:
Je vous remercie, monsieur le président.
Hier, les ministre nous ont remis des dossiers d'information afin de tenter de fournir les 72 renseignements demandés il y a quatre mois dans ma motion. Or, ils sont loin d'y être parvenus et ont par conséquent manqué à leur devoir de respecter la décision du Président.
Hier, monsieur le président, le ministre a affirmé qu'il avait répondu à toutes les questions. Mais il a omis un grand nombre de coûts de projets de loi, notamment ceux des nouvelles prisons, car il a dit que notre motion ne l'y obligeait pas.
Monsieur le président, je ferais remarquer au comité que ma motion indiquait expressément qu'il devait fournir tous les coûts « conformément au Guide d’établissement des coûts du Conseil du Trésor », y compris les coûts directs et indirects pour l'ensemble des ministères et des parties concernées, notamment les provinces.
Monsieur le président, les ministres jouaient avec les mots hier, comme l'a fait Bill Clinton quand il s'est défendu dans l'affaire Lewinsky. Il a affirmé à l'époque qu'il y avait eu une certaine confusion dans son interrogatoire sur ses relations sexuelles avec Mme Lewinsky. Pris sur le fait, il a répondu que tout dépendait de ce que l'on entend par « is ».
Cela me rappelle aussi les arguments de Mulroney devant la Commission Oliphant, quand il a affirmé que les enquêteurs ne lui avait pas demandé précisément s'il avait reçu de l'argent de Karlheinz Schreiber. Je rappellerai également au comité et aux ministres que le juge Oliphant a rejeté cet argument en le qualifiant de « manifestement absurde ».
Monsieur le président, ces deux ministres se comportent comme deux vieux croûtons d'avocats qui tentent de contourner le système au lieu d'agir comme des ministres du Cabinet à qui il incombe de faire toute la lumière sur les coûts des projets de loi sur les prisons devant le Parlement et les Canadiens. Ces derniers méritent mieux.
Monsieur Nicholson, le Comité des finances a accordé à votre ministère jusqu'au 24 novembre 2010 pour fournir l'information. Ce délai est arrivé à échéance sans même que le ministère daigne donner signe de vie, ce qui constitue un outrage au Parlement.
Une semaine plus tard, le 1er décembre, vous avez donné votre première réponse: vous ne pouviez fournir de renseignements, car il s'agissait d'information confidentielle du Cabinet.
Croyez-vous toujours que ce soit vrai ou étiez-vous en train de tromper le comité?
:
Je vous remercie pour cette question, monsieur Armstrong.
Je crois, en effet, que les réponses fournies le 17 février ont été formulées en toute bonne foi. Elles étaient exhaustives. D’ailleurs, nous avons maintenant fourni cette trousse d’information qui offre beaucoup de détails à ce sujet.
Je trouve curieux, monsieur Armstrong, que M. Brison tente continuellement de dissimuler les lacunes de sa motion.
Il a demandé des renseignements au sujet de 18 projets de loi en particulier et maintenant, monsieur le président, il soulève des questions concernant une autre mesure législative.
Je vais vous donner un exemple. Ce matin, M. Brison a présenté des faits inexacts. Selon lui, j’aurais nié avoir dit que les coûts allaient s’élever à 90 millions de dollars. Bien entendu, monsieur le président, les coûts s’élevaient bel et bien à 90 millions de dollars. S’il prend la peine de lire le reste de la citation, la partie qu’il a omis de révéler aux citoyens, il verra qu’il était question du crédit parlementaire accordé pour la première des cinq années. La première année, les coûts s’élèvent à 90 millions. Le coût total pour les cinq années est de 2,1 milliards de dollars. Je n’ai pas changé d’avis. M. Brison a choisi des citations de façon à induire le comité en erreur sur cette question, et je trouve cela inquiétant.
Cela, monsieur le président, s’inscrit dans la suite logique des questions soumises au comité en réponse aux préoccupations soulevées par le Président de la Chambre. Ce dernier a mentionné que le projet de loi comportait des lacunes, mais sans les préciser. Donc, des fonctionnaires ont travaillé très fort pour essayer de deviner quelles étaient ces lacunes et ils sont tous ici aujourd’hui pour présenter leurs résultats. Ce document a été produit et ces chiffres ont été établis par ces fonctionnaires.
:
Merci, monsieur le président.
Messieurs les ministres, bonjour.
Nous avons passé en revue l'énorme pile de documents hier soir et nous avons constaté que, dans l'ensemble, les documents et les montants globaux sont identiques, à quelques éléments près. Il y a quelques détails supplémentaires, mais plusieurs questions demeurent en suspens. Entre autres, je me suis penchée sur le projet de loi , que vous avez appelé la Loi de Sébastien.
Vous affirmez dans votre document que la loi entraînera probablement des dépenses supplémentaires pour le Québec, les territoires et les provinces, mais vous êtes incapable d'indiquer quels seront les montants parce que, dans la majorité des cas, les jeunes contrevenants sont incarcérés dans des prisons provinciales ou territoriales.
Vous présentez un projet de loi que vous nous demandez d'appuyer, mais vous n'en connaissez pas du tout les coûts. Vous n'indiquez pas les coûts que cela entraînera pour le Québec. De plus, vous dites que vous allez négocier une entente et que, si les autres gouvernements ont besoin de fonds, vous étudierez cela et vous leur donnerez peut-être de l'argent.
Par ailleurs, vous n'avez aucune idée de ce que ça va exiger de votre ministère et du gouvernement, notamment en ce qui a trait à l'argent que le fédéral devra redonner aux provinces. Ça ne fait pas sérieux, monsieur le ministre. Vous nous dites qu'on a en main tous les documents nécessaires alors que, pour un seul projet de loi, on n'a pas du tout l'information nécessaire. On n'a aucun coût parce que vous ne disposez pas, selon vous, des données puisque c'est du ressort des provinces et des territoires.
Franchement, je trouve que c'est du mépris. Je me sens méprisée, comme parlementaire, quand vous me demandez de vous faire confiance et que vous n'êtes pas capable de nous donner quelque chiffre que ce soit à propos du projet de loi .
