:
Il est 10 h 30 et la séance est ouverte. Cette partie de la séance est publique et télévisée.
Nous sommes ici aujourd'hui en vertu de l'ordre de renvoi du mercredi 9 mars concernant une question de privilège du Comité des finances.
Nous avons avec nous M. Walsh, mais je voudrais régler quelques questions d'ordre interne avant de commencer.
Comme vous le savez, notre comité est actuellement saisi de trois questions. Nous venons tout juste de tenir une séance à huis clos au sujet de l'un des rapports. Nous n'avons pas encore fini à ce sujet et nous siégerons donc à nouveau plus tard à huis clos. Nous avons aussi une motion de privilège du Comité des finances, et nous avons une motion de privilège concernant l'ACDI.
Je m'adresse aux membres du comité en leur disant que nous aurons besoin de leur pleine coopération à tous pendant les deux ou trois prochains jours. Notre programme est très chargé. Vous avez demandé à votre président et à votre greffier de déployer beaucoup d'efforts pour dresser une liste de témoins, ce qui a été fait. Nous en avons pour tous les jours et vous devrez donc…
La première chose que doit faire le comité, une fois que le Président de la Chambre lui a renvoyé des motions de privilège en disant qu'il y a au moins une question « prima facie » à examiner, consiste à déterminer s'il a une une raison valable d'aller de l'avant. C'est l'une des premières fonctions du comité. Nous poserons certaines de ces questions à M. Walsh.
Ces derniers temps, la convention a été de convoquer le Président de la Chambre comme premier témoin. Toutefois, il n'était pas disponible pour venir cette semaine comme premier témoin afin de nous parler de chacune de ses décisions.
En ma qualité de président, j'ai pris l'initiative d'avoir une brève conversation avec lui jeudi dernier. Il m'a dit que, dans le cas du Comité des finances au moins, sa décision est parfaitement claire et notre comité doit aller de l'avant. En ce qui concerne la motion de privilège de l'ACDI, je l'ai interrogé sur la question « prima facie » dont il s'agit, comme nous aurions pu le faire s'il avait été témoin, et il m'a dit qu'il n'était pas certain que ce n'était pas juste un cas « prima facie », mais que le comité devait aller de l'avant à ce sujet pour tirer ses propres conclusions.
Ce comité a tendance à travailler dans un esprit d'amitié et de cordialité, et votre président a pris ces libertés de façon à nous garder ici.
Une voix : [Difficultés techniques: Inaudible]
Le président : Je sais. Je suis déçu de ce matin mais, non…
Une voix : [Difficultés techniques: Inaudible]
Le président : J'ai seulement dit j'étais déçu. Je n'ai pas dit pourquoi.
Il nous faudra tous… en temps opportun et avec l'aide des témoins. Nous nous en tiendrons à notre pratique habituelle de deux tours de questions. Ensuite, nous essaierons de donner à qui n'a pas eu l'occasion d'interroger le témoin l'occasion de le faire dans les dernières minutes de chacune des heures consacrées aux divers témoins.
En l'absence du Président de la Chambre pour ouvrir les travaux, nous avons demandé à M. Walsh de venir.
Monsieur Walsh, peut-être pourriez-vous venir à mon aide? Je sais que vous n'avez pas de déclaration liminaire — je suis à vous dans une seconde, monsieur Paquette — mais je me demande si vous pourriez m'aider un peu en me donnant la définition de « prima facie », après quoi, nous passerons aux questions.
Monsieur Paquette, voulez-vous intervenir avant le témoin?
:
Merci, monsieur le président.
Je n'ai pas de déclaration liminaire parce que je ne saisissais pas clairement ce qu'on attendait précisément de moi aujourd'hui. De ce fait, je n'ai pas voulu risquer de faire perdre son temps au comité en partant sur une tangente qui ne l'intéresserait pas.
Votre question porte sur le sens de l'expression « prima facie » qu'a employée le président. « Prima facie » est l'une de ces belles expressions latines qu'on peut utiliser à des fins variables. Je suppose qu'on peut la traduire par « à première vue », ou « de prime abord », en disant: à première vue, voyez-vous là quelque chose qui, après un examen plus attentif, pourrait constituer une atteinte au privilège?
N'oubliez pas que ce dont il s'agit ici, de la part du Président, est d'éliminer les questions de privilège qui, à première vue, ne semblent avoir aucun mérite. Autrement dit, pour ne pas faire perdre son temps au comité ou à la Chambre, il veut s'assurer qu'il n'y a pas de cause légitime « prima facie ».
Cela dit, conclure qu'il y a une cause « prima facie » ne règle pas définitivement la question. En effet, cela veut simplement dire qu'il semble, à première vue, qu'il y a là quelque chose. Le travail du comité consiste alors à examiner la question en profondeur et à adresser un rapport à la Chambre pour lui dire s'il estime, après son analyse, qu'il y a eu ou non une violation de privilège.
:
Je pense que le Président lui-même a dit dans son rapport sur cette question, ainsi que dans sa décision d'avril dernier sur les détenus afghans, que le Parlement a le droit de recevoir du gouvernement toute l'information qu'il demande dans l'exercice de son rôle constitutionnel consistant à demander des comptes au gouvernement.
N'oublions pas cependant que le gouvernement a toujours la possibilité de dire « Non, vous ne l'aurez pas », pour quelque raison que ce soit. Dans ce cas, il prend ses chances avec la Chambre, car, si celle-ci n'est pas satisfaite de cette réponse, c'est à elle de décider ce qu'elle veut faire à ce sujet.
Je ne dis donc pas que le gouvernement ne peut jamais dire non. Je dis simplement que, s'il dit non, c'est à lui qu'il incombe de se justifier puisque le principe fondamental est que la Chambre devrait recevoir toute l'information qu'elle demande pour s'acquitter de sa fonction consistant à demander des comptes au gouvernement ou, comme vous l'avez dit, à examiner les projets de loi.
:
C'est difficile, évidemment. Vous ne pouvez pas dire à quelqu'un ce que vous ne pouvez pas lui dire, à moins de tomber dans cette situation absurde: « Je peux vous dire ce que c'est, mais je devrai ensuite vous tuer ».
Il y a là-dedans un élément de confiance, et il est dit clairement dans la loi, à l'article 39, que le Parlement a déclaré que, si le greffier du Conseil privé l'atteste, ça s'arrête là et la Cour ne peut y avoir accès. Il y a dans la Loi sur la preuve au Canada d'autres dispositions touchant la sécurité nationale et la défense nationale, et les tribunaux ont adopté comme pratique d'examiner eux-mêmes ce qu'est cette information sensible ou préjudiciable que le gouvernement veut leur soustraire. Cela arrive typiquement dans les procès touchant le terrorisme ou des situations semblables. Le tribunal s'assure lui-même que l'information concerne réellement la sécurité nationale et n'est pas simplement quelque chose qui risque de mettre le gouvernement dans l'embarras. Les tribunaux n'ont cependant aucune possibilité d'agir ainsi lorsqu'il s'agit de l'article 39, car, une fois que le greffier du Conseil privé a attesté, ils ne peuvent y avoir accès.
Cela dit, la Chambre des communes n'est pas un tribunal et n'est pas assujettie à l'article 39 de la Loi sur la preuve au Canada. À mon avis, l'attestation qu'une information est une information confidentielle du Cabinet ne prime par sur le privilège parlementaire ni sur le droit de la Chambre de la recevoir du gouvernement pour lui faire rendre des comptes.
:
Qui a ce pouvoir? Personne, de façon précise, parce qu'aussitôt que le greffier du Conseil privé détermine que tel ou tel document est confidentiel, c'est fini sur le plan judiciaire, compte tenu de l'article 39 de la Loi sur la preuve au Canada.
Par contre, sur le plan parlementaire, c'est une chose complètement différente: c'est à vous de décider. On connaît le caractère des documents, on parle de questions financières, je crois, et des coûts des projets de loi qui touchent les prisons. On pourrait dire qu'un député a décidé que certaines choses constituent des secrets du Cabinet. Toutefois, comme l'a dit M. Brison tout à l'heure, on pourrait peut-être dire que ce qui a été discuté avant la présentation d'un projet de loi constitue véritablement un secret du Cabinet. En effet, j'imagine qu'on y a discuté de cette question et que cela constitue un secret.
Par contre, dès qu'un projet de loi touchant le même domaine est présenté, logiquement, les députés vont demander d'avoir accès à tous les renseignements appuyant cette initiative. C'est aux députés de décider s'ils ont reçu tous les renseignements ou non. Les députés pourraient, en fait, décider de ne pas voter en faveur du projet de loi. Les discussions qui ont lieu au sein du comité peuvent amener les députés à voter contre le projet de loi, plutôt que de simplement chercher à obtenir un blâme pour outrage au Parlement par le gouvernement. Vous pouvez voter contre le projet de loi.
:
Merci, monsieur le président.
Merci beaucoup d'être ici aujourd'hui, monsieur Walsh.
J'aimerais vous présenter quelques idées et vous demander votre réponse.
Beaucoup de Canadiens suivent ces délibérations. Ils se demandent un peu de quoi tout cela retourne. Ça peut leur sembler très abscons. J'aimerais donc rappeler aux gens qui nous regardent peut-être, ou qui nous écoutent ou nous lisent, ce qui se passe ici. Peut-être pourriez-vous nous aider à communiquer ça aux Canadiens laborieux.
Tout d'abord, notre recherche, provenant de la Bibliothèque du Parlement, nous dit — ses meilleurs chercheurs ont dit à tous les parlementaires, et à tous les Canadiens, en réalité — que cette question consistant à déclarer qu'un gouvernement a potentiellement commis un outrage au Parlement ne s'est encore jamais vue dans l'histoire du Canada, n'est-ce pas?
:
Merci, monsieur le président.
Bonjour, monsieur Walsh. M. McGuinty nous a fait comprendre tout à l'heure que c'était la première fois dans l'histoire du Commonwealth qu'une telle situation se présentait. Le gouvernement conservateur, par contre, a qualifié la situation, et je vais me servir de ses propres mots anglais, de « distraction » et de « game », c'est-à-dire une distraction et un jeu.
Nous pensons que cette question est très sérieuse. C'est assez aberrant. En tant que conseiller juridique principal — je ne veux pas revenir sur vos 20 ans de service, je crois comprendre que vous avez commencé tout de suite après le jardin d'enfance —, sérieusement, trouvez-vous que le choix des mots « distraction » et « jeu » soit judicieux ou approprié dans une telle situation? Ne croyez-vous pas que les Canadiens sont en droit de s'inquiéter d'une telle situation?
:
Je sais que les députés de l'opposition attendent mon intervention avec fièvre.
Merci de votre présence, monsieur Walsh. Je reviens sur l'une des choses que vous avez dites tout à l'heure, et qui est tout à fait vraie, c'est-à-dire que c'est au comité qu'il appartient de déterminer s'il y a eu ou non atteinte au privilège.
Il me semble que les questions à poser sont très simples. Ce sont les questions à poser aux ministres qui comparaîtront plus tard aujourd'hui, étant donné qu'ils ont fourni les informations, que le gouvernement a fourni les informations au Parlement, et que le Président a pensé qu'elles n'étaient pas suffisantes. Il me semble que la meilleure chose serait de demander aux ministres concernés pourquoi ils pensent que les informations qu'ils ont fournies étaient suffisantes.
Ce qui est troublant, c'est que j'ai pu lire dans la presse, notamment le Hill Times, avant même que les ministres aient témoigné, que M. Proulx laissait entendre que l'opposition, en tout cas le Parti libéral, avait peut-être déjà décidé que le gouvernement a commis un outrage au Parlement, avant le moindre témoignage. Je me demande ce que vous en pensez.
On a parlé de la tyrannie de la majorité mais il me semble que, si c'est là une approche attitudinale de la part des députés de l'opposition, et vous avez mentionné auparavant si l'opposition est unie dans son opposition au gouvernement — ce qui est une manière subtile de parler de coalition —, alors ces comités ne servent réellement à rien. Les témoignages ne servent à rien.
Si l'opposition unie a déjà décidé, avant même de se présenter devant le comité, qu'elle va conclure à l'outrage au Parlement, ou déposer une motion de confiance envers le gouvernement, que faisons-nous ici?
