:
La séance est ouverte. Lorsque je lève les yeux, je vois une vieille connaissance, et c'est fantastique.
C'est la 23e séance du Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre. Conformément au paragraphe 32(5) et à la motion qui a été adoptée par le comité le jeudi 30 septembre 2010, nous entreprenons l'étude du rapport de la commissaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique sur ses activités ayant trait au Code régissant les conflits d'intérêts des députés, renvoyé au comité le mercredi 21 juillet 2010.
Ce que cela signifie, c'est que vous nous avez envoyé un rapport et nous voulons entendre votre témoignage et savoir ce que vous avez fait.
Madame Dawson, nous sommes heureux de vous accueillir de nouveau parmi nous. Je vais vous permettre de faire une déclaration préliminaire et présenter les personnes qui vous accompagnent. Ensuite, nous permettrons certainement aux membres du comité de vous poser des questions.
Je voudrais m'excuser d'avance — et ces excuses s'adressent à tous les témoins —, mais le comité siège de 11 à 13 heures. En l'occurrence, certains députés mangeront devant vous, puisque c'est la seule façon dont ils pourront se sustenter pour l'après-midi. Je m'en excuse donc d'avance.
Je tiens aussi à m'excuser pour le fait que nous devons nous occuper des travaux du comité tout de suite après la séance. Donc, il est possible que nous mettions fin à la séance publique environ cinq minutes plus tôt pour que nous puissions terminer ces travaux aujourd'hui.
Sur ce, madame Dawson, nous sommes heureux de vous accueillir à nouveau. Veuillez nous présenter votre rapport.
Je suis accompagnée de Lyne Robinson-Dalpé, commissaire adjointe, Conseils et conformité, et de Nancy Bélanger, qui dirige nos services consultatifs et juridiques.
[Français]
Monsieur le président, j'aimerais remercier le comité de m'avoir invitée à comparaître aujourd'hui.
Je voudrais profiter de l'occasion pour souhaiter personnellement la bienvenue aux nouveaux membres du comité. Le commissariat a bénéficié d'une relation productive avec le comité, et j'ai bon espoir que nous pourrons continuer à travailler efficacement ensemble durant les semaines et les mois à venir.
Au cours des 10 prochaines minutes, je vais résumer certains des points saillants de notre rapport annuel 2009-2010 sur le Code régissant les conflits d'intérêts des députés. Mes remarques comprendront des références à nos rapports d'enquête, dans lesquels nous soulevons diverses questions sur lesquelles j'aimerais attirer votre attention aujourd'hui.
Puis, je passerai brièvement en revue nos propositions de modifications au code qui se trouvent actuellement devant le comité.
[Traduction]
Comme l'indique mon rapport annuel, le commissariat a pris diverses initiatives l’an dernier afin d'améliorer l'administration du code, notamment au niveau des conseils et de la conformité, de la sensibilisation et des communications. Nous avons aussi mené un certain nombre d'enquêtes. Nous avons amélioré notre processus de conformité et instauré un système de rappels pour aider les députés à se conformer aux dates limites de divulgation et de déclaration du code. Nous avons modernisé notre système de gestion électronique des dossiers pour que nos conseillers puissent donner plus rapidement des avis et des conseils aux députés. Nous nous apprêtons à ajouter des dates de révision annuelles à notre registre public accessible en ligne — en fait, je crois qu'elles sont toutes affichées en ce moment — afin de favoriser une meilleure conformité aux échéances et d'améliorer la transparence.
Dans l'esprit des exigences du code, nous avons aussi rendu accessibles dans le registre tous les documents d'appui ayant trait aux déplacements parrainés. Ces mesures ont été complétées par des activités continues de sensibilisation et de communication qui, au cours de l'exercice de 2009-2010, ont inclus plusieurs présentations aux caucus parlementaires et au personnel des députés ainsi qu'une séance d'information dans le cadre du programme des colloques de la Bibliothèque du Parlement.
La dernière année a été particulièrement active au chapitre des enquêtes en vertu tant du code que de la Loi sur les conflits d'intérêts. Le commissariat a rendu publics les résultats de trois enquêtes menées en vertu du code. Dans ces rapports récents, j'ai aussi fait des commentaires, lorsque cela était approprié, sur divers points reflétant des préoccupations plus générales en matière d'éthique qui pourraient remettre en question l'intégrité des élus et des institutions gouvernementales.
