans l'industrie sous le nom de technologie ELT, et les chercheurs qui ont travaillé à ce projet constituent rien de moins qu'un patrimoine national que le Canada doit préserver.
Permettez-moi de dire quelques mots au sujet de l'importance de la technologie ELT. Il s'agit, de loin, de l'architecture la mieux adaptée aux réseaux sans fil de prochaine génération. Elle offre une plus grande vitesse de transmission de données, et l'expérience qu'elle propose aux clients est supérieure à celle offerte par les réseaux actuels. Grâce à la technologie ELT, les gouvernements et le secteur privé pourront offrir davantage de services et des services de qualité supérieure par l'entremise des réseaux sans fil, ce qui comprend les services qui doivent être fournis en situation de crise ou d'urgence nationale.
La technologie ELT représentera également une occasion commerciale très attrayante pour l'ensemble du secteur, y compris pour les fournisseurs d'infrastructure, les fabricants d'appareils téléphoniques portables et les concepteurs d'applications. Bell, Telus et Rogers ont toutes annoncé qu'elles avaient l'intention de déployer la technologie ELT dès qu'elle sera disponible, tout comme Verizon Wireless, AT&T et Vodafone et plusieurs autres sociétés ailleurs dans le monde.
Il y eu beaucoup de conjectures au sujet de l'intérêt principal de RIM pour les activités Nortel, plus particulièrement pour ses effectifs et sa propriété intellectuelle associée à la technologie ELT. Je peux vous confirmer cet intérêt. Durant plusieurs mois, nous avons mené des négociations sérieuses avec Nortel en vue d'acquérir un certain nombre d'actifs d'ELT et pour retenir les services des chercheurs travaillant sur cette technologie. Ces négociations ont commencé avant que Nortel ne prenne la décision de se placer sous la protection de la Loi sur les faillites en janvier et se sont poursuivies pour s'élargir par la suite.
Chez RIM, nous désirons poursuivre le travail des chercheurs de Nortel en combinant le fruit de leurs travaux sur les réseaux sans fil de prochaine génération à nos propres travaux et en retenant leurs services au sein de notre division de recherche et de développement. De cette manière, la commercialisation future des produits fondés sur la technologie ELT pourra se faire ici, au Canada, par un chef de file mondial.
Comme le passé l'a démontré dans notre secteur et dans d'autres aussi, les leaders mondiaux mènent leurs principaux programmes de recherche à proximité de leur siège social, et les retombées des recherches sont plus importantes dans les pays où les entreprises conservent les droits sur la commercialisation des produits qu'elles conçoivent. Ces retombées s'observent non seulement au chapitre des emplois créés, du volume d'exportation et des bénéfices dégagés par les entreprises, mais également au chapitre des investissements dans la collectivité et du nombre d'organismes caritatifs qui en bénéficient, que ce soit dans le domaine de l'éducation, de la santé, des services sociaux ou des arts.
L'échec de nos discussions avec Nortel, qui n'ont pas abouti à un résultat favorable pour RIM et pour le Canada, est un autre triste chapitre de la débâcle de Nortel. Je me contenterai de dire que Nortel n'a pas négocié de bonne foi et a omis de tenir les promesses qu'elle avait faites à RIM en différentes occasions. Au lieu de cela, elle a conclu des ententes avec Nokia Siemens Networks, puis avec Ericsson, limitant ainsi la valeur que représentaient les actifs d'ELT de Nortel pour nous et pour toute autre entreprise.
Lorsque nous avons tenté de participer à la vente aux enchères de la division sans fil de Nortel afin de préserver la valeur de ces actifs, Nortel a retardé le processus et a établi une condition qui aurait empêché RIM de soumettre une offre pour acquérir les actifs d'ELT importants. Ces conditions ne posaient aucun problème pour d'autres enchérisseurs, mais elles en posaient pour RIM. Il m'était tout simplement impossible de les accepter.