J'enchaîne tout de suite, pour la même chose, en ce qui a trait au projet de loi . Encore une fois, vous nous dites que les provinces vont subir une augmentation de coûts à la suite de l'adoption de ce projet de loi, mais que ce n'est pas votre responsabilité d'évaluer les coûts entraînés par un tel projet de loi parce que c'est du domaine des provinces et des territoires.
Je trouve surprenant que vous puissiez apporter des changements législatifs qui ont des conséquences financières sur les provinces et les territoires, mais que vous ne donniez aucun chiffre.
Comment expliquez-vous ça, monsieur le ministre? Comment peut-on vous prendre au sérieux? Vous dites qu'on a tout ce qu'il faut pour répondre aux questions et pour prendre de bonnes décisions, et que vous vous pliez à l'ordre du Président, alors que, pour ces deux projets de loi qui ont des conséquences financières sur les provinces, vous ne nous donnez aucun chiffre.
:
Encore une fois, nous ne faisons pas simplement qu’affirmer que c’est la responsabilité des provinces; ce sont, en effet, elles qui supportent ces coûts.
En ce qui concerne la justice pour les jeunes, comme je l’ai souligné dans ma réponse aux libéraux, environ 350 millions de dollars sont consacrés à l’ensemble du système de justice pour les jeunes. On parle ici de programmes ayant pour but d’éloigner les jeunes du système de justice et d’aider ceux qui y sont déjà confrontés. Donc, ce n’est certainement pas attribuable à ce projet de loi. C’est ce que ça coûte, et ce sont les provinces qui supportent ces coûts.
Le projet de loi que mon collègue vient de mentionner porte sur les peines d’emprisonnement avec sursis. Deux changements ont été apportés à ce chapitre: le projet de loi qui, il y a plusieurs années…
Nous n’avons reçu aucune évaluation des coûts des provinces relativement à ces peines. Nous l'avons demandé, mais nous n’avons encore rien obtenu. Donc, si nous attendons encore depuis que nous avons apporté les premiers changements dans ce dossier, vous n’aurez aucune difficulté à me croire si je vous dis que nous n’avons rien reçu pour le plus récent projet de loi à ce sujet.
Je peux vous dire, monsieur le président, que nous n’élaborons pas ces projets de loi en vase clos. Je rencontre régulièrement mes homologues provinciaux et, bien souvent, ce sont eux qui m’encouragent à aller de l’avant. Ces projets de loi sont proposés par les provinces. Oui, elles doivent en supporter les coûts, et encore une fois, je n’essaie pas…
Pour répondre à la question du député au sujet des peines d’emprisonnement avec sursis, je ne veux pas émettre d’hypothèse quant aux coûts pour les provinces. Si elles nous fournissent ces données ou si elles arrivent à établir… mais je suis conscient des difficultés qu’elles ont à déterminer ces coûts.
Cela dit, les membres du comité ont beaucoup d’information entre les mains concernant l’estimation des coûts effectuée par le gouvernement fédéral. Nous vous fournissons ces données depuis quelques mois maintenant. Encore une fois, monsieur le président, j’espère que ces données seront très utiles au comité. Je suis conscient que les provinces ont un rôle important à jouer…
:
Eh bien, nous savons que très peu d'Irlandais ont effectivement vu un Leprechaun, sinon après avoir trop bu de bière.
De toute manière, je vous remercie de m'avoir invité.
Je voudrais vous présenter trois personnes du ministère des Finances qui m'accompagnent. D'abord Doug Nevison, directeur de la Politique fiscale, puis Geoff Trueman, directeur de la Division de l'impôt des entreprises, dont la présence me sera particulièrement utile, enfin Yvonne Milosevic, avocate-conseil à la Direction juridique du ministère. Ils sont ici pour répondre à toutes les questions techniques. Je suis sûr de m'en faire poser beaucoup.
Merci de l'occasion que vous m'accordez de comparaître devant le comité. Je représente le ministre des Finances ainsi que le ministère des Finances du Canada.
Comme vous le savez, le ministre des Finances, notre nouvelle secrétaire parlementaire du ministre des Finances, Mme Shelly Glover, les fonctionnaires du ministère et moi-même, nous travaillons tous très consciencieusement à mettre la touche finale au budget de 2011. Nous sommes impatients de le voir déposé, mardi prochain. Il s'adossera à la réussite de la prochaine étape du Plan d'action économique du Canada.
Le Canada s'est tiré de la récession mieux que la plupart des autres grands pays industrialisés, mais nous reconnaissons tous qu'il reste beaucoup de travail à faire pour assurer son rétablissement économique. De fait, même si plus de 480 000 Canadiens de plus qu'en juillet 2009 travaillent aujourd'hui, ce qui compense amplement les emploi perdus par le Canada pendant la récession mondiale, le nombre de chômeurs canadiens continue de nous préoccuper tous.
Visiblement, le prochain budget sera important, non seulement quant à ses aspects politiques qui, souvent, nous obnubilent, nous les gens d'Ottawa, mais aussi parce qu'il fera en sorte que nous fassions tout notre possible pour aider au rétablissement économique de notre pays qui se trouve au milieu d'une période où notre économie reste fragile.
Permettez-moi de réaffirmer d'abord que notre gouvernement a à coeur l'amélioration de la transparence du Parlement. De fait, nous croyons, comme tous les parlementaires, que les contribuables canadiens devraient savoir comment est dépensé leur argent. Nous avons donc reconnu la nécessité d'une mesure qu'aucun gouvernement antérieur n'a réalisée et à laquelle, d'ailleurs, aucun n'a même pas songé, c'est-à-dire à la création du Bureau parlementaire du budget, un bureau qui est indépendant et qui marque un point tournant.
Nous avons également adopté une loi qui exige de tous les ministères et organismes fédéraux la production d'états financiers trimestriels détaillés. Plus en amont, nous produisons des rapports d'étape novateurs, dont même Kevin Page, notre directeur parlementaire du budget, a dit que, et je cite: « cela mettait le Canada presque à l'avant-garde en matière de transparence financière et de mesures de relance économique ».