:
Merci, monsieur le président.
Bonjour.
Je n'ai pas préparé de déclaration liminaire, monsieur le président, mais nous venons de distribuer aux membres du comité des notes d'information générales sur la manière dont les documents confidentiels du Cabinet sont traités par mon bureau, ainsi que sur la jurisprudence pertinente et l'attestation de confidentialité du greffier du Conseil privé.
Vous voyez à mes côtés Andrea Neill, la commissaire adjointe, qui est chargée du règlement des plaintes. Elle est ici parce que, si certains députés ont des questions sur la manière dont nous traitons les documents confidentiels du Cabinet, quand une institution affirme qu'il y a dans certains documents des éléments touchés par la confidentialité du Cabinet, c'est Andréa qui a le devoir d'examiner la question, et elle pourra nous exposer la procédure en détail.
Emily McCarthy est ma nouvelle avocate générale. Je suis très heureuse de son arrivée dans notre bureau. Elle pourra répondre à des questions plus particulières sur la jurisprudence.
[Français]
Je pense qu'il est important de mentionner dès le départ que tout le processus parlementaire, toutes les discussions qui ont eu lieu au Parlement relativement aux demandes de renseignements soumises au gouvernement, constituent vraiment un processus séparé et distinct de celui que nous utilisons en matière d'accès à l'information. Il est important de bien comprendre cela.
Cela étant dit, avant de venir témoigner aujourd'hui, j'ai relu les débats qui avaient eu lieu à la Chambre relativement à cette question, et je suis ici pour vous présenter certaines idées quant aux justifications que nous demandons au gouvernement lorsqu'il invoque le secret du Cabinet, comment ça fonctionne et quelle est l'interprétation de la jurisprudence. Vous allez peut-être trouver que certains parallèles intéressants pourront s'appliquer dans le cadre de vos délibérations et des procédures subséquentes.
Je voulais aussi mentionner qu'il est tout à fait inapproprié pour moi, dans le cadre de mes fonctions, de faire une détermination spécifique au sujet d'une demande précise. Nous conduisons nos enquêtes de manière indépendante et en privé, et je me dois d'obtenir tous les documents et de connaître toutes les interventions des parties avant de prendre position.
[Traduction]
Il est très important de comprendre que je ne peux et ne saurais faire de commentaires sur une demande particulière d'information sans avoir pu appliquer le processus que m'impose la législation, qui consiste à mener une enquête équitable et minutieuse, à examiner tous les documents, à recueillir l'opinion de toutes les parties et, enfin, à formuler des recommandations fondées sur mes constatations.
L'une des choses qui suscitent des questions est le traitement des documents confidentiels du Cabinet. C'est une très bonne question.
On trouve une description des documents confidentiels du Cabinet à l'article 69 de la Loi sur l'accès à l'information. Il y a là une liste de certains documents considérés comme des documents confidentiels du Cabinet. Toutefois, la liste n'est pas exhaustive. Il y a une disposition similaire à l'article 39 de la Loi sur la preuve au Canada, qui contient une liste similaire de documents. Toutefois, le processus de l'article 39 de la Loi sur la preuve au Canada exige que le greffier du Conseil privé ou un ministre atteste que tel ou tel document est un document confidentiel du Cabinet. Nous parlerons un peu de la jurisprudence à ce sujet. En fin de compte, la politique veut que ce soit effectivement le Bureau du Conseil privé qui décide ce qu'est un document confidentiel du Cabinet.
Il existe quelques arrêts judiciaires qui me semblent pertinents sur la détermination d'un document confidentiel du Cabinet. Il y a l'arrêt Babcock c. Canada, de la Cour suprême du Canada. Tout ceci se trouve dans le document. Dans cet arrêt, la Cour suprême du Canada a conclu qu'elle possède le droit d'examiner la décision du greffier du Conseil privé d'émettre une attestation, et elle a indiqué les critères à prendre en considération pour déterminer que l'attestation est valide dans les circonstances.
Elle a notamment dit que le greffier ou le ministre doit fournir une description suffisante de l'information pour qu'on puisse déterminer qu'il s'agit d'une information confidentielle du Cabinet correspondant à l'une des catégories du paragraphe 39(2) ou à une catégorie analogue. Ces catégories sont les mêmes que celles de l'article 69 de la Loi sur l'accès à l'information. La cour a ajouté qu'il suffit généralement que la description corresponde à celle qui est nécessaire pour invoquer le secret professionnel de l'avocat en droit civil, c'est-à-dire la date, le titre, l'auteur et le destinataire du document.
Tel est le cadre dans lequel nous menons nos enquêtes au sujet des documents confidentiels du Cabinet. Quand une institution invoque ce principe, notre politique consiste à demander tous les dossiers. L'institution répondra alors que les dossiers ne sont pas concernés et ne peuvent être divulgués parce qu'ils sont touchés par la confidentialité du Cabinet. Elle fournira alors une liste de tous ces détails, qui sera examinée par le Bureau du Conseil privé. Notre enquête consistera à analyser cette liste pour nous assurer que le critère établi dans Babcock est satisfait.
Je vous ai donné des statistiques mais il importe de comprendre que, pour les enquêtes que nous avons menées au cours des cinq dernières années, même si nous n'avons pas le droit de voir les documents réels, nous avons constaté que, dans 24 p. 100 des cas examinés, en moyenne, la plainte était justifiée, c'est-à-dire qu'il s'agissait de documents qui n'étaient pas en réalité des documents confidentiels du Cabinet.
Si vous examinez les statistiques figurant dans le document, comprenez qu'il ne s'agit que d'un petit pourcentage de nos plaintes. Le nombre de cas dont nous sommes saisis n'est pas élevé mais il n'en reste pas moins que les chiffres permettent de mieux comprendre la situation.
Cela dit, monsieur le président, j'en reste là puisque vous avez aussi notre document général d'information.
Tout ce que je puis offrir au comité est un parallèle avec le processus que nous suivons pour déterminer, avec les institutions gouvernementales, si une question constitue une question confidentielle du Cabinet, et les justifications que nous demandons au Bureau du Conseil privé pour mener nos enquêtes.
:
Merci, monsieur le président.
Merci, madame Legault, de votre présence et de celle de votre équipe.
J'attire l'attention des membres du comité sur le document d'information que vous avez distribué au sujet de votre rôle et de vos attributions. Il est clairement dit à la première page que « le mandat de la Commissaire à l'information — recevoir et faire enquête sur les plaintes — est établi aux articles 30 à 37 de la Loi sur l'accès à l'information ». Vous y revenez dans votre conclusion en disant que « …la compétence du Commissaire à l'information ne s'applique qu'aux affaires dans lesquelles une plainte est déposée en vertu de la Loi sur l'accès à l'information ».
Ma question portera sur l'incidence totale des demandes d'accès à l'information auxquelles doit répondre le gouvernement, sans compter les sociétés d'État et d'autres organisations.
Pourriez-vous me donner une brève estimation du nombre total de demandes d'accès à l'information traitées durant les deux dernières années, disons de 2009 à 2010, en le comparant au nombre de 1999 à 2000, par exemple?
:
Tout d'abord, la compilation de statistiques et l'exécution d'analyses comparées sur le nombre de demandes pour l'ensemble du gouvernement relèvent des attributions du Secrétariat du Conseil du Trésor. Mon bureau ne compile pas de statistiques. Nous n'avons pas les ressources nécessaires et ce n'est pas notre mandat.
Cela dit — et je n'ai pas les chiffres précis avec moi —, je sais que c'était environ 35 000 l'année passée, en termes de demandes d'accès à l'information. Le chiffre augmente assez régulièrement, de 5 ou 6 p. 100 par an. Comme je l'ai dit, je n'ai pas les chiffres avec moi mais ils sont publics et je peux les envoyer plus tard au comité, sans problème.
En ce qui concerne les plaintes des sociétés d'État ou des nouvelles institutions, elles sont relativement peu nombreuses. De fait, je pense qu'elles sont statistiquement négligeables. C'est environ 2 à 3 p. 100 de demandes. Pour ce qui est des plaintes à mon bureau, ce n'est plus statistiquement négligeable puisque ça varie entre 12 et 14 p. 100. C'est dans le rapport spécial que j'ai publié cette année. Il y a donc des niveaux élevés de plaintes pour les nouvelles institutions.
:
Je dois dire que vous ne posez probablement pas cette question à la bonne personne…
M. Harold Albrecht: D'accord.
Mme Suzanne Legault: … dans la mesure où je crois que l'accès à l'information est essentiel pour la démocratie canadienne et pour obtenir des comptes du gouvernement. Personne ne demande combien il en coûte d'émettre des chèques de pension de retraite aux citoyens, parce qu'on estime que c'est un service normal pour ces derniers. Je crois aussi que l'information produite par le gouvernement est une information du secteur public, c'est-à-dire que les contribuables ont déjà payé pour que le gouvernement la produise.
Cela dit, si mon souvenir est exact — c'est de l'an dernier —, le Conseil du Trésor a déjà calculé combien coûte le traitement d'une demande d'accès, et c'était environ 1 400 $ par demande l'an dernier. Je ne saurais cependant vous dire combien de ressources y sont consacrées dans chaque institution. Vous devriez le demander au Secrétariat du Conseil du Trésor.
J'ajoute que, lorsque nous avons un système comportant beaucoup d'inefficience, à mon avis c'est en s'y attaquant qu'on peut réduire les coûts. Si nous avions des institutions qui traitaient réellement les demandes d'accès dans l'esprit de la loi, c'est-à-dire en faveur de la divulgation plutôt que des demandes d'exemption, nous économiserions beaucoup d'argent dans mon bureau pour le traitement des plaintes.
Postes Canada est un bon exemple. Dans les rapports d'évaluation de cette année, j'indique que l'organisation a des ressources suffisantes, un faible volume de pages, un faible volume de demandes, et l'une des évaluations les pires que nous ayons jamais vues dans l'histoire des rapports d'évaluation. Cela n'a donc rien à voir avec les ressources, l'argent, les personnes ou le volume de demandes. C'est une question de leadership.
Donc, quand on parle du coût du système tel qu'il fonctionne maintenant, je pense que je préférerais voir des améliorations au système avant une évaluation du coût. Je pense que ce serait la meilleure manière d'agir, notamment parce qu'une bonne partie du coût provient de l'exécution de recherches dans de gros volumes de dossiers, et que cela a à voir avec l'amélioration de la gestion des dossiers électroniques au gouvernement. Le gouvernement avance dans cette voie mais, une fois que nous nous serons améliorés à cet égard, nous réduirons les coûts.
En passant, la dernière chose que je veux dire est que des chèques de cinq dollars, quand ça coûte probablement plus au gouvernement de les produire… Vous savez, nous pouvons économiser de l'argent dans l'accès à l'information, c'est sûr.
:
Premièrement, c'est pour cela que je me fais l'avocate du fait que je devrais être autorisée à en prendre connaissance. C'est un projet de réforme législative, mais la situation est maintenant telle que l'arrêt dans l'affaire Babcock tient lieu de jurisprudence. Il y a aussi l'arrêt dans l'affaire Ethyl.
La cour a donné des détails quant à l'information que doit fournir le gouvernement lorsque le Conseil privé certifie qu'il s'agit d'un secret du Cabinet. On procède selon cette façon dans nos enquêtes, c'est-à-dire qu'on se base sur ce que l'arrêt de la Cour suprême a dit que le gouvernement devait produire. C'est l'état actuel de la loi. Je ne peux pas faire quelque chose qui n'est pas dans la loi. J'aimerais que la loi soit changée à ce sujet, mais tant que ce ne sera pas fait, il faut fonctionner dans le cadre légal qui est le nôtre.
On a ici ce tableau qui indique le document, le nom, le titre, la date et qui demande au gouvernement d'indiquer quelle est la disposition de la loi qui s'applique, c'est-à-dire de quelle partie de l'article 69 il s'agit et de quelle sorte de document il s'agit. Cela fait partie de l'enquête que l'on mène. Même dans le cas où on ne voit pas les documents, dans 24 p. 100 des cas depuis les cinq dernières années, on constate que les documents n'étaient pas des aspects confidentiels du Cabinet.