Ceux et celles qui m'ont déjà rencontré au siège social de RIM à Waterloo se souviendront du modèle réduit Avro Arrow qui se trouve sur mon bureau. Par pure coïncidence, cette année marque le 50e anniversaire de l'annulation du programme Arrow. Peu importe notre opinion sur la décision qui a été prise de mettre fin à ce programme, une chose est sûre: l'incapacité de sauvegarder la propriété intellectuelle associée à ce projet et de retenir les services des chercheurs qui y ont participé a été une erreur stratégique. En renonçant à la propriété intellectuelle et en congédiant le personnel, le Canada a abandonné un élément important de l'avenir de l'aviation dont les citoyens canadiens auraient pu bénéficier durant des générations.
Cinquante ans plus tard, nous envisageons l'abandon d'une autre technologie qui est le fruit de l'ingéniosité canadienne. Il nous faut tirer une leçon de notre histoire et éviter de répéter la même erreur.
Le gouvernement au pouvoir comprend parfaitement ce qui s'est produit. En mai 2008, prenant la parole en son nom, le ministre de l'Industrie en poste à ce moment a déclaré, et je cite:
Lorsque vient le temps de déterminer si un achat effectué dans un autre pays représente un avantage net pour le Canada, voici la conclusion à laquelle j'arrive: le Canada doit continuer d'avoir compétence sur les technologies qui garantissent l'avenir de notre industrie et l'atteinte de nos objectifs en matière de politique publique et d'exercer un contrôle sur celles-ci. Nous n'accepterons pas de perdre notre contrôle juridictionnel au profit d'une tierce partie.
Monsieur le président, je suis d'avis que l'opération visant Nortel, selon la structure actuelle, n'est pas dans l'intérêt supérieur du Canada et j'estime qu'il incombe au gouvernement de l'examiner sous toutes ses coutures en faisant appel à toutes les ressources dont il dispose. Nous devrions par ailleurs tenter de trouver une solution acceptable pour chacune des parties et pour le Canada, puisqu'il n'est peut-être pas trop tard pour trouver une solution gagnante.
À cette fin, j'estime que le ministre de l'Industrie devrait organiser une rencontre urgente entre le gouvernement, Nortel, Ericsson et RIM. Le prestige du ministre Clement est tel qu'il pourrait certes être en mesure, au cours des quelques prochaines semaines, d'arriver à un compromis qui est dans l'intérêt de chacune des parties et dans celui des Canadiens. Avec une occasion pareille, je peux vous assurer que RIM offrirait aux autres parties sa collaboration la plus totale.
Merci. Je vais maintenant répondre à vos questions.
:
Merci beaucoup de poser cette question-là.
Nous n'avons pas de bureaux au Québec en ce moment. Nous y appuyons la recherche universitaire.
Ce que je peux vous dire, c'est que durant la période où RIM a commencé à afficher une croissance très, très rapide, nous avons été étonnés de constater que notre population locale et nos établissements locaux n'arrivaient plus à nous pourvoir en personnel de première qualité. Nous avons commencé à prendre de l'expansion, et on voyait nos bureaux grossir et s'implanter à Toronto et à Ottawa, et nos bureaux vont continuer à prendre de l'expansion au fur et à mesure que nous cherchons du personnel. Il est donc très possible que nous ayons des bureaux dans des secteurs où la technologie est merveilleuse et, certes, le Québec présente une histoire et une tradition merveilleuses en technologie.
Ce qu'il est très, très important de comprendre selon moi, c'est que le fait d'être un chef de file en technologie, surtout en R-D, partie à une norme mondiale a permis à Nortel d'avoir une place à la table de l'organisme de normalisation et de prendre part au processus de normalisation. C'est un élément tout à fait capital de l'équation, étant donné que cela a permis à Nortel de donner forme à la technologie; l'entreprise a aidé à façonner la technologie sur laquelle nous allons tous compter à l'avenir. À mes yeux, il est d'importance capitale que le Canada conserve cette position-là, cette place-là à la table. Ce n'est pas que cette entreprise-là ni la ville où elle se trouve, c'est important pour tout le Canada, car le monde entier va adopter la technologie 4G; la dernière chose que je voudrais à ce moment-là, c'est de ne plus avoir de place à la table.