Nous avons soumis encore plus de sociétés d'État à la loi sur l'accès à l'information, notamment Radio-Canada, la Monnaie royale canadienne, la Société canadienne des postes et ma société préférée, la Commission canadienne du blé.
Avec un peu de chance, à la condition que le Parlement et les Canadiens continuent d'appuyer notre gouvernement, nous pourrons faire encore mieux dans les années à venir. Néanmoins, je suis ici aujourd'hui pour parler de questions récemment soulevées relativement au plan de notre gouvernement axé sur des impôts peu élevés, plus particulièrement l'établissement des coûts. Je dirais que ce qui nous a échappé dans la motion de M. Brison, c'était les avantages de ce plan, les avantages de l'allègement de la fiscalité des entreprises que le Parlement a adoptés, donc avalisés, en 2007.
Avant d'entrer dans le vif de mes observations, je tiens à faire observer que le gouvernement a déjà fourni l'information que vous et la Chambre des communes avez demandée au ministère des Finances. En fait, monsieur le président, nous avons en avons fourni plus que ce qui était demandé. En effet, nous avons communiqué le coût estimé par le ministère des Finances de la réduction des impôts légiférée en 2007 ainsi que les projections quinquennales des profits totaux des sociétés avant impôt et le taux effectif d'imposition des sociétés.
Comme les fonctionnaires du ministère des Finances pourront l'attester — j'encourage d'ailleurs les membres du comité à obtenir d'eux des éclaircissements —, c'était la première fois que ce genre de détail était publié.
Je citerai encore le directeur parlementaire du budget, qui, dans son rapport du 25 février 2011 dit que cette information répond, et je cite: « ... adéquatement à la demande du FINA », fin de la citation, c'est-à-dire le comité des finances.
Je ferai observer que l'information, ainsi que la dernière analyse du Bureau du directeur parlementaire du budget, ont montré que les recettes fiscales de l'État provenant des entreprises ont augmenté au fil du temps, malgré l'abaissement du taux effectif d'imposition des entreprises. Je sais qu'il peut exister des désaccords au sujet des prévisions financières et économiques que publie le ministère des Finances sur des questions telles que les prévisions des soldes budgétaires, particulièrement quand elles sont très médiatisées. Au Bureau du directeur parlementaire du budget, certains leurs reprochent leur optimisme outrancier, tandis que d'autres, comme Services économiques TD, dans sa dernière analyse très médiatisée, croient qu'elles sont excessivement pessimistes.
Je suis heureux d'annoncer que les prévisions des économistes compétents et travaillants du ministère des Finances se sont situés en gros à mi-chemin de ces deux extrêmes. Néanmoins, il importe de noter que, en fin de compte, il ne s'agit que de projections.
D'après moi, nous pouvons tous constater que les dernières années ont été difficiles pour les prévisionnistes. Cela me rappelle une déclaration de l'économiste canadien John Kenneth Galbraith selon qui la seule utilité des prévisions économiques est de bien faire paraître l'astrologie.
Je n'ai pas l'intention de manquer de respect aux économistes du ministère des Finances. Néanmoins, notre gouvernement est convaincu qu'il faut assurer l'objectivité de nos prévisions financières et économiques. C'est pourquoi elles sont fondées sur une moyenne établie par le secteur privé.
Bien sûr, cela fait plus d'une décennie que l'on suit les prévisions du privé. Ses prévisionnistes représentent des établissements financiers et économiques de haut niveau. Par exemple, pour l'actualisation économique et financière publiée l'automne dernier, nous avons consulté plus d'une douzaine de prévisionnistes, parmi lesquels Bank of Montreal Capital Markets, la Caisse de dépôt et placement du Québec, CIBC World Markets, le Conference Board of Canada, Desjardins, IHS Global Insight, Laurentian Bank Securities, le Groupe financier Banque nationale, la Banque royale du Canada, la Banque Scotia, le Groupe financier Banque TD, UBS Securities Canada et l'Université de Toronto.
Fondées sur les meilleurs renseignements accessibles aux prévisionnistes de haut niveau, ces prévisions sont toujours entachées d'un degré imprévisible d'incertitude et de risque dans l'économie mondiale. Tous les prévisionnistes avoueront que, dernièrement, l'incertitude a été particulièrement importante, ce qui nous a obligés et nous oblige encore à une certaine souplesse. Reconnaissant la fragilité de l'économie mondiale, nous avons, en fait, corrigé la moyenne des prévisionnistes du privé, dans l'exposé économique d'octobre dernier, en introduisant un facteur de correction pour le risque. Cependant, permettez-moi d'insister et de répéter que notre gouvernement est convaincu de la nécessité de prévisions financières et économiques objectives.
Avant de conclure et de répondre aux questions qui me seront adressées ainsi qu'aux personnes qui m'accompagnent, permettez-moi de parler rapidement des réductions fiscales consenties par la loi aux entreprises en 2007. Je ne reviendrai pas à l'habituel va-et-vient sur la volonté des libéraux d'imposer davantage les entreprises créatrices d'emplois à coup de milliards et de milliards de dollars au lieu de leur accorder un répit. Je n'expliquerai pas le tort que cela ferait aux petites et grandes entreprises, comme Catherine Swift, de la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante, l'a publiquement déclaré, en dépit de ce que certains parlementaires aimeraient vous faire croire, ni le tort que cela ferait, au milieu d'une période de rétablissement fragile de l'économie, à des secteurs comme le secteur manufacturier et la forêt, sans compter les emplois mis en péril et même supprimés au Canada. Non, car presque tous les universitaires, économistes, groupes de réflexion, chefs d'entreprise, associations industrielles réputés du Canada s'en sont déjà chargés.
Cependant, je vais rétablir très rapidement deux ou trois faits qui sont du domaine public.
D'abord, nous avons entendu de la bouche de nombreux parlementaires que, au Canada, le taux d'imposition des entreprises est le plus bas du monde et que les réductions consenties en 2007 n'ont pas eu d'effet réel. Dans les faits, c'est faux. Le Canada, en ce qui concerne la fiscalité des entreprises, se situe au milieu du peloton.