En avril, j'ai déposé le rapport de l'enquête menée en vertu du code à la suite des allégations selon lesquelles 60 députés auraient utilisé des chèques symboliques ou d'autres accessoires affichant des identifications partisanes ou personnelles lors d'annonces en matière de financement fédéral. J'en suis venue à la conclusion que le fait de rehausser l'image politique relève de l'intérêt politique partisan et non de l'intérêt privé au sens prévu par le code et que, dans sa formulation actuelle, le code ne s'applique pas aux intérêts politiques partisans. J’ai conclu toutefois que la pratique consistant à utiliser des identifications personnelles ou partisanes lors de l'annonce d'une initiative gouvernementale n'est pas appropriée et risque de miner la confiance du public envers l'intégrité des députés et des institutions gouvernementales qu'ils représentent.
La distinction entre intérêts personnels et politiques était l'un des points saillants de mes deux autres rapports d'enquête, lesquels soulevaient aussi certaines questions au sujet des activités de financement et de lobbying. En mai, j'ai fait rapport sur l'enquête que j'ai menée en vertu du code sur les activités de , députée de Halton, relativement à une activité de financement politique organisée par l'association conservatrice de Halton.
En septembre, j'ai publié mon rapport d'enquête sur les activités de , député de St.Catharines, relativement à une activité de financement politique organisée au profit de l'association de la circonscription électorale de St.Catharines et tenue dans la « loge du propriétaire » au Centre Rogers, à Toronto.
Dans les deux rapports, j'ai insisté sur la nécessité de disposer de lignes directrices efficaces sur les activités de financement politique à l'intention des députés. Dans le rapport Dykstra, j'ai réitéré la recommandation faite dans le rapport Raitt pour que l'on envisage de modifier le code, vraisemblablement pour interdire la sollicitation de fonds, élargir les obligations de récusation et prévoir l'établissement des filtres anti-conflit d'intérêts.
J'ai eu le privilège de travailler avec le comité afin d'apporter un certain nombre de modifications au Code régissant les conflits d'intérêts des députés, et je suis reconnaissante de votre collaboration continue en vue d'en assurer une administration efficace.
J'ai été heureuse de constater que plusieurs des modifications que j'avais proposées l'an dernier aux dispositions du code concernant les cadeaux ont été adoptées par la Chambre des communes en juin 2009. Les modifications aux règles concernant les cadeaux aideront sans aucun doute les députés à respecter ces règles de façon plus uniforme. Toutefois, j'ai souligné dans mon rapport annuel que les cadeaux et avantages provenant d'une association de circonscription ou d'un parti politique ou les services d'un bénévole travaillant pour le compte d'un député ne sont dorénavant plus couverts par le code. Bien que ces cadeaux ne placeraient habituellement pas un député en conflit d'intérêts, je suis préoccupée par le fait que les modifications apportées réduisent la transparence en soustrayant ces cadeaux des exigences de divulgation et que les lobbyistes peuvent maintenant avoir accès aux députés en devenant bénévoles pour leur compte.
Un problème persistant que soulèvent, à mon avis, les règles concernant les cadeaux est l'impression qu'ont certains députés que la valeur limite de 500 $ applicable aux cadeaux est un seuil d'acceptabilité. Ce n'est pas le cas; c'est un seuil de déclaration. Je ne sais pas combien de fois je dois le répéter. Je saisis toutes les occasions qui se présentent pour rappeler aux députés que la valeur d'un cadeau ou d'un autre avantage ne détermine pas si celui-ci peut ou non être accepté: un critère de conflit d'intérêts s'applique quelle que soit la valeur du cadeau. Je vais donc continuer à marteler ce message, je pense.
En mars 2010, j'ai soumis à l'attention du comité deux séries de modifications proposées au Code régissant les conflits d'intérêts des députés en réponse à l'invitation que vous m'aviez lancée en octobre 2009 dans le cadre de votre examen continu du code. Certaines des modifications que j'ai suggérées sont de nature technique et ont trait aux exigences du code en matière de divulgation et de déclaration publique. Entre autres choses, elles établiraient un processus distinct de divulgation pour les examens annuels et la réélection des députés. Elles visent à ce que le code reflète la façon dont il est administré, et il s'agit, comme je l'ai dit, de modifications techniques.