:
Eh bien, la première chose qui arrive lorsque vous affichez une croissance comme celle que nous avons le bonheur d'avoir — je parle ici d'une période de plus de 10 ans où le taux de croissance moyen s'élève à 80 p. 100 par année —, bien entendu, c'est vraiment bon pour l'économie locale et ça donne des impôts qui profitent à l'ensemble du pays. Je crois que c'est important.
La deuxième chose qui arrive, c'est que toutes les entreprises locales, tous les fournisseurs locaux, puis tous les fournisseurs du pays se retrouvent dans une situation où ils peuvent apporter leur pierre à l'édifice et fournir des biens. N'oubliez pas: nous fabriquons également un grand nombre de nos BlackBerrys ici même au Canada, ce qui est tout à fait unique dans l'industrie, dans notre industrie, et c'est utile à cet environnement-là. De même, nous avons beaucoup de technologies dérivées. Vous savez, il y a eu des entreprises, il y a eu des personnes qui, tout comme chez Nortel, ont quitté l'entreprise et se sont lancées en affaires elles-mêmes. Nous l'avons vu à plusieurs reprises. Nous avons aussi vu un grand nombre d'autres entreprises qui ont constaté que le fait de se fonder sur la plate-forme du BlackBerry est très, très profitable.
Puis, bien entendu, vous savez — je crois que c'est une chose que nous oublions —, les pionniers du cellulaire au pays, qui ont misé sur le BlackBerry il y a 10 ans et plus, ont connu un grand succès dans le monde du numérique sans fil où nous évoluons aujourd'hui. J'entends par là que beaucoup d'autres pays et beaucoup d'autres entreprises de télécommunications seraient jaloux de ce type de succès.
Ça a donc été très bon pour l'industrie générale au Canada.
Pour terminer, à titre de président, je vais faire une dernière remarque.
Vous dites que RIM ne pouvait soumissionner sur les deux éléments d'actif dans le cadre des enchères, c'est-à-dire les actifs d'ELT et certains autres actifs d'ELT, en même temps, à l'occasion de la même enchère, mais les tribunaux ont déterminé que ces deux éléments d'actif seraient mis en vente à l'occasion de deux enchères distinctes. Ils l'ont fait pour maximiser les sommes d'argent à recueillir pour la cession des éléments d'actif de Nortel et pour que les créanciers et les pensionnés obtiennent la plus grande somme d'argent possible pour leurs obligations et leur pension.
Il me semble qu'il y a là une incongruité. Votre collègue, M. Balsillie, a fait valoir que, à la suite d'une procédure de faillite sous l'égide d'un tribunal du sud-ouest des États-Unis, à Phoenix, l'enchère devrait être remportée par le plus offrant, que le soumissionnaire retenu devrait pouvoir être étranger et que le soumissionnaire retenu devrait pouvoir installer l'entreprise en dehors du pays. Néanmoins, pour une autre enchère sous la surveillance d'un tribunal dans le nord-est des États-Unis et ici, vous et vos collègues croyez que l'enchère devrait être dissociée, que ce n'est pas le plus offrant qui devrait l'emporter, que le soumissionnaire retenu ne devrait pas pouvoir être un étranger et que le soumissionnaire retenu ne devrait pas pouvoir installer l'entreprise en dehors du pays.
Vous mettez le gouvernement dans une position très difficile: l'investissement étranger direct est un élément très important de l'économie canadienne et, en tant que gouvernement, nous essayons de respecter les règles de l'IED et d'appliquer celles-ci uniformément. En tant que président, c'est une remarque que je souhaitais faire.
Je vous remercie tous les deux d'avoir pris le temps de venir témoigner moyennant un si court préavis.
Je vais suspendre les travaux pour 30 minutes.