Comme un ancien ministre libéral des Finances, John Manley, l'a fait remarquer, dernièrement, nous sommes concurrentiels, particulièrement dans l'OCDE, c'est-à-dire les pays développés. Dans L'OCDE, nous sommes tout juste dans le milieu du peloton.
Ensuite, il importe de se rappeler que les projections relatives aux impôts des entreprises ne sont pas statiques. Comme beaucoup d'économistes l'ont observé, le simple fait d'augmenter ces impôts ne se traduira pas automatiquement par des milliards de dollars de nouvelles recettes pour le gouvernement fédéral. Pas plus tard qu'hier, l'Institut C.D. Howe a publié un rapport détaillé, que je vous incite tous à lire. Il confirmait que les augmentations d'impôts sur les revenus des entreprises est la façon la plus coûteuse d'accroître les recettes de l'État et qu'elles faussent les décisions économiques tout en amenuisant les assiettes fiscales.
Comme un économiste bien connu, Jack Mintz, l'a fait observer...
:
Merci beaucoup, monsieur le président. Bienvenue, monsieur le ministre.
Nous tous, autour de cette table, avons dû quitter nos circonscriptions en pleine relâche parlementaire. Comme vous, nous avons sûrement dû annuler d'importantes activités de représentation pour pouvoir de manière urgente, en quelques jours, déterminer si le gouvernement s'est oui ou non conformé à l'ordre de la Chambre, comme nous l'a demandé le Président. Il nous a également demandé de faire rapport de nos constatations, recommandations et suggestions, ce qu'on fera plus tard cet après-midi. Nous avons écouté une série de témoins et de ministres avant vous. Ils ont l'impression et l'assurance de nous avoir transmis tout ce qui était nécessaire pour notre compréhension. Nous sommes totalement en désaccord avec eux.
J'aimerais revenir sur certains éléments. Nous sommes le 17 mars. Je voudrais faire un peu d'histoire pour comprendre ce qui se passe exactement. On se rappellera que, le 24 novembre, le gouvernement a transmis au comité une note disant que les prévisions avant impôt des bénéfices des sociétés et les taux effectifs d'imposition des sociétés constituaient fondamentalement des documents confidentiels du Cabinet et que le gouvernement n'était pas en mesure de transmettre ces documents au Comité permanent des finances, comme celui-ci l'avait demandé.
Un mois plus tard, soit le 1er décembre, après une autre demande, nous avons reçu la même réponse. On nous a dit que les informations demandées constituaient un secret du Cabinet. Le 7 février, le député Scott Brison a soulevé une question de privilège à la suite des deux refus du gouvernement de transmettre ces renseignements. Le 17 février, sous la pression — c'est une interprétation personnelle —, le gouvernement a déposé un document de trois pages contenant un tableau détaillant certains montants concernant des projets de loi.
Le 17 février, le gouvernement a décidé que certains documents qui avaient auparavant été jugés confidentiels pouvaient dès lors être transmis. Aujourd'hui, nous sommes le 17 mars. Hier, le 16 mars, nous avons reçu un autre paquet de documents qui traitent pratiquement et globalement des mêmes données reçues le 17 février.
Je me demande pourquoi votre gouvernement, qui se targue d'être si transparent, a dû attendre la pression des parlementaires pour, finalement, dire que ce qui était confidentiel ne l'était plus et penser que le tableau du 17 février allait contenter les parlementaires dans leurs demandes relatives à la transmission d'informations?
Vous êtes un député d'expérience. Vous êtes maintenant ministre. Pouvez-vous m'expliquer pourquoi un document, qui était jugé confidentiel le 24 novembre et confirmé confidentiel le 1er décembre, peut être soudainement jugé non confidentiel? On lève le secret du Cabinet et on donne certaines données aux parlementaires.
:
Monsieur le président, j'aimerais recourir au Règlement, si vous me le permettez, avant que nous ne commencions.
Le président: Bien sûr.
M. Tom Lukiwski: Je tâcherai d'être bref. Juste avant le dîner, M. Martin a formulé des commentaires qui ont piqué ma curiosité, c'est le moins qu'on puisse dire, car je n'étais pas certain qu'il disait vrai. M. Martin, comme d'autres membres de l'opposition, aime beaucoup parler de confiance, de l'importance des faits et de la vérité. Mais s'il croit sincèrement en ces principes, ceux-ci devraient s'appliquer à tout le monde autour de cette table.
M. Martin nous disait juste avant le dîner que la Bibliothèque du Parlement était autrefois réservée aux ministres, et que c'était le gouvernement Trudeau qui en avait ouvert l'accès à l'ensemble des députés. Comme nous avions un peu de temps avant que la séance reprenne, nous avons fait quelques recherches et nous avons découvert que les propos de M. Martin sont loin d'être vrais.
En fait, monsieur le président, et je peux déposer ce document auprès du comité si ses membres sont intéressés, j'ai ici une copie des Statuts du Canada de 1871, Acte relatif à la Bibliothèque du Parlement, qui stipule ce qui suit:
Les livres, peintures à l'huile, cartes et autres particules... appartiendront à Sa Majesté la Reine, pour l'usage des deux chambres du Parlement...
J'ai aussi des copies des Statuts révisés de 1970, qui prévoient la même chose.
Donc, monsieur le président, comme nous parlions de confiance, de transparence et de l'importance des faits, j'ai cru qu'il était approprié de rectifier les choses. Si M. Martin finit par se présenter cet après-midi, il pourra peut-être reconnaître son erreur et retirer ses paroles, et s'il veut bien présenter ses excuses au comité pour l'avoir induit en erreur, il pourra aussi le faire.
:
J'avais prévu un peu plus de temps pour mes remarques préliminaires, mais je vais les abréger.
Il convient d'abord de définir ce qui constitue un outrage au Parlement. Pour être reconnue coupable d'outrage au Parlement par la Chambre des communes, une personne doit avoir posé des gestes qui nuisent ou font obstacle à la Chambre dans l’exercice de ses fonctions. Et il y a une distinction à faire avec la notion d'atteinte au privilège.