Les autres modifications que j'ai proposées ont trait au processus d'enquête et soulèvent des questions plus fondamentales. Ainsi, j'ai proposé que la commissaire soit autorisée à rendre publiques les raisons pour lesquelles une enquête est interrompue lorsque la question est déjà du domaine public. J'ai aussi proposé que le pouvoir de la commissaire de citer des personnes à comparaître et de les obliger à témoigner soit énoncé explicitement dans le code. Un tel pouvoir est explicite dans la Loi sur les conflits d'intérêts. Je pense que j'ai probablement déjà ce pouvoir de manière intrinsèque, mais je ne l'ai pas encore utilisé. Je serais heureuse que le comité procède à ces modifications aussi rapidement que possible et je suis disposée à en discuter avec vous en tout temps.
Depuis que j'ai proposé ces modifications en mars, j'ai repéré une autre modification au sujet des enquêtes, que j'aimerais voir adoptée. En raison des différences de procédure qui existent au niveau des exigences de publication des rapports entre le code et la Loi sur les conflits d'intérêts, il serait problématique, lorsque la Chambre des communes siège, que je produise un seul rapport combiné après avoir mené parallèlement des enquêtes en vertu des deux régimes. J'espère que l'on établira clairement que je peux produire un seul rapport, que la Chambre siège ou non. Vous avez peut-être remarqué que j'en ai produit un quand elle ne siégeait pas. J'ai une modification proposée que je pourrais ajouter à la série que je vous ai soumise l'année dernière relativement aux enquêtes.
Dans les rapports Raitt et Dykstra, j'ai relevé quelques autres domaines où l'on pourrait envisager des modifications et je serais heureuse d'en discuter avec le comité en temps opportun.
Je demande aussi à la Chambre d'approuver un nouveau formulaire de demande d'enquête, inclus dans la série de propositions de mars dernier, qui aiderait à simplifier et à accélérer le processus d'enquête. L'approbation par le comité de nos formulaires et lignes directrices en vertu de l'article 30 du code est une question que j'ai déjà abordée et qui continue à me préoccuper. En vertu de la Loi sur les conflits d'intérêts, je suis habilitée à publier des formulaires et des lignes directrices sans approbation — en fait, j'ai produit un formulaire semblable de demande d'examen au printemps dernier —, mais je n'ai pas cette latitude en vertu du code.
En raison des retards potentiels liés à une demande d'approbation officielle et à l'obtention de celle-ci, nous avons employé d'autres instruments à notre disposition, soit les avis consultatifs et les communiqués, pour communiquer avec les députés en temps opportun. Le comité pourrait peut-être profiter de cette occasion pour se demander s'il juge toujours nécessaire cette exigence d'approbation.
[Français]
Monsieur le président, je remercie le comité d'avoir pris le temps d'examiner mon rapport annuel sur le Code régissant les conflits d'intérêts des députés et les questions qui y sont soulevées.
Je me ferai un plaisir de répondre à toutes les questions que vous voudrez me poser.
:
Il est certain que nous avons rencontré M. Wright, comme cela se produit très fréquemment pour toute personne qui est sur le point d'être nommée à une fonction. Nous communiquons toujours avec les gens qui sont nommés.
Bien entendu, j'ajouterais que M. Wright est assujetti à la loi, mais non au code; je suis venue ici pour discuter du code. M. Wright agit à titre de titulaire de charge publique principal et non de député... et nous sommes ici aujourd'hui pour discuter du document qui se rapporte aux députés. Toutefois, si vous le voulez, je peux vous parler brièvement du travail que nous effectuons.
Lorsqu'on nomme un nouveau titulaire de charge publique principal, on exige qu'un grand nombre de renseignements nous soient fournis dans les 60 jours...
En fait, non. Il n'y a aucun délai. La loi en impose un, mais pas le code, ce qui fait que je ne m'y retrouve plus lorsque j'en parle.
Quoi qu'il en soit, dans le cas d'un député, nous envoyons toujours une lettre dès qu'une élection a lieu, et nous lui demandons beaucoup de renseignements, qui sont énoncés dans le code. Dès que nous recevons les renseignements, nous les examinons et nous vérifions s'il y a des questions dont nous voudrions discuter. Nous prenons parfois des mesures, comme, en vertu de la loi...
Le problème, c'est que je ne sais pas si vous voulez que je vous parle du code ou de la loi. Le code ne comporte pas beaucoup d'exigences.
:
Eh bien, je vais vous donner les règles générales.