[Français]
Bonjour.
Monsieur le président, j'aimerais vous remercier ainsi que vos confrères du comité de m'avoir donné l'occasion de me présenter devant vous aujourd'hui.
[Traduction]
Nous sommes ici pour discuter de l'acquisition par Ericsson de certains actifs de Nortel et de la façon dont, à notre avis, cela profitera au Canada. Mes collègues et moi avons déjà été présentés, alors nous pouvons passer à l'essentiel. J'aimerais d'abord prendre quelques minutes pour vous présenter le parcours d'Ericsson au Canada.
Fondée en 1953, Ericsson Canada est rapidement devenue l'une des plus importantes entreprises sur le plan de l'innovation au pays. De fait, au cours de la dernière décennie, nous avons investi plus de deux milliards de dollars canadiens en recherche et développement au pays.
Nous employons actuellement 1 900 personnes au Canada, dont 1 500 dans notre Centre montréalais de R.-D., l'un des plus importants centres de recherche et développement d'Ericsson en dehors de la Suède. Nous comptons également du personnel à Mississauga, en Ontario, et à Vancouver, en Colombie-Britannique. Une fois cette acquisition réalisée, nous emploierons environ 800 personnes de plus au Canada et nos investissements en R.-D. au pays continueront de croître proportionnellement.
Notre personnel canadien a apporté à Ericsson quelques 330 brevets au cours des 25 dernières années, et nous sommes confiants qu'avec l'ajout des compétences de Nortel à Ottawa lié à cette acquisition, nous maintiendrons notre niveau d'innovation.
Depuis le début de ses opérations au Canada, Ericsson a construit une bonne partie de l'infrastructure essentielle des télécommunications au pays. Nous agissons à titre de fournisseur exclusif de la société Rogers Sans-Fil depuis maintenant 25 ans. De plus, nous fournissons des solutions de télécommunications à Bell, à Telus et à d'autres entreprises de télécommunications canadiennes et à des sociétés de services publics au Québec et au Nouveau-Brunswick, et nous avons été le fournisseur de services pour le gouvernement du Canada et le ministère de la Défense nationale.
Nous collaborons également avec un certain nombre de nouveaux venus sur le marché des communications sans fil au Canada. En fait, cette semaine même, nous avons annoncé la signature d'un important contrat avec DAVE Wireless, pour lequel nous fournissons un réseau sans fil dans les principaux marchés d'un bout à l'autre du Canada.
L'histoire d'Ericsson au Canada démontre que nous avons travaillé sans relâche pendant plusieurs décennies pour bâtir une base solide de clients, en axant nos interventions sur l'innovation, sur la création d'emplois et sur le leadership en télécommunications. Nous nous engageons à poursuivre dans la même veine en maintenant nos efforts en matière d'innovation et en fournissant les solutions de pointe à notre clientèle actuelle et à venir. Bref, notre engagement envers le Canada est ferme et de longue durée.
Comme vous le savez, Ericsson a conclu une entente en vue d'acquérir essentiellement l'ensemble de l'entreprise CDMA de Nortel en Amérique du Nord, ainsi qu'une partie des actifs de son entreprise LTE Access, pour la somme de 1,3 milliard de dollars US, selon la méthode de comptabilité de trésorerie, sans facteur d'endettement. Cette entente est le fruit d'une vente aux enchères organisée par Nortel et surveillée de très près par les tribunaux de faillite canadiens et américains. Tous les investisseurs qualifiés, dont des investisseurs canadiens, pouvaient participer à cette vente aux enchères, laquelle avait pour but d'optimiser la valeur qu'en tireraient Nortel et ses actionnaires. Ce sont les présidents des tribunaux qui ont déterminé le processus de vente aux enchères afin que celui-ci soit équitable pour tous.