Je crois que c'est un point dont il faut tenir compte, car il n'y a pas de limite à ce qui peut constituer un outrage. Il peut s'agir d'induire sciemment en erreur la Chambre ou un comité de la Chambre; de falsifier ou de modifier des documents soumis officiellement à un comité ou à la Chambre; d'omettre de se présenter devant la Chambre ou un comité malgré une sommation; et, un exemple qui sied particulièrement bien au cas qui nous occupe, de refuser de produire des documents sur ordonnance de la Chambre ou d'un comité de la Chambre.
L'outrage au Parlement est l'équivalent parlementaire de l'outrage au tribunal; après tout, le Parlement se donne aussi le nom vénérable de « Haute Cour du Parlement ».
Je tenais surtout à souligner qu'il n'y a pas de limite à ce qui peut constituer un outrage, et il n'y a pas de règle établie pour définir ce qui constitue un outrage. Il est simplement question de tout acte qui nuit ou fait obstacle à la Chambre et à ses travaux. Ainsi, je précise que ce ne sont que des exemples que je viens de vous énumérer.
Les cas d'outrage au Parlement sont rares au Canada. J'en ai trouvé huit. Le nombre importe peu, car il ne fait pas l'unanimité, mais trois faits notables à propos de ces cas d'outrage sont dignes de mention.
Premièrement, il n'y a eu que deux cas d'outrage entre 1867 et 2001, au cours des 133 premières années d'existence du Canada, par rapport à six dans les 10 années qui ont suivi. Deuxièmement, tous les cas d'outrage récents se sont produits dans le cadre de gouvernements majoritaires. Troisièmement, contrairement aux deux accusations actuellement à l'étude, dans aucun des huit cas précédents un ministre ou un gouvernement n'a clairement été jugé coupable d'outrage.
J'aimerais maintenant mettre l'accent sur la question du droit du Parlement de convoquer des personnes et d’exiger la production de documents et dossiers.
La question s'est déjà posée, dans l'affaire des détenus afghans, alors que le Président Milliken a statué qu'aucune exception n'était prévue à l'égard du droit du Parlement d'exiger la production de documents, et que le fait d'admettre que l'organe exécutif jouit d'un pouvoir inconditionnel de censurer les renseignements fournis au Parlement compromettrait en fait la séparation des pouvoirs censée reposer au coeur même de notre régime parlementaire, ainsi que l'indépendance des entités qui le composent.
Je note toutefois qu'il peut être justifié de garder certains documents confidentiels. Une des premières études que j'ai menées portait sur le droit du Parlement (et c'était il y a plus de 40 ans) relativement à une commission qui examinait la direction des services de sécurité de la GRC. J'ai fait une étude sur le Parlement et les enjeux en matière de sécurité, et j'ai été confronté à ce problème. On se retrouve aujourd'hui aux prises avec le même questionnement. De prime abord, on constate effectivement que le Parlement jouit d'un droit inconditionnel à cet égard, mais il faut voir quelles sont les limites que le Parlement devrait s'imposer en ce qui concerne la production de documents et de dossiers.
Cela nous amène à nous poser cette question délicate: Qu'est-ce que le gouvernement peut garder pour lui, sous prétexte qu'il s'agit d'un document confidentiel du Cabinet ou, plus officiellement, d'un document confidentiel du Conseil privé de la Reine?
La Présidente Jeanne Sauvé a noté, en 1981, que l'expression « document confidentiel » n'avait jamais été définie, et qu'il serait malvenu pour la présidence de tenter de la définir. Elle a indiqué qu'il incombait au gouvernement de déterminer quels documents sont de nature confidentielle.
Une décision de la Cour suprême du Canada statue également, en parlant des gouvernements, « ... qu'ils doivent tous, pour bien fonctionner, maintenir, jusqu'à un certain point, la sécurité et la confidentialité de diverses informations. »
Par contre, le Président Milliken a tranché, le 9 mars 2011, qu'il y avait eu de prime abord outrage au Parlement de la part du gouvernement, qui a refusé de fournir certaines informations au Parlement. Je n'en dirai pas plus.
Le Président Milliken n'est donc pas arrivé à la même conclusion que Mme Sauvé. Je dois personnellement me ranger du côté du Président Milliken. Le gouvernement ne jouit pas d'un droit inconditionnel et unilatéral lui permettant de décider des documents qu'il soumettra ou non au Parlement. De toute façon, la loi sur l'accès à l'information adoptée par le Parlement restreint ce qu'un gouvernement peut garder confidentiel.
Je me permets de signaler en passant que certains régimes gouvernementaux, comme celui de la Suède, ne reconnaissent pas nos notions de document confidentiel du Cabinet. Autrement dit, les documents du Cabinet sont tous rendus publics et facilement accessibles.
Notre régime reconnaît la notion de confidentialité des délibérations du Cabinet. Il faut alors se demander où finit le droit du Cabinet de garder des documents confidentiels, et où commence le droit du Parlement d'avoir accès à ces documents.
Je suis en faveur d'imposer des limites faisant en sorte que le moins de documents possibles puissent être considérés comme des documents confidentiels du Cabinet. Bien sûr, les comptes rendus des délibérations du Cabinet, qui rapportent les paroles de chacun des ministres et les choses qui se sont passées, devraient demeurer confidentiels, et peut-être aussi les déclarations de principe indiquant les positions des ministres et des ministères dans des dossiers bien précis, mais c'est à peu près tout.
Une énorme quantité de documents de référence sont fournis au Cabinet lorsqu'il doit prendre des décisions importantes, notamment sur la législation, et la plupart de ces documents pourraient et devraient être rendus publics. Plus un document ou une étude s'éloigne d'un compte rendu des délibérations du Cabinet, plus les arguments contre leur confidentialité ont du poids.
Une bonne étude ministérielle inclura les avantages et les désavantages de la loi proposée, en plus d'offrir une analyse exhaustive des coûts et des autres répercussions. Sauf pour de rares exceptions, le Parlement et le grand public ont le droit de voir ces études, au même titre que le Cabinet. Le Parlement et la population canadienne devraient être informés des coûts et des autres répercussions des décisions majeures que prend le gouvernement et des projets de loi présentés au Parlement.