Lorsqu'un titulaire de charge publique, ou un titulaire de charge publique « principal » — car il y a une différence —, entre en fonction, nous lui demandons des renseignements. Il doit obligatoirement nous fournir des renseignements sur ses titres, ses activités et ses activités extérieures. Ainsi, nous nous attendons à ce qu'il déclare toutes ses activités extérieures.
La loi comprend des interdictions. Par exemple, si la personne dirige une société, elle doit cesser de le faire au moment où elle devient titulaire de charge publique — encore une fois, un titulaire de charge publique principal —; étant donné que bon nombre de ces obligations ne s'appliquent pas à un titulaire de charge publique « non principal », je continue à faire la distinction entre les deux. En général, toute personne qui travaille à temps plein est titulaire de charge publique principal, bien qu'il y ait des exceptions.
Donc, lorsque nous examinons les titres ou la situation d'un titulaire de charge publique principal, nous commençons tout d'abord par discuter du dessaisissement relatif à ces responsabilités et du dessaisissement de certains types de titres. C'est exactement le genre de questions auxquelles nous travaillons durant cette période.
Mme Yasmin Ratansi: Je n'ai qu'une petite...
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Merci, monsieur le président.
Madame Dawson, j'ai déjà fait partie du comité auparavant et je suis maintenant de retour. Je suis également organisateur politique en chef pour mon parti. Il y a une semaine, je vous ai demandé un avis. Le nom d'une de mes députées à été pigé au sort par l'Association des courtiers d'assurances du Canada. On lui a remis 50 couvertures qu'elle pouvait remettre à un organisme de sa circonscription. Ces couvertures étaient destinées à venir en aide à des gens victimes d'un sinistre, notamment un incendie. Les noms de cinq députés ont été tirés au sort. Je vous ai demandé votre avis et vous m'avez dit, entre autres, que l'Association des courtiers d'assurances du Canada était un organisme enregistré en tant que lobbyiste. Vous m'avez écrit ce qui suit:
Ainsi, compte tenu du rôle de l'ACAC et de ses relations avec les députés, les couvertures offertes [...], et ce, même par le biais d'un tirage, pourraient raisonnablement donner à penser qu'elles sont données dans le but d'influencer la députée dans l'exercice de sa charge publique. Pour ces raisons, notre bureau est d'avis que [notre députée] ne peut donc pas accepter ce don pour un organisme à but non lucratif de sa circonscription.
En ce qui me concerne, ça ne me cause pas de problème. Par contre, j'ai lu le rapport Dykstra. Dans ce dernier, on peut lire que le député Dykstra a demandé à Mme Bonnell d'avoir accès à la loge du Centre Rogers. Mme Bonnell est une lobbyiste enregistrée. Vous l'avez dit vous-même. Dans votre conclusion, vous avez dit ne pas pouvoir intervenir parce que c'était dans le cadre d'une activité de financement. Dans ces conditions, je me dis que si ma députée donne ses couvertures dans le cadre de son activité de financement, ça va être légal. Quelque chose ne fonctionne pas. Ça me cause beaucoup de difficulté. J'accepte la lettre que vous m'avez écrite concernant ma députée et le fait qu'elle ne peut pas recevoir de couvertures de la part d'un lobbyiste pour ensuite les donner à un organisme de sa circonscription, mais j'ai de la difficulté à accepter les conclusions de votre rapport, à savoir que M. Dykstra, qui faisait affaire avec Mme Bonnell, une lobbyiste, afin d'obtenir la loge de Rogers, qui est sûrement inscrit en tant que lobbyiste, avait le droit de faire cela parce que c'était dans le cadre d'une activité de financement. À moins que vous ne me disiez que ma députée pourrait donner ces couvertures dans le cadre d'une activité de financement, il y a quelque chose que je ne comprends pas. En effet, ça ne relève pas de vos compétences. J'essaie de comprendre.
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Je veux seulement clore le débat sur l'affaire Dykstra.
Madame Bélanger, l'explication que vous m'avez donnée me pose problème. Dans le rapport, vous dites:
Même si la « loge du propriétaire » n’est généralement pas accessible au grand public, au sens où elle ne fait pas explicitement partie des autres loges de prestige qui sont annoncées sur le site Web du Centre Rogers, elle est souvent louée à des tiers, notamment à des entreprises et à des organismes sans but lucratif, qui peuvent faire appel aux relations qu’ils ont chez Rogers [...]