L'entreprise CDMA de Nortel dont il est question dans cette entente est prospère, tant sur le plan technologique que du point de vue de sa profitabilité. Nous comptons faire en sorte que ses opérations se poursuivent essentiellement de la même manière. Cette entreprise sera, en grande partie, exploitée en tant qu'unité distincte au sein d'Ericsson. Elle sera gérée par ses cadres actuels, sous la direction du président présentement en poste à la division Carrier Networks (réseaux d'entreprises de télécommunications) de Nortel, le Canadien Richard Lowe, qui a témoigné plus tôt ici aujourd'hui, si je ne m'abuse.
Même si l'unité commerciale CDMA occupe une place prépondérante en tant que fournisseur d'équipements de réseaux CDMA aux entreprises de télécommunications sans fil, la technologie CDMA connaît une décroissance graduelle à mesure que les technologies sans fil de la prochaine génération, notamment l'accès HSOPA ou « accès par paquets OFDM haut débit », viennent la remplacer. Ces technologies de la prochaine génération présentent des débits de transmission de données plus rapides, elles facilitent le raccordement de nouveaux services sur réseaux à large bande et rehaussent l'expérience des consommateurs lorsqu'ils utilisent leurs appareils mobiles.
Puisque l'achat des actifs de l'entreprise LTE Access semble avoir suscité le plus haut degré d'intérêt dans cette affaire, j'aimerais préciser la nature de cet achat en ce qui a trait aux brevets de l'entreprise LTE.
Il y a deux aspects. Premièrement, nous offrirons un poste au sein de l'entreprise à quelque 800 employés de Nortel, dont 400 qui seront directement affectés au développement de LTE. Deuxièmement, nos licences d'accès à certains brevets LTE Access de Nortel seront non exclusives. Sur ce dernier point, nous désirons préciser que nous ne faisons nullement l'acquisition des brevets LTE de Nortel; nous désirons simplement les utiliser sous licence non exclusive. Nortel sera toujours le propriétaire de ses brevets LTE et pourra, à son gré, en permettre l'utilisation sous licence ou les vendre à d'autres entreprises. Ainsi, ces brevets seront toujours détenus par Nortel. Ces actifs et ces droits sont très complémentaires à ceux d'Ericsson et, une fois cette acquisition réalisée, Ericsson se classera parmi les plus importants fournisseurs de technologies et de services sans fil en Amérique du Nord.
En réponse aux commentaires concernant la sécurité nationale diffusées dans la presse, je note que les réseaux CDMA sont basés sur des standards internationaux communs, ce qui signifie que la technologie est déjà largement partagée dans l'industrie. Par conséquent, nous ne voyons aucun problème sur ce plan en lien avec l'acquisition en cours.
Nous offrirons des emplois aux quelque 800 employés et employées de Nortel au Canada affectés à ces domaines, à savoir CDMA et LTE. Leur rémunération et leurs avantages sociaux seront sensiblement les mêmes, et ils travaillerons au même endroit. Nous ne prévoyons pas faire de mises à pied, ni modifier de façon importante le travail quotidien de ce personnel.
Pour nous, cette acquisition constitue une occasion unique de poursuivre notre tradition d'excellence en matière d'innovation en préservant ces carrières en technologie et en en créant de nouvelles dans l'avenir, en continuant à investir largement en recherche et développement et en vendant une technologie « développée au Canada » à notre clientèle partout dans le monde.
Bien que la valeur comptable de l'acquisition proposée soit inférieure au seuil prévu à la partie IV de la Loi sur Investissement Canada, il n'en demeure pas moins que l'investissement proposé présentera des avantages certains pour le Canada. D'abord, l'investissement proposé offre aux chercheurs de Nortel l'occasion de se joindre à l'équipe mondiale de recherche d'Ericsson et de partager son savoir et ses pratiques d'excellence avec les chercheurs d'Ericsson Canada. Grâce à l'investissement proposé, Ericsson pourra faire en sorte que le Canada demeure un chef de file du développement technologique en ce qui a trait aux technologies de générations futures, dont l'accès HSOPA.