Par exemple, les dispositions actuelles ont donné lieu à un dialogue de sourds dans le cas des coûts associés à un des projets de loi du gouvernement en matière de criminalité. Le directeur parlementaire du budget a découvert que ces coûts étaient beaucoup plus élevés que ce qu'avait prétendu le gouvernement. Mais il a été impossible d'avoir une discussion productive ou de résoudre la question, parce que le gouvernement a refusé de soumettre ses propres analyses de coûts, sous prétexte qu'il s'agissait de documents confidentiels du Cabinet.
Comme solution immédiate et temporaire, je propose que le comité envisage cinq réformes: premièrement, que le Parlement et le gouvernement commencent immédiatement à travailler ensemble pour définir quels documents peuvent être considérés comme des documents confidentiels du Cabinet; deuxièmement, que le comité recommande dans son rapport qu'aucune loi ne peut aller plus loin que la première lecture à moins d'être accompagnée d'une analyse des répercussions financières sur une période d'au moins cinq ans; troisièmement, que le directeur parlementaire du budget dispose des ressources nécessaires pour mener sa propre analyse ou évaluation des données fournies par le gouvernement, et qu'on lui confie cette tâche; quatrièmement, que la Chambre elle-même entreprenne une étude pour déterminer dans quelle mesure le gouvernement peut se réserver le droit unilatéral de décider que certains documents et dossiers sont des documents confidentiels du Cabinet; et cinquièmement, que le Parlement révise la Loi sur l'accès à l'information, et qu'il se penche particulièrement sur les dispositions qui confèrent actuellement la responsabilité d'administrer la loi aux ministres.
En confiant cette responsabilité aux ministres, la loi en vigueur remet aux loups la clé de la bergerie. Ce sont les sous-ministres qui devraient avoir la responsabilité d'administrer la loi sur l'accès à l'information, sauf exceptions précises, dans lesquels cas le ministre prendrait les rennes, mais selon un processus rendu public, de façon à ce qu'il soit clair à qui revient ce rôle. On pourrait ainsi éliminer du portrait les ministres et cette catégorie obscure d'employés qu'est le personnel exonéré des cabinets des ministres.
En terminant, même si je ne me fais pas tellement d'illusion, j'espère que le comité de la procédure et des affaires de la Chambre pourra arriver à un consensus dans son rapport concernant l'outrage au Parlement, même si ce consensus se limite à proposer des solutions à un problème tout à fait réel. Il est primordial pour le bon fonctionnement du Parlement et de la démocratie parlementaire canadienne d'avoir accès à des renseignements adéquats. En l'absence de données financières précises et d'autres renseignements, les débats et les audiences publiques des comités, de même que le discours politique en général, risquent fort de se transformer en cirque où fusent les slogans faciles, les injures et les arguments dignes de l'entêtement. Ce n'est pas de cette façon qu'il faut diriger un Parlement, encore moins un pays.
Les deux côtés de la Chambre devraient prendre la situation au sérieux, si ce n'est parce qu'un jour les rôles pourraient être inversés.
Merci, monsieur le président.
:
Je vais lui transmettre les vôtres.
Je dois dire, d'abord, que je trouve vos cinq recommandations très intéressantes et manifestement bien planifiées. Je vais les examiner très soigneusement, car à première vue, je crois qu'elles en valent la peine, mais je dis cela seulement en passant.
Ce dont j'aimerais discuter... et vous détecterez peut-être un soupçon de partisanerie dans mes propos, mais j'essaierai de me limiter. Vous avez parlé des jeux des parlementaires. C'est simplement la nature même de la politique, je suppose. Nous avons certainement constaté la partisanerie et les jeux de pouvoir ici dans la mesure où nous avons entendu l'opposition libérale affirmer, avant même que ne débutent les témoignages, que son objectif ultime est que le comité déclare qu'il y a eu outrage. Selon moi, cela assombrit l'ensemble du travail du comité. Que faisons-nous ici, si on a déjà décidé de déclarer qu'il y a eu outrage, avant même d'avoir entendu le moindre témoignage?
Voici ce que nous avons fait, et quand je dis « nous », je parle du gouvernement. Il y a environ une semaine, comme vous le savez, le Président a rendu sa décision à la Chambre. L'opposition a ensuite présenté une motion selon laquelle le comité devait se réunir, le gouvernement devait être contraint de présenter les informations qu'il n'avait pas fournies la première fois et déposées au Parlement, et un rapport devait être déposé à la Chambre le 21 mars, soit lundi prochain.
Le gouvernement a fourni l'information demandée. Certains membres de l'opposition se sont plaints qu'il s'agissait d'une tonne de documents, mais bon sang, ce sont eux qui les ont demandés.
Les audiences du comité ont débuté hier. Nous avons toujours affirmé vouloir transmettre l'information au comité avant le début des témoignages, et c'est ce que nous avons fait. J'ignore pourquoi on se plaint, mais c'est à cause du manque de temps que le gouvernement a dû présenter cette masse de documents le plus rapidement possible.
Vous avez indiqué, avec justesse, que cela prendrait un certain temps afin que tous les membres du comité accomplissent leur travail avec toute la diligence requise et examinent les documents qui ont été présentés. Je considère que c'est probablement ce qui va se produire ici, monsieur, et j'aimerais seulement avoir votre opinion là-dessus. Si les membres du comité décident à l'unanimité de conclure que le gouvernement est coupable d'outrage au Parlement, ce que l'opposition libérale a déjà dit souhaiter, alors qu'ils n'ont manifestement pas examiné tous les documents comme ils le devraient, alors je ne sais pas quelle est vraiment l'utilité de telles audiences du comité.
:
Merci, monsieur le président.
Bonjour, monsieur Franks.
Nous faisons un exercice présentement. Notons bien qu'avant-hier, on a reçu de l'information sur 5 des 18 projets de loi qui avaient été présentés à la Chambre des communes et dont le processus législatif suivait son cours. Cela veut dire qu'il y avait de l'information. Combien coûteraient ces projets de loi, quelles étaient les estimations?
Hier, on a reçu un catalogue. C'est le printemps, mais au lieu du catalogue Sears, on a eu droit au catalogue Harper. Il y avait des informations, mais très vagues, très floues. On a mentionné plus tôt que les provinces vont voir leurs coûts augmenter. Ce sera onéreux, mais on ne sait pas jusqu'à quel point et on ne peut même pas avoir une vague idée de ce que ça représente. On en a parlé ce matin, j'ai posé des questions à cet égard pour certains projets de loi.
On est donc dans une situation où la Chambre des communes, par l'entremise de son Président, a sommé le gouvernement de présenter des documents pour que nous, législateurs, députés élus, puissions faire notre travail. Vous connaissez toute la rhétorique, tout le cheminement à cet égard.
Je suis peut-être dans le monde de l'utopie, et c'est tant mieux, car utopie aujourd'hui, réalité demain. Pourriez-vous nous éclairer davantage? Comment faire pour s'assurer que lorsqu'un projet de loi est déposé, on peut savoir, dès le départ, combien cela va coûter et que cette information provient du gouvernement? Lorsque nous, les députés de l'opposition, présentons des projets de loi privés, il nous faut l'assentiment d'un ministre s'il y a des dépenses. On connaît le processus. Si le ministre ne nous appuie pas, on aura beau débattre du projet de loi, il va mourir à un moment donné. Le gouvernement doit faire la même chose, à mon humble avis. Pouvez-vous nous éclairer à cet égard?
Le but de la motion, monsieur le président, est d'aider le comité pour la suite des choses et, en particulier, d'aider les rédacteurs du rapport, qui sont chargés d'une tâche très difficile, qui est d'essayer de circonscrire les témoignages et les délibérations dans un très court laps de temps, comme l'a ordonné le Président de la Chambre des communes: le rapport doit être rédigé, finalisé et renvoyé à la Chambre le 21 mars prochain.
Étant donné notre programme pénible de demain, monsieur le président, en prévision de notre étude de la question de la ministre de la Coopération internationale, qui constitue la deuxième partie de l'attribution du présent comité, nous avons estimé qu'il serait productif et utile d'essayer de délimiter et de proposer aux rédacteurs un certain format initial de manière qu'ils puissent faire face à cette tâche pénible dans un très court laps de temps.
Plus particulièrement, je pense que l'idée d'avoir une ébauche du rapport de deux pages dans chacune des deux langues officielles aide souvent à préciser les propositions qui sont incluses dans le rapport final. J'ai vu beaucoup trop d'ébauches de rapport prolixes. Comme je l'ai souvent rappelé à mes anciens élèves, la prolixité n'est jamais un substitut pour le contenu, alors, je pense qu'il serait important que nous aidions les rédacteurs à limiter la longueur du rapport à deux pages. Si nous n'arrivons pas à le dire en deux pages dans chacune des deux langues officielles, c'est probablement trop long.
Les annexes qui suivraient, évidemment, comprendraient tous les mémoires, tous les exposés des témoins experts, tous les témoignages présentés et les transcriptions. Tout est là, monsieur le président, il s'agit d'une question très publique, puisqu'elle a été diffusée, par exemple, à la télévision, sur Internet et au-delà au cours des deux derniers jours.
Évidemment, il y a toutes sortes de... La liste des raisons de fond appuyant les points 1 à 5 de la présente motion est simplement trop longue pour que je la passe en revue. J'en aurais probablement jusqu'à 22 heures, monsieur le président, et je ne le ferai pas, mais je tiens à en citer quelques-unes, plus fondamentales, qui aident à étayer certaines des conclusions précoces consignées par écrit dans cette motion.
:
Parlons de la motion. Je trouve absolument incroyable qu'après deux jours de témoignages, la coalition de l'opposition présente une motion qui donne pratiquement la conclusion d'un rapport qui n'a même pas été encore rédigé.
Nous savons bien que les libéraux sont venus ici avec l'intention d'accuser le gouvernement d'avoir commis un outrage, mais allez jusque-là, monsieur le président, est inimaginable, à mon avis. Ce qu'ils auraient pu faire — et ils en avaient les moyens puisque la majorité des membres du comité font partie de l'opposition —, c'est que lorsque les analystes auraient retourné au comité l'ébauche du rapport sous forme d'analyse impartiale des témoignages que nous avons entendus, je suis certain que la coalition de l'opposition aurait pu alors utilisé sa majorité pour faire des recommandations demandant que le gouvernement soit reconnu coupable d'avoir commis un outrage. Autrement dit, ils auraient pu annuler toute recommandation ou information contenue dans le rapport.
Ce qui est incroyable, c'est qu'au lieu d'adopter cette approche, ils présentent une motion. Tout d'abord, cette motion indique que le rapport du comité ne doit pas être plus long que deux pages. Les témoignages que nous avons entendus ont duré plusieurs heures. Deux ministres ont comparu deux fois devant le comité et un ministre d'État a comparu pendant une heure. Nous avons reçu beaucoup d'autres témoins, et soit dit en passant, les renseignements communiqués par un grand nombre d'entre eux étaient en contradiction avec les points de vue de l'opposition.
À mon avis, ce rapport — et durant ma carrière j'en ai vu quelques-uns qui ont été renvoyés au comité — ne peut pas être moins long que deux pages s'il est rédigé de façon appropriée, mais l'opposition veut bien sûr, limiter l'information contenue dans le rapport. Ils veulent limiter l'information communiquée dans les témoignages faits en comité, et ce qui est encore plus obscène, c'est qu'ils tentent, sans inclure de témoignage dans le rapport, de faire adopter une motion accusant le gouvernement d'avoir commis un outrage.