Cette loge n'est donc pas offerte.
Imaginez! Que vous fassiez appel aux relations que vous avez chez Rogers et que M. Dykstra fasse appel à une lobbyiste, cela ne pose aucun problème, me dites-vous! Ce n'est pas quelque chose qui est offert au public. C'est comme si l'un de mes députés voulait la loge du Canadien de Montréal qui est la plus belle du Centre Bell et qui appartient au propriétaire. Je sauterais 50 pieds dans les airs s'il me disait ça. Je lui dirais que ça n'a pas d'allure, qu'il ne peut se faire offrir ça, et que, même s'il payait 3 000 $, personne n'a ce privilège.
De plus, vous dites que ce n'est pas offert, que ce n'est pas annoncé sur le site et que ça ne pose aucun problème, mais que si l'on a des relations avec Rogers, on peut peut-être l'avoir, que l'on soit ministre, secrétaire parlementaire, député ou je ne sais quoi, et ça ne pose aucun problème.
C'est bizarre, mais je reste avec cette même idée: s'il avait été question de l'un de mes députés, le rapport n'aurait pas été dans le même sens qu'il l'est pour un député conservateur. Ça me case beaucoup de difficulté. Je vous le dis bien honnêtement. Cette loge n'est pas disponible pour tout le monde, et des relations sont nécessaires. Qu'un député ait des relations avec un lobbyiste, cela me pose beaucoup de problèmes.
En ce qui concerne ma députée dont il a été question tout à l'heure, elle donne ses couvertures à un organisme sans but lucratif; elle ne les garde pas. Toutefois, M. Dykstra garde l'argent, parce que c'est non seulement pour sa circonscription, mais pour son financement politique. Ça me pose problème. Ne trouvez-vous pas que quelque chose ne fonctionne pas quelque part?
:
Merci beaucoup. Je fais une apparition spéciale.
Merci beaucoup, madame Dawson, d'être ici aujourd'hui.
J'aimerais revenir sur une question qu'une de mes collègues vous a posée. Je me souviens que lorsque nous étudiions le dossier de l'acceptation de cadeaux, vous aviez prévenu le comité qu'il fallait aussi faire attention aux apparences de conflit d'intérêts, pas seulement aux conflits d'intérêts en tant que tels.
Pour reprendre l'exemple hypothétique de ma collègue, si quelqu'un devait quitter une industrie, une industrie qui transige des milliards de dollars avec le gouvernement du Canada, pour occuper le poste politique le plus en vue au pays, en sachant fort bien qu'il retournera à l'industrie en question dans les mois suivants, n'est-ce pas là...? Vous savez, si nous voulons mériter la confiance de la population canadienne... La population n'est-elle pas en droit de se demander si nous laissons les chiens surveiller la viande? Il faut aussi penser à la perception des gens.
Êtes-vous persuadée que les mesures de protection nécessaires sont en place pour ce qui est des apparences de conflit d'intérêts?
:
Merci, monsieur le président.
Merci, madame Dawson de votre présence parmi nous.
Je voudrais aborder votre rapport que notre comité est chargé d'étudier aujourd'hui...
Le président: Merci, monsieur Albrecht.
Des voix: Oh!
M. Harold Albrecht: ... À la page 14, il est question des formulaires. Au haut de la page, vous évoquez les diverses modalités régissant les enquêtes: la demande peut provenir d'un député ou de la Chambre des communes, ce qui vous oblige à mener une enquête; par contre, vous avez déjà signalé que vous pouvez amorcer une étude de votre propre chef.
Un peu plus loin, vous indiquez que le formulaire est différent selon que la demande est faite en vertu de la loi ou du code. Vous attendez notre avis à cet égard. Cela ne me pose certes aucun problème.
Un peu auparavant, au milieu de la page 13, vous précisez ceci: « Dans cinq cas, des députés m’ont informée qu’ils soupçonnaient des collègues d’avoir enfreint le Code. » Voici ce qui m'inquiète: beaucoup d'entre nous n'étant pas des avocats, les formulaires nous devons utiliser pourraient poser problème. Nous ne sommes pas des juristes. Nous ne connaissons pas le code dans ses moindres détails.