Les bénéfices de cette transaction aideront le gouvernement à atteindre ses objectifs d'attirer des investissements étrangers directs pour augmenter la productivité du Canada. Ericsson compte offrir des postes aux quelque 800 employés et employées de Nortel au Canada, tel que défini dans l'entente approuvée dans le cadre de la vente aux enchères. Le centre R.-D. montréalais d'Ericsson Canada se classe parmi les plus importantes installations de recherche et développement au monde et l'une des plus importantes entreprises de R.-D. au Canada.
Ericsson Canada est un fournisseur digne de confiance pour nombre d'entreprises du marché canadien depuis près de 60 ans et continuera d'offrir un service supérieur à sa clientèle actuelle et future. Ericsson compte bien demeurer présente au Canada, et l'investissement proposé aidera à faire en sorte que le Canada continue d'occuper une place de premier choix au sein de sa stratégie mondiale.
Enfin, les antécédents d'Ericsson au Canada témoignent non seulement de son engagement soutenu envers son chiffre d'affaires, mais aussi envers des activités de recherche et développement poussées, lesquelles contribuent à la prospérité et à la productivité à long terme du Canada. Ainsi, selon nous, il s'agit là d'une bonne affaire pour Nortel, pour Ericsson et, certainement, pour le Canada.
Nous vous remercions encore une fois de nous avoir permis de nous adresser à vous. Nous serons heureux de répondre à toutes vos questions.
:
Vous savez, lorsque j'ai dit, dans ma déclaration préliminaire, qu'Ericsson avait fait ses débuts en 1953, de toute évidence, ce n'était pas avec Rogers. Je veux dire, dans les années 1960 et 1970, la société évoluait dans nombre de secteurs, y compris celui des commutateurs téléphoniques qui permettaient les interurbains internationaux; elle a fait passer des câbles de transmission sous la mer pour relier l'Î.-P.-É. au continent, et elle a mis en place des systèmes radars transhorizon sur les frégates de la marine canadienne.
Toutefois, en 1984, lorsque les premières licences d'exploitation sans fil ont été délivré au Canada, nous avions établi le partenariat avec Cantel, en vue de déployer tout le réseau d'un océan à l'autre. Cela s'est révélé une aventure fantastique pour Ericsson. C'est une relation qui existe encore aujourd'hui, 25 ans plus tard. Nous savons que l'innovation et la technologie qui accède au marché par l'intermédiaire de ce réseau en font l'un des premiers fournisseurs de produits de télécommunications au pays, et nous sommes son seul partenaire au chapitre de l'équipement de réseau sans fil.
Si vous me permettez de faire encore plus de liens, j'aurais deux ou trois choses à ajouter.
En 1989, on a mis sur pied un autre réseau d'un océan à l'autre pour Rogers. On l'a nommé Mobitex. Il s'appuyait sur l'une des premières technologies de transmission des données mobile. Elle a été mise au point exclusivement par Ericsson, puis vendue à Rogers, et nous l'avons installée d'un océan à l'autre. On a aussi installé un réseau transcontinental aux États-Unis. Le réseau Mobitex est la technologie, qu'utilisaient les tout premiers téléavertisseurs de RIM. La première pièce du casse-tête était la technologie Mobitex. Alors, il y a un lien technologique considérable non seulement avec Rogers, mais aussi avec Research In Motion et certaines des choses qui ont été faites dans le pays.
En 1984, lorsque les licences ont été délivrées, on a également décidé d'installer un module d'innovation à Montréal. Au début, il comptait seulement de 45 à 50 personnes, et, depuis la naissance de ce partenariat, il est réellement devenu l'une des premières entreprises de recherche et développement au pays.
Alors, nous sommes très fiers de ce qui a été accompli ici et de notre relation avec Rogers au cours des 25 dernières années.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
[Traduction]
Merci beaucoup d'avoir témoigné aujourd'hui.