Monsieur le président, j'ignore si quelqu'un au Parlement ou un historien qui a suivi le Parlement durant les 50 dernières années ou plus peut trouver un exemple d'un comité adoptant une motion qui soit condamne le gouvernement soit en fait l'éloge ou d'un comité arrivant à une conclusion avant que les analystes lui soumettent une ébauche de rapport. Il n'y a manifestement pas d'unanimité sur cette question, monsieur le président. La coalition de l'opposition tente simplement, pour une raison inconnue, d'arriver à une conclusion avant qu'un rapport soit présenté au comité.
J'avoue ne pas savoir ce qu'ils visent en se conduisant ainsi. Pensent-ils que les médias vont laisser passer leur façon de se conduire, que les médias s'accorderont à dire que c'est peut-être approprié? C'est loin de l'être, monsieur le président.
Nous pouvons avoir nos différences, et nous en avons. Nous avons des différences très divergentes au plan de l'idéologie politique et de la philosophie relativement aux programmes gouvernementaux et à notre vision, mais manigancer une telle chose... D'une part, ils se plaignent que le gouvernement agit en secret et fait de la manipulation et, d'autre part, ils présentent cette motion. Une motion qui dit essentiellement que les deux jours de témoignages en comité sont insignifiants, et ce, pour la bonne raison qu'ils ne veulent pas que les témoignages puissent être lus dans un rapport. Ils veulent tout simplement adopter une motion qui dit que le gouvernement a commis un outrage et qu'il n'a pas respecté les décisions du Président. Ils ne veulent pas que le rapport soit rendu public, monsieur le président. Ils ne veulent pas que le rapport public contienne les témoignages.
Examinons à nouveau certains témoignages, monsieur le président. Les deux ministres en question ont comparu à deux reprises ces deux derniers jours. Ils ont présenté des cahiers d'information qui selon le gouvernement, sont tout à fait conformes aux décisions rendues par le Président. Pourtant, monsieur le président, il semble qu'aucune de ces informations ne sera incluse dans le rapport final si la coalition de l'opposition arrive à ses fins.
Ils viennent ici en adoptant une attitude totalement moralisatrice et en manifestant une indignation pieuse, et ils disent s'opposer à l'approche du gouvernement parce qu'il n'a pas été transparent et a négligé de rendre des comptes au Parlement. Ils arrivent ensuite avec cette motion qui empêche absolument tout témoignage direct d'être présenté dans un rapport.
Je soulève ce que les membres des médias savent très bien parce qu'ils ont été témoins des allées et venues des gardes et des représentants qui tentaient de les empêcher de voir cette motion, mais ils l'ont maintenant vue, monsieur le président. Les médias sont au courant de la situation; il est à espérer que la population canadienne s'engagera également. Reste à savoir si, monsieur le président, les citoyens canadiens approuveront ou désapprouveront...
:
Merci. J'attendais simplement que le microphone soit allumé, monsieur le président.
Je répète que, dans la coalition de l'opposition — soyons tout à fait clairs concernant la motion —, on ne veut pas que les analystes travaillent au rapport final. On veut que le rapport ne contienne pas plus de deux pages, que les conclusions soient tout à fait contraires aux témoignages entendus ces deux derniers jours et que le projet de rapport ne présente pas de résumé des témoignages.
Mon collègue, M. Reid, a parlé d'une chambre de députés vedettes; je n'aurais pas pu dire mieux.
M. Franks a parlé du jeu politique des parlementaires; c'est le meilleur exemple possible.
M. Walsh a dit que, si on présentait les chiffres, on remportait la partie et que, dans le cas contraire, on perdait.
C'est bien vrai, monsieur le président, mais cela contredit directement l'approche puritaine adoptée par la coalition de l'opposition ces deux derniers jours. La motion le prouve hors de tout doute. À vous, monsieur le président, et à tous les Canadiens qui nous regardent, j'affirme que non seulement on abuse de la procédure parlementaire, mais qu'on s'en moque, tout simplement.
J'ai demandé à deux ou trois témoins quelle était l'utilité du comité si, dans l'opposition, on était déterminé à trouver ce qui constitue un outrage et si on favorisait une telle conclusion avant le début des audiences. Dans les circonstances, j'aimerais savoir à quoi servent les témoignages. Selon moi, rien ne justifie la situation actuelle.
Dans l'opposition, on a souvent adopté une attitude vertueuse et on a dit qu'il ne fallait pas gaspiller l'argent des contribuables. C'est pourtant bien ce qui se produit à l'heure actuelle. On demande à des représentants du ministère des Finances, à des ministres et à des parlementaires de partout au Canada de se réunir durant deux jours, mais on ne veut pas écouter les témoignages, les inclure dans le rapport final et donner un compte rendu juste et impartial de ce qui a été dit aujourd'hui. Le seul objectif, monsieur le président, c'était de présenter la motion à la fin des deux jours de témoignages. On ne cherche ni l'impartialité, ni la présentation de documents équilibrés, ni la vérité. L'idée, monsieur le président, c'est simplement de forcer la tenue d'élections.
Selon moi, monsieur le président, les députés de l'opposition pensent que l'abus flagrant du processus démocratique et parlementaire les aidera durant leur campagne, si on tient les élections qu'ils souhaitent à tout prix.
Monsieur le président, permettez-moi de répéter — comme je l'ai fait à de nombreuses reprises ces derniers mois et comme le premier ministre l'a dit — qu'au gouvernement, nous ne souhaitons pas d'élections. D'ailleurs, les Canadiens n'en souhaitent pas non plus. Nous voulons nous concentrer sur les priorités de la population, la croissance de l'emploi et l'économie, mais il est très évident que, dans l'opposition, on ne s'en soucie pas ou on ne partage pas de telles priorités. C'est souvent arrivé ces dernières années et, une fois de plus, on essaie simplement de créer des scandales de toutes pièces.
Nous avons entendu la décision du Président et nous l'acceptons, monsieur. Le Président a dit que, selon lui, il manquait d'information concernant les coûts liés aux projets de loi du gouvernement, notamment pour ce qui est des réductions d'impôt aux entreprises et des dispositions législatives sur la criminalité.
C'est pourquoi on a présenté une motion, monsieur le président. Néanmoins, nous avons dit dès le départ que nous allions respecter la décision du Président et essayer de fournir toute l'information qu'il a demandée...