Cependant, comme vous l'avez déjà indiqué, si une situation paraît louche dans notre circonscription ou sur la Colline du Parlement, je voudrais bien que les députés que nous sommes puissent simplement dire: « Cette question nous inquiète et nous ignorons si nos doutes sont fondés. Pourriez-vous nous donner votre avis? »
Acceptez-vous encore d'examiner ce genre de problème sans le faire dans le cadre d'une enquête officielle?
Le président: Très bien.
Mme Yasmin Ratansi: Oh! Merci, monsieur le président.
Madame Dawson, vous avez une brillante carrière. Vous êtes très respectée dans votre domaine. Il y a certains points que j'essaie de comprendre. Je vous prie de bien vouloir m'excuser si je pose des questions qui... Vous pourrez toujours me le dire si mes questions ne sont pas pertinentes.
J'ai parcouru votre déclaration. Vous y affirmez que certaines lignes de conduite sont rigoureuses. Cependant, disposez-vous de pouvoirs de sanction? Je l'ignore.
Le terme « éthique » figure dans votre titre, mais il n'apparaît plus dans celui du code. On a créé des attentes, car le ministre a affirmé que, grâce au code, tout ira comme sur des roulettes et les Canadiens pourront s'assurer qu'il n'y a pas de comportement contraire à l'éthique.
J'essaie de comprendre comment vous parvenez à concilier confidentialité et transparence. Comment pouvons-nous dire à nos électeurs que c'est vraiment le cas, que nous avons véritablement un système de freins et de contrepoids.
Je vous soumets une affaire dont le Comité des opérations gouvernementales a été saisi. Il s'agit de celle mettant en cause Mme Guergis. Nous ne savions pas qui avait dit quoi et à qui, mais nous avons appris qu'elle avait été expulsée du Cabinet à la suite de votre rapport.
Vous ne pouvez peut-être pas dévoiler quoi que ce soit, mais aidez-moi à comprendre comment dissiper toute cette confusion.
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Lorsqu'une personne est accusée, la confidentialité est essentielle. Quant à la transparence, j'essaie de donner le maximum de transparence à mes méthodes et à mes activités.
En ce qui concerne Mme Guergis, j'avais confirmé qu'une enquête avait été entamée à la demande d'une députée du Nouveau Parti démocratique — Mme Davies, je crois. Par contre, je ne peux vraiment rien dire de plus sur l'autre demande.
Bien sûr, je m'efforce au plus haut point de ne pas divulguer les renseignements obtenus ou les conseils donnés, et je crois y parvenir. Par contre, je crois en la transparence. Dans mes rapports, je dévoilerai tout ce qu'il m'est possible de divulguer dans toute la mesure de l'objectif que je vise. Je le répète, j'ai essayé, dans mes enquêtes, d'exposer les observations auxquelles je suis arrivée, même si je n'ai pas abordé l'éventualité que la loi ait été enfreinte.
J'essaie, comme vous l'avez signalé, de conjuguer transparence et confidentialité. Nous ne serions pas efficaces si les gens qui nous consultent n'avaient pas confiance en la confidentialité de nos entretiens.
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Merci, monsieur le président.
Madame Dawson, je suis un tout nouveau membre du comité, et je suis heureux d'être ici aujourd'hui pour entendre vos commentaires sur votre rapport.
J'aimerais vous poser deux ou trois questions faisant suite aux commentaires de Mme Ratansi à propos de la confidentialité.
Dans votre rapport, vous parlez assez longuement de la confidentialité, et le moins qu'on puisse dire, c'est que cette partie est empreinte d'une certaine frustration. L'un de vos commentaires m'a frappé: « Une telle interdiction peut parfois amener le public et les députés à présumer que je ne prends pas les demandes au sérieux... » Honnêtement, j'imagine que vous entendre dire que les députés pourraient ne pas prendre vos demandes au sérieux m'inquiète un peu.
À la suite de certaines de vos réponses à propos de quelques dossiers, j'imagine que j'aimerais savoir ceci: qu'en pensez-vous? Vous n'êtes certainement pas en train d'insinuer que, si vous divulguez des renseignements, les gens auront l'impression que votre travail leur est plus utile. Pardonnez-moi si je semble vous diriger, mais j'essaie de comprendre comment vous pensez pouvoir rectifier la situation afin que les députés, ou même le public, aient davantage confiance en vous, tout en respectant la confidentialité à laquelle on s'attend lorsque vous répondez à une plainte ou entreprenez une enquête.