Monsieur Henderson, bon nombre des employés actuels de Nortel qui relèveraient désormais d'Ericsson si le marché est conclu vivent à Ottawa-Orléans, à savoir la circonscription que j'ai l'honneur de représenter ici. Par conséquent, il m'est très important de savoir en quoi ce marché touchera les gens, les hommes et les femmes ordinaires qui suivent notre séance, de chez eux ou d'ici, dans les tribunes. Si je me mets dans la peau des nombreux employés de Nortel qui vivent à Ottawa-Orléans, en quoi ma vie changerait à la suite de ce marché?
Vous avez livré un exposé très éloquent aujourd'hui. J'ai éprouvé un peu de nervosité lorsque j'ai vu, au quatrième paragraphe de la dernière page, ce que j'interprétais comme un manque de résolution de la part d'Ericsson. Vous dites: « Ericsson compte bien demeurer présente au Canada, et l'investissement proposé aidera à faire en sorte que le Canada continue d'occuper une place de premier choix au sein de sa stratégie mondiale. » Je me suis aperçu, lorsque vous répondiez aux questions, après votre exposé, que vous avez exprimé des intentions un peu plus fermes. Ericsson est-elle prête à s'engager envers les employés actuels de Nortel qui vivent à Ottawa-Orléans et ailleurs au Canada à tenter de faire en sorte que ces emplois demeurent à leur emplacement actuel?
C'est ma question pour l'instant, monsieur le président.
:
Tout d'abord, en ce qui concerne les employés et vos commettants, je comprends. Les employés qui joindront les rangs d'Ericsson se verront offrir — je crois que nous l'avons déjà dit — essentiellement la même rémunération et les mêmes avantages. Bien sûr, après tant d'années d'activités au Canada, nous estimons que la rémunération et les avantages qu'offre notre société sont des plus avantageux et, certes, concurrentiels au sein de l'industrie. Je crois qu'il n'y aura pas de problème à cet égard.
Nous précisons, plus tôt dans notre déclaration, si je ne m'abuse, que notre démarche vise justement à employer ces 800 personnes, et nous allons le faire. En général, ils relèveront de l'administration en place aujourd'hui, dirigée par Richard Lowe. Leurs activités se feront toujours à l'endroit où elles se font aujourd'hui. Je crois, surtout à Ottawa, comme je l'ai dit, qu'il est important de maintenir l'équilibre du réseau — le module d'innovation, les universités, les installations et le mode de vie. Il y a beaucoup d'éléments inhérents au milieu qui nous incitent à maintenir un établissement à un endroit donné, alors je crois que c'est notre engagement.
Si vous pensez aux employés du reste du pays, pour la plupart, comme je l'ai dit, ils sont là pour soutenir et renforcer les ventes de CDMA Business. Alors, il y a lieu de se demander, dans l'avenir, puisque cette technologie arrive à maturité, ce qu'il adviendra de ces personnes dans quatre ou cinq ans. Je crois que nous nous sommes engagés à prendre toutes les mesures possibles pour nous assurer que ces emplois sont maintenus et que la croissance est au rendez-vous. Après tout, si nous mettons au point de nouvelles solutions technologiques, qui de mieux pour vendre ces solutions technologiques à la nouvelle clientèle que les gens qui entretiennent des relations profondes avec ces clients depuis tant d'années? C'est ce que nous espérons.
:
Alors, quand Nortel redeviendra rentable, elle pourra demander le crédit d'impôt à la RS-DE. Merci. C'est un renseignement très utile, car c'est la première fois que cet aspect est intégré à la vue d'ensemble.
Voici la situation qui commence à se dessiner: je n'ai jamais rien entendu de négatif au sujet d'Ericsson pour ce qui est du respect de ses engagements, mais, depuis le temps que je suis ici, j'ai entendu des sociétés promettre qu'elles ne feront pas une chose ou une autre. De fait, la Loi sur Investissement Canada prévoit même des ententes qui sont censées avoir force exécutoire. Ensuite, il faut aller en cour lorsqu'une société n'obtient pas les résultats escomptés, et prendre diverses mesures. Je ne veux pas laisser entendre que c'est votre cas, mais nous devons croire cela dans le cas qui nous occupe.