:
Merci, monsieur le président.
Merci à la commissaire.
Je promets de ne pas vous couper la parole, contrairement aux deux orateurs précédents.
J'ai écouté avec un certain amusement mon collègue, monsieur McGuinty, parler du budget de 12,6 millions de dollars de votre bureau et de ses préoccupations au sujet d'autres budgets. Considérant ce que son frère a fait du budget de l'Ontario, j'aimerais bien, en qualité de contribuable ontarien, percevoir le même intérêt de tous les membres de la famille McGuinty à l'égard des millions, et même des milliards.
Cela dit, parlons brièvement de votre budget. C'est bien 12,6 millions de dollars, actuellement?
:
Les modèles sont différents. Certains modèles comportent des pouvoirs exécutoires, d'autres non.
À ma connaissance, personne n'a encore fait au Canada d'étude vraiment approfondie du pour et du contre des différents modèles. Vous avez la commission du Québec, qui est un modèle complètement différent. À ma connaissance, on n'a pas vraiment fait le point à ce sujet récemment au Canada. Beaucoup d'amendements ont été apportés, je pense, à la législation de l'Alberta, ainsi qu'à celle de la Colombie-Britannique. Il y a eu beaucoup de changements depuis la dernière fois qu'on s'est penché sur cette question.
On a également vu apparaître de nouvelles lois au niveau international. Le Royaume-Uni et l'Australie ont adopté de nouvelles lois.
Je pense qu'il y a donc d'autres très bons systèmes à examiner.
Quant à savoir si je peux vous donner une brève réponse en plus de ce que je dis maintenant, je ne le peux pas. Très franchement, même si je serais ravie d'avoir étudié cette question en profondeur, je n'ai pas vraiment le temps voulu maintenant avec le niveau de plaintes que nous avons.
:
Merci beaucoup, monsieur le président. Merci beaucoup, madame Legault.
Ce que j'ai compris de votre exposé, c'est que vous nous avez exprimé votre limite relative aux enquêtes pour avoir accès à certaines informations additionnelles qui sont sous le couvert du certificat. Vous avez même souligné que, au chapitre de la modernisation de la loi, c'est un aspect sur lequel on pourrait s'attarder. J'aimerais vraiment me faire une image et comprendre.
Quand M. Brison a fait la première demande relative aux coûts des 18 projets de loi concernant la loi et l'ordre, on lui a répondu qu'il ne pouvait rien recevoir parce que c'était confidentiel au niveau du Cabinet. Comme citoyens ou comme parlementaires, comment pouvons-nous constater qu'il est vrai que la demande formulée au niveau des coûts relève vraiment de la confidentialité et qu'elle porte le sceau du certificat? C'est ma première question.
Ma deuxième question est la suivante. La multiplication de refus sous le couvert de la confidentialité ne serait-elle pas d'après vous un moyen pour contourner la Loi sur l'accès à l'information?
:
Merci, monsieur le président.
Madame Legault, le public a le droit de savoir ce que fait son gouvernement. C'est un pilier fondamental de notre démocratie. Pourtant, ce gouvernement semble obsédé par le secret. Dans votre témoignage, vous avez laissé entendre que l'exécution de la LAI coûterait beaucoup moins cher si le gouvernement penchait plus vers l'esprit de la loi, c'est-à-dire la divulgation et le partage de l'information, que vers le secret.
C'est la culture du secret qui a permis à la corruption d'être florissante pendant les années libérales et, pourtant, ce gouvernement semble obsédé par le secret. Il a presque l'obsession paranoïaque de ne jamais rien révéler, à moins qu'on réussisse à lui arracher l'information.
Pourriez-vous développer votre commentaire? Je veux parler du passage où vous avez dit que ça coûterait beaucoup moins cher si le gouvernement respectait vraiment l'esprit de la législation, ce qui se traduirait par la divulgation plutôt que le secret. Voulez-vous dire que le gouvernement ne respecte ni l'esprit ni la lettre de la Loi sur l'accès à l'information?
:
Mais puis-je simplement faire remarquer, cinq années après l'arrivée au pouvoir de ce gouvernement, qu'il est arrivé caracolant à Ottawa en brandissant le drapeau de la responsabilité. C'est lui qui allait mettre en oeuvre la Loi sur la transparence gouvernementale de John Reid. C'est lui qui a promis la liberté d'information.
J'ai entendu ses membres dire que la liberté d'information est l'oxygène de la démocratie, et faire toutes sortes de promesses fleuries et romantiques, et pourtant ils n'ont rien fait de mieux. En fait, on peut même dire qu'ils ont fait pire.
J'ai trouvé votre remarque très révélatrice, lorsque vous avez dit que, tant qu'à se tromper, si seulement ils se trompaient en faveur de la transparence plutôt que du secret, ils nous économiseraient beaucoup d'argent à tous, et le grand public serait mieux servi. On ne dira jamais assez l'importance du droit du public de savoir ce que son gouvernement fait avec son argent. C'est une liberté fondamentale.
:
Je vais commencer. Merci beaucoup.
Merci, monsieur le président et membres du comité. Je suis heureux de me présenter aujourd'hui devant le Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre pour parler des coûts associés à la répression de la criminalité violente. Je vais aborder aujourd'hui les questions concernant le ministère de la Sécurité publique et les organismes de mon portefeuille. Mon collègue, l'honorable Rob Nicholson, ministre de la Justice et procureur général du Canada, traitera des sujets relevant du ministère de la Justice.
Les noms des témoins potentiels assis autour de la table figurent dans la liste des témoins. Je suppose qu'il n'est pas nécessaire de les présenter chacun, étant donné que leur nom est déjà indiqué sur l'ordre du jour.
Comme vous le savez, le 17 février 2011, notre gouvernement a présenté une estimation des coûts en réponse à une motion introduite par le député de le 7 décembre 2010. Cette estimation a été déposée devant le Parlement. Elle établit les coûts prévisionnels de plusieurs projets de loi du gouvernement portant sur la criminalité, l'application de la loi et les services correctionnels. Nous étions convaincus que la demande d'information contenue dans la motion du 7 décembre était ainsi satisfaite.
Les chiffres de coûts déposés le 17 février représentaient des coûts prévisionnels. Il va sans dire qu'établir des prévisions constitue une tâche complexe et longue. Je vous ai remis aujourd'hui un cartable qui contient des renseignements additionnels qui étoffent et clarifient ce qui a été présenté à la Chambre le 17 février. Je suis d'avis que cette information satisfait pleinement à la demande du comité. Elle indique aussi clairement les cas où le gouvernement n'est pas en mesure de fournir les éléments demandés dans la motion. En outre, ces documents mettent clairement en lumière et expliquent toutes les divergences apparentes entre cette documentation et celle déposée le 17 février. J'invite tous les membres du comité à prendre connaissance des documents que vous avez devant vous, car ils donnent des détails clairs et précis sur les coûts associés aux lois anti-criminalité du gouvernement.
Nous connaissons tous le coût terrible infligé par la criminalité aux victimes, et de fait à tous les Canadiens. Il englobe les coûts associés à la dégradation et la perte de biens, les coûts associés à l'incapacité de travailler pendant que les victimes reconstruisent leur vie, et surtout, les coûts des soins médicaux et du soutien requis par suite des dommages physiques et mentaux si souvent causés aux victimes des crimes. Ce sont là des coûts dont notre gouvernement considère que les victimes ne devraient pas avoir à les supporter, et c'est pourquoi nous avons pris autant de mesures pour lutter contre la criminalité, prévenir les crimes avant qu'ils soient commis, les sanctionner une fois qu'ils ont eu lieu, et faire tout notre possible pour éviter la récidive.
Notre gouvernement travaille avec acharnement pour assurer la sécurité des Canadiens et placer enfin les droits des victimes au centre de notre système de justice pénale. Nous pourrons être en désaccord aujourd'hui sur beaucoup de choses, mais j'aime croire que nous sommes d'accord sur un point: un gouvernement n'a pas de responsabilité plus grande que d'assurer la sûreté et la sécurité de ses citoyens.
Depuis sa première élection en 2006, notre gouvernement n'a cessé de dire aux Canadiens que nous allions modifier le Code criminel de façon à assujettir les contrevenants violents et récidivistes à des peines plus dures. Nous avons promis de sévir contre les crimes violents et à main armée. Nous avons promis de déployer davantage de policiers dans nos rues et de sécuriser nos frontières. Nous avons promulgué des lois ciblant la violence des gangs et le crime organisé en nous attaquant à des problèmes tels que les meurtres commis par les gangs, les tirs depuis les voitures et le besoin de protection supplémentaire des agents de police.
Notre gouvernement en est un d'action et de volonté. C'est pourquoi nous faisons effectivement ce que nous avions annoncé. Nous savons que l'action comporte un coût, un coût que nous sommes prêts à payer. Nous sommes prêts à le payer parce que le coût pour la société est infiniment plus grand, et pas seulement mesuré en dollars et en cents.
Au cours de la session actuelle, nous avons introduit 10 projets de loi qui attendent d'être adoptés, dont des projets de loi visant à supprimer la procédure accélérée de libération conditionnelle et à combattre l'odieux trafic de migrants, un crime qui met en péril nos collectivités et mine le généreux système d'immigration canadien.
Les victimes et les Canadiens respectueux des lois nous ont tous dit que ces mesures sont d'importance cruciale, et je saisis cette occasion pour presser de nouveau les membres de l'opposition, et en particulier ceux de ce comité, de ne pas s'intéresser seulement aux chiffres sur les pages devant eux, mais de considérer le coût d'ensemble de la criminalité pour notre société. Après tout, protéger les Canadiens en instaurant une société sûre vaut ce prix.
Merci.
Après les remarques liminaires de mon collègue, le ministre de la Justice, je me ferai un plaisir de répondre aux questions que les membres du comité pourraient avoir.
Je comparais devant le comité pour apporter des renseignements supplémentaires et répondre aux questions concernant des projets de loi d'importance primordiale, qui sont des éléments cruciaux de notre programme d'application de la loi et de maintien de l'ordre. Les répercussions financières pour le gouvernement fédéral ont été, bien entendu, prises en compte au moment de la conception de ces lois. J'espère que ma comparution ici, aujourd'hui, avec mon honorable collègue Vic Toews, ministre de la Sécurité publique, en sus de la fourniture des renseignements complémentaires demandés, nous permettra d'avancer avec ces réformes.
J'espère que les honorables députés conviendront que ces lois et les investissements corollaires sont indispensables à l'actualisation de notre législation et à l'amélioration de notre système judiciaire. Avant tout, nos projets de loi visent à tenir les délinquants davantage responsables de leurs actes et à accroître la confiance des Canadiens dans notre système de justice pénale, un système que le monde entier nous envie.
Je fais remarquer, comme l'indique la documentation distribuée, que plusieurs des mesures législatives en question ne comportent pas de coût pour le gouvernement. Nous offrons des renseignements supplémentaires pour mieux expliquer les estimations du coût des lois ayant des conséquences financières.
Comme les députés le savent, la motion du Comité permanent des finances demandait aux ministères concernés des renseignements particuliers sur un certain nombre de projets de loi en matière de criminalité. Notre gouvernement a répondu à la motion en déposant le 17 février un document au Parlement. Ce document indiquait quels projets de loi ont des répercussions financières, ainsi que les coûts attribuables aux ministères ou organismes désignés, par année, pour une période quinquennale. Le document signalait également quels projets de loi n'ont pas de répercussions financières et expliquait brièvement pourquoi c'est le cas. L'intention du gouvernement a toujours été de répondre à cette demande et de fournir l'information concernant les coûts.
Nous sommes résolus à collaborer avec les députés pour assurer que le rôle du Parlement soit respecté et, dans cette optique, le gouvernement respecte la décision du Président relative à l'information fournie le 17 février. Par conséquent, nous vous avons remis aujourd'hui une documentation détaillée concernant chacun des projets de loi spécifiés dans la motion. Cette information englobe une description du projet de loi, car c'est à partir de ses éléments que l'on peut déterminer s'il y a des conséquences financières et quelle est la nature des coûts.
Je répète que nombre de ces projets de loi n'entraînent pas de coûts, et la raison en est expliquée lorsque c'est le cas.
En revanche, des renseignements de coûts détaillés sont donnés pour certains projets de loi. Par exemple, pour notre , notre mesure visant à lutter contre la narco-criminalité grave, les renseignements concernant les coûts comprennent les répercussions prévues sur la GRC, le Service des poursuites pénales, le Service correctionnel du Canada et d'autres. Chacune de ces entités a fondé ses estimations de coût sur les facteurs pertinents, l'expérience et des hypothèses. Mais comme je l'ai déjà dit, ce niveau de détail n'existe pas pour tous les projets de loi, et ce n'est pas le fait du manquement ou du refus du gouvernement à fournir les chiffres, mais simplement parce qu'aucune répercussion financière n'est à prévoir.
Enfin, avant de conclure, j'aimerais faire part aux honorables députés de ceci. Pendant mes quatre années comme ministre de la Justice, j'ai eu l'occasion de sillonner maintes fois les pays pour rencontrer les policiers, les Canadiens, les victimes dont la vie a été perturbée ou anéantie à jamais par un acte criminel. Partout où je suis allé, j'ai entendu le même message: les Canadiens veulent des lois efficaces, mettant les criminels en face de leurs responsabilités, et donnant aux victimes une voix au sein de notre système judiciaire.
Notre gouvernement a parfaitement reçu le message. C'est pourquoi notre programme judiciaire vise à aménager nos lois de manière à assurer une meilleure adéquation entre le crime et la peine. Comme les Canadiens, nous voulons que la punition corresponde au crime et que notre système judiciaire rende justice. Les victimes et les Canadiens respectueux de la loi savent que la criminalité a un coût, quel que soit l'angle sous lequel on la considère. Ils savent que le crime coûte cher, depuis les programmes de prévention et de réinsertion jusqu'au traitement et au soutien des victimes et l'incarcération des criminels.
Ils savent aussi qu'il en coûte de laisser des criminels dangereux arpenter nos rues. La société paie un prix élevé lorsqu'on laisse certains de ces individus en libre circulation. De fait, les Canadiens ne savent que trop bien quels sont les coûts de la criminalité. Ils en ont vu quantité d'exemples terribles, trop nombreux pour qu'on les énumère, et les Canadiens sont troublés, à juste titre, lorsqu'ils voient que la sévérité de la punition ne correspond pas à la gravité du crime. Ils perdent foi en notre système de justice pénale lorsque les droits des victimes sont ignorés.
C'est alors qu'ils se tournent vers nous, leurs représentants au Parlement, et demandent à juste titre: Que faites-vous pour remédier à cette situation? Il nous incombe, à nous les parlementaires, d'adapter notre législation pénale et d'oeuvrer pour améliorer notre système judiciaire de façon à pouvoir, à tout le moins, rattraper les criminels et veiller à ce que justice soit rendue. Nos actes parlent pour nous. Sous l'autorité du premier ministre Harper, notre gouvernement a pris des mesures conséquentes pour réprimer la criminalité et mieux protéger les Canadiens, et nous continuerons de faire le nécessaire pour protéger les droits des victimes et rendre nos rues plus sûres.
Collègues, je vous demande de soutenir notre action en matière de justice et de sûreté publique, et j'espère que les renseignements que nous vous avons fournis aujourd'hui concernant les répercussions financières seront utiles à votre analyse.
Merci beaucoup.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci, messieurs les ministres, et merci aux fonctionnaires qui vous ont accompagnés ici.
Monsieur le ministre Toews, premièrement, merci de nous avoir fourni l'information. Celle-ci vise manifestement à appuyer, à étoffer et probablement à clarifier l'information déposée le mois dernier à la Chambre. Je sais que M. Brison et d'autres ont clairement leur propre programme, mais nous sommes ici, à mon sens, témoins de la transparence en pleine action.
[Rires]
M. Tom Lukiwski: Nous avons entendu beaucoup de chiffres. Nous avons entendu le chiffre de 2,1 milliards de dollars sur cinq ans. Cela doit servir à mettre fin à la porte tournante du système judiciaire et à mettre les criminels derrière les barreaux, là où ils devraient de toute manière être.
L'information que vous avez déposée à la Chambre, ou que le leader parlementaire du gouvernement à la Chambre a déposée en votre nom le mois dernier, indique que les projets de loi restants du gouvernement touchant au crime vont coûter environ 650 millions de dollars. Je pense que le ministre Nicholson a parlé de 631 millions de dollars — c'est suffisamment proche. Les Canadiens sont manifestement en train d'entendre beaucoup de chiffres. J'aimerais vous donner l'occasion de clarifier ce que signifient ces chiffres.
Si vous prenez les 2,1 milliards de dollars qu'il en coûtera selon vous au cours des cinq prochaines années et y ajoutez les 631 millions ou les 650 millions de dollars, cela totalise environ 2,7 milliards de dollars.
L'information en ce qui concerne le coût du projet de loi , les 2,1 milliards de dollars, a-t-elle été incluse ici? Et, dans la négative, pourquoi pas? Deuxièmement, si elle n'y figure pas, serait-il juste de dire qu'au fond le coût total des lois touchant au crime a déjà été divulgué?
:
Permettez-moi de commencer par dire que je ne suis au courant d'aucune information qui ait été demandée relativement au projet de loi .
Le chiffre de 2,1 milliards de dollars se rapporte à la construction de nouvelles unités pour les prisons. Notre capacité d'accueil actuelle dans les prisons est d'environ 15 000 détenus. M. Head, le commissaire, est ici. Les 2,1 milliards de dollars correspondent à la construction d'environ 2 700 unités additionnelles et au remplacement de certains des éléments de l'infrastructure vieillissante qui sont nécessaires.
Permettez-moi de répéter, monsieur Lukiwski, qu'il n'y aura pas de nouvelles prisons. Il est question ici de 2 700 unités dans des prisons existantes. C'est là l'estimation que nous avons reçue du Service correctionnel du Canada relativement à ce qu'il nous faudra du fait de l'augmentation résultant des lois visant l'adéquation de la peine et du crime.
L'estimation l'an dernier prévoyait qu'à compter de ce mois-ci de l'année il y aurait quelque 1 300 nouveaux détenus. J'ai reçu les chiffres ce matin, et l'on dénombre 500 et quelque nouveaux détenus. Ainsi donc, même avec ces genres d'estimations, le ministère ayant fait de son mieux pour estimer les coûts, ceux-ci seront inférieurs, étant donné que les estimations faites par le Service correctionnel du Canada ont été réduites de moitié environ.
Les estimations changent d'un mois à l'autre, mais en ce qui concerne l'information que vous nous avez fournie, sur les 2,1 milliards de dollars, 800 millions de dollars correspondent aux coûts de construction et 1,2 milliard de dollars environ aux coûts de fonctionnement sur cinq ans.
:
Merci, monsieur le président. Bienvenue à nos deux ministres.
Ma première question est la suivante. Lorsque le comité a fait une demande aux différents ministères concernés par la motion adoptée le 17 novembre 2010, le gouvernement a répondu ce qui suit le 1er décembre:
La question concernant les coûts associés avec la mise en oeuvre de chaque projet de loi de justice du gouvernement constitue de l'information confidentielle du Cabinet et, en conséquence, le gouvernement n'est pas en mesure de fournir l'information ou documents demandés.
Donc, le 1er décembre, il n'était pas question de donner de l'information concernant les projets de loi de justice visés par la motion du Comité permanent des finances. Le 17 février dernier, le a déposé à la Chambre un document qui donnait un certain nombre d'informations, mais qui était nettement incomplet. Il manquait énormément de détails.
Qu'est-ce qui a fait qu'entre le 1er décembre et le 17 février, des éléments qui étaient considérés confidentiels par votre gouvernement, parce qu'ils relevaient des secrets du Cabinet, devenaient tout à coup publics le 17 février? On pouvait maintenant en rendre publics un certain nombre. C'est très insuffisant.
La preuve, et vous l'admettez vous-même, c'est qu'aujourd'hui, vous arrivez avec un document qui reprend essentiellement ce qui a été déposé à la Chambre le 17 février, mais avec plus de détails.
Comment expliquez-vous la réponse que le gouvernement a donnée le 1er décembre dernier?
:
Justement, c'est un peu ça le problème. Le 17 février, le a déposé ce document à la Chambre. Finalement, ce document est la même chose que l'autre, mais de façon plus détaillée.
Le Président de la Chambre a rendu sa décision le 7 mars. Cela veut dire que le Président de la Chambre considère que ce document ou le précédent ne répond pas aux ordres de la Chambre et que l'aspect fondamental, c'est que les parlementaires ont droit à toute l'information.
Il faut trouver un mécanisme pour protéger la sécurité de l'État et l'intérêt public. On en est la preuve, puisqu'on a été capables, au sujet des documents afghans, de trouver un mécanisme qui a fait l'affaire des libéraux et du Bloc.
Comment se fait-il que pour le reste de la documentation que vous ne nous avez pas soumise, vous n'êtes pas en mesure de faire le même type de démarches, c'est-à-dire qu'un comité spécial ou un autre mécanisme fasse en sorte que nous aurons la possibilité de voir l'ensemble de la documentation pour s'assurer que l'information rendue disponible est effectivement suffisante et répond à la demande de la Chambre?
Pour le moment, je ne suis pas satisfait, parce que ces deux documents, c'est la même chose. Pour les deux, il y a eu la décision rendue par le Président le 7 mars dernier.
Seriez-vous prêt à envisager la mise sur pied du même type de mécanisme que celui prévu pour les documents afghans? D'ailleurs, je dois signaler que, malheureusement, un membre du panel est décédé dimanche. J'offre toutes nos condoléances à sa famille.
:
Permettez-moi de répondre brièvement. Il s'agit, certes, d'une décision que peut prendre la Chambre; ce n'est certainement pas quelque chose que nous, ministres, pouvons trancher.
Tout ce que peuvent faire les fonctionnaires, c'est vous fournir l'information qui n'est pas visée par le secret du Cabinet. Si la Chambre détermine qu'elle souhaite avoir le même genre de système que celui qui a été établi relativement aux documents sur l'Afghanistan, alors il n'y a rien qui empêche la Chambre d'en décider ainsi.
Mais je tiens à souligner que, même dans le contexte des documents sur l'Afghanistan, ce ne sont pas des documents confidentiels du Cabinet qui ont été remis au comité. D'après ce que j'ai compris, le processus veut que les juristes déterminent si tel document est ou non un secret du Cabinet. S'ils déterminent qu'un document est bel et bien un secret du Cabinet, alors il n'est pas fourni aux membres du comité...
M. Pierre Paquette: Oui, mais...
:
J'ai beaucoup de difficulté à comprendre pourquoi certaines informations que vous êtes prêt à livrer depuis le 17 février étaient considérées, le 1
er décembre, comme confidentielles parce qu'étant des secrets du Cabinet. Ça, tout d'abord, je n'arrive pas à le comprendre et c'est sûr que cela ébranle ma confiance en tant que parlementaire.
Ensuite, pour être en mesure de savoir si l'information que vous nous avez transmise correspond bien à ce que voulait le Comité permanent des finances et à ce qu'a demandé la Chambre, il faut savoir sur quel modèle cela a été estimé. Quel est le nombre de détenus que vous envisagez? Aussi, quel coût unitaire par détenu envisagez-vous? Encore une fois, chaque fois, il faut connaître les hypothèses qui ont accompagné cela. Quel est le coût par employé équivalent à temps plein? Et aussi, quel est le coût des nouvelles cellules?
Donc, encore une fois, je ne suis pas convaincu qu'on ait toute l'information que réclamaient le Comité permanent des finances et la Chambre des communes — je vous rappelle qu'une motion a été adoptée le 17 février —, et je ne suis pas convaincu non plus que l'information que vous nous donnez est suffisante pour qu'on soit en mesure de juger de la véracité des chiffres qui sont là. On aura l'occasion au cours des prochains jours d'en savoir davantage.
:
Absolument. C'est pourquoi j'ai commencé par m'excuser au nom de l'opposition officielle aux 480 000 fonctionnaires. Les Canadiens décideront pour eux-mêmes, monsieur le président, lorsqu'ils liront les coupures de presse et verront les citations. Faites-moi confiance, ils le feront, et ils l'ont déjà fait.
Messieurs les ministres, j'aimerais vous lire une définition. Il s'agit de la définition donnée par le Petit Robert au mot « mépris », car c'est de cela que nous devons traiter aujourd'hui, demain et vendredi.
Pour la première fois dans l'histoire du Canada, votre gouvernement — le premier parmi les 13 gouvernements minoritaires qu'a connus le pays à agir de la sorte — est en ce moment sur une pente glissante, risquant de se voir déclaré coupable d'outrage au Parlement ou de mépris du Parlement, alors permettez-moi de vous lire simplement la définition de « mépris »: « fait de considérer comme indigne d'attention; sentiment par lequel on considère quelqu'un comme indigne d'estime, comme moralement condamnable ».
Messieurs les ministres j'aimerais vous demander la chose suivante. Dans le contexte de la définition du terme « mépris », comment cela fait-il qu'il a fallu mettre un pistolet contre la tempe du gouvernement pour vous obliger à comparaître ici aujourd'hui et à faire ce déversement de documents? Cela fait plus de quatre mois que des Canadiens raisonnables suivent le déroulement de ce drame, ne sachant pas pourquoi votre gouvernement a refusé de se conformer aux motions qui se sont succédé, n'obtempérant qu'après avoir été rappelé à l'ordre par le Président de la Chambre dans une décision relative aux documents sur l'Afghanistan, et après avoir par la suite été rappelé à l'ordre deux fois de plus: une fois relativement à votre collègue, la ministre de la Coopération internationale, et une autre fois pour que vous disiez réellement la vérité aux Canadiens au sujet des coûts.
C'est leur argent, messieurs les ministres. On leur demande d'avaler ces coûts. Je suis certain que nous avons nos différences d'opinions, messieurs les ministres, quant à votre approche en matière de droit et de maintien de l'ordre. Je suis certain que nous avons nos différences d'opinions quant aux vues de Newt Gingrich en matière de lois républicaines et ainsi de suite. Je suis certain que c'est le cas, mais je suis certain que nous pourrions également convenir — en tout cas je croyais que ce serait possible — que, d'un point de vue de reddition de comptes, vous n'auriez pas attendu quatre mois pour vous faire traîner jusqu'ici pour déverser — qu'avons-nous? — 1 000 pages de documents sur les Canadiens, 18 minutes à peine avant que le comité ne débute la réunion, monsieur le président — 18 minutes.
Je veux dire, qu'y a-t-il avec ce régime, messieurs les ministres, pour qu'à chaque fois...? Et maintenant, pour la première fois dans l'histoire du Canada, vous êtes sur cette pente glissante où vous risquez d'être déclarés coupables d'outrage ou de mépris par la population canadienne, par l'intermédiaire de ceux qui la représentent à la Chambre des communes.
Mais avant que vous ne réagissiez, j'aimerais vous lire cet extrait d'une déclaration de M. Harper:
Sans un accès adéquat à des renseignements d'importance névralgique sur les politiques et les programmes du gouvernement, la population et les parlementaires ne peuvent prendre de décisions éclairées, et...
... et voici la vraie perle...
... une gouvernance incompétente et corrompue peut être dissimulée sous le voile du secret.
Dans le contexte de la définition des termes « outrage » et « mépris », dans le contexte des déclarations faites par votre chef, M. Harper, et dans le contexte de votre comportement au cours des quatre derniers mois, comment est-il possible que l'on s'attende à ce que les Canadiens pensent que vous jouez ici de bonne foi, et comment pourraient-ils, je vous le demande, avoir confiance dans les chiffres qui figureront dans le budget?
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
J'ai une question technique à poser, mais avant de ce faire, pour venir en aide aux gens qui essaient de suivre cette discussion à la télévision, je pensais qu'il vaudrait peut-être la peine de souligner que ces audiences font suite à une motion déposée par M. Brison demandant le coût d'une série de 18 projets de lois du gouvernement. Cependant, n'a pas été inclus parmi ces 18 projets de loi le projet de loi , Loi sur l'adéquation de la peine et du crime, alors je suis quelque peu perplexe lorsque j'entends les gens d'en face se plaindre du fait que les coûts rattachés à ce projet de loi n'aient pas été inclus.
Ils ne les ont pas demandés. M. Brison ne les a pas demandés; il est libre de le faire à une date ultérieure. Je suis perplexe face à sa frustration du fait de ne pas trouver, dans la documentation qu'il a reçue, d'estimation des coûts pour un projet de loi qu'il a oublié d'inclure dans sa liste en vue d'une réponse.
Je ne souhaitais pas obtenir un commentaire de la part du ministre. Je souhaitais obtenir un commentaire en réaction à la question que voici, car nous disposons ici d'un temps limité.
Le tableau qui a été déposé initialement, en réponse à la question posée par M. Brison à la Chambre en février, contient de l'information. Bien sûr, aujourd'hui, nous avons reçu ce très gros cartable d'information. Y a-t-il des écarts entre les coûts figurant dans le tableau déposé le 17 février et la documentation supplémentaire déposée aujourd'hui?
Pendant que vous répondez à cette question, je vous serais également reconnaissant d'expliquer un peu les hypothèses de planification qui ont été utilisées, tant pour le document déposé en février que pour les renseignements supplémentaires fournis aujourd'hui.
En quelques mots — et je comprends fort bien que vous n'ayez pas encore eu le temps d'assimiler tous les renseignements qui ont été fournis — selon le sommaire du projet de loi , c'est-à-dire à l'onglet 4, le système correctionnel pour la jeunesse coûte actuellement au Canada 350 millions de dollars. Il ne s'agit pas, cependant, des coûts découlant du projet de loi ; c'était simplement pour que le comité puisse replacer les divers éléments dans leur contexte.
Dans les tableaux, nous avons tenté de répondre aux questions très précises que vous posiez dans le cadre de votre motion. Dans plusieurs cas, il n'a pas été possible de préciser les coûts de base et les augmentations, mais nous avons indiqué que tout cela coûte actuellement au gouvernement fédéral 177,3 millions de dollars, les coûts découlant de ces divers accords étant en effet partagés. C'est le chiffre actuel, qui n'a rien à voir avec les augmentations de coût découlant du projet de loi , et il n'y a, par conséquent, aucun écart entre les renseignements qui figurent dans le tableau et les renseignements communiqués ultérieurement.
:
Merci, monsieur le président. J'aimerais que vous me fassiez signe quand il me restera une minute, parce que ma collègue veut aussi prendre la parole.
Je veux confirmer ce que vient de dire M. Brison. Il y a quand même des différences non pas substantielles, mais intéressantes. On ne peut pas être complices de cette mascarade. J'ai regardé le document rapidement: 90 p. 100 de celui-ci consiste tout simplement en la reproduction des projets de loi au sujet desquels le Comité permanent des finances avait demandé des informations. Et on nous sert de nouveau les mêmes excuses. On ne répond donc pas à l'ordre de la Chambre. Si on me demande ce que j'en pense, je vous confirme, à la lecture rapide de ce document, qu'on n'y répond toujours pas.
Je vous donne l'exemple du projet de loi . Il permet à des juges d'ordonner des périodes de 25 ans d'inadmissibilité à la libération conditionnelle pour chaque infraction. Dans le document que vous aviez déposé le 17 février en ce qui concerne le projet de loi C-48, c'est écrit: « Le Service correctionnel du Canada ne s'attend pas à une importante incidence financière sur le service. Toute incidence, à l'avenir, sera traitée dans le cadre du processus habituel d'ajustement des niveaux de référence ». Il y a donc le projet de loi, mais il a deux pages et un quart. C'est ça, la nouveauté. C'est aussi écrit: « L'imposition de peines plus longues risque d'entraîner une augmentation des coûts pour le Service correctionnel du Canada [...] ». Il n'y avait pas d'augmentation de coûts et maintenant, il y en a. Je poursuis la lecture: « [...] mais il n'est pas possible de prévoir ces coûts pour l'instant ».
Et parce qu'on ne peut pas prévoir les coûts, on ne répond pas aux autres questions que voici: « À combien sont estimés les coûts marginaux ventilés par catégorie (dépenses en immobilisations) [...] » et ainsi de suite. La réponse est: « Cette question ne s'applique pas. Voir la section “Explication de toute omission de répondre aux questions” ». L'explication, c'est tout simplement: « [...] il n'est pas possible de prévoir les coûts pour l'instant. » Et un peu plus loin, c'est écrit: « Si le SCC a besoin de ressources supplémentaires en raison de ce projet de loi, des fonds additionnels seront demandés. »
Il est un peu normal, pour des parlementaires qui font face à des projets de loi qui ont été adoptés, d'avoir au moins une idée de ce qu'il en coûtera. Je ne peux pas croire que le ministère de la Sécurité publique n'est pas en mesure d'avoir une estimation approximative du coût lié au projet de loi C-48 au fil du temps. À mon avis, on cache aux parlementaires des chiffres qu'ils sont en droit de connaître. Le Président a été très clair à cet égard.
Je vous rappelle encore une fois que ce document a été déposé le 17 février et que, à la suite de ce dépôt, le président a rendu sa décision selon laquelle il y avait possibilité d'outrage au Parlement. Il y avait matière à question de privilège.
Ma question est simple: comment voulez-vous que les conclusions de ce comité ne soient pas que le gouvernement est coupable d'un outrage au Parlement? Quels sont les arguments que vous pouvez nous apporter? Ce n'en est certainement pas un.
:
Monsieur Paquette, vous avez évoqué le projet de loi . Il s'agit du projet de loi visant les auteurs de meurtres multiples. Au lieu de leur offrir la possibilité d'une libération conditionnelle après 25 ans de prison, quel que soit le nombre de personnes tuées, nous allons donner aux juges le pouvoir discrétionnaire de porter à 50 ou 75 ans la période d'incarcération pour les auteurs d'un deuxième ou d'un troisième meurtre.
Vous demandez quels vont être les coûts d'une telle mesure. Les fonctionnaires responsables, pour qui, j'en suis certain, vous avez beaucoup d'estime, ont conclu qu'il n'est pas possible de préciser les sommes en cause, étant donné le caractère discrétionnaire du pouvoir en question. Cette mesure ne s'applique qu'aux auteurs de meurtres multiples et les incidences financières n'apparaîtront qu'à l'avenir. Cela veut dire que, pendant 25 ans, il n'y aura aucune incidence financière, étant donné que les individus déclarés coupables de meurtre au premier degré vont de toute manière être incarcérés pendant 25 ans. Selon les fonctionnaires responsables, donc, il est impossible de chiffrer l'augmentation des coûts que cela entraînera dans 25 ou 50 ans étant donné qu'il s'agit d'un pouvoir discrétionnaire. C'est tout.
Vous pouvez ne pas être d'accord, et penser que nous ne devrions pas nous montrer aussi durs envers les auteurs de meurtres multiples. Cela vous regarde. Vous pouvez penser cela, et nous pouvons ne pas être d'accord sur la question, mais si vous me demandez combien cela coûtera dans 25 ou 50 ans, je dois vous répondre que les fonctionnaires fédéraux qui ont contribué à l'élaboration de cette mesure disent qu'il est à peu près impossible de le préciser. Il s'agit, en effet, d'une mesure discrétionnaire et d'une situation qui ne se présentera pas avant 25 ans.
:
Merci, monsieur le président.
[Français]
Comme les ministres, je suis ici en présence de tout mon entourage, mais je comparais seul à titre personnel. Je n'ai pas vu The Mikado, cet opéra dans lequel on insiste sur...
[Traduction]
Je me présente. Je m'appelle Mel Cappe et je préside, jusqu'à la fin du mois, l'Institut de recherche en politiques publiques. Je suis et vais continuer à être professeur à la School of Public Policy and Governance, de l'Université de Toronto.
J'ai passé plus de 30 ans dans la fonction publique fédérale, étant en fin de carrière nommé haut-commissaire au Royaume-Uni. J'ai été greffier du Conseil privé et secrétaire du Cabinet, chef de la fonction publique, ainsi que sous-ministre de plusieurs ministères. Que personne ne pense que parce que j'ai été greffier du Conseil privé alors que Jean Chrétien était premier ministre, j'ai exercé mes fonctions dans un esprit partisan. Je tiens en effet à préciser que le premier décret en conseil me nommant sous-ministre a été signé sous le gouvernement Mulroney, et qu'au cours de ma carrière, j'ai servi sous sept premiers ministres.
Je dois, cela dit, faire une petite mise au point. J'ai quitté Ottawa il y a neuf ans et la fonction publique il y a cinq. On pourrait donc dire que je date un peu. Cette barbe grise, je l'ai méritée et je voudrais contribuer aux travaux du comité.
J'entends aborder deux questions. La première est la question des documents confidentiels du Cabinet. J'ai assisté, ce matin, à la conversation avec le légiste et la Commissaire à l'information. Je précise tout de suite que je suis un ardent défenseur de la confidentialité des documents du Cabinet et il est important, pour qu'un gouvernement puisse gouverner, que lors des réunions du Cabinet, chacun puisse s'exprimer en toute franchise. Ce principe a d'ailleurs été reconnu par le Parlement. En effet, lorsque le législateur a adopté la Loi sur l'accès à l'information, il en a exempté les documents confidentiels du Conseil privé et c'est donc à bon droit que le gouvernement invoque le caractère confidentiel de ce type de document. Le Parlement l'a lui-même reconnu à l'article 69 de la Loi sur l'accès à l'information. On trouve également à cet égard, ainsi que M. Walsh l'a rappelé ce matin, une exception absolue, à l'article 39 de la Loi sur la preuve au Canada, disposition qui permet au greffier du Conseil privé, et, sans que sa décision soit soumise à la moindre restriction ou au moindre contrôle, d'invoquer l'exception applicable aux renseignements confidentiels du Conseil privé.
Étant donné le libellé de la motion présentée par M. Brison, et de la démarche du Comité des finances demandant que lui soit remis des « documents », je comprends que le premier ministre et le gouvernement aient interprété cela comme visant des documents du Cabinet. Le gouvernement a donc invoqué le caractère confidentiel de ces documents, faisant savoir qu'il n'entendait pas les communiquer. Cela constituait, de la part du premier ministre, une réponse légitime.
Or, d'après moi, le comité ne demandait pas en fait que lui soient remis des documents confidentiels du Cabinet, mais demandait simplement des renseignements. Tout à l'heure, le ministre de la Justice, et le ministre de la Sécurité publique, ont fait savoir qu'ils étaient disposés à communiquer ces renseignements au comité. Il me semble bien préférable de voir dans la demande en question, une demande de renseignements, ce qui m'amène à mon deuxième point.
Je n'ai pas le moindre doute, et le Président l'a par ailleurs rappelé très nettement, que le Parlement a le droit d'obtenir les renseignements qui lui sont nécessaires pour se prononcer sur un texte de loi. Lorsque vous, parlementaires, êtes appelés à vous prononcer sur un projet de loi, il vous faut savoir quelles peuvent en être les incidences et les coûts à long terme.
Le citoyen Cappe, qui comparaît aujourd'hui devant vous, veut s'assurer que les parlementaires ont effectivement en main les renseignements dont ils ont besoin pour voter les lois.
[Français]
Quand j'étais sous-secrétaire au Conseil du Trésor pendant les années 1990, j'ai passé quatre ans et demi devant des comités comme le vôtre pour expliquer le processus de détermination des coûts des programmes.
[Traduction]
D'abord, il y a le système de gestion des dépenses, qui, autant que je sache, est encore en vigueur. Le Secrétariat du Conseil du Trésor, et les gens des finances exigent que tout nouveau programme ou projet de programme, ou tout projet de loi soumis au Cabinet soit accompagné d'une détermination préliminaire des coûts de toute mesure devant entraîner des dépenses.
Or, les sommes en question ne peuvent pas figurer au Budget principal des dépenses avant d'être davantage précisées, et c'est pour cela qu'il y a cette détermination préliminaire et que le Budget principal des dépenses déposé par le gouvernement peut ne pas comprendre certaines des mesures annoncées dans le budget. Il faudra attendre pour cela une loi portant octroi de crédits, dans laquelle les coûts en question seront précisés, d'où le Budget supplémentaire des dépenses qu'il est demandé au Parlement d'approuver par une loi d'octroi de crédits.
Je m'étends un peu sur cette idée car je tiens à bien distinguer la détermination préliminaire des dépenses qui vont effectivement devoir être engagées. Je conclus sur ce point en disant que les documents confidentiels du Cabinet doivent être protégés mais qu'en même temps, le Parlement doit disposer des renseignements qui lui sont nécessaires pour se prononcer sur les projets de loi. Je n'émettrai aucune opinion au sujet des classeurs qui viennent de vous être remis, car je n'ai pas eu l'occasion d'en prendre connaissance, mais il s'agit, semble-t-il, du genre de documents dont les parlementaires ont besoin pour décider avant de se prononcer sur un projet de loi si telle ou telle mesure est effectivement dans l'intérêt général.
Merci.
:
Je le répète, je préfère utiliser mes propres mots. Ce que nous avons entendu plus tôt, c'est M. Walsh s'esquiver; soyons donc clairs, je fais la même chose.
Le fait est qu'en ce qui a trait aux documents confidentiels du Cabinet, j'en reviens à ce principe qu'il ne s'agit pas du conseil public de la Reine, mais bien du Conseil privé de la Reine. Ce sont le gouvernement et le Cabinet, en tant que gouverneur en conseil, qui discutent et débattent de ce qui devrait être fait, et si ces échanges ne sont pas privés et que vous permettez que le débat soit ouvert, vous minez la candeur et la crédibilité des échanges internes. Le Parlement l'a reconnu au fil du temps et il a adopté des lois, la Loi sur la preuve au Canada et la Loi sur l'accès à l'information, qui nous disent qu'il y a une exclusion — et une exclusion absolue — pour ces documents.
Mme Legault parlait des documents. Moi, je veux vous parler des conversations et des échanges. Ce sont toutes ces choses qui doivent être protégées si vous voulez un bon gouvernement. Un bon gouvernement doit faire preuve d'ouverture, comme quelqu'un l'a dit plus tôt, mais un bon gouvernement a aussi besoin de secrets.
Une voix: Bravo!
:
Nous avons reçu de nombreuses demandes semblables. Il s'agissait toujours de ce type de demandes et elles ont toujours été refusées.
Je veux être clair: il s'agissait de demandes faites en vertu de la Loi sur l'accès à l'information. Je me dois d'être très prudent, monsieur le président, parce que je suis engagé dans une affaire qui remonte à 2001 et pour laquelle la Cour suprême du Canada doit rendre une décision concernant le recours en appel du commissaire à l'information. Nous attendons un jugement. Rien de ce que je dis n'est pertinent à cette affaire en cours.
Cela étant dit, chaque fois que nous recevions des demandes d'accès à de tels documents, nous invoquions la Loi sur l'accès à l'information. Dans la mesure où il s'agissait de renseignements confidentiels, ils étaient exclus. S'il s'agissait de questions de sécurité nationale, les renseignements étaient exemptés, et les passages visés auraient été masqués et le document épuré, si vous voulez, aurait été transmis.
:
Merci, monsieur le président.
Bonjour, monsieur Cappe. Vous êtes le premier témoin de la journée qui jouit d'une grande liberté, étant donné que vous n'avez de compte à rendre qu'à vous-même. C'est un grand privilège de vous recevoir aujourd'hui. Votre expertise va nous être très précieuse.
Nous faisons face à un gouvernement qui aime contrôler l'information, que ce soit à l'égard des journalistes, des citoyens ou des parlementaires. Quand on est greffier du Conseil privé, arrive-t-il qu'on se fasse dire de faire une sélection très sévère des documents du Cabinet considérés secrets, confidentiels, ce qui permet, d'une certaine manière, d'éviter ou de contourner la Loi sur l'accès à l'information? Peut-on vous diriger de façon à vous intégrer dans l'idéologie ou la manière de voir du gouvernement au pouvoir?
:
Merci, monsieur le président et merci aux membres du comité.
Nous sommes ravis d’être invités pour répondre à vos questions.
[Français]
Je suis accompagné par Donna Dériger, directrice principale par intérim au Bureau du contrôleur général du Canada. Mme Dériger est responsable du Guide d'établissement des coûts du Conseil du Trésor.
[Traduction]
Il nous fera plaisir de répondre à vos questions sur les directives fournies aux ministères sur les coûts des initiatives ou sur le rôle du Conseil du Trésor dans l’approbation du financement pour la mise en oeuvre des initiatives gouvernementales.
Les ministères doivent exposer leurs estimations de coûts dans un mémoire au Cabinet et dans des présentations au Conseil du Trésor en se fondant sur les directives définies par le secrétariat dans le guide pour la préparation de présentations au Conseil du Trésor et le « Guide d’établissement des coûts » du SCT. Les estimations de coûts fournies par le ministère sont la responsabilité de l’administrateur général et nécessitent la signature du dirigeant principal des finances du ministère. Le rôle du Conseil du Trésor met l’accent sur l’évaluation des présentations préparées par les ministères pour le financement des initiatives prêtes à être mises en oeuvre. Les décisions sur le financement sont ensuite compilées dans les documents du Budget des dépenses déposés au Parlement. Chaque année, les ministères font rapport au Parlement sur leurs dépenses prévues et leurs résultats réels.
[Français]
Nous nous ferons un plaisir de revenir sur ces processus.
[Traduction]
Merci beaucoup.
Je souhaite la bienvenue à M. Smith et à Mme Dériger.
J’ai été membre du comité du Cabinet du Conseil du Trésor. J’ai alors travaillé avec le Conseil du Trésor. De fait, je veux féliciter Mme Dériger, qui a été l’un des auteurs du « Guide d’établissement des coûts ». Elle le connaît donc très bien.
À la page 10 du « Guide d’établissement des coûts », du Conseil du Trésor, on lit au sujet de l’établissement des coûts d’une nouvelle initiative, les coûts différentiels:
Tous les coûts d’une nouvelle initiative que devra engager le ministère doivent être connus, incluant les coûts des avantages sociaux des employés et des locaux. Dans le cas d’une nouvelle initiative qui se greffe à des programmes existants, il faut savoir quelles seront les répercussions financières différentielles, autrement dit, les coûts qui changeront par suite de la décision.
Pour que le Cabinet rende une décision sur un projet de loi, on exige, d’après ce guide du Conseil du Trésor, que le Conseil du Trésor et les Finances collaborent avec les ministères visés — dans ce cas-ci, ce serait la Justice et la Sécurité publique — pour fournir cette information, n’est-ce pas?
:
Bon. Comme c'est juste un exemple que j'ai donné, comme ça, ce n'est peut-être pas très juste pour vous. Vous n'étiez pas prêts à réagir au sujet de ce projet de loi.
Comme vous le savez, les projets de loi d'intérêt privé, à moins qu'ils ne fassent l'objet d'une recommandation royale, ce qui n'est jamais arrivé, ne peuvent pas, en vertu...
Excusez-moi, M. Proulx est en train de me corriger. Toutefois, ça ne se produit normalement pas.
Quoi qu'il en soit, de tels projets de loi d'intérêt privé ne doivent entraîner aucun coût pour le gouvernement. Y a-t-il déjà eu des projets de loi, pilotés par un ministère, pour lesquels il n'y a pas eu de coûts?
:
Merci, monsieur le président.
Merci beaucoup à vous deux de vous être déplacés cet après-midi.
Monsieur Smith, dans vos remarques liminaires, vous avez déclaré que vous seriez heureux de répondre à des questions sur les conseils que vous fournissez aux ministères en matière d'établissement des coûts. Au nom des Canadiens, pourriez-vous nous expliquer le genre de conseils ou de soutien que le Conseil du Trésor offre au directeur parlementaire du budget.
Je tiens simplement à rappeler à tout le monde ce qu'est le mandat du DPB, que nous allons accueillir sous peu pour entendre son point de vue. Le directeur parlementaire du budget a pour mandat de présenter au Parlement une analyse indépendante sur l'état des finances de la nation, le Budget des dépenses du gouvernement, ainsi que les tendances de l'économie nationale et, à la demande de tout comité parlementaire ou de tout parlementaire, de faire une estimation des coûts de toute proposition concernant des questions qui relèvent de la compétence du Parlement.
Nous sommes d'accord, c'est bien son mandat.
Monsieur Smith, le directeur parlementaire du budget qui, la semaine prochaine, fêtera ses trois années en fonction, n'a eu de cesse de condamner publiquement le Conseil du Trésor, le ministère des Finances, le BCP et les ministères responsables d'avoir régulièrement refusé de donner suite à ses demandes de renseignements qui lui auraient permis de faire son travail. Personne ici ne s'en étonnera. Nous en avons tous régulièrement entendu parler. Après avoir été nommé par le Parlement dans un poste créé par le Parlement en vue d'améliorer la confiance des Canadiens envers les finances nationales, on est passé d'une situation où il a dû rappeler qu'il devait avoir accès à certaines informations à une situation où, à plusieurs reprises, des membres importants du gouvernement ont attaqué sa crédibilité.
Pouvez-vous nous aider à comprendre ce qui se passe? Vous êtes secrétaire délégué au Conseil du Trésor du Canada. Vous avez accès à toutes les données chiffrées. Les Canadiens sont confus parce qu'ils entendent le directeur parlementaire du budget déclarer, par exemple, que 65 chasseurs furtifs vont coûter 29,2 milliards de dollars sur une certaine période. D'abord, le gouvernement avait affirmé qu'ils coûteraient 9 milliards de dollars, puis 13 milliards de dollars, puis 15 milliards de dollars, puis 16 milliards de dollars.
Il s'est avéré que la plupart des prévisions de déficit émanant du ministre des Finances ont été fausses alors que, dans la plupart des cas, le DPB avait jugé que les chiffres se tenaient.
Que se passe-t-il? Pourquoi le DPB ne parvient-il pas à mettre la main sur toutes les données dont il a besoin pour que nous puissions faire notre travail et que les Canadiens aient davantage confiance dans la situation financière du pays?
:
Merci, monsieur le président.
J'ai effectivement quelques présentations à faire. Je suis accompagné de Sahir Khan, directeur parlementaire adjoint du budget, Analyse des dépenses et des revenus, et de M. Mostafa Askari, directeur parlementaire adjoint du budget, Analyse économique et financière.
Bonsoir, monsieur le président, madame la vice-présidente, monsieur le vice-président, mesdames et messieurs les membres du comité. Je vous remercie de m'avoir invité, ainsi que mes collègues, à venir vous parler de transparence financière dans le contexte de votre étude du degré de transparence du gouvernement en la matière.
[Français]
J'ai quelques remarques préliminaires fondées sur le rapport du DPB du 25 février 2011 intitulé: « Analyse des réponses du gouvernement et motion du Comité permanent des finances de la Chambre des communes ».
Mes vues sur les analyses et les renseignements à caractère financier fournies au Parlement reposent sur les trois considérations suivantes. Premièrement, le Parlement du Canada a une responsabilité cruciale envers la population canadienne et il a donc le devoir d'administrer les fonds publics au nom de celle-ci. La Constitution du Canada institue et affirme ces devoirs. Deuxièmement, pour faciliter le respect de cet impératif, le Parlement du Canada a créé, par la Loi fédérale sur la responsabilité adoptée en décembre 2006, le poste de directeur parlementaire du budget avec le mandat de fournir des analyses indépendantes au sujet des tendances de l'économie et du budget de l'État, ainsi que des estimations des coûts. Pour fournir ces analyses au Parlement, le directeur parlementaire du budget doit avoir accès aux données, aux analyses financières et autres informations connexes au système de gestion des dépenses du gouvernement. Ces informations et analyses sont créées, générées et présentées par les ministères et organismes centraux dans le cours normal de leurs activités.
L'analyse faite par le DPB et les documents fournis par le gouvernement au Comité permanent des finances de la Chambre des communes et déposés le 17 février 2011 à la Chambre des communes touchent trois sujets: premièrement, le coût estimatif de la réduction prévue de l'impôt des sociétés; deuxièmement, la majoration des coûts pour les cadres financiers du gouvernement imputables aux mesures législatives en matière de justice et, troisièmement, le coût estimatif de l'achat des chasseurs F-35.
[Traduction]
Selon le DPB, en ce qui concerne les bénéfices des sociétés et les revenus fiscaux, le gouvernement a fourni une réponse adéquate à la demande du Comité des finances. Il est conseillé aux parlementaires de demander au Parlement de présenter à l'avenir, dans les budgets et les mises à jour annuels, outre des projections des éléments de revenus, comme les bénéfices des sociétés, les revenus des particuliers, etc., les hypothèses qui sous-tendent les projections.
Deuxièmement, pour ce qui est des mesures législatives en matière de justice, le gouvernement n'a pas fourni une réponse adéquate à la demande du Comité des finances. Encore une fois, monsieur le président, nous n'avons pas vu les données qui ont été déposées aujourd'hui, mais le gouvernement n'a pas fourni de réponse adéquate à la demande du Comité des finances.
Pour véritablement répondre à la demande du comité, il aurait fallu que le gouvernement apporte plus de clarté quant aux estimations des coûts projetés, par exemple, en indiquant s'il s'agit de coûts différentiels calculés sur la base de la comptabilité de caisse ou de la comptabilité d'exercice. Il aurait dû, pour tous les chiffres fournis, distinguer les dépenses de fonctionnement des coûts en immobilisations. Il aurait dû préciser les méthodes, hypothèses, éléments de coûts et risques qui sous-tendent ces projections et il aurait dû fournir des informations de base, comme le nombre de détenus, le nombre annuel d'arrivées et de départs et le coût unitaire par détenu, par salarié et par nouvelle cellule.
On trouvera un modeste exemple de la nature et de l'ampleur des renseignements à fournir dans le document du DPB intitulé Besoin de financement et impact de la Loi sur l'adéquation de la peine et du crime sur le système correctionnel du Canada.
Troisièmement, s'agissant du projet d'achat de l'avion de combat interarmées F-35, qui était visé dans la première motion du FINA, le gouvernement n'a pas fourni une réponse adéquate à la demande du Comité des finances. Il aurait fallu pour cela qu'il précise les méthodes, hypothèses, éléments de coûts et risques qui sous-tendent ses projections; fournir des documents sur le coût d'achat et le coût de possession de l'appareil sur l'ensemble de son cycle de vie; et expliquer pourquoi il ne sera pas nécessaire de faire appel à des sources de fonds nouvelles ou imprévues du cadre financier pour financer l'achat de l'appareil.
On trouvera un modeste exemple de la nature et de l'ampleur des renseignements à fournir dans le document du DPB intitulé Estimation de l'impact financier du projet d'achat d'avions de combat interarmées F-35 Lightening II.
Je vous remercie de nous avoir donné l’occasion de vous adresser la parole. Nous sommes heureux de répondre à vos questions.
Je vous remercie de votre présence, monsieur Page.
Tout d’abord, j’aimerais traiter d’une hypothèse erronée que notre collègue, M. Brison, a formulée aujourd’hui au sujet de la demande du comité, premièrement au sujet de l’information sur le financement de base et deuxièmement au sujet des niveaux de référence annuels. Si M. Brison avait pris le temps de lire les notes explicatives — et je crois savoir, monsieur Page, que vous n’avez pas vu les documents qui sont arrivés aujourd’hui, alors je ne suis certainement pas en train de laisser entendre que vous devriez en connaître le contenu. Mais dans les notes explicatives... je vais vous en lire quelques sections rapidement.
Le comité a demandé, bien sûr, « le financement de base requis pour le ministère, sans égard aux impacts des projets de loi et lois, dans les catégories des Immobilisations, de l'Exploitation et de la Maintenance et Autres ». Dans la note explicative, le gouvernement stipule: « Le financement de base de certains des projets de loi peut être calculé; dans ce cas, il est inscrit dans les réponses en annexe ». Alors les informations ont été fournies. M. Brison dit que non, mais on l’a fait aujourd’hui.
La note explicative poursuit en disant: « Cependant, pour certains projets de loi, le financement de base est inexistant, comme c'est le cas lorsque les modifications législatives sont appuyées par de nouvelles activités, par exemple ».
On ajoute ensuite: « Enfin, pour certains des projets de loi, il n'y a pas de réponse précise, puisque le financement de base n'est pas catégorisé d'une façon qui est directement liée aux objectifs du projet de loi. »
Je ne vais pas vous demander vos commentaires à ce sujet, monsieur, parce que vous n’avez pas eu la chance d’examiner tout le document et il serait injuste de ma part de vous demander cela. Qu’il me suffise de dire, en réponse aux allégations de M. Brison selon lesquelles nous n’avons pas fourni les informations appropriées, que c’est pourtant ce que le gouvernement a fait, et je suis certain que vous le constaterez, monsieur, lorsque vous aurez eu la chance de lire ces documents.
Laissez-moi revenir sur le témoignage récent du secrétaire associé au Conseil du Trésor du Canada, Alister Smith. M. Smith a dit tout à l’heure que souvent une différence d’opinion entre les estimations des coûts de votre bureau et celles du ministère des Finances pourrait ne pas être une différence quant aux faits, mais plutôt quant aux hypothèses posées par votre bureau et par le ministère des Finances. Peut-on, de façon générale, affirmer cela?
:
Parlons d’un exemple précis et voyons si nous pouvons faire la quadrature du cercle afin de comprendre pourquoi il pourrait y avoir des différences d’opinion quant aux coûts.
Une grande partie des critiques au sujet de nos projets de loi en matière criminelle concerne votre rapport alléguant que les coûts véritables des lois sur la criminalité seront beaucoup plus élevés que ce qui est espéré ou prévu par le gouvernement. Je pense que la remarque est juste. Cependant, j’aimerais signaler que le 17 février, lors d’un échange entre Mme Mourani et le commissaire du Service correctionnel, Don Head, un point important a été soulevé. Tout cela revient à ma question initiale sur les hypothèses.
Votre bureau utilisait l’hypothèse selon laquelle la détention d’une détenue coûte environ 340 000 $ par année, alors que M. Head a confirmé qu’en réalité ce chiffre est beaucoup plus bas; il pourrait être d’aussi peu que 113 974 $ par année. Donc l’hypothèse que vous utilisiez, par opposition à celle du SCC, si on utilise une moyenne basse, pourrait représenter une différence de plus de 200 000 $ par détenue. Est-ce une raison pour laquelle certaines de vos prévisions pourraient être considérées grossièrement surestimées?
:
Merci, monsieur le président.
Monsieur Page, je vous souhaite la bienvenue, ainsi qu'à vos collègues.
Au sujet des bénéfices des sociétés et des revenus fiscaux, vous avez dit dans votre présentation que le gouvernement avait fourni une réponse adéquate à la demande du comité. Par contre, vous conseillez aux parlementaires de demander au gouvernement de leur soumettre, outre les projections, les hypothèses qui sous-tendent ces projections.
Dans le document que vous avez préparé pour le Comité permanent des finances du 25 février, vous dites considérer que le gouvernement sous-estime les effets des baisses d'impôts sur les recettes fiscales. Avez-vous eu accès aux hypothèses du gouvernement ou avez-vous réussi par vous-même à déduire quels modèles et hypothèses il avait utilisés pour en arriver à ces résultats?
:
Permettez-moi de clarifier certaines choses en anglais.
[Traduction]
Il a peut-être été encore plus utile pour nous d’obtenir les prévisions relatives aux bénéfices des sociétés et les estimations des taux d’imposition réels pour l’impôt des sociétés. Ces chiffres nous ont permis de comparer les prévisions du ministère des Finances avec les vôtres et même avec celles du secteur privé. Nous avons constaté à propos de la contribution des bénéfices des sociétés aux recettes de l’État que le ministère des Finances était relativement optimiste, puisqu’il avait envisagé une solide reprise des bénéfices des sociétés. Il était optimiste par rapport aux prévisions moyennes du secteur privé et aux hypothèses du DPB.
Ses taux d’imposition réels n’étaient pas fondamentalement... ils étaient un peu plus élevés que ceux du DPB. Étant donné les hypothèses, nous étions un peu surpris de voir à quel point les conséquences apportées par la motion étaient minimes, du point de vue de l’ampleur des réductions de l’impôt des sociétés.
Cette information nous permet de faire ce type d’analyse, de l’inclure dans un rapport, et de le rendre disponible à tous les parlementaires pour que vous puissiez tous collectivement mieux comprendre le cadre de planification pour les cinq prochaines années. C’était donc très utile. Nous reconnaissons avoir reçu l’information, mais nous n’avons pas eu accès aux modèles détaillés.
:
Vous indiquez qu'il y a un résumé des coûts estimatifs projetés sur cinq ans pour cinq projets de loi, mais vous faites remarquer, dans une note, qu'on ne définit pas ce qu'on entend par « coûts estimatifs projetés ». Il faudrait savoir ce que cela recoupe, pour être en mesure de mieux évaluer.
Pour l'ensemble des autres projets de loi, absolument aucune information n'a été fournie par le gouvernement, c'est-à-dire qu'il n'y a pas de résumé des coûts estimatifs projetés sur cinq ans, pas de ventilation des dépenses de fonctionnement, des dépenses d'immobilisation et des autres coûts. Les données sont-elles conformes au Guide d'établissement des coûts du Conseil du Trésor? On ne le sait pas. Les hypothèses de base ne sont pas identifiées, les analyses et projections détaillées ne sont pas disponibles, la méthode de calcul des coûts n'est pas fournie et, finalement, les coûts reflétés dans le cadre de planification financière et les niveaux de référence annuels des ministères ne sont pas connus non plus.
En somme, ce tableau démontre qu'on est encore dans le noir en ce qui concerne l'ensemble des coûts que pourraient représenter ces différents projets de loi que vous avez ciblés, lesquels ont aussi été, en partie, ciblés dans la motion adoptée par la Chambre.
:
Oui, mais là encore, regardez ce qu'on dit du projet de loi :
Aucune estimation détaillée des coûts n'est disponible car les modifications pourraient n'avoir d'effet que sur les coûts des services correctionnels des provinces et territoires. Le projet de loi ne devrait pas avoir d'incidences financières sur le Service correctionnel du Canada, car les jeunes sont rarement détenus dans ces établissements.
C'est dire qu'un jeune est incarcéré dans une prison provinciale plutôt que dans un établissement fédéral et, donc, qu'il n'en coûte rien au gouvernement fédéral. En même temps, comme l'a dit le ministre aujourd'hui, les coûts seront négociés avec les provinces. Il y aura des coûts. Je suis certain que les provinces diront: « Écoutez, vous, à Ottawa, n'allez pas pelleter chez nous les coûts de toutes ces lois que vous voulez adopter; quelqu'un doit payer ».
Le gouvernement ne devrait-il pas faire une estimation de ce que cela coûtera, plutôt que de simplement dire que, non, ce sont les provinces qui paieront et nous ne paierons rien?
Êtes-vous satisfait de ces réponses?
:
Merci, monsieur le président.
Monsieur Page et votre équipe, je vous remercie beaucoup de votre présence et de votre excellent travail.
Je veux poursuivre là où mon collègue, M. Godin, s'est arrêté.
Avant votre arrivée, j'ai posé au Secrétaire adjoint au Conseil du Trésor une question sur l'accès à l'information à votre bureau. Le gouvernement cherche à nous faire croire, et soutient régulièrement, qu'il ne s'agit que d'hypothèses différentes et non pas de faits.
Disons qu'il y a des degrés divers d'hypothèses. Nous pouvons en parler.
Je veux vous poser une question sur un aspect pour lequel il n'y a pas de degré variable d'hypothèses, ou de subjectivité. Le gouvernement vous donne-t-il l'accès à l'information que vous demandez?
:
Monsieur, nous avons obtenu l'accès à l'information en quelques occasions. Grâce à la motion, nous avons maintenant accès à de l'information que nous demandons depuis l'automne 2008, je crois — les bénéfices des sociétés prévus —, et nous pouvons maintenant faire le rapprochement.
Ce que nous avons dit aujourd'hui, monsieur, c'est qu'il faudrait que ce soit pratique courante. Nous échangions cette information avec le secteur privé dans le passé, et nous devrions le faire maintenant.
Je crois, monsieur, que c'est ce que nous avons dit dans notre rapport du 25 février, car nous avons maintenant l'information.
Nous avons vraiment dû nous battre pour obtenir l'information concernant les mesures législatives de répression de la criminalité. Nous avons obtenu de l'information partielle dans un rapport récent sur les F-35, mais pas assez pour que nous puissions rapprocher les estimations, car nous ne comprenons pas les méthodologies qui ont été utilisées.
Parlons dès maintenant d'un document qui a été distribué aujourd'hui sur les coûts estimatifs des provinces en ce qui concerne un projet de loi, le projet de loi . Le gouvernement dit maintenant qu'il va demander aux provinces d'assumer des coûts de 2,467 milliards de dollars sur les cinq prochaines années. C'est ce qu'il en coûtera aux provinces, en cinq ans, pour mettre en oeuvre la justice pour les jeunes.
Pour établir les coûts, il faut de la consultation et du jugement, non? Les provinces sont-elles des parties prenantes? Les provinces ne devraient-elles pas savoir ce qui s'en vient? Et nous, en tant que parlementaires, ne devrions-nous pas savoir, au nom des Canadiens, si les provinces ont les moyens ou non de consacrer 2,467 milliards de dollars sur cinq ans à un projet de loi, avant de donner au gouvernement le pouvoir de consacrer plus d'argent au projet de loi à l'échelon fédéral?
Comment peut-on s'attendre à ce que nous fassions cela sans exercer nos responsabilités et demander d'où vient l'argent à l'échelon provincial?
Je vais simplement émettre un commentaire sans poser de question, puisque nous n'avons que cinq minutes. Je reviens sur une discussion que nous avons eue plus tôt au sujet du coût de la construction de prisons. Vous avez parlé des hypothèses, à savoir s'il était question d'occupation simple, double ou triple, et ce genre de choses.
On a entre autres tenu compte de l'estimation du Service correctionnel du Canada et des responsables des prisons. Selon eux, au cours de l'exercice, quelque 1 280 personnes allaient s'ajouter à la population carcérale. Le nombre réel a été de 519. Donc, plus de 700 détenus prévus ne se sont pas ajoutés, ce qui aurait donné selon nous des coûts de 340 000 $, au moins pour les femmes. De toute évidence, cela donne des projections nettement exagérées. Je soumets cela, encore une fois, à mes collègues de l'autre côté. Mais la question que je vous adresse ne porte pas là-dessus — car c'est un fait —, puisqu'il y a des différences entre les prévisions et les nombres réels.
J'aimerais revenir maintenant sur ce que mon collègue, M. McGuinty disait. Je trouve cela assez incroyable. C'est devenu une marotte. Je ne vous poserez qu'une question: quelle loi stipule l'information à laquelle votre bureau a le droit d'accéder?
:
J'aimerais parler du premier point, à savoir la situation qui a eu cours jusqu'à ce jour concernant les faits et les chiffres. Pour ce qui est de l'information visée par les exceptions, monsieur, j'ai travaillé pour M. Cappe au Bureau du Conseil privé. Pendant plus de 25 ans, j'ai travaillé essentiellement dans des organismes centraux. J'ai assisté à des réunions du Cabinet tenues par le présent gouvernement, y compris par le premier ministre, et par les premiers ministres des gouvernements précédents.
Compte tenu de nos antécédents, nous savons pertinemment que nous ne devons pas avoir accès aux renseignements réellement confidentiels du Cabinet ni aux renseignements personnels que le gouvernement peut avoir sur les Canadiens et leur situation financière. Nous avons une assez bonne idée de là où se situe la limite.
On nous a dit, à de multiples occasions, que les projections concernant les bénéfices des sociétés sont des renseignements confidentiels du Cabinet, même si nous savons que, dans les faits, ces renseignements ont été communiqués par le passé. Pour avoir travaillé pendant de très nombreuses années en finance au Conseil du Trésor et au Bureau du Conseil privé, à établir le même genre de coûts que je vous fournis aujourd'hui, monsieur, je ne comprends pas... J'ai assisté aux réunions du Cabinet. Les conversations de ce genre qui s'y tiennent, les méthodologies utilisées et les hypothèses de travail formulées, comme les profits des sociétés, ne relèvent pas du travail du Cabinet. Cette information relève du cours normal des affaires. Nous avons beaucoup de gens qui travaillent sur les méthodologies. Ce travail nécessite souvent la participation de plusieurs ministères. Il ne s'agit pas d'un travail effectué par un petit nombre de gens.
Nous avons contesté à de multiples occasions l'idée que ces renseignements constituent une information confidentielle du Cabinet. J'estime qu'il faut tenir un débat sur ce qui constitue réellement un document confidentiel du Cabinet.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Bonjour, monsieur Page. C'est la première fois qu'on a l'occasion de se rencontrer.
Je vous le dis tout de suite, je n'ai pas fait d'études en finances ni en économie, par contre j'ai tout ce qu'il faut pour comprendre ce qui se passe exactement cet après-midi. Selon ce que je comprends — et vous me le direz si je fais erreur —, d'un côté, on nous dit que le gouvernement a donné toute l'information nécessaire pour que les parlementaires puissent porter un bon jugement sur les projets de loi en matière de sécurité et d'ordre public. D'un autre côté, certaines personnes, dont vous, se demandent comment on peut affirmer que le gouvernement a raison alors qu'on ne connaît pas ses hypothèses de travail, sa méthodologie, ses modèles d'analyse ni son scénario. On ne peut pas comparer votre analyse avec la sienne puisqu'on ne sait pas où le gouvernement a pris ses chiffres ni sur quelle analyse il se base. Quand on fait de la recherche financière ou sociale, les hypothèses de travail sont très importantes pour comprendre les résultats qu'on veut avoir ou qu'on croit avoir.
Plus tôt, M. Lukiwski vous a dit qu'en vertu de votre mandat, il y a des exceptions relatives aux documents. Ce sont de documents que vous ne pouviez pas recevoir du gouvernement et du Conseil privé. Croyez-vous que les hypothèses et les modèles d'analyse du gouvernement fassent partie des documents que vous ne pourriez pas recevoir en vertu des différentes exceptions qui nous ont été énumérées?
:
Selon ce que vous nous dites, les hypothèses de travail et l'analyse du gouvernement, normalement, ne devraient pas constituer un secret du Cabinet. Elles devraient donc être publiées ou rendues publiques.
Selon moi, si le gouvernement croit en ses projets de loi, considère qu'il est sur la bonne voie et qu'il veut vraiment obtenir l'appui unanime de la Chambre pour que ses projets de loi soient adoptés, il aurait avantage à être transparent et à rendre publiques ses hypothèses de travail pour nous convaincre qu'il est sur la bonne voie. Toutefois, il fait complètement le contraire. Il retient ses hypothèses et sa méthodologie, il ne nous donne pas les bons outils qui nous permettraient de porter un jugement éclairé sur les tableaux et les chiffres.
Depuis ce matin, on essaie de nous faire croire que nous avons devant les yeux tout ce dont nous avons besoin pour porter un bon jugement. Je regrette, mais je ne peux pas partager l'opinion de M. Lukiwski qui semble si positif et si optimiste, puisque vous m'avez convaincue que vous ne possédiez pas et que nous ne possédions pas la grille d'analyse du gouvernement pour pouvoir comparer les chiffres. Il me semble qu'il serait totalement normal que le gouvernement, pour nous convaincre qu'il est dans la bonne voie, remette les chiffres et les scénarios sur la place publique afin d'éclairer les Québécois et les Canadiens sur sa manière de voir la loi et le crime.
Êtes-vous de mon avis, monsieur Page?
Nous ferons de notre mieux. Il est 18 heures et l'invitation est pour demain.
Au sujet de la motion de M. Lukiwski...
(La motion est adoptée. [Voir le Procès-verbal])
Le président: La motion est adoptée. Alors, faisons les deux. Magnifique.
Nous avons un autre point à débattre concernant les travaux du comité. Aux fins de cette étude et d'une autre, un budget a été établi pour le personnel, pour notre présence ici, etc. Le budget est de 8 950 $ pour les deux études.
Ai-je la permission du comité pour approuver cela?
Des voix: D'accord.
Le président: D'accord. C'est fait.
Y a-t-il autre chose pour...?
Monsieur Godin.