Je vais vous donner un exemple. Imaginons que vous ouvrez une enquête sur moi, qui suis député, au sujet d'une situation quelconque à laquelle je suis mêlé, et que des renseignements finissaient par être divulgués. Vous avez parlé des renseignements déjà connus, qui sont du domaine public, mais ils ne sont pas nécessairement exacts. Vous travaillez avec des renseignements réels et concrets. J'imagine que je suis un peu perplexe, à l'heure actuelle, lorsque j'entends les commentaires, votre déclaration et la situation qui vous semble préférable en tant que commissaire.
:
Merci, monsieur le président.
Madame Dawson, j'ai lu vos deux rapports. Je vais vous parler de ce que j'ai ressenti à la première lecture. Je me suis dit qu'il fallait poser des gestes vraiment très graves pour que ceux-ci constituent une contravention au code. En effet, les cas que vous avez étudiés m'apparaissaient graves. Toutefois, vous avez conclu que ça ne constituait pas une atteinte au code ou une contravention à la loi. La plupart de vos conclusions m'ont surprise. On ne peut pas affirmer, si on lit bien votre rapport, que les députés en question ont eu des comportements irréprochables. Pour chaque décision que vous avez rendue, par exemple dans le cas de l'identification du sigle du Parti conservateur sur les chèques remis, vous avez ajouté ne pas avoir pu conclure qu'il y avait conflit d'intérêts parce que la définition manquait peut-être de clarté.
Il semble qu'il ait manqué, dans le cadre de chacun des cas que vous avez étudiés, des éléments dans le code ou dans la loi qui vous auraient permis d'aller au bout de votre analyse. Comme parlementaire, ça m'a choquée. Je me disais que notre code était jeune. Il existe en effet depuis 2007. La loi est moins récente, cependant. Je me demandais ce qu'il fallait modifier, dans le code ou dans la loi, pour éviter à l'avenir des incidents aussi graves que la remise, à une municipalité ou à une entreprise, d'un chèque portant le sigle du parti au pouvoir. Comment se fait-il que notre code ou notre loi n'aient pas le pouvoir d'interdire ce genre de pratique qui, à mon avis, est partisane?
Nous savons tous que l'argent dont dispose le gouvernement n'est pas le sien, mais celui des contribuables. Présentement, c'est un parti qui est au pouvoir et forme le gouvernement, mais ce sera éventuellement un autre parti. Ça m'apparaissait si gros que je me suis dit que notre code et notre loi étaient pourris. J'ai été frustrée de lire qu'en fin de compte, le problème était simplement que la définition de ce que sont les intérêts n'était pas suffisamment claire pour vous donner assez de mordant ou d'outils pour vous permettre de conclure autrement. Est-ce que l'ensemble des modifications que vous nous avez proposées dans le code inclut des dispositions qui nous permettraient à l'avenir de juger plus sévèrement des cas comme celui de l'identification partisane de chèques, par exemple?
:
Non. J'ai étudié quelques aspects du code et de la loi.
[Traduction]
Je vais répondre dans ma langue, car j'ai plus de facilité dans cette langue.
J'essaie de signaler les lacunes se trouvant dans le code ou dans la loi, ou bien les problèmes de... J'ai décidé de formuler des observations et d'en faire l'analyse. Je pense que s'ils le voulaient, les membres pourraient améliorer bien des aspects du code ou de la loi. J'ai essayé de souligner ceux sur lesquels il faudrait se pencher davantage.
Ce n'est pas à moi de créer des dispositions pour ce qui ne figure pas dans le code ou la loi, mais j'essaie de vous indiquer où se trouvent les problèmes. Par exemple, très peu de temps après la parution de mon rapport sur les chèques, on a mis un terme à la pratique. Mes commentaires ont donc des répercussions, mais je ne peux pas inventer quelque chose qui n'apparaît pas dans la loi ou le code. Par contre, je peux souligner ce qui n'est pas couvert.
Je ne sais pas quoi ajouter. Voici l'une des grandes questions: qu'est-ce qu'un intérêt personnel? Pour l'instant, le code en donne une définition plutôt étroite.
Vous savez, j'émets des commentaires et je souligne certaines choses, mais je ne peux pas signaler une infraction si, techniquement, il n'y en a pas eu. Dans certaines situations où, techniquement, aucune infraction n'a été commise, j'essaie quand même de dire, par exemple, qu'il ne s'agit pas d'une bonne pratique, et qu'il faudrait peut-être apporter certaines modifications législatives.