Nous arrivons vraiment à la conclusion que, si ce marché est conclu, vous allez jouir d'un avantage plutôt considérable à l'égard d'une technologie révolutionnaire — et, grand bien vous en fasse, vous êtes entré en concurrence, avez fait preuve de perspicacité et avez tiré avantage de la situation. Mais le problème, c'est que l'autre concurrent devra acheter les vieilleries de Nortel.
On pourrait faire valoir que l'octroi de licences d'exploitation plutôt que la vente pure et simple va en fait diminuer la valeur comptable, car si quelqu'un d'autre voulait obtenir les brevets, il pourrait le faire, mais il obtiendrait une coquille vide. Il n'aurait pas accès aux travailleurs, à l'infrastructure et à toutes ces choses. Ils n'obtiendrait que le brevet lui-même. En revanche, si vous faites une percée et mettez au point et brevetez un produit supérieur à celui qui fait l'objet du brevet actuel, il faudra vous demander une licence d'exploitation.
Est-ce que je comprends bien comment les choses se dessinent?
:
Bon après-midi à tous.
Good afternoon to everyone.
[Français]
Nous sommes ici conformément au paragraphe 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le comité le vendredi 7 août 2009, pour étudier le projet de vente de certains actifs de Nortel Networks.
[Traduction]
Nous nous réunissons aujourd'hui conformément à l'article 108(2) du règlement et à la motion adoptée par le Comité le vendredi 7 août 2009, pour étudier le projet de vente de certains actifs de Nortel Networks.
Nous accueillons trois représentants d'Industrie Canada: M. Richard Dicerni, le sous-ministre; Mme Marie-Josée Thivierge, sous-ministre adjointe, Services axés sur le marché et les petites entreprises; Mme Helen McDonald, sous-ministre adjointe, Spectre, technologies de l'information et télécommunications. Bienvenue à tous les trois.
Nous allons commencer la séance avec une déclaration préliminaire d'une durée de 10 minutes, puis nous aurons 50 minutes de questions et de commentaires de la part des députés, pour pouvoir aller à huis clos à 14 h 45 afin de discuter de la direction que prendra ce comité.
Sans plus attendre, monsieur Dicerni, à vous la parole.
:
Merci, monsieur le président.
Puisque vous avez indiqué que nous n'allions avoir que 60 minutes, je pense que ma déclaration préliminaire sera de 60 secondes, ce qui nous donnera plus de temps.
J'aimerais remercier le comité de m'avoir offert l'occasion de venir ici aujourd'hui et de m'adresser à vous en ma qualité de sous-ministre de l'Industrie et de directeur des investissements en vertu de la Loi sur Investissement Canada. J'aimerais également vous présenter mes collègues: Helen McDonald, sous-ministre adjointe du Spectre, des technologies de l'information et des télécommunications et Marie-Josée Thivierge, sous-ministre adjointe des Services axés sur le marché et les petites entreprises, mais également, ce qui est sans doute plus important, sous-ministre adjointe chargée de l'administration de la Loi sur Investissement Canada.
J'aimerais souligner que nous sommes, y compris Mme Thivierge, limités dans ce que nous sommes en mesure de divulguer relativement à des cas particuliers qui pourraient être assujettis aux dispositions de la Loi sur Investissement Canada.
[Français]
Cette question de confidentialité a déjà été abordée l'année dernière, lorsque M. Prentice s'était présenté devant le comité pour discuter d'une autre transaction. Malgré tout l'intérêt qu'avait le ministre d'aborder le fond du dossier, malheureusement, il ne le pouvait pas. Ces mêmes règles s'appliquent aujourd'hui au cas dont vous avez discuté plus tôt ce matin.
[Traduction]
Maintenant que j'ai fait cette mise en garde relative à la confidentialité relevant de la Loi sur Investissement Canada, mes collègues et moi pouvons répondre à vos